Giving Hate (Sasha)

@Sasha Caldwell & @Austyn Walters « Maman ?! » Du haut des escaliers, tu cries à pleins poumons pour alerter ta génitrice que tu as besoin d’elle. Ce n’est certainement pas la manière la plus délicate qui soit de l’appeler, mais aux grands maux les grands remèdes. Tu ne peux certainement pas attendre plus longtemps, il est déjà assez tard et tu viens de te souvenir d’un exercice de mathématiques que tu dois rendre demain matin. Les sciences ne sont pas forcément que tu préfères, tu as toujours été plus motivée pour les cours de sport, ou même ceux de littérature. Jongler avec des chiffres, ça demande trop de patience et d’application pour toi, et les personnes qui te connaissent savent parfaitement que tu préfères largement passer ton temps à courir. Cela fait déjà une demi-heure que tu t’arraches presque les cheveux à tenter de déchiffrer ces équations et tu n’en peux simplement plus, tu as besoin d’aide. Si ton frère était là, tu irais sans doute le voir en premier. Pas que les mathématiques soient nécessairement son point fort, mais tu sais qu’en lui promettant la bonne récompense, il pourrait faire le boulot à ta place. Ta mère en revanche, c’est une autre histoire. Elle sera ravie de t’aider, tu n’en doutes pas, mais elle essayera de te guider dans l’exercice, pour que ce soit principalement toi qui trouves les solutions. Bref, tu es loin de passer une bonne soirée. « Mamaaaaaan ! » Tu cries encore, mais le silence qui règne au rez-de-chaussée te montre bien qu’elle ne t’entends pas. Avec un soupir, tu retournes dans ta chambre te munir du manuel et de tes feuilles, avant de descendre avec la grâce d’un éléphant les escaliers qui mènent au salon. Tu passes d’une pièce à l’autre en courant, sautant, regardant dans tous les recoins pour trouver la seule qui peut encore t’aider. Mais elle n’est nulle part. Dans la cuisine, tu ne fais que tomber sur cet abruti qui est venu déchirer votre famille avec son sourire niais. « Tu sais où est ma mère ? J’ai besoin d’elle. » Aucun sourire, aucune introduction. Tu insistes bien sur le fait que c’est ta mère, à toi. A tes yeux, leur mariage ne vaut rien, il n’est qu’un étranger qui squatte une partie de votre maison et jamais tu ne le verras autrement.

@Sasha Caldwell & @Austyn Walters Passer des heures sur un problème mathématique n’est définitivement pas le programme que tu avais en tête pour ta soirée. Tu préfèrerais largement faire autre chose, te prélasser sur le sofa en regardant un film épique, par exemple. Tu n’as pas d’autre choix que de finir tes exercices cependant, puisqu’ils sont à rendre le lendemain au lycée. A bout de nerfs, tu sors de ta chambre pour demander de l’aide à ta mère, mais puisque t’égosiller ne semble pas la faire venir, tu décides d’aller la chercher par toi-même. Telle la tornade que tu es, tu dévales les escaliers en grand fracas, avant d’explorer toutes les pièces de la maison à la recherche de ta génitrice. Malheureusement, tu ne trouves que son bon-à-rien de mari, vision qui te retourne les tripes. Il te fait savoir que celle que ta mère n’est pas là, ce qui te provoque un soupire ainsi qu’une insulte que tu ravales au dernier moment. Tu t’apprêtes à retourner dans ta chambre pour souffrir seule devant ton cahier, lorsqu’il te propose de t’aider. Avec un regard plus que méfiant, tu le fixes en silence, comme s’il cachait quelque chose. Pourquoi offre-t-il de t’aider, alors que tu t’appliques si bien à faire de sa vie un cauchemar ? Au fond de toi, tu as conscience que Sasha a toujours essayé de bien faire les choses, depuis que tu l’as rencontré il a