We don't gotta be solo (wren&elie)

"Ça valait bien la peine de me teaser si c'est pour venir en survet'." T'as fait zéro effort pour ta tenue et tu te pointes ici avec la ferme intention d'obtenir un verre de champagne. Je montre du menton la place que je t'ai réservée au bar, et te sers un shot de vodka pur. "Tiens, ton verre d'eau." Ça a la même couleur.

Au fond, ça m'arrange que tu sois venue dans ces fringues, parce que je suis pas non plus habillée pour un date. Enfin, c'est un date, d'après ce que tu m'as dit. Un date qui mènera seulement à du cul, certes, mais un date tout de même.
Tu t'es faite désirer une bonne partie de l'après-midi, à jouer avec mes nerfs et à t'amuser à m'accuser à tort et travers. En fait, jusqu'à ce que tu te pointes, j'étais franchement pas sûre de te voir ce soir. Parce que vu que tu retournes vivre chez ton cher ex, je m'étais préparée à ne plus te revoir pendant des mois.

Je te sers une deuxième tournée et fais péter le shot pour moi aussi. C'est pas quelques verres offerts qui ruineront le propriétaire du Old point. Serveuse ou pas serveuse, je m'en pète un rein de consommer pendant mon service. Je compte faire mon taf correctement ce soir, donc j'ai rien à me reprocher. Puis, j'ai surtout bien besoin d'être alcoolisée. Ça fait longtemps, toi et moi, mais moi tout court aussi. La dernière fois que j'ai été en contact peau contre peau avec quelqu'un, c'était pour avoir une petite prime. Il est plutôt cool le boss pour ça, une pipe et j'encaisse un peu plus en fin de mois. Mais je veux pas vivre comme ça indéfiniment. Il est vraiment temps que je me tire de cette caravane. Il me reste plus grand chose à payer pour les frais d'hospitalisation de ma mère, et si tout se passe bien, dans deux ans, je suis libre.

Le rythme est soutenu ce soir, et j'ai peu de temps à te consacrer. Tu t'y attendais toute façon. "T'es toute nue en dessous?" je te glisse à l'oreille entre deux commandes, en référence à nos messages échangés plus tôt. " Ou t'as mis des sous vet' aussi sex que ce survêt ?" C'est pas l'emballage qui compte, mais le papier cadeau peut être utile aussi.


@Wren Killslast

Elle n'arrête pas d'y penser et de se sentir complètement stupide ; tant pour avoir proposé que pour se sentir aussi insignifiante et inadéquate face à elle qui l'a vue nue une bonne cinquantaine de fois. C'est Elie, putain, se morigène-t-elle sans que ça ne la rassure le moins du monde ; s'il y a une personne qui ne la regardera pas différemment à cause de son bras, c'est sa coloc, et s'il lui faut parier sur la personne qui la trouverait la moins moche même avec un moignon infecté, elle parierait sans doute sur celle qui avait eu ce petit crush sur elle il y a des années de cela. Elles n'en avaient jamais parlé, parce qu'il n'y en avait pas eu besoin, pas plus qu'elles n'en avaient eu l'occasion : Elie avait eu Charlie, puis personne, puis Charlie, puis personne puis Charlie encore, puis Wren avait rencontré Mantas, l'avait trompé avec Elie qui était toujours sur Charlie partie pour de bon cette fois, et à partir de ce tabou franchi elles n'avaient plus osé aborder, sous-entendre ou même frôler le sujet, parce que tout était trop vif, trop frais, et trop embarrassant.

C'était elle qui avait franchi la barrière sur un ton particulièrement désinvolte et, Elie étant égale à elle-même, elle avait aussi bien réagi que si Wren l'avait informée qu'elle avait conduit sa caisse sur l'autoroute à 250 devant tous les radars. Elle ne s'était pas attendue à une engueulade, bien que ce mode de discussion rythme à peu près tous leurs échanges ; elle avait encore moins espéré qu'Elie finisse par la relancer sur sa proposition. Wren s'était donc tenue à sa promesse : pas de date, même du genre qui ne voulait rien dire ; donc pas de fringues grandiloquentes ou d'effort particulier en terme de maquillage, rien que ses plus beaux sous-vêtements – davantage par fierté que pour s'offrir comme un Kinder surprise. Rien ne garantissait qu'elles finiraient dans le même lit, d'ailleurs ; elles étaient un peu trop capables de s'écharper à nouveau au prochain mot de travers. La sobriété était donc de mise ; outre dans son verre, qu'elle baissa de ses lèvres avec une moue surprise : « T'aurais pu prévenir, merde. » Autour d'elles le bar est rempli, et Wren, juchée sur son tabouret, remue son verre comme pour en apaiser l'odeur de vodka. Elie est là puis elle ne l'est plus, elle laisse traîner une main fantôme sur sa taille avant de disparaître tout aussi vite et Wren en frissonnerait, si elle n'était pas aussi facilement impatiente.

« Faudra vérifier par toi-même », qu'elle réplique, son plus beau sourire aux lèvres alors que la jeune femme revient vers elle, brièvement. C'est toujours trop court et Wren s'en sent incroyablement frustrée ; elle serait prête à partir, si ce n'était pas Elie et qu'Elie ne passait pas au-dessus de son impatience éternelle. Mais si elle était un peu plus méfiante, elle soupçonnerait presque qu'Elie prenne son temps à ranger pour la frustrer en retour. « T'es enfin prête ? » qu'elle lance dans un soupir sans relever les yeux alors que la blonde revient dans la pièce après avoir rangé la réserve. Il n'y a plus qu'elles deux, les clés de l'entrée sur le comptoir et le verre de vodka que Wren a rerempli de son propre chef quand la barmaid avait le dos tourné. « J'vais pas te mentir, je m'attends à moitié à ce que tu me dises que tu te foutais de ma gueule et que tu me laisses rentrer seule. »

@Elie Johnson

T'as été patiente ce soir, j'attendais pas autant de ta part. T'es restée jusqu'à la fermeture, c'est que t'as vraiment envie de cul, hein ? Je les ai vu, tes petits regards sur ma silhouette. Je t'ai sentie te tendre un peu quand mes mains se posaient furtivement dans le bas de ton dos à chacun de mes passages. Et puis, je t'ai observée t'impatienter sur ta chaise pendant que je finissais de ranger. Fallait te manifester plus tôt, Wren, si vraiment t'en avais envie. Fallait pas attendre le dernier soir avant que tu ne repartes coucher avec ton ex épicé au SIDA.

Je sais pas ce qui t'a pris cet après-midi, mais t'as décidé de crever l'abcès et de tenter le tout pour le tout. Sans doute que tu te sentais en sécurité parce que tu savais que t'allais avoir un endroit où crécher dans tous les cas. Mais je m'en fous. Moi aussi j'ai envie de toi. Et toi, t'as l'air de vouloir rentrer rapidement.

"Madame a faim ce soir dis donc ? T'as bientôt tes règles ou quoi?"

Tu t'es resservie, mais t'en a pas versé une goutte pour moi. Je me satisfais seule, réchauffe mon gosier du liquide alcoolisé, mais j'espère ne pas avoir à m'occuper seule de moi tout au long de cette soirée, Wrenichou. "Ça aurait été tentant, ouais", te faire chier et te pousser à bout, c'est toujours fun, "...mais l'autre alternative est plus intéressante encore." Je m'attendais pas à ce que tu me le proposes d'ailleurs, vu comme ça s'était terminé la dernière fois. Je pensais pas que tu voulais réitérer et te mettre à nouveau dans une position inconfortable, mais t'as décidé de me surprendre.

Je finis de nettoyer le comptoir, jette les poubelles et reviens enfin vers toi. "On y va ?", je demande, tout à coup hésitante. Au fond, je crois que je flippe un peu. Tu refuses la moindre aide que je puisse t'apporter, et tu m'envoies chier dès que mes pupilles fixent plus de 5 secondes ton côté gauche. Est-ce que tu vas me laisser te déshabiller ? Est-ce que tu vas me laisser te regarder ?

J'ose à peine parler sur le trajet. C'est bizarre, pesant, non habituel. On rentre dans la caravane, je me débarrasse de mes chaussures et me dirige vers le lavabo pour me laver les mains. C'est le seul truc censé que je trouve à faire là tout de suite maintenant. Comment on commence dans ce genre de situation ?

Je sens ton corps près du mien alors que je suis toujours en train de frotter mes mains sous l'eau. Je sais pas quoi faire, j'ose même pas bouger. Mais parce qu'il faut bien que le lavage des mains s'arrête après deux bonnes minutes, j'éteins l'eau et me retourne. T'es là, face à moi, tout près. T'as l'air aussi hésitante que moi mais t'as encore une fois pris les devants. Qu'est-ce que t'essaies de te prouver, Wren ? Que t'en es toujours capable ?
Ma main gauche s'aventure sur ton visage, caresse ta joue et remet une mèche derrière ton oreille. Mes doigts glissent le long de ta mâchoire, et mon pouce effleure finalement tes lèvres. C'est tellement étrange, et pourtant, si familier en même temps. Je me rapproche lentement, comme si je te demandais la permission. "Ça va ?", je souffle contre ta bouche, plus pour me rassurer que pour réellement t'interroger.

Après avoir obtenu ton consentement, je referme définitivement la distance en plaquant mes lèvres sur les tiennes. Mes mains s'agrippent à tes hanches et te rapprochent davantage, j'ai envie de te sentir contre moi. Mon bas-ventre me brûle, ça fait tellement longtemps, Wren.
Mes mains parcourent ton corps, timidement. Je sais pas où j'ai le droit de te toucher, ni si t'as envie que je fasse tout comme avant. Je finis par reculer un peu mon visage et plante mes yeux dans les tiens. Qu'est-ce que tu penses, Wren ? De quoi t'as envie ? "Je peux ?", je te demande alors que mes doigts passent délicatement sous ton t-shirt. Est-ce que je peux te retirer ton haut, ou est-ce que c'est trop pour toi ?