• rp d'intégration // Eunho & Sunil

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@Eunho Park et @Sunil Kumaran
Depuis trois jours, la pluie s'abattait sans fin sur la ville, accompagnée du vent, du froid et de la grisaille, mais lorsque vous vous êtes levés ce matin le ciel semblait éclairci. Peu de nuage à l'horizon et seulement une brise faible. C'est loin d'être l'été mais au moins ça vous donne envie de sortir pour prendre l'air. Muni de vos chaussures de sport, vous avez décidé d'aller courir ce matin, pour commencer la journée de manière active.

Le décor du parc semble détrempé après ces journées maussades, mais vous pouvez au moins profiter de l'air frais et de voir un peu de verdure. D'autres ont apparemment eu la même idée que vous, mais les coureur ne sont pas si nombreux. Ca vous permet d'aller à votre rythme, prendre l'espace que vous voulez, mais également de voir les changements autour de vous. Un peu plus loin, une autre personne s'est arrêtée brusquement pour se pencher sur sa cheville. Il faut dire que le sol humide peut vite créer des accidents et vous pouvez déjà vous douter que c'est une cheville foulée qui se présente devant vous. Alors allez-vous jouer au docteur ou appeler les secours ? Vous pourriez l'ignorer, mais votre seule option est de passer devant cette personne en détresse. Si toutefois elle accepte de l'aide.

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@Eunho Park et @Sunil Kumaran
Je me réveille sur le canapé, dans le brouillard. Est-ce que c'est encore le temps qu'il fait dehors, ou l'effet de la veille ? Voir de l'avant-veille. Bordel, ça fait combien de temps que je suis là ? En tout cas il fait jour. Autour de moi, des tas de bouquins et magasines étalés, pas le moindre souvenir d'avoir lu quoi que ce soit ces dernières vingt-quatre heures. Mais bon, à la maison, les livres c'est un peu des étagères, des fois. Quelques bouteilles vides étalées, qui font un bruit typique d'entrechoc au moment où je me lève, vacillant, pour aller pisser.

Ça doit être le weekend, mon réveil n'a pas sonné. Et puis le fiston est là, en train de boire un café sur la table de la cuisine. Je l'embrasse sans un mot, de toute façon j'ai la bouche pâteuse. Et je m'accroche à lui comme à un bastingage sur un bateau en pleine mer. Y'a une sacrée houle, ce matin.

- Tu devrais aller courir, papa, ça te fera du bien.

P't'être bien qu'il a raison, le gamin. Des fois j'ai l'impression que c'est mon boss. Nan, mon boss je l'écoute pas autant... P't'être qu'il devrait être mon boss, alors. Je caresse le chat en passant, marmonnant un semblant de réponse. Une douche. D'abord, une douche. Ensuite du café. Beaucoup de café. Un truc à grignoter, et... ouais aller, ok, t'as raison, boss. Je vais aller courir.

À quoi je ressemble, de l'extérieur ? À un bel agent du FBI, bien dans ses baskets, qui entretient sa forme le weekend. Magnifique tableau. Je salue poliment mes voisins en marchant tranquillement vers le parc. Une fois arrivé, je commence à trottiner tranquillement. Le cerveau fait des bonds dans la boîte crânienne, mais l'air finit de dissiper les dernières vapeurs d'alcool.

Je suis pas en service. Le monde peut s'écrouler autour de moi, rien à foutre. De toute façon, j'ai rien pris. Pas même une gourde. Ouais, sur ce coup c'est probablement moi, la gourde. J'entends d'ici le gamin m'engueuler quand je vais rentrer. Comme quoi je suis parti sans papier, sans téléphone et sans eau. Que j'aurai été bien malin s'il m'était arrivé quelque chose et blah, blah, blah... Ouais, définitivement mon boss, celui-là.

Après quelques glissades en dérapage presque contrôlés (certains réflexes ne se perdent pas, vive l'entraînement militaire), je prends un rythme de croisière peinard, remplit mes poumons et mon sang d'oxygène, histoire d'évacuer le whiskey. Ça m'empêche pas de fredonner encore des chansons bien plus alcoolisées que moi.

Anyway, devant moi, quelqu'un me barre la route. Quelqu'un qui n'a pas eu mes réflexes, ou plutôt pas ma chance d'avoir réussi à faire semblant d'en avoir. J'aurai bien continué mon chemin, mais... déjà j'ai la flemme de sauter par-dessus cette personne, et puis ça me fait une bonne excuse pour m'arrêter. Le souffle court, la sueur dégoulinant, je balance un coup de menton en sa direction.

