[terminé] i'll raise my glass to you (karim)

[ i'll raise my glass to you ]

feat @karim jarrah
What we do for others. Ford entrait dans l'établissement avec toute l'ambivalence audacieuse et craintive d'un gamin qui s'apprête à tester sa fausse carte d'identité pour la toute première fois. Ce n'était pourtant pas la première fois qu'il mettait les pieds au club de jazz, mais il ne s'y sentait pas plus à sa place pour autant. L'air musical qui semblait embaumer la pièce le laissait passablement indifférent, et il ne lui en fallait pas plus pour s'imaginer les regards réprobateur de toute une foule de mélomanes tandis qu'il désacralisait ce temple du jazz. L'ambiance, cependant, méritait d'être saluée. Ford avait l'impression d'avoir remonté le temps jusque dans les années quarante et se sentait comme un anachronisme à part entière, comme s'il était censé se plier au thème et vêtir son plus beau costume pour fumer une cigarette, un cocktail à la main. Mais Ford sortait d'une séance d'entraînement et n'aurait pu être plus banal avec son jean et un simple polo noir sous une veste tout aussi quelconque. Personne ici n'aurait pu parier qu'il descendait d'une lignée de talentueux couturiers. Mais Ford n'avait personne à impressionner en ces lieux; la seule âme ici dont il se souciait de l'avis ne le connaissait déjà que trop bien. Karim, voilà quelle était la raison de sa présence ici. Il ne l'avait pas vu en personne depuis une poignée de jour. Il allait bien, qu'il lui avait dit par téléphone, mais Ford ne lui faisait pas réellement confiance de lui dire toute la vérité à ce sujet. Kam allait toujours bien lorsqu'on lui posait la question, et chaque itération rongeait un peu plus Ford. Il l'aperçut enfin, perché derrière son bar à servir une nouvelle vague de clients. Ford n'avait jamais réellement caché son ressentiment face au job de son ami. Karim n'avait pas la relation la plus saine qui soit vis à vis de l'alcool, si bien que le savoir si proche de la tentation lui paraissait comme la pire des situations. Mais Ford avait suffisamment gaspillé de salive à construire un plaidoyer aussi inutile que frustrant. Il s'approcha finalement jusqu'à ce glisser sur l'un des tabouret au bar. Dans son dos, le groupe sur scène entamait un nouveau morceau, et l'écho du saxophone lui fit lever les yeux sur son meilleur ami. Il ne l'avait pas encore remarqué, occupé à mixer un cocktail et racler des glaçons du fond d'un seau à glace. Sous une telle lumière, personne n'aurait pu soupçonner la tragédie ancrée dans chacun de ses traits. Personne sauf Ford, témoin et victime à la fois. « Qui faut-il soudoyer ici pour avoir un verre? » dit-il en haussant le ton pour se faire entendre dans le brouhaha de voix et de musique, lorsque Kam cessa d'être accaparé une seconde par une nouvelle commande.

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feat @ford hayes
Se noyer dans l’alcool c’était tellement facile pour le brun qui joue après jour se réveillait l’angoisse grugeant ses tripes après un énième rêve — que dire, cauchemar — où il entendait avant tout les hurlements de sa femme et sa fille. On ne cessait de lui dire que le temps ferait son court, panserait son mal, mais la vérité, c’était que Karim avait beaucoup plus de facilité à noyer sa peine, sa fureur, sa honte et son dégoût envers sa propre personne en enfilant des rasades d’alcool dès que ses paupières s’ouvraient. Ce n’était pas pour rien que sur sa table de nuit traînait Jack, nouvellement renouvelé tous les trois ou quatre jours. Pathétique. Il s’avait que c’était le cas, mais il s’en fichait si ça lui permettait pendant un infime instant d’oublier ces hurlements qui reflétait ses propres accusations envers lui-même. Un seul obstacle se posait devant lui, le fait d’être barman pouvait poser problème. Une tentation. Ce qui restait un fait, mais ce job, il l’avait avant l’accident et malgré la tragédie, il n’avait pu s’en défaire. Aussi contradictoire que bien d’autres choses pouvant le concerner, travailler lui permettait de ne pas être totalement seul. Sans compter que les gens qu’il croisait ne se souciaient pas de lui, préférant de loin lui raconter leur malheur. Par moment, il avait simplement envie de leur hurler à la gueule qu’il y avait pire comme soucis, que certain vivait des horreurs alors que d’autres se plaignaient le ventre plein. Mais qui était-il pour juger ? Il avalait ses mots plus souvent qu’autres choses. Parce que l’alcool, étonnamment, il n’y touchait pas. Pour calmer son envie, c’est un pauvre chewing-gum mentholé qui roulait dans sa bouche, laissant ses dents l’agresser avec fureur. Et d’autres jours, comme ce soir, il y avait assez de monde pour le tenir occupé. Pas le temps pour jouer le psy de bar. Pas le temps de penser. Pas le temps de marcher son chewing-gum. Le groupe sur la scène avait son petit succès et attirait bon nombre de clients, assez pour faire tourner en bourrique l’égyptien. Tendant la dernière commande à une blonde caucasienne au fort accent français, Karim poussait un soupir en appuyant ses paumes contre son comptoir. Inspirant un bon coup, s’accordant une pause qui ne dura qu’une fraction de seconde, celle-ci interrompue par la voix interférer par tout le brouhaha. « Tout dépend de ce que tu as à offrir ! » répondit-il avant même de réaliser à qui il s’adressait. Tournant la tête vers ledit client, il ne mît qu’un instant pour reconnaître le blond. Ne l’ayant pas vu depuis quelques jours, Karim fut ampli d’une joie qu’il cachait tout de même à merveille. Ford possédait ce pouvoir indescriptible qui consistait à rendre Karim heureux — dans les bons jours. S’approchant, il s’appuyait contre le comptoir, brisant les limites entre un client et un barman, son visage affichant un sourire en coin, alors que son regard, marqué par ses poches sous ses yeux, brillait d’une étincelle flamboyante. « Toi, tu viens de finir de travailler ! J’te sers quoi ? » demandait-il à son meilleur ami qui se trouvait à une distance peu raisonnable pour l’endroit. Mais Kam s’en fichait, tout comme il se fichait de ce que les gens pouvaient bien aller croire. Il ne flirtait pas, il était simplement comme ça.

