@jayce gardner et @maya gardner Y’a eu besoin que d’un sms pour faire sa journée, à Maya. Presque autant la réjouir que la perspective d’une nouvelle réservation pour le prochain show de son idole, celle qu’elle adule par-dessus tout. Un message, tout simple, tout bête pour la plupart des gens mais d’une valeur inestimable aux yeux de la jeune danseuse. Ce soir, on mange ensemble à la maison, papa.
Papa. Son héros, son idole de la première heure. Une idole absente du devant de la scène et des feux de la rampe, souvent (trop) absorbée par le boulot et les obligations d’un poste à responsabilité. Un père qui se retrouve seul dans la maison familiale, désertée par Maman, sans qu’elle, elle ne sache pourquoi. Elle ignore que son père, il a la jambe légère avec son assistante. Ne vaut mieux pas que Maya l’apprenne. Cela briserait le mythe. Cela lui briserait le cœur. Cela la briserait tout court.
En rentrant de l’école, hyper motivée par cette bonne nouvelle, Maya s’affaire à la maison. Elle range, elle nettoie pour que tout soit parfait pour ce repas avec son père, bien qu’il ne lui ait rien demandé de faire. Puis, comme chaque vendredi, elle part à l'entraînement à 17h30. Deux heures intenses de danse. Elle a du mal à se concentrer, tellement elle est ravie d’avoir une soirée en tête à tête avec son père. Elle se dépêche de rentrer, le cœur battant. Il sera là ? Son cœur manque de sortir de sa poitrine. Y’a sa voiture devant la maison, de la lumière ! Et c’est en courant qu’elle débarque dans la maison, en l’appelant. « Papa ? »
@maya gardner et @jayce gardner Il essayait de faire des efforts Jayce. Il n’avait pas été un père particulièrement présent ces dernières années et sans doute qu’il ne pouvait s’en vouloir qu’à lui-même. S’il avait passé moins de temps à tromper sa femme, il aurait eu plus de temps pour sa famille. Il savait que c’était le genre de discours qu’on pourrait facilement lui tenir, comme si l’adultère était un justificatif pour tout le reste. La vérité, c’était qu’il avait travaillé d’arrache-pied pendant toute sa vie, parce qu’il aimait sa carrière, évidemment, qu’il avait travaillé dur pour y arriver, mais aussi parce qu’il refusait que ses enfants galèrent comme il avait galérait. Il était né dans une famille défavorisée lui et les Etats-Unis étaient loin d’être l’endroit idéal pour voir disparaitre les inégalités. Il n’y avait bien qu’en se battant qu’on pouvait y arriver, alors il s’était battu. Ses enfants allaient pouvoir faire des études, peut-être même entrer dans les universités les plus prestigieuses du pays, parce qu’il avait tout donné, toute sa vie pour se faire un nom dans son métier et que ça avait fini par payer. Il avait manqué beaucoup de choses avec ses enfants, mais au moins, il leur avait offert la vie que lui, il n’avait pas eu. Le truc, c’était qu’avant il y avait toujours eu Rachel pour s’occuper des enfants, ils avaient fait des choix pour mieux gérer les choses, alors il travaillait, elle gardait les enfants. C’était peut-être un peu archaïque comme façon de faire, mais ils étaient arrivés à la conclusion que c’était la meilleure chose à faire. Rachel avait repris le travail une fois les enfants assez grands pour mieux se gérer. Mais elle avait quand même été plus présente que lui à la maison et maintenant qu’elle était partie, c’était compliqué. Il fallait qu’il s’occuper des enfants, qu’il continue d’assurer dans son boulot, qu’il gère la maison et qu’il rattrape le temps perdu avec ses enfants. Ce n’était pas évident, si bien que ce soir, il avait quitté le boulot assez tôt pour essayer de faire quelque chose de potable pour le dîner. Il avait la recette qui s’affichait sur la tablette et les ingrédients sur la table, mais à l’arrivée, ça se compliquait, même en suivant la recette, il y avait quelque chose qui n’allait pas. Ce n’était qu’un plat de lasagnes, mais même ça, c’était trop compliqué pour lui. « Je suis dans la cuisine. » Il indiqua à sa fille alors qu’il entendit sa voix, pendant qu’il galéré à essayer de faire sa sauce tomate sans que ça brûle au fond de la casserole. « T’as passé une bonne journée ? » Il demanda en entendant des pas derrière, elle, alors qu’il était concentré sur sa casserole, son costume encore sur le dos, la cravate sur l’épaule pour éviter qu’elle tombe dans la sauce, il était tellement à la ramasse qu’il n’avait même pas pensé à se changer avant, même les bases les plus logiques de la cuisine, il ne les avait pas, alors clairement, ce n’était pas demain la veille qu’il allait réussir un plat potable.
@jayce gardner et @maya gardner Elle entend la voix de son père, confirmation qu’il n’a eu aucun imprévu venant annuler leur repas en tête à tête, de père à fille. Son cœur s’emballe alors qu’un large sourire vient illuminer son regard poupon malgré l’adolescente déjà bien présente chez Maya. Elle suit l’instruction de son père et va dans la cuisine où une drôle de scène se déroule sous ses yeux. Il cuisine, dans son costume griffé. C’est assez amusant, vision inhabituelle aussi. Maya s’empare du tablier abandonné par sa mère et s’en pare. Il est un peu trop grand mais qu’importe tant qu’il lui permet de ne pas se salir. Maya se poste près de son père, se hisse sur la pointe des pieds et dépose un tendre baiser sur sa joue parsemée d’une barbe. Puis, elle relève ses manches, prend un couteau et commence à peler l’oignon, bien plus rapidement que son paternel. « Tu vas bien ? », s’enquit-elle, tout en réalisant que cela fait bien longtemps qu’ils n’ont pas échangés plus de trois phrases l’un et l’autre. Maya l’aide. Elle se met spontanément à lui parler de l’école, de la danse. Pour échanger, pour le besoin de partager, aussi, avec ce père qu’elle n’a pas vu depuis longtemps tout compte fait. Elle est si heureuse, l’adolescente ! Elle le fait savoir à son père, d’un ton spontané et joyeux. « Je suis vraiment contente qu’on passe un moment rien que tous les deux, ça fait longtemps ! ». Elle le regarde comme un héros, tout sourire. Conquise par ce père qu’elle imagine parfait. Pas si parfait que ça. « Ca va à ton travail ? Y’a toujours autant de boulot ? »
@maya gardner et @jayce gardner Depuis le départ de Rachel, Jayce était seul avec les enfants et ce n’était pas toujours facile. Il avait été un père absent le brun. Ce n’était pas parce qu’il se fichait complètement du sort de sa famille, bien au contraire, ses ambitions, elles étaient nées des problèmes financiers que ses parents à lui avaient rencontrés. Ça l’avait poussé à se surpasser pour pouvoir offrir mieux à ses enfants, qu’ils ne manquent jamais de rien. Il avait travaillé très dur pour en arriver là où il en était et il en était fier le brun. Il était satisfait de sa réussite professionnelle. Il était, évidemment, heureux aussi avec sa famille, même s’il ne l’avait clairement pas assez démontré, ni à ses enfants, ni à son épouse. Il avait tout foutu en l’air avec Rachel, pour une histoire débile, sans intérêt et franchement, plus le temps passait, plus il doutait de pouvoir un jour recoller les morceaux avec Rachel. Si tout était couru d’avance avec elle, ce n’était pas le cas avec les enfants, alors ça lui donnait une bonne raison de quitter le boulot suffisamment tôt pour pouvoir passer du temps avec sa fille. Ça faisait au moins une promesse qu’il n’allait pas briser. Il galérait pourtant avec la cuisine, il se sentait idiot à ne pas savoir comment s’y prendre. Heureusement pour lui, il était un meilleur avocat que cuisinier, sans quoi sa carrière n’aurait clairement jamais décollé. Maya avait fini par le rejoindre dans la cuisine, la présence de la jeune femme avait le mérite de chasser l’auto-critique qui se jouait dans sa tête alors qu’il essayait de faire en sorte que son plat ressemble à quelque chose. « Ça va et toi ? » Il demanda à sa fille. Pour lui, si on ignorait la galère dans laquelle il était avec ses lasagnes, tout allait bien. Il était content de passer du temps avec sa fille Jayce, elle aussi, d’après ses dires. Ça le fit sourire Jayce d’entendre ça. « Moi aussi je suis content. » Il ne regrettait pas de s’être libéré du temps Jayce, il regrettait de ne pas l’avoir fait plus souvent avant que Rachel ne quitte la maison. « Ouais tout se passe bien. Tant qu’il y aura des gens pour faire n’importe quoi, je ne risque pas de manquer de boulot. » Il avait toujours autant de boulot parce qu’il y avait des gens à défendre contre la bêtise des autres. Vu le monde dans lequel ils vivaient, c’était certain qu’on allait encore longtemps avoir besoin de lui. « Toi, il va bientôt falloir que tu fasses des choix pour les universités, t’en es où de ce côté-là ? » Il n’avait jamais beaucoup mis le nez dans la scolarité des enfants, encore un truc que Rachel avait très bien géré. Mais le lycée, ça n’avait pas énormément changé depuis son époque, c’était toujours ce moment où on mettait la pression sur les élèves pour leur avenir. Elle n’avait que seize ans, mais les lettres de motivations pour les universités, il fallait les faire avant même d’avoir mis le pied en terminal, alors c’était le moment pour elle d’y réfléchir sérieusement.
@jayce gardner et @maya gardner Ca ne peut pas aller mieux, pense Maya. Elle a enfin un moment privilégié, seule avec son père. Ce dont elle rêve depuis longtemps, depuis des mois, sans qu’il n’y ait ni sa mère ni son frère. Rien qu’elle et lui. Les fameux moments « père-fille ». Maya opine du chef très positivement à la question de son père. « Très bien, oui ! ». Il y a tant d’enthousiasme et de joie dans sa voix. Elle l’aime tellement, son père, son héros. Bien sûr, elle éprouve le même amour pour sa mère. Mais ne dit-on pas que la relation d’un père et d’une fille reste unique ?
Maya a toujours admiré le métier de son père. Défendre les gens, innocents comme coupables. Manier les mots pour convaincre ou émouvoir. Elle l’admire pour sa capacité à gagner bons nombres de procès. Elle l’admire pour sa prestance, dans ses costumes de griffe, son éloquence et sa manière de s’exprimer, toujours si correcte. Même les personnages pourtant charismatiques de la série Suits, qu’elle suit ardemment, lui semblent fades à côté de Maître Gardner, son père. Gamine, elle allait de temps en temps au cabinet de son père, colorier pendant qu’il préparait ses séances. Et elle écoutait toujours, d’une oreille attentive. Sa situation est admirable mais il a œuvré dur pour arriver où il en est, dès l’âge qu’elle a, actuellement. D’ailleurs, son père ne tarde pas à lui parler de l’université, même s’il faut encore attendre deux bonnes années pour cela. Maya grimace tandis que son père a le dos tourné. Elle n’y pense pas trop. Avec le divorce de ses parents, avec son obsession pour Midnight Prayers… Puis, Maya ne sait pas quoi faire de sa vie, plus tard. Certes, il y a la danse mais elle est lucide : ça ne dure qu’un temps si tant est que ça fonctionne. Alors cette option a été écartée, depuis longtemps. « Je commence à regarder », commence-t-elle doucement avant d’admettre, à voix basse : « … mais je t’avoue que je suis perdue sur ce que j’ai envie de faire, comme métier ».
@maya gardner et @jayce gardner Avoir des enfants, ça demandait beaucoup de responsabilités et Jayce, il était souvent passé à côté de ça. Il y avait toujours eu Rachel pour assurer le rôle de parent et lui pour ramener l’argent à la maison. Ils avaient choisi de fonctionner comme ça et jusqu’à présent, ça leur avait bien réussi, ou du moins, c’était comme ça qu’il avait vu les choses avant que Rachel ne quitte la maison. Maintenant, il était seul avec les enfants et souvent, ça lui donnait l’impression d’être complètement largué. C’était la preuve qu’il ne s’était pas assez souvent concentré sur ses enfants et c’était regrettable. Il aurait dû leur accorder plus de temps. Il n’était jamais trop tard, c’était ce qu’il essayait de se dire le brun. En tout cas, il essayait de rattraper le temps perdu, même si pour ça il fallait qu’il galère à essayer de préparer un plat de lasagnes. Il était content de voir le sourire de sa fille. Elle semblait heureuse de pouvoir passer du temps avec lui et ça, ça lui faisait chaud au cœur. Ça faisait au moins une personne qui ne le détestait pas dans la famille. Sans doute parce qu’elle ne savait pas pourquoi ses parents étaient en train de se séparer. Ou si elle le savait elle n’était jamais venue lui en parler. Ce n’était pas lui qui allait venir étaler son adultère aux yeux de sa fille, alors si elle ne savait pas, c’était très bien comme ça. Il n’avait pas envie de parler de ça le brun. Il n’avait pas envie de penser à quel point il avait foutu en l’air sa vie de famille, tout ça pour un caprice. Cette histoire n’avait pas d’importance, il avait rompu avec son assistante à la minute où Rachel avait appris le pot-aux-roses et ni lui, ni elle ne le regrettait. Ils continuaient de bosser ensemble comme si rien ne s’était passé. Le jeu