(julian) le vide aurait suffi.

Anja, elle venait d’ouvrir les paupières. Un souffle ardent, faisant écho sur sa peau épicée, l’avait distraite dans son réveil : non, la tornade n’avait pas pour habitude de dormir avec ses conquêtes, les envoyant balader dès que la valse des corps s’achevait, pour ne laisser qu’un lit froissé et vide à la fin. Lorsque ses prunelles châtaigne se déposaient sur le visage de son partenaire, elle eut un long soupir qui s’échappait, Anja, franchement râleuse de trouver Julian en face d’elle. L’alcool lui avait tant fait tourner la tête que la précieuse ne se souvenait plus de la soirée, ni même par quelle sorcellerie il se trouvait ici. Les paupières lourdes et l’envie de dormir qui reprenait vite sa place, elle ne disait rien de plus, se contentant de l’enlacer, se blottissant contre lui pour reprendre le court de sa nuit. Mais, pourtant, quelques heures plus tard, tandis que la nuit engloutissait encore la Nouvelle-Orléans, une paume large, brûlante venait s’écraser sur sa bouche, étouffant le moindre de ses gémissements d’incompréhension, de crainte. La vision trouble, la tête qui tournait, Anja fut tirée hors du lit par une silhouette massive (elles l’étaient toutes face à sa carcasse peu épaisse) et la tirait plus loin, dans le salon, en prenant soin de ne faire aucun bruit. Endormie, Anja ne saisissait pas ce qui se passait, même lorsque l’homme se mit à parler. Il lui fallut quelques secondes de flottement pour réaliser que son père lui faisait face, en tenant son dernier article concernant les Söderblom. Le ton montait rapidement, les cris et les insultes fusaient envers ce géniteur qui n’avait jamais été capable de s’occuper des marmots, alors ils se criaient toute leur haine, avant que l’éclair ne frappe. Violence inouïe, jamais imaginée ni même pensée jusque là. Plusieurs coups de l’homme, qui envoyaient valdinguer la sauvage à même le sol, sans qu’aucun son ne sorte d’entre ses lèvres : scellées, pour ne laisser aucune satisfaction à son père. Mot qui lui brûlait la gorge, lorsqu’il venait achever sa parade d’un coup de pied contre ses côtes, d’où émanait un craquement à faire trembler les plus peureux. Ce fût comme un flash dans son regard, lorsque Anja poussait un cri et se mettait à pleurer, le corps blessé, les hématomes parcourant son épiderme et bientôt, son père qui réalisait ce qu’il venait de faire. Alors, lorsque du bruit venait de la chambre, il prit la fuite, face à une Anja couverte d’ecchymoses, aux côtes probablement brisées. La poupée tentait de se redresser, avec un peu de chance, ce ne serait pas trop grave, mais ses jambes s’évadaient, s’effondrant de nouveau sur le sol, une main sous son nez qui s’était mis à saigner.