essayé de trouver le bon équilibre entre se faire une place dans cette famille, et vous laisser de l’espace. Avec toi, il a toujours été gentil, il a fait des efforts pour essayer de t’amadouer, mais ça n’a pas fonctionné. Parce que tu ne changeras pas d’avis sur la question. Il cache bien son jeu Sasha, c’est un bon acteur, mais tu sais que c’est un homme vicieux, ce n’est pas la prospérité ce cette famille qu’il cherche. Alors tu hésites, pendant quelques secondes, avant de faire quelques pas vers lui. Tu dois bien avouer qu’en cet instant, il est ton seul espoir, aussi énervant que ce soit. « J’ai un devoir de maths à rendre demain matin. Ca n’a aucun sens, qu’importe dans quel ordre je regarde le truc. » Si ce n’était que multiplier des nombres, tu n’aurais pas vraiment de difficulté avec cela. Malheureusement pour toi, les exercices sont devenus de plus en plus abstraits avec le temps et tu n’y comprends plus grand chose. Sans accepter clairement, sans sourire, tu fais le reste du chemin jusqu’à lui, posant finalement ton livre sur la table. « C’est l’exercice cinq. » Tu lui laisses un temps de lecture, afin qu’il puisse ingérer le problème. Silencieusement, tu t'assoies à côté de lui, bien que tu laisses une certaine distance entre vous. Hors de question que tu t’approches de trop près de ce lycanthrope sanguinaire. « Tu comprends quelque chose ? » Tu es loin d’être barbare, contrairement à ce que certains pourraient penser et tu as donc pleinement conscience d’être malpolie. Tu n’as pas accepté son offre, tu ne l’as pas remercié pour sa proposition. Tel un chaton méfiant, tu continues de le fixer en attendant qu’il te donne tes réponses.

@Sasha Caldwell & @Austyn Walters C’est une sensation nouvelle et tu n’es pas vraiment pas certaine de l’apprécier. Être assise aussi proche de Sasha, de ton plein gré, alors qu’il n’y a que vous dans la maison, ce n’est certainement pas quelque chose que tu pensais possible. Mais du haut de tes dix-sept ans, la situation actuelle te semble être une question de vie ou de mort, et ton beau père représente ton dernier espoir. Quel monde affreux dans lequel tu vis, où Sasha est l’homme qu’il te faut pour régler un problème. Pas de temps pour tes envies de vomir cependant, tu dois faire avec. Tu le vois du coin de l’oeil qui sourit doucement, ça lui donne un aspect encore plus idiot d’après toi. Est ce qu’il essaye de t’adoucir avec un sourire ? Ou peut-être qu’il se moque de toi en fait. Tu te renfrognes un peu plus, lui demandant s’il comprend l’exercice de maths qui te donne tant de fil à retordre. « Dans tous les cas il faut que ce soit fait. Alors si ça t’amuse d’essayer de m’expliquer… » C’est à nouveau un ton sec et tranchant qui quitte tes lèvres, mais tu réalises bien vite ton erreur. Dans la situation actuelle, Sasha aurait tous les droits de changer d’avis. Ta mère n’est pas là, elle ne verrait pas ce retournement de situation qui lui porterait préjudice, alors pourquoi n’en profiterait-il pas ? Tu comprends rapidement ce que ça veut dire, il faut que tu sois polie et gentille avec lui, tu n’as pas d’autre choix si tu veux que ton exercice soit fait. « Ce que je veux dire, c’est qu’en effet, c’est sans doute mieux si c’est moi qui fait l’exercice. Il faut que je comprendre. Alors si tu peux m’expliquer, je veux bien. » Ce n’est pas facile, tu te forces à rester calme et à avoir l’air avenante. Mais dans ta tête résonne la voix de ta mère, qui te souffle les mots magiques. « S’il te plaît. » Tu siffles ce mot, douloureusement, sans même le regarder. Il n’a pas intérêt à raconter ceci à qui que ce soit.

