Game Night | feat. Theo

[ game night ]

feat. @Theodora Stevens
La rencontre est terminée depuis de longues minutes mais tu n’as jamais eu pour habitude de te précipiter vers la sortie avec la foule. Bien au contraire. Tu laisses la masse s’écraser, se bousculer. Tu n’es pas pressée. Rick, lui, doit rejoindre sa femme et préfère ne pas trainer. “Go ! Really I’m fine. Say hi to the kids for me.” La bénédiction lui étant accordée, il te serre contre lui avant de filer dans le troupeau, jouant déjà de ses larges épaules pour se frayer un chemin. Une fois les gradins quelques peu moins encombrés, tu allonges tes jambes sur le siège de devant et sirotes la fin de ta Smart Water.
Le soleil est couché depuis un moment. Les lumières du stade sont éblouissantes mais, là bas tout au loin, se dessine une ligne d’horizon bleu marine aux mélanges de teintes apaisantes. Tu t’y perds un petit quart d’heure avant de reprendre pied avec la réalité. Cette fois, la foule est dissipée, la voie plutôt libre et le vide s’installe peu à peu autour de toi. Tu te redresses, venant machinalement frotter un possible résidu quelconque sur ton derrière et descends de deux rangées. Une silhouette se détache, en léger contre-bas. Il te semble la reconnaitre mais sans tes lunettes et sans te rapprocher, impossible de t’en assurer. Tu continues ainsi d’avancer et finis par laisser ton sourire s’étendre en coin sur ton visage lorsque ton esprit peut confirmer tes soupçons. La brune, à quelques mètres à peine, est bien Théodora. Visiblement accompagnée, tu ne désires en rien déranger et optes pour un simple salut de la main. Très discret. Presqu’autant que le clin d’oeil complice que tu lui offres. Lorsque la pâtissière semble s’écarter légèrement du groupe, vos pas se rejoignent. “Well hello there. I had no idea you were a sports fan …” Sans réellement savoir pourquoi, tu empreintes un ton amusé, comme si l’inverse te semblait être une évidence. Comme quoi, au final, vous ne vous connaissiez pas encore si bien. Mais ce n’était pas grave. Au contraire. Ce genre de petites surprises étaient plutôt délectables et ta fin de soirée n’en était que plus douce. “So … Real question here : Saint Louis Cardinals or Tampa bay Rays ?” demandes-tu alors que la brune ne porte aucun signe distinctifs d’affiliation potentielle à l’une ou l’autre des équipes ayant jouer ce soir dans ce match de grande ligue de baseball. Ta mine est faussement sérieuse alors que sa réponse importe peu. Tu as juste à coeur d’échanger, ne fut-ce qu’un rien. De lui voler quelques instants avant qu’elle ne doive surement rejoindre ses amis. Depuis quelques temps, c’était bien là que résidait tout le coeur de votre petit jeu. Des rencontres impromptues ou plus ou moins planifiées mais souvent attrapées au vol d’un quotidien que vous aimiez saupoudrer de ce petit “je ne sais quoi”. Un sentiment plutôt agréable auquel tu prenais goût et que tu ne désirais pas voir te filer entre les doigts. Non, pas tout de suite du moins …

/ awards session

trigger warning:

[ game night ]

@julia Parker
Quoi de pire pour toi qu’une soirée entière coincée dans un stade à assister à une partie de baseball ? Probablement devoir le faire en compagnie de ta famille au complet, parents, beau-frère, neveux et nièces et … ta soeur. Votre relation - qui, soyons honnêtes, n’a jamais été au beau-fixe - ne s’est pas réchauffée depuis ton retour en Louisiane. Vous avez des échanges cordiaux, tout au plus, lorsque c’est nécessaire, alors l’idée de devoir faire semblant pendant toute une après-midi, c’est probablement pour toi la plus douloureuse des tortures lentes qu’on pourrait te faire subir. A vrai dire, tu ne sais pas très bien pourquoi tu as accepté de t’infliger ça. Ca semble être une constante depuis ton changement de vie. Tu ne sais plus rien. Tu subis, tu te poses mille questions sans réponse et tu as l’impression d’être montée dans un train dont tu ne connais pas la destination et que tu ne peux pas quitter en marche.

Ta mère est aux anges et toi tu te dis que tu avais plus de poigne à 8 ans qu’aujourd’hui… Mais si ça peut lui faire plaisir au final, tu peux bien lui offrir ces quelques heures, après tout tu lui as bien volé des années entières. Alors tu enfiles ta nonchalance et laisses l’humeur bougonne à la maison, et t’appliques à faire bonne figure toute la rencontre, une bière à la main, réussissant même à applaudir aux moments opportuns.

Les mains dans les poches, tu quittes l’Arena avec tes proches, sans faire semblant de prendre part à leurs conversations. Au loin tu aperçois un visage familier qui te décrocher le fantôme d’un sourire sincère pour la première fois de la journée. Julia, c’est une des choses les plus positives qui te soient tombées dessus depuis ton emménagement. Une petite brise piquante qui te maintient en alerte à chaque fois qu’elle pousse la porte de ta boutique. Si ça n’avait tenu qu’à toi, tu te serais contentée de l’observer de loin et de la laisser vaquer à ses occupations, mais tu prends son petit signe de la main - et son clin d’oeil - pour une invitation. Sans prendre congé auprès des tiens, tu abandonnes le groupe pour une discussion qui s’annonce bien plus intéressante. Tu aurais simplement préféré ne pas sentir la bière et les hot-dogs à 1$.

“Well hello there. I had no idea you were a sports fan …” Ton rictus mimique le sien. « Whereas seing you here comes as no surprise. » Tu n’as pas envie de t’épancher sur le sujet. Qu’est-ce que tu pourrais bien répondre ? Que tu es là contre ton gré ? Venue à reculons pour ne pas contrarier maman et papa ? Il te reste une once de dignité malgré tout… “So … Real question here : Saint Louis Cardinals or Tampa bay Rays ?” Prenant une mine faussement offusquée, comme si ta position allait de soi, tu réponds : « My mother would probably disown me if I said anything but the rays. » Pouffant, tu demandes ensuite, « What’s yours ? » un sourcil en l’air lui indiquant qu’elle a intérêt à ne pas se montrer en désaccord avec la religion familiale.

Ta main se crispe dans ta poche alors que tu sens le regard de ta soeur se poser sur ta nuque comme autant de fléchettes qui attaqueraient ta peau. Là, au milieu d’une foule joyeuse et étourdie par le soleil et le bruit, tu as l’impression d’être cette ado que tu n’as jamais été, effrayée à l’idée de devoir faire son coming out en rentrant chez elle. L’interaction est pourtant bien chaste, et tu n’as de toute façon de compte à rendre à personne. Mais ton corps tout entier se tend alors que tu sais au plus profond de ton être que tu es scrutée. Et tu sais pourquoi tu l’es. Mais tu serres les dents, bien décidée à passer outre. « Any plans for tonight ? » La rage t’enhardies et fait ressortir cette impulsivité que seul le stress te connaît. Tu ne sais pas ce que tu proposes. Tu ne sais même pas si tu proposes quelque chose, en réalité, ou si c’étaient juste quelques mots pour meubler le silence. Et pourtant, tu peux déjà anticiper que certaines réponses te décevraient davantage que d’autres.