underneath your mask (ashley)

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event : bal masqué | @ashley kehler
Tu trouves ça d’un ridicule au possible et pourtant, t’es là. Influence de tes potes. Ils ont finit par te convaincre en te tannant pendant des soirées entières. Tu viens tout juste de mettre un pied dans le club que tu te dis que tu préférais subir une transplantation cardiaque plutôt que d’affronter ça ; en plus, avec tes potes, vous avez été suffisamment con pour pas vous donner vos masques et costumes et donc, pas vous reconnaître. Primeur du champion : t’as oublié ton téléphone donc tu ne peux pas les joindre. Tu es coincé avec ta solitude. Déjà que ta voiture fait tâche dans le parking, avec ton utilitaire d’ébénisterie, tu continues dans la même lignée à attendre tout seul comme un con au milieu de l’entrée du club.

Tu soupires. Le concept de cette soirée est très abstrait pour toi. Quel est l’intérêt d’interagir avec les gens si tu ne sais pas qui ils sont et ne le saura pas, tout compte fait ? Tu clignes des yeux, gêné malgré ton masque par ses lumières vives qui feraient rendre son dernier souffle à un épileptique. C’est décidé : si dans cinq minutes, tu trouves pas un intérêt à ce bordel, tu t’en vas et tu retournes chez toi, au coin du feu, avec tes clébards. Toutefois, ça serait bête de passer à côté d’une coupe de champagne alors tu te diriges vers le bar pour te prendre une flûte. Tu manques de percuter une femme, tu le sais par sa silhouette, dont la grâce et la volupté des mouvements te rappelle ceux d’une ballerine. « Pardon », tu bredouilles.

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event : bal masqué | @pacey thomas
Le bal masqué. Cet événement qui n’avait pas eu lieu depuis que tu étais gamine. La seule fois que t’avais participé à un truc de la sorte, tu devais avoir douze ans et c’était pour l’anniversaire de l’un de tes meilleures copines, Anna. Alors forcément, quand cette dernière a vu que le propriétaire du Masquarade Club organisait une soirée de la sorte, elle vous a toutes forcé à vous y rendre. Un seul mot d’ordre : choisir un masque doré et toutes le même pour que vous puissiez vous reconnaitre. Seulement voilà, dans un club aussi sombre, comment les retrouver ? Tu savais aussi qu’Holly était de la partie et t’espérais peut-être tomber sur ta soeur au passage. Ça faisait longtemps que tu ne l’avais pas vu et son anniversaire approchait à grands pas.
T’es déjà un peu fatiguée à l’idée de ne pas retrouver ton groupe d’amies alors tu te diriges vers le bar. T’as bien besoin d’une coupe. Le serveur te tend ta flute de champagne et tu repars à la recherche de ta bande. Mais à peine as-tu posé tes lèvres sur le rebord de ton verre que tu sens quelqu’un te rentrer légèrement dedans et s’excuser. « Non c’est rien, je regardais pas non plus où j’allais. » Tu ré-ajustes ton masque avant de continuer. « En même temps, ce truc me cache la moitié du visage j’ai trop du mal à me répéter dans l’espace. » Tu pouffes mal à l’aise.

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T’es dépité. Quoi de plus cliché que de rentrer dans une tiers personne durant le déroulement d’un tel événement ? Et pire encore, de percuter … une femme ? Tu ne vois rien d’elle hormis son masque qui cache l’ensemble de son visage et ses cheveux blonds, relevés. Tu profites du passage d’une autre serveuse pour reprendre une seconde coupe de champagne. La proximité avec une femme, même accidentelle, ça a tendance à te mettre extrêmement mal à l’aise et tu n’as vu que les bulles comme échappatoire. Tu les aimes, les femmes et leurs courbes mais t’as tellement l’habitude du rejet et une crainte, aussi, au fond de toi, que même derrière un masque et pour trois mots, t’es mal. Heureusement, cette personne, qui, d’une façon ou d’une autre vit obligatoirement dans cette ville, ne voit pas ton visage grâce à ton masque. Autrement, une femme sur deux seraient déjà partis en courant sans rien dire ni même sans un regard, tu le sais. T’es un monstre, pour la plupart, parce que tes parents le sont.

Un rictus semblable à un rire s’échappe de tes lèvres. Vous êtes deux, au moins, dans cette vaste salle, à penser la même chose de ce masque. Ou de ce truc. C’est très peu pratique et encombrant. Ca glisse, ça se met devant les yeux. « Une vraie galère », tu soupires. « … mais dress code oblige ». Tu hausses des épaules. Tu le fais tout le temps, tel un adolescent nonchalant que tu es encore, sans doute, quelque part au fond de toi. Tu jettes un œil autour de toi. Tu vois toujours pas une silhouette qui s’apparente à tes potes. Eh merde ! « Je peux t’offrir – façon de parler – une flûte de champagne pour réparer cette collision ? »

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Mais quelle idée t’as eu de venir rejoindre tes copines sans avoir au moins l’une d’entre elle avec toi. Y’a un monde fou à cette soirée et c’est comme chercher une aiguille dans une botte de foin. Tu sais aussi qu’Holly allait y faire un tour mais là encore, impossible pour toi de la repérer. Tu sens que tu vas passer la nuit esseulée à essayer de trouver quelqu’un avec qui passer la soirée lorsqu’un jeune homme, assez grand, te rentre dedans. Parfait c’était exactement ce qu’il te fallait. Tu secoues ta main qui a reçu le champagne pour sécher le liquide et t’excuses à ton tour. Il faut dire que tu ne regardais pas non plus où tu allais. Et tu n’allais pas l’incendier alors qu’il se semblait désolé et te proposait de remplacer ta boisson. « Oui parce que… » Tu montres ton verre complètement vidé en guise de fin de phrase. Heureusement que c’est gratuit, sinon pas sûr que tu te sois montrée aussi aimable. T’y peux rien, c’est juste que cette soirée te gonfle déjà. Tu paries que tes copines sont en retard et tu te retrouves à boire un verre avec un parfait inconnu parce que Louis a refusé de venir… Tu le suis en direction du bar et t’asseoir sur un tabouret. En attendant ta boisson, tu observes le lieu. Le patron n’a pas lésiné sur les moyens? C’est grandiose. Mais tu sais aussi que tout ça n’est qu’illusion. Depuis le décès de ton père, t’as vraiment du mal à faire la fête comme avant. « Ok alors si tu détestes autant le concept de cette soirée que moi, qu’est-ce que tu fais ici ? » Vous ne vous connaissez pas, il sera bien plus facile de parler librement entre vous et puis de toutes façons t’as pas grand chose à faire d’autres.

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Tout comme tu aurais pu l’être, cette jeune femme est désœuvrée de son breuvage alcoolisé et t’as pitié, vu la soirée qu’il va falloir supporter. Il faut bien des bulles pour encaisser tout ça, cette mondanité, ces gens et même cette musique dont le choix frôle le médiocre. Tu te fraies un chemin parmi la foule, dense et dansante, jusqu’au bar, lieu de libération où, bien curieusement, il n’y a pas encore trop de monde. C’est d’ailleurs étonnant, c’est, en principe, le lieu prisé dans ce type de soirées mais tu ne vas pas t’en plaindre. Imitant l’inconnue, tu te hisses également sur un tabouret mais bien plus aisément qu’elle du fait de ta grande taille, toi, dont le sommet de ton crâne frôle le deux mètres. Cette taille est à la fois un atout comme un handicap mais il s’avère bien pratique, il faut l’avouer. La question de la jeune femme est pertinente et intelligente. Cela t’arrache un sourire. « Je devais rejoindre mes amis mais j’ai oublié mon téléphone chez moi et avec ces masques … tu vois où j’en viens », tu rétorques d’un ton amusé, riant de ta maladresse qui t’énervais pourtant y’a encore quelques minutes. « Et toi ? », tu demandes en retour. Toi, d’ordinaire si réservé, tu t’étonnes de parler aussi naturellement et facilement à une inconnue. Pouvoir magique d’un masque qui te préserves du regard des gens et du fait qu’ils puissent te reconnaître ? Probablement. A n’en pas douter, en fait. Et ce n’est, tout compte fait, pas si désagréable. L’incognito a du bon.

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C’est fou comme tu n’aurais jamais pris le temps de parler à un inconnu si tu étais avec tes copines. T’as pas vraiment que ça à faire quand tu es avec elle. Ou peut-être que tu n’oses pas ? T’es pas influençable mais tu n’as jamais haussé le ton quand elles faisaient des choses qui ne te plaisaient pas. Et puis à force de ne rien dire, t’es rentrée dans le moule. Tu les aimes tes amies, elles sont toujours là pour toi. Mais il y a malgré tout cette compétition sous jacente entre vous. Comme avec Louis par exemple. Elles sont heureuses pour toi que tu soies fiancée à ton petit ami de l’université mais en réalité tu sais pertinemment qu’elles sont surtout envieuses. Alors oui, discuter avec un parfait inconnu, ça bouscule largement tes habitudes. Tu ne peux t’empêcher de rire à ce qu’il te raconte. Tu ne te moques pas mais… Bon ok tu te moques complètement de lui. « Pourquoi t’as pas fait demi-tour pour aller le chercher ? Vivre sans téléphone je ne pourrais jamais. Trop peur qu’un taré m’agresse et que je ne puisse prévenir personne. » T’étais excessive Ashley, comme d’habitude, mais c’est pour ça qu’on t’aimait non ? « Moi j’ai mon portable. » Tu brandis ton smartphone victorieuse. « Mais ce sont mes copines qui ne répondent pas. » Tu lèves les yeux au ciel avant de récupérer ta coupe. Tu la lèves vers lui avant d’ajouter : « Merci pour le verre et la compagnie. »

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Curieusement, son rire est sincère, clairvoyant et tu n’y entends résonner aucune once de moqueries. Toi, t’as plutôt l’habitude de ça, faut l’avouer alors ça te change. Encore un effet du masque ? Tu ne peux pas t’empêcher de te demander si elle sait qui tu es, derrière ton masque, si tu ne le portais pas. Tu secoues la tête. Pourquoi penser négatif ? Profite de ce moment, de l’abri de ce masque pour profiter d’un échange normal avec un autre être humain qui ne soit ni Ethan ni Anja, tes bons amis, les meilleurs de tous, au fond. Elle te demande pourquoi t’as pas fait demi-tour pour aller récupérer ton téléphone. Tu hausses des épaules. « J’y ai pas pensé », t’avoues, tout bêtement. « Puis, j’étais déjà rentré dans les lieux alors c’était un peu trop tard », tu conclus. Elle brandit son téléphone dernier cri d’un air presque victorieux. Son téléphone respire la modernité. Toi, sur le tien, y’a même pas la 4G. Parfois, tes potes s’étonnent même qu’il y ait la couleur dessus. T’as un vieux modèle qui résiste à tout et c’est ce qu’il te faut, avec le boulot parce qu’il se prend des chutes monumentales, faut bien l’avouer. T’es étonné qu’un si petit objet résiste si bien. « Elles ne vont pas tarder, c'est certain », tu dis, optimiste, même si t’apprécie la compagnie de cette inconnue qui te change totalement de ta routine assez ennuyante, faut l’avouer. « Merci d’avoir accepté, surtout, j'aurais pu être un psychopathe, tu m'connais pas au fond ». Un sourire. Dis, tu souris beaucoup, non ? Faudrait songer à adopter le masque plus souvent pour te rendre sociable, Pacey.

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Alors que tu lui fais quelques suggestions sur la gestion de sa vie et de ses effets personnels, tu découvres un jeune homme étrangement désorganisé. Il n’y avait pas pensé ? Si tu ne portais pas pas ce masque, il te verrait probablement hausser les sourcils d’étonnement. Toi, Ashley Kehler, tu étais un modèle d’organisation. C’était une passion depuis que tu étais toute petite. Et il ne t’arrivait qu’extrêmement rarement d’oublier quelque chose. T’avais du mal à le comprendre mais tu ne fis aucune réflexion. Des gens dépassés par les événements, t’en connaissais énormément. Et pus il se montrait étrangement rassurant en te disant que tes amies n’allaient pas tarder. « Ouais, j’espère… Mais globalement elles sont souvent en retard alors tu dois avoir raison. » Tu n’es pas un modèle en terme de ponctualité non plus. Pacey pourrait d’ailleurs le confirmer s’il savait qui tu étais puisqu’il en avait fait les frais. Mais du groupe, t’étais celle qui était le plus souvent à l’heure. Et ce soir c’était à nouveau le cas. « Comme je ne t’ai accompagné qu’au bar et pas au fond d’un jardin glauque, je pense que je suis en sécurité. Même s’il est tout à fait possible que tu sois comme Joe et dans ce cas je ferais mieux de partir tout de suite avant que tu ne me voles mon téléphone. » T’y crois pas à son numéro de psychopathe. Il a l’air tellement déconnecté de la réalité que t’es presque sûre que tu trouverais une moyen de t’évader sans qu’il ne s’en rende compte assez facilement.

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Désorganisé, c’est le moins que l’on puisse dire pour te qualifier. Tu es très organisé dans ta vie professionnelle mais dans ta vie personnelle, t’es une tornade de désordre et d’oubli. Faut dire, t’as toujours été couvé par Maggy, ta tante et personne t’a jamais vraiment appris à tenir les choses d’une telle façon. Tu improvises, de façon générale mais ça va aussi avec ta personnalité de rêveur, de type toujours dans ses pensées, assez mystérieux.

Tu souris intérieurement quand elle parle du fond d’un jardin, en pensant à la localisation recluse de ton chalet, de ta maison. Ça donne vraiment cet air-là ? Tu n’en sais rien. Parce que toi, tu aimes cette quiétude et cette tranquillité que l’éloignement des autres maisons t’offres. Elle te parle d’un personnage prénommé Joe. Du moins, tu le comprends après un froncement de sourcils, te souvenant d’un extrait d’une série visionnée par Anja, la dernière fois que tu lui as rendu visite. You. Tu opines du chef, montrant par-là que tu as saisi le truc. « Ce type est un taré. C’est l’genre à se dire, tiens, la Saint Valentin c’est dans 9 jours. Sérieusement, qui fait ça, de nos jours ? », tu rétorques. T’es pas du tout pour cette fête commerciale et hypocrite, selon toi. T’es plus du genre à faire des cadeaux par ci par là, sans raisons valables. Puis, bizarrement, t’as jamais été en couple soit à cette période, soit suffisamment longtemps pour l’atteindre. Mais tu t’en fiches, clairement. « C’est l’genre de mec à offrir des Métropolitains à tour de bras, aussi, pour saoûler une femme et l’avoir. J’suis plus distingué, j’y vais au champagne ». Tu te rends même pas compte que tu sors tellement pas dans les endroits in et hype que tu ne sais pas qu’un Cosmopolitain s’appelle ainsi. T’as l’air d’un con sans savoir que t’en as l’air. « Quant à ton téléphone, je suis certain que c’est un smartphone et j’ai aucune idée de comment ça fonctionne, c’est trop évolué et abouti ». C’est que t’es inhabituellement bavard, ce soir ?