avait été agréable tant qu’il y avait un enjeu, un risque, maintenant, ça n’avait plus d’importance. C’était pathétique de briser un mariage pour ça, si au moins, ils avaient eu des sentiments l’un pour l’autre, ça aurait pu valoir le coup, mais là c’était juste nul., alors autant ne pas y penser ce soir. Il préférait largement parler des futures études de sa fille. Il avait souvent été absent, mais il s’était toujours soucié de son avenir, à elle, comme de celui de son aîné. « Ce n’est pas facile de choisir une voix quand on a que seize ans. » Pourtant, on leur demandait de choisi le plus vite possible, pour pouvoir envoyer des candidatures. L’avantage, c’était qu’envoyer une lettre de motivation, ça ne valait pas grand-chose à part du temps et un timbre, alors on pouvait toujours multiplier les études. « Quand j’avais seize ans, j’étais persuadé que plus tard, je serais une rockstar, tout ça parc que je grattais trois accords sur ma guitare dans le garage d’un pote. » Il laissa échapper un léger rire à se souvenir qui le ramenait vraiment à une époque lointaine à laquelle il avait été bien insouciant. « Heureusement, j’ai fini par abandonner l’idée pour m’inscrire en droit. » Sans quoi il serait fauché ou déjà mort de froid dans la rue après avoir fait la manche toute sa vie. Mais il avait bossé dur pour en arriver là où il en était et c’était aussi pour que ses enfants puissent suivre leurs rêves sans avoir peur des conséquences. « J’aurais plutôt tendance à te conseiller le droit, parce que ça m’a bien réussi et que je défends mes ambitions. Mais si tu veux devenir une rockstar, je te soutiendrais. » Il esquissa un sourire. Elle n’avait que seize ans, des rêves plein la tête sans doute et le plus important, c’était sans doute d’avoir le soutien de ses parents. Elle pouvait être certaine qu’elle avait le sien, même si dans le cas où elle rêverait de devenir rockstar, il lui suggèrerait quand même de penser à un plan B, juste au cas où.
@jayce gardner et @maya gardner Maya ignore tout de l’infidélité de son père. Autant dire que si elle le savait, son regard sur lui changerait indéniablement et son cœur, lui, se briserait, à l’image de celui de sa mère. Parce que son père, c’est son héros et malgré ses absences récurrentes et parfois, son manque de réactivité et de réaction, il est, à ses yeux, le père parfait. Comme il le dit si bien (et souvent, Maya trouve que son père a toujours les mots justes), ce n’est pas facile de choisir sa voie et son avenir à tout juste seize ans, même pas encore adulte. Cela angoisse beaucoup l’adolescente qui, au fil de la conversation, découvre un aspect nouveau de son père. Il voulait donc devenir une rockstar ? Elle, sa fille, si fan de ce type de chanteur là, c’est amusant comme anecdote. Elle le regarde autrement, à l’instant, un petit sourire amusé sur ses lèvres fines. Toutefois, la fin est toute autre, comme elle le sait et comme ne manque pas de le mentionner son père. Comme pour lui dire qu’il faut ranger ses rêves de petite fille et penser à une vraie situation, un vrai métier. C’est d’ailleurs déjà dans cette optique là que Maya refuse, notamment, de faire carrière dans la danse classique. Trop de concurrence, aussi. Toutefois, ça semble se clôturer sur une note positive et encourageante même si l’avis de son père est marqué, nettement. Alors, Maya, elle se risque à parler de ses idées à Jayce. « Tu en penses quoi du stylisme ? », dit-elle tout en commençant à sortir la vaisselle de la machine pour la ranger dans les placards adéquats. « J’y ai aussi pensé, au droit, tu sais », tente-t-elle de le rassurer. « … mais nous portons le même nom et je n’ai pas envie qu’on pense que j’aurais acquis ce que je pourrais acquérir parce que je suis la fille du grand avocat que tu es ».
@maya gardner et @jayce gardner Passer du temps avec sa fille, c’était agréable. Maintenant qu’il n’y avait plus Rachel, il était obligé de faire des efforts pour être plus présent et ça le poussait à regretter de ne pas l’avoir fait plus tôt.il avait eu une famille idéale Jayce, il l’avait toujours su, mais il n’en avait jamais assez profité. Il avait toujours passé beaucoup de temps au travail et il ne pouvait pas vraiment avoir des regrets pour ça, parce qu’il adorait son boulot et il était extrêmement fier d’avoir réussi sa carrière comme il avait pu le faire. Il était parti de rien et il s’était construit un nom dans le milieu de la justice. Son boulot était très important à ses yeux, mais sa famille l’était tout autant et il n’avait pas su le leur montrer comme il aurait dû le faire. Il regrettait d’avoir trahi son épouse comme il l’avait fait. Il n’avait été qu’un idiot, appréciant un peu trop de jouer avec le feu, comme si braver les interdits pouvait avoir du bon. Il avait commis une faute que son épouse ne semblait pas vouloir lui pardonner. Il la comprenait, évidemment, mais il regrettait vraiment ce qu’il avait fait. Il aimerait pouvoir la convaincre de lui offrir une seconde chance, mais il semblait bien que c’était compliqué. Au moins, avec Maya, il n’avait pas encore tout perdu. Il avait l’occasion de rattraper le temps perdu et il avait bien l’intention d’en profiter, même si ça devait le pousser à galérer à essayer de faire un plat de lasagnes pour préparer un repas convivial pour sa fille et lui. Il aurait probablement mieux fait de lui proposer de commander des pizzas et d’aller les manger devant une série à la télévision, au moins, il se serait donné un peu moins de mal. Trop tard, maintenant que ses lasagnes ressemblaient peu près à quelque chose, il allait falloir les manger. Il alla d’ailleurs enfourner le plat dans le four, parce qu’elle n’allait pas cuire toutes seules. « C’est une branche assez difficile, mais je pense que tu peux y arriver. » C’était compétitif comme domaine, mais si ça lui plaisait, il était certain qu’elle pourrait réussir. « Tu me feras des costumes sur-mesure, après. » Il commenta dans un léger rire. Il serait fier en tout cas de porter un costume créé par sa fille. « T’en fais pas pour ça, si ça te tente, je serais là pour faire taire les mauvaises langues. » Même si, c’était certain que si elle choisissait le droit, il serait là pour l’aider. Cela dit, il n’irait pas en cours à sa place et ne passerait pas les examens à sa place. Peut-être bien que ce serait plus facile pour obtenir un stage, mais être sa fille n’allait pas lui offrir toutes les astuces et les compétences pour être une bonne avocate. « Tu pourrais faire un stage dans mon cabinet, si tu veux voir si ça peut te plaire. » Il haussa les épaules, si elle y avait pensé et qu’elle voulait vérifier si oui ou non, ça pouvait l’intéresser, autant faire un stage, au lieu de juste abandonner à cause de ce que les gens pourraient penser. Le mieux pour choisir sa voie, c’était d’essayer de toute façon.
@jayce gardner et @maya gardner Maya ne peut pas se sentir plus heureuse et encouragée qu’en cet instant précis où son père semble l’inviter à tenter des études dans le premier domaine digne de son intérêt soit le stylisme. Elle qui s’attendait à ce qu’on lui dise que c’est un dur métier, que ça n’en est pas vraiment un, qu’il faut réellement se démarquer… ça n’est pas le cas et elle ne peut pas en être plus heureuse, notamment quand il parle de porter un costume qu’elle aurait fait. Un radieux sourire vient alors illuminer le visage de l’adolescente. « Ce serait avec plaisir ! Je peux même essayer de t’en coudre un pendant les vacances si tu le veux ! », s’exclame Maya avec un enthousiasme débordant.
