i'll make him an offer, he can't refuse || sasha

âge : 26 ans || 02.02.1996

[ i'll make him an offer, he can't refuse ]

Son portable avait sonné, un numéro inconnu. Yaël faisait parti de ces jeunes qui ne craignait pas de parler au téléphone, il ne détestait pas ça. De toute manière, il n’avait pas le choix, s’il désirait avoir sa chance dans ce monde, il devait y répondre. Parce que sait-on jamais ça pouvait être un producteur qui recherchait un réalisateur, quelqu’un pour la production d’un film. Yaël ne favorisait pas tant les films produits par de grosses compagnies, mais peut-être n’oserait-il tout simplement pas refuser. Mais c’était un tout autre genre d’appel qu’il avait reçu. On lui faisait une proposition, bien plus enclin à la refuser, il laissait tout de même sa chance à l’homme, acceptant donc un rendez-vous. Le jour J, il avait fait attention à sa tenue. Toujours soigné, il cherchait à donner la meilleure apparence de lui-même. Ses boucles folles ne semblaient toutefois pas peignées, partant dans tous les sens, ça lui donnait tout de même du charme. Un livre à la main, il était assis à une table dans un café branché du vieux carré. Un lieu qu’il connaissait bien pour venir s’y évader lorsqu’il trouvait le manoir beaucoup trop bruyant. La mousse présentant un dessin avait pratiquement toute fondu dans son café qu’il n’avait presque pas touché. Il lisait les quelques pages d’un roman qu’on lui avait conseiller. Ça le changeait tout de même de ses habitudes où il avait le nez plongé sur son portable épluchant les réseaux sociaux. Une silhouette se dessinait dans son champ de vision, lui faisant relever son regard de son livre pour le poser sur l’homme qui venait d’arriver. Jeune. Il n’avait pas une dégaine de grand entrepreneur. C’était ce que se disait Yaël, alors que son regard détaillait le brun de haut en bas, sans gêne apparente, il l’observait. Pour beaucoup c’était quelque chose de mal poli, ça l’était, mais pour le juif c’était surtout quelque chose d’inné. Il avait le malheur d’avoir le jugement facile. Personne n’est parfait ! Il fermait son livre en cornant le coin de la page qu’il était en train de lire, déposant celui-ci sur la table près de sa tasse de café. Il se levait « Caldwell, je suppose » tendant sa main vers le trentenaire, lui offrant une poigne solide et dure. Avec les années, Yaël avait appris à faire comprendre qu’il n’était pas une petite pointure, malgré son jeune âge, on devait comprendre qu’il était professionnel. Il invitait l’homme à s’asseoir et reprenait quant à lui sa place sur sa chaise. Posant à nouveau son regard sur Sasha, il détailla un instant les traits de son visage. Puis son regard descendit sur sa main baguée, étrangement, il avait aucun mal à croire que ce mec pouvait être marié. « Qu’est-ce que je peux faire pour toi ? » demandait-il bien loin de chercher à vouloir s’éterniser, il savait que c’était pour un contrat de pub, mais les détails s’arrêtaient là. Tout ce que Yaël se disait c’était que ça pourrait lui faire de l’argent assez facilement même si en vérité, il n’aimait pas trop l’idée de se réduire à faire dans la publicité…

