nothing gonna save us now (raffael)

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once upon a time in new orleans
Ugo, gardé. Luna n’aime pas vraiment, bien qu’il le soit par ses parents envers qui elle a une confiance aveugle. Si elle le fait, si elle concède de se détacher de son fils pendant son temps libre, c’est pour Raffael. Par amour, pour lui. Parce qu’elle sent bien, leur couple vacille. Un facteur imprévu s’est immiscé entre eux : pour Raffael, c’est Ugo. Pour Luna, c’est l’addiction de son compagnon pour les jeux vidéo, les claviers, son foutu écran. Elle n’en peut plus. Elle a l’impression que le virtuel les éloigne bien plus que le désaccord sur la naissance de leur enfant, fruit de leur amour.

Elle a fait un effort, Luna. Elle a souligné ses yeux azur d’un trait de khôl. Elle s’est maquillée, pour lui plaire. Ou du moins, espérer lui plaire. Une petite jupe, un chemisier saillant. Luna, elle s’est mise sur son trente et un et quand elle quitte le domicile familial, ses parents y vont d’un compliment qui la fait rougir. Elle se glisse dans sa voiture et prend la direction du domicile de l’oncle de Raff. Elle aimerait bien qu’ils vivent ensemble mais l’idée semble exclue, pour l’heure. Luna se gare, descend. Elle va sonner. C’est, cette fois, le cousin de Raffael qui lui ouvre et lui indique qu’il est dans sa chambre. Elle monte, avec le pressentiment qu’il est planté devant son ordinateur, encore. Luna frappe avant de pousser la porte, passe la tête et glisse un timide : « Salut, toi », le sourire aux lèvres.

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nothing gonna save us now
Luna, il l'avait rencontrée de façon incongrue, rien ne le prédestinait à être avec elle, les probabilités étaient casi-nulle. Lui, le geek, qui ne sortait jamais de chez lui, s'était retrouvé à ces fêtes de rues comme il y en a de nombreuses dans les rues de la Nouvelle-Orléans. Son cousin, Leo, n'y était pas étranger, il avait forcé l'as de l'informatique à quitter ses écrans pour vivre du bon temps parmi la foule venue festoyer. Il n'avait pas envie d'y aller et pourtant, Raffael avait fini par céder aux demandes insistantes de son cousin, il s'était retrouvé là, noyé dans la musique, les gens et l'inconnu, ce moule oppressant qu'il fuyait quotidiennement. Elle était un visage familier, elle n'avait pas non plus l'air d'apprécier d'être ici et ils s'étaient vite retrouvé tous les deux à l'écart pour vivre la première réelle histoire d'amour de Raffael. Elle était belle, les lumières mettaient en valeur son visage, son sourire, son regard, il état captivé par Luna, et sa présence l'avait presque réconcilié avec le monde réel, qui avait trouvé pour échappatoire les jeux, le code, l'internet.
Les années ont passé, le couple s'est petit à petit éloigné l'un de l'autre, la naissance de leur fils Ugo y est aussi pour quelque chose. Ils étaient jeunes, cette arrivée surprise n'était pas au programme, mais l'un deux avait mieux appréhender la situation que l'autre. Raffael avait loin de lui l'idée et le rôle d'être un père, lui qui ne savait déjà pas s'occuper bien de lui, comment pouvait-il alors le faire avec un enfant de quelques mois ? Il ne se sentait pas prêt, il n'avait pas la tête à ça, assumer aussi les responsabilités que cela impliquait, il n'avait même jamais envisagé d'avoir d'enfant. Il était encore bien trop enfantin dans son esprit pour avoir cette maturité que demande la paternité. Et malgré ses récalcitrances, Luna avait décidé de garder leur progéniture. Comment pouvait-il s'y opposé quand sa propre famille le poussait à reconnaitre l'enfant, il n'avait pas le choix, il était au pied du mur et il avait finalement donné son aval à Luna pour garder l'enfant. Mais il était difficile pour l'italien d'admettre qu'il était le père d'Ugo, non pas qu'il en doutait, il savait que Luna était fidèle et il n'y avait qu'à regarder le nez de son fils pour voir qu'il était bien un Castello. Il avait du mal à se dire père, à avoir ce rôle, à tenir ce rôle. Loin de lui cette idée, il se réfugiait encore plus dans ses appareils éclectiques.
Il le savait que son comportement était antonyme à ce qu'attendait Luna, ses parents, les parents de Luna et finalement même Ugo. Mais il n'avait pas le cran pas le courage et cette maturité. Il était confortablement installé derrière ses écrans à soudoyer de l'argent à de grandes entreprises de l'état. Il n'était pas non plus égoïste, il économisait l'agent volé pour son fils, car il savait que la vie pouvait être rude et que l'argent pouvait sauver. Mais ça, il se gardait bien de le dire, il économisait de son côté sans en avoir informé Luna.
Alors, ce jour, alors qu'il jouait comme à son habitude, cloîtré dans son sous-sol qui faisait office de chambre, il ne s'attendait à voir débarquer sa petite amie, avec qui les dernières discussions s'étaient terminés en monologue, Raffael décidant de ne plus se justifier. Il était loin le temps de la tendresse et des sourires, les cris et les représailles avaient pris leur place et l'italien avait de plus en plus de mal à accepter ce couple qui était une fiasco.
Il avait mis son jeu sur pause, retiré son casque de ses oreilles pour se retourner vers elle, sa çhaise de jeu tournant lentement. Il ne l'attendait pas il était surpris, il apprêtait à faire rentrer son personnage dans une échoppe, accompagné de son groupe d'amis. "ouai 2 secondes les gars, afk". Il coupa son micro et ses sourcils se froncèrent légèrement. Elle était belle, il ne pouvait pas le nier, elle était même ravissante. Ses yeux bruns se plongèrent directement dans son regard azur. "qu'est-ce que tu fais là ?" demanda l'italien bien mal à l'aise avec les relations sociales, toujours maladroit et gaffeur, il en avait même oublier de lui dire bonjour. Ce n'était pas de la méchanceté, simplement un oubli, une maladresse qui l'habitait depuis petit, il n'avait jamais réussi à se faire une place dans ce monde dont il n'arrivait pas à percevoir les règles sociales. Certains psy l'avaient diagnostiqué autiste, mais Raffael ne l'était pas, il avait simplement cette difficulté à entretenir des liens, et s'était tout bonnement réfugié dans les jeux et internet, là où même si on ne le comprenait pas, il pouvait passer à autre chose.
Il remarqua son sourire, ce qu'il fit en retour en se levant de sa chaise. Il était difficile pour lui d'accueillir quelqu'un dans son antre, c'était son domaine, sa vie privée, son nid, mais pour elle, il allait faire un effort. Pourtant, Raffael ne se montrait pas si serein, il redoutait l'annonce du pourquoi Luna s'était rendu jusqu'à chez lui. Leo, il n'avait pas pu le prévenir avant, au lieu de la laissé monter. "si c'est pour garder Ugo, je t'ai déjà dit que je ne voulais pas" annonça-t-il sans même prendre la peine de réfléchir, car c'était une situation que le brun redoutait plus que tout. Lui, seul avec son enfant ? impossible.

