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 Goodnight Moon //ft. Isaïe

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Goodnight moon
TW : mentions de suicide, vomi, décomposition de corps
Paupières alourdies par une longue balade nocturne à la lisière de la ville. Odeur du bayou incrustée dans tes vêtements. Quand les brindilles craquent sous tes semelles, tu te demandes parfois si tu es somnambule. T’es guidé là-dedans par une force que tu penses surnaturelle. Des braises dans ton ventre qui ne demandent qu’à se transformer en brasier. Il suffirait de retrouver une trace d’elle. Un mégot de sa marque favorite. Un écho de sa voix, emprisonnée par les marais. Une missive miraculée préservée de l'humidité chaude de cet Etat. Tout sauf son corps. Dans tes cauchemars, tu vois son visage attaqué par les insectes et tu te réveilles en te noyant dans ta bile. Un révolution du globe plus tard, tu n'es pas sans ignorer qu'il ne reste rien de celle qui t'a donné la vie. Des ossements qui se confondent avec ce bois mort qui jonchent le sol de ces terres dangereuses.

Le soleil levé, les braises s’éteignent. Une matinée passée dans les limbes qui séparent les rêves de la réalité. Ton crayon bougeait seul sur la page. Tu aurais préféré sortir faire de la photographie, comme te le dictait ton humeur, mais il fait trop beau. Ton amour appartient à la brume. Ton humeur est assombrie par l’arrivée prématurée de l’été. Un peu de carbone dans un carnet ne suffirait à compenser cela. Tu forces de la nourriture dans ton estomac. Protestation sourde alors que les bouchées de banane passent difficilement ta gorge. Tu regrettes. La digestion de ce minable repas te fait piquer du nez.

There's a blade by the bed
And a phone in my hand
A dog on the floor
And some cash on the nightstand
When I'm all alone the dreaming stops
And I just can't stand


Le vidéo-club. La bande-son de Kill Bill pour plaire aux pseudo cinéphiles que tu détestes. Le prochain client qui te dit qu'il s'y connaît en cinéma et que Pulp Fiction est son œuvre favorite mériterait...

Le son de la clochette qui met sur pause tes fantasmes de violence.

Tu attends de voir de qui il s'agit.
Le pianiste
La haine disparaît.

Tu as mis plusieurs semaines à faire le lien entre le musicien de cette nuit-là et le client occasionnel de ton commerce. Tu ne lui as jamais dit que tu l'avais vu jouer, un soir, alors que tu venais récupérer cette personne, trop avinée pour rentrer par ses propres moyens. Ses doigts captaient ton attention et ses notes apaisaient une âme pleine de questions.

Le pianiste. Net refus d'utiliser le prénom des persona que tu dessines. Au sens littéral comme au figuré. Le pianiste est accompagnée de la mélodie de ce soir-là. Son physique y est assortie. Une douceur classique aux relents de mélancolie. Peur de le briser par un mauvais doigté.

Et il y a cette odeur.

Dieu que tu as pu détester cette odeur, lorsqu'elle s'échappait de la chambre de ta colocataire. Effluve assoiffé de liberté. Parfum impossible à garder en cage. La fumée s'enfuyait sous sa porte pour se loger dans vos rideaux. Disputes succédaient aux disputes. Les souvenirs maturent étrangement. Tu te surprends à inspirer profondément pour ancrer dans tes poumons comme dans ton esprit ce parfum de tabac. Il appartient à San Francisco. À cette vie qui n'est plus tienne. Et il appartient à cette mère. Tes doigts pinçaient le bâton mortel et l'enfonçaient dans son cendrier. Tu ne l'autorisais pas à se tuer devant toi. Le dos tourné, tu ne t'en souciais plus. Et c'est ce qu'elle a décidé de faire, un matin ordinaire.

Grattement de la mine se frotte aux notes d'Ennio Morricone. Le portrait se termine au moment où la silhouette du pianiste s'approche de la caisse. La feuille est tournée dans sa direction par un geste de la main. Don silencieux. Sur la feuille volante, lui. Porté par la musique de ton souvenir. Ses paupières sont fermées. Doigts posés sur ce qu'on devine être des touches. Lèvres entrouvertes. Tu le trouves beau, ce dessin. Petite fierté. Tu veux qu'il l'ait. L'aveu discret que tu l'as entendu, ce soir-là, comme s'il s'agissait d'un secret honteux. Un sourire et une main tendue, pour récupérer le film sur lequel son choix s'est arrêté.