Inopinée proposition d’un stage, également. Maya ne peut que sourire davantage car qu’importe la voie professionnelle qu’elle choisira à la fin de l’année, son père semble vouloir la soutenir. Elle compte bien en discuter avec sa mère, bien entendu, de ses choix d’avenir mais pour l’heure, cette conversation se tient avec son père dans un moment rare de complicité entre générations. « Ce serait génial ! », répond Maya. « En plus de voir mon père travailler, je pourrais voir si cela me plaît vraiment ! »
Le plat au four, Maya décide de ne pas remonter directement dans sa chambre, comme elle aurait tendance à le faire d’ordinaire. Elle veut prolonger ce moment précieux avec Jayce et s’installe donc au salon avec lui. Elle se positionne confortablement dans le canapé tout en tournant la tête pour observer son paternel. « J’pense qu’Elio ne va pas rentrer, ce soir ». Un soupçon d’inquiétude dans sa voix. Comme beaucoup de soirs, en fait…
@maya gardner et @jayce gardner Il savait qu’il avait beaucoup de défauts en tant que père Jayce, notamment celui d’avoir été beaucoup absent, toujours trop pris par son boulot. Il ne voulait pas être celui qui allait en plus briser les rêves de ses enfants en les poussant vers des voies qui ne leur convenait pas. Il avait bossé dur toute sa vie pour avoir assez d’argent pour payer à ses enfants les études qu’ils voudraient, pour s’assurer qu’ils ne soient jamais dans la même galère que lui, alors il croyait en leurs rêves et il voulait les encourager à faire ce qui leur plaisait dans la vie. Si Maya voulait faire stylisme, alors elle n’avait qu’à tenter sa chance dans ce domaine, il serait derrière elle pour la soutenir. « Vraiment ? J’en serais ravi. » Ça lui ferait plaisir de pouvoir aller travailler dans un costume que sa fille aurait spécialement créé pour lui. Si elle avait le temps et l’envie de faire ça pour lui, il en serait honoré le brun. Si elle hésitait quand même avec le droit, il pouvait l’aider à voir si oui ou non ça lui plaisait, après tout, il avait fondé son propre cabinet d’avocats, alors il pouvait la prendre avec lui quelques jours pour lui présenter son métier. « Je ne sais pas si voir ton père travailler est forcément passionnant, mais tu pourras au moins te rendre compte de ce que c’est comme métier. » Un métier compliqué d’après lui. Il s’était accroché pendant des années pour tenir bon, parce que ça lui tenait à cœur, parce qu’il aimait ce qu’il faisait. Mais il ne pouvait pas mentir et prétendre que c’était un métier facile. Il avait réussi à enfourner son plat qui n’était pas un total désastre, il avait même de quoi être fier de lui, puisqu’il était évident qu’il ne cuisinait pas souvent. Le midi, il était plus du genre à aller au restaurant avec ses collègues ou à se faire livrer un truc directement au bureau plutôt que ramener son tupperware avec un plat qu’il aurait lui-même préparé à l’avance pour l’occasion. « Il a vingt ans, c’est l’âge où on préfère sortir avec ses amis plutôt que de manger un plat de lasagnes plus ou moins réussi en famille. Ne t’inquiète pas pour lui. » Il avait été jeune lui aussi, alors il pouvait comprendre qu’Elio rentre tard ou ne rentre pas du tout le soir. C’était mieux quand on prévenait, mais avec la vingtaine venait aussi une certaine dose d’indépendance. « Je vais lui envoyer un message pour m’assurer que tout va bien. » Parce qu’il n’était pas non plus si nul que ça comme père, il voulait être certain que son fils allait bien et en prime, il voulait rassurer sa fille, alors il pris son téléphone dans sa poche pour envoyer un sms à son fils, histoire de lui demander où il était, s’il rentrait pour le dîner et si ce n’était pas le cas à quelle heure il comptait rentrer.
@jayce gardner et @maya gardner L’enthousiasme de son père lui met du baume au coeur et la motive dans cette voie, sa seconde passion après la danse classique, qui anime son âme depuis plusieurs années déjà. Dans sa tête, des croquis se dessinent déjà notamment pour une veste élégante comme son père en possède déjà des dizaines mais dans un coloris plus original mais discret à la fois, comme il n’en a pas. Ses mains s’agitent. Maya a envie de prendre un crayon et de griffonner mais elle remet cela à plus tard dans la soirée, pour profiter de cet instant père-fille si précieux à ses yeux ; ce moment semble même aboutir sur un stage d’observation qu’elle va devoir trouver d’ici quelques semaines, par ailleurs, pour l’école. Ce stage pouvait se révéler être une véritable aubaine si Maya saisissait sa chance et décidait de partir sur un milieu juridique.
Son père la prie de ne pas s’inquiéter pour Elio, son aîné. Pourtant, cette peur est plus profonde qu’une simple absence autour d’un plat de lasagnes. Ce qu’il ignore, c’est que c’est une absence répétée. Maya mange seule quasiment tous les soirs et entend son frère rentrer à des heures indécentes, dans des états qui le sont tout autant. Maya hausse des épaules quand son père l’informe avoir pour projet d’envoyer un message à Elio. Il n’obtiendra aucune réponse. Maya est même certaine que son téléphone est déchargé au fond de la poche de sa veste ou qu’il ne sent même pas le vibreur. Ou qu’il l’ignore, délibérément. « Il te répondra probablement pas, P’pa », préfère avertir Maya. Parce qu’elle parle en connaissance de cause. Il ne répond déjà pas quand on lui parle oralement en face à face ! Alors, par message ? « Tu crois qu’il va aller vivre chez Maman ? », demande soudain Maya. La question du divorce, sujet douloureux qu’elle n’a pas encore osé aborder avec son père ni réellement, il faut le dire, avec sa mère. Maya ferme les lèvres, comme si elle regrettait déjà d’avoir parlé. En quoi ça la regarde, elle, du haut de ses seize ans ? C’est le juge qui va décider ou ses parents vont s’entendre sur son cas ? « Pardon, Papa », souffle la brune en baissant les yeux, comme si elle avait fait une bêtise.
