Ciao Nola !

@Isaac Evans | Du 18 avril jusqu'au 01 Mai | Destination masquée | Voila des semaines que je prépare ces vacances. C'était une véritable épreuve de lâcher-prise. Laisser le gang et le club sans moi autant de jours, c'est pas forcement un exercice que j'apprécie de faire. Mais le besoin de changer d'air était nécessaire. Et puis même, me retrouver uniquement avec Isaac après notre séparation me semblait aussi judicieux. Ce dernier semblait un peu plus frileux de lâcher son bebe et je ne sais pas si on ira jusqu'au bout de nos vacances. Des jours à tout organiser, prévenir les parents adoptifs, si je peux dire. L'expliquer à Isaac, je crois qu'il n'est pas franchement ravi, connaissant le contexte de notre rencontre. Mais c'est du passé. C'est le 18 après avoir déguster les chocolats avec nos familles que nous prenons l'avion. Tout faire pour que la moitié ignore la destination d'arrivée. Et ce n'est pas évident, entre couvrir ses oreilles et masquer ses yeux avant qu'il puisse deviner. Treize heures de vol ou presque, je regrette de pas avoir pris un jet privé là. Changement d'heure, d'ambiance mais pas de chaleur. Short et casquette de rigueur et nous voilà arrivés. Toujours privé de ses sens, je le guide jusqu'à la jeep et l'emmène vers une statut emblématique, le Christ Rédempteur, encore bien loin de nous. Bienvenu au brésil, mon ami. Je le laisse s'imprégner des lieux, de comprendre ce qui lui arrive. On va assister au carnaval et tout un tas d'activité, comme ne rien faire de la journée. Œillade pour observer sa réaction. Ca va aller ?

Les surprises ont toujours un petit goût acidulé. On les aime, on les savoure, mais on sait qu’elles piqueront le bout de la langue au bout d’un moment, si on ne fait pas attention. Depuis des semaines, Isaac sait qu’une surprise l’attend, il essaie de dégoter des indices, d’en savoir plus, mais les lèvres d’Aoden restent scellées. Il pensait pourtant qu’il était doué pour lui soutirer des informations Isaac, qu’il savait comment s’y prendre, mais tous ses charmes n’ont servi à rien sur ce sujet précis. Les seules informations qu’il a réussi à avoir étaient pour faire sa valise et préparer ses affaires, mais ce n’était pas vraiment assez pour deviner la destination du voyage. Il n’a pas peur pourtant, parce qu’avec Aoden à ses côtés il sait que rien ne peut arriver. Enfin, à lui, rien ne peut arriver. Les derniers jours avant le départ tant attendu, il s’imagine tous les scénarios possibles dans son esprit : le bar prend feu, Luxana se casse une jambe, Cloé un bras, Lenaig est en panique. Chaque personne proche de lui y passent, viennent peupler ses cauchemars, et Isaac ne peut s’empêcher de redouter un peu ce voyage. Il en a désespérément envie - besoin aussi - de se retrouver seul, trois semaines, loin de tout, avec Aoden comme seul repère. Il sait que ça leur fera du bien, qu’ils reviendront changés, plus soudés. Il y a seulement quelques angoisses à faire taire avant, d’autant plus qu’elles créent des tensions dans leur couple et ça n’a rien de plaisant.