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Tu t’attendais à ce que ce début de soirée soit un véritable calvaire et t’as finalement l’impression que le destin a voulu te faire un petit clin d’oeil. T’es pas à l’aise dans ce genre de soirée et que tu n’es pas avec ta bande. Tu te sens vulnérable et en danger. C’est d’ailleurs très ironique quand on sait à quel point tes copines ont pu se moquer de certaines filles seules pendant les bals de promo et autres festivités de la ville. Cependant, ce n’est pas comme ça qu’on t’a élevée. T’as jamais vraiment pris part à leur petit jeu. Mais bien souvent, tu rigolais à leur blague et ça avait fait de toi leur complice. Et voilà que ce mec, débarqué de nulle part, t’avait bousculé et proposé par la même occasion de te tenir compagnie. Tu devais bien l’avouer il t’avait sauver la mise. Et plus tu le découvrais, plus tu le trouvais marrant. « Toi visiblement ? » le taquines-tu amusée quand il te sort le nombre exact de jours avant la St Valentin. T’aimerais ajouter quelque chose mais il continue de s’enfoncer en te parlant d’un métropolitain. Un métro-quoi ? Tu mets quelques secondes avant de comprendre. « J’adore les métropolitains. » Tu ne peux pas t’empêcher de rire. Non mais sérieusement il sort d’où ce type ? « Ok t’as quel âge ? » lui demandes-tu intriguée. Comme ça, t’aurais pensé qu’il avait aussi la trentaine mais il semblait si déconnecté de la réalité que tu te mettais à douter. « J’ai jamais rencontré quelqu’un de ma vie comme toi. » lu expliques-tu en souriant pour ne pas le braquer. Ou peut-être ce taré de Pacey Thomas, mais bon, lui c’était un abruti fini. Rien à voir avec l’homme qui se trouvait en face de toi et qui non seulement avait de l’humour mais visiblement pas mal d’élégance à en juger sa tenue. Pauvre Ashley ! Ne t’avait-on jamais dit de ne pas juger uniquement sur l’apparence ?

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Tu détestes la Saint Valentin. Tu ne l’as jamais fêté. Notamment parce que tu n’as jamais été en couple soit à cette période soit pour atteindre cette fête que tu juges commerciale à souhait. Pour toi, même si tu ne t’y connais pas vraiment en la matière, l’amour ça s’entretient au quotidien. Tu n’as pas vraiment d’exemples dans ton entourage compte tenu de tes parents, du célibat éternel de ta tante Maggy ou bien de la lâcheté de l’épouse d’Ethan, ton meilleur ami, que tu pensais pourtant exemplaire. « Plutôt mourir », tu grimaces. Si tu sais aussi bien dans combien de temps se déroule cette fête dites des amoureux, c’est parce qu’il y a des publicités partout tant en ville que dans les médias.

Elle rit mais tu ne sais pas bien pourquoi. Tu ne doutes pas que tu t’es planté dans le nom d’un cocktail pourtant mondialement connu tellement tu sors peu – ou que tu en bois peu, toi, l’adepte d’une bonne bière brune -. Elle te demande ton âge, soudainement. Tu affiches un rictus amusé puis une mine faussement outrée. « On ne demande pas l’âge d’un jeune homme, sais-tu ? ». Comme dit le dicton concernant la gente féminine. « Trente-trois ans. Et toi ? ». Tu n’as aucune honte avec ton âge. Tu l’assumes pleinement. Pour toi, ce ne sont que des kilomètres de plus au compteur de la vie. Pas de quoi en faire un drame. Peut-être quand t’auras des cheveux blancs dans ta chevelure brune que tu as dompté, pour une fois, et qui te donne une toute autre allure. « C’est négatif ou positif, cette remarque ? », tu demandes, intrigué, en penchant légèrement la tête pour observer cette blonde dont le visage est dérobé derrière un masque, comme pour tous dans cette vaste salle de réception.

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« Tu dis ça parce que t’es célibataire ? » Qu’est-ce qui te prends à lui poser ce genre de questions ? C’est pas du tout ton style d’habitude. Et puis en lui demandant ça il va sûrement croire que tu le dragues. Et merde ! Tu te dépêches de répondre à sa question au sujet de ton âge après avoir levé les yeux au ciel amusée en l’entendant faire semblant d’être choqué.« Trente-deux ans. » Tu baisses la tête. C’est à moitié un mensonge. Oui tu n’as bien que trente-deux ans mais tu es dans ta trente-troisième année et tu n’arrives pas encore à te l’avouer. Ça te fait peur ces chiffres qui défilent et cette vie qui stagne. Loin, de plus en plus loin de ce que tu souhaiterais vraiment. « Bon ok, trente-trois cette année. » Tu ne sais pas non plus pourquoi tu lui révèles la vérité. Encore cette histoire de masque qui finalement te donne le courage d’être un peu plus toi-même ce soir. Et puis il est si différent de toutes les personnes que tu côtoies que t’as l’impression que tu peux le faire. Tu ne voulais pas le braquer en lui disant qu’il était différent des gens que tu côtoyais d’habitude mais il n’a pas l’air choqué. Comme s’il avait l’habitude. « Prends-le comme tu veux. » Tu lui réponds d’un air détaché mais sa tête penchée te fait avoir quelques remords. « C’est un Cosmopolitain en fait. » lui expliques-tu en souriant. Après tout il a le droit d’avoir vécu dans une grotte depuis toujours hein… « Tu n’aimes pas les nouvelles technologies ? » Et cette simple question/constatation te fait te demander les raisons d’un tel comportement. « T’as l’air hors du temps en fait. C’est très perturbant. » T’as dû mal à savoir s’il prend mal ce que tu lui dis avec son masque. Alors t’ajoutes immédiatement pour ne pas le vexer. « Comme si l’univers m’envoyait un message en me faisant discuter avec toi ce soir. » Pas sûr que ça ait plus de sens en fait… T’as à peine bu ta coupe de champagne que cette dernière commence déjà à te faire de l’effet. T’aurais peut-être pas dû prendre ce cachet pour te détendre avant de venir.

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Tu ne peux pas t’empêcher de rire quand ton interlocutrice ment d’abord sur son âge – bien que ce soit une maigre année – et se réctifie. Tu ne comprends pas pourquoi les gens ont si peur de vieillir ; toi, tu trouves ça bien. C’est de l’accumulation d’expériences, de faits. C’est aussi et surtout le simple court de la vie. Elle est faite ainsi, d’années qui défilent jusqu’à la fin. C’est dans la nature et l’ordre des choses. « Trente-trois, c’est un âge cool. C’est deux fois le même chiffre », tu tentes pour la rassurer au sujet de votre âge commun. Tu t’abstiens de dire pour plaisanter que c’est aussi la moitié du chiffre du diable, 66. Ou 666. Bref. Elle te prend déjà pour un taré, un martien donc tu ne dis rien pour pas empirer ton cas. Elle t’apprend ton erreur sur le cocktail. Tu prends ça à la rigolade, comme tout. « Ah quel con ! Une preuve de plus de mon manque crucial de sociabilité ». Tu t’étonnes de parler autant mais finalement, s’ouvrir, c’est pas si mal ?

« Disons que je préfère me rattacher à l’humain qu’au numérique. Même si je n’ai pas non plus un grand intérêt pour mes pairs humanoïdes », tu expliques. Ou plutôt, eux ne s’intéressent pas à toi, ne grattent pas la surface de la mauvaise réputation de ton nom de famille. « J’ai parfois l’impression de ne pas être né à la bonne époque ». Et parfois, que t’aurais pas du naître. T’es né en prison. On ne peut pas faire plus atypique que ça ou du moins, c’est compliqué. « Et le message que t’envoies l’univers, il est plutôt positif ou carrément mauvais ? », tu demandes en hochant la tête, curieux de la tournure que prend votre discussion. Tu attrapes au vol deux autres flûtes de champagne. Tu lui en tends une avant de t’en accaparer la seconde.

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C’était ridicule de pas vouloir avouer que t’as bientôt trente-trois ans. Mais ce chiffre qui augmente te fait doucement paniquer. Tu te poses trop de questions sur ton avenir. Cet homme que tu ne connais ni d’Eve ni d’Adam essaie tant bien que mal de te rassurer et tu trouves ça attendrissant. « T’es gentil… » Décidément il ne ressemble en rien aux hommes que tu côtoies. « T’en as jamais bu ? Attends on va remédier à ça ! » T’appelles le barman et demande deux Cosmo que tu paies tout de suite. Hors de question que ce type reparte d’ici sans goûter à cette boisson, même si ce n’est pas ta préférée. Lorsque le serveur dépose les deux verres devant vous tu lèves le tien. « A la tienne !» Deuux toast en vingt minutes ? A ce rythme là ça va mal finir. Peut-être même que ça va finir tout de suite vu son manque d’empathie envers les humanoïdes comme il les appelle. « Ah… Tu te fais chiez avec moi aussi ? » Ça pourrait être le cas. Et il resterait par simple politesse. Tu grimaces à cette idée. « T’aurais voulu naitre quand alors ? » Le genre de question que tu ne t’étais jamais posée. A quelle époque t’aurais bien pu naitre ? Certainement pas une où tu n’aurais pas de téléphone. On voit à quel point c’est pratique ! « Je sais pas encore. On verra à la fin de la soirée quand tu me ramèneras chez moi ? » Merde ça peut prêter à confusion ! T’espères qu’il l’a pas mal interprété. En même temps, il n’y a pas quarante façons d’interpréter ce que tu viens de dire. Quelle idiote. T’es clairement bourée Ash’. « Je veux pas coucher avec toi hein ? » balbuties-tu paniquée. Tu vois son visage se décomposer et tu te sens désolée. « Pas que tu sois pas mignon ou quoi, j’en sais rien derrière ton masque. Mais je suis fiancée. » te justifies-tu.

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C’est la première fois qu’une femme te paie un verre. Tu n’en reviens pas. Tu n’es pas contre cette idée plutôt moderne de la galanterie égalitaire, bien au contraire et d’ailleurs, c’est agréable de se voir offrir un cocktail. « Merci », tu réponds en goûtant donc ce fameux cocktail prénommé Cosmo. Tu trouves ça sucré, très féminin typiquement comme mélange mais ce n’est pas mauvais. « Pas mal », tu commentes tout en buvant une nouvelle gorgée.

L’inconnue te demande si tu t’ennuies avec elle. Pas du tout ! Etonnement, tu passes même un bon moment. « Non, du tout. C’est juste qu’en général, j’suis pas doué avec les gens », tu expliques. T’as un entourage très restreint pour preuve et tu pourrais te contenter de seulement tes meilleurs amis, Anja et Ethan. « Je ne sais pas mais si je me compare à d’autres trentenaires, je suis un ovni », tu ricanes. Tu n’es ni fiancé, ni marié. Pas d’enfants et pas de désir d’en avoir. Tu détestes la nouvelle technologie, les téléphones, les réseaux sociaux. T’es allergique aux soirées (oui, bien que tu sois là). Tu hausses d’un sourcil quand elle parle de la ramener chez elle. Visiblement consciente du message explicite qu’elle envoie, elle se rattrape. Fiancée. « J’me faisais pas d’idées », tu réponds et c’est la vérité. Tu sais bien que si t’enlèves ton masque, elle va écourter fissa la discussion. T’as pas une tronche de modèles de magazines, clairement. T’as un nez trop proéminent, un visage trop long tacheté de grains de beauté et de tâches de rousseurs. T’as pas le physique idéal, pas pour une blonde qui dégage autant d’élégance qu’elle, malgré la dissimulation de son visage par son masque. « Et jamais le premier soir ». Ou rarement, vraiment très rarement. « Règle d’or ».

