C'est possible à 40 ans ?

27.11.22, début de soirée, @Isaac Evans | Depuis que Evans a evoqué le mariage et les gosses, ça m'a travaillé plus que je ne voulais le croire. A tel point, que j'ai fini par me renseigner dans mon coin. Genre taper lettre par lettre : avoir un enfant à 40 ans, c'est faisable ? sur google. Oui, moi, j'ai fait ça. Et de fil en aiguille, je me suis retrouvé avec des tas de brochures pour connaitre les diverses options pour avoir un môme. Oh merde, qu'est-ce que je fais là ? Pourquoi, je me suis pas questionné pour le mariage ? Bon, mon esprit a dit, on fait les deux. Donc on en est là, à vivre vraiment à mes 40 ans. J'ai commencé à tâter le terrain avant d'être mis sur le fait accompli : l'homme n'a pas compris le sous-entendu. Alors, va falloir y aller franchement. Je préviens mes équipes que je vais m'absenter durant deux heures pour une affaire urgente. C'était maintenant. C'est en bécane que je file au boulot de la Moitié avec mon dossier. J'entre côté bar, saluant celleux que je pouvais reconnaitre, et hochant la tête quand je croise le regard d'Evans. Je grimpe dans son bureau, m'installant à son siège, préparant toutes les brochures sur les possibilités d'avoir un enfant, pma, adoption et autre. Quand la porte s'ouvre, je laisse Isaac découvrir son bureau, observant sa réaction. Merde, je suis entrain de faire quoi là ?

Isaac repose son téléphone avec des questions plein la tête et une lueur d’espoir dans son cœur. L’espoir est dangereux, il le sait bien, mais il est trop tard pour ne pas s’emballer. Il ne comprend pas toujours les blagues d’Aoden, ou en tout cas, il ne saisit pas toujours qu’il s’agit de taquineries. Lui qui a tendance à prendre les choses un peu trop au premier degré, il a envie aujourd’hui d’y croire. Il attend pourtant patiemment jusqu’à ce que son compagnon fasse irruption dans son bar. Tout est encore tranquille à cette heure-ci, les clients ne sont pas trop nombreux, les musiciens ne sont pas encore endiablés, alors il peut s’éclipser un petit peu. Combien de fois cette scène a-t-elle eu lieu ? Aoden qui entre, monte dans les parties privées et Isaac qui le rejoint pour retirer leurs vêtements avec empressement ? De bons souvenirs. C’est en partie ainsi qu’ils se sont construits tous les deux, que leur couple est né. Mais aujourd’hui, quelque chose lui souffle qu'il n'est pas là pour tester l’insonorisation du Snug Harbor. Quelques indications données au serveur et Isaac se dirige vers son bureau. Il n’est pas surpris de trouver Aoden dans la chaise du maître, ça lui va bien cette place-là, bien que parfois les rôles s’inversent. Tranquillement le propriétaire s’avance, concentré sur son amant avant de voir les papiers colorés étalés sur la table. Il les regarde, attentif, lis les titres et sent sa tête tourner un peu tandis que l’espoir s’agrandit. « Hum, Ao, c’est… c’est quoi tout ça ? » Son regard passe de l’homme assis dans le fauteuil aux brochures posées sur le bureau. De l’un à l’autre, du papier à la chair. Son cœur s’emballe, il voudrait sourire mais cette fois il n’ose pas, craignant que ce ne soit qu’une blague de plus. Ou peut-être pas une vraie farce, parce qu’il serait cruel de rire de ça, mais une proposition en l’air, faite alors qu’Aoden ne réalise pas vraiment ce qu’il propose.  « Tu es sérieux ? Tu… tu veux un bébé ? » Instinctivement il retient son souffle en attendant la réponse, se mord la lèvre aussi, anxieux. Isaac avait fait une croix sur l’idée de devenir père, jusqu’à ce qu’il comprenne qu’il voulait vivre avec Aoden, jusqu’à ce que leur relation devienne sérieuse. Mais restait le fait qu’ils devaient tous les deux être sur la même âge et il ne pensait pas que ça arriverait un jour. Pas sur ce sujet-là.

