spectre ((marvin))

« Right within your heart, it's beginning to look a lot like Christmas toys in every store but the prettiest sight to see is the holly that will be on your own front door. Sure, it's Christmas once more. » finissait de chanter l'enchanteresse, alors que sa voix n'avait aucun accord avec celle de Michael Bublé. Une petite improvisation alors que l'appartement résonnait de son silence. Loin d'être le genre de personne à aimer rester là sans rien faire, Billy sortie tout son matériel pour tourner une vidéo. Offrant ainsi un cadeau à tous ses followers. Rien de tellement gros, un simple concours pour passer une journée avec elle, mission shopping. Un énorme pull coloré qui démontrait qu’elle n’avait pas peur de se ridiculiser, maquillage allant de pair, elle se filmait devant cet arbre encore chatoyant malgré les cadeaux disparus de sous l’arbre, ouvert la veille par ses colocs et elle-même. Les mots coulaient sous la pluie d’emojis, tous ces gens qu’elle attirait sur sa page semblaient boire ses paroles jusqu’à ce qu’un coup résonne sur sa porte. Intriguée, elle laissa le live continuer alors qu’elle allait ouvrir la porte. Lui. Lui qui se tenait devant elle. Le passé mordant ses souvenirs et le sifflement de son téléphone qui chutait de ses doigts pour atterrir sur le sol entre eux. « Que… » soufflait-elle sans trouver les mots pour cette situation.

Instinctivement, tu ramasses le telephone, et le remets dans sa main. Tu retires aussitôt la tienne, comme si tu allais la tâcher. Comme si tu n'aurais jamais dû être là. Venais-tu d'assombrir son quotidien à l'instant où tu as posé tes billes sur elle ? Tu devines la surprise. Après tout, presque dix ans si ce n'est plus, sans vous être revu.es. Tu ne sais pas quoi en penser. T'aimerais lui dire des excuses mais ce n'est pas ton genre. Elle a fait sa Vie, elle semble bien. Tes yeux analyses tout son être. Tu restes con, tu sais pas quoi dire. Puis ton ventre le fait pour toi. - Tu aurais du pain pour moi ? La voix tremble. Tu te racles la gorge sans pour autant bouger. - C'est pas obligé. Je peux partir. Tu réalises que tu venais de t'imposer, tu peux redevenir un fantome après tout.

Ses doigts se glissant autour du téléphone qu’il venait de poser entre ses mains. Un geste poli, une agonie pour elle, elle qui restait sans voix face à un fantôme longtemps oublier. Les secondes s’égrenaient rendant le silence lourd. Quoi dire ? Quoi faire ? Ça semblait être des choses évaporées le moment venu. Pourtant, elle avait imaginé tant de fois leur retrouvaille. À ce moment tous les scénarios qu’une fois elle avait imaginé n’existaient plus. Sa voix résonnait en elle, était-elle comme dans ses souvenirs ? Elle ne savait plus. « C’est tout ? » Question courte qui rugissait sa colère. Il venait de réveiller la bête et retroussant ses lippes, elle venait appuyer son index contre son torse. « Tu te fous de moi ! Après tant d’années, tu me demande du pain ou tu offres la possibilité de partir. » Le ton haussait, le cracha du félin bafoué grognait dans ses entrailles. « Monsieur revient la bouche en cœur et demande du foutu pain ! » Disque qui semblait être rayé, sautait sans fin sur le mot pain. Il aurait pu lui offrir mieux à elle qui fut jadis celle à qui il avait promis d’être là.

Tu restes stoïque. C'est vrai t'as pas dit s'il te plait. Tu fixes son index. Tu soupires. Tu ne sais pas comment réagir. - Autre chose .. si t'as pas de pain .. S'il te plait. T'as pas cerné le problème. Tu penches la tête, tu fais la moue. - C'est quoi le problème .. Je vois pas. Et c'est vrai. T'es parti, t'as pas eu de nouvelles - ou tu ne le sais pas - et oui tu reviens parce qu'il n'y a qu'elle qui peut t'aider à te rappeler de vous, de cette Vie d'avant. - T'es pas .. contente si je comprends bien ? Ca te semble tellement flou sa réaction.

Jugement. Ô oui, la poupée elle jugeait fort à cet instant. Orbes fixant son aîné alors qu’elle se demandait s’il était sérieux. Il en avait l’air en tout cas, mais il ne semblait pas réaliser l'étendue de ce qu’il disait. De quoi la mettre hors d’elle. « Tu vois pas ! T’es raaaaaaaaaaaaaaah ! » rugissait-elle en le fixant de ses billes de plus en plus sombres. « Non je suis pas contente. » Ça sonnait comme un enfant boudeur. Peut-être l’était-elle, boudeuse. Il mériterait qu’elle lui claque la porte au nez, seulement, elle ne pouvait pas. C’était la famille et la famille comptait à ses yeux. Elle aurait sans doute préféré des retrouvailles plus adorables que la demande de pain. Inspirant puis expirant, elle reprenait la manœuvre une ou deux fois avant de darder son regard sur lui. « Tu sais pourquoi je ne suis pas contente ? » Ooooh il le saura d’ici quelques secondes s’il ne comprend toujours pas. « T’es parti sans rien dire, comme ça pouf. Tu m’as laissée seule. J’ai été seule avec elle ! Puis tu reviens et tu demande du pain, t’as un putain de culot Marvin ! » qu’elle crachait avec rage.