- Mauvaise chute ?

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@Sunil Kumaran

« Chérie ? Tu sais où sont mes chaussures de course ? »

Du coin de l'oeil, je vois ma femme se déplace pour me les apporter et je lui souris tendrement. Elle est gentille et sait toujours où tout se range. J'attrape mes chaussures et enfile ma veste.

« Tu es sûre de ne pas vouloir venir ce matin ? Pas de regret ? »

D'habitude nous courrons ensemble. Pendant que je tiens la poussette sport - avec ses trois grosses roues -, nous trottinons côte à côte. C'est notre rituel dominical avant d'aller manger chez l'une de nos deux familles. Un emploi du temps bien réglé, dans une vie parfaite. Ah, si seulement je n'avais pas perdu d'argent et dû faire cette connerie d'emprunter au gang. Mais la vie est telle qu'elle est, alors tant que nous pouvons feindre la normalité, nous la feindrons.

Je dépose un baiser délicat sur le front de ma fille enrhumée - la raison de ma sortie seul -, embrasse avec douceur mon épouse, puis je sors.

Quel plaisir de revoir le soleil après trois jours de pluie ! Je souris en me mettant à courir doucement. Un pas après l'autre, avec méthode. J'ai toujours fait attention à ce que je faisais, pour le faire parfaitement. Je suis peut être un peu trop perfectionniste, mais je m'améliore.

Une fois dans le parc pourtant, mon esprit vagabonde. Et mon regard se perd sur un couple d'oiseau orangés qui virevoltent ensemble. Malheureusement, cela entraîne une chute un peu violente sur une flaque. Je m'affale au sol et me tient la cheville quelques instants. Je pense que ce n'est rien de grave, non, je l'espère.

Une voix me fait sursauter. Je déteste me donner en spectacle, je me relève vivement, pour montrer que ça va, mais la réalité me rattrape vite. Je m'appuie fermement sur l'autre pied et tente d'avancer. La douleur me fait grimacer.

« Tout va bien. » tentai-je entre deux grimaces.

Je tente un sourire et indique d'un signe de tête l'eau sur le sol.

« Evitez les flaques, cela vaut mieux. »

C'est idiot, il a l'air couvert de sueur, il doit courir depuis bien plus longtemps que moi. Soit il est lui-même déjà tombé, soit il fait très attention depuis le début. Mais je ne suis pas à l'aise avec les inconnus, avec les personnes qui se soucient de moi sans raison. Je sais qu'il y a toujours quelque chose derrière. Toujours.

J'essaie d'avancer encore un pas et manque de tomber sur le sol.

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Y'en a qui sont franchement drôles. "Tout va bien". Mais bien sûr ! Je vais faire semblant de le croire, comme si je n'avais pas que ça à faire. Même si, techniquement, je n'ai effectivement que ça à faire. "Évitez les flaques". How the fuck, exactly ? Ça fait trois jours qu'il pleut. Bon, on n'en est pas au niveau de Katrina, ni même à un dixième de la mousson, mais c'est pas un oasis dans le désert non plus. Whatever. Je le laisse repartir d'un air dubitatif, et... le regarde s'étaler à nouveau. C'en est presque mignon. Je m'approche doucement. C'est vrai que je ne dois pas afficher une attitude très rassurante. Je suis blasé, et mon visage, en plus de refléter l'accumulation de la veille, doit être parsemé de gouttelettes de boue mélangées à la sueur. Rien de super ragoûtant, on est d'accord.

- J'peux vous aider ? J'suis pas médecin, mais en tant que vétéran j'ai deux-trois skills qui peuvent être utiles...

Ouais, on est en Amérique, généralement "vétéran" c'est un gage de respect, de confiance, de parfait petit citoyen, tout ça tout ça. Manque pu que la casquette "Make America Great Again" pour faire fuir n'importe quelle personne ayant un minimum de jugeote. Mais bon, j'crois pas qu'il puisse fuir bien loin dans son état, le bonhomme.

J'allais proposer d'appeler quelqu'un ou quoi, mais j'oubliais que j'étais parti plus ou moins sur un coup de tête et que je n'avais sur moi que mes baskets, mon short et mon t-shirt. Lequel est à l'effigie de Cartman, "respect my authoritah". Cadeau un peu moqueur du fiston. On a fait mieux, comme approche amicale et bienveillante.

- J'vous aurais bien proposé à boire ou d'appeler quelqu'un, mais en tant que parfait idiot j'ai absolument rien sur moi. Alors, j'peux regarder ?