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w/ @yaël weisel

L'avantage ou l'inconvénient d'être à la tête d'une boîte à taille humaine c'est que, fatalement, il fallait s'occuper un peu de tout. Ce genre de polyvalence convenait parfaitement à Sasha et son esprit minutieux, sans parler de sa foutue incapacité à lâcher prise et ne pas superviser la moindre petite chose. Cela ne faisait pas de lui le plus agréable des employeurs, mais Sasha ne s'était jamais vraiment embarrassé de l'image qu'il pouvait renvoyer auprès de ses collaborateurs. L'un dans l'autre, il pouvait être chiant, mais jamais foncièrement pénible. Tout cela pour dire que Sasha prenait également à bras le corps tout ce qui avait attrait à la communication et promotion des services que sa boîte développait. Il n'avait jamais vraiment pensé à faire un petit film institutionnel sur son entreprise avant que l'idée soit mise devant son nez. Il avait rencontré un type à une soirée - le genre qui semble connaître tout le monde, un avis toujours au bout des lèvres - qui lui avait parlé d'un gamin bourré de talent qui pourrait lui donner un petit coup de pouce. Il lui avait filé son numéro après avoir fortement insinué qu'il était de ces artistes intègres qui allait faire son difficile par principe tout en tendant une main pour prendre son cash. Sasha s'en foutait pas mal de ces supposées ambivalences, il n'y avait que les idiots pour refuser de l'argent facile. Ça l'arrangeait bien de travailler avec quelqu'un en face à face plutôt que d'avoir à faire avec un peloton d’employés d'une boîte de communication qui allait le saigner à blanc et lui demander bien trop de réunions d'avancement au cours du projet. Sasha avait donc contacté ce fameux Yaël Weisel, et malgré le manque d'enthousiasme dans la voix de celui-ci, ils avaient convenu d'un rendez-vous. C'est d'un pas assuré que Sasha s'engouffra dans le café à la recherche du jeune homme qu'il avait stalké un instant sur Google la veille au soir, pour ne pas avoir à accoster tous les hommes de l'établissement jusqu'à tomber sur le bon. Mais il n'aurait pas eu besoin de toute manière. A peine entré qu'un regard croisa le sien, le détaillant lentement de haut en bas, non sans une once de jugement. Bon sang, il faisait encore plus jeune en vrai. Heureusement que Sasha n'était pas paternaliste; lui-même ayant eu à faire dans le passé avec les présomptions de jeunesse. « Sasha» confirma-t-il en retournant sa poignée de main. S'il n'allait même pas faire l'effort de caler un Mister devant son nom, autant oublier les formalités et passer directement au prénom. Sasha pris place en face de lui, conscient de l'aura particulière qui se dégageait du jeune homme. Un mélange d'audace et d'assurance, avec un petit air de fuck you pour bonne mesure. « Je suis dans un milieu très technique, et les gens à qui l'on s'adresse n'ont pas toujours la patience ou l'intellect pour comprendre ce que l'on fait. Sans parler de ceux qui sont fondamentalement contre », attaqua-t-il, factuel. L'intelligence artificielle n'avait pas que des amis, et encore moins lorsque l'on parle de son application aux véhicules et toutes les craintes que cela inspire. « J'aimerai un petit film pour présenter ma boîte, quelque chose de plus émotionnel et rassurant que tout le blabla corporate que l'on peut faire » termina-t-il dans un haussement d'épaule, l'air de dire "c'est ton job de trouver comment faire". Du moins, s'il acceptait de le faire.

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âge : 26 ans || 02.02.1996

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w/ @sasha caldwell

Sa main serrant celle du trentenaire « Yaël. » avait tout de même souffler le cinéaste par simple figure de renvoi, même s’il se doutait que le brun savait qui se trouvait devant lui. Assis, il dévisageait ledit Sasha comme s’il cherchait à sonder l’homme devant lui. Si Yaël jugeait les gens d’un premier regard, il n’était pas celui qui s’attardait trop longtemps sur eux. Il n’avait finalement que peu à faire d’eux, au point qu’il se pensait bien souvent supérieur. Sa prétention était bien quelque chose qui dégoulinait de lui, le rendant désagréable pour beaucoup. Mais pour lui, on l’appréciait ou on le détestait, lui, il était simplement comme il était et il n’avait aucune envie de changer. Gardant son caractère exécrable, il observait le brun non plus pour le jugement, mais plutôt pour arriver à cerner ces attentes quant à ce qu’il espérait lui soutirer. Écoutant l’homme, Yaël passait une main dans ses boucles folles, aucun mot ne sortant de ses lèvres, il le laissait simplement parler. Le bouclé n’avait fait aucune recherche sur Caldwell, il ignorait donc quel était son entreprise, mais pour lui ça revenait toujours au même. Tue, Yaël le regardait comme s’il attendait la suite qui ne venait pas. « Pourquoi moi ? » demandait-il sans mâcher ses mots. Il était sans doute le dernier qu’il communiquait parce que beaucoup d’autres avaient refusés de produire ce petit film. Était-il allé voir des agences ? Yaël voulait savoir ce qui avait fait que le brun avait arrêté son choix sur lui plus qu’un autre. « Parce qu’est-ce qui te dit que je suis celui qui te faut pour ta publicité ? » continuait-il en prenant sa tassé de café tiède qu’il portait à ses lèvres pour en boire une gorgée. Il grimaçait en avalant le liquide plus froid qu’il ne l’aurait cru. Mais Sasha avait-il déjà vu l’un de ses films ? Savait-il ce que faisait le jeune homme devant lui ? Était-ce réellement ce qu’il recherchait ? Il aurait pu se sentir flatter qu’on fasse appel à lui, mais Yaël avait cette prétention et il n’avait pas envie d’être un second choix, une béquille, simplement parce que les autres n’avaient pas répondu oui. Il préférait être un premier choix, mais aussi fallait-il qu’on aime son art, parce que sinon il pouvait aussi se fermer comme une huître. Peut-être dirait-il oui au trentenaire, qui sait ?

