Thins are moving too fast (ft hayden)

Things are moving too fast

Hayden & Jordan

Les deux étudiants venaient de sceller leur sort. Ils venaient de se choisir, de prioriser ce qu'ils vivaient ensemble malgré ce qu'il en coûtait. Ils allaient certes devoir vivre cette idylle en cachette, sachant très bien les conséquences qu'une telle révélation causerait auprès de leurs parents.

Malgré la presse qu'avaient mis leurs parents sur eux, ils prirent tout de même le temps de partager une douche. Ils souhaitaient profiter de ce moment ensemble, alors qu'ils avaient la maison d'Hayden à eux seuls. Éprouvant encore du désir à son égard, cette tension sexuelle ne pouvant être dûment satisfaite, la jeune femme ne se priva pas de le toucher pour lui procurer du plaisir. La paire fit ensuite l'amour sous les jets devenus trop chauds. Lorsqu'ils eûmes atteint le paroxysme, la jeune femme se nicha dans les bras musclés d'Hayden et porta un doux baiser sur son pectoral. « Je vais quitter de suite et prendre un taxi. Je dirai que j'étais chez Kyle. Attends au moins trente minutes avant de quitter. » À peine avait-elle terminé sa phrase que ses yeux rencontrèrent une petite tache rosée dans le cou du jeune homme. Elle étouffa un petit rire et s'exclama : « Ouf, ton père va croire que Nora t'a fait passer une nuit d'enfer! »

Après quelques minutes entrelacés l'un à l'autre, Jordan quitta ses bras à contre-coeur. Elle s'habilla rapidement, déposa un baiser sur les lèvres d'Hayden et prit place dans le taxi qui l'attendait déjà. En une quinzaine de minutes à peine, elle était déjà chez elle, accueillie par Jim et Susan, les deux tout sourire. Elle les excusa rapidement pour aller mettre des vêtements propres en attendant qu'Hayden ne se joigne à eux pour le déjeuner.

Une fois vêtue et légèrement maquillée, la jeune femme redescendit au rez-de-chaussée pour rejoindre Jim et sa mère à la cuisine. « Kyle se porte bien? », lui demanda sa mère en souriant. « Oh, oui oui », mentit-elle en affichant un sourire forcé sur son visage. Légèrement stressée par l'arrivée imminente d'Hayden, l'étudiante ne cessait de regarder à travers la fenêtre, se demandant quand elle entendrait finalement le vombrissement de sa moto. À peine quelques minutes après, Hayden sonna à la porte. Dax se mit à japper avec excitation, toujours heureux de voir de nouvelles personnes arriver. La queue battant dans tous les sens, Jordan dut le retenir pour l'empêcher de sauter sur Hayden pour le couvrir de bisous mouillés. « Désolée, il aime beaucoup les invités... », lui dit-elle en retenant son chien. Elle se mordit les lèvres en le regardant pénétrer l'entrée, se rappelant ce qu'ils avaient fait le matin même. Susan et Jim les rejoignit à l'entrée, accueillant Hayden avec chaleureusité. « Le déjeuner est bientôt prêt », dit Susan en retournant à la cuisine. Jordan la suivit pour l'aider à mettre la table. L'attente était tellement longue. Elle ne cessait de se demander quelle était cette fameuse chose dont ils voulaient discuter. Elle espérait que ce n'était pas une nouvelle qui allait davantage solidifier leur couple et, par le fait même, contribuer à l'embarras ressenti par les deux jeunes.

Une fois tous assis à la table, Susan prit parole. « Je sais que vous allez certainement nous dire que c'est rapide, peut-être trop rapide mais... Jim et moi avons trouvé ce que nous cherchions depuis tant d'années et nous avons décidé de nous fiancer. » Jordan manqua de s'étouffer avec son café. C'était définitivement la pire chose qu'ils auraient pu leur dire. Toutefois, ce n'était pas tout. Jim prit parole à son tour. « Et nous allons emménager ensemble. Ici. » Ses yeux se posèrent sur son fils, un sourire pendu aux lèvres. Jordan avait littéralement envie de vomir. Pour l'amour de Dieu, comment allaient-ils pouvoir entretenir leur relation en vivant sous le même toit et pis encore, en devenant, légalement parlant, frère et soeur?

