un ange à ma table — jesper

[ un ange à ma table ]

— @jesper lane
tu frôles le ridicule, tu frôles le n'importe quoi. depuis quand exactement, est-ce que tu agis de cette manière ? qu'est-ce qu'il en penserait ? qu'est-ce qu'elle en penserait ? tes pensées un instant tournées en direction du seul homme aimé, en direction de ta gamine. qu'est-ce qu'ils penseraient, tous les deux ?
que du mal.
ça ne te ressemble même pas, d'agir comme ça.
ça ne te ressemble pas du tout. rien ne va, rien n'es logique. parce que t'as toujours pointé du doigt ce genre de comportement, t'as toujours incité tes patients à ne pas se laisser aller et ... tu ne savais pas que ça pouvait faire aussi mal. et tu te rends compte qu'il est presque impossible d'appréhender cette douleur, qui te ronge un peu plus chaque jour. c'est une cacophonie dans ta tête et t'es incapable de faire abstraction de tout ce bruit. tu n'arrives qu'à le noyer, et en atténuer les résonances. c'est si peu. si peu suffisant. comment faire ?

un long souffle t'échappe, et tes doigts traînent autour de ce verre aux nuances brunes. ça brûle les lèvres et l’œsophage, ça bousille le foie et rien dans tout ça n'est bon. pour personne. tu n'as jamais été du genre à aimer l'alcool. parfois un verre de vin au repas pour accompagner ton cher et tendre. pas grand chose de plus. parce que l'alcool, l'alcool ça fait tellement de dégâts. tu fermes les yeux, et c'est presque un haut-le-cœur qui te prend, avec toutes ces pensées qui se fondent et se confondent. tu te contentes pourtant d'une gorgée dans ton verre.
t'es en train de te foutre un peu plus en l'air, mais au moins tu dormiras cette nuit. au moins quelques heures. quelques heures sans souffrir de la situation. tu es loin de résoudre tes problèmes, mais la tentation est trop forte, tu n'arrives pas à y résister.

désolé. tu souffles faiblement quand tu te retournes, ton corps en heurtant un autre, assez durement. un soupir t'échappe et tu observes le brun de longues secondes. plus jeune que toi, d'au moins une dizaine d'années. y'a beaucoup de monde je... j'espère qu'il n'y a pas de dégâts. tu jettes un bref coup d’œil aux vêtements, qui ne semblent pas tâcher de boisson. ni le bar. c'est déjà ça, quand tu y penses. tu laisses une petite moue se dessiner sur tes lèvres.

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