give your best everyday | luna

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On pouvait lui reprocher bon nombre de chose, dire qu’elle était une femme hautaine préférant faire obstacle à mère nature plutôt que d’améliorer les choses. Bien consciente de ce que pouvait être ce fardeau délégué par l’entreprise dont elle avait hérité, Siobhan gardait la tête haute et ne se laissait pas abattre par quelques commérages. Après tout, elle en avait l’habitude à force de côtoyer ses voisins qui pour certain avaient la fâcheuse tendance à regarder si l’herbe était plus verte sur le terrain d’accoté. Des combats liés aux jugements qu’on pouvait lui porter, elle en avait livré, bien prête à ne pas flancher et elle y parvenait la majeure partie du temps. Et contre tous les préjugés qu’on avait sur elle, elle s’investissait dans des œuvres de charités, n’hésitait pas à tendre la main pour aider son prochain et cela sans la moindre arrière-pensée. Ses talons claquant sur le carrelage, elle marchait en direction du bureau d’une association où elle avait choisi d’y faire un don. Un choix sur un lot interminable, mais elle aimait bien varier, aider le plus de personne qu’elle pouvait et vu l’argent qu’elle possédait, ça ne l’incombait pas. Elle se présentait donc à l’accueil, la rousse posant son sac à main sur le comptoir. Personne. Elle aurait pu se montrer impatiente, chercher à se faire voir, mais non, au lieu de cela elle attendait, laissant les minutes s’écouler. Une brune passant devant son regard, Siobhan leva la main dans un geste quelque peu discret. « Excusez-moi. » disait-elle poliment. « Il n’y a personne à l’accueil. » Un euphémisme quand on voyait qu’elle se tenait debout devant un comptoir sans personne autour d’elle. Un sourire finissait par broder ses lèvres peintes d’un rouge cramoisi. « Ce serait pour faire un don. »

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@luna gonzales et @siobhan caldwell

Luna, son métier, elle ne le fait pas à moitié. Elle y est investie au maximum, plus de huit heures par jours. C’est un choix délibéré et réfléchi qu’elle a fait, de travailler dans l’humanitaire et plus précisément avec les demandeurs d’asiles et les migrants. Ce choix n’a fait que se fortifier et se consolider avec l’arrivée à la tête du pays d’un gouvernement raciste et intolérant ; depuis, chaque jour, elle se bat plus fort pour la dignité de tous et le confort. Son boulot à elle consiste à recueillir les demandes de citoyens cherchant à offrir du temps libre pour la cause qu’elle défend et les former afin de pouvoir mieux effectuer leur volontariat et répondre aux désidératas de l’organisme. Luna adore son métier surtout parce qu’elle est au contact des gens.

Pause café. Luna traverse les couloirs, sa tasse à la main, décidée à éponger cette soif et ce besoin de caféïne pour oublier la fatigue. Ugo sort une nouvelle dent, les nuits sont synonymes d’horreur. Une rousse qui attend à l’accueil l’interpelle. Luna s’arrête et sourit. Sa collègue doit être encore en réunion ou occupée, tout simplement. Un mot d’ordre : l’accueil, avec le sourire et la politesse. Ce qu’elle fait, très bien. « Bonjour ». Son sourire s’agrandit à l’entente du motif de la jeune femme à la chevelure de feu. Faire un don. « Ah super ! Attendez, je vais prendre de quoi enregistrer votre don ». Luna contourne le comptoir et cherche le document adéquat qui sert, souvent, en fin d’année, à remercier les gens et/ou les inviter à des soirées spéciales. Luna prend un stylo et lève les yeux vers la rousse. « D’abord, merci pour ce don ! De quoi s’agit-il ? », s’enquit la jeune maman.

