Encore une merveilleuse journée au sein du Times-Picayune. Ce matin, il a enchaîné les réunions habituelles, brisant les coeurs de certains professionnels en refusant de publier leurs articles dans la prochaine édition, faute de place, ou d’intérêt. Depuis sa montée en flèche au sein de l’équipe, en grande partie dûe à la place de son père dans l’entreprise, il ne s’est vraiment pas fait beaucoup d’amis. Considéré comme l’enfant pourri-gâté d’un magnat des affaires, il n’a malheureusement pas encore gagné le respect des employés, certainement bien plus méritants que lui à son poste. Il n’a jamais vraiment voulu faire ce travail, prendre la suite de son père dans l’entreprise, mais il n’a pas vraiment eu le choix, en bon fils obéissant, il se devait de conserver l’héritage familial, quoi qu’il puisse en penser. Au moins, il se dit qu’en faisant cela, sa petite soeur est tranquille.
Et puis, il n’a pas tellement à se plaindre, au final. Certes, il ne fait pas le métier qu’il aurait choisi, et ses journées ne le passionnent clairement pas, mais au moins, il en a un, de métier. Il n’a, à vrai dire, jamais vraiment osé s’opposer à ses parents quant à son avenir, de peur de se rater, de finir déshérité, renié. Par lâcheté, en somme. Lui, il aurait voulu étudier les lettres, et écrire des romans. Rien de très sécurisant pour l’aîné des De Bellair. Il n’a encore rien annoncé au sujet de ses fiançailles avec Enea, et repousse ce moment le plus possible, ne s’imaginant même pas la réaction qu’auraient ses parents. Ils ne l’ont jamais appréciée, cette femme totalement dévergondée, cette pile électrique, qui encourage leur fils à se rebeller. Alors, un mariage, quelle sombre idée !
Il revient finalement dans son bureau, des dossiers au bras qu’il pose en s’asseyant en face de son ordinateur, prêt à continuer son travail en attendant patiemment le moment de rentrer chez lui, dans cet appartement rempli des cartons d’Enea, qu’elle n’aura toujours pas rangés. Aussi agaçante qu’elle puisse être, sa vie a repris un peu de couleurs depuis qu’elle est de retour. Il n’a pas le temps de faire grand-chose avant que son secrétaire ne frappe à la porte. « Monsieur, votre soeur aimerait vous voir, elle a l’air assez agitée. » Il fronce les sourcils, puis esquisse un sourire en direction de son interlocuteur. « Elle peut rentrer, je ne suis pas occupé. » Le secrétaire disparaît en acquiesçant. Il se lève alors pour accueillir sa soeur, s’inquiétant déjà de sa visite dans l’entreprise. Stella ouvre la porte et il l’accueille d’un sourire, avant de s’approcher d’elle pour la prendre brièvement dans ses bras pour la saluer. « Salut ! Tu vas bien ? Qu’est-ce qui t’arrives ? » Enfin une figure familière et rassurante ici. Il n’y a pas à dire, travailler avec son père, ce n’est clairement pas idéal. Ils passent leur temps à se lancer des piques, des remarques froides et remplies de sarcasme, un petit affrontement constant qui l’épuise.
@teddy de bellair & @stella de bellair Stella pouvait toujours compter sur Judith pour lui faire de bons petit-déjeuners, ce repas du matin sucré qu'adorait la jeune bourgeoise. Judith, sa nurse, avait toujours veillé à ce que la jeune femme ait tout ce qu'il faut, notamment concernant les repas. Cette femme afro-américaine avait toujours fait une bonne cuisine, gourmande et délicieuse que Stella avait plaisir chaque jour à déguster. Mais ces petits plats, les parents de Bellair ne les appréciaient pas, beaucoup trop généreux en sucres et en matières grasses, ils avaient embauché des cuisiniers pour que Judith n'ait plus à préparer le moindre repas. Mais Stella, elle aimait Judith et ses mets, elle lui demandait encore souvent de lui préparer quelques repas, et justement les petits-déjeuners avec ses gaufres et le chocolat chaud. Elle se régalait, c'était un vrai délice, ce moment de douceur du matin, qui la sortait de la lenteur matinale. Alors que la jeune femme mangeait ses gaufres, son père débarque dans la cuisine, accroché à son téléphone, fouillant dans un placard. Il n'a même pas vu Stella qui l'observe en silence, elle a l'habitude de voir son père le téléphone collé à son oreille, sans qu'elle n'ait de mots de sa part. Une fois sa tasse en main, le père de famille se tourne vers sa fille, puis marque un moment, son regard figé sur sa fille. Elle le connaissait très bien ce regard inquisiteur, ses yeux pleins de reproche, il n'allait rien dire, il était scotché à son téléphone, mais elle savait tout ce qu'il