the winner takes it all. (maverick)

[ the winner takes it all ]

Eleanor n'était qu'une voix parmi toutes celles du bar. Une voix anodine, alors qu'elle avait réussi à convaincre le patron du bar de la laisser chanter. Elle en ressentait le besoin viscéral, sans arrêt, comme si c'était ce qui la maintenait en vie dès qu'elle rencontrait une difficulté. Dieu sait qu'il y en avait beaucoup dans sa vie, et qu'elle avait cette fâcheuse manie de s'attirer des problèmes. Toujours à tomber dans les filets du mauvais homme, surtout. Ce soir, elle chante sa détresse, sans une once d'espoir. Attachée à un homme marié, depuis une semaine, il ne tardera pas à être remplacé par un autre. Parce qu'elle ne connaît pas la moindre stabilité dans ses relations, et qu'elle prend aussi vite qu'elle jette. Une catastrophe sentimentale sur pattes. Son regard se porte sur le reste du public, sur une figure familière. Maverick qui est toujours là, dans un coin, le seul à l'écouter, tant quand elle chante que quand elle lui ouvre son cœur. Présent à la manière d'un frère aîné, son meilleur ami de toujours. Sans lui, elle s'écroulerait Eleanor, totalement dépendante de son ami. Elle a souvent peur que même ses amis les plus loyaux l'abandonnent, parce que c'est de ça que sa vie est faite. Elle finit sa chanson, et quitte la scène, décrétant qu'elle arrête parce que personne ne lui accorde la moindre attention. Elle lâche l'affaire pour ce soir, et s'approche de Maverick qui ne l'a pas quittée du regard. Cependant, elle fait un détour par le bar pour lui offrir un autre verre de sa boisson favorite avant d'aller le saluer. Un verre pour lui, un verre pour elle, elle n'hésite pas à bousculer ceux qui sont sur son passage pour aller s'installer. Bien qu'heureuse de le voir, elle arrive à sa hauteur, blasée de cette soirée, de ceux qui continuent à papoter quand elle déverse ses tripes en chanson. « Salut. », dit-elle en déposant un furtif baiser sur la joue de son meilleur ami. Elle soupire, le visage éteint. Elle ne connaîtra probablement jamais la gloire, Eleanor, parce qu'elle est née avec un mauvais karma qu'elle n'a pas demandé. « Heureusement que t'es là, je te jure. », ajoute-t-elle. Elle se force à sourire, reconnaissante parce qu'il la soutient toujours. C'est bien un des seuls qui ne l'a jamais laissée de côté, présent dans les bons comme les mauvais moments de sa vie riche en montagnes russes. « Je sais pas pourquoi je continue en fait. » Elle pourrait bien abandonner l'idée de chanter devant les autres, en réalité. Elle adore ça, pourtant, mais pas quand elle se sent profondément humiliée par l'indifférence dont ils font preuve.

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âge : 36 ans || 13.06.86

[ the winner takes it all ]

w/ @eleanor lefebvre

Dans la pénombre de cette atmosphère du Spotted Cat, Maverick avait le regard rivé sur la scène. Une oreille attentive, un regard captivé par cette sirène blonde qui chantait à s’égosiller les poumons dans une mélodie doucereuse. Peu remarquée par le public qui lui jetait de bref regard entre deux mots d’une conversation bien plus captivante, lui, il n’avait de yeux que pour elle. Ça en avait toujours été ainsi lorsqu’il venait l’écouter. Il n’était certes pas obligé, mais contrairement aux autres personnes présentes, il aimait entendre sa voix. Réconfortante, apaisante pour cet homme qui ne l’avait jamais regardé comme une conquête. Eleanor c’était le joyau qui perlait sa vie, meilleure amie, partenaire de faille, il n’avait jamais cherché à la mettre dans son lit. Trop craintif de perdre une personne aussi chère à ses yeux. Elle était la voix de sa raison, la critique de ses faits mal accomplis, couteau tranchant de ses idioties. Ses doigts posés sur le verre de sa bouteille de bière, il se laissait bercer par son chant, faisant tournoyer la bouteille dans sa main dans un geste machinal. Il se contrôlait, tentant de ne pas poser son regard sur cette foule qui levait le nez sur la chanteuse leur offrant un spectacle délectable. S’il ne retenait pas ses gestes, sans doute aurait il parlé haut et fort pour que la foule porte son attention sur la blonde, mais se connaissant, il n’aurait pu retenir d’empoigner quelques collets si certaines conversations sulfureuses à propos de sa meilleure amie résonnaient à ses oreilles. Protecteur, il l’avait toujours été pour elle qui jouait tout autant un rôle de sœur à son égard que celle de sa plus précieuse amie. Un sourire étirait la commissure de ses lèvres alors qu’elle posait son regard clair sur lui, encourageant, il tentait de la soutenir comme il pouvait — pour ne pas dire : comme il était capable d’en donner. Parfois indélicat, Maverick n’était pas parfait dans ses gestes ni dans ses paroles, mais il savait se montrer présent, une oreille tendue, une chaleur contagieuse. Il la voyait finalement quitter la scène, enchaînant un applaudissement de sa part qui brisait le son des conversations. Mav se fichait de ce que les gens pouvaient retrouver à dire sur son attitude, mais il estimait qu’elle le méritait qu’importe ce que les autres faisaient ou pensaient d’elle, d’eux. Finissant sa bière, il la regardait franchir le chemin ardu qui les séparaient entre table et chaise décalées. « Hey. » lâchait-il de son ton amical, une salutation qui lui était propre et toujours accompagnée de son éternel sourire tendre, qu’il accompagnait cette fois d’une bise appuyant sa joue rugueuse sur la peau satinée de la chanteuse. L’air maussade de la blonde marquait sa rétine alors qu’il la regardait prendre place à sa table. Ça le peinait, il ne pouvait le nier, la voir ainsi face à lui, livrant ce faible combat contre une passion qui n’aboutissait pas. « Je devrais monter sur cette scène pour leur faire comprendre ce talent que tu possèdes. » disait-il d’un ton affirmé, sachant bien que personne ne désirait entendre une casserole. S’il pouvait faire le pitre dans un karaoké, cet instrument naturel n’était pas un art qu’il maîtrisait. Même sa douche avait la chance de ne pas l’entendre. Il avait le rythme pour bouger son corps, mais ça se limitait à cela. Mais en contrepartie, s’il l’entendait pousser la chansonnette, sans doute feraient-ils pieds et mains pour qu’elle remonte sur scène. Ils auraient alors raison. Plus mélodieuse qu’il ne le serait jamais. « Merci. » continuait-il en prenant la bière qu’elle lui avait amené au passage et qui saurait le satisfaire. « Tu continues parce que tu aimes chanter, c’est avant tout pour toi que tu le fais, non ? » Faire les choses pour soi et non dans l’attente de recevoir des louanges, c’était comme ça que fonctionnait Maverick. Sa vie, ses accomplissements ne satisferaient que lui en bout de ligne, il le savait et les plaies de la déception ne l’affectait que moins.