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feat @karim jarrah
Karim et les bars, voilà un combo qui avait une place proéminente dans l’histoire de leur amitié. De ses prémices, lorsque la fougue de la jeunesse animait encore leurs membres et leurs paroles. Lorsqu'un soldat pas encore tout à fait désillusionné avait maîtrisé son poing comme son ego. Puis les années qui avaient suivies; une succession de tableaux à la fois similaires et différents, où ils étaient devenus un peu plus adultes ensemble. Karim avait fondé une famille que Ford avait volontairement échangé contre la sienne. Aujourd'hui, bien que tragiquement diminuée, cette famille restait tout ce qu'il avait de bien réel. Un type à moitié mort à l'intérieur, devenu le confident charitable de toute une bande d'anonyme alcoolisés, et toujours capable de lui sourire au-dessus d'un foutu comptoir de bar. « Et je viens directement te voir plutôt que de rentrer chez moi » dit-il d’un ton léger. « Tu devrais être flatté Kam » continua-t-il en battant des mains sur le comptoir. Après des heures passées debout à relayer des consignes à une flopée d’athlètes, Ford se sentait étrangement plus agité qu’autre chose. Se rendre chez lui avec un seul poste de télévision pour compagnie ne s’était pas un instant présenté comme une meilleure alternative, et ça Kam pouvait facilement l'imaginer. Quoique. Ce dernier semblait souvent lui prêter une vie sociale bien plus dynamique qu'elle ne l'était vraiment. Loin d'approcher la quarantaine avec une aversion envers les autres, Ford ne passait tout de même pas toutes ses soirées à écumer des bars similaires pour trouver une attention féminine ou des avides fan de football à régaler de ses récits. « Une bière, s’il te plaît » répondit-il, volontairement vague. Ils avaient échangés assez de verres ensemble pour que Karim fasse un choix qui convienne à ses goûts; il ne s'inquiétait pas. Bien qu'inquiet de la relation entre l'alcool et son meilleur ami, Ford n’avait jamais cherché à prendre le problème à bras le corps, à s’imposer comme un donneur de leçon bien attentionné en s’improvisant partenaire de sobriété. Non, Ford buvait. Et Karim aussi. Pas pour les mêmes raisons, et certainement pas à la même fréquence. Ford en avait assez eu, des appels au beau milieu de la nuit pour venir chercher une homme exceptionnel devenu l'ombre de lui même l'espace d'une soirée. « Ton service est encore long? » demanda-t-il machinalement. Un sourire se dessina au coin des lèvres en apercevant l'air outré d'une femme à sa droite qui venait d'entendre ses mots. Il est vrai que vu leur proximité il avait tout l'air d'un gars impatient de savoir quand le beau barman allait être libre pour l''inviter ailleurs. Si seulement elle savait.