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Loin d’être pressée, Siobhan ne pouvait néanmoins pas s’accorder une vie pleinement vécue à la vitesse lente du temps. Ballottée à droite et à gauche, elle devait être disponible sur tous les fronts et parfois c’était simplement épuisant. Le fait qu’il n’y ait personne à l’accueil lui permit de souffler. C’était un peu triste de se dire qu’elle n’avait que ce temps pour elle, mais c’était bel et bien le cas. Faire don à des organismes c’était son choix, ça l’avait toujours été. Ce n’était pas tout le monde qui avait la chance d’avoir de l’argent comme elle, et elle en avait plus que nécessaire. Si elle pouvait contribué à aider la société à défaut de changer le monde – étrange venant d’une femme possédant une compagnie pétrolière – elle le ferait. Souriant à la jeune femme qui arrivait tasse de café en main, elle la laissait prendre ce dont elle avait besoin « Y’a pas de souci. » disait-elle d’une voix posée, loin d’aborder cet air hautain qu’elle pouvait posséder à son habitude. L’irlandaise ressentait un bien être à donner et cela suffisait à chasser cette distance qu’elle pouvait créer entre elle et les gens. Posant ses orbes émeraudes sur la jeune femme, elle lui souriait. « C’est pour un don monétaire. » Peut-être que dit ainsi c’était une chose que les gens verraient d’un mauvais œil, mais tant pis. Elle n’avait pas beaucoup plus à offrir malheureusement. Mais elle prenait le temps de marquer une pause. Observant la jeune femme, elle réfléchissait. « À moins que votre organisme ait besoin d’autre chose. » Pourquoi se montrait-elle si généreuse ? C’était une de ses plus grandes qualités, mais aussi à l’approche de Noël, Shiv était prête à faire des folies.

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Luna ne manque pas de remarquer la prestance et le charisme naturel qui se dégagent de cette femme. Une allure fière sans être hautaine, trouve-t-elle. On sent toutefois au premier regard qu’il s’agit d’une femme d’influence et d’importance. Pas une simple jeune mère qui trime pour pouvoir prendre son indépendance et offrir un cocon personnel à son fils. Pas comme elle ; il faut l’avouer, cette femme complexe aussitôt Luna. Cette dernière ne masque pas son étonnement quand la femme annonce qu’il s’agit d’un don monétaire. C’est la forme de don la plus rare et nul doute qu’une personne ne se déplace pas pour un petit dollar ou deux, comme lorsque les gens donnent pendant les récoltes dans les hypermarchés ou dans les rues de Nouvelle Orléans. « Oh », laisse échapper la brune, de surprise, avant de se ressaisir. « Super ! Mais je crois que les papiers ne sont plus les mêmes », poursuit la jeune femme tout en continuant de chercher, finissant par trouver le bon document. « Est-ce que vous désirez un café ou un thé ? ». Elle se veut accueillante pour remercier cette personne. Elle ne se force en rien. A son poste, elle est la mieux placée pour savoir que ces gens se donnent sans rien demander en retour et que l’association n’existerait plus depuis des décennies sans eux. C’est pour quoi, Luna s’efforce toujours de les remercier, d’une façon peut-être simpliste mais c’est l’intention qui compte. « Je m’appelle Luna ».

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La surprise perçue dans la voix de la jeune femme, à l’annonce du don que comptait faire Siobhan, ne l’étonna pas. Une forme d’habitude à cette réaction plus ou moins normal. Elle ne pouvait lui en vouloir et comprenait bien au contraire cette surprise. Elle laissait donc couler, se disant qu’il était inutile qu’elle le remarque d’une quelconque façon. Laissant la jeune chercher, la rousse posait son regard un peu plus sur l’endroit, les locaux semblaient vieux, un petit coup de pinceau n’aurait fait aucun mal à ces murs. Une désagréable déformation professionnelle que possédait la décoratrice, regard aiguisé, elle voyait toujours ce qu’il y avait à améliorer. Convaincue que vivre ou travailler dans un endroit bien décoré aidait au moral. C’était peut-être superficielle pour certain, mais bien loin de l’être pour elle. La voix de la jeune femme finissait par la sortir de ses réflexions concernant la décoration, posant finalement ses prunelles vers elle. « Un café, s’il-vous-plaît. » disait-elle en souriant, bien heureuse d’accepter une offre aussi polie. Elle aurait pu refuser, sachant qu’elle n’aurait le temps que de boire une ou deux gorgées, mais elle voulait se montrer polie, bien éduqué comme l’avait toujours cherché à faire sa grand-mère en prenant les directives de son éducation. « Quel joli prénom ! » s’emballait-elle avant de continuer. « Enchantée Luna, moi c’est Siobhan. » se présentait-elle finalement en tendant la main vers la jeune femme tout en prononçant son prénom le plus distinctement que possible. Une vieille habitude à force de voir les gens écorchés la prononciation après avoir vu comment ce dernier s’écrivait. « Dites, vous serait-il utile de recevoir des décorations de Noël ? » Cette idée elle lui avait traverser l’esprit en voyant l’apparence des lieux, elle qui possédait des tonnes et des tonnes de décorations dont elle ne sortait plus de leur boîte après usage. Peut-être que celles-ci feraient le plaisir de certaine personne ou même de permettre à cet endroit de trouver une touche plus festive pour les prochaines semaines.