Aucune chance que quelqu'un de normalement constitué accepte ce genre de proposition. Mais bon. On est aux USA. Qui est normalement constitué, dans ce pays de tarés ? I mean, je me plais ici, j'en ai même la nationalité, c'est dire à quel point ça craint. Quoi qu'il en soit, je m'en voudrais de laisser repartir le gonz dans cet état. Il serait capable de se péter le bras en essayant de continuer.

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Le fait que le gars insiste me semble étrange. Qui aide son prochain sans contrepartie, surtout ici ? Mais j'ai désespérement besoin d'aide et il n'y a personne d'autre. D'autant qu'il a l'air d'avoir des origines, peut être est-ce juste quelqu'un de bien. Je soupire. Je n'ai pas le choix. Surtout que je viens de m'étaler par terre comme un imbécile.

En réalité, ça fait vraiment mal, mais je ne pense pas que ce soit cassé. Fin, je veux dire, que je serais en train de chialer comme un gosse si c'était le cas. Non, ça doit être juste une bien belle foulure et, même si ce gars à fait la guerre, peut-il vraiment m'aider ?

S'il n'a rien, moi j'ai mon téléphone. Pour écouter de la musique tout en courant. C'est peut être mieux d'appeler quelqu'un ... pas les médecins, je vais payer une blinde que je n'ai pas, mais juste quelqu'un pour me ramener chez moi. Ma femme sait sûrement quoi faire, elle sait toujours. J'avale ma salive, mais étrangement, je ne dis rien de ce que j'ai en tête.

« J'sais pas pourquoi j'vous crois, mais si vous m'évitez l'hôpital ok ? »

Je ne voulais pas finir ma phrase sur une question, mais en réalité, je ne suis pas spécialement rassuré. Puis, je sais que je ne le connais pas, donc parler de confiance est un peu trop élevé. Je soupire et m'accroche au banc pour m'assoir dessus.

« Première fois de ma vie que j'me fais mal comme ça. »

Et voilà, j'avais ouvert les vannes et impossible de m'arrêter de parler. Cela n'a pas de sens. Je le regarde, puis, je tente un sourire.

« Merci de vous être arrêté. »

J'aurai dû le remercier plus tôt, j'aurai dû lui dire avant, mais ma fierté m'empêchait de lui demander de l'aide, maintenant qu'il n'y a plus d'ambiguïté - j'en ai besoin - autant faire les choses dans l'ordre.

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Contrairement à beaucoup d'autres de mes frères d'arme, je n'ai pas pour habitude de mettre ce passé en avant. Même si j'adore les flingues et tirer avec dans des lieux prévues à cet effet, je suis pas forcément fan d'avoir des cibles vivantes. Mais bon, pour le coup, j'ai dû être assez con pour imaginer que ça puisse rassurer l'animal blessé devant moi. J'sais pas si j'ai trop réussi, mais il finit par accepter. Enfin je crois. Il me pose la question, je hausse simplement les épaules en le laissant s'asseoir sur le banc. Se hisser, plus exactement.

- On va tenter, mais si c'est cassé vous y couperez pas.

Je pense pas que ce soit le cas, mais autant lui éviter les fausses illusions. Je m'assoie à côté de lui, et sans ménagement, ni sans prévenir, je lui attrape la jambe pour poser son pied sur ma cuisse. Je commence par défaire ses lacets pour ne pas aggraver les choses en lui retirant trop brutalement la chaussure, et commence à tripoter un peu tout ça. Tout doucement, d'abord.

- C'est bon, c'est pas cassé.

Est-ce que je lui dit la vérité du pourquoi du comment je me suis arrêté, ou est-ce que j'esquive la remarque ? On verra plus tard. Je lui fait tourner le pied dans tous les sens, doucement évidemment, observant ses réactions tout en le manipulant.

- Mon avis de non-expert non-adepte des hôpitaux est sans appel. Rentrez chez vous, et méthode "petits pois". Ce doit être une entorse.

Bon, O.K., ce que je viens de dire a certainement l'air de n'avoir aucun sens, mais pourquoi il me regarde comme si je lui avais expliqué franchement pourquoi je me suis arrêté ?

- Je me suis arrêté parce que vous étiez au milieu du chemin, et que vous sauter par dessus aurait pas été très sympa. Sinon, les petits pois, faut pas les manger. Vous en prenez un paquet congelé, pis vous le posez sur votre pied. Les petits pois c'est bien, parce que comme c'est petit, ça prend bien la forme. Par contre faites attention de bien noter dessus que c'est les petits pois à bobo, parce que si vous les bouffez après les avoir décongelé quinze fois, y'a des chances que vous finissiez pour de bon à l'hôpital.