voulait dire. Ses rondeurs étaient très mal vus, surtout dans cette classe aristocrate, où les femmes doivent être plus que parfaites et les bourrelets n'ont rien à faire ici. Le corps de Stella était souvent source de conflit au sein de la famille, et notamment avec les parents de Bellair qui tentent depuis toujours de faire perdre du poids à leur fille. Le père sortit de la cuisine, son regard noir. Stella tente d'occulter cette rencontre, sans un bonjour, et continue de manger ses gaufres, et c'est quelques minutes plus tard que la mère de Bellair entre dans la cuisine en furie. De ça, en découle une scène de dispute, de cris, de pleurs. Stella en a marre, elle en peut plus, elle a envie d'éclater, ses parents n'arrivent pas à l'accepter telle qu'elle est, ont-ils honte d'elle ? Exaspérée, Stella sort de chez elle, habillée rapidement, elle fonce voir la seule personne de sa famille qui puisse l'aider dans cette bataille quotidienne, qui puisse avoir les mots pour la réconforter. C'est pour ça qu'elle avait débarqué au bureau de son frère, qu'elle voulait absolument lui parler. Alors quand elle est entrée dans la petite salle de Teddy elle se rua dans ses bras, cherchant l'amour qui lui manque. "non ça va pas." annonce Stella les larmes aux yeux, les mots de sa mère résonnant encore dans sa tête, telle de pics venant lui briser son moral "elle a recommencé" elle savait que son frère ainé allait tout de suite comprendre, c'était récurent. "elle ne comprend rien ! Ils ne comprennent rien !". Elle serre un peu plus son frère dans ses bras, ses yeux rougis de ses larmes.
Annoncée par son secrétaire, sa soeur débarque dans son bureau en trombe, les yeux rouges. A peine entrée, elle se précipite dans ses bras, et il sait immédiatement la cause de ses larmes. Les parents de Bellair n’ont jamais été les parents idéaux, bien loin de là. Des crises comme celle-ci, il y en a chaque semaine, comme si leur mère s’acharnait à infliger cette espèce de torture morale à sa fille, la seule qui habite encore chez eux. De son côté, c’est son père qui s’acharne, le grignotant un peu tous les jours, au travail. Il n’y en a pas un pour rattraper l’autre, et s’il a cessé de se battre pour lui-même, c’est en partie pour laisser une chance à Stella. Mais c’est sans compter sur ce duo d’insensibles qui les a mis au monde.
Il serre fort sa soeur tandis qu’elle pleure dans ses bras, en lui passant doucement la main dans les cheveux pour la calmer. Il aimerait lui proposer de rester chez lui quelques temps, s’éloigner un peu de cet environnement toxique qu’est le foyer familial, mais vu sa situation avec Enea, il n’est pas tellement en mesure de l’accueillir. Sa soeur, d’ailleurs, n’est pas encore au courant de ses fiançailles, et encore moins de la supercherie. Il n’aime pas lui cacher tout cela, mais il n’a pas tellement le choix. Il n’a le droit de dire à personne qu’il s’agit d’un mariage gris, pas même à sa soeur. Il ne pense pas pouvoir tenir trois ans, mais s’il pouvait au moins attendre qu’Enea et lui soient mariés pour cracher le morceau, ce serait déjà bien.
Il déteste voir sa soeur dans cet état. Il espérait qu’en rentrant dans le journal de son père, Stella aurait au moins la paix, mais c’était naïf de sa part. Avec leurs parents, le répit n’existe pas. Et n’étant pas marié, encore moins avec quelqu’un qui leur plairait, c’est sur Stella qu’ils se vengent, et c’est elle qu’ils essaient de caser dès qu’ils en ont l’occasion. « Je sais bien… Ils n’ont jamais eu la médaille de l’empathie... » Il se détache légèrement d’elle pour la regarder en esquissant un sourire, le plus rassurant possible. « Qu’est-ce qu’elle t’a dit ? » Il sait déjà qu’il s’agit de leur mère, et avec elle, c’est souvent les formes de Stella qui dérangent. Le monde dans lequel ils ont évolué s’attache énormément aux apparences filiformes, et forcément, Stella ne correspond pas à ce stéréotype. Il pose ses deux mains de chaque côté de la tête de sa petite soeur, en gardant son sourire apaisant aux lèvres, comme il le faisant lorsqu’ils étaient enfants. « Ne la laisses pas t’atteindre. Tu es très bien comme tu es. Ne change pas pour lui plaire, tu m’entends ? » Il la regarde droit dans les yeux, pour insister sur ce point. Sa soeur, elle est parfaite comme elle est. Pour lui, l’essentiel, c’est qu’elle s’aime, elle, et qu’elle soit en bonne santé. Sa mère est un poison, il ne le sait que trop bien, et il ne voudrait pas qu’il se répande dans l’esprit de sa petite soeur.