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Cette femme dégage un charisme incroyable. Plus Luna l’observe, plus cette idée se conforte et s’étend au-delà de l’apparence de son interlocutrice. Quelque chose dans sa posture, dans sa façon de se tenir. Quelque chose émane d’elle, naturellement, et inspire confiance, également. Siobhan. Curieux prénom. Atypique, original. Luna serre la main généreusement tendue de cette dénommée Siobhan, tout sourire. Elle s’efforce de toujours sourire, surtout au travail, même quand parfois, sa vie personnelle est une vraie tempête. Car les demandeurs d’asile, eux, sont passés et passent par bien pire, par du cauchemardesque bien souvent, par des faits que l’américain tranquille n’oserait même pas imaginer. Luna n’imagine même pas totalement alors qu’elle travaille dedans, cinq jours par semaines depuis plus de deux ans.

Noël. Sa gorge se serre. En ce moment, elle est déchirée, Luna. C’est le premier noël d’Ugo, son fils. D’un côté, ses parents souhaitent sa présence. De l’autre, il y a Raffael et sa famille, malgré le manque d’implication du jeune homme. Que faire ? La gorge nouée, Luna se ramène à la raison. Ce n’est pas professionnel d’y penser au boulot. « Oh ! », s’exclame-t-elle, des plus surprises par la proposition de Siobhan. Luna en avait fait la demande à sa hiérarchie mais le budget ne permettait pas d’acheter des décorations. Un don, c’est un cadeau tombé du ciel. « Vraiment ? », demande la brune, abasourdie. « Cela mettrait tellement de joie et de réconfort dans le cœur de nos bénéficiaires ! Vous n’imaginez même pas ! ». Luna déborde d’émotions, sincèrement, autant que d’enthousiasme. En parallèle, elle s’active pour offrir un café digne de ce nom à cet ange tombé du ciel, à la chevelure de feu.

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Malgré tout ce que les gens pouvaient dire, Siobhan savait que Noël pouvait rendre n’importe qui heureux. Si Charles Dickens avait pu rendre Scrooge attendrissant, qui ne le pouvait pas. Même si les gens s’évadaient un peu trop dans leur tête, pensaient beaucoup à leur souci, Noël avait le don de réchauffer les cœurs, d’offrir un moment en famille ou avec des personnes chères qui changeait la donne. La petite exclamation de la jeune femme fit sourire la quarantenaire. Un sourire qui s’élargissait sur ses lèvres rouges. « Oui vraiment. J’ai plusieurs cartons de décorations qui ne me servent plus. Autant qu’ils trouvent preneurs. » Elle en possédait tellement que sans doute qu’elle découvrirait des objets oubliés depuis le temps qu’ils prenaient la poussière dans son entrepôt. Des cartons par dizaines, tous marqué par l’année qui lui avait servit à faire la décoration de chez elle. Ne réutilisant rien une seconde fois pour beaucoup de chose, seules les décorations ramenant à l’enfance de ses enfants se trouvaient dans le grenier de sa maison. Le reste, elle l’entreposait depuis qu’elle avait commencé à faire des décors pour Noël. « Oh je crois que je peux très bien imaginer. » disait-elle, alors qu’elle pensait à tous ces commentaires qu’elle lisait sur instagram ou encore les commentaires que lui faisait ses clients alors qu’elle venait chez eux pour décorer leur domicile en cette période festive. « Mais Noël sert à cela, mettre de la joie. » ponctuait-elle avec un sourire en coin. « Seulement, du lait dans le café. » précisait-elle en réalisant qu’elle n’avait pas dit comment elle le préférait. Non pas qu’elle aimait pas le café noir, si, il lui arrivait d’en boire, mais surtout quand elle avait la sensation d’avoir besoin de caféine pure, ce qui n’était pas le cas. Son regard restait posé sur la jeune femme qui semblait sur son nuage. Voilà ce qu’elle aimait dans tout ces festivités, la joie qu’on pouvait offrir avec tellement peu de chose. Elle prenait la tasse de café que lui ramenait la jeune femme. « Merci. Est-ce que vous croyez que quelqu’un pourrait passer si je donne l’adresse pour prendre les décorations ou je dois repasser pour les déposer ? » demandait-elle en soufflant sur le breuvage chaud, avant de le porter à ses lèvres pour en boire une gorgée.