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Luna pousse un soupir quand la porte s’ouvre, laissant apparaître Raffael, casque aux oreilles, les doigts pianotant sur son clavier à une vitesse frénétique. C’était prévisible, évident même. Pourquoi, à vingt-cinq ans, reste-t-il aussi addict aux jeux vidéo en ligne alors qu’il a désormais une vie de famille ? Cela lui échappe totalement mais elle souligne toutefois l’effort de son compagnon qui retire son casque et s’excuse auprès de ses amis virtuels pour se tourner vers elle. Il est surpris, il ne l’attendait visiblement pas. Ce qu’elle peut aisément confirmer en constatant le téléphone portable du brun, à l’opposé de la pièce. Il ne lit pas ses messages quand il joue, bien entendu. Raffael en oublie de la saluer. Rien d’inhabituel ni de surprenant quand on apprend à le connaître mais ça n’en demeure pas moins agaçant. Luna se pince les lèvres. « Salut ». Sa salutation est sèche, peut-être trop. Dernièrement, elle s’irrite plus facilement avec lui et perd patience. Depuis dix mois, en fait. « Tu le saurais si tu regardais ton téléphone portable de temps en temps, Raff », soupire la jeune maman. Lorsqu’il se lève, elle souligne son effort et fait donc un pas de plus vers lui pour venir l’embrasser, doucement. S’ils ne sont plus ceux qu’ils étaient avant la grossesse et la naissance d’Ugo, Luna l’aime toujours. D’un amour fou, passionné et passionnel, sans doute un brin déraisonnable. Mais à nouveau, soufflant le chaud et le froid, elle perd de son enthousiasme apparu par l’avancée de Raffael vers elle. Le visage de Luna se durcit. Son regard devient sévère à mesure qu’elle fronce des sourcils, agacée et dépitée. Elle secoue la tête de gauche à droite. « Et je l’ai très bien intégré, ça, Raffael, que tu fuis ton fils comme le choléra ». Voix sèche, intransigeante. Elle s’en veut d’être aussi dure avec lui mais ça la blesse tellement, cette distance qu’il met avec Ugo. C’est son fils à lui aussi, après tout ! « Encore une fois, si t’avais pris la peine de décrocher trente secondes ton regard abruti de l’écran pour regarder tes messages, tu aurais vu que j’ai réservé une table pour qu’on sorte tous les deux, rien que tous les deux ». Elle croise les doigts sur sa poitrine, mine renfrognée, blessée. Avant, elle aurait déjà été en train de pleurer. Maintenant, Luna s’est endurcie, du moins en façade mais ça n’est pas pour autant qu’elle n’est pas meurtrie dans son cœur de maman et au-delà, de petite-amie. Elle a besoin de lui, de ses bras, de sa tendresse et de sa timidité mais il n’a plus rien à lui donner, visiblement. « Mais je présume que tu vas vouloir finir ta précieuse partie avant ? Ou alors, que tu vas simplement te défiler pour rester jouer avec tes amis ? ». Son ton est accusateur, peut-être injustement, elle le sait. Pourtant, elle n’y arrive plus. Elle n’arrive plus à ne pas lui en vouloir. Il avait été pourtant très clair, dès le départ. Il n’était pas prêt.

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Il l'écoutait sans rien dire sans l'écouter, il la regardait sans vraiment la regarder, ses yeux posés sur elle, mais il ne voyait que sa silhouette s'agiter. Il avait déjà vécu plusieurs situations comme celles-ci, il les connaissait par coeur, elle allait déverser tous ses reproches, toutes ses envies incomblées que Raffael ignorait avec brio. Il n'en avait que faire d'entendre que Luna n'allait pas bien, il n'avait pas besoin d'elle pour savoir ce qui clochait dans son comportement. De toute façon, il l'avait déjà entendu mille fois, de ses parents, des parents Gonzales, de Luna, de certains de ses amis, et si son fils avait la parole il n'hésiterait pas non plus à allonger la liste des défauts de l'italien. Il le savait, il n'était pas le meilleur père, loin de là, Raffael ne se sentait même pas père, que pouvait-il répondre à tout ça, lui qui était totalement détaché de son rôle. Alors, oui, depuis le temps, le brun avait paré les situations telles que celles-ci en occultant totalement les mots, les phrases qui allaient encore une fois le blesser.
Voilà pourquoi l'internet était son seul refuge, il y était lui, son vrai lui, sans que personne ne lui dise quoi que ce soit, sans qu'il ne reçoive de critique. Il y régnait en maitre, il était le défenseur, il avait un rôle, on le respectait. Qui serait capable de s'attaquer aux plus grandes entreprises des différents états d'Amériques pour apporter de l'argent à ceux qui en ont besoin. Il était invulnérable, impossible de lui trouver le moindre défaut, il était le roi de son domaine. Raffa s'y plongeait pendant des heures, des jours jusqu'à atteindre son objectif. C'était simple et il jouissait de cette vie sur le net, mais dès qu'il quittait son écran, il était replongé dans les méandres de sa triste vie, surtout quand Luna décidait de faire des siennes, venant lui balancer au visage ce qu'elle avait sur le coeur.
Il l'évitait, il ne peut pas le nier, il préférait occulter cette partie sombre plutôt que de l'affronter. Sur le net il était invisible, dans la vie "réelle", il était faible, il portait un poids permanent sur les épaules, ce rôle de père et de copain qu'il devait remplir mais dont les fonctions étaient trop difficiles à assumer. Alors, il laissait parler Luna, jusqu'à ce que la "crise" passe, il n'ajoutait rien, il savait que cela allait empirer la situation, il n'allait jamais avoir les bons mots.
Vu le silence qui régnait, elle devait attendre une réponse. Son regard perçant fixait Raffael. Ces yeux, il en était tombé sous le charme, ils captivaient l'italien, il pouvait s'y noyer pendant des heures, ils pouvaient être réconfortant, chaud et tendre. Il n'avait jamais connu cela avant Luna, et il se sentait vivre, enfin. Mais aujourd'hui, il n'était pas aveugle, il savait que son couple était en péril et que le seul problème c'était lui. Sa façon de vivre, sa façon d'être ne convenait plus à sa copine, et pourtant, il avait tellement besoin de retrouver ses écrans, de se perdre dans les méandres du net, de n'être plus Ça$h. "Hein ?" répond Raffael à Luna, qui se tenait toujours debout devant lui. Il se doutait que cette réponse allait surement déclencher un autre monologue cinglant, mais il ne voulait jamais répondre à côté, et se forcer à faire des choses qu'il ne voulait pas. Sur ce point, l'italien était très clair et savait faire entendre sa position, sa gentillesse et son entente avait une limite, ses limites. "Luna, arrête de gueuler, c'est chiant" ajoute Raffael, blaser de devoir encore être ce gosse qu'on engueule.