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[ the winner takes it all ]

@maverick deckard et @eleanor lefebvre

Eleanor connaissait les échecs plus que n'importe qui d'autre. Trois ans plus tôt, elle avait quitté sa ville natale, persuadée que ce n'était pas ici qu'elle réussirait sa vie, qu'elle connaîtrait la gloire à laquelle elle aspirait depuis toujours. Elle avait tout quitté, laissant même Ethan derrière elle malgré tout l'amour qu'elle lui portait. Tous ont probablement cru que c'était une preuve de non-attachement, d'un je-m'en-foutisme dont elle se vantait souvent, mais ça n'avait rien à voir. Trop difficile à cerner, Eleanor, elle fait des choix qu'elle-même ne comprend pas toujours. Si elle est partie en l'abandonnant, son retour n'est bien que pour lui. Peut-être qu'elle a fait le bon choix, que c'est sa carrière qu'elle aurait dû sacrifier pour les beaux yeux du brun et pas l'inverse. Ce soir, il n'y avait que Maverick pour l'écouter, et lui donner l'attention qu'elle méritait. Son ami le plus fidèle, même quand elle enchaînait les mauvais choix, et c'était bien entendu réciproque. Sa présence lui avait souvent manqué durant ses années à New York. Il lui manquait quelqu'un pour la soutenir, quoi qu'elle fasse, pour lui donner tout cet amour qu'elle n'aurait jamais cru obtenir. Un amour fraternel, loin de tout intérêt ambigu. D'ailleurs, il est bien le seul à l'applaudir quand elle quitte la scène. Ses mains qui claquent, l'une contre l'autre, la réconfortent autant qu'elles la déçoivent. Parce qu'elles sont les seules, et que ça ne lui suffit pas. Elle le rejoint, non sans avoir fait un détour par le bar pour lui offrir une autre bière. Elle peut au moins lui offrir ça. Eleanor est touchée en plein cœur, « Tu dis juste ça parce que t'es habitué à ma voix de crécelle. », elle sourit, un peu, le bousculant gentiment. Elle sait pourtant qu'il dit vrai, qu'il ne ment pas juste pour lui plaire. Faut croire que même si elle était championne de claquettes, il la soutiendrait parce que c'est elle. « C'est rien. », répond-elle quand il la remercie pour la bière. C'est rien comparé à sa présence, au frère de cœur qu'il est pour elle quoi qu'elle fasse. Il n'est pas d'accord avec chacune de ses décisions, mais ce n'est pas pour autant qu'il disparaître. Eleanor se demande pourquoi elle continue de chanter, et c'est pareil pour le fait qu'elle continue de jouer. Elle le fait pour elle, oui, mais ce n'est pas assez. Elle rêve toujours autant d'être connue, de fouler les tapis rouges et d'être interviewée par les plus grands médias. « Ce serait hypocrite de te dire que oui, Mav... », souffle-t-elle, plus blasée qu'autre chose. Ce n'est pas tant ce qu'elle veut... Elle ne gagne pas grand chose, à écumer les bars ou à jouer dans des productions minables, pas grande reconnaissance non plus. Pourtant, elle y a mis tellement d'énergie, a parfois sacrifié sa dignité en jouant des rôles ridicules. Rien n'y a fait, évidemment... « Si j'ai pas réussi à New York, qu'est-ce que tu crois que ça va donner ici ? Rien du tout, je vais rester une chanteuse de bar dont on se fout, et une comédienne de pub pour supermarché dont on rit. » Elle noie son chagrin dans son verre, un gin tonic fortement dosé. Elle en avale plusieurs lampées, des grandes, en se disant qu'elle digèrera mieux l'échec de cette manière. Ou peut-être deviendra-t-elle une chanteuse-actrice ratée, alcoolique au point de ne plus se souvenir de son nom. Le cliché de toutes ces femmes qui tournent mal... « J'ai vraiment le don pour me mettre dans la merde... Si c'était un job, je serais millionnaire, au moins. » Elle ne parle pas seulement de sa carrière qui ne décolle pas, mais d'Ethan qui ne sait rien de ce passé qu'ils ont en commun. De tout ce qu'elle a pu lui faire endurer. Elle les enchaîne, les âneries. Faut croire que c'est plus fort qu'elle.

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