J'éclate de rire à ses questions. C'est nerveux. Je hausse les épaules pour marquer un peu de suspens. Je quitte le fauteuil, contourne le bureau pour m'appuyer dessus et tirer le bas de son haut pour l'avoir contre moi. - Il me semble qu'on bataille sur le mariage et je me dis qu'on pourrais aussi s'engager sur un projet qu'on ne pourra pas du tout défaire. Une fois qu'on a le gosse, on ne peut pas reculer en gros. Alors qu'un mariage, le mariage existe.. Une séparation avec un petit être c'est impossible. Enfin, c'est mon avis. Si Isaac me voulait pour l'éternité, c'était la meilleure stratégie. On me dit dans l'oreillette que je suis entrain de le faire. - Je sais qu'on en rit souvent mais je me dis qu'on pourrait quand même évoquer toutes les possibilités à notre disposition et statuer si c'est faisable. Tu en dis quoi ?

Le rire ne le rassure en rien, Isaac n’arrive pas à sourire, pas non plus en étant attiré contre le torse d’Aoden. La position lui fait du bien, il ne peut nier que la proximité apaise un peu les questions dans son cerveau, mais le sujet semble trop délicat pour qu’il le balaye d’un sourire. Pourtant, au fil des paroles qui découlent des lèvres qu’il aime tant, il sent sa joie venir, en même temps que ses yeux s’humidifient. Il se sent ridicule, un peu faible même, mais heureusement que la porte est fermée, il n’y a qu’eux. Et Aoden ne demande-t-il pas régulièrement à ce qu’il lui laisse voir sa vulnérabilité ? Dans un premier temps, il ne fait que hocher la tête, avant d’agripper à son tour le tee-shirt d’Ao. « Si tu veux te lancer là-dedans avec moi, je serai le plus heureux des hommes. C’est niais, et c’est cliché, tout ce que tu adores je sais. » Il rit un peu, chassant une larme roulant sur sa joue avant de reprendre. « Je sais qu’on n’a pas le quotidien le plus facile ou les vies les plus… saines. Mais j’ai envie de fonder une famille avec toi. On en a déjà une, je le sais, mais… j’ai envie d’avoir un bébé qui est à nous. Un petit mélange de toi et moi, un… Lynch-Evans. Ou Evans-Lynch, qu’importe. Si tu es sérieux, je le suis tout autant. » Le sourire qu’il lui lance est timide, comme s’il n’osait pas vraiment admettre qu’il s’agit là d’un de ses plus grands rêves. Comme quoi il n’en faut pas grand-chose pour lui qui a jadis foulé les grandes scènes d’Europe. « Et regarde-toi, tu as fait tes devoirs ! » Cette fois le rire est bien plus franc, tandis qu’il se penche pour prendre le premier pamphlet qui lui tombe sous la main, tout en restant bien calé contre Aoden.

Sa réaction est positive et ça me soulage. Il semblait y croire malgré mon côté désinvolte. Et j'admets, petit vent de panique qui se crée en moi. Un bebe à nous. La crainte que mes enfants ne soient pas les siens ou pire qu'ils n'acceptent pas ce fameux bebe de leur côté. Enfin, je refuse de faire des plans sur la comète, une discussion va devoir se faire impérativement. Enfin, le si je suis sérieux me fait grimacer. Et même s'il réagit bien et m'arrache un sourire, ça me chafouine un peu. - Tu penses que je blague Evans ? Le ton est plus sec que je ne l'aurais voulu. Je me racle la gorge. - Je la refais. Est-ce que tu penses que je te fais une farce Isaac ? Quand tu dis un bebe à nous .. Comment tu perçois mes enfants du coup ? Mes petits sont tout pour moi. Autant que ce bebe le sera. - Tu comptes faire .. du favoritisme ?