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(#) Goodnight Moon //ft. Isaïe    Mer 6 Juil - 1:57
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La cigarette au bout des doigts, tu recrache ta fumée dans la nuit. Le néon du Marriott, tout droit devant, te rougit les prunelles depuis un bon moment, déjà. Est-il encore là, dans la suite que le Louisiana Philharmonics lui a payé? Passe-t-il devant le resto, quelques fois? T'y a til seulement aperçu? Sait-il que est ici, à New Orleans? Que pensais-tu faire? Aller le voir, peut-être? Tu ne sais pas. Tu ne sais plus. Tu as assisté un soir, à une de ses performances. De loin, sur la mézzanine, où il n'aurait jamais pu te voir. Les notes t'ont transcendé. Elles t'ont transcendé alors que tu étais sobre. Elles t'on ramené dans cette chambre miteuse où il n'y avait que toi et lui dans la moiteur absurde de l'été. À quoi pensais-tu? À des chimères qui n’existent plus sans doute, comme d’habitude.

L'instant présent, ce n'est pas ce qu'on disait, en détox?
Le putain d'instant présent.
Sens-tu la nicotine te picoter les narines?
L'air chaud et brûlant de l'été t'asphyxier?
Sens-tu la brise tiède et salvatrice sur ton visage?

Tu es à New Orleans, Isaïe. Pas dans le passé.
Peux-tu au moins oublier tes blessures pour un moment? 

Les lumières derrière toi s’éteignent, peu à peu, au fur et à mesure que les derniers cuistots quittent l’établissement. La silhouette distinguée et baroque du restaurant sombre dans le noir. La soirée a été épuisante pour tout le monde, comme à chaque vendredi. Pourquoi travailles-tu le soir du Shabbat, Isaïe? Es-tu à ce point désillusionné pour renier la base de tes traditions? Tu soupires. Comment travailler en restauration à New Orleans autrement? Tu n'es plus au Baratin, à Paris. Tu n'es plus au Savoy, à Helsinki.

Peux-tu te permettre de faire un caprice, dans ta situation?

La main bourrue d’Ali atterrit un instant sur ton épaule. L'odeur d'herbe te submerge mais tu ne flétris pas devant elle. Tu en as vu d'autre, n'est-ce pas? Le sous-chef te lance un sourire chaleureux et t'offre le bout de papier roulé en ses doigts. Tu refuses poliment comme toujours et avale une bouffée de nicotine. On t'invite à aller prendre des pichets, dans un bouge du Tréme. Mais tu déclines avec la même distance. On s'incline en maugréant mais les cuistots te connaissent, au fond, Gloomy.

Parfois, il faut te laisser à ta solitude.

Le mégot est jeté par terre sans plus de cérémonie et tes pas te guident dans l'infini. As-tu réellement envie de rentrer chez toi? Pas vraiment. Pas tout de suite. Une consoeur cancéreuse remplace le cadavre entre tes lèvres et les braises du tabac t'incendient une nouvelle fois les poumons. Tu erres, comme un pauvre hère, la cigarette au bec.

Au diable l'effluve sur ton bon veston. Au diable tes cernes et ta cravate défaite. Tu enjambes les flaques d'eau de la dernière averse avec la dextérité d'un pantin. Au diable ton beau pantalon.

Une ombre te suit. Un rat. Tu t'arrête un moment pour l'observer. Observer son pelage tout noir, sous le réverbère. Trop peu craintif, il se passe les pattes sur le museau et il s'avance vers toi, les oreilles en éventail et le museau large, presque mignon.  De la vermine. Vous vous comprenez, n'est-ce pas? Non... ce n'est pas un rat d'égout. Les taches plus claires, sur le ventre le trahissent. Un domestique. Un abandonné, comme toi. Tu fouilles dans ta poche et y trouve la moitié d'un emballage de barre-granola, oublié à midi et lui tend l'avoine, en offrande. L'animal fait quelques pas en direction du néon d'un video-club avant de sautiller à quelques mètres de toi. Tu dépose la friandise sur le pavé. Tu te doutes bien que la bête attend que tu disparaisses pour s'emparer du festin. Tu souris et te retournes une fois de plus vers la lumière que dégage le commerce.

Un club-video. Tu inspires. Comment de fois as-tu entendu le rire de gravier de ton ex-amant sur tes connaissances cinématographiques lorsque tu le suivais parfois ici, à reculons.

Comment?! T'as jamais regardé un putain de Disney de ta vie? Tu n'as jamais vu le Seigneur des Anneaux? Harry Potter? Mais d'où tu sors, toi?!

Lehka n'avait jamais eu le sens de la finesse.
C'est pour ça que tu l'avais aimé, n'est-ce pas?

Un deuxième mégot s'écrase dans le petit récipient de fer et le carillon de la sonnette t'accueille en même temps que les notes d'un western baroque. Sous les néons trop blancs, tes yeux se plissent. Déjà, tu te sens presque étourdi devant toutes ces rangées qui s'offrent à toi, sans guide. Tu fais un salut de la tête vers le commis mais il semble concentré ailleurs. Tu as vu la douceur de ses traits, quelques fois, sans y prendre garde. Tu lui jettes un regard désespéré mais sa mine continue de gratter le papier. Tant pis. Tu ne sais pas où aller, tu ne sais pas quel boitier prendre. Lehka aurait su, lui. Il t'aurait emporté sans mot dans ce labyrinthe, t'aurais foutu le DVD contre la poitrine avec trois ou quatre mots bourrus comme résumé et serait passé à la caisse, sans te donner d'autres choix. Puis, il aurait mis le disque dans la fente de ce vieil ordinateur portable, qu'il avait oublié un soir dans ta chambre et qui n'en était plus ressorti.

C'est tout ce qui te restait vraiment de lui, cet appareil. Et tu ne savais même pas vraiment comment l'utiliser.

Tu erres dans l'espace comme tout à l'heure, dans le brouillard de tes pensées. Tu boudes les films d'action auquel tu ne jettes même pas un regard. Batman, Thor et Superman n'ont pas plus leurs places dans ton coeur aujourd'hui qu'ils n'en avaient dans la communauté où tu as vu le jour. Tes doigts blancs caressent un instant ces fameux films d'animations, qu'il t'a forcé à voir un soir, à la chaîne. Aladdin, Beauty and the Beast, The Lion King, Frozen et j'en passe.

Lehka était redevenu un enfant. Il t'avait même souri, en chantonnant.

Ton coeur se serre et la bile te monte à la gorge. Tu fais demi-tour pour te diriger vers les films de fiction. Là, The Schindler's List. Là-bas, the Pianist. Tu hésites, prends le boitier... Es-tu certain de pouvoir revivre les cauchemars de ton grand-père? Tu reposes le boitier à sa place, comme s'il t'avait brulé les mains.

C'est hésitant, que tu arrives finalement à la caisse, tu déposes ton choix en baissant les yeux. Un vieux film sur Mozart. Amadeus. Ton ex amant se serait-il moqué de la vieillerie de ton choix?

"Je... je ne savais pas quoi prendre, je.... je n'y connais rien. Je..."

Tu t'arrêtes. Devant toi, ton visage. Les yeux fermés, les lèvres entrouvertes, les mains sur ton précieux piano. Tes iris verts sondent les traits longilignes de l'homme en face de toi. Son regard, son sourire.

Tu déglutis. Tu n'es pourtant pas le seul pianiste en ville. Oh! D-eu non! Alors que fait ton visage sur cette feuille?

"Moi? Pourquoi moi?"
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(#) Re: Goodnight Moon //ft. Isaïe    Jeu 11 Aoû - 9:27
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Goodnight moon
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Le pianiste se promène. Le dessin continue. Tu ne réalises pas que c'est peut-être la première fois que tu le vois seul ici. Tu n'aimes pas son acolyte habituel, trop sûr de lui, convaincu qu'il faut connaître les films que les autres ont vu. Il n'envisage pas une vie sans avoir regardé Gollum se dissoudre dans la lave de la montagne du Destin. Opposé de tes idées. Le monde gagnerait à diversifier ses goûts. Tes plus belles rencontres étaient avec ceux qui avaient un univers cinématographique alternatif à te faire découvrir et inversement. Des œuvres profondément aimées, indépendamment de leur présence sur la liste "les 100 films à voir avant de mourir". Le compagnon du pianiste doit aimer Pulp Fiction et penser que ça le rend original.

