l'alignement des étoiles. (azuria)

L'aiguille de l'horloge avait soudainement ralenti alors qu'il se plaignait du mauvais alignement des planètes et de ses problèmes de boulot. Disons qu'il se cassait les dents sur une affaire en cours et que ses supérieurs de ne laissait pas vraiment prendre d'initiative, à tort ou à raison, il ne saurait le dire. En tout cas, pour l'instant, Wolfgang avait le nez dans de la paperasse et attendait que l'heure lui montre l'horaire qui pourrait le faire partir. Mais en attendant, il faisait un rapport sur le dernier cambriolage qui avait eu lieu. Effraction, serrure cassée, objets de valeurs dérobées, la routine. Il ne savait pas s'il préférait taper sur son ordinateur ou faire ces rondes de routine voir ces planques impiffrables. Quoi que dans le deuxième cas, en général, il n'était pas seul et pouvait compter sur ce satané reporter pour venir lui taper sur le système et au moins, le distraire de sa tâche ardue. Il s'arrête un instant, commence à penser au futur milkshake qu'il va s'engloutir puis à la nuit de sommeil incroyable à laquelle il aura le droit. Au moins, il pouvait le remarquer, il avait tendance à bien dormir en ce moment, il lui fallait bien ça pour survivre à ses journées.

Il finit de rédiger son rapport quand enfin, il peut mettre les voiles. Faut pas lui dire deux fois, veste sur ses épaules, Wolf rejoint bien rapidement sa voiture pour conduire jusqu'au diner. C'était pas son lieu de prédilection mais c'était surtout là qu'une de ses amies proches travaillaient et il devait admettre que se moquer de ses patins était une de ses activités favorites. Oh, bien sûr, elle le lui rendait bien mais il aimait avoir cet avantage pendant quelques instants. Il lui fait signe alors qu'il s'installe. "Alors, ça glisse bien aujourd'hui ? Ta pause est dans combien de temps ?" Il demande avec un sourire en regardant en même temps la carte. "Tu m'en veux pas si je te commande un milkshake à la fraise juste avant ?" Petit sourire en coin alors qu'il prononce ensuite un merci du bout des lèvres.

Petites habitudes prises au fil des visites, il prend toujours la même place près d’une des fenêtres, pas loin de la porte. Wolf n’avait jamais compris pourquoi il faisait toujours aussi chaud dans ce diner, qu’importe la saison, il se retrouvait obligé d’enlever veste, pull pour se retrouver les bras à l’air en t-shirt. Carrément. Il réfléchit, jette un coup d’œil à la salle. Pas foule aujourd’hui, jamais trop de foules de toute façon. Beaucoup d’habitués ou de touristes. C’est la direction qui t’agace autant ? Il finit par demander alors qu’elle se décide  prendre sa pause maintenant. Ça lui arrache un rire. Il récupère le fameux milkshake dans la foulée, les yeux gros comme ceux d’un gamin un matin de Noël. Je t’en prie, fais comme si c’était le tien. Il râle pour la forme lorsqu’elle vient prendre une gorgée mais la laisse faire sans plus de réprimandes. A quoi bon, il savait que dans une joute verbale concernant le partage de la boisson, il allait perdre. Ils ne se connaissaient pas depuis si longtemps que ça, ils avaient encore beaucoup à apprendre l’une de l’autre malgré une complicité plus que flagrante mais il savait qu’elle est têtue et bien plus que lui. Et Wolf en tenait déjà une sacré couche. L’horoscope est mauvais, que ce soit au niveau personnel et professionnel. Personnel pour des raisons que je n’ai pas envie d’évoquer plus parce que je commence à me trouver sacrément seul. Il n’a jamais eu de relations sérieuses, peur bleue de reproduire le modèle parental. Un père décédé, une mère mutique et plongé dans l’alcool pour oublier la douleur même des années après. Ça le hante. Mais surtout professionnel, j’ai jamais eu autant de paperasse à faire, le niveau de criminalité ici est terrible. Il soupire. Il savait qu’encore quelque dossier vierge l’attendait le lendemain matin. En plus de potentiels déplacements et autres annonces amusantes. Et si, évidemment, il y avait quelque chose de croustillant, il connaissait quelqu’un qui ne s’empêcherait pas de venir fourrer son nez là ou il ne fallait pas. Et toi ? Comment est l’horoscope ? Question rhétorique, ça devait être au même niveau que lui. Faudrait qu’on se fasse une sortie tous les deux, une boite de nuit, un dancefloor et un peu d’alcool. Grand sourire avant de prendre une grande gorgée du milkshake. Et de faire la grimace à cause du froid qui lui monte à la tête.