Peut-être que c'est les effets de la gueule de bois qui sont partis, peut-être que c'est une part de mon ancien moi qui refait surface, peut-être que c'est juste moi, tout court, et que cette fois je me décide à me laisser parler... mais voilà, sans trop savoir ce qui me prend, je me relève et lui tend le bras pour l'aider à faire de même.

- J'vous dépose quelque part ? Pas d'hôpital, mais un bout de béquille humaine certainement. Après, je peux aussi vous porter sur le dos si vous avez pas peur du ridicule, mais je crois que quand on est couverts de boue au point où on en est, on a plus grand chose à perdre. Je peux même faire pimpon.

Pas tant dissipé que ça, l'alcool, finalement.

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Assis sur un banc encore humide, la jambe sur la jambe d’un inconnu qui me défait mes lacets avec douceur je… j’ai un instant de doute en me demandant ce que je fous là. Pourtant, je ne bouge pas et concentre mon regard sur ses doigts. Rien de plus. Je ne vois pas le monde qui m’entoure, j’espère qu’à part des oiseaux, personne ne voit rien.

Et puis le verdict tombe ainsi que le soulagement. Juste une entorse toute bête, toute simple. C’est bien mieux comme ça. Parce que ça coute beaucoup moins cher. La méthode petit pois ne me parle pas, mais je ne dis rien, c’est toujours ma méthode ça, me taire et attendre. On finit toujours par expliquer les choses qui ont l’air évidente pour tout le monde. Peut être suis-je bête en fait ?

Je me mords la lèvre et l’écoute parler. Je garde mon sérieux, incapable de rire dans un moment pareil et pourtant son humour est … intéressant dirions-nous. Je tente de me redresser tout en notant chacune de ses informations.

« Petit pois, sur la cheville, pas manger. C’est noté ! »

Parler à voix haute m’aide à mieux retenir, mais d’habitude, quand je fais ça, je suis seul chez moi. Là… Bon le mec délire aussi et son humour est étrange, alors, peut être bien qu’il ne me jugera pas. Non. En réalité, il n’a pas le droit de me juger. Je me redresse malgré moi pour tenter de reprendre confiance en moi.

« Je crains de n’avoir trop de dignité pour cela. » avouai-je en tentant de me redresser. « Et puis, j’ai un téléphone en état de marche, je ne voudrai pas vous faire perdre votre temps. »

En réalité, même s’il ne s’est trouvé des excuses pour justifier qu’il se soit arrêté, je sens qu’il l’a fait par bonté. Et cela remet en cause bien trop de choses dans ma vie. Des gens bons, c’est trop rare et je n’arrive toujours pas à y croire.

« Vous avez sûrement mieux à faire qu’aider à un imbécile incapable d’éviter les flaques. » bredouillai-je un peu incertain.

Je sors mon téléphone de ma poche pour composer le numéro de quelqu’un - ok je ne sais pas encore vraiment qui - quand il me glisse des mains et … atterri dans la flaque à mes pieds. Je reste con, immobile, et soupire.

« Ok, donc je joue la malchance. Super. Bon bah, j’accepte votre proposition d’aide du coup. Si elle tient toujours. »

Non parce que, même si je suis dans la merde pour me déplacer seul, j’ai déjà refusé son aide une fois, je comprendrais qu’il préfère m’envoyer balader maintenant. Il ne me doit clairement rien.

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J'ai été élevé dans la religion, mais je n'y crois plus depuis longtemps. Déjà parce que, en tant que bon petit Indien, religieux ou non, mais surtout lettré, j'ai grandi avec le pamphlet de Baghat Singh, Why I am an Atheist, sur les étagères de la maison. Alors comme tout le monde, je l'ai lu. Comme tout bon hindou qui se respecte, en premier lieu, j'ai juste fait "O.K., whatever", mais aujourd'hui, les choses ont changé. Je garde certaines habitudes, qui semblent désormais plus culturelles que religieuses, mais y'a quand-même un truc auquel je crois encore. Le karma. P't'être pas au sens tout à fait religieux du terme, n'empêche que c'est logique. Si tu fais de la merde, tu attire la merde, et c'est la merde dans ta vie. Alors que si tu reste cool, c'est cool autour de toi.