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Ce don de décorations, c’est une aubaine pour l’organisme humanitaire en faveur des immigrés pour laquelle travaille Luna. Ils n’ont pas le budget pour s’en procurer mais savent tous combien cela mettrait du baume au coeur à ses demandeurs d’asile en recherche de chaleur humaine et d’humanité, tout simplement, dans un quotidien atroce rythmé par les conflits politico-sociaux, la misère, la peur et passons. « Merci, vraiment ! Vous êtes notre ange tombé du ciel, on dirait ! ». Elle est sincère, Luna. Elle la voit comme cela, Siobhan, à cet instant et est certaine qu’elle ne sera pas la seule à la percevoir ainsi. Luna rayonne. Son visage est illuminé par un large sourire et ses yeux d’un bleu profond, pétillent. Luna s’exécute pour parfaire le café de la femme, selon son goût puis lui tend la tasse avant de s’en faire un, à son tour. Corsé, bien noir, sans sucre. Il lui faut au moins cela pour tenir le coup depuis la naissance de son fils. Car sous le toit, il n’y a pas Raffael pour l’aider notamment lors des actuelles poussées dentaires et Luna se refuse à l’aide de ses parents. Elle vit chez eux, c’est déjà énorme. Venir récupérer la marchandise. Luna réfléchit. En ce moment, il n’y a plus de véhicules de charroi, de prêt, disponibles. Elle peut peut-être utiliser son propre véhicule et faire facturer les kilomètres, comme cela peut arriver souvent ? Car sinon, elle ne voit pas comment ils pourraient récupérer les décorations avant les fêtes de l’année suivante, vu le rush actuel. « Je peux toujours me débrouiller avec mon véhicule, si cela peut vous arranger », répond Luna. « Il suffit de m’indiquer où et quand, quand cela vous arrange et je m’adapte ».

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« C’est trop. » disait-elle étonnée de voir que la jeune femme allait jusqu’à la qualifier d’ange. « Je ne suis pas un ange, simplement quelqu’un qui abuse un peu trop des achats de noël. » Et c’était tellement peu dire… Une véritable tournade dans son genre. Elle se laissait dominer par ses pulsions, cette envie de simplement décorer sa maison en entier. Néanmoins, le sourire de la jeune femme ne peut que l’attendrir. Buvant son café, elle continuait d’observer la jeune femme, voyant bien qu’elle réfléchissait. Shiv ne cherchait pas indisposer personne, c’était son idée après tout. Elle sortait son portable de son sac à main, alors que la brune reprenait la parole. « Je ne veux pas m’imposer. » continuait-elle en posant sa tasse de café sur le comptoir devant elle, alors qu’elle jetait un coup d’œil à son horaire. Examiner celui-ci semblait toujours être une tâche plus qu’ardu, elle avait l’impression que le tout était un amas de mot annonçant des réunions ou des rendez-vous. Un jour elle devrait penser à réécrire le tout plus aisément pour se comprendre elle-même. « J’ai encore un peu plus d’une heure devant moi, si vous êtes libre toute de suite, on peut y aller. À deux ça ira plus vite et vous pourrez choisir ce dont vous avez envie. » continuait-elle. Peut-être n’avait-elle pas le temps, ce que Siobhan pouvait parfaitement comprendre. Elle devrait peut-être rassembler le tout avant et plutôt offrir l’occasion à quelqu’un de l’organisme de passer prendre les cartons, plutôt que de les faire piocher dans ce bazar qu’elle possédait. « Sinon dans deux jours, je peux vous attendre à mon entrepôt pour venir prendre les cartons. » proposait-elle tout de même, lui laissant le choix de ce qui lui semblait le plus adéquat pour elle.

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Croiser quelqu’un d’aussi généreux avec autrui est devenu rare, surtout en ces temps de haines raciales et racistes mais également de crises où, beaucoup comptent le moindre centime pour épargner. Lune peut pas rêver mieux que cette personne, venue d’elle ne sait où, avec son don magique de Noël. « Vous ne vous imposez surtout pas, c’est davantage nous, et moi, qui craignons de vous déranger ». Elle se sent palir. Qui est cette femme ? Quoi qu’il en soit, elle sent une aura de puissance et d’influence autour d’elle qu’elle ne peut expliquer et qui la fait se sentir toute petite, elle, du haut de ses vingt-cinq années. Elle en est sûre, peut-être à tord, mais Siobhan Caldwell a accompli de grandes choses !

« Ce serait parfait si nous pouvions y aller de suite ! ». Cela éviterait à Luna de faire des heures complémentaires à son temps de travail habituel et de pouvoir rentrer à l’heure, ce qui devenait de plus en plus rare, pour profiter de son fils de dix mois, Ugo. C’était tout ce à quoi elle aspirait dès qu’elle arrivait sur son lieu de travail bien qu’elle adore ce qu’elle fait : voir son petit bout de chou, qu’elle ne pouvait s’empêcher de chérir outre mesure, à l’excès ou presque. Luna file déjà vers son bureau pour récupérer les clefs de sa voiture, minuscule, tout en se demandant comment le tout allait rentrer s’il y avait autant de dons qu’annoncer. Petite voiture mais redoutable pourtant ! Elle parvient à y caser bons nombres d’affaires encombrantes de bébé. Elle se félicite d’avoir débarrassé le coffre, ce weekend, avec l’aide de son père. Il faudra juste passer le siège auto à l’avant, replier la banquette arrière et normalement, l’espace devrait être optimal. « Je vous suis avec ma voiture, alors ! » s’exclame Luna avec enthousiasme, impatiente de voir la réaction des résidents et des aidés face à ces décorations qu’elle ne doute pas être merveilleuses.

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« Oh. J’arrive toujours à trouver un trou dans mon horaire. » disait-elle avec un large sourire, Siobhan avait peut-être un horaire chargé, elle savait toujours jouer avec celui-ci. C’était bien l’une des choses que le fait d’être monoparentale pouvait apprendre, changer ses plans selon les imprévus. Elle en avait connu plus d’un dans sa vie, mais elle avait toujours su trouver une eurythmie parfaite. Ne souhaitant toutefois pas empiéter sur la journée de travaille de la jeune femme, elle affichait tout de même un large sourire en entendant ses propos, il est vrai que ça l’arrangeait, même si elle ne le dirait pas pour ne pas sembler impolie. Laissant la brune prendre clés et autres choses utilitaires à son départ, Shiv en profitait pour finir sa tasse de café. Ce serait après tout un sacrilège de ne pas boire jusqu’à la dernière goutte ce qu’on lui avait gentiment offert. Vide, elle la déposait sur le comptoir, laissant une marque de rouge à lèvre teinte cerise. « Parfait. » disait-elle en prenant la direction de son véhicule, faisant claquer ses talons sur carrelage. Dehors, elle montait dans son audi e-tron, elle faisait signe à Luna pour qu’elle puisse savoir qu’elle voiture suivre. Elle l’attendait et lorsqu’elle la remarquait derrière elle, Shiv se mit en route direction vers l’endroit où elle entreposait tout ce qui n’avait plus sa place chez elle. Le trafic loin d’être cauchemardesque, elle arrivait au bout d’un quart d’heure, trouvant une place de stationnement, attendant la jeune femme. « C’est par ici. » disait-elle en faisant signe à la brune lorsqu’elle l’aperçue. Lui adressant un sourire chaleureux, elle prenait la direction de son petit hangar d’entreposage sans manquer d’adresser une salutation à l’agent de sécurité. « Vous avez des enfants ? » demandait-elle pour faire la conversation et puis elle savait que c’était toujours une période plaisante à partager avec sa famille. Arpenter les lieux semblait interminable, mais elle tombait sur la porte portant le numéro trente-trois, elle y mit la clé avant de déployer sa force pour soulever celle-ci, la remontant pour dévoiler une caverne d’Ali baba. Bien entendu, il n’y avait pas que les décorations de Noël, on pouvait y voir quelques chapeaux, un manteau de zibeline, des chaussons de ballerine, un obélisque miniature, toute sorte de chose. « Faite attention pour ne pas vous faire mal. » disait-elle, alors qu’elle-même se montrait prudente pour ne pas accrocher quelque chose. Inutile de se faire mal. « C’est ici. » disait-elle en montrant plusieurs boîtes rectangulaires où l’année était indiquée sur les cartons. « Vous pouvez prendre ce qui vous plait. Il y a une description sur chaque boîte et une photo du décore qui avait été fait pour vous donner une idée. » Siobhan était méthodique dans son rangement, elle n’avait pas envie d’ouvrir chaque carton si elle cherchait quelque chose en particulier. « Je vais essayer de trouver le diable. » disait-elle en se tournant pour le chercher dans tout le fouillis qui se trouvait autour d’elle.

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Luna rejoint rapidement son petit véhicule après avoir prévenu, naturellement, ses supérieurs qu’elle s’absentait de son poste de travail (mais pour la bonne cause). Elle suivit la voiture, bien plus classe et imposante que la sienne, de Siobhan jusqu’à arriver devant un hangar. Carrément ! Elle sort de sa voiture et rejoint à pas pressés la rousse qui lui demande, d’une voix douce, si Luna a des enfants. Son cœur s’emballe, comme chaque fois qu’il pense à Ugo mais chaque fois, il y a ce même pincement. Il ressemble follement à son père, ce père qui l’ignore éperdument et refuse de prendre son rôle paternel en main. Combien de temps encore ignorera-t-il ce bout de chou qui ne demande qu’après lui ? Luna en est mélancolique et même plus : malheureuse. « Oui, un petit garçon de dix mois et vous ? ».

Siobhan ouvre la porte de cet endroit aux trésors insoupçonnés. Luna laisse échapper un cri de surprise, émerveillée. C’est indescriptible, comme endroit : digne des loges d’un théâtre ou des réserves d’un grand magasin de foire fouille. Ses yeux brillent d’émerveillement. « Wow », laisse-t-elle échapper. Luna est hébétée par l’organisation minutieuse et précise de son interlocutrice. Elle est émerveillée et n’ose pas imaginer la réaction des résidents quand tout sera amené et installé. « Si je peux me permettre, vous faites quoi dans la vie hormis âme miraculeuse de Noël, pour avoir … tout ça, toute cette déco ? », demande Luna, comme une enfant.