@Sasha Caldwell & @Austyn Walters Tu détestes tout dans ce moment, mais ce que tu hais le plus, c’est ce petit sourire qui se dessine sur le visage de Sasha. Il est fier de lui l’abruti, heureux d’être ton dernier espoir pour décrocher une bonne note et ça te tue intérieurement. Tu donnerais beaucoup pour pouvoir lui faire ravaler son rictus et te défouler à nouveau sur lui, mais tu sais que ce n’est pas le moment. Absolument rien ne l’oblige à t’aider, il pourrait reprendre ses activités, faire n’importe quoi d’autre et pourtant il accepte de prendre du temps pour toi et tes mathématiques. Signe donc que tu peux poser la hache de guerre temporairement. Tout ce que tu espères à présent, c’est que ta mère ne rentres pas pendant que vous êtes assis là tous les deux. Elle se ferait des idées, les films défileraient à toute vitesse dans sa tête et elle vous prendrait pour une petite famille soudée et aimante. De quoi te donner la nausée. Sasha rit de la situation à tes côtés, et tu ne peux t’empêcher de lui lancer un certain regard noir. « On sait tous les deux que s’il y avait quelqu’un d’autre dans la maison, on ne serait pas en train de parler. » N’importe qui d’autre aurait été mieux que Sasha. Même Roman, qui n’est sans doute pas le meilleur en maths, aurait été une meilleure aide que votre beau-père. Malheureusement, il n’y a que vous, alors lorsqu’il oriente le livre vers toi, tu te tais pour écouter ses explications. Tu suis les mouvements qu’il fait pour t’indiquer les différentes formules et énoncées, et tout doucement, tu commences à comprendre. Intérieurement, ça t’énerve peut-être encore plus que Sasha réussisse à faire sens de cet exercice. Tu aurais préféré qu’il ne soit pas pédagogue pour un sou et que tu puisses le blâmer lui pour un échec en cours. Mais non, les équations ne sont plus si compliquées dans ton esprit et bientôt, tu lui prends le stylo des mains pour te mettre à écrire quelque chose. Contact physique extrêmement rare, mais tu n’y penses même plus. La concentration a pris le dessus sur la colère constante que tu ressens envers lui, et tu te penches en avant sur ton cahier. Tes yeux font des aller-retours entre le livre et la feuille sur laquelle tu fais l’exercice, puis tu te redresses soudainement, poussant le cahier vers Sasha le plus normalement du monde. « Est ce que c’est ça ? » Dans ta voix, il n’y a plus aucune trace d’animosité, de colère ou de frustration. Pendant une fraction de seconde, tu oublies qui il est et à quel point il a changé ta vie. Mais peut-être est ce le doute qui plane sur ton résultat mathématiques, ou simplement tes iris qui croisent celle de Sasha, l’illusion ne dure pas très longtemps.

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Tu ne sais pas exactement ce qu’il se passe, pourquoi est ce que tu te calmes soudainement pour te concentrer sur cet exercice. Les mathématiques n’ont pourtant pas un effet apaisant sur toi, c’est loin d’être ta matière préférée et tu n’as pas vraiment un esprit scientifique. Peut-être est-ce simplement parce que Sasha reste calme lui aussi, qu’il se contente de t’expliquer les choses, sans remarques, sans blagues à deux balles, sans pique. Il se contente de t’aider et l’espace de quelques minutes tu oublies que c’est lui. Parfois, lorsque tu es vraiment fatiguée d’avoir pleuré après une dispute parentale, tu te dis que tout aurait été bien plus simple si tu avais simplement accepté la présence de Sasha. Parfois tu te dis que si ta mère en est tombée amoureuse, c’est qu’il n’est peut-être pas si mauvais que ça. Mais cette illusion ne dure jamais très longtemps, trop vite tu te souviens des yeux perçants de l’homme, de son âge trop bas et de la réalité financière de ta famille. Les Walters n’ont jamais été privé d’argent, c’est clairement ce que le Caldwell veut récupérer. Mais en cet instant, tu ne penses pas à l’argent, tu ne penses pas aux disputes trop récurrentes, aux défauts de l’homme et à la bêtise de ta mère. Une fois l’exercice terminé, tu pousse doucement le cahier vers Sasha, pour qu’il regarde ce que tu as fait. Jamais tu ne pensais attendre son approbation et pourtant, tandis qu’il analyse tes calculs, tu sens une certaine envie qu’il te félicite, qu’il aille dans ton sens. Et c’est ce qu’il fait, il valide tes efforts. « Ouais, enfin te lance pas dans une carrière de prof de maths non plus. » Est-ce un pique de méchanceté ou l’ombre d’une blague qui passe tes lèvres ? Avec une autre personne, tu pourrais certainement avoir un immense sourire aux lèvres en disant cela, cherchant à charrier quelqu’un que tu apprécies. Mais là, il n’y a qu’une neutralité déconcertante sur tes traits, qui ne s’améliore pas lorsque l’homme reprend la parole. Silencieuse, tu le regardes attentivement, scrutant son visage et tentant d’analyser ses traits. Toute cette situation est inédite, jamais vous n’avez été aussi calme en compagnie de l’autre ou du moins, jamais tu n’as été aussi calme. « Pourquoi tu fais ça ? Pourquoi tu m’as aidé ? » Il n’y a pas vraiment d’animosité dans le timbre de ta voix, plutôt une grande incompréhension. Voilà le résultat des courses, tu ne comprends pas pourquoi Sasha s’évertue à être toujours aussi gentil et poli avec toi, comment il fait pour ne pas perdre totalement patience. La plupart du temps, il t’ignore juste ou fuit la pièce pour ne pas subir tes regards noirs et tes piques de colère mais, contrairement à ta mère, il ne lève que très rarement le ton sur toi. Au fond c’est assez ridicule, toute la haine que tu ressens est bien tournée vers lui, pourtant c’est avec sa femme que tu te disputes réellement. Une réalité bien triste pour toi qui compte tellement sur ta mère.

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Contre toutes attentes et en particulier les siennes, Austyn s’est autorisée à s’adoucir. Sa concentration n’était plus centrée sur la haine qu’elle porte habituellement à son beau-père, mais sur les exercices de mathématiques qu’elle devait finir pour le lendemain. En quelques minutes à peine, tout s’est apaisé, plus de pique, plus de rancoeur, simplement une adolescente face à un adulte qu’elle ne connaît, finalement, pas très bien. Austyn nierait cela à grands cris, et pourtant Sasha la connaît bien mieux qu'elle ne le connaît. Elle n’a fait aucun effort, n’a posé aucune question parce qu’elle n’a aucune envie de le connaître, elle sait qu’il ne durera pas. Mais lui, malgré tout, sait sans doute des choses par ce que Siobhan lui a raconté, par ce qu’il a deviné en vivant suffisamment longtemps dans cette maison. Et une partie d’elle déteste ça, mais elle se rend compte qu’elle ne peut pas vraiment lutter contre. « Sûrement, oui. » Étrangement, elle se range du côté de l’adulte parce qu’elle ne voit pas l’intérêt de dire le contraire. Les maths ce n’est pas ce qui l’intéresse le plus Austyn, alors peut-être qu’elle avait vraiment et simplement besoin d’entendre une autre explication. Elle ne relève pas non plus la réplique suivante de l’homme. Elle se contente d’un regard noir, meurtrier, comme elle sait si bien les faire. Elle sait parfaitement que c’est d’elle qu’il parle, en partie. Il ne doit la voir que comme une gamine ingrate, mais peu importe. Elle sera toujours là Austyn, tant qu’il sera marié à sa mère elle ne le quittera pas du regard. Il lui demande soudain si elle a d’autres questions, si elle besoin d’autre chose et elle ne sait pas bien quoi dire. Oui, elle en a des questions mais aucune qui n’a à voir avec les mathématiques. Alors elle répond. Des mots qui semblent également prendre au dépourvu Sasha, preuve qu’ils ne communiquent pas suffisamment s’ils s’étonnent de chaque phrase que l’autre peut prononcer. Il répond par une autre question, mais comprend rapidement que ce n’est pas là qu’elle veut en venir. Alors il reprend, et pour la première fois elle