Boutique en guise de scène et clients comme acteurs. Tu assistes à leur vie. Tes oreilles capturent leur voix, tes yeux, leur visage. Le tien reste impassible, mais intérieurement, tu leur parles. Tu leur dis à quel point tu les trouves laids ou arrogants. Tu supplies cette adolescente prometteuse de quitter son petit ami au sang-chaud. Tu les dessines pour calmer la démangeaison de ton poignet.

La jaquette d'Amadeus apparaît dans ton champ de vision quand le dessin a été offert. Yeux rivés sur toi. Deux mains qui t'invitent à l'attraper. Une des plus belles affiches du cinéma, selon toi. Atmosphère digne d'un film rétrofuturiste plus que d'un pseudo biopic sur la vie de compositeurs du XVIIIème siècle, c'est là la seule critique que tu pourrais dresser. La timidité du pianiste te gagne. Envie de lui dire qu'il ne peut (presque) jamais se tromper en choisissant un film avec Murray Abraham, mais tu ne veux pas troubler la découverte de son propre visage. Le carbone emprisonne ses traits dans une expression de douceur, lorsque la chair est prise de confusion.

Tu t'accoudes au comptoir en haussant les épaules. Amadeus est posé devant toi, pas encore enregistré.

« Parce que vous êtes là, parce que votre énergie du jour matchait avec la mienne... Comment vous choisissez les morceaux que vous jouez, vous ? »

Il y a des choses qui ne doivent pas être expliquées. Tour du destin ou aléas du chaos ambiant. Tout ne mérite pas d'être questionné. Se contenter de ce qui existe sans tourbillonner dans des pourquoi ou des comment. Mentalité difficile à tenir pour l'orphelin que tu es devenu. Tu ne veux pas te dévoiler, raconter les nuits où tu sors de son lit pour rendre service à cette personne sans rien attendre en retour. Il y a de la beauté dans l'incertitude, autant qu'il peut y avoir de la douleur.

« Prenez-le. Faites vous ce que vous en voulez. »

Un dessin fini ne t'apporte rien. Au Pianiste de décider où son portrait mérite de finir. Sur un mur, dans une poubelle, dans une pochette avec les autres étrangetés d'une vie.

Doigts qui se promènent sur la boîte de DVD. Tu réalises que tu ne détestes pas ceux qui n'y connaissent rien en cinéma. Tu détestes passivement ceux qui s'enferment dans la cuistrerie. Te prennes de haut parce que leur court-métrage sur youtube a fait trois cent vues. Utilisant le prétexte que tu ne connaisses pas tous les arbres généalogiques du Silmarillion, ils te refusent l'étiquette de Geek et dénigrent tes connaissances. Une culture passée au mixeur où tous les médias se confondent. Être expert en tout ou n'être expert en rien. Ceux-là, tu les hais. Le pianiste n'est pas comme ça. Le pianiste a peur que toi, tu sois de la sorte.

« Vous devriez essayer "la leçon de piano." »

Suggestion d'un ton doux faisant fi du morceau qui occupe l'espace sonore. De la même façon que les barmans s'attribuent le don de pouvoir deviner le breuvage favori de leur client rien qu'en posant les yeux sur eux, tu t'enorgueillis de savoir associer les gens au film qui leur est destiné. Ce n'est pas que lié à l'instrument que ton client et le personnage du film ont en commun. Énergie d'une âme brisée que d'autres pensent pouvoir ignorer. Rencontre arrangée entre Pianiste et Jane Campion. Introduction dans un univers alternatif aux Disney trop lisses, où la subtilité touche violemment les cœurs.

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(#) Re: Goodnight Moon //ft. Isaïe    Mer 17 Aoû - 19:34
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(#) Re: Goodnight Moon //ft. Isaïe   
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