Quelque chose dans l’expression d’Aoden, il suffit qu’il observe son visage pour le voir, et ça le fait reposer immédiatement la brochure qu’il avait prise. Le ton sec le brusque un peu, Isaac perd son sourire, fait un pas en arrière pour laisser à son compagnon la distance de réfléchir, de reformuler puisque apparemment il en a besoin. « Non, je sais que ce n’est pas une blague. Je me suis posé la question, parce que comme tu dis, on n’en a pas toujours parlé sérieusement, mais quand je vois tout ça… » Il sourit, amusé, en montrant d’un geste tous les papiers sur son bureau. Mais Aoden continue, et bien vite il comprend que la conversation est bien plus sérieuse. « Quoi ? Bien sûr que non. » Le mot “favoritisme” est tellement négatif, tellement cruel qu’il a du mal à croire que ça puisse être un sujet de conversation en cet instant. « Ao, tu sais que j’aime tes enfants. Je n’ai pas eu beaucoup d’occasions de passer du temps avec Heaven, c’est vrai, mais ça ne change rien au fait qu’il fait partie de ma famille. Et Lena aussi, je l’aime comme ma fille. » Il fallait que ce soit dit, apparemment, mais maintenant que les choses ont été expliquées il a besoin de quelques secondes pour savoir comment formuler les choses. « Le fait est tout de même que je ne les aies pas élevé. Je les aime, mais ils sont grands, ce sont tous les deux des adultes. Ils vivent leurs vies, ils évoluent. Et Cloé, bien que je l’ai vu naître, elle n’est pas ma fille, elle ne le sera jamais. Je sais que c’est ridicule, que c’est bête, peut-être un peu égoïste aussi… Mais je ressens l’envie d’avoir un bébé. Un enfant qu’on élèvera entièrement, toi et moi. Qui aura un grand frère, une grande sœur et une cousine qui l’aimeront très fort aussi. » Il se demande si ça fait sens soudainement. C’est un instinct qu’il n’arrive pas entièrement à expliquer, un besoin qu’il ressent au fond de lui, naturel finalement, mais sans doute un peu étrange. Il a envie de faire les choses de A à Z, de bien les faire.

- Effectivement avoir un être pour soi crée par soi entre guillemets, c'est différent que d'accompagner dans la Vie de tous les jours. Et je ne pensais pas que ton besoin de paternité demeurait bien plus .. nécessaire. Et je suppose que tu as attendu que je sois prêt à pouvoir l'entendre et que ça fasse mon chemin alors que moi j'ai deux enfants - oui adultes - plus ou moins à charge. Je suppose que j'ai été égoïste en n'ayant pas fait plus attention à ton besoin. C'est juste que comme tu l'as dit, si on a un enfant, je veux qu'il ait une place et que personne ne se sente lésé. Enfin on en parlera aux petits quand on saura comment procéder. Parce que, je veux bien d'un bebe à nous et te voir te lever toutes les nuits mais j'arrive pas à déterminer ce qui est le mieux dans la conception. Et j'ai beau relire les brochures, la décision m'échappe.

Ca le fait sourire cette réaction, il se dit que décidément, ça doit être ça l’amour. Ils sont tous les deux déterminés à faire passer le bonheur de l’autre en premier. A nouveau il s’approche, pose sa main contre la joue d’Aoden. « On a déjà une famille. Et je pense que les enfants seraient heureux pour nous, si on décidait de l’agrandir, mais je suis heureux avec ce qu’on a déjà si toi ça te suffit. » Parce que les nuits seront courtes, les moments d’intimité beaucoup plus rares. L’arrivée d’un bébé se fera sentir sur leur couple mais également sur le rythme de leur famille, c’est indéniable. Un baiser posé sur la joue d’Ao avant qu’il ne fasse le tour du bureau pour regarder toutes les brochures. « On va étudier ça. Je ne pense pas avoir de préférence personnellement. J’ai été adopté et mes parents ne nous ont jamais fait sentir… différents ou quoi que ce soit d’autre. Ils nous ont aimés et tout donné. On pourrait aussi avoir recours à une mère porteuse, ça veut dire que l’un de nous pourrait être le père biologique. Lena pourrait avoir un double. » Ca le fait rire d’imaginer ça, un·e enfant qui ressemblerait à leur fille déjà grande. « Dans ce cas-là il faudrait partir à la recherche d’une femme qui accepterait. Et je préfèrerais que ce soit quelqu’un qu’on ne connaisse pas, dans ce cas-là. Quelqu’un qui ne chercherait pas forcément le contact après. » Il imagine que ça doit être dur de vivre une telle séparation, mais le modèle parental qu’il a reçu lui a montré que la biologie n’est pas si importante que ça.