écoute, calmement, sans rien dire. Elle écoute chaque mot, chaque explication, mais à ses oreilles Sasha ne fait pas sens. « Tu n’es pas mon père Sasha. Tu n’as pas d’obligation, pas de rôle à jouer. Rien ni personne ne te force à t’asseoir là et m’expliquer mon problème de maths. » Une nouvelle fois, c’est d’un ton neutre qu’elle s’adresse à lui. Il n’y a aucun insulte dans sa voix, lorsqu’elle lui dit qu’il n’est pas son père, c’est d’une manière totalement naturelle. Austyn n’a pas vraiment de père et elle le sait, elle y est largement habituée depuis le temps. Elle estime également ne pas en avoir besoin, ce n’est pas dix-sept ans après qu’elle va soudainement ressentir l’envie de le rencontrer. Dans tout ça, elle cherche simplement à lui dire qu’elle ne comprend pas. « Est ce que c’est juste pour la séduire un peu plus ? Pour lui faire croire que t’es un mec bien en s’occupant de ses enfants ? Tu sais, ma mère elle est déjà suffisamment sous ton charme, t’as pas besoin d’en rajouter. Mais t’as pas gagné la guerre Sasha, on te laissera pas la prendre complètement. » Elle sait Austyn. Ces temps-ci Siobhan n’aime plus ses enfants, ou du moins elle ne l’aime plus elle. Elle n’a d’yeux que pour Sasha, pour son beau sourire et ses muscles saillants, mais la petite ne désespère pas. Elle trouvera le moyen de lui faire ouvrir les yeux pour qu’elle voit le démon qui dort près d’elle chaque nuit. Elle retrouvera sa mère, et il faut que Sasha le comprenne bien. Qu’importe combien d’exercices il l’aidera à faire, Austyn ne tombera pas sous son charme, elle ne deviendra pas orpheline.

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Ce moment entre eux ne pouvait pas rester si paisible. Austyn ne crie pas, ne hausse pas le ton comme elle le fait si souvent avec l’époux de sa mère, mais les joutes verbales ne pouvaient être interrompues indéfiniment. Elle ne commence pas par des attaques, en vérité elle veut juste comprendre pourquoi il fait ça, pourquoi il s’efforce d’être aussi gentil et patient avec elle. Ils sont seuls dans cette maison, il pourrait l’ignorer ou même l’insulter, personne n’en saurait rien. Et la situation s’est tellement dégradée que même si Austyn allait tout raconter à sa mère, celle-ci ne la croirait pas. Sasha a réussi à étendre son emprise, à gagner plus d’influence mais la gamine compte bien ne pas le laisser gagner. Elle est prête à se battre Austyn, quel que soit le prix à payer. L’homme à côté d’elle reste silencieux pendant quelques secondes, avant de lui renvoyer une autre question. « Si j’avais le choix, évidemment que je ne dépenserai pas autant d’énergie pour ça, tu ne le mérites pas. Mais si j’avais le choix tu ne serais jamais entré dans nos vies et certainement pas dans notre famille. » C’est assez idiot au fond, dès l’instant où sa mère lui a présenté Sasha, elle a su que c’était un ennemi. Pourtant les quelques fois où elle a croisé Alistair, Austyn s’est plutôt amusée de la situation. Peut-être parce que leur relation n’était pas officielle ? Parce que lui n’a jamais essayé de prendre place entre mère et fille. Sasha a enlevé ce qui était le plus précieux aux yeux de l’adolescente, elle ne voit pas comment elle pourrait le pardonner. « Pourquoi est-ce que je serai conviviale avec toi ? Tu ne feras jamais partie de ma famille ! » Austyn enchaîne, menace quelque peu son beau-père en lui faisant bien comprendre qu’il n’a pas sa place ici. Lui aussi semble perdre patience et finalement parle d’amour pour tout justifier. Cette fois c’est à Austyn de marquer une pause, de rester silencieuse quelques instants. Peut-être est-ce parce qu’elle n’a aucune expérience dans la matière que cet argument lui semble si faible, mais elle trouve ça bien bas de se cacher derrière une idée aussi abstraite que l’amour. « On avait pas besoin de toi. » lâche-t-elle en le regardant droit dans les yeux. « On allait très bien, juste tous les