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Cette histoire, je ne la sentais pas. Vraiment pas. Qu'avaient-ils de si important à nous annoncer ? Finissant de me préparer, je passais du gel dans mes cheveux, les coiffants légèrement en arrière pour les dompter. Passant du déodorant sous mes aisselles, je projetai ensuite du parfum autour de mon cou puis observai attentivement mon reflet dans le miroir, plutôt satisfait. Enfilant mes vêtements, j'attachai ensuite ma montre à mon poignet droit, constatant qu'il était pour moi l'heure de les rejoindre.

Nourrissant au passage mon pseudo tigre, je pris ensuite la direction de la cuisine, attrapai mon casque de moto posé sur la table puis ouvris la porte d'entrée que je refermai à clé derrière moi. Enfourchant ma bécane, je retirai la cheville, enfilai le casque en attachant la sous-gorge, puis mis les clés sur le contact pour partir moteur vrombissant en direction de la superbe demeure des Reeves.

Arrivant une vingtaine de minutes plus tard, je me garai, et descendis avant de sonner au niveau du majestueux portail blanc. J'entendis d'ici les aboiements de Dax qui m'attendait, apparemment surexcité. Le casque autour de l'avant-bras, je regardais le lotissement embourgeoisé autour de moi. Je fus accueillis par tout le petit monde, visiblement d'excellente humeur. Je saluai Susan, accordai un simple salut de la tête à mon père et, pour sauvegarder les apparences, n'accordai pas le moindre regard à ma princesse. Enfin du moins jusqu'à ce que tout le monde se retourne et que je lui adresse un petit clin d’œil complice qu'elle releva.

Pénétrant dans les lieux, je retirai ma veste en cuir et le posai avec mon casque sur un petit coin du canapé pour ne déranger personne, avant d'entendre la voix pleine d'entrain de Susan nous annoncer que le petit-déjeuner était servi. Éternellement silencieux et surtout méfiant, je m'installai à table, près de la piscine. Assis entre Jordan et mon père, celui-ci me servit un verre de jus d'oranges fraîchement pressées. Portant le verre à mes lèvres, je m'apprêtai à en boire une gorgée lorsque Susan nous annonça ses fiançailles avec mon géniteur. Sur le coup, je fus médusé. Le verre que je tenais dans ma main puissante explosa, laissant des bouts de verre se planter dans la paume de ma main sanguinolente à souhait. Mais je ne sentais absolument pas la douleur à cet instant. Mon père, ne s'en étant pas rendu compte tant il était emporté par son petit bonheur, ajouta qu'à présent nous allions aménager ici.

« Hayden... Tu te sens bien ? » Me demanda mon père en posant sa main sur la mienne sans ayant vu mes blessures.

Mais quand il tâta le sang qui coulait abondamment, il lâcha un juron, demanda aussitôt à sa "fiancée" d'aller chercher une boîte de secours. Mais ne leur laissant pas le temps de faire quoi que ce soit, je retirai ma main violemment et me levai d'un bond, faisant tomber la chaise à terre.

« Vous vous foutez de ma gueule, j'espère ? De notre gueule, même ? Non mais bordel, qu'est-ce que tu crois ? Tu n'es déjà pas un père pour moi, tu crois que Susan sera une mère et Jordan une sœur pour moi ? »

Sentant une chaleur étouffante m'envelopper, j'ajouter avec toute la haine dont j'étais capable :

« Tenez, vous savez quoi ? Fiancez-vous, mariez-vous, forniquez et faîtes des gosses s'il-le-faut ! Je suis majeur depuis longtemps alors je vais demander une émancipation et on en reparlera plus ! J'aurai le privilège de ne plus porter le nom de Miller dont j'ai toujours eu honte. »

Mon regard se porta sur Jordan, et avec un venin feint et tout-à-fait crédible je lui dis :

« Tu vois princesse, t'as gagné un super père plombier ! Tu as continué de pouvoir te la péter avec ça ! Je te le laisse de bon cœur ! Promis ! »

Je fis le tour de la table, pénétrai dans la maison, pris ma veste et mon casque puis sorti au-dehors. Retournant à ma moto, j'enfilai ma veste avec colère, avant de m'effondrer, pour la première fois de ma vie. Un flot de larmes s'échappait de mes yeux ténébreux tandis que mes poumons tressautaient. Je mis un coup de pied dans ma précieuses bécane. Jamais personne ne m'avait vu pleurer ainsi. Pas même moi, je l'admets. Et j'espère que personne ne me surprenne, sinon j'aurai terriblement honte...