C’est ce qu’il y a de bien avec Evans ; il m’apaise. Une caresse et il fait taire la tempête. Ca a ete dur a admettre mais plus que jamais j’ai besoin de lui pour contrebalancer cette rage se tapissant en moi. Il ne sait pas qu’il en est devenu le verrou. Je hoche la tete a ses propos « - Ce n’est pas une question de se suffire je dirais mais de se sentir complet. Et tu as le droit de ressentir ce sentiment tout comme je le vis avec les grands. C’est indéniable Heaven et Lenaig ont insufflé une vision que je n’avais pas avant leur arrivée. Meme si l’un s’en était allé pour le boulot, il a toujours demeuré mon leitmotiv et sa soeur n’a fait que renforcer ce besoin de les mettre a l’abri. - si on passe par une mere porteuse, tu seras le père biologique. Je veux un mini Evans moi. Et .. J’ai envie que ce soit toi. De mon point de vue, c’est symbolique et important. Enfin t’as compris tu vas donner tes soldats et ta genetique. Et ok, pas de contact. L’adoption me va aussi .. Mais où et .. ca me creve le coeur de pas adopter tous les enfants. Alors je sais pas. Est-ce que c’est une chance d’avoir été adopté pour toi ? » Je finis par le lever et le faire asseoir sur moi, une fois que j’ai repris place sur le fauteuil. J’aimerais lui dire que je suis effrayé, par l’idee de le décevoir, de pas être impliqué suffisamment. Mais en le voyant aussi heureux, je me tais.

Y-a-t-il quelque chose de plus séduisant que d'entendre l'homme qu'on aime parler de son amour pour ses enfants ? Isaac en doute à cet instant, il fond en écoutant Aoden parler, en se rendant compte à quel point il a changé depuis qu'il a appris que Lenaig était sa fille. Son fils était déjà entré dans sa vie évidemment, mais comme il le dit Lena a renforcé un instinct en lui, quelque chose qu'Isaac comprend, ressent avec Cloé, mais il ne se sent pas légitime d'agir ainsi avec sa nièce. Et maintenant Ao lui parle d'adopter tous les enfants… Isaac sourit en grand, traduisant en un seul geste tout le bonheur qu'il ressent dans cette conversation. Il suit le mouvement, se lève puis se replace sur Aoden, passant un bras autour de son cou pour se maintenir mais également pour sentir la proximité. « Je ne sais pas, je n'ai jamais vu ça comme ça. » Il prend le temps de réfléchir à la question, jouant avec les cheveux de son homme pour l'aider à formuler les choses. « Je n'ai jamais cherché à savoir qui sont, ou étaient, mes parents biologiques. Je n'en ai jamais ressenti le besoin. Mes parents sont ceux qui m'ont élevé, qui ont été là pour moi à chaque étape de ma vie. Je n'ai aucune idée de la vie que j'aurais eu si j'étais resté au Mexique avec ma famille biologique, de si elle aurait été mieux, ou moins bien. Mais je considère que j'ai eu de la chance oui, parce que je ne peux pas imaginer de meilleurs parents que ceux que j'ai. » Isaac fait une pause, un petit sourire aux lèvres. Finalement peut-être qu'il a été chanceux en effet, et que l'adage disant qu'on ne choisit pas sa famille a été sympathique avec lui. « Mais j'imagine que ça dépend des enfants. Quand Izzy est tombée enceinte, Casey a voulu en savoir plus. Ça l'a toujours plus questionné que moi tout ça, il voulait savoir d'où on venait, peut-être aussi pour savoir ce qu'il transmettait à Cloé… je sais pas. » Un haussement d'épaule, comme pour chasser les quelques images néfastes qui s'imposent à lui. Une incitation génétique à l'addiction, voilà ce qu'il pourrait potentiellement donner à leur enfant si c'est lui qui donnait la graine. Mais l'autre revers de la médaille n'est pas très beau non plus. « Ce serait un peu… je n'ai pas les bons mots pour le dire, mais je ne sais pas si j'aurais la bonne réaction si notre enfant adopté voulait faire des recherches sur sa famille biologique. Ce serait nous sa famille. » Et en même temps comment pourrait-il lui en vouloir ? Il est naturel de vouloir savoir d'où l'on vient, de se poser des questions sur ses ancêtres pour comprendre un peu mieux son propre corps et sa propre vie. « Peut-être qu'on pourrait prendre un rendez-vous chez un médecin ? Déjà pour s'assurer que nos soldats, les miens et les tiens, sont en pleine forme. Et ensuite poser des questions sur les différentes étapes, savoir comment on fait ? » Nul besoin de se faire de faux espoirs s'il ne peut pas avoir d'enfants de cette manière là.

Je lève les yeux un instant comme si je pouvais voir le shampoing que subisse mes cheveux. Bon, ça ne me dérange pas dans l'absolu si ça aide à la réflexion, mais ça m'a toujours fait rire et donné envie de tout raser pour le faire chier. Mais c'est l'hiver donc, je vais les garder encore un temps. Mes pupilles reviennent sur lui, l'écoutant précieusement. Grand tournant dans notre Vie, je ne devais pas me disperser. Je souris et le serre contre moi quand il évoque ses parents adoptifs et tout l'amour qu'il leur porte. Ce que je ne vivrais jamais, mais j'accepte l'issue de l'abandon vécu. - Et toi, tu ne veux pas en savoir davantage sur tes origines ? Et pouvoir les apprendre et les transmettre ? Je considère sa vision sur le fait que le possible môme adopté daigne vouloir connaitre sa génétique également. - Je comprends ta crainte mais je suppose que ce n'est pas parce qu'un enfant retrouve ses racines qu'il tournera le dos aux personnes qui l'ont accompagné tout au long de sa Vie. Après oui, j'aurais cette crainte que ça se réalise mais c'est aussi offrir une Vie à un enfant qui a été abandonné, ce n'est pas rien. Tout peut arriver mais on sera sa famille quoi qu'il arrive. Je viens déposer un baiser chaste sur ses lèvres, sentant bien que ça resterait sensible pour lui. On bifurque sur la méthode naturelle et je hoche la tête. - Je te laisse prendre rendez vous alors et cracher dans le récipient, je suis même prêt à t'aider.

Rien n’avait vraiment prédit cette conversation, Isaac ne pensait pas qu’elle arriverait aujourd’hui, ni un autre jour d’ailleurs. Si avoir un enfant était une question qui le travaillait depuis des années, il tentait de ne pas trop y penser et de ne rien espérer, sachant bien que ça n’arriverait peut-être jamais. Et pourtant le voilà, assis sur les genoux d’un Aoden patient et attentif, qui pose des questions qui le font chavirer et réfléchir à des sujets importants. Il y a des questions auxquelles il n’avait lui-même jamais vraiment pensé, mais maintenant qu’elles sont au cœur de la conversation, il se sent euphorique et totalement retourné. « Honnêtement, non, ça ne me travaille pas. Je comprends qu’on puisse vouloir savoir d’où l’on vient, mais j’ai déjà la sensation d’avoir tout ce dont je pourrai avoir besoin. J’ai une famille que j’aime, à la fois grâce à mes parents, ma belle-sœur et ma nièce, mais aussi grâce à toi et tes enfants. La culture que je veux transmettre, c’est celle qui m’a été transmise aussi. Un amour pour la musique, un goût pour les graines que tu aimes tant et une initiation à la zumba… » Son sourire s’agrandit sur cette dernière partie et il se met à rire arrivé à la fin. Il y a bien plus que ça dans les choses qu’il veut transmettre, il fondrait par exemple en voyant Aoden enseigner le tricot à leur enfant. Et qui sait, peut-être que si un jour ce même enfant lui demande d’où il vient et qu’il est curieux de sa culture biologique, ils pourront faire des recherches ensemble. « Tu as raison, c’est important aussi d’aider un enfant qui en a besoin. » Il hoche la tête, retrouvant son sérieux en analysant les yeux d’Aoden. Lui n’en sait pas beaucoup sur sa famille biologique, il n’en garde pas vraiment de traces et les personnes qui l’ont élevé se sont retournées contre lui dès qu’il a fait un pas de travers. Isaac se sent privilégié, un peu trop sans doute, et il se rend compte qu’en ouvrant un tel sujet ils se retrouvent face à des dizaines de questions qu’ils n’avaient pas anticipé. Mais rien ne sert de prendre une décision avant d’avoir toutes les clés en main. « Ah oui, tu m’aiderais à faire ça ? Ce serait vraiment généreux de ta part. » Une lueur espiègle s’allume dans ses yeux tandis qu’il se lève, le temps d’une minuscule seconde, avant de se rasseoir sur lui, cette fois une jambe de chaque côté et son torse contre celui d’Ao. « Il faudra peut-être qu’on s’entraîne avant alors, pour être sûr que tu aies la meilleure technique le jour fatidique. » Il sourit avec un sentiment d’être comblé et heureux, avant de se pencher légèrement pour capturer les lèvres de son amant. Tout n’est pas réglé, mais ils en ont déjà déblayé une bonne partie, non ? « Peut-être qu’avant que je prenne rendez-vous, tu veux en parler aux enfants ? Pour qu’ils sachent, et qu’on connaisse leur avis sur la question. » Ca lui tiraille le cœur à Isaac, mais si les grands sont contre l’idée alors il sait que leur projet s’arrêtera là. Alors autant le savoir avant de se mettre à rêver trop grand.

Etrangement l'entendre dire mes enfants me fait tiquer mais oui ce sont les mien.nes. Est-ce que j'espérais qu'il dise nos ? Peut-être un peu mais c'était mes bébés, bien qu'il avait été d'une véritable aide y'a un de cela. Enfin, je peux aussi le comprendre dans ce sens-là et l'envie de partager la paternité avec lui se fait davantage sentir et le voir prononcer un notre un jour. Je hoche la tête à ses explications concernant ses origines et je n'en trouve rien à y redire. C'était son rapport à lui avec sa naissance. - Je comprends et je respecte. Affaire conclue. Moi le premier, j'ai abandonné l'idée de chercher à quel humain j'étais issu. Bien sûr, il pourra changer d'avis à tout moment mais c'est une initiative qui ne regarde que lui, je dirais. - Mets toi la au cul ta zumba.. Je n'en ferais pas .. Publiquement. Je sais que c'est son fantasme mais je résisterais jusqu'au bout. - J'en ferais aux 18 ans du gosse, si tu veux. Ca laisse le temps de m'y préparer mentalement. J'aurais 58 ans, l'idée lui sera passée - pour une pire qui sait. Le sujet s'allège par ma faute mais c'est aussi une très bonne manière de le traiter. Le corps frissonne quand Isaac prend ses aises. Il n'en fallait pas beaucoup pour me faire réagir. - On va beaucoup beaucoup beaucoup s'entrainer, je suis volontaire. Le sourire disparait à demi quand il évoque les ainé.es. - Oui, je préfère avoir leur retour avant de nous positionner concrètement. Si ils venaient à dire non, que feras-tu ? Moi, je pourrais survivre mais lui .. Est-ce que ça marquerait la fin de notre couple ?

La conversation devient un peu plus légère et Isaac rit en entendant Aoden grommeler. Ça l'amuse beaucoup de le taquiner avec cette histoire de zumba, pas autant que s’il acceptait de l’accompagner au moins une fois à son cours, mais tout de même. Au fond ce ne n’est qu’une plaisanterie, comme les nombreuses qu’Aoden lui fait. « Elle n’est pas pour toi l’initiation ! Je pourrais enrôler notre enfant et tu auras toute une équipe de zumba dans ta maison. J’ai déjà réussi à amener Lena avec moi. » Il lui lance un air de défi, comme s’il s’agissait là d’une vraie menace. Non, au fond ça ne traduit que le fait que la fille et le beau-père s’entendent à merveille et font des activités ensemble en dehors des quelques repas familiaux par semaine. Une information qui ravira sans doute le père, espérons-le. « Alors ça, oui ! Je veux même un spectacle. Pour ses dix-huit ans, il faut marquer le coup. » Le sourire s’agrandit encore, avant qu’il ne se penche pour poser un baiser sur ses lèvres. Dieu qu’il se sent bien dans les bras d’Aoden. Un bien être qu’il ne pensait pas réel. Après le baiser relativement chaste, Isaac se replace, une jambe de chaque côté, appréciant d’autant plus la réaction qu’il recueille. Peut-être finiront-ils cette discussion par autre chose que par des mots. « Je n'attends que ça coach. » Que l’entraînement commence, quand il veut ! Mais avant cela, il y a une dernière question à soulever. Le fait d’avoir un enfant ne regarde qu’eux, et pourtant ils ne sont pas les seuls dans l’équation. Dans d’autres circonstances, l’avis des enfants déjà présents ne compterait pas, mais dans cette situation, Isaac a bien conscience de leur importance. Son sourire se crispe, il hausse les épaules, passant ses doigts à nouveau dans les cheveux de son homme. « Je serais déçu, je ne vais pas dire le contraire. Mais la vie continue. Jusqu’à il y a encore quelques mois, je ne pensais pas qu’un jour on parlerait d’enfants. J’avais fait une croix sur cette possibilité dans ma vie. Alors si les grands disent non… je retracerais la croix et n’en parlerais plus. On est déjà heureux comme ça, non ? » Et pourtant, à l’idée qu’ils puissent faire marche arrière, Isaac regrette. Finalement peut-être qu’il aurait aimé qu’ils n’en parlent pas aujourd’hui, pas avant de savoir s’ils ont l’autorisation ou non.