Trop gentil. Quel genre de patron pouvait bien être trop gentil ? Pas le sien en tout cas, un commissaire qui essaye de faire les gros durs pour se donner un genre, chose qui n’a d’ailleurs jamais marché avec Wolf. Le gamin avait toujours eu un souci avec l’autorité de toute façon, c’était pas parce qu’il en faisait maintenant parti que ça allait changer quelque chose. Et puis c’était toujours amusant de voir le visage du bonhomme se déformer sous l’effet de la colère parce que dans leur course de chaises roulantes, ils avaient percuté malencontreusement une pile de documents laissée bêtement par terre. Pas parce que c’était volontairement un obstacle dans leur parcours. Non. « Heureusement que je viens rehausser le niveau alors, tu es parfaite ! Un peu ronchon mais fantastique. » Il rit alors avant de la voir prendre le milkshake. Il lève les yeux au ciel, plus amusé qu’autre chose. Pas comme s’il pouvait vraiment riposter, il avait pas tellement envie de se faire bannir du diner à cause d’un milkshake qu’il avait refusé de partager. Il savait qu’elle en était capable. Pas pour toujours mais pour un temps. Et Wolf aimait vraiment trop ses milkshakes gratuits pour dire quoi que ce soit. Un petit rituel installé depuis un moment maintenant, qui allait de paire avec raconter les potins de la semaine et se plaindre de ce qui allait pas dans sa vie tout en accusant l’univers de lui mettre des bâtons dans les roues. En même temps, il aurait pas craché sur un peu de simplicité le flic, passe volontairement sous silence l’état dans lequel était sa mère lorsqu’il avait été lui rendre visite. Il préférait rester léger, il penserait à ça plus tard, lorsque son esprit refuserait de le laisser dormir en lui montrant tout ce qui pouvait lui faire mal au cœur.

Le policier raconte alors son sentiment de solitude. L’idée de rentrer et d’avoir personne qui l’attend, passer ses jours de repos seuls. De temps en temps, il les enviait, ses couples, lui aussi, il voulait fêter la st valentin et être un peu niais, se retrouver avec une boîte de chocolats en forme de cœur et offrir des fleurs. Il connaissait les plans culs, il avait déjà donné et même si c’était agréable pendant un moment, ce n’était plus tellement ce qui l’intéressait. Pas d’attaches, rien devoir, plus pour lui dont le cœur avait besoin d’un traitement longue durée. Loin de lui l’idée de trouver l’âme sœur et de fonder une famille en un claquement de doigts, juste la perspective d’avoir une histoire qui dure plus qu’une nuit adoucissait l’amertume dans son cœur. « Premièrement, je t’emmerde. Ensuite, j’ai des goûts très bien, merci. Et je vais finir par prendre un chien, au moins, il sera content de me voir. » Il soupire un peu tragiquement, une main sur son front comme s’il était frappé par le sort, l’accusant du même coup de ne pas être ravi par sa présence. « En plus, sur qui tu juges mes goûts d‘ailleurs ? » Quitte à ce qu’elle fasse son procès, autant qu’il soit fait jusqu’au bout. Que la sentence tombe votre Honneur, Wolfgang était prêt, surtout prêt à faire preuve de mauvaise foi.

Il a un éclat de rire. « Toi ? Dans la paperasse ? Tu tiens pas une journée ! Tes rollers te manqueraient trop. » Ironie quand tu nous tiens. Il continue jusqu’à effacer une fausse larme causé par son rire de son œil. Il se calme un peu, reprend une gorgée de la glace avant de réfléchir. « Je pense que c’est définitivement les planètes, t’es quand même plus solaire en temps normal. Et je me fais moins chier au boulot. Enfin, on me fait moins chier, y’a ce journaliste qui arrête pas de me suivre. » Il réfléchit à voix haute, sa tête dans la paume de sa main, les sourcils froncés comme si la réflexion était d’une intensité incomparable. Le fait est qu’il ne réfléchissait pas tellement en ce moment, il se prenait aussi toute la paperasse des autres, encore le petit nouveau qui avait pas eu l’occasion de prouver sa place. Mais ça ne saurait tarder, il lui fallait juste un petit coup de pouce de l’univers. « Parfait samedi, parfait pour le verre, parfait pour tout. » L’occasion de tromper la solitude, de passer un bon moment avec la blonde,