plaything -- Karma

Type d’article à la noix qui ne dépend pas de lui, qui n’est en rien son domaine d’expertise ou un centre d’intérêt. Tomás n’en a rien à faire de la peinture, du dessin ou de la sculpture, pas sur son temps de travail en tout cas. En dehors de cela, il pourrait se faire traîner dans une exposition et apprécier ce qu’il voit, il pourrait déambuler entre les œuvres pour une heure ou deux et se perdre dans un imaginaire qui n’est pas le sien. Il ne le fait jamais, mais il pourrait. Ecrire dessus par contre, lui qui aime décortiquer les crimes, interroger la police, mener ses propres enquêtes pour savoir quels mots poser sur la page, c’est hors de question. Sauf qu’on lui fait comprendre qu’il n’a pas le choix. Enfer d’être salarié et non en freelance, il ne choisit pas toujours Tomás, on lui impose des sujets, lui demande de sortir de ses habitudes. Qu’importe que sa spécialité soit l’investigation, un autre zozio de la rubrique culturelle est malade, alors il faut quelqu’un pour remplacer. On lui a donné l’adresse, sans qu’il sache vraiment ce qui se cache derrière. Un artiste-peintre, plutôt jeune, assez talentueux. Son nom commence à être murmuré sur pas mal de bouches, mais Tomás en l’entendant il se dit juste que ça doit être un prénom difficile à porter ça, Karma. Quelle idée. Nom de scène peut-être ? Il pourra lui poser la question, commencer son interview ainsi, ça lui fera au moins une question à poser, avant que l’artiste ne se rende compte qu’il est venu les mains dans les poches. Chez lui en plus, rien que ça. Parce que l’immeuble, le journaliste le connaît, il a des amis qui vivent ici. Ca le fait soupirer d’avance de se dire qu’il s’enfonce dans un piège, il déteste cette sensation de ne pas être prêt à toutes les éventualités. Mais il arbore son sourire, celui qui charme, celui qui flirte, pour frapper à la porte de l’appartement. « Bonjour. Tomás Bulhões, journaliste pour le Times-Picayunes. J’ai été chargé de faire un article sur vous. » Il attend, scannant sans vergogne l’homme de haut en bas. S’en sortir en jouant ne va finalement pas être si compliqué que ça, et son sourire s’agrandit un peu. « On fait ça ici ? » Est-ce qu’il utilise l’espace seulement pour peindre, ou vit-il ici à plein temps ? Qu’importe, pour réussir le brun devra voir quelques-unes de ses œuvres alors il préfèrerait ne pas redescendre pour aller dans un café quelconque.