Mais finalement le départ est là. Isaac joue le jeu, se fait bander les yeux, boucher les oreilles. Il accepte tout, même ce qui ne le rend pas vraiment à l’aise. Parce que Ao est là, lui tient la main, le guide et le distrait, lui rappelle que tout va bien et qu’ils sont en sécurité. Les heures du vol sont longues, mais ils tiennent bon. En sortant de l’avion, la température ne semble pas avoir changé. Peut-être sont-ils encore aux Etats-Unis ? Non, le vol n’aurait pas duré aussi longtemps. Au moins il peut éliminer le Canada comme destination, encore un peu frisquet à cette période de l’année. La réponse ne tardera plus trop, du moins c'est ce que Isaac espère quand ils montent en voiture. Mais le trajet ne dure pas si longtemps. Autour d’eux il commence à y avoir des bruits de ville, de rue, il distingue quelques mots, mais n’en comprend aucun. Une langue inconnue, mais ce n’est pas mystérieux pour Isaac qui ne parle que l’anglais. Puis finalement, le bandeau tombe. Il lui faut quelques secondes pour se faire à la lumière du jour. Les paupières clignent, les pupilles se contractent, et finalement il voit la statue, qui ne laisse aucun doute. Les mots d’Aoden accompagnent la réalisation, et un sourire se dessine sur les lèvres d’Isaac quand il entend une partie du programme. « C’est absolument parfait ! » répond-il à la question, avant de se coller à lui pour l’embrasser. Oui, en public, dans la rue, mais Aoden pourra-t-il vraiment lui en tenir rigueur maintenant qu’ils sont dans un pays où personne ne les connaît ? « Tu voulais me faire assister à un autre carnaval, aller à celui de Rio c’est le summum ! » Il rit un peu Isaac, parce qu’en bon enfant de la Nouvelle Orléans, il croit dans son cœur qu’aucun carnaval n’égalisera Mardi Gras. Mais il est heureux d’être là, de découvrir tout ce qui les entoure. « Merci pour cette surprise. On va passer de très bonnes vacances. » Il se détourne à nouveau pour admirer la vue, enregistrer tout ce qu’il voit et le simple fait d’être là. « On commence à visiter maintenant ou on va s’installer… là où on va dormir pour se poser un peu ? » Isaac n’a pas encore toutes les clés du séjour en main, mais il sait qu’il ne serait pas contre une douche et quelque chose à manger. Les treize heures de vol lui ont donné l’envie de se dégourdir les jambes, mais il se sent tout de même un peu assomé.

Je sais qu'il appréhende d'être loin de notre ville, des gens qu'il aime, il m'en a parlé et j'ai tenté de le rassurer au mieux. De lui partager aussi mes inquiétudes - moindres comparées aux siennes - pour espérer l'aider à accepter ce départ. J'ai serré du cul jusqu'à qu'on parte .. J'aurais compris s'il m'avait dit non, je ne peux pas. Je ne lui en aurais pas du tout voulu. On ne peut pas tous dépassé ses limites. Mais nous sommes bien au Brésil et il semble ravi, au point de m'embrasser. En public.

J'aurais pu avoir un mouvement de recul. Mais je n'ai pas la foi de lui dire que même ici, on peut être vu. Je prendrais sur moi parce qu'après tout, le monde sait qui il est .. Et c'est ce rappel qui me détend aussitôt. Demande de la suite du programme et je hausse les épaules. Le ventre décide pour nous. On va aller se poser dans un petit cabanon, qui fait de tres bonnes recettes. Puis ensuite, nous irons à la maison, si tu veux te reposer et tout. Dans tous les cas, on assistera quand même aux processions et le défilé. On reste encore sur place puis nous remontons dans la jeep. Il y a des monuments ou autres que tu veux absolument voir ? Un coude contre la portière et je démarre pour aller se péter le ventre.

C'est doucement que je pénètre une ruelle, et me gare devant le commerce. Je mets la capote pour ne pas nous faire voler. Et je siffle, pour annoncer notre venue. Accolade chaleureuse avec l'homme qui en ressort et je présente Isaac dans un portugais brésilien pas trop mauvais finalement. Invités à s'installer, je me mets en face de ma moitié et le laisse commander. Ca va aller ?

Depuis des semaines ce voyage était prévu, mais Isaac est tout de même surpris en arrivant. Peut-être s'attendait-il à ce qu'ils ne quittent pas le pays, qu'ils changent juste d'État ou fassent un road-trip quelque part. Ça aurait pu être du genre d'Aoden d'organiser quelque chose comme ça. Le brun aurait été à l'aise avec toutes les solutions de toute façon, du moment qu'ils étaient ensemble. À l'aise… tout autant qu'il peut l'être en tout cas en étant loin de sa famille, de ses amis, et de son jazz Club qui représente une trop grande part de sa vie. Mais maintenant qu'ils sont là, à admirer de loin le Christ Rédempteur, il ne pense plus à toutes les choses qui le faisaient paniquer avant de partir. Il se pourrait que ce soit un effet secondaire du décalage horaire, mais il se dit plutôt que c'est le type de miracle dont Aoden est capable.

Un baiser en pleine rue, avant de demander la suite du programme, avec de l'émerveillement dans la voix. Isaac veut tout savoir, ne plus laisser de place au suspens maintenant qu'ils sont arrivés. « C'est parfait. J'ai faim, et j'admet être un peu fatigué. Mais si on peut en voir un peu dès aujourd'hui je ne dis pas non. Je veux voir toutes les surprises que tu me réserves. » Être ici est déjà une belle surprise, bien suffisante, mais Isaac connaît assez bien son homme pour savoir qu'il a plus d'un tour dans son sac. Certaines choses restent encore à découvrir, et en remontant en voiture le musicien se rappelle que ce n'est que le début. Cette fois, il observe tout ce qu'il peut à travers la vitre, un sourire satisfait toujours aux lèvres. « C'est la première fois que je viens ici, je ne connais rien du tout. Alors on peut visiter tout ce que tu as envie. Les trucs de touristes, mais aussi les adresses plus cachées, comme tu as l'air de les connaître. Tu es venu souvent ici ? » Les rues qu'Ao emprunte avec la Jeep ne sont pas les grandes avenues qu'on voit à première vue. Il connaît les détours, les raccourcis, sait par où passer. Et puis il y a les mystérieux parents dont il lui a parlé, les a-t-il beaucoup vu depuis leur première rencontre ?

Sous les yeux et les oreilles ébahis d'Isaac, Aoden étreint un homme avant de lui parler en portugais. Voilà un nouveau secret qu'il ne connaissait pas, une capacité à parler une langue étrangère qui sonne bien séduisante dans la bouche de l'irlandais. Le musicien suit, sans comprendre vraiment mais il sourit poliment en suivant vers la table installée pour eux. « Ça va aller… mais il va falloir que tu me traduises tout. » répond-il en riant. « Je ne savais pas que tu parlais une autre langue, à part l'anglais et le gaélique. Il y a d'autres choses que je ne sais pas ? » Un sourire mutin reste fixé sur son visage, signe qu'il n'est pas en colère. Juste admiratif, et un peu séduit également. « Je suis d'autant plus heureux d'être là avec toi en voyant à quel point tu aimes être ici. » En disant cela il pose sa main sur la sienne, mais quelques secondes seulement. Il vient d'avoir la preuve qu'Aoden connaît des gens ici, et des gens le connaissent lui, alors peut-être doit-il rester discret, même à des milliers de kilomètres de la Nouvelle Orléans.

« Une fois le repas terminé il faudra aussi que tu me dises rapidement comment fonctionne la monnaie brésilienne. Il est hors de question que tu payes à chaque fois ! » Les mots sont chuchotés tandis qu'ils sont toujours à table, parce qu'il s'attend déjà à ce que Aoden s'occupe de tout ou que le gérant lui dise que le repas est offert. Ce sera peut-être le cas cette fois, mais en trois semaines Isaac compte bien payer sa part. « Quand tu disais la maison tout à l'heure, tu voulais dire celle de tes parents ? » demande-t-il ensuite l'air de rien. Il comprendrait la réponse dans un cas comme dans l'autre, mais il cherche simplement à se préparer à ce qu'il va se passer ensuite. Et s'il devra vraiment rencontrer les figures parentales de compagnon en ayant fait treize heures de vol avant.

Venir au Brésil reste un spécial moment. Cela fait des années que je n’étais pas venu. Bon y’avait une part sombre apportant son lot de lumières. C’est devenu un refuge avec les Abuelas. Emmener Isaac dans un lieu chaleureux c’est quelque chose. J’y suis retourné a ma première paie, y’a quatre ans. Un pactole avec le gang et moi qui file donner une part aux Spirituels. Rester quelques semaines avec eux avant de fermer la parenthèse. Trop de peu de visites mais pas mal d’appels qui ne compensent pas autant qu’on le voudrait. Alors maintenant que j’étais plus libre et farouchement engagé, c’était l’occasion de présenter la moitié et plus tard les gosses.

Première étape avant la rencontre officielle, manger puis dormir. Les accolades faites, un bras sur la chaise à coté de la mienne et je ris doucement aux commentaires d’Isaac. « Je ne vais quand même pas te dévoiler tous mes secrets. Faut bien que je te donne envie de rester a mes cotes pour l’éternité. » Ce qui serait vraiment trop beau pour ma pauvre carcasse. « Mais je maitrise trois langues et j’en apprends d’autres. » La magie de commercer avec d’autres contrées. « Et toi ? Anglais ? Français ? Italien ? » Je fixe sa main qui vient et repart. Je souris. « Effectivement, c’est pas l'Ideal pour les actes d’affection mais on se rattrapera ne t’en fais pas. Je vais te trouver le quartier queer pour tes jolis yeux. » Il en vaut le détour de plus. « Heureux aussi ca m’est important. » Je fuis son regard, mal à l’aise d’exprimer mon ressenti.

J’éclate de rire quand il s’insurge de ne pouvoir rien payer. « Tu feras les boutiques souvenirs si tu veux. » On pourra toujours dire que c’est un cadeau de couple de lui à moi. Mais je sais qu’il va insister donc valait mieux lui filer ce cours. Je fouille dans mes poches, ressortant mon porte monnaie et lui sors pièces et billets afin de lui expliquer l’équivalent. « Et sinon tu as .. NOTRE .. carte. Ça fonctionne bien. » J’ai un penchant pour le sans contact.

Je passe ma main sur ma barbe. « Faut qu’on passe au shop, ca devient catastrophique. » Commenter mon état capillaire avant de répondre à sa question. « Alors j’ai pas de baraque a mon nom. Je pourrais en faire l’acquisition pour nous mettre à l’abri et les gosses aussi. En fait, c’est une grande villa sur les hauteurs divisée en deux. Et nous on va être dans la dépendance. C’est comme deux maisons en un. On verra pas forcément les vieux mais on privilégiera au moins un repas avec eux. D’autres questions ? » Serveur déposant alcools et amuse-bouches. « Alors on mange quoi ? » Prenant la carte des menus entre mes mains.

Tout est nouveau pour Isaac, aussi bien les paysages que la langue qu’il entend autour de lui, les odeurs de nourriture, les couleurs, la chaleur. Il découvre tout un monde, mais surtout, il découvre des aspects de son compagnon qu’il ne soupçonnait même pas. L’entendre parler portuguais le fait sourire, l’attire aussi parce qu’il doit bien avouer que c’est incroyablement séduisant un homme qui parle plusieurs langues, et plus Aoden lui donne d’informations, plus il se rend compte qu’il y a en effet énormément de choses qu’il ne sait pas. « Oh mais je veux tous les connaître, tes secrets. On a peut-être l’éternité mais je crois que même en te connaissant par cœur je ne pourrai jamais me lasser. Surtout avec des secrets comme ça. » Ca lui donne envie de se pencher pour réclamer un baiser, mais il sait que ce n’est ni le moment, ni l’endroit. Il tente seulement un mouvement de la main, avant de se rattraper pour cela aussi et d’hocher la tête aux paroles d’Aoden. « Ça peut être amusant de se balader là-bas un moment. Mais je sais qu’en privé tu te rattraperas très bien. » Evidemment qu’ils trouveront le moyen de se sentir proche dans l’intimité d’un autre endroit, Isaac s’est habitué à cette proximité qui n’est pas toujours possible. « Mais pour revenir à ta question, je suis un très mauvais élève qui ne parle qu’anglais. Je n’ai pas appris d’autres langues pendant ma scolarité, et bien qu’on s’attende souvent à ce que je parle espagnol, ce n’est pas le cas. » Langue d’une maternelle qu’il n’a jamais connue, ça ne lui a jamais manqué à Isaac, heureux au possible avec les parents qui l’ont élevé. Il admet que ça aurait pu lui servir d’apprendre une seconde langue ou qu’il serait peut-être plus riche culturellement s’il avait fait des recherches sur sa famille biologique, mais ça ne le tracasse pas au quotidien. « La seule chose que je sais dire en langue étrangère c’est [i]“Voulez-vous coucher avec moi ce soir”... et quand je n’ai appris qu’assez récemment que ça parlait de sexe. » Il rit un peu, légèrement embarrassé d’avouer qu’il prononçait des mots sans même en connaître la signification.

La conversation se tourne vers autre chose, un sujet un peu plus matériel, mais Isaac sent qu’il doit en parler s’il ne veut pas passer les vacances à se sentir entretenu. « On les fera ensemble les boutiques souvenirs ! Il faut ramener des choses à tout le monde. » Isaac fera évidemment des cadeaux seuls, il ne s’attend pas à ce que son compagnon ramène un souvenir à sa nièce ou ses parents, mais il y a certaines personnes à qui ils pourraient ramener un cadeau commun ou au moins s’aider pour avoir des idées. Ca lui plaît de se dire qu’ils se construisent une vie ensemble, petit à petit, mais il semblerait qu’Ao soit sur la même longueur d’onde. « Notre carte c’est pour les choses qu’on achète ensemble. Pas des petites babioles comme ça. » Paradoxalement, il y a encore une petite gêne à partager un compte en banque, c’est nouveau pour Isaac, de nouvelles habitudes à prendre.

« Je te trouve beau comme ça. » Définitivement plus attirant avec une barbe que sans, mais ce n’est que son goût personnel. « Oui évidemment qu’on mangera avec eux, c’est pour les voir qu’on est là. Mais j’aime bien savoir où je mets les pieds, tu sais que je ne suis pas le plus aventurier qui soit et tu m’as déjà suffisamment surpris en m’amenant au Brésil sans me le dire. » Il rit légèrement, mais au fond ils savent tous les deux que c’est la vérité. Isaac a toujours eu la tête bien ancrée sur les épaules. Il ne cherche pas les folies ou les sensations fortes, il aime son quotidien classique et bien organisé. Ce n’est pas bien palpitant, mais il y a tout de même des rebondissements auxquels il ne s’attend pas, parfois. « Quelque chose de local, avec des légumes, peut-être de la sauce… Tu vois quelque chose qui ressemble à ça sur la carte, mon interprète ? » Il pourrait prendre le risque de commander n’importe lequel de ces plats et de prier pour le mieux, mais son régime alimentaire lui impose quelques restrictions. Ou peut-être est-ce seulement lui qui s’impose seul ces restrictions.

Reposant sa fourchette après un repas trop copieux, il pousse un soupir en se reposant contre le dossier de sa chaise. « Honnêtement je ne sais pas si j’ai besoin d’une sieste ou d’une marche digestive. Mais c’était délicieux. » Sourire en coin qui montre son enthousiasme, la fatigue se fait tout de même légèrement sentir après les différentes épreuves qu’ils ont traversé depuis qu’il a dû quitter leur maison avec un bandeau sur les yeux. « Tu as une préférence ? » Il sait qu’il va devoir faire des choix et arrêter de suivre Aoden, à un moment durant leur voyage. Pour l’heure cependant, il veut le suivre jusqu’au bout du monde et c’est sous la table qu’il effleure doucement son genoux pour le lui faire comprendre, le regard ailleurs pour n’éveiller aucun soupçon.

Tête qui se secoue, amusé. - Bonne chance pour trouver. Je me desape plus facilement que filer des aveux. Déformation professionnel ? Un clin d'oeil entendu quand il evoque nos prochaines nuits crapuleuse et decouvrir ce quartier que j'ai toujours foulé plus timidement. J'éclate de rire quand il m'avoue de son manque de langues - enfin, on se comprend - et la seule phrase qu'il connait. - Ecoute, mon ami, tu la sors qu'à moi et tout se passera bien pour ton fessier. Je l'imagine bien l'avoir dite avec son sourire de bienheureux à tout va, sans comprendre ce qu'il voulait dire. Sacré bonhomme. - Et pourquoi pas l'Espagnol ? J'ai dû rater une info durant cette année écoulée. Le sujet de l'argent mis sur la table. Je sais que j'ai pas à rougir de mon compte mais je suis pas certain de bien comprendre pourquoi il fait une telle distinction. - Qu'est-ce qui te gêne à l'idée de te servir de cette carte en toutes circonstances ? D'autant que je sens bien que ça va être une mission de ramener un cadeau à tout le monde, et je n'ai pas envie qu'il se prive. Alors j'attends sa réponse, toutefois rassuré qu'on ait encore des sujets où nous n'avions pas la même vision. La routine routine n'est pas encore pour aujourd'hui. Les joues se teintent quand il me compliment. Ca aussi, je ne m'y ferais jamais, au point d'encore détourner le regard. - Vos désirs sont mes ordres que je lance. - Au moins la retaper un peu quand même parce que je me connais, si je le fais, je vais tout faire couper. Je passe une main dans ma barbe, beaucoup trop long à mon gout, ça me perturbe. On s'accorde sur le fait d'aller manger avec les vieux et je sens bien que ça va être quelque chose cette rencontre. Je suis pas prêt. Je fixe la carte pour lui trouver un plat sain, tandis que je choisis l'opposé. Commandes données arrivant rapidement et se vidant avec des cocktails des plus onctueux et je souris comme un benêt à l'homme repu face à moi. Bien vite, je comprends que le choix ne l'est plus, sentant sa main commencer à titiller une autre faim. - Sieste digestive, tu vas apprécier ma méthode. Je liquide mon verre, emportant moi-même les assiettes, une fois nos affaires ramassées. Je promets de revenir à mon ami avant de payer et quitter les lieux.

De retour dans la bagnole, on trace à la maison, ralentissant par moment pour lui expliquer quelques lieux que nous pouvons possiblement visiter les prochains jours. Une bonne demi heure à s'offrir aux paysages et je me gare devant la résidence. Je contourne la voiture pour lui ouvrir et faire une révérence. Oui, je comptais bien lui donner du rêve. J'attrape nos valises et les dépose devant l'entrée une fois la porte ouverte. - Bienvenue chez nous. Visite guidée des lieux excepté la cave, par grosse flemme de descendre et monter d'autres escaliers. C'est dans notre chambre que je l'amène, me dessapant pour aller prendre une douche. Aucune notion d'intimité quand c'est une vitre transparente qui séparait la salle d'eau de la chambre. - Un petit décrassage ne te fera pas de mal. Et tout s'enchaine. Pause dans le temps, deux âmes se réunissant pour leur plus grand bonheur. Une pression du quotidien qui s'efface à chaque soupir. Juste deux hommes pouvant être eux-mêmes dans cette ville.

La nuit est bien tombée quand j'arrive à émerger de notre sieste et le téléphone sonne. Message pour signaler que la maison principale nous attendait. - J'espère que tu as préparé toutes tes questions embarrassantes à poser. Les vieux en savaient un bout sur mes phases de rébellion, leur interdisant quand même d'évoquer toute la folie sexuelle vécue. Que ce soit entre nous ou avec d'autres. Même si l'Amoureux savaient qu'on a tenu une relation par le passé, il n'en est strictement plus rien à présent. Mais je peux comprendre que ça puisse lui paraitre étrange quand même. C'était une autre époque, dans un autre état d'esprit. Claquage de postérieur et je m'empresse de m'habiller. Lui voler un baiser et l'entrainer dans la première maison.

Une paire de bras m'enserre et je profite de cette chaleureuse accolade pour redevenir ce jeunot aimant l'attention plus ou moins maternelle. Un serrage de mains entre males et une accolade plus pudique et je me décale pour présenter Isaac et lui traduire leur propos avant de leur demander swicher en anglais. - Bienvenue parmi nous Isaac. Tu es un très bel homme. Ca me surprend encore qu'Ainou ait pu attraper un si beau parti. Allez ça commence. - Mais nous sommes véritablement heureux de le savoir avec une magnifique personne de ce qu'on a pu entendre. - Allez venez vous servir, on a cuisiné plein de choses. On les suit dans le salon, une copie de tout ce qui peut se trouver au Brésil, me posant sur le bras du fauteuil où se tient la moitié. - Vous avez fait bon voyage ?

« Je suis assez doué pour t’arracher tes aveux en même temps que tes vêtements. » souffle-t-il avec un sourire satisfait sur le visage. Il a beau commencer à subir le décalage horaire et la fatigue du voyage, il y a quelque chose chez Aoden qui fait toujours réagir l'instinct primitif d’Isaac. L’envie d’être proche, plus qu’avec n’importe quelle autre personne. Et si la pulsion peut-être physique, elle est également émotionnelle, preuve avec ce voyage pour rencontrer ceux que son homme considère comme ses parents. « Je suis curieux de ce que tu ferais de mes fesses si je la disais à quelqu’un d’autre. » Chose qu’il ne fera pas, mais ça le fait rire d’imaginer la scène. Surtout la provocation qu’il ferait à Aoden dans une telle situation. Ce n’est pas leur genre de draguer quelqu’un d’autre pour se faire réagir mutuellement, ils sont tous les deux un peu trop jaloux et territoriaux pour cela, mais peut-être que de cette idée pourra surgir un nouveau fantasme. « J’étais un peu con quand j’étais ado. J’avais l’impression qu’apprendre l’Espagnol ce serait… cliché. Que ça donnerait encore plus de poids à ceux qui voulaient se moquer de moi et insister sur le fait que je ne ressemblais pas à mes parents. C’étaient eux les idiots au final, mais je n’ai jamais appris. » Il n’est jamais trop tard pour apprendre de nouvelles choses, Isaac s’en rend compte aujourd’hui, mais il n’en ressent pour le moment pas le besoin. Sa culture est celle enseignée par les parents qui l’ont élevé, tout comme la langue qu’ils lui ont transmise. Les sujets passent sur tout autre chose pendant qu’ils mangent, à la fois sérieux et totalement légers, des conversations d’un couple établi. « C’est principalement ton argent, que tu as gagné. Je mets aussi du mien, mais je me dis que ça peut être pour des choses qu’on veut tous les deux, qui nous servent à tous les deux. Et tu l’as peut-être oublié, mais j’ai gagné ma vie quelques années en tant que musicien. J’étais connu. » Il prend un air amusé, mais ne précise pas que sa notoriété s’arrêtait aux amateurs de jazz. Il ne passait pas sur les radios les plus écoutées, n’a pas assisté aux Grammy Awards ou autres cérémonies télévisées du genre. Certes il avait un nom, mais dans un répertoire relativement restreint. Et puis aujourd’hui, entre l’achat du Snug Harbor Jazz Bistro, son appartement, les pensions de ses parents dans leur maison de repos, les cadeaux dont il couvre Cloé, il ne reste pas autant que ce qu’il avait à une époque. Mais il ne parle pas de tout cela, pas maintenant. Non, à la place il préfère voir Aoden tout gêné face au compliment qui est pourtant des plus sincères. « Fais comme tu le sens, l’important c’est que tu te sentes bien dans ta barbe. Et même si je préfère avec, je sais qu’elle repoussera si tu la rases complètement. » L’avantage des cheveux et des poils, ils réapparaissent toujours au bout d’un moment. « Oh je ne doute pas que je vais l’apprécier ta méthode. Tu es comme une bouteille de bon vin. Plus je te bois, plus je me sens bien ! » Signe sans doute que les cocktails étaient un peu trop forts, mais heureusement ils ne restent plus bien longtemps dans le restaurant.

Durant le trajet, Isaac est attentif à toutes les explications données. Il tente de mémoriser toutes les informations, de dessiner mentalement une carte de la ville, tout en sachant qu’il aura oublié tout cela sous peu. Mais avec Aoden à ses côtés il sait qu’il a le guide qu’il lui faut, ce qu’il prouve bien en lui faisant faire le tour de leur partie de la maison. Révérence et visite guidée, Isaac est traité comme un roi. Ça le fait glousser un peu à certains moments, il a vraiment l’impression d’être quinze ans plus jeune, en train de tomber amoureux pour la première fois. Évidemment qu’il suit son amour sous la douche, qu’il profite de ses bras, de ses draps, qu’il se prélasse contre lui et apprécie cette sensation de ne faire qu’un. Après le long voyage qu’ils ont passé, il est plus qu’agréable de se retrouver. Surtout ici, loin de chez eux, de leur quotidien parfois difficile. Ils peuvent enfin être eux-mêmes, profiter d’une intimité nouvelle, en sachant qu’ils ne seront pas dérangés par un nouveau problème. La seule intervention : les parents d’Ao qui les réclament pour le repas. Trop tard pour faire demi-tour à présent, Isaac doit bien se lever et prendre sur lui pour s’habiller. Il veut être convenable ce soir, il sort une belle chemise, quelque chose d’assez classe sans en faire des caisses non plus. Il voit bien à quel point c’est important, il le sent dans l’effervescence du lieu. « J’ai des questions et surtout la très forte envie de voir des photos de toi quand tu étais plus jeune ! » Il ne sera peut-être pas bébé ou enfant sur celles-ci, mais Isaac se doute tout de même que les parents de cœur de son compagnon auront quelques clichés embarrassants à partager.

Car quand ils arrivent devant eux, il comprend enfin que cette relation est aujourd’hui comme toutes les relations parentales. Devant lui, deux parents retrouvent leur fils qu’ils n’ont pas vu depuis longtemps. C’est une scène touchante, dans laquelle Isaac est un peu de trop, mais il attend que les présentations se fassent. Le rouge lui monte aux joues immédiatement en entendant les compliments, et si l’envie de rire face au surnom donné à son homme est bien présente, il est un peu plus gêné qu’amusé par la situation. « Merci de m’accueillir chez vous. Et pour les compliments… je fais de mon mieux. » Un rire un peu gêné traverse sa gorge, tandis qu’il tourne le regard vers Aoden pour savoir comment agir. Il a l’impression d’être un adolescent, totalement perdu dans une situation qu’il ne connaît pas. Il faut dire qu’il n’a aucune expérience avec le fait de rencontrer les parents d’un petit-ami. C’est une première pour lui, sans doute pour Aoden aussi, mais le fait qu’ils vivent ensemble de nouvelle expérience est sans doute ce qui rend leur relation encore plus spéciale. « Oh il ne fallait pas vous donner tant de mal. » répond-il à l’annonce de la montagne de nourriture qui les attend. « Mais ça sent vraiment bon. » Il ajoute cela presque immédiatement, ne voulant pas sembler impoli. Il suit la famille au salon, s’installe dans le fauteuil qu’on lui indique, tout en étant rassuré de sentir Aoden rester près de lui. Il est un enfant ayant besoin de son point de repère apparemment, mais il a l’espoir qu’il arrivera à se détendre et à s’acclimater à tout cela sous peu. « Le voyage était… intriguant. Ao voulait me faire la surprise de la destination donc j’ai porté un bandeau sur les yeux de notre départ de la Nouvelle Orléans jusqu’à notre arrivée en ville. C’était assez déroutant. » A nouveau il rit, cette fois un peu plus sincèrement. Il espère que cette anecdote pourra briser la glace, puisqu’après tout l’homme à ses côtés est le seul point commun qu’il a avec eux - à sa connaissance du moins. « Vous vivez au ici depuis longtemps ? Votre maison est magnifique. » Un compliment, une question pour s’intéresser à eux. Il n’a pas encore compris toute l’histoire de ce couple, ni de celle qui les unit à Aoden. Il en connaît des bribes, mais il y a encore bien des mystères à éclaircir.

- Nous avons toujours vécu ici, dans cette maison. C'est notre refuge et un pied à terre pour tous nos enfants. Je n'en pipe mot parce que je ne m'entendais pas des masses avec elleux. Iels n'ont jamais vraiment apprécié que nos parents me recueillent, surtout la manière dont ça s'est fait.. Et je pouvais totalement les comprendre. J'étais dépendant des vieux et pas d'une manière très conventionnelle, faut l'avouer. - D'ailleurs, notre fils passera demain soir, ca lui parait inconcevable de te voir engager. Je me redresse, le sourcil arqué. c o n n a r d mais j'enfonce une bouchée dans mon gosier avant de paraitre grossier, souriant du mieux que je peux. - Trêve Ainou. Je roule des yeux, avant d'embrasser la main d'Isaac, leur faisant bien comprendre que je le faisais pour mon mec. - Pour vous expliquer Isaac, nous avons 3 garçons dont Aoden et 2 filles. Mais il faut croire qu'il y a beaucoup de testostérones avec les messieurs. Je secoue la tête, tant la description est faible.. On s'était quand même battu plusieurs fois avant de se contenter d'attaques verbales. - Ca se passe très bien avec les filles. On s'appelait genre deux fois dans l'année, quand on se rappelait de nos existences, je trouve que c'est beaucoup. Et je réalise que je n'en avais jamais parlé à Evans. - Enfin bon, passons, nous allons nous concentrer sur vous deux. Je sais que Mamae n'aime pas evoquer les conflits, moi je supporte bien. Se pose la question des visites, et je suggère les emblématiques, et les ainé.es rajoutent des lieux plus atypiques, que j'avais totalement oublié d'ailleurs. Je continue de m'empiffrer gaiement, parce que c'était gras et ma bouffe favorite. - Alors Isaac, parle nous de toi. Des frères et soeurs ? Eurf, j'avais dit non pas ce sujet. J'attrape mon verre, jettant un bon regard de non pas la boulette. - Des projets pour vous deux ?