Je veux dire, m'être arrêté pour ce type, va pas tout d'un coup décider les dieux, s'il y en a, à me conférer un peu de lumière dans ma vie. Cependant, ça m'a un peu réveillé l'esprit, sorti du brouillard, tout ça. Mon conseil à base de petits pois ne m'apportera rien, je suis pas vendeur de petits pois. Mais y'a pas à tortiller du cul pour chier droit, ça détend un peu plus que braquer une arme sur un connard de pseudo-terroriste pour l'aider à retrouver la mémoire sur l'endroit où il a connecté des fils rouges avec des fils bleus pour la dernière fois. Ça rend plus nerveux que les petits pois, on peut pas le nier.

- Éviter les flaques ? Après le temps de merde qu'il a fait pendant trois jours ? Sérieusement, vous me prenez pour Superman ? J'sais pas vous, mais personnellement j'ai pas le pouvoir de voler au-dessus de l'eau. Ni de marcher dessus, d'ailleurs, j'suis pas Jésus non plus. Ce serait plutôt idiot de croire que ça existe ce genre de trucs, non ? C'est que dans les bouquins que ça arrive.

Par contre, y'a un truc dans lequel le karma n'intervient absolument pas : la maladresse. J'allais répliquer de la merde à propos de perdre ou non mon temps, mais finalement, j'éclate de rire. Pas forcément pour me moquer, enfin, si, clairement, mais c'est le genre d'éclat de rire impossible à contrôler. Les nerfs. Ce qu'on appelle un fou-rire, quoi.

- Une fois rentré, rincez-le, ouvrez-le et laissez-le sécher plusieurs jours au soleil ou sur un radiateur avant d'appeler votre SAV ou votre assurance. Si y'a plus une seule trace d'humidité, vous pourrez toujours tenter de faire croire qu'il a cessé de fonctionner sans que vous sachiez pourquoi.

Est-ce que j'ai déjà été trop bourré au point de faire tomber mon propre téléphone dans les chiottes en allant pisser ? Qui sait. Peut-être... Je me relève d'un coup, droit comme un I, faisant un salut militaire des plus strictes.

- Ready, chief ! Où en est votre dignité, que je sache si je vais faire la bête de somme ou la béquille ?

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Je crois que je suis complètement à côté de la plaque quand il parle, mais, cette fois-ci, je ne peux m'empêcher de faire jaillir un large sourire sur mes lèvres. Jesus, Superman, des concepts que je ne maîtrise pas sur le bout des doigts mais qui me parle. Alors je souris. Rien de plus, rien de moins. Ce gars-là sait faire la discussion, on ne peut pas le lui retirer.

« Vous ne connaissez pas la technique du riz ? »

J'ai vu ça sur des vidéos, les gens qui absorbent l'humidité grâce au riz, j'espère que ça va fonctionner parce que, pour le coup, je suis bien à quelques dollards prêts. Et le pire, c'est qu'avec mon job, je ne peux pas me racheter un téléphone pourri, je suis obligé d'avoir du haut de gamme. Ah, la bien bonne journée de merde qui s'annonce. Ma femme va voir rouge.

« J'espère que ça fonctionnera pour la garantie. » soufflai-je en essuyant le trop plein d'eau sur l'objet.

Je le pose dans ma poche et lève les yeux au ciel. Fichus nuages, fichu mauvais temps, fichue envie de courir ! Je m'accroche à son bras et me mord la lèvre pour éviter de trop sourire, je tente de garder mon sérieux, mais ce n'est pas facile avec ce jeune homme.

« J'en ai encore un peu je pense. » De dignité, bien évidemment. Je tente de rester droit et de ne pas grimacer à chaque pas. « Heureusement, je n'habite pas trop loin. »

Je commençais tout juste mon premier tour de course, au moins une bonne chose parmi toutes les mauvaises, n'est-ce pas ? Puis je me rends compte que je ne me suis pas présenté.

« Au fait, je m'appelle Eunho, Eunho Park. » dis-je rapidement.

Il n'est pas obligé d'échanger son nom avec moi, mais soudain, je me demande si je n'ai pas fait une connerie. Après tout, il a fait l'armée, mais est-il dans la police ou au dessus ? Ou pire, il est entré dans un gang ? Genre LE gang connu ici ? Et il connait déjà qui je suis ? Il y a une enquête en cours à mon nom chez la police et le gang ne m'apprécie pas plus que ça. Ouais, j'aurai peut être mieux fait de me taire, ça aurait été plus simple.

« Merci, vous êtes une béquille incroyable. » rajoutais-je pour éloigner le sujet et détendre l'atmosphère. Mais, peut être que l'air ne semble tendu que pour moi.

/ awards session

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