@maya gardner et @jayce gardner Il voulait encourager ses enfants à faire ce qui leur plaisait. C’était important pour lui qu’ils s’épanouissent dans leurs vies et ça commençait par ne pas les freiner dans leurs rêves, simplement parce qu’il y avait certaines voies qui étaient plus compliquées que d’autres. Jayce, il était la preuve qu’on pouvait s’en sortir, même quand on se lançait dans un truc compliqué. Il venait d’une famille qui n’avait clairement pas eu les moyens de lui offrir l’université et pourtant, il avait fait de longues études et il avait réussi à faire le métier de ses rêves. Il avait ramé, d’autant plus qu’il était devenu père relativement jeune et que ça n’avait pas été pour simplifier la situation, mais il s’était battu et il avait fini par réussir à accomplir ses rêves. Il avait eu Rachel à ses côtés pour croire en lui et le soutenir. Il savait à quel point c’était important alors, d’être soutenu par ceux qu’on aime. Il voulait que Maya et Elio puissent ressentir ça. Il semblait que c’était assez bien réussi avec Maya, mais ça s’annonçait un peu plus compliqué avec son fils aîné qui semblait assez rancunier envers lui. Moins il passait de temps avec son père, mieux il se portait celui-là. En même temps à son âge, même sans les problèmes familiaux, c’était normal de s’éloigner un peu de la maison. Il avait quand même tenté sa chance Jayce en envoyant un message à son fils, pour savoir si oui ou non, il allait rentrer pour manger. Maya avait sûrement raison, il n’aurait pas la moindre réponse de la part de son fils. « Et dire que les jeunes sont toujours branchés à leurs téléphones. » Il rigola, il n'était pas un vieux con à juger ce comportement. En tout cas, Elio était quand même grand et mature, assez pour se donner la peine de répondre par oui ou par non à un simple message, quand quelqu’un s’inquiétait pour lui non ? Pas sûr. Il verra bien au cours de la soirée s’il lui répondra ou non. Il arqua un sourcil, suite à la question de sa fille, il ne s’y attendait pas. Pourtant, c’était une question tout à fait légitime, vu la situation entre Rachel et lui. « Non, c’est rien. » Il répondit alors qu’elle lui présentait des excuses pour la question qu’elle avait posée. Elle avait le droit d’en parler, si elle en avait besoin et Rachel et lui, ils se devaient de la rassurer et de lui apporter les réponses qui l’aideront. « Honnêtement, je ne sais pas. Je pense qu’il m’en veut beaucoup de ce qui arrive entre ta mère et moi. » Il avait raison dans le fond, tout était de sa faute à lui. Il avait trompé sa femme, il avait brisé leur mariage tout autant que le cœur de Rachel. « Il est majeur, alors il a le droit de choisir ce qu’il veut. » Peut-être qu’il n’ira chez personne en particulier, mais qu’il se prendra un appartement ou une chambre sur le campus, à son âge, ce serait logique. « Tu peux nous en parlé, à ta mère et moi, si tu en as besoin. On sait que ce n’est pas facile, pour ton frère et toi. » Il se permettait de parler au nom de Rachel uniquement, parce qu’il savait que peu importait à quel point elle pouvait le haïr, elle aimait ses enfants et elle voulait ce qu’il y avait de mieux pour eux et là, le mieux, c’était de ne pas les laisser dans le flou total et d’être là pour eux. Peut-être bien que cette volonté d’aider leurs enfants, c’était le dernier truc qu’ils avaient encore en commun, Rachel et lui.
@jayce gardner et @maya gardner Maya ne pouvait pas nier les paroles de son père quant au fait que les jeunes étaient constamment sur leurs téléphones. C’était son cas. Elle pouvait passer (ou perdre) des heures sur les réseaux sociaux tant les siens que ceux qu’elle gérait bénévolement pour son groupe préféré, Midnight Prayers. Ses parents avaient-ils conscience du temps fou qu’elle perdait, les yeux rivés sur son écran ? Cela, Maya en était moins sûre car les moments avec eux étaient devenus si rares qu’elle lâchait son téléphone pour en profiter. Mais quand ils n’étaient pas à la maison ou qu’elle y était seule, elle ne décrochait pas le regard de son GSM, elle le savait pertinemment.
Il était certain qu’Elio était en colère contre l’un ou l’autre mais Maya n’arrivait pas à percevoir contre lequel de leurs parents son courroux était tourné. Son père lui donna une piste. Maya haussa des épaules. En quoi pouvait-il être jugé coupable de la situation ? Sous le seul motif qu’il était un homme ? Bien entendu, ignorant tout de l’infidélité de Jayce, Maya ne pouvait pas saisir cela. Comment le pourrait-elle sans tous les indices, toutes les informations ? Maya aurait-elle le choix ou lui imposerait-on ? Cela l’angoissait particulièrement. Elle ne voulait pas choisir tout autant qu’elle ne voulait pas alterner une semaine sur deux, ici et là. Malheureusement, il faudrait probablement s’y conformer et cette simple idée lui mit les larmes aux yeux. « Je ne veux pas choisir… » sanglota-t-elle. Ses larmes dévalaient désormais sur son visage poupon. « Je ne veux pas que nos vies changent comme ça… »
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Y’a eu besoin que d’un sms pour faire sa journée, à Maya. Presque autant la réjouir que la perspective d’une nouvelle réservation pour le prochain show de son idole, celle qu’elle adule par-dessus tout. Un message, tout simple, tout bête pour la plupart des gens mais d’une valeur inestimable aux yeux de la jeune danseuse. Ce soir, on mange ensemble à la maison, papa. 
Il essayait de faire des efforts Jayce. Il n’avait pas été un père particulièrement présent ces dernières années et sans doute qu’il ne pouvait s’en vouloir qu’à lui-même. S’il avait passé moins de temps à tromper sa femme, il aurait eu plus de temps pour sa famille. Il savait que c’était le genre de discours qu’on pourrait facilement lui tenir, comme si l’adultère était un justificatif pour tout le reste. La vérité, c’était qu’il avait travaillé d’arrache-pied pendant toute sa vie, parce qu’il aimait sa carrière, évidemment, qu’il avait travaillé dur pour y arriver, mais aussi parce qu’il refusait que ses enfants galèrent comme il avait galérait. Il était né dans une famille défavorisée lui et les Etats-Unis étaient loin d’être l’endroit idéal pour voir disparaitre les inégalités. Il n’y avait bien qu’en se battant qu’on pouvait y arriver, alors il s’était battu. Ses enfants allaient pouvoir faire des études, peut-être même entrer dans les universités les plus prestigieuses du pays, parce qu’il avait tout donné, toute sa vie pour se faire un nom dans son métier et que ça avait fini par payer. Il avait manqué beaucoup de choses avec ses enfants, mais au moins, il leur avait offert la vie que lui, il n’avait pas eu. Le truc, c’était qu’avant il y avait toujours eu Rachel pour s’occuper des enfants, ils avaient fait des choix pour mieux gérer les choses, alors il travaillait, elle gardait les enfants. C’était peut-être un peu archaïque comme façon de faire, mais ils étaient arrivés à la conclusion que c’était la meilleure chose à faire. Rachel avait repris le travail une fois les enfants assez grands pour mieux se gérer. Mais elle avait quand même été plus présente que lui à la maison et maintenant qu’elle était partie, c’était compliqué. Il fallait qu’il s’occuper des enfants, qu’il continue d’assurer dans son boulot, qu’il gère la maison et qu’il rattrape le temps perdu avec ses enfants. Ce n’était pas évident, si bien que ce soir, il avait quitté le boulot assez tôt pour essayer de faire quelque chose de potable pour le dîner. Il avait la recette qui s’affichait sur la tablette et les ingrédients sur la table, mais à l’arrivée, ça se compliquait, même en suivant la recette, il y avait quelque chose qui n’allait pas. Ce n’était qu’un plat de lasagnes, mais même ça, c’était trop compliqué pour lui. « Je suis dans la cuisine. » Il indiqua à sa fille alors qu’il entendit sa voix, pendant qu’il galéré à essayer de faire sa sauce tomate sans que ça brûle au fond de la casserole. « T’as passé une bonne journée ? » Il demanda en entendant des pas derrière, elle, alors qu’il était concentré sur sa casserole, son costume encore sur le dos, la cravate sur l’épaule pour éviter qu’elle tombe dans la sauce, il était tellement à la ramasse qu’il n’avait même pas pensé à se changer avant, même les bases les plus logiques de la cuisine, il ne les avait pas, alors clairement, ce n’était pas demain la veille qu’il allait réussir un plat potable.