trois. On avait pas besoin de toi ou de qui que ce soit d’autre. Elle n’a pas besoin d’un homme pour être heureuse ou avancer dans la vie. » Austyn ne réalise pas à quel point ses mots sont égoïstes, à quel point l’image mentale qu’elle se fait de sa mère est fausse. Evidemment qu’elle n’a besoin de personne, évidemment que Siobhan est une femme forte et indépendante qui peut être la clé de son propre bonheur. Mais est-ce vraiment juste que de lui souhaiter un avenir solitaire avec pour seule compagnie, la sienne ? « Et toi… Toi t’es personne, Sasha. On ne te connaît pas, tu n’as pas tout le réseau qu’elle a, tout l’argent qu’elle a. Qu’est-ce qui nous prouve que tu ne vas pas fuir à l’autre bout du pays dès que tu auras eu ce que cherchais ? » Sans même s’en rendre compte, Austyn l’accuse de faire exactement la même chose que son père biologique. Elle ne connaît pas cet homme, ne sait de lui que quelques informations que sa mère a laissé échapper au fil des années. En vérité elle ne cherche pas à en savoir plus, elle a la sensation de ne jamais avoir souffert de l’absence de cette figure paternelle. Pourtant, si elle y réfléchissait un peu, peut-être qu’elle se rendrait compte que la réalité actuelle n’est qu’un échos des peines qu’elle a enfoui au plus profond d’elle-même. Peut-être a-t-elle peur de s’attacher à Sasha et de le voir partir du jour au lendemain, sans aucune explication. « Ma mère est la femme la plus extraordinaire du monde. Je sais que tu vas finir par la blesser, d’une manière ou d’une autre, parce que tu ne te rends pas compte d’à quel point elle est spéciale. Et tu vas partir, nous laisser seuls et il faudra qu’on recolle les morceaux que tu auras éparpillés partout. » Elle ne sait pas comment présenter les choses autrement Austyn, elle refuse de lui faire confiance, c’est tout.

@Sasha Caldwell & @Austyn Walters
Elle se défoule Austyn, sans même se souvenir du point de départ. En a-t-elle vraiment besoin de toute façon lorsqu’il s’agit de Sasha ? Non, sa seule présence suffit à la jeune femme pour s’emporter, devenir un moulin à insultes et c’est exactement ce qu’elle fait. Il l’a aidé pourtant. Quelques minutes plus tôt, il était patiemment en train de lui expliquer son problème de mathématiques. Tout aurait pu être pour le mieux, ils n’étaient pas obligés de se mettre à crier. Parce que si elle était tout à fait honnête, Austyn pourrait bien admettre qu’elle n’aime pas cette situation. Tout serait plus simple si elle rendait les armes et acceptait la présence de Sasha dans cette maison, dans la vie de sa mère et de leur famille. Mais elle en est incapable. Elle ne peut que crier, à longueur de temps, qu’importe si elle y perd toute ses forces. Souvent elle crie seule, sa mère répond parfois, tentant de la résonner, mais ne fonctionne jamais. Sasha, lui qui est pourtant le principal intéressé, ne s’emporte pas. Il mène ses batailles à travers sa femme, ce que l’adolescente juge de bien pathétique, mais ça ne lui donne qu’une raison de plus de le mépriser. Aujourd’hui, cependant, quelque chose semble différent. Puisqu’il la coupe, sèchement, en lui disant qu’elle ne sait rien. Elle est surprise Austyn, tellement qu’elle se lève de sa chaise, le regard braqué sur son beau-père. « Parce que toi t’as envie de me connaître peut-être ? » Il peut l’accuser tant qu’il le souhaite, mais elle juge qu’apprendre à connaître quelqu’un doit aller dans les deux sens. Peut-être qu’il a fait plus d’efforts qu’elle par le passé, c’est vrai, mais s’il sait des choses sur elle il ne les a apprises que par le biais de sa femme. Sasha ne s’arrête plus, lui disant qu’elle ne connaît pas sa mère, qu’elle n’est pas le centre du monde et ça Austyn le prend mal. Elle lui jette un regard noir, prête à sortir les griffes dès qu’il lui donnera l’occasion de parler. Elle n’a jamais prétendue avoir une importance supérieure, mais c’est une adolescente et elle se dit