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w/ @yaël weisel

Sasha ne connaissait rien de son interlocuteur et certainement pas son parcours et les obstacles qu'il avait pu y rencontrer. Peut être qu'il avait trop dû se prouver et se battre pour baisser la garde face à un potentiel employeur avec un portefeuille bien rempli et peu d'exigence créative. Sasha n'arrivait pas à le cerner. Il n'aurait su dire s'il était intéressé, en pleine réflexion, sur la défensive, prêt à fuir ou tant d'autres sentiments ambivalents. Son attitude était loin d'être hostile, mais tout de même. Sasha n'avait pas particulièrement de temps à perdre à ménager l'égo d'un gamin qui voit le mal partout. Sa question, évacuée de derrière sa mâchoire serrée, correspondait parfaitement à l'aura de méfiance qu'il dégageait. Sasha ne pouvait que souffler légèrement, un réflexe à mi chemin entre amusement et exaspération. « Parce qu'on m'a dis que tu étais bourré de talent, et j'ai pas de temps à perdre » articula-t-il, pas contre l'idée de le brosser dans le sens du poil si ça pouvait l'aider à se détendre deux foutues minutes. Il ne mentait pas non plus, c'était exactement pourquoi il l'avait appelé. Le seul risque qui existait pour Sasha était que Yaël soit trop intégriste pour faire quelque chose de purement commercial qui n'aurait aucun impact ou intérêt dans son ambition de devenir un cinéaste reconnu. Du moins, il imaginait que là était son rêve. « J'ai pas envie de me prendre la tête avec des agences et j'imagine que tu auras un regard et une approche différente. C'est ce que je recherche ». Oh, il n'avait jamais vu un de ses films, mais ce n'était pas vraiment un pré-requis. Il s'agissait là d'une demande particulière après tout. Sasha n'avait pas envie qu'on lui fasse un réchauffé des vidéos classiques déjà présentes sur le marché. Il voulait quelque chose qui ne dégouline pas de message publicitaire, sans la moindre subtilité. Sasha voulait vendre le futur, fasciner et créer l'envie. Il voulait créer la prochaine voiture autonome que tout le monde allait rêver d'avoir sans la craindre, et ce n'est pas en parlant technique ou en restant dans les messages classiques qu'il allait faire la différence.