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Tant qu’à marcher dans ce lieu en laissant claquer ses talons, Shiv avait préféré entamer une conversation. Certes banale, quelque peu intrusive, mais elle aimait bien aborder certain sujet. La famille entre autres, sachant que ça pouvait en dire tellement sur les gens, mais elle aurait compris qu’on puisse ne pas vouloir aborder celui-ci. Un sourire prenait place sur ses lèvres cerises, une nouvelle maman. Ce temps était révolu pour elle, un nourrisson, elle n’en tiendrait plus dans ses bras à moins que son fils ou sa fille ne lui donne de petit enfant, mais elle n’en était pas rendue là. « Félicitations pour ce petit bout de chou. » commençait-elle sachant que c’était toujours apprécié, toutes les mamans — ou presque — étaient heureuses des plaisirs qu’offraient un enfant, petit trésor, elles en étaient fières. « Oui, deux. Mais ils sont grands maintenant. » continuait-elle en marquant tout de même une pause. Pensive, elle réfléchissait à ceux qui étaient pour elle le plus précieux des présents et cette peine qu’elle ressentait face à leur rejet. Secouant la tête pour changer ses idées, se maudissant intérieurement d’avoir aborder un tel sujet, elle fut soulagée de trouver son petit entrepôt privé. Elle remarquait la réaction de la jeune femme à ses côtés, ce qui la fit aussitôt sourire. Elle oubliait de s’exclamer devant tous ces trésors qu’elle finissait par oublier, les laissant prendre la poussière dans cet endroit. « Une âme miraculeuse de Noël. » répétait-elle amusée tout en cherchant le diable pour les aider à transporter les boites jusqu’à la voiture de la brune. « Je suis décoratrice d’intérieur, mais je tiens aussi un blog de décoration de Noël. » continuait-elle en se penchant pour retirer une boîte de souvenir oublié de sur l’appareil à roue qu’elle cherchait. « J’adore un peu trop cette festivité, mais comme je suis les tendances, je ne prends pas la peine de reprendre les vieilles décorations. » avouait-elle en laissant un petit rire honteux lui échapper. C’était exagéré selon beaucoup de personne, acheteuse compulsive, elle savait qu’elle ne possédait aucune limite et ce n’était pas son gracieux salaire de décoratrice de luxe qui pouvait lui permettre tous ces achats, mais elle ne tenait jamais à évoquer son titre de magnat du pétrole. Les tabloïds s'offrant ce plaisir notamment depuis son mariage avec un homme de dix ans son cadet. « Voilà j’ai ce qui nous faut pour amener les boites à votre voiture. Avez-vous trouvé ce qui pourrait vous intéresser ? »

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Luna accueillit les félicitations de cette femme avec un large sourire. Parce qu’au fond, même si Ugo était choyé par les Gonzales et une partie des Castello, il était loin d’avoir été désiré par l’ensemble des deux clans familiaux. Il était un bébé inattendu et surprise, au cœur d’une profonde discorde puisque son père ne souhaitait pas accepter sa paternité et grandir, tout simplement. Ugo n’était pas un jeu vidéo, une console ou un énième hackage ; ça ne méritait pas vraiment l’attention de Raffael. C’était malheureux mais c’était ainsi. Elle apprit que cette femme possédait deux grands enfants. Qu’entendait-elle par grand ? Était-il enfants, adolescents ou bien déjà adultes ? Luna ne parvenait pas à estimer l’âge de cette femme de charisme et elle avait toujours évité soigneusement de demander l’âge d’une femme, comme le lui avait appris sa mère. « Ils ont quel âge ? », l’interrogea-t-elle, espérant ne pas se montrer trop indiscrète. « Je crois que dans tous les cas, les enfants grandissent trop vite », soupira Luna, nostalgique. Elle avait l’impression que son accouchement était hier et pourtant, Ugo n’était pas loin de souffler sa première bougie.

« Un blog de déco de Noël ? », répéta Luna, hébétée. Elle ne savait même pas que cela pouvait exister ! Désormais, Luna avait une folle envie de mener sa petite enquête et de découvrir les articles de cette femme ainsi que son univers au grand complet car le contenu des boîtes était plus qu’intéressant. Il éveillait en elle la magie des fêtes, indéniablement. « Et bien plus que ce que j’espérais, vraiment ! Merci, merci infiniment ! Nos résidents vont être fou de joie ! Cela promet d’être un moment émouvant et unique pour eux comme pour nous ». Luna est émue. Elle déborde et ça se voit probablement. Tellement de bonté et de générosité, de nos jours, c’est si rare !

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