finalement que tout le monde est le héros de sa propre vie. Tout ce qu’elle souhaite, c’est réduire les injustices attaquant les personnes qui lui sont chères. Pour la première fois depuis qu’il vit sous ce toit, Sasha s’emporte réellement contre elle, hausse la voix, ose lui dire tout ce qu’il pense. Et si c’est assez rafraîchissant de finalement avoir un ennemi qui ose se montrer, la gamine n’aime pas cette impression de se faire engueuler et infantiliser. « Je lui fais entièrement confiance ! C’est de toi dont je me méfie ! » Cette fois elle crie, réellement. Elle a l’impression qu’elle répète toujours les mêmes arguments, mais que ça ne rentre toujours pas. Sa plainte n’est pas assez pour arrêter l’homme, qui cette fois dépasse une limite à laquelle Austyn ne s’attendait pas. Les mots résonnent à ses oreilles et elle fait brusquement un pas en arrière, comme s’il l’avait frappé. Non, jamais il n’oserait porter la main sur elle et ça Austyn en a bien conscience, mais ses mots sont aussi douloureux que la gifle qu’elle mérite sûrement. « Je serai toujours là. » dit-elle d’une voix faible, pleine de questionnement. Les sourcils froncés, une lueur d’inquiétude dans la voix. Elle est jeune Austyn, trop jeune. Une partie d’elle rêve déjà de parcourir le monde, de tout voir et de tout sentir, mais elle sait au fond d’elle-même qu’elle n’est pas encore prête. « Je ne vais nulle part, Sasha. C’est moi la personne qui serait toujours là. Moi et Robin. On est ses enfants, les seuls sur qui elle peut toujours compter, les seuls qui reviendront toujours. » Le cœur de la gamine se brise quand elle pense à l’éventualité de s’envoler de la maison et encore pire, quand elle pense au jour où elle n’aura plus de raison de revenir. Elle n’est qu’une enfant et la peur de perdre le seul parent qu’elle a jamais connu la terrifie. Bien que ce n’était pas ce que Sasha voulait dire, elle a bien du mal à croire qu’ils en soient arrivés là dans la conversation. « Je suis sûre que tu n’attends que ça. Que je parte à l’université, si possible loin d’ici, que je fasse ma vie et que je ne revienne plus. Mais ce sera toujours chez moi ici, et quoi qu’il arrive elle sera toujours ma mère. Un contrat de mariage ce n’est qu’un papier au fond, ça peut vite disparaître. » A dix-sept ans, elle devrait avoir une vision bien plus romantique du mariage et de l’amour. Peut-être même qu’elle devrait se réjouir pour sa mère, être heureuse que celle-ci ait enfin quelqu’un qui fait battre son cœur. Mais elle n’est pas romantique Austyn, elle ne s’est jamais vraiment intéressée aux princesses et aux contes de fées. L’amour n’est qu’une illusion puisqu’il peut être utilisé pour faire le mal. Finalement l’homme semble se calmer, leur regard se croisent et elle respire un peu plus facilement. « Est-ce que c’est elle qui te l'a dit, que je n’aidais pas ? » Suspicieuse, ses yeux sont légèrement plissés. Il va sans doute dire qu’il n’a pas à lui répondre, que les discussions privées entre mari et femme n’ont pas à être partagées, mais elle n’acceptera pas cette réponse Austyn. Si elle est la protagoniste de leurs conversations alors elle a le droit d’être au courant. « T’es pas le premier tu sais. Des hommes, elle en a eu d’autres avant toi. Elle ne nous les a jamais présentés, certes, mais je sais qui ils étaient. Et ils n’ont jamais fait long feu. Elle n'avait pas besoin d’eux et elle n’a pas besoin de toi. » Têtue jusqu’au bout, Austyn ne le laissera pas avoir le dernier mot dans cette conversation. Elle peut déjà deviner qu’il lui racontera tout lorsque Siobhan rentrera à la maison, et elle peut déjà entendre sa mère qui l’appelle pour mettre les choses au clair. Les cris, les tensions, tout sera à son comble dans moins d’une heure, mais qu’importe. Elle se battra jusqu’au bout. Sans le quitter du regard, elle récupère brutalement son livre de mathématiques sur la table, jugeant qu’il n’y a rien à ajouter.