Maman, si tu étais encore là... Je n'ai jamais eu aussi mal... Papa refait sa vie sans toi... Et celle que j'aime... Elle va devenir ma sœur... Putain, pourquoi ?!

lumos maxima

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Hayden & Jordan

Jamais au grand jamais n'aurait-elle anticiper ce qu'il venait de lui être annoncé. Cependant, ce qui la surprit le plus, ce fut la réaction explosive d'Hayden qui, en l'espace d'une seconde seulement, avait éclaté son verre de jus et plongé sa main dans une marre de sang. Susan se leva pour aller récupérer la trousse de premiers soins dans la maison, tandis que Jordan agrippa une serviette de table pour la tendre à Hayden. Bien évidemment, la jeune femme voulait se porter à son secours, mais elle ne pouvait se permettre de démontrer une telle proximité avec lui à ce moment-là. Elle l'écouta cracher ses paroles sur sa famille, abasourdie par la frustration qui s'était emparé de lui. « Je suis vraiment désolé, Susan. Ma relation avec Hayden est, comme tu le sais, vraiment houleuse depuis le décès de sa mère. Je vais aller lui parler », s'exclama Jim en se levant de sa chaise. Jordan s'empressa de l'interrompre, sachant qu'elle serait beaucoup mieux placée pour calmer le jeu. « Non. Je vais aller lui parler. Je ne le connais peut-être pas très bien, mais nous avons le même âge... Nous sommes tous les deux dans la même situation. Je crois qu'il m'écoutera peut-être plus... » Empoignant la trousse de premiers soins que Susan venait d'apporter, elle quitta la cours arrière pour aller rejoindre Hayden qui s'apprêtait à monter sur sa moto, la main toujours sanguinolente. « Hayden! », cria-t-elle pour qu'il se tourne vers elle, ce qu'il ne fit pas. En s'approchant, la jeune femme remarqua des gouttelettes luisantes qui ruisselaient sur ses joues. Hayden pleurait à chaudes larmes. « Rentre chez moi. Je vais m'occuper de ta main et nous allons parler. C'est une situation toute aussi rocambolesque pour moi aussi, mais je crois que ta réaction n'est peut-être pas la bonne... » Craignant que ses parents se soient amassés près de la clôture pour les écouter, elle tenta de le convaincre de rentrer à l'intérieur avec elle où ils pourraient être seuls et tenir une vraie discussion.

Non sans protestation, Hayden finit par acquiescer à sa demande et suivi la blonde jusqu'à la salle de bain, à l'étage. Elle l'invita à s'asseoir sur le bord du bain et s'installe tout près de lui sur un petit tabouret pour s'occuper de sa main meurtrie. « Hayden, je comprends que la situation te fâche. Elle me fâche aussi. Je n'aime pas non plus la tournure des choses et franchement, ça me fait de la peine que ma mère se remarie. Mais on ne peut pas les empêcher d'être heureux... » De son pouce, elle essuya quelques larmes qui séchaient tranquillement sur les joues d'Hayden. « Ma mère ne remplacera jamais la tienne. Et ton père ne remplacera jamais le mien. » Elle replaça une mèche de cheveux du beau brun et, plaçant une main sur son menton, elle attira sa tête proche de la sienne pour l'embrasser doucement. « En plus, j'ai mon salon privé au sous-sol. Tout près de la chambre d'invité dont tu hériteras fortement... On aura la paix pour être ensemble », souffla-t-elle en lui faisant un clin d'oeil. Elle soupira. Elle savait qu'il avait un grand mal en lui que de simples paroles ne pouvaient effacer, mais elle tentait le coup malgré tout, car elle détestait le voir aussi vulnérable et brisé. « Si un jour tu épouses une femme et que la perds dans un accident. Vas-tu passer toute ta vie à ruminer ta peine? Tu ne pourrais certainement pas l'oublier, mais tu pourras avancer. Et parfois, pour certaines personnes, ça prend quelqu'un pour les aider à avancer. Ça n'effacera jamais tout l'amour qu'ils ont pu porter pour leur moitié qu'ils ont perdue... Mais ça leur ramène du bonheur dans leur vie brisée. »
Elle passa un bandage autour de sa main après avoir dûment nettoyé sa plaie, comme sa mère lui avait appris à faire alors qu'elle n'était qu'une jeune adolescente. « Voilà. Presque comme neuf! », s'exclama-t-elle.