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âge : 26 ans || 02.02.1996

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w/ @sasha caldwell

S’il n’avait pas de temps à perdre, Yaël savait que lui non plus. Il avait tout de même fait l’effort de venir le voir avant de se lancer dans un engagement quelconque, bien qu’habituellement, il aurait refusé ce genre de contrat. C’était tellement prévisionnel venant du juif, le refus facile, mais il avait besoin d’argent. Son nouveau projet voyant bientôt le jour dès qu’il aurait fini d’écrire le script, ce qui n’était pas encore gagné, trop perfectionniste pour laisser ses écrits n’être qu’un premier jet. Continuant d’observer l’homme qui se trouvait devant lui, il restait silencieux. Avait-il vraiment des arguments pour le rallier à sa cause ? Non, pas vraiment. Mais ce qui faisait pencher la balance pour le bouclé c’était le revenu que pouvait lui ramener un petit vidéo comme celui-là. Ça pouvait coûter cher, mais pas forcément lui prendre le plus de temps qu’il le laisserait croire. Appuyant finalement son dos dans le fond de sa chaise, il haussait un sourcil. « Disons que je dis oui. Qu’est-ce que tu vois comme approche différente ? Qu’est-ce que tu aimerais comme publicité ? » demandait-il avant d’afficher un air en pleine réflexion. « C’est quoi d’ailleurs que tu vends ? » disait-il en réalisant qu’il n’avait pas la moindre idée de ce que pouvait faire l’homme qui se trouvait devant lui. Il ne semblait pas être le genre de mec à faire un truc digne de télé achat, mais Weisel n’avait pas la moindre idée de ce que pouvait être son projet ni même son entreprise. Peut-être que ce serait assez épique pour que finalement il soit en voie d’accepter ce contrat. Il se disait finalement, qu’il aurait peut-être dû se renseigner, même les gamins prétentieux pouvait se dire qu’il faisait des erreurs, même s’il ne le dirait pas à voix haute. Mais finalement, ce qui l’intéressait le plus commençait à lui brûler les lèvres, il n’allait pas le nier, même si ça démontrait d’avantage son intérêt à accepter ce dit projet. « Et pour savoir… » curieux, oui « … quel est ton budget pour ce genre de promotion ? » Il aurait pu direct donner ses honoraires, mais il serait bien plus fier de refuser par manque de budget, faire la fine bouche, quelle prétention !

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w/ @yaël weisel

C'était franchement inhabituel. D'ordinaire, c'était les prestataires qui se battaient pour travailler avec lui. Qu'il se déplace en personne pour draguer intellectuellement un jeune artiste même pas encore réellement établi, était presque absurde. D'autant plus vu la somme qu'il était prêt à donner sans grande négociation. Que voulait-il de plus? Il ne devait pas être affamé s'il s’accrochait encore autant à son intégrité. Mais Sasha avait l'impression de gagner un peu de terrain. L'attitude de Yaël semblait légèrement plus réceptive, son langage corporel devenu plus curieux que méfiant. Le jeune homme se laissa aller contre le dossier de sa chaise, et Sasha pensa avoir gagné. Mais son interlocuteur émettait encore des réserves, ne parlant qu'en termes hypothétiques. Sa dernière question eu le don de faire rire Sasha. « Ouais, commençons par là » railla-t-il, peu enclin à vexer Yaël en lui disant que c'était pas super professionnel de venir à un rendez-vous d'affaires sans être un minimum préparé. Ou juste un minimum curieux. « Pour faire simple, je suis dans l'intelligence artificielle. Je bosse sur les véhicules autonomes. » dit-il concrètement. Il n'y avait pas de raison d'aller dans les détails. Sasha ne travaillait pas encore avec de grands constructeurs automobiles, il n'en était qu'au stade applicatif sur des prototypes propres en collaboration avec une autre start-up qui s'occupait de sortir de terre ces véhicules compatibles. Sa boîte ne faisait de l'argent que grâce à la vente et la maintenance de programmes plus basiques qui s'appliquent déjà aux voitures existantes. « J'suis pas un expert » entama-t-il, conscient qu'il n'arrivait pas toujours à formuler les nombreuses idées qui bouillonnaient dans son cerveau en termes concrets. Sasha n'avait pas non plus la prétention d'avoir la quelconque intuition cinématographique. C'est pour ça qu'il avait besoin d'un professionnel avec une vision un peu différente. « Mais j'ai besoin de vendre une idée, avant de pouvoir vendre un produit. J'ai besoin de vendre le futur, fasciner et surtout rassurer. En gros, vois ça comme un court métrage autour de ce thème. La manière dont s'est articulé? C'est pas mon boulot, ça. ». Sasha voulait juste un truc qui aura le don de séduire des investisseurs et le public, de présenter le cœur de sa boîte. Il n'était pas convaincu d'avoir été très clair, mais avant tout, Yaël avait une question qui lui tenait à cœur. Evidemment. « Je suis pas à la tête d'une maison de luxe, et je demande pas non plus une vidéo de dix minutes que personne ne regarda jusqu'au bout » précisa-t-il, au cas où Yaël s'imaginait qu'il se prenait pour Shakimar et allait faire un pub interminable qui coûte 4 millions d'euros et que personne ne comprends. « Mais je pense que je peux me permettre tes honoraires si le résultat est là ». Sasha n'allait pas tout lui donner, au bout d'un moment il allait falloir que Yaël se mouille.

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