blesse-moi. (scar)

blesse-moi

vide.
tu l’es.
le cœur en latence, l’âme en errance. l’esprit qui balance. tu sautes à pieds joints, chaque fois plus fort, dans l’tourbillon de cette danse. effrenant toujours plus la cadence. et tu te perds un peu plus, Blake, te mettant toujours plus en transe. faisant fi de tout ce qui t’entoure comme si jamais cela ne pouvait t’atteindre. t’étais si fort pour ça, émotions scellées et volontairement jetées dans l’fossé. mais aujourd’hui t’es si faible. trop. et voilà que tes doigts pianotent trop vite sur le téléphone. destinataire qui t’obsède un peu trop depuis que tu l’as revue. ta femme. tu ne sais pas dire si c’est la consonance qui te plait de l’entendre ou si c’est le sens du mot vient adorer tes pensées. oui, vide. car l’image t’obsède mais tout te retient de ne pas t’y aventurer. tu pourrais en perdre des libertés. de celles que tu n’es pas prêt à renoncer. ça te ferait éprouver autre chose que la légèreté. un sentiment que tu n’as plus voulu ressentir depuis dix ans. un peu plus maintenant. lorsque Jasper a dégagé de vos vies. ce vide que tu ressens te plaisait jusqu’à maintenant. tu te complaisais à t’être fermé à ces sentiments de dépendances. l’amour. la mort. voilà ce qui en résultait. là dernière fois que t’étais tombé là-dedans, t’étais parti. laissant derrière toi tout le monde. et surtout Sacha. aujourd’hui tu payais grassement les pots cassés. c’est pas comme si t’avais le choix. donc étais-tu prêt à revivre ce bordel ?

question qui fâche, mec. et tu décides de rompre de suite la conversation sms avec Scar. tu n’aurais pas dû la contacter. et pourtant c’est bien trop fort. ça comprime trop de choses sous ta carcasse. un bourdonnement aigre. insoutenable. faut que tu zappes tout ça. penser à cette femme c’était comme une descente aux enfers. dangereuse mais inéluctable. obsession du vide mais qui te coute la vie. il faut que tu te concentres ailleurs. une échappatoire pour la soirée. la nuit.

il est tard. t’as légué les platines ce soir, heureux de ce temps off, pour céder à un autre. t’as eu droit aux meilleurs moments. maintenant tu peux souffler. tu changes d'air après avoir laissé ce groupe d'amis. les pastilles colorées léguées sous ta langue par Alyssa font effet. oui, la jolie serveuse. tu l’as déjà rejoint vers son comptoir. le torchon qui glissent entre ses doigts habiles, elle s’avance vers toi accompagnée de ce regard qui ne trompe personne. oubliant la petite foule que la seconde barmaid se prend toute seule pour la peine. « monsieur le dj a soif, on dirait. » tu commences à le connaitre son air aguicheur. ses jolis yeux noisettes qui brillent quand tu sais lui faire plaisir. elle est mignonne. et avec elle, c’est simple. et sans rancune. tout ce qu’il te faut là. « si tu savais… t’as quoi pour moi ? » que tu lances, provoquant. la douce MD fait son travail sur tes synapses. te réveille fougueusement. ta nuit démarre maintenant, électrisant ton cerveau. c’est le moment de t’échapper ailleurs. laisser les détails loin derrière. la petite brune aux cheveux longs se penche vers toi. son débardeur noir et le mouvement de ses bras t’exposent maintenant ses meilleurs atouts. vue suggestive sur la naissance de cette poitrine hypnotique. « le meilleur, Lewis, voyons ! » tu souris à ce murmure si suggestive. douces obscénités que t’imagines si bien dans une arrière salle de la boite à présent. « un rhum colombien… et une tournée sur ta prochaine pause alors. » que tu réponds du tac au tac, les yeux fiers sur elle. tu la vois mordiller sa langue en souriant - apparemment ravie par la réponse - avant qu'elle retourne aider sa collègue qui croule sous les demandes. ça dure dix minutes, le temps de siroter ce liquide généreux qu’elle t’a servi, et tu vois qu’elle signale à l’autre serveuse qu’elle prend sa pause. le rush est passé. et à peine t’a-t-elle rejoint que tu l’attires sur la piste de danse, mais bien à l’écart de la foule compact aux pieds du dj. vous êtes à peine éclairés. il y a du monde, mais sans plus. l’espace est parfait pour bouger. d’ailleurs sous les flots de basses ryhtmées, Alyssa vient se coller à toi. jouant des hanches à l’encontre des tiennes. tu saisis sa nuque, lui faisant levé le menton vers tes lèvres. mais c’est elle qui parle « tu veux venir chez moi tout à l’heure ? » t’apprécies son entrain. et ça te fait sourire royalement.