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Je m'étais résolu à la suivre jusqu'à l'étage où la salle-de-bain se trouvait. M'asseyant comme elle me l'indiquait sur le rebord de l'immense baignoire, je fixai le sol, des larmes continuant de couler le long de mes joues. On ne peut pas les empêcher d'être heureux, me disait-elle ? Je relevai mes yeux larmoyants vers elle et lui répondis d'une voix brisée :

« Et nous ? Qui nous empêchera d'être malheureux ? Tu te rends compte que notre relation date officiellement depuis hier soir, et qu'elle est déjà terminée ? »

Serrant les mâchoires, j'ajoutai avec mépris :

« Mais ça, tout le monde s'en fout, pas vrai ? »

Lorsqu'elle me dit que sa mère ne remplacera jamais la mienne, je hochai doucement la tête, la mine basse. C'était ce que j'espérais du plus profond de mon cœur, en tout cas... Sinon, je ne la laisserais pas faire. Il fallait être honnête cependant, jusqu'à présent ça n'était pas ce qu'elle avait essayé de faire. Elle était juste douce et polie, sans empiéter sur le territoire que ma mère occupait invisiblement.

Jordan essaya de me faire sourire en me parlant de la proximité de ma future chambre avec la sienne, mais ça ne prit pas. Je n'avais pas envie de sourire. J'avais beau essayer de faire tous les efforts du monde pour y arriver, il n'y avait rien à y faire. Le cœur n'y était pas. Mais alors absolument pas...

« Excuse-moi si je ne suis pas vraiment d'humeur... C'est juste que j'ai l'impression qu'on vient de foutre toute ma vie en l'air. On oublie ma mère, on fait de ma copine ma sœur... Tu trouves ça normal, toi ? T'as l'air de mieux le prendre, en tout cas... Il faudra que tu me donnes ton secret. »

Là, Jordan eut un long discours sur la nécessité de reformer un couple et pourquoi pas refaire sa vie après avoir perdu celui ou celle que l'on aime.

« Je sais tout ça, princesse. Mais je n'y arrive pas. Je n'y arrive pas parce que je ne souhaite pas le bonheur pour mon père à cause du fait qu'il ait abandonné ma mère. Alors oui, je sais, tu me diras que j'ai la rancune tenace, mais je n'arrive tout simplement pas à le lui pardonner. Et puis... je ne veux pas qu'il fasse pareil à Susan en cas de coup dur quel qu'il soit. Elle ne le mérite pas. »

La sublime blonde venait de finir de me soigner la main. Pour la remercier, je me mis à genoux pour être à son niveau et passai une main derrière sa nuque pour venir l'embrasser avec amour.

« On est beaucoup mieux qu'eux, franchement. Tu crois vraiment qu'ils forment un beau couple ? C'est plutôt la Belle et la Bête, non ? Ne serait-ce que professionnellement. Nous, nous nous correspondons sur tous les points. »

lumos maxima

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Hayden & Jordan

À son grand soulagement, Jordan était parvenue à le rattraper et l'empêcher de quitter. Elle savait qu'elle serait bien placée pour lui parler et tenter de réparer les pots cassés. Certes, elle était elle-même chamboulée par ce qui leur avait été annoncé, mais elle ne voulait pas causer davantage de commotion au sein de la 'famille'. La situation était déjà suffisamment dure à avaler qu'elle ne souhaitait pas devoir jouer le rôle de la médiatrice et toujours chercher à sauver la situation. Elle tentait ainsi tant bien que de mal de le raisonner et de le calmer. La situation était en effet des plus horribles, mais il n'y avait rien qu'ils ne pouvaient faire pour changer les choses.

L'étudiante écouta les paroles d'Hayden légèrement sous le choc. Leur relation. Mais qu'étaient-ils réellement? Certes, ils s'étaient avoué être en train de tomber amoureux, mais étaient-ils réellement prêts à former un couple? Elle l'ignorait franchement; tout cela la terrifiait au plus haut point. « Pourquoi crois-tu que c'est terminé, ce qui se passