he's just a man and he's on fire (heth)

PETER LE POMPIER – 12:25
Tu viens me chercher à la caserne à 14h00 ? j’ai plus de voiture !
GASPAR – 12:34
Tu sais ce que ça va te coûter de me faire bouger ?
PETER LE POMPIER – 12:36
oh oui ;)

Tu as le sourire, tu t'amuses avec ton message Gasp. Tu profites de la situation même si au final, tu ne passes pas loin de la caserne pour aller rejoindre un autre quartier. Tu fais ce trajet tous les jours, la caserne, c'est juste petit détour de rien du tout. Il le sait bien Peter, ce n'est pas la première fois qu'il te demande de venir le récupérer. Il a toujours des soucis avec sa vieille poubelle qui devrait être à la case depuis longtemps ! Tu sais qu'il va être fatigué, qu'il va vouloir profiter de son temps de repos pour rester tranquille, mais toi, tu en as décidé autrement avec un seul message.
Il y a le temps qui passe et tu es encore sur ton canapé, un café à la main, les yeux rivés sur l'écran de la télévision. La nuit a été courte et tu as du mal à être efficace aujourd'hui. Quand tu vois l'heure s'afficher, tu bois d'une gorgée le fond du café froid, pars te doucher et enfiler un truc confortable avant de prendre la route. Dans la voiture, il y a cette musique qui te fait bouger, taper les doigts contre le volant. Le chewing-gum qui claque entre les dents entre deux paroles que tu glisses. Tu finis par arriver à destination, te garer un peu plus loin, sur un parking et t'attends sagement.


GASPAR – 14:05
je suis devant.
GASPAR – 14:15
tu fous quoi ?

Ne le voyant pas arrivé, restant sans réponse, tu décides d'aller voir ce qu'il se passe dans cette caserne, savoir s'il est encore là, s'il est déjà parti avec une autre personne sans t'avoir prévenu ou bien juste s'il a été appelé de dernière minutes pour une intervention ce qui expliquerait le fait qu'il ne soit pas là et qu'il ne réponde pas à tes messages. Tu as toujours voulu aller voir ce qu'il se passe là-bas. Quand t'étais gosse, tu voulais être des leurs, mais ça, c'est un rêve que beaucoup de gamins ont, et puis, avec le temps, ça t'es complètement passé. Bien évidemment, tu as un grand respect pour eux, mais toi, maintenant ce qui te fais envie dans cet endroit, ce sont les corps musclés des pompiers. Chaque année, tu achètes le calendrier, tu en as même un au bar, dans ton bureau. Tu te perds dans tes pensées, tu t'égares. La tête qui se secoue, tu fais comme chez-toi, tu pénètres dans les lieux. C'est d'un silencieux, il y a encore des gens ici ? Tu avances dans la pièce, jettes un coup d'oeil dans la seconde. - hello ? il y a quelqu'un ? Aucune réponse, tu attends sagement enfin, façon de parler, car tu vois un casque posé sur une table et l'envie est trop forte, tu te sens obligé de le mettre sur la tête et voir à quoi tu ressembles avec. Pas mal, mais un peu grand. Tu entends une porte claquée, ça te fais sursauter. Il y a ce raclement de gorges qui te fait avoir les gros yeux et le visage du gosse qui sait qu'il a fait une bêtise. Tu enlèves le casque en te tournant. - pardon, c'était déplacé.. désolé.. Un petit sourire avant de reposer le casque à sa place, une main dans les cheveux pour se recoiffer et un regard de haut en bas sur ce pompier qui pourrait paraître en photo pour le mois de juillet. me gusta. Tu arrêtes de le fixer, car tu vas finir par créer un malaise et tu reprends la parole. - je me suis permis de rentrer.. je voulais savoir si Peter était dans le coin ou si il était sur une intervention.. je devais le récupérer, mais je n'ai pas de nouvelles..

« Tu crois qu’il s’en est sorti ? » Premiers mots prononcés après de longues minutes de silence sur le chemin nous menant tout droit à la caserne. Notre dernière recrue en date opte pour une interrogation à laquelle je ne pourrais jamais véritablement répondre. Tu étais à sa place il n’y a pas si longtemps, un peu plus d’un an en arrière, face à tes doutes, tes propres questionnements sur les victimes que vous devez conduire aux urgences pour passer le témoin à des équipes plus compétentes en matière de chirurgie. Il m’a fallu plusieurs cas, plusieurs semaines, plus interventions avec l’ambulance pour réaliser, pour me rendre compte que ne pas terminer l’histoire est bon signe. Lorsque nous sommes là pour la commencer et la conclure, il est généralement question de tragédie, de décès. Les victoires se trouvent là où le poids d’une telle responsabilité échappe à notre contrôle pour se cristalliser autour des équipes médicales en charge de prendre le relais. Lorsque tu as finalement compris cela, tu t’es rendu compte que tu ne cherchais plus à savoir. Que tu te refusais même à savoir pour ne pas t’accabler davantage en ajoutant à vos propres pertes leurs défaites à eux. Chaque profession a ses limites, nous ne sommes malheureusement pas des superhéros. Nous n’avons aucun pouvoir sur la vie et la mort, aucun moyen révolutionnaire de nous immiscer au beau milieu des plans de la Grande Faucheuse lorsque tout ce qui était humainement faisable ne s’avère pas suffisant. Lorsqu’une telle chose se produit, il faut juste accepter. Tu n’as pas toujours su le faire, tu t’es refusé à renoncer, à retirer tes mains de la poitrine de cet enfant, décédé des suites d’une noyade… Tu t’es entêté pendant de longues minutes alors que tout le monde autour de toi te suppliais d’arrêter. Son fantôme me hante encore dans mes cauchemars. Une culpabilité qui semble s’alléger avec le temps, avec la prise de conscience qui accompagne chaque nouvelle perte. « Je ne sais pas, et… Un conseil, le nouveau… Tu ne veux pas savoir non plus. » Nous sommes encore couverts de son sang. L’hémorragie aurait pu lui être fatale si je ne m’étais pas positionné pour exercer une pression directement à l’intérieur de son thorax. J’ignore comment il est parvenu à survivre jusqu’à notre arrivée sur les lieux. Je ne suis pas idiot, je le vois fixer ses mains. Elles tremblent. « Hammer, hey, Hammer regarde-moi ! Ne m’oblige pas à piler au milieu de la route pour te forcer à le faire ! » Une réaction, c’est exactement ce que je recherchais. « Il n’est pas mort dans l’ambulance. Nous avons fait tout ce qui était en notre pouvoir et nous l’avons stabilisé pour que les médecins aient une chance de le sauver… Tu n’as pas paniqué malgré la pression, tu as réussi à l’intuber, à conduire jusqu’à l’hôpital… Tu as fait tout ce que tu pouvais et je t’en félicite. Ne te concentre que là-dessus, pas sur le sang, pas sur sa situation… Tu as assuré, le nouveau ! » Son visage se détend, je crois même repérer un léger sourire sur son minois. « J’te paie un café en sortant d’ici ! » Tu as une règle d’or, ne jamais laisser un frère dans le besoin. Il a clairement besoin de parler, d’extérioriser, de trouver des moyens d’avancer, d’évacuer. Nous arrivons finalement à la caserne. « Je m’occupe de la paperasse, je te laisse commencer à nettoyer l’ambulance avant l’arrivée de la relève ? » Un coup d’œil rapide sur ma montre. Nous ne sommes plus qu’à une dizaine de minutes de pouvoir rentrer à la maison.

Vingt-quatre heures de garde, il n’y a rien de plus exigeant de prime abord mais nos corps se sont habitués à un tel rythme. Le repos compensatoire en vaut largement la peine, qui plus est. J’aime pouvoir m’investir pleinement sur un temps intensément limité, c’est ainsi que je me montre le plus efficace. Les escaliers qui conduisent à nos quartiers généreux ne sont qu’une formalité, survolés deux par deux. Ils permettent de franchir le hall d’entrée puis l’immense espace de vie commune composé d’une cuisine ouverte ainsi que d’un large espace détente. Tu ouvres la porte, prêt à te jeter sur l’évier pour engouffrer plusieurs verres d’eau mais tu es très rapidement interrompu par la silhouette, de dos, d’un homme qui porte le casque à ton nom… Casque que tu as égaré dans le feu de l’action lorsque toute l’équipe a été appelée sur l’accident. Je l’observe longuement et décide finalement de claquer la porte pour signaler ma présence. Il sursaute, se résigne à retirer mon casque, visiblement gêné d’être pris la main dans le sac. « Romeo ? » Je semble le questionner, comme pour obtenir une réaction  si tel venait à être son prénom ou son nom de famille. « C’est bien ce que je pensais, ce casque doit donc être le mien ! » Sourire moqueur, loin de l’accueil qu’il aurait pu recevoir s’il était tombé sur mon Capitaine. « À qui ais-je l’honneur de m’adresser ? » La trentaine, à vue d’œil, un sourire pourvu de gêne plutôt craquant. Il pourrait être pompier, à en juger par sa musculature que je devine sous des vêtements bien trop encombrants à mon goût pour me permettre une analyse plus poussée. Collègue d’une autre caserne ? Je le rejoins, pas le moins du monde embêté à l’idée de me présenter avec une tenue aussi… Ensanglantée. « Hickson, Peter Hickson ? » J’ai perdu l’habitude d’entendre les prénoms des uns et des autres, la faute à un usage exagéré des noms de famille. « Il est sur l’intervention de laquelle je rentre tout juste… Comptez une bonne trentaine de minutes avant son arrivée… Vous pouvez l’attendre ici si vous voulez ! » Les pompiers forment une grande famille après tout, les amis d’un collègue sont les amis de toute la caserne. Plus ou moins… Vous avez compris l’idée. Autant qu’il puisse l’attendre ici, dans des conditions confortables. « Je vous sers un café avant de filer sous la douche ? » J’ai clairement besoin de me débarbouiller.