@teddy de bellair & @stella de bellair Son frère Teddy avait toujours été là pour Stella. Depuis petit, la petite de Bellair pouvait totalement compter sur son ainé. Un bobo, un problème ou même une idée farfelue, il avait toujours répondu présent aux demandes de la brune. Elle était heureuse d'avoir cette épaule sur laquelle s'appuyer en cas de coup dur, car elle ne le savait que trop bien, la vie peut parfois être impitoyable et Teddy avait toujours été son sauveur. D'ailleurs, il était très rare que les deux ne soient pas d'accord, ils avaient ce même file d'idées et leur entente n'était que positive. Il faut dire que dans le milieu dans lequel ils ont grandi a demandé à ce qu'ils se serrent les coudent et c'est bien ça qui a permis cette bienveillance mutuelle. Elle grandissait, son corps commençait à se dessiner et ce qu'il devenait ne plaisait aucunement aux parents, surtout à la mère qui avait une idée prédéfinie du corps que devait avoir sa fille. Celle d'une femme élancée, tout comme elle, dans la finesse et l'élégance et selon elle, les rondeurs ne pouvaient pas avoir ces adjectifs. Visions totalement étriquées, Stella était donc victime de remarques quotidiennes, ce qui avait valu son retrait fréquent dans sa chambre pour justement échapper aux regards et critiques de sa maternelle. Son père n'était pas inconnu à la situation, il était aussi bien complice de ce qu'on infligeait à la benjamine. Lui, il avait un autre terrain de prédilection, son fils, qui depuis qu'il avait intégré le journal était devenu la cible de toutes ses humeurs. Chacun devait faire face à ses démons, et il était indispensable pour eux de faire bloc et de s'entraider. Mais Teddy, lui, avait plus de courage que Stella, pleine de remord, concernant leur petit frère mort bien trop tôt. Elle ne devait pas être là, il aurait dû survivre. Née fille, née après, née pour remplacer, elle avait dû se construire avec ce poids sur les épaules, et ce poids, elle l'avait étaler sur tout son corps, ce que ne comprenait pas la mère, qui n'avait jamais vraiment essayé de percer le pourquoi. Judith, elle, avait tout cerné et priver Stella n'était pas la solution, les gaufres, elle en avait besoin pour se sentir bien. Voilà pourquoi elle était venue se réfugier dans les bras de son frère, et même au risque de croiser le chef de famille, elle avait besoin de son réconfort, il était primordial. Depuis que Teddy avait quitté la maison familial, elle se sentait bien seule, elle devait affronter les commentaires accusateurs des parents par ses propres moyens et bien souvent les pleurs et la fuite étaient la réponse. Mais il était là, il la tenait dans ses bras, il la consolait, tout ce qu'elle attendait de lui. Son regard bienveillant lui donner une énergie insoupçonnée, il était une force indéniable pour la jeune femme. Quand elle le voyait, elle se ressourçait. "merci" avait-elle vraiment envie de revenir sur les paroles de sa mère, pas vraiment. De toute façon, ses mots étaient toujours les mêmes et ceux qu'elle avait prononcé quelques minutes plus tôt n'avait pas innové. "je peux rester ici ?" demanda-t-elle à son frère. Elle savait pertinemment qu'il était au travail, qu'elle n'avait pas à rester là, mais elle ne se voyait pas retourner dans leur manoir et affronter les yeux sombres de sa mère, du moins, pas tout de suite. "sinon, pas grave, j'irais dans la ville..." ceci n'était pas un chantage, juste le fruit de sa réflexion après avoir imaginé croiser leur père ici.
Sa petite soeur est la personne la plus importante à ses yeux. Elle est la seule de la famille à le comprendre, et vice versa. Tous les deux, ils sont unis contre leurs parents, s’efforçant de faire barrage pour s’en sortir. Il pensait, en acceptant de se plier aux règles imposées par son père, et en travaillant avec lui, que cela apaiserait les tensions, et que, par conséquent, sa soeur ne serait plus la cible des attaques régulières de leur mère. Malheureusement, ça n’a fait que les encourager à exiger plus de leur fille. En la voyant dans cet état, en larmes, grignotée intérieurement par les remarques incessantes de la maternelle, il bout. Il voudrait tout changer d’un claquement de doigts, l’emmener avec lui, et dire adieux à leurs parents, mais il en est incapable. Il a toujours été lâche, Teddy, ce n’est pas nouveau. Il aurait eu mille fois l’occasion de partir, de se trouver une autre voie, mais il ne l’a jamais fait. Renier le nom des De Bellair, c’est prendre un risque inconsidéré.
Pour l’heure, il ne peut que la consoler, du mieux qu’il le peut, même si ça ne paraît pas grand-chose. Lorsqu’elle lui demande de rester avec lui, il pare son visage d’un sourire rassurant en la regardant. « Non, tu ne vas pas traîner en ville toute seule, tu peux rester ici. » Il a beau être en plein travail, sa soeur passe toujours en premier, et puis, autant profiter un peu de sa position au sein de l’entreprise. Surtout qu’avec Stella avec lui, il a au moins un allié avec lui. « Tu peux t’asseoir, si tu veux. » Il se détache d’elle et reprend place à son bureau, histoire de travailler un peu. « Comment ça se passe, ta recherche de boulot ? » C’est une bonne occasion pour prendre des nouvelles, et s’assurer qu’en dehors de cette famille, tout se passe pour le mieux, pour elle. S’il peut au moins l’aider sur ce point-là, il le fera.
Il ne lui a toujours pas dit pour sa fiancée. Il aimerait sortir l’information, mais il ne trouve jamais le bon moment pour le faire. Est-ce qu’elle croira en son histoire, le fait qu’ils se soient finalement retrouvés, et que, dans cet élan, ils ont décidé de se marier ? Ce n’est pas le genre de décision qui lui ressemble, mais il espère qu’elle pourra y croire. Il déteste l’idée de lui mentir, mais s’il commence à dire la vérité à une personne, tout pourrait s’écrouler. Il lui avouera tout une fois le mariage passé, c’est ce qu’il s’est dit dès le début. Derrière son bureau, il tapote des réponses de mails sur son ordinateur, tout en observant du coin de l’oeil sa petite soeur, sans rien oser lui dire. Il croise son regard, puis lui sourit comme si de rien n’était, en s’arrêtant un instant d’écrire. « Tu veux boire quelque chose ? Un café, ou un thé ? On pourra manger ensemble, après, si tu veux. » Peut-être un bon moyen pour lui de lâcher la bombe, une bonne fois pour toutes. Sa réaction est celle qui lui importe le plus. Ses parents, il est presque impatient de voir à quel point ce mariage leur déplaira.
@teddy de bellair & @stella de bellair Il avait les mots qui permettaient à la jeune riche de sécher ses larmes et de relativiser. Il avait toujours eu ce rôle de protecteur dont elle aime l'idée. Elle était fragile cette petite, elle avait besoin de quelqu'un sur qui compter, puisque ses parents ne s'étaient pas montré capable d'être les piliers dont elle avait tant besoin. Son grand frère était là pour elle et c'est pour cela qu'elle avait foncé le voir après cette énième dispute alimentaire avec leur mère. Stella savait que Teddy avait beaucoup de travail et qu'il avait lui aussi sur les épaules la pression de leur père, directeur du journal. Mais elle ne venait que pour les occasions sévères, quand elle allait vraiment craquer et qu'elle ne savait plus quoi faire.
Elle le tenait dans ses bras, toute serrée à lui, elle était bien. Elle sécha rapidement ses larmes pour regarder son frère. "Ouai, je vais pas trop te déranger" annonçait-elle en se séparant des bras de Teddy. Elle s'installa dans le petit fauteuil du bureau de son ainé, et sortit son téléphone. Elle avait besoin de tout raconter à sa meilleure amie, et même si elle savait qu'elle lui aurait été d'une grande aide, son frère est quand même le mieux placé pour savoir à quel point les parents de Bellair, notamment la mère, sont fermés d'esprit et pesants. Elle tapotait sur son téléphone et regardait de temps en temps Teddy qui s'affairait sur son ordinateur. Il avait des airs de leur père, dans sa façon de froncer légèrement ses sourcils, de se tenir aussi droit. "papa et maman ne sont pas au courant, et je veux pas qu'ils le sachent. J'ai envoyé 4 CV, ils sont presque vides... Un café végan demande à me voir, mais je sais même pas quoi leur dire, je sais que je vaux rien." Encore une fois, cette expérience qu'elle voulait enrichissante pour dire merde aux codes qu'ont instauré les parents, allait renvoyer à Stella une image négative d'elle-même. Comment allait-elle être capable de convaincre un employeur de la prendre, elle qui pense qu'elle ne peut rien apporter de bon. "je pense pas y aller, c'était une mauvaise idée." balance Stella le regard sur son téléphone. "tu sais, je suis pas douée comme toi". Elle avait toujours trouvé Teddy très talentueux et son parcours dans la société familiale en était la preuve, bien qu'il avait eu beaucoup d'aide de son père. Mais il était capable de mener à bien ses missions, c'est pourquoi, elle avait toujours vu son grand frère comme un homme plein de talents. "non merci" répondit Stella à la proposition de boisson "par contre, pour manger... tu sais que je suis toujours partante. " Dit-elle d'un petit sourire à ses lèvres, qu'elle perd rapidement en pensant "heu... dit Tedd, papa est pas là ?"
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