• RP D'INTÉGRATION // AMBRE & ERIN

Doucement Ambre reprenait ses marques à la Nouvelle-Orléans. Cette ville qu'elle avait quittée plusieurs années auparavant et qui lui semblait être si loin dans son esprit, reprenait sa place. Comme si elle n'était jamais partie alors que la ville, elle, avait bien changé depuis. Tout était différent, certains bâtiments n'existaient plus ou avait subi une transformation, tout était devenue plus moderne et s'alliait parfaitement aux goûts du jour. Et les habitants, eux, soient avaient-ils fini par passer le panneau de bienvenue, soient ils continuaient à prospérer fièrement, ou tristement comme cette tombe devant ses yeux, ils avaient perdu la vie.

_ Reposez en paix Madame Greenwick.

Délicatement les mains déposèrent le bouquet de fleurs choisi pour l'occasion. Le regard s'attarda sur la date de naissance, puis la date de mort qui ne dépassait pas encore les deux ans et, une petite larme coula lentement long de sa joue qu'elle s'empressa de balayer d'un revers. Un certain regret pour ne pas avoir appris la nouvelle plus tôt, pour ne pas avoir pu être présent et lui rendre hommage. Mais elle en gardait un bon souvenir. Cette dame qu'on voyait bien plus dans les rayons de la bibliothèque qu'ailleurs dans la ville, un amour inconditionnel pour les livres et les poches remplies de bonbons. Greenwich avait un grand cœur, elle partageait sa passion avec plaisir, elle avait donné à Ambre l'envie de découvrir d'autres lectures que ses gros livres de cours et quelques vieux romans d'amour déplaisant. Si elle aimait aujourd'hui des vieux bouquins, c'était en partie grâce à elle. Cette dame avait toujours un mot gentil, quelque chose pour lui faire rire et oublier ses déboires avec son imbécile de frère. L'espace de quelques heures à discuter à ses côtés, la vie paraissait bien plus simple.
Un soupire, un sourire c'était ce qu'elle gardait de mieux. Le regard finalement porté sur sa montre, puis sur la course du soleil qui disparaissait dangereusement, elle soupira une fois encore avant de tourner les talons. Il n'était pas possible de revenir en arrière, mais d'aller de l'avant.

La nuit arrivant à toute vitesse, la démarche d'Ambre se voulait rapide. Elle s'accrocha à son sac à main tel une bouée de sauvetage, sursautant au moindre craquement de brindille dans les alentours. C'est ainsi que commence les films d'horreur, non ? Pensa-t-elle. Une proie facile en plein milieu du cimetière. Une triste mort. Qu'est-ce que la gravure sur la tombe dirait-elle ? “Ci-git une ancienne habitante devenue une passante partie trop tôt” il y avait mieux comme phrase d'accroche. Et puis, elle avait un enfant qui l'attendait sagement dans sa chambre d'hôtel, il était difficile de quitter cette terre en le laissant seul, pour seule compagnie une femme de ménage au visage sévère. Non mais vraiment, le départ était un peu trop abrupt.

Un rire nerveux lui échappa. Sa propre bêtise l'exaspérait à cette heure-ci. Néanmoins, le portail se dessina enfin, quelque mètre infime à parcourir et il était possible de retrouver la liberté. Loin de tout tueur en série susceptible de surgir brusquement derrière une tombe fêlée. Elle imaginait déjà le confort de sa voiture et le soulagement de verrouiller.

_Qu'est-ce que...?

Les doigts de la trentenaire forcèrent le portail de toutes ses forces, d'un côté puis de l'autre au cas où. L'idée même d'être enfermé à l'intérieur du cimetière accéléra dangereusement les battements de son cœur. Voilà quelque chose qui n'entrait pas dans ses plans. Pourtant, les bruits de pas dans son dos lui donna espoir. Elle se retourna vivement, mais cette maigre sensation de soulagement disparu en une fraction.

_J'imagine que vous n'avez pas un double des clés ?