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Une claque dans la gueule, ça aurait été probablement moins violent que cette onomatopée de Raffael qui traduit purement et simplement qu’il n’a rien écouté. Sa mâchoire se décoche alors que son regard se durcit mais également se teinte d’une certaine tristesse. Il est toujours mentalement dans son jeu. Si physiquement, il se tient debout face à elle, son esprit est ailleurs. Comme toujours. Pourquoi est-elle encore étonnée de ce fait ? Luna soupire doucement. Elle secoue la tête, dépitée alors qu’il lui demande d’arrêter de gueuler. A défaut de crier, peut-elle le gifler ? Sa main la démange mais elle n’a jamais eu de tels gestes à son égard et n’en aura jamais. Elle l’aime trop, pour ça, le respecte trop même si parfois, elle se demande si la réciproque vaut. Luna s’assoit sur le lit aux draps défaits de Raffael, ce lit qui a parfois recueilli des étreintes charnelles qui semblent désormais lointaines. Depuis l’annonce de sa grossesse, elle croit que ça ne s’est pas reproduit. Elle soupire, encore, s’appuie sur ses genoux. « Raffael, comment je peux être certaine que tu m’écoutes et avoir ton attention ? », demande Luna. Sa voix n’est pas pleine de reproches (pour une fois) mais juste d’une grande lassitude et fatigue.

Elle voudrait passer cette soirée avec lui. Parce qu’elle en a besoin, son cœur réclame cet instant à deux. Parce qu’Ugo est gardé, qu’elle a lâché prise, pour une fois. Parce qu’elle aurait aussi trop honte de rentrer de suite chez elle et devoir avouer à ses parents que Raffael n’est pas disposé pour eux. Parce qu’elle entend déjà la pluie de reproches de sa famille contre l’italien, bien qu’elle ne soit pas la dernière pour lui en faire. Elle les entends, les pics. Les « T’as fait un enfant avec un incapable », « il a quoi à offrir à Ugo et toi ? ». Et même si parfois, ça lui arrive aussi de le penser, ça lui fait mal, à Luna. Parce que Raffael, elle l’aime.

« J’aimerais qu’on sorte tous les deux, ce soir », propose-t-elle. Ce qui semble évident quand on la voit, ainsi apprêtée et maquillée. Ce qu’elle ne fait que rarement, toujours dans la course entre le quotidien, le boulot et le bébé. Luna lève ses grands yeux bleus vers Raffael. Elle essaie de s’adoucir, de faire un effort. « Tu veux bien ? ».

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Difficile de savoir ce que le brun pense. Silencieux, secret et discret, il faut avoir du courage pour percer à jour la personnalité de Raffael, ou même simplement savoir son avis. Il avait toujours été comme ça, depuis petit, il avait toujours été à l'écart des autres, solitaires. Cette position l'avait renfermé sur lui-même, il n'avait jamais vraiment eu l'habitude de communiquer avec les autres. Et même s'il avait des amis il était plus de ceux qui écoutent que ceux qui déballent leur vie. Ses frères et soeurs auraient pu permettre à Raffael de s'ouvrir un peu plus, mais il ne s'est jamais vraiment livré, il avait sa chambre et y restait la plus part de son temps. Il était comme ça, et ses parents s'étaient certes inquiété un temps mais quand la psychologue avait dit qu'il n'y avait rien d'alarmant, ils avaient laissé leur fils cadet dans un monde. Certains diraient que ce manque d'attention a entrainé en l'italien un autisme social. Pourtant, le brun n'avait pas de difficulté à dialoguer quand il était face à son écran, il pouvait même tenir des nuits entières à échanger avec d'autres. Il y a cette césure entre le monde réel et son monde fantastique qui est internet. Bon, Raffael avait quand même ses limites, il savait tenir une conversation, débattre sur un sujet, rétorquer, mais il y a bien une chose qu'il avait vite appris sur le net, c'est de garder ses informations personnelles pour soi-même. Jamais il n'a dérogé à la règle, il ne se présente que sous son pseudo Ca$h et il ne divulguera rien d'autre. Surtout depuis que le brun a quelques activités illicites. Il n'en parle pas, personne n'est au courant, il ne veut pas les impliquer dans une complicité. Alors, il tait ses piratages, ses chantages à plus de 4 chiffres, car ses cibles ne sont pas les petits commerçants honnêtes, mais bien les grosses firmes qui profitent des plus faibles et qui exploitent la moindre faille. Il n'a pas de scrupule, l'argent qu'il récupère, il le répand autour de lui, et Luna n'est pas au courant, mais Ugo a déjà un bon patrimoine pour son futur. Il n'a jamais donné d'argent à Luna directement, elle n'en a jamais réclamé, il ne veut pas attirer la curiosité de sa petite amie qui le croit sans revenu. Les associations pour personnes démunies ont également pu bénéficier de dons anonymes assez conséquents. Il rendait juste le monde meilleur à sa façon, et son talent était mis au profit des plus démunis.
Luna était planté devant lui, l'air triste, il ne savait pas vraiment pourquoi. Enfin, il s'e doutait, mais son questionnement était assez limité. Il l'aimait, il n'en doutait pas, il n'y avait qu'elle dans sa tête, mais il n'arrivait plus à donner la moindre affection à son égard, que ce soit par les mots ou par les actions.
Elle voulait sortir, c'est ce que font les couples, ils passent du temps ensemble, ils vivent des choses communes, mais pour Raffael, il n'avait pas besoin de ce genre de chose pour se convaincre que son couple se portait bien. La distance et le silence n'était pas un problème pour lui, car il savait ce qu'il ressentait pour elle, malgré l'arrivée d'Ugo. Mais sûrement qu'elle voulait se rassurer et se dire qu'elle était dans une relation des plus normale, faire comme les autres. Lui, il détestait ça, faire comme le demande les moeurs, il était plus du genre à dépasser des limites, mais aujourd'hui, Luna devant lui, il voyait que c'était important pour elle, et la plus belle preuve d'amour n'est-elle pas celle de faire ce qu'on n'aime pas pour celui qu'on aime ? "Si tu veux, ok." Il redoutait ce moment, mais il savait pertinemment que son couple battait de l'aile et que sans efforts de sa part, il allait finir en éclat. Qu'allait-il pouvoir dire ? Raconter ? Il avait déjà des sueurs froides à l'idée de devoir faire la conversation face à celle qui avait pris son coeur. "tu veux faire quoi ?".
Il se rend sur son ordinateur, tapant à une vitesse folle sur son clavier mécanique, pour clore son game qui était encore en cours. "Léo m'a parlé d'un resto de burger." annonce-t-il de dos, alors qu'il continue de faire de derniers réglages sur son ordinateur avant son départ. Son cousin avait toujours de bons plans, toujours fourré dehors il était le mieux placé pour déclarer quels étaient les place to be "je paierai s'tu veux. "

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Luna, l’espoir, elle en cherche. Elle ne veut pas se résoudre à ce que certains ne cessent de lui souffler comme étant « la » solution à son malheur, sa tristesse et sa colère à la fois. Quitter Raffael, elle y a déjà pensé mais entre la pensée et le geste, il y a un cap qu’elle craint de franchir. On peut toujours tenter de réparer les pots cassés, non ? C’est son espoir. Autant pour elle, pour eux que pour Ugo, son fils. Elle ne veut pas qu’il soit ballotté, d’un appartement à l’autre. Qu’il connaisse le package des doublons : deux vacances, deux fêtes d’anniversaire, deux tout. Elle veut une unité. Elle veut qu’ils ne fassent qu’un, tous les trois. Une famille.

Dès lors que Raffael marque son accord, un sourire vient éclairer les traits fins du visage de la brune. Un sourire sincère, empli de bonheur. Depuis quand ne sont-ils pas sortis ensemble, en ville ? Cela doit dater des prémices de sa grossesse, c’est pour dire. Luna, heureuse de cette nouvelle, gonflée d’un sentiment positif, décide de combler la distance entre eux alors qu’il éteint sa partie. Elle l’enlace, de derrière, son ventre à elle contre son dos. Puis, elle dépose un baiser dans sa nuque. Il sent bon, Raffael. Le même parfum, la même odeur depuis qu’ils sont ensembles et elle ne s’en lasse pas. « On peut tester le resto de Léo, avec plaisir ». Léo, elle a une affection toute particulière pour lui. Sans le jeune homme, elle et Raffael seraient encore seulement d’anciens camarades qui se croisent. Il est l’entremetteur discret de cette relation. Pour ça, Luna ne saura jamais le remercier suffisamment. « On verra ça sur place », répond Luna quant à la question financière, toujours le sourire aux lèvres. « Allez viens » qu’elle chantonne presque en lui prenant la main, l’ordinateur de Raffael étant désormais éteint. Luna a eu cette patience-là, en retour de l’accord de Raffael. Donnant donnant.

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Il lui devait cet effort, elle était venu jusqu'ici et n'avait jamais coupé les ponts avec Raffael malgré son attitude désintéressé depuis la grosse de Luna.
Ce moment, il aimerait l'oublier. C'est encore trop dur aujourd'hui d'admettre qu'il est père. Il ne voulait pas, il avait pourtant essayé de la raisonner et lui expliquer que d'avorter était la meilleure solution, mais elle avait toujours refusé. Elle, elle en avait envie de cet enfant. Il ne sait pas ce que c'est que de porter la vie en sois, lui ce qu'il sait c'est qu'il n'avait pas les épaules pour endosser le rôle de père. Lui qui était constamment cloitré dans sa chambre, un enfant était inenvisageable. Il avait hésité à la quitter quand il avait appris qu'il apporté le grain de vie en elle, mais pour qui allait-il passer. Derrière ce visage toujours sérieux et ce je m'en foutisme général, Raffael était un homme sensible et qui avait besoin de reconnaissance. Laisser une mère enceinte seule, il n'avait pas la force de faire cet affront. Alors, il était resté avec elle, malgré sa famille, malgré ses convictions personnelles, car Luna, elle était son rayon de soleil quand il n'allait pas bien.
Elle avait toujours été là, il adorait la voir sourire, regarder son visage, écouter ses histoires sans queue ni tête, passer des moments de douceurs et de tendresse dans le canapé face à une série dont ils se fichaient éperdument. Il n'avait d'yeux que pour elle, cette belle brune qui avait réussi à dompter le geek sauvage qu'il était, elle lui redonnait confiance, il avait besoin d'elle. Ce n'était pas pour rien qu'il était resté avec elle si longtemps, qu'il avait passé tant de moments complices. La grosses et la naissance avaient tout rompu.
Luna avait retrouvé sa taille de guêpe, elle était ravissante ce soir, n'en déplaise à Raffael qui embrassait doucement son front. Et même s'il retrouvait un zeste de leur amour passé, il avait un lourd secret qu'il n'osait pas lui dire. Etait-ce vraiment nécessaire ? Eux qui allaient passer une soirée ensemble, de déballer le linge sale ?

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@Raffael Castello & @Luna Gonzales
Elle y avait pensé, à rompre avec lui. Plus d’une fois au cours de sa grossesse et même après. Même depuis dix mois, constatant le désintérêt de son amant pour leur fils, Ugo. Mais Luna ne parvient pas à s’y résoudre. Elle l’aime. Elle ne peut pas. Imaginer une vie sans lui bien qu’il soit déjà absent du cadre familial est une souffrance insoutenable. Son cœur se comprime et semble même se briser à cette seule pensée. Pourtant, si un jour, pour l’équilibre et le bien d’Ugo, il faut le faire, elle s’y résoudra. Car l’amour qu’elle éprouve envers son fils est plus fort que celui envers Raffael, plus fort que tout.

Un baiser sur le front. Geste annodin pour beaucoup. Geste précieux et rare pour Luna. Tendresse démontrée par son compagnon. Son cœur s’emballe doucement tandis qu’un sourire radieux vient terminer d’illuminer son beau et doux visage. Ce geste qu’il fait vers elle, d’aller diner mais également ce doux baiser, elle ne pouvait pas attendre mieux, elle qui s’était préparée à rencontrer un mur, de la glace. Doucement, Luna attrape la main de Raffael et y entrelace leurs doigts avant de quitter la chambre d’adolescent (il faut l’avouer) et puis la maison pour rejoindre la minuscule voiture de Luna dont l’arrière est encombré d’un siège auto et de divers jouets pour occuper Ugo durant les trajets. Elle passe derrière le volant et baisse automatiquement le son de la radio, bien que déjà à un volume modéré, pour que cela n’entrave pas toute possibilité d’une discussion tous les deux. Elle a envie de savoir comment il va, ce qu’il raconte de beau (en dehors de ces jeux, bien entendu). « Tu vas bien, Raff ? ». Question anodine, surtout dans un couple ensemble depuis déjà plusieurs années et pourtant, c’est une base pour eux, pour le manque de communication qu’ils subissent. « Cela fait longtemps qu’on ne s’est pas vus ». Plusieurs jours. « Je suis contente », ajoute-t-elle pour que cela ne sonne pas comme un reproche et parce que c’est le cas.

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@Raffael Castello & @Luna Gonzales
Raffael n'avait pas toujours été très présent pour Luna, voir pas du tout. Elle avait du affronter la grossesse seule, l'accouchement seule, la naissance de Ugo seule et même l'éducation de leur fils. Elle était forte, c'était indéniable, on ne pouvait pas lui retirer ce mérite. Beaucoup de femmes et mères auraient quitté ce "père" pour avoir été absent et inexistant lors de moments cruciaux d'une famille. Mais Luna, elle n'avait pas cédé. Raffael avait certes montré de l'intérêt pour elle à quelques épisodes de la grossesse et des premiers mois de vie de leur enfant, il n'était vraiment le père exemplaire, et ça Luna le savait et pourtant elle était toujours à ses côtés. Raffael ne savait pas trop pourquoi elle n'avait pas encore rompu, il ne voyait pas ce qu'il pouvait lui apporter de bons. A vrai dire, il ne savait pas ce qu'il pouvait apporter de positif à qui que ce soit. Il s'était formé ce monde autour de lui, où rien ne comptait plus que de compter sur soi-même.
Mais fut une époque, Luna avait réussi à percer cette carapace, ce mur qu'il avait construit autour de lui et s'y faufiler. Il était heureux avec elle, il voyait enfin une vie avec quelqu'un à ses côtés. Il était accro à cette brune aux yeux perçants, il ne savait pas dire ce qu'elle avait mais, il sentait une certaine dépendance se créer à son égard. Il était bien.
Jusqu'à ce que le désir n'engendre vie. Il n'était pas prêt, il ne le voulait pas, il n'avait rien demandé, il avait dit non. Elle voulait le garder, elle ne se voyait pas faire autrement. Il a été forcé, contre sa volonté à accepter d'endosser le rôle de père. Mais il en était incapable, trop de responsabilité, cette liberté à laquelle il tenait tant allait s'envoler. Puis Luna ne serait plus à lui, mais à cet embryon qui grandissait dans son ventre, ce parasite dont il n'avait pas voulu, il savait qu'il allait perdre sa place, qu'elle allait le remplacer, l'oublier. Alors, pour ne pas souffrir, il s'est éloigné de lui-même, restant dans sa chambre à pirater les grandes entreprises de l'état et amasser beaucoup d'argent. Il n'avait jamais été aussi riche, mais comme le dit le dicton, l'argent ne fait pas le bonheur, et Raffael n'avait jamais été aussi malheureux et seul ces derniers mois.

Il avait accepté de sortir, il savait que c'était sa seule chance pour la garder auprès de lui, même s'il sait que leur relation a quand même bien changer, qu'il n'y a plus cette flamme intense qui brûle dans son coeur. Il l'aime, mais il essaie de ne pas y penser. Ça fait trop mal de voir qu'elle est ailleurs et que leur fils a tout bousillé. Raffael est sûr de lui, il ne veut pas de ce rôle de père, il sait que cela aura un impact pour Ugo, mais il en est incapable, c'est au dessus de ses forces.

Il monta dans la voiture et s'attacha. Il était silencieux, comme à son habitude, il observait ce qui l'entourait. Cette situation était malaisante, il ne s'était pas retrouvé dans son auto depuis des mois et il ne savait plus très bien ce qu'il devait faire, contrairement à avant où tout était si évident. Cette évidence l'avait quitté pour laissé place au doute et aux questions. Il devait réapprendre à être avec elle. "ça va." ce grand bavard n'allait pas lui balancer sa vie, Raffael était toujours sur la réserver concernant ses sentiments ou même parler de lui en général, il préférait écouter et analyser les autres pour mieux s'en servir après.
Luna était contente de le voir, lui aussi, mais il n'arrivait pas à lui retourner le mot. Alors il a simplement souri, en hochant sa tête. Quelque peu distant, Raffael tentait de se détendre en abordant un thème qu'il connaissait sur le bout des doigts "ils ont sorti une nouvelle version de Age of Empire, je dois la craquer pour y jouer gratuit.". Peut-être que Luna ne connaissait même pas le jeu, peut-être ne voyait-elle même pas qu'il s'agissait d'un jeu, mais là, il était dans son élément et ses battements ralentissaient.

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@Raffael Castello & @Luna Gonzales
Ce n’est pas une surprise. Elle s’y attendait, à ce sujet de conversation mais elle passe l’éponge. Pour deux raisons. D’abord, parce que Raffael parle et il a toujours été assez peu loquace hormis ce qui concerne le monde audiovisuel et surtout, du gaming. Et qu’il lui parle, c’est précieux même si elle aurait préféré que la conversation prenne une autre tournure, sur lui, comment il se porte, sur eux, sur leur fils, Ugo. Mais soit. Luna accepte. La seconde raison c’est aussi par lassitude. Elle a déjà tenté plein de fois de parler d’autres choses mais indéniablement, chaque fois, la langue de Raffael revient vers son domaine de prédilection. Elle continue de tenter mais elle ne s’acharne plus, Luna. Raffael parle de craquer une version d’un jeu, que, par la force des choses, elle connaît. Un jeu mythique de stratégie où il faut évoluer dans les différents âges pour ensuite remporter une ultime bataille. Bataille qui, quand elles sont perdues, provoque la frustration et l’agacement de Raffael auquel elle a déjà assisté. « Tu vas le faire ce soir en rentrant ? », demande Luna, se doutant de son impatience. La question est innocente mais elle va pouvoir lui laisser un indice sur la suite du déroulement de la soirée après le restaurant concédé par l’italien.

Luna se gare. Elle tire le frein à main, détache sa ceinture, récupère son sac puis sort du véhicule. Au niveau du coffre, elle attend Raffael et tendrement, dans un geste hésitant qui ne devrait pas l’être, attrape sa main. Elle ne devrait pourtant pas avoir peur d’un geste si quelconque. Ce geste a au moins le bénéfice de lui faire du bien, de faire battre son coeur un peu plus fort alors qu’une énième question inutile, juste là pour combler, sort de sa bouche : « T’as faim ? ».

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Il avait déjà passé sa journée à jouer ou a essayé de coder un virus, il passait des heures devant ses écrans sans même s'en rendre compte. Il lui arrive plusieurs fois dans le mois de faire le tour de l'horloge sans bouger de sa chaise, à tapoter sur son clavier. C'était, sans le savoir, une façon pour le jeune italien de fuir la dure réalité, il préférait se perdre dans les méandre du web et des jeux et oublier le rôle de père.
Alors oui, quand un jeu sortait, Raffael ne perdait pas une occasion pour craquer le jeu et y jouer gratuitement en toute impunité. Age of Empire, il y avait joué quand il était encore ado, et il en avait passé des nuits sur ce jeu de stratégie ou plusieurs civilisations s'affrontent sur une map. On y retrouve chevaliers et leur monture qui défendent le territoire du royaume, on irrige une palissade pour défendre ses paysans qui produisent de la nourriture, en outre un jeu de gestion qui est maintenant disponible en ligne. Il a hâte d'y jouer, de défoncer le jeu et de le connaitre sur le bout des doigts. "Ouai, je vais faire ça ce soir, ça va me prendre 1h" annonce Raffael confiant "les blocking de microsoft sont simples à forcer" il le sait, elle n'y connait rien, ça ne sert pas à grand chose qu'il développe. Et même si leurs centres d'intérêts divergent, ils se sont toujours bien entendu. Il aimait passer des nuits à l'écouter parler de sa vie, découvrir une autre façon de vivre et d'appréhender le monde. Il avait beaucoup d'admiration pour Luna et tout ce qu'elle faisait au quotidien, car le brun a beau être déconnecté de la réalité, il est bien au clair sur ce qu'il serait capable de faire ou non. Et typiquement, ce que Luna apportait au monde, il en était incapable.

L'heure fatidique était arrivée. Ils étaient tout près du restaurant dont Léo, son cousin, lui avait parlé. Léo c'est ce type que tout le monde aime et que tout le monde connait, tout le contraire de Raffael qui préfère sa solitude.
Il avait la main de Luna dans la sienne et une sensation étrange venait de le parcourir, son coeur venait de battre bien plus vite qu'à la normale. Il ressentait quelque chose, une émotion, une sensation, cela l'avait transpercer et lui avait fait du bien. Il regardait Luna, captivé par ses yeux perles bleus, un léger sourire sur ses lèvres "ouai et toi ?" avait-il répondu à sa copine, avançant vers une table libre où il s'était assis avec elle. "bon, il m'a dit qu'il y avait un burger incontournable à prendre, et les frites de patate douce aussi...". Il prend le menu et suit les lignes "j'ai pas mangé de la journée".
C'était Raffael, il avait du mal à poser des questions à l'autre personne, demander comme elle va ou même simplement l'interroger sur un domaine particulier. Pourtant, l'italien n'est pas égoïste ou centré sur lui même, il aime échanger, discuter et comprendre les autres mais, sa maladresse sociale le bloque.

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Il a déjà d’autres projets pour ce soir et ça blesse Luna même si elle ne laisse rien paraître ; elle aurait aimé qu’il propose un cinéma ou qu’importe, même un film chez lui, en streaming bien entendu. Qu’il laisse apparaître une ouverture pour une soirée à deux, en amoureux. C’est dur, ça lui fait mal mais elle essaie de garder le cap et de rester positive : il a déjà accepté de sortir, c’est beaucoup. Ce serait merveilleux s’il acceptait de voir son fils mais ce serait probablement trop en demander, de l’ordre du rêve. Toutefois, le cœur de Luna se réchauffe quand elle croise le regard de l’italien sur elle. Dans ces moments-là, quand Raffael la regarde ainsi, tous ses doutes s’envolent. Il la couve littéralement du regard comme si elle était une nouvelle merveille du monde. Sincèrement, dans son regard, elle se sent belle, Luna. Elle oublie les rondeurs laissées par la grossesse, les cernes, ses cheveux nuageux qui s’ébouriffent trop facilement. Dans les yeux de Raffael, Luna se sent bien. Elle se surprend à un geste de plus vers lui, à se pencher pour déposer un baiser pudique et discret sur ses lèvres. Parce qu’elle sait aussi qu’il n’est pas à l’aise avec les démonstrations en publique. Elle respecte cela, Luna. « Je meurs de faim, je n’ai pas eu le temps de prendre une pause ce midi », répond la brune. « Trop de boulot ». Elle court partout, la plupart du temps, en semaine et le weekend aussi même si elle s’occupe intégralement d’Ugo.

Luna étudie le menu, imitant Raffael. C’est compliqué entre eux, depuis toujours, d’avoir un échange verbal mais un fossé s’est creusé avec le temps et les désaccords. Luna a toujours été bien plus bavarde que lui. « Ugo adore la patate douce ». Une perche tendue pour qu’il s’intéresse à leur progéniture, elle l’espère.

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"on est des tarés" réplique-t-il simplement à Luna en entendant qu'elle n'a pas non plus manger ce midi. "ma mère elle m'obligeait à m'faire les 3 repas de la journée, j'suis bien mieux comme ça" ajoute-il d'une voix désinvolte. Il avait quitté le foyer familial il y a quelque mois pour se réfugier chez son oncle qui l'avait accueilli les bras ouverts. Il avait dit adieu à toutes les contraintes qu'impose une famille bien structurée et vivait maintenant comme bon lui semblait. Son oncle ne lui demandait aucun compte, il pouvait vivre comme il l'entendait dans sa chambre dans le sous-sol. Il était heureux comme ça Raffael, il n'avait pas à se plaindre. Et même si pour certains sa piaule manquait de lumière, lui aimait ces néons au plafond.
Ses parents n'avaient jamais vraiment été tendre avec lui, ils avaient toujours mené leurs enfants avec sévérité et ordre, mais derrière ces attitudes, ils attendaient que leur progéniture réussissent leur vie. Ils savaient depuis longtemps que Raffael n'allait pas suivre le chemin qu'ils lui avaient tracé. Pendant toute sa scolarité, Raffael ne faisait pas l'unanimité auprès de ses camarades. Il préférait rester seul que de trainer avec des "toquards". Bon évidemment, l'italien n'avait pas toujours été seul, il avait deux ou trois amis, mais pas ce qu'on appellerait une bande. Lui, c'était un électron libre, qui avait des connaissances un peu partout, sans approfondir vraiment les relations. Il connaissait Luna à cette époque de lycée, il lui avait déjà parlé, mais voilà... Raffael n'allait jamais au delà du personnel et restait à la surface. Personne ne s'était jamais vraiment non plus intéressé à lui, alors pourquoi l'aurait-il fait ?

Et pourtant, des années plus tard, il était là, assis au restaurant devant elle, père de son fils. Il préférait ne pas y penser alors qu'elle venait de prononcer son prénom "Ugo". Il ne savait pas quoi dire, il n'avait jamais pris le temps de connaitre le sang de son sang, son fils. C'était le bébé de Luna, pas le sien. Du moins, dans sa tête car il savait ô combien il en était le géniteur. Parfois il regrettait de s'être trop ouvert à elle, d'avoir eu cette relation, de ne pas être resté à cette surface qu'il préfère tant. Il n'y aurait pas eu tout ce chamboulement, cette naissance.
Il lève son bras pour appeler le serveur et vite contourner le sujet "t'as choisi ?" demande-t-il à Luna avant de fermer son menu.

Luna c'était un ange tombé du ciel, il en avait de la chance d'avoir une copine comme elle. Elle lui pardonnait ses fautes, sa tenue, ses comportements inadaptés. Elle aurait pu couper les ponts, suivre ce que ses parents lui avaient fait, mais elle, elle était restée. Il ne savais pas à quel point cette chance qui l'entourait pouvait lui être si bénéfique.
Il l'aimait, sans doute pas assez comparé à la brune, mais il avait des sentiments pour elle. Sinon, il aurait ghosté, il ne serait même pas resté avec elle à l'annonce de la grossesse. Malgré ses craintes, ses peurs, ses doutes et ses angoisses, il était resté avec elle. Il n'arrivait simplement à accepter la paternité.

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C’est trop beau. Luna sourit. Raffael répond, plaisante. Il s’ouvre à la conversation et c’est un pas de géant quand on le connaît aussi bien qu’elle le connaît, Luna. C’est bête et anodin mais ça lui procure une bouffée de bonheur folle qui la fait revivre. Cela ne dure pas. Son sourire s’efface brusquement. Raffael évite soigneusement d’évoquer leur fils. Il préfère parler d’un menu, d’un choix d’un banal repas plutôt qu’oser demander des nouvelles du petit garçon de dix mois. C’est un effort surhumain ? Elle déglutit fortement avant de poser plus brutalement que souhaité le menu sur la table. « Putain », laisse-t-elle échapper. Luna, elle est connue pour avoir un sacré caractère même si avec Raffael, ça fait souvent exception à la règle ; ses sentiments la pousse à s’adoucir, bien trop. Mais cette fois, vraiment, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. « T’es vraiment pas possible, Raffa ». Son ton est froid, il claque. Elle secoue la tête, dépitée. Des larmes viennent déjà perler au bord de ses yeux azur, autant de colère que de tristesse. Ugo ne demande que ça, l’amour de son père. Père ou géniteur ? Souvent, la question et le doute se posent. « C’est si compliqué que ça pour toi de t’intéresser une micro seconde à ton fils ? ». Ces mots claquent. Sa voix est froide mais résonne de colère. Elle serre le poing, furieuse. Luna, ça la démange. Elle n’est pas violente mais là, il mériterait clairement une claque dans la gueule pour cette esquive. Faute d’avoir le bras assez long, elle lui envoie la seule chose qui est à portée de main au visage, la salière. Elle le rate, ça tape l’épaule. Elle grogne de colère, de rage, de frustration. Ca lui fait mal, bon sang, à Luna. Un mal de chien. Pas tant pour elle. Pour Ugo. Ugo, qui voudrait certainement juste avoir un père responsable au lieu de cet éternel adolescent geek. « Quand est-ce que tu vas grandir, bon sang ? Quand est-ce que tu vas assumer ? ». Et finalement, sa voix se brise dans un sanglot : « Quand-est ce que tu vas l’aimer, lui ? Nous aimer ? ». Parce qu’elle doute de tout provenant de lui, à ce moment précis, même de son amour.

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Elle venait d'exploser, ses mots avaient franchis ses lèvres teintes d'un rouge à lèvre. Elle ne supportait plus le comportement de Raffael. Elle avait pris sur elle, depuis longtemps, depuis le début de cette grossesse involontaire. Plusieurs mois que Luna ne cherchait pas à développer ce sujet, tous les deux savaient que c'était se risquer à rompre le lien qui les unissait. Et pourtant, ce soir, Luna n'avait pas pu retenir ses pensées, le coeur d'une mère arraché face au stoïcisme de son copain.
Raffael, il n'aimait pas les enfants, c'est épidermique, il les fuit. Alors évidemment, face à Ugo, même si son sang coulait dans ses veines, il n'échappait pas à la règle. Il n'y arrivait pas, et encore moins quand cet enfant n'avait pas été désiré. Raffael n'avait pas vraiment eu le choix, devant le fait accompli et la pression familiale il avait dû accepter son sort de père. Mais c'était le dos tourné à la situation. Il n'avait jamais décidé d'avoir le rôle de chef, d'avoir une progéniture de laquelle s'occuper, ça nan !
Il avait qu'une envie c'était de quitter la table, fuir ce restaurant et retrouver ses écrans. Son visage venait de se fermer, ses sourcils s'étaient froncés contre ses yeux brun, ses lèvres s'étaient serrées pour éviter de débiter des paroles qui auraient de graves conséquences. Son couple il l'aimait, mais il l'aimait sans Ugo, sans leur fils. Raffael, il n'avait pas de fils, c'était des paroles, il ne voulait pas l'admettre. C'était viscérale, il était incompatible à la paternité. Pourquoi il restait là ? Pourquoi il devait subir cette situation, à se faire encore une fois, hurler dessus, se faire sermonner sur son comportement ? Il n'était plus un gosse et pourtant, Luna ou sa famille ne se privaient pas de lui faire la morale, fréquemment, sur son abandon d'Ugo. Il s'en foutait, il n'était pas capable de passer le cap, alors ils avaient beaux crier, le blâmer, il ne pouvait pas changer. "t'as pas à me dire quoi faire !" lui balance Raffael de l'autre côté de la table. Il serre ses poings sous la nappe, ses ongles lui rentrent dans la peau, il serre les dents, il a peur de péter un plomb. Il le sent, il est à deux doigts de tout balancer, de dire qu'il n'en peux plus, qu'il n'en veux plus de ce "fils", qu'il n'est pas père et qu'Ugo n'est rien d'autre pour lui qu'un prénom. Il ne l'aime pas son fils. Il n'a aucune attache. Comment le pourrait-il ?
Il avait simplement, commencé à épargner pour lui, sur un compte bancaire, des sommes pour aider Luna. Il ne le faisait pas pour leur enfant, mais pour Luna, pour qu'elle s'en sorte, pour qu'elle ne s'oublie pas. C'est elle qu'il aime, c'est elle qui fait battre le coeur de l'italien et qui le sort de son quotidien.
Mais quoi, là, il devait faire quoi ? "taîs toi sinon j'me casse Luna." Répond Raffael à la brune en face de lui. Il voulait juste ne plus entendre parler de son fils.

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Elle voit Raffael se tendre, devenir nerveux. Elle n’imagine pas qu’il va imploser si vite, si rapidement alors qu’elle n’est qu’au début de son déversement de colère, de rancune et de peine. Certes, elle n’a pas à lui dire ce qu’il doit faire mais il a fait un enfant avec elle et à partir de ce moment, Luna estime qu’il doit prendre ses responsabilités ; d’autant plus quand il a reconnu cet enfant, que ce soit de grès ou de force. Luna reste bouche bée face à la froideur du ton de Raffael et n’est pas au bout de ses surprises. Les paroles qui suivent sont d’une violence inouïe dans la bouche de celui avec qui elle est depuis deux ans. Des paroles incisives, agressives et qui frôlent l’irrespect selon l’espagnole. Qui est-il pour lui ordonner de se taire ? Cela fait deux ans qu’elle se tait. Deux ans qu’elle ne dit rien sur son addiction aux écrans. Deux ans qu’elle ferme les yeux sur son manque cruel d’attention. Deux ans qu’elle trouve des excuses face à cette vie de couple anormale qu’ils mènent. Deux ans qu’elle terre son caractère de feu par amour pour cet homme. « Je me suis trop longtemps tus, Raffael », répond froidement Luna en articulant parfaitement chacune de ses syllabes pour qu’il comprenne que cette fois, elle ne reviendra pas en arrière, ne se ravisera pas. « Ne te donne pas cette peine de t’en aller, va. Je le fais pour toi ». Au moment pile où les plats arrivent. Elle n’a plus faim, Luna. C’est du gaspillage, tout ce qu’elle déteste mais comment pourrait-elle avaler une seule bouchée de ce burger alors qu’elle a la nausée tant la colère lui vrille l’estomac ?

De gestes lents, parce qu’elle sent que ses jambes sont comme du coton, Luna se lève en s’appuyant sur la table. Elle se retourne, toujours lentement et prends son manteau sur la banquette, qu’elle enfile. Puis, de nouveau, son regard se pose sur Raffael. « La prochaine fois qu’une idiote s’emmourache de toi, Raffael, et que tu couches avec, mets une capote car oh, spoiler alert : ne pas se protéger, parfois, ça fait qu’on obtient un bébé. Et j’aimerais bien éviter à une autre pauvre cloche de mon genre de se retrouver avec un géniteur aussi merdique que toi pour son enfant ». Ses paroles sont mélangées à ses larmes. Elle a mal, Luna. Tellement mal, autant qu’elle l’aime, c’est pour dire. Elle sanglote. Elle s’en va. Elle se retrouve sur le trottoir devant le restaurant. Ses larmes sont un flot continu tandis que ses épaules se secouent au rythme de ses sanglots. Elle est sur le point de s’effondrer et tant pis si le trottoir est trempé. Elle met les mains dans les poches, cherche ses clefs pour aller s’abriter dans sa vieille bagnole. Putain de merde. Luna a posé les clefs sur la table en arrivant. Hors de question de retourner à l’intérieur, de l’affronter. Alors, triste cliché de films à l’eau de rose, elle continue de chialer plantée au milieu du trottoir sous la pluie. Peut-être qu’il va avoir le bon sens de lui ramener sans rien dire, sans rien ajouter ?

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Luna avait quitté la table. Ses mots étaient glaçant de vérité et de détresse. Elle avait ces larmes salées qui coulaient le long de ses joues, rejoignant le coin de ses lèvres que Raffael aimait tant embrassé. Mais là, il n'en avait plus envie, il serrait son coeur pour éviter de souffrir plus qu'à la normale. Elle aussi venait de le laisser tomber, lors de ce putain de rencard. C'était l'histoire de sa vie, tout le monde l'abandonnait à son sort. Il ne pensait plus, il n'avait plus rien en tête à vrai dire, c'était le vide, le chaos. Elle qui avait été un pilier pour l'italien venait à son tour de le quitter, passant doucement dans la plus grande des tristesse, la porte du restaurant, sans se retourner.
Il savait qu'il devait mettre une capote, il pensait qu'elle prenait la pilule. Ils avaient déjà eu cette conversion 100 fois et à tous les coups elle se finissait en cris et pleurs. Il n'avait pas pour projet de se rapprocher de fille, d'ailleurs, il ne plaisait pas vraiment. Casanier et enfermé dans sa chambre les seuls contacts qu'il avait c'était encore avec ses connaissances via internet. Alors, il ne risquait pas d'avoir un autre enfant à gérer de suite.
C'était Raffael, jamais il n'allait avouer ou la supplier de revenir. Il avait, au fil de années, construit une armure impénétrable tout autour de son coeur, lui évitant ainsi de souffrir. Mais ce détachement, il en faisait payer le prix fort les autres, c'était eux qui étaient au plus mal à cause de ses non agissements ou non réactions. Il ne voulait plus d'attache, plus rien qui ne le retiendrait. Il voulait juste vivre sa vie, et si cela était sans personne physique, ça lui convenait. Elle était la seule qu'il acceptait encore d'avoir auprès de lui. Mais ce soir, Luna avait décidé de rompre ce lien.
Ses clés de voiture trônait sur la table, telles les vestiges d'un départ précipité et d'une soirée qui a tourné au fiasco. Elle allait revenir, elle le faisait toujours, elle devait les avoir pour rentrer. Lui se serait débrouiller, son cousin Léo serait venu le chercher, Raffael avait toujours des solutions. Pourtant, après plusieurs minutes, les clés étaient toujours en face de l'italien, dubitatif. Peut-être était-elle partie, peut-être avait-elle réussi à prendre un taxi ? Il n'avait pas vraiment l'envie de se lever, il avait encore besoin de décompresser et noyer sa peine invisible dans un whisky.
Il lève son bras pour appeler le serveur et lui faire 2 demandes : 1. sa boisson qui allait être sa seule compagne ce soir, et 2. qu'il prenne les clés et qu'il le donne à une jeune fille qui serait partie.
Son téléphone sonne, c'est une notification de Freya*, cette inconnue avec laquelle il parle depuis quelques mois, et ce souvent. Son message c'était comme si elle avait senti qu'une brève s'était faite dans le couple de Raffael, qu'elle allait pouvoir s'immiscer.

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