@Sasha Caldwell & @Austyn Walters S’ils avaient trouvé un terrain d’entente l’espace de quelques instants, les frontières se sont vite refermées sur eux pour les sortir de cette trêve inespérée. Dans la cuisine de la maison familiale, les cris reprennent, se répercutant contre les murs alors que la patience se perd. Siobhan n’est toujours pas rentrée, laissant à Sasha l’opportunité de se dévoiler sous son véritable jour, et Austyn regrette seulement de ne pas avoir pris son téléphone portable avec elle pour l’enregistrer à son insu. Sa mère ne doute pas de l’homme parce qu’elle est trop charmée par l’allure agréable qu’il porte toujours sur lui, mais si l’adolescente avait des preuves concrètes à lui montrer, peut-être pourrait-elle enfin lui faire ouvrir les yeux. Austyn a peur en vérité, tellement peur que tout change autour d’elle qu’elle s’accroche au moindre détail pour retenir la vie d’avancer. Ce n’est pas ainsi que ça fonctionne évidemment, elle devrait sans doute user de son énergie pour faire la paix et apprendre à connaître l’homme qui fait de toute façon partie de leur vie. C’est ce qu’il lui dit de faire d’ailleurs, persuadé que leur guerre est inutile, mais elle ne peut pas voir les choses ainsi. Pas encore. Heurtée par les mots de Sasha, elle laisse entrevoir quelques instants les insécurités d’enfant qu’elle porte encore en elle. C’est une peur de l’abandon qui habite toujours la gamine, une crainte de ne jamais être assez pour qui que ce soit. Elle n’a pas pu retenir son père, que ferait-elle si aujourd’hui sa mère décidait que Sasha valait mieux qu’elle ? Alors elle se lâche, elle crie sur son beau-père comme si sa vie en dépendait. Et lui retrouve un peu son calme. Adulte de la situation, il tente d’apaiser un peu les choses, et ça la rassure un peu la rousse. Il sait qu’elle est la plus importante. Elle et Robin. « Pourquoi est-ce que je te laisserai en faire partie ? On était parfaitement heureux tous les trois, inutile d’être quatre ! » Pourquoi changer une dynamique qui a toujours très bien fonctionné ? C’est ainsi qu’elle réfléchit, peut-être parce qu’elle est la petite dernière et qu’elle n’a jamais eu à se sentir menacé par qui que ce soit. Elle ne sait pas encore que le cœur grandit au fil des rencontres Austyn, elle ne sait pas qu’on peut aimer bien des personnes, d’un amour sincèrement différent. Elle devrait pourtant l'apprendre, et lui laisser une chance. A la place elle continue les coups bas, lui lançant à la figure l’existence de ces ex dont elle-même ne devrait pas avoir conscience. Prenant son livre et son cahier, elle fait quelques pas en arrière, voyant que ses attaques n’ont plus autant d’effet. Sasha se lasse, et cela veut dire qu’il ne sera donc plus aussi répondant. « Je ne me lasserai pas. Parce que ma place est ici, contrairement à toi. J’y serai toujours chez moi, et je n’ai pas peur d’y rester jusqu’à ce que tu comprennes que tu ne feras jamais partie de cette famille. » dit-elle en lui jettant un dernier regard noir. Elle est naïve Austyn, comme une enfant qui n’a encore jamais rien expérimenté par elle-même. Pourtant elle se vante si souvent d’être autonome, de n’avoir besoin de personne, de partir à l’aventure. Tout cela est vrai, mais elle reste encore si jeune. Elle n’a jamais vécu loin, n’a jamais été séparée de sa mère plus de quelques jours et elle ne peut donc pas imaginer qu’un jour elle en aura envie. Un jour, la soif de découverte sera plus importante et nécessaire que la peur qui la maintient encore en place. Et tout cela peut-être que Sasha s’en rend déjà compte. « Il y a plus de gens qui sont de mon côté. On est plein à vouloir vous séparer et on y arrivera. En attendant, je monte dans ma chambre jusqu’à ce que Maman revienne. Je t’ai assez vu. » Insolente gamine. Si sa mère était présente, elle se ferait remettre à sa place sans doute si brutalement qu’elle en pleurerait. Mais elle en profite Austyn, que personne ne puisse la réprimander en cet instant. Un dernier regard dédaigneux et elle sort de la cuisine, montant calmement les escaliers pour garder une contenance et une dignité certaine.