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Si t’avais su que tu paierais un verre à une inconnu parce que tes copines ne semblent pas montrer signe de vie, tu n’y aurais cru qu’à moitié. Tu n’étais pas complètement naïve, voir même pas du tout et tu connaissais parfaitement ta bande. Tu t’étais toujours donné du mal pour intégrer leur groupe finalement. Aujourd’hui ta réussite les dérangeaient et tu savais qu’elles s’éloignaient petit à petit de toi alors que c’est dans cette période si compliquée de ta vie que tu aurais eu besoin d’elle. Tu souris en l’entendant complimenter la boissons. « Y’a mieux. Je te ferais découvrir ça une prochaine fois si tu veux ? » Une prochaine fois ? Parce que tu t’attends à quoi Ash’ ? A ce qu’il retire son masque et toi aussi ? A ce que vous échangiez vos numéros ? Et pourquoi pas après tout. Tu pourrais gagner un ami ? Tu manques de t’étouffer lorsqu’il te confesse avoir du mal en relation humaine. « Moi je te trouve très doué. » Tu acquiesces pour appuyer ton point. « Tiens regarde, la plupart des mecs que je croise en soirée font des allusions ridicules sur mes attributs féminins mis en valeur dans mes vêtements et toi t’es un parfait gentleman depuis le début. Aucune tentative déplacée. » Même si tu n’as pas d’énormes seins ou une taille de guêpe, ta blondeur fait encore tourner énormément de tête. Et certains sont parfois un peu trop lourds. « Et ça j’apprécie vraiment. » Une confession à un parfait inconnu ? Une de plus ? C’est si facile. Et puis tout s’enchaine et t’aimerais bien disparaitre derrière le bar pour éviter la conversation qui va suivre. Tu ne sais pas si tu l’as vexé ou pas. T’es mal à l’aise et tu lui fais un petit sourire gêné. « Désolée je crois que l’alcool commence un peu à me monter à la tête et je ne sais plus ce que je dis. » Lorsqu’il rajoute le premier soir tu ne peux pas t’empêcher de sourire. C’est fou à quel point t’es détendue et amusée avec lui. Ça te change de tout ce stress avec Louis et ce projet merdique de bibliothèque. « Tu vois ? Un gentleman je te dis !»

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Une prochaine fois ? Tu arques un sourcil derrière le masque qui recouvre ton faciès. Tu souris, toutefois content de voir qu’au-delà de ton apparence que tu détestes tout particulièrement et que tu estimes peu attirante, ta personnalité pourtant atypique aiguise la curiosité de la jeune femme. Tu es touché par les compliments que la jeune femme te fournis mais tu réalises que tu ne connais même pas son prénom et … c’est assez curieux. Tu n’es pas du genre à reluquer les femmes comme s’il s’agissait de vulgaires bouts de viande dans la vitrine d’une boucherie. Ce n’est pas toi. Toi, tu ne regardes pas spécialement le physique, tu cherches au-delà. Et parfois, pour certaines personnes, ça fait presque quinze ans que tu cherches du bon en eux en creusant désespérément : exemple typique d’Ashley Kehler. Dans son cas, t’as plus de chance de trouver du pétrole que de la sympathie, par exemple.

Deux flûtes de champagne et quelques gorgées d’un cocktail suffisent à lui faire tourner la tête ? Tu ris. Il lui en faut peu. Cela t’arrache un rire mais il n’est absolument pas moqueur. « Vous, les femmes », tu commentes sur un ton très ironique et léger. Tu fais ton possible pour être galant, gentleman comme dit le terme. Tu trouves ça vraiment étrange de parler si facilement avec cette femme sans connaître son identité. Et pourtant, d’un côté, t’as pas envie de prononcer ton prénom parce qu’il est peu commun et tu crains qu’elle te connaisse, sachant que votre tranche d’âge est égale. « Je m’appelle P-… ». Tu hésites. « Percy ». Pourquoi ? C’est complètement stupide mais au moins, ça sonne comme ton véritable prénom. « Tu n’es pas obligé de me dire ton prénom, hein ». Parce que t’as pas donné le tien, véritablement, aussi et parce que y’a le concept de l’anonymat derrière le masque qui semble la mettre à l’aise pour discuter et se confier. A moins que cela soit clairement l’alcool ?

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