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Laissant les mots de son meilleur ami résonner dans sa tête, Karim en venait à taquiner sa lèvre inférieure de ses dents comme pour s’aider à mieux assimiler les propos du blond. En effet, il pouvait être flatté que ce dernier préfère la musique de jazz et sa faible présence plutôt que l’agréable compagnie d’une femme. L’égyptien avait toujours eu tendance à voir son ami comme un homme avec un franc succès. Peut-être parce qu’il était en couple et surprenait les regards de la gente féminine qui se tournait à son passage, ce qui avait le don de l’amuser. Il voyait que Ford avait du succès et jamais il ne pourrait dire le contraire, si le blond n’avait pas été son meilleur ami, lui-même aurait été tenté d’avoir sa chance. Mais Ford, c’était un homme à femme, loin de pouvoir s’intéresser à un homme et encore moins à quelqu’un comme lui. D’un sens ça faisait ni chaud ni froid à Kam qui préférait largement son amitié avec ce dernier que se prendre la tête pour une question de cul. « J’le suis. » répondait-il finalement en laissant un sourire étirer le coin de ses lèvres, affichant cet air moqueur qu’il possédait autrefois. Ils avaient toujours affiché cette complicité ensemble. Une amitié venue de rien et dont le barman n’était pas prêt de vouloir la voir disparaître. Devant Ford, il était lui-même, affichant ses défauts sans retenue, déversant sa honte face à ce qu’il avait fait, mais laissant briller l’homme qu’il avait déjà été. Peu pouvait se vanter de voir Karim être aussi vivant que lorsqu’il se trouvait avec l’américain. « Va pour une bière. » disait-il s’apprêtant pour se redresser avant d’être arrêté par la question du blond. Un bref coup d’œil à sa montre autour de son poignet pour y regarder l’heure. Il relevait la tête, apercevant du coin de l’œil le regard que leur lançait cette femme. C’était ce genre de regard que Karim avait toujours fuit. Ce jugement qu’on pouvait porter sur deux personnes du même sexe qui se draguait, ce n’était pourtant pas leur cas, mais pour elle, il semblait évident qu’ils se faisaient du rentre dedans. C’est ce regard qui avait toujours dissuadé Kam de parler de sa sexualité, parce que si ça pouvait choquer de pur étranger, il ne voulait même pas imaginer la réaction de son entourage. Mais Kam, il pouvait être joueur, il pouvait se foutre de la gueule des gens et être condescendant dans son attitude lorsqu’il en avait envie. Approchant un peu plus son visage de celui de Ford, il s’assura de parler assez fort pour qu’elle les entende. « C’est moi qui close, mais j’ai une pause dans quinze minutes. » disait-il en ponctuant ses paroles d’un clin d’œil. La femme encore plus choquée par ses films imaginaires quittait le bar comme si les deux hommes avaient une maladie quelconque... Poussant un soupir, Kam se redressait en tapant le comptoir de la paume de sa main. « Ridicule. » se disait-il beaucoup plus à lui-même en regardant la femme s’éloigner avant de tourner les talons pour aller chercher une bière à son pote. Il revient avec un verre rempli d’une blonde américaine fait dans une microbrasserie de la ville. « Elle est nouvelle, tu devrais aimer. » l’informait-il en posant la bière légèrement mousseuse devant le blond. « Je finis de servir les clients et je prend ma pause, dans quinze minutes dehors. J’ai besoin d’en griller une. » Il n’attendait pas la réponse de son meilleur ami pour reprendre le boulot.

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« Évidemment que tu l'es » rétorqua-t-il, un clin d’œil chambreur à l'appui. Ford n'avait jamais rechigné aller à la pêche aux compliments, et Karim était toujours prêt à lui en fournir à la pelle. Oh, ils n'avaient pas toujours été tendres dans leurs échanges, caractériels et passionnés chacun à leur manière, mais ils s'étaient adoucis avec l'âge et soutiraient de leur amitié plus de compassion que de divertissement à présent. Il y avait peut être une vérité plus tragique là-dessous; un besoin inconscient d’entretenir à l'excès une relation importante après la réduction soudaine de son cercle de proches. Bon sang, qu'il semblait mélancolique et ancien dans ses propres pensées animées de fatigue et d'amertume. Tout ça n'était pas vraiment exact. Tout n'avait pas changé, grand heureusement. Mais Ford se perdait parfois, dupé par les façades de Karim ou lui-même trop parano pour accepter les signes encourageants d'un potentiel deuil enfin terminé. Ford leva un regard sur son meilleur ami. Il était terriblement proche, assez pour observer la commissure de ses lèvres se plisser lorsqu'il se gorgea d'audace pour taire les préjugés silencieux de leur voisine. Ford esquissa un sourire, amusé par le numéro, et ne daigna pas observer la fuite brusque de la femme. Quelle délicate sensibilité. Peut-être Ford était-il devenu rodé à la proximité masculine; une conséquence de nombreuses années dans le milieu du football à réinventer la définition de contact physique et se défaire de toute pudeur. Et pourtant, il ne s'agissait pas là d'un milieu très tendre envers l'homosexualité. Si un joueur gay se confiait à lui au sujet d'un possible coming-out, Ford - avec une honte à moitié assumée - n'était pas sûr de l'encourager dans cette direction. Karim grommela une remarque que Ford écouta d'une oreille, avant d'aller préparer sa boisson. « Pas fun ta clientèle, Kam » remarqua-t-il pour alléger l'air. « J'te fais confiance. » continua-t-il en prenant sa bière. « Merci ». Il porta la boisson à ses lèvres pour en tirer une longue gorgée. Il hocha la tête, effectivement satisfait de sa saveur. « Ça marche » dit-il, observant son ami repartir aussitôt à la tâche. Ford se tourna quelque peu sur son siège pour balayer l'assemblée de la salle. L'animation sur scène peinait à retenir son attention, et la foule était toujours plus intéressant à regarder. Des couples à l'apparence guindée ou autrement désinvolte, des groupes d'amis préférant cette ambiance feutrée et culturelle plutôt que effervescence criarde d'une boîte de nuit, ou encore des solitaires venus absorber leur dose de jazz quotidienne. Les quinze minutes passèrent finalement plutôt vite. Ford posa son verre vide sur le comptoir lorsque Kam s'extirpa du bar, et c'est ensemble qu'ils prirent la direction de l'extérieur. L'air frais le vivifia quelque peu et il frotta ses mains l'une contre l'autre pour leur insuffler un peu de chaleur. Karim n'avait même pas de veste. « Tu vas attraper la crève » se contenta-t-il de dire comme un foutu cliché.

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Loin de se laisser affecter par la réaction de la femme étroite d’esprit, Karim continuait de vaquer à son boulot, laissant par le fait même Ford boire sa bière et « apprécier » l’ambiance du bar. Le blond n’avait jamais eu ce même intérêt que portait l’égyptien au jazz. Plus rustre peut-être, ça ne l’empêchait pas de venir le voir ou comme autrefois venir le soutenir lorsque Karim montait sur le stage saxophone à la main. Deux ans qu’il n’avait pas joué et bien qu’il cachât ce fait comme il le pouvait, jouer lui manquait par moment. Le contact de ses doigts sur le cuivre, les doigts appuyant contre les touches pour y produire une mélodie remplie d’émotion. S’il jouait aujourd’hui, elle serait remplie de mélancolie, d’honte et de détresse, ce qui le freinait à reprendre. Sans parler qu’il n’était plus certain d’avoir le souffle nécessaire pour jouer de cet instrument, le laissant prendre finalement la poussière dans un placard de son appartement. Il posait le dernier verre devant le client, avant d’indiquer à son collègue qu’il partait prendre sa pause. Le Snug était animé, quand même achalandé en ce soir, mais Karim ne pouvait plus rester derrière ce bar pour servir les clients. Il avait besoin de sa dose de nicotine s’il ne voulait pas sauter à la gorge d’une personne ou finir une bouteille sans grande discrétion. Sans prendre de veste, s’assurant simplement que son paquet de clope se trouvait dans sa poche de jeans, il passait devant Ford. Tous deux se dirigeant vers l’extérieur. L’air était frais, une brise caressant la peau dorée du barman qui fermait les yeux un bref instant. À l’intérieur la chaleur était insupportable, l’odeur aussi et cette pause lui faisait oublier ces désagréments. Quelques personnes se trouvaient aussi dehors, des clients sortis pour fumer ou attendre des personnes. Kam se mit dos à la rue sortant son paquet pour le tapoter dans la paume de sa main et en sortir un bâtonnet qu’il vint glisser entre ses lèvres fines. Aux mots de son meilleur ami, il relevait son regard, tirant sur la clope encore éteinte pour pouvoir parler. « T’as qu’à me réchauffer. » balançait-il sans même prendre le temps de réfléchir à l’impact de ses propos. C’était simplement ainsi, sans arrière-pensée, des paroles qu’il n’avait pas de mal à dire au coach après tant d’année. Et puis, de toute manière il n’y verrait aucune ambiguïté croyant que l’ancien militaire était hétéro. Ramenant sa clope à ses lèvres, il cherchait son briquet dans sa poche. Rien. Il avait dû le laisser dans sa veste. Merde. Cherchant du regard, il remarquait un mec fumant un peu en retrait d’un groupe d’ami. Faisant signe à Ford qu’il allait demander du feu, il s’approchait de l’homme. L’échange de regard au-delà d’une flamme emprunter, Karim en avait l’habitude. Un regard brûlant, une alchimie physique seulement. Tout le monde connaissait ça, mais lui il la décelait chez les hommes comme les femmes. Un effleurement de doigt alors que l’inconnu tenait le briquet qui embrasait la clope du barman. Allumé — au sens propre comme figuré —, il retournait vers Ford, en tirant une longue latte qui le fit soupirer d’aise. « Alors ce taff ça été ? » disait-il comme s’il n’était pas parti.

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feat @karim jarrah
Ford observait son meilleur ami extraire une cigarette de son paquet d'un geste presque révèrent. Un moindre vice par rapport à celui qui l'emprisonnait un peu plus chaque jour, toujours présent et si réconfortant. Ford lui-même n'avait pas trop de légitimé à sortir tout un discours sur les méfaits du tabac. Il était plus affilié à la catégorie des fumeurs sociaux, ceux qui cèdent à une bouffée lors d'une soirée ou d'un contexte particulier, plus pour combler l'ennui ou joindre le mouvement que pour satisfaire un besoin. Mais rien de plus. On lui avait rabâché trop de fois l'adage du "traite ton corps comme un temple" pour qu'il n'en garde pas quelques principes bien ancrés. Ford s'adossa au mur aux côtés de Kam et dû pivoter la tête brusquement pour rencontrer son regard suite à sa répartie. Un battement, puis il roula des yeux, un sourire amusé aux coins des lèvres. Évidemment, la pique n'était pas à prendre au premier degré, et là n'était pas un jeu très étranger à celui qu'ils avaient joué un peu plus tôt. « Nan, tu risquerai de t'y habituer » rétorqua-t-il en enfonçant ses mains dans ses poches. Il observa d'un air passif Karim fouiller les siennes à la recherche d'un briquet qu'il ne trouva pas. Ce n'est pas Ford qui allait le dépanner, si bien qu'il ne s'étonna pas de voir son ami se détacher du mur pour aller demander du feu un peu plus loin. Il le suivit du regard, à défaut d'avoir autre chose à faire. Son téléphone était silencieux et ses pensées tout autant; la journée de travail commençait à se faire ressentir. Karim s'approcha d'un mec et commença la valse habituelle : la question, la permission, l'échange. Et tu parles d'un échange. La chose sembla prendre un temps bien plus important que nécessaire, comme si Kam et l'inconnu échangeaient une discussion télépathique, leurs visages proches et leurs regards fixes. Ford dû détourner le regard, presque gêné par l'échange. Peut-être s'agissait-il de quelqu'un que Karim connaissait, un collègue ou un habitué des lieux. Quelque chose pour justifier l'intimité qui semblait exister entre eux. Lorsque Karim revint à ses côtés, Ford était toujours bloqué sur cette réflexion. « Tu lui demandais du feu ou sa main en mariage? » ne put-il s'empêchait de plaisanter, ignorant pour le coup la question de son ami. Évidemment qu'il plaisantait. Karim n'était pas attiré par les hommes, c'était un fait - même si Ford ne saurait pas étonné qu'il se soit borné à le devenir, convaincu qu'il ne pourrait plus jamais aimer une femme après Susan - mais l'échange avait quand même était un peu étrange.

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feat @ford hayes
Loin d’être tabou pour Karim, il avait fait le choix de ne jamais aborder sa sexualité avec quiconque. Il avait épousé la femme de sa vie et s’il avait essayé tout comme apprécier la compagnie des hommes avant son mariage, il ne voyait pas l’intérêt d’en faire part à quiconque. C’était son choix de vie, son jardin privé. Il laissait simplement les gens se faire une idée de ce qu’ils croyaient être la réalité. Karim aimait les femmes. Ford n’était pas le seul à le croire, il n’y avait que ses derniers amants pour contredire ce fait. Mais d’une part, c’était mieux ainsi, parce que l’égyptien n’était pas prêt à avoir une relation avec une femme, qu’elle soit simplement physique ou non. Ce sentiment d’être en plein adultère le rongeait, même s’il n’avait pas de mal à passer par le lit de certain homme. Il existait un monde en travers ces deux idées. Regardant Ford, il laissait paraître un sourire à la commissure de ses lèvres. Il n’était pas prêt pour un second mariage et sans doute qu’il ne le serait jamais préférant de loin rester veuf pour la vie. Mais la plaisanterie l’amusait tout de même. Clope prise entre ses doigts, il la regardait un instant perdre sa cendre. « C’est pas une demande de mariage dont j’ai envie. » souffla-t-il, laissant planer cette mélancolie, alors que ses paroles révélaient ce dont le barman désirait réellement. Cette électricité qui pouvait être ressentie, cette chimie alléchante. Relevant son regard vers le blond, il lui adressait un regard accompagné d’un léger sourire. « J’en ferais bien mon quatre-heures. » Il tirait une nouvelle fois sur sa cigarette, agissant comme s’il avait dit une évidence, quelque chose à laquelle son meilleur ami s’attendait. Peut-être était-ce le cas après tout. Il le connaissait depuis bien assez longtemps pour comprendre qui était Karim. Peut-être avait-il décelé cette part de lui sans savoir comment aborder la chose ? Voilà qu’il en profitait vu l’ouverture que Karim avait laisser entrevoir. Mais il se contenterait du feu pour sa clope. « Ce sera pour une autre fois. Après tout, tu es là. » Il observait le blond, ses traits tirés par la fatigue d’une journée de travaille sans doute épuisante. Il s’approchait de lui, toujours sans arrière penser. Après tout, Ford ne le verrait jamais comme autre chose qu’un ami et il avait bien plus à gagner avec ses femmes qui posaient leur regard sur lui prête à lui offrir tout ce qu’il pouvait désirer. C’était quelque chose de normal, puisque Karim ne voyait avec son regard que le sudiste hétéro, rêvant peut-être d’un jour fonder une famille ou du player – comme Karim aimait bien le croire – se délectant de la gente féminine qu’il attirait. Et pour attirer les femmes c’était presque quelque chose d’inné chez le coach. L’égyptien n’avait qu’à tendre l’oreille pour entendre les murmures féminins qui passaient des commentaires sur le blond qui se trouvait en sa compagnie.

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feat @karim jarrah
Ford aurait pu s’offusquer. L’envie, un terme qui devenait de plus en plus vague une fois intégré au vocabulaire de Karim. C’était la seule requête de Ford; que son meilleur ami ait envie de quelque chose de tangible et de réalisable, un but censé l’extraire de ce trou d’apathie et de blâme qu’il s’était lui-même creusé. Une envie saine. Un mariage n’entrait pas dans cette catégorie, il en était certains. Pas maintenant du moins. Pas avant que Kam soit guéri et prêt à aimer et se faire aimer en retour. Mais la remarque n’était qu’une réponse malicieuse à sa propre question. Une réponse lourde de sous-entendus qui laissait Ford sur le qui-vive. Une forme de malaise le démangeait, comme s’il se trouvait au précipice d’une révélation qu’il ne pouvait appréhender. Il avait envie de le presser, de lui demander exactement ce dont il avait envie, mais il resta muet. Quelque chose venait. Une admission qui ne se fit pas attendre et qui chamboula le monde de Ford. C’est figé, les lèvres entrouvertes autour de mots qu’il n’avait pas encore trouvés, qu’il rencontra le regard de Karim. Il avait deux oreilles et un cerveau entre les deux, et pourtant, il peinait à intégrer ce que venait de lui dire son ami. Et pouvait-on lui en vouloir? La surprise se mêlait à l’agacement; cette manière qu’avait eu Karim de déblatérer la chose comme s’il s’agissait d’un fait établi qu’il était attiré par les hommes? S’agissait-il d’un développement récent suite au décès de Susan, comme il l’avait imaginé, ou d’un secret bien gardé depuis plus d’une décennie? Les deux options lui inspiraient une litanie bien différente. Il fut comme happé de retour sur la terre ferme lorsque Karim s’approcha de lui, une indifférence presque insultante encore ancrée sur son visage. Était-ce évident? Un ensemble de petites choses que Ford avait été trop idiot ou négligeant pour interpréter? Pour une autre fois, qu’il disait. Parce qu’il était là, un obstacle appréciable entre lui et une nuit sans lendemain. Avec un homme. Ça lui fit l’effet d’une douche froide. « Bordel, mais de quoi tu parles, Kam? » demanda-t-il en se détachant du mur. Le Karim qu’il connaissait ne parlait pas d’un pur inconnu comme un potentiel quatre-heures, comme si c’était la chose la plus normale au monde. Qu’on le pardonne si Ford mettait un moment à se mettre au diapason. « T’es attiré par les hommes maintenant? » demanda-t-il de but en blanc. . « Ou tu as juste jamais osé me le dire? » continua-t-il. Était-ce ça le problème? Pensait-il que Ford allait avoir un problème avec ça, lui, l’archétype même du sportif trop borné pour être ouvert d’esprit? Non, c’était ridicule, mais le doute était quand même là dans un coin de son esprit. Ford détestait le sentiment qui l’habitait, celui qui lui disait qu’il ne connaissait finalement pas si bien que ça son meilleur ami. Sa perspective venait de changer, et il n’y avait pas de retour en arrière possible. Ford avait envie de le prendre dans ses bras comme de lui en mettre une, partagé entre culpabilité et colère. Inconsciemment, il leva les yeux et croisa le regard de l’homme à qui Kam avait demandé du feu. Lui par contre, il avait décidément envie de lui en mettre une.

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feat @ford hayes
De quoi parlait-il ? « De sexe. » répondait l’égyptien comme si ça n’avait pas été une évidence, que ce dont il parlait n’était pas assez clair. C’était sans doute naïf de répondre, mais ça avait été spontané. Sans une once de réflexion, il avait tout simplement répondu à son meilleur ami. Jouant avec sa clope qui se tenait entre ses doigts, il observait Ford voyant une incompréhension se dessiner. Il aurait dû y penser, prendre le temps d’aborder le sujet plutôt que de balancer cette vérité avec tant de facilité. Passant une main sur sa nuque, se mordait la lèvre. « J’en voyais simplement pas l’intérêt. » disait-il dans un soupir. Il n’avait pas envie de se prendre la tête ni même devoir donner des explications, mais peut-être lui devait-il ? Laissant sa main retomber mollement contre son corps, il soupira une seconde fois. « Ça aurait changer quelque chose de le savoir ? » demandait-il une touche d’affront dans le fond de sa voix. Il savait que non ou du moins se doutait que non, Ford ne l’aurait pas jugé pour cela. Mais il avait plus de facilité à croire qu’on pourrait le repousser pour ce détail que le fait qu’il pouvait avoir peiné un ami. Pour lui sa sexualité, notamment avec les hommes remontaient tellement à longtemps avant leur rencontre que le dire n’avait simplement jamais effleuré son esprit. Portant sa clope à ses lèvres, il tirait une nouvelle latte, la laissant s’extirper de ses lèvres dans un volute de fumé dansant, avant de continuer. « Je n’en voyais pas l’intérêt, c’est tout. Susan était la seule et ça me suffisait. Je ne ressentais pas le besoin d’aller voir ailleurs ni celui de dire que je suis bi. » Sa voix n’était pas chaleureuse, mais elle n’était pas froide non plus. Simplement épuisé de devoir donner une justification à tout cela, remettre les points sur les i et faire comprendre que ce n’était pas parce qu’il avait tenu à garder cela secret. « Maintenant, c’est différent puisqu’elle n’est plus là. » Ô oui, ça faisait toute la différence. Il avait aimé sa femme à en crever. Jamais il n’avait perdu la flamme qui illuminait son cœur. Non, elle était l’unique personne qu’il avait sincèrement aimée à ce point et désormais il faisait cavalier seul. Il ne souhaitait pas retrouver les bras d’autres femmes, il craignait leur caresse et par-dessus tout, il avait peur d’aimer à nouveau ou simplement d’oublier ce sentiment qui l’avait habité un jour s’il venait à s’enticher de quelqu’un d’autre. Des pensées beaucoup trop complexes pour cet homme à la dérive. Il baissait son regard, posant ses yeux sur le sol sale. « Ça ne changera rien entre nous deux, n’est-ce pas ? » demandait-il cette fois bien plus affecté que ce qu’il aurait voulu laisser entrevoir. Ford était en quelque sorte son pilier, il ne souhaitait en aucun cas le perdre lui aussi. Que ferait-il si c’était le cas ? Qu’adviendrait-il ? Il ne voulait en aucun cas l’imaginer, mais peut-être que son ami n’était pas prêt à accepter cet aspect de lui…

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feat @karim jarrah
Oh, il voulait la jouer comme ça. Ford posa un regard guère impressionné sur son meilleur ami face à cette réponse dégoulinant de sarcasme et d'indifférence. Ford pris une inspiration, conscient qu'il n'était sans doute pas normal qu'il réagisse de la sorte à une information, certes surprenante, mais pas digne de faire une scène en pleine rue non plus. « De sexe. » répéta-t-il, un poil condescendant, en secouant la tête. Il ne s'agissait déjà pas là d'un sujet qui illustrait souvent leurs conversations par ailleurs, chacun ayant toujours exercé assez de pudeur ou de respect pour ne pas faire l'étalage explicite de leurs aventures (pour Ford) ou de leur vie maritale (pour Karim). Mais là n'était pas la question. Un homme! Mais Karim n'avait jamais vu l'intérêt de dévoiler cette information, et pourtant il s'offusquait que Ford lui demande des comptes. Il ne devrait pas, il en avait conscience, mais le cliché ne dit-il pas qu'on ne doit pas cacher de secrets entre meilleurs amis? C'était quelque chose que Ford estimait assez important et assez vital à savoir sur celui qui était, littéralement, son seul proche dans la vie. Le débat interne et silencieux de Ford se stoppa net sous la question de Karim. Ford enfonça son regard dans le sien, les sourcils haussés face à l'audace. « Va te faire voir, Kam » souffla-t-il. Bien, cool, une réaction toute à fait maîtrisée et saine. Il n'en revenait pas que Karim puisse insinuer une telle chose. « Tu sais bien que non. Je n'ai pas le droit d'estimer que c'est une information que j'aurai dû savoir ? » demanda-t-il malgré tout, bien que...pas vraiment. Karim ne lui devait rien. Ceci touchait une sphère dont des années d'amitié ne lui garantissait pas forcément l'accès. Ford savait qu'il dépassait les bornes, et quelques minutes supplémentaires à se le répéter allaient l'amener à se calmer. Il y avait juste quelque dans la manière dont la chose s'était déroulée qui le laissait passablement agité. Comme l'élan d’adrénaline d'un cerveau qui n'a pas encore réalisé que le reste du corps s'était déjà calmé. Et puis, l'explication de son meilleur ami faisait sens. Il n'y avait finalement eu aucun moment véritablement opportun pour délivrer cette orientation sexuelle, non pas que Karim aurait eu besoin d'un contexte particulier. Un "hey, au fait, je suis bi" par-dessus une bière lui aurait suffit. Il n'en aurait pas fait tout un plat. Juste un ok, un sourire, et la vie aurait repris son cours. Cela l'aurait sans doute mieux préparé au fait que son meilleur ami semblait désormais plutôt enclin à fréquenter des hommes. Et pas pour un dîner aux chandelles et une romance élaborée s'il fallait en juger par l'extrait de séduction dont Ford avait été témoin ce soir. Finalement, il ne fallu qu'une petite trace de vulnérabilité dans le ton de Karim pour que Ford baisse les armes. Il baissait les yeux au sol. Ford poussa un soupir à la fois résigné et plein de regrets avant de s'approcher de son meilleur ami. « Hey » dit-il en lui relevant le menton pour qu'il rencontre son regard. « Tu as utilisé ton quota de question stupide pour ce soir, okay? » dit-il, ponctuant la chose d'un léger sourire. Dans le battement qui suivit il passa un bras autour de ses épaules pour le serrer brièvement contre lui. « Désolé d'avoir réagit comme ça » murmura-t-il, honteux maintenant que la tension était retombée.

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[ i'll raise my glass to you ]

feat @ford hayes
Une révélation qui contrairement à ce qu’ait pu croire Karim, semblait bien plus perturbante qu’elle ne l’aurait dû. Observant silencieusement son meilleur ami, le brun ne cachait pas son étonnement de voir Ford l’envoyer chier avec tant d’aisance, comme si ces propos ne méritaient pas plus de considération. Bien sûr, Karim s’assumait sans pour autant le dire à tout va, après tout, qui va pouvait intéresser si ce n’est les personnes qui passaient dans son lit. Il n’avait jamais cherché à être étiqueté comme tel, peut-être par crainte, notamment envers Susan ou encore la réaction disproportionnée de son entourage, comme celle qu’avait Ford. « Ah bon ? Et pourquoi ça semble si important pour toi ? Tu aurais aimer tenter ta chance ? » Il l’avait provoqué, bien entendu qu’il allait lui dire cela. Ils avaient beau être meilleur ami, au final qui il baisait ne regardait que lui, homme ou femme. Sans doute que plus calme, il aurait mieux réagi, mais le voir, lui, agir comme tel mettait l’égyptien sur la défensive. Une forme de jugement apparaissant au-dessus de sa tête. Il avait la sensation de changer sous le regard du blond, une chose qu’il n’aurait jamais cru. C’est ce qui lui faisait le plus peur, le perdre, que tout change, qu’il le rejette sans mal, alors que pour lui sa sexualité n’avait aucune importance. Il aimait simplement le baratiner avec ses conquêtes, parce qu’il savait tout le charme qu’il possédait contrairement à lui. Dépité, Karim n’eut d’autre choix que de poser son regard sur le sol, évitant celui de Ford. Il ne souhaitait pas s’y perdre et encore moins en apercevoir son propre reflet. Passant sa main libre dans ses boucles, il relevait le menton pour regarder le blond qui venait d’y glisser sa main pour le relever. Le contact de sa peau contre la sienne n’avait aux yeux de Karim jamais été aussi pénible. Son palpitant vibrant à ce simple contact. « J’en sais rien... si je bois qui sait, je pourrais te demander de quel couleur est le cheval blanc de Napoléon... » Il n’avait pas perdu son humour merdique, mais pinçait tout de même les lèvres et laissant son regard balayer les orbes azurés qui se trouvaient devant lui. Se blottissant, sans y mettre de forme, contre l’américain, Karim se retrouvait à trouver complètement débile toute cette conversation. Pourquoi avait-elle prit cette ampleur ? « C’est rien. » marmonnait-il en se reculant pour poser à nouveau ses prunelles sur son meilleur ami. « Fais gaffe, les gens pourraient se méprendre sur nous. » Pourquoi disait-il ça ? Il n’en avait aucune idée... C’était simplement sorti tout seul, comme une mise en garde qu’il lui faisait. Finalement, peut-être que tout changerait entre eux. Il posait son regard sur sa montre « Mmh. Ma pause fini, tu restes ou tu rentres ? » demandait-il en laissant tomber son mégot pour l’écraser avec sa chaussure.

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[ i'll raise my glass to you ]

feat @karim jarrah
Le mieux à faire dans ce genre de situation était de baisser les armes, de prendre une grande inspiration et laisser l'impulsivité d'une telle réaction se dissiper. Cela supposait une maîtrise de soi que Ford était censé posséder. Un sang froid qui l'accompagnait régulièrement lorsqu’il se trouvait au bord d'un terrain à superviser une bande de mecs ravagés par la testostérone et la soif de gagner. Mais là, face à Karim et cette nouvelle qu'il lui servait, Ford était incapable de se calmer. Toute cette dispute était irrationnelle et Ford, à défaut de pouvoir la comprendre, cherchait à la justifier. Pourquoi était-ce important pour lui? Parce que ça concernait Karim. N'était-ce pas une raison suffisante. Ford ne souhaitait pas relever la provocation basse de son meilleur ami, serrant la mâchoire sous l'accusation. Il pouvait sentir le rouge lui monter aux joues - peut être de colère, mais définitivement d'embarras - face à ces paroles. Il savait bien que Karim ne le pensait pas le moins du monde, mais la réflexion poussa vers son esprit une image qu'il n'aurait jamais pu conjurer tout seul. « C'est ça, tu m'as percé au grand jour Kam » se moqua-t-il. « Faut dire que je suis clairement plus séduisant que ce gars » continua-t-il en secouant la tête, agacé de ne pas pouvoir avoir une dispute quelque peu constructive sans devoir esquiver des réflexions mesquines. Ford se passa une main dans sa barbe, se détournant un instant de Kam pour qu'ils puissent chacun tenter de se calmer. C'était ridicule, et Ford pouvait sentir le regard curieux de certains fumeurs qui n'avaient rien de mieux à faire que d'observer la querelle en cours. Finalement, il fallut attendre que Karim cesse d'être sur la défensive et montre un peu de vulnérabilité pour que toute la colère se dissipe chez Ford. Ils étaient okay. Tout allait bien. « Je ferais semblant d'y réfléchir, promis » répondit-il, un sourire aux lèvres face à la plaisanterie. Le calme soudain ne rendait que plus absurde ce qui venait de se passer. Ford s'excusait et, juste comme ça, tout revenait dans l'ordre. Un moment d'égarement qu'ils n'allaient certainement pas oublier, mais qui ne changeait rien. S'il fallait que Ford se prouve davantage, il était prêt à le faire, mais il était hors de question que Karim pense que son attitude envers lui allait changer. Ford fronça les sourcils sous la remarque de Karim. Ils avaient toujours été assez tactile l'un envers l'autre. Ils étaient amis depuis des années bon sang, et le fait que Karim aimait les hommes n'allait certainement pas empêcher Ford de lui donner des accolades. « Ça m'est égal, Kam » lui dit-il sincèrement. « Ça ne change rien, okay? » confirma-t-il une nouvelle fois, ne le lâchant pas du regard avant que Karim acquiesce. Ford jeta un regard sur sa propre montre lorsque Karim lui demanda s'il rentrait ou pas. Il était plutôt claqué, et la dispute qu'ils venaient d'avoir avait épuisé ses dernières ressources. « Nan, j'vais rentrer » dit-il avant de lui donner une nouvelle accolade, juste pour prouver son discours. « Courage pour la fin de ton service », continua-t-il avant que Kam ne retourne à l'intérieur. Ils allaient être okay, se répéta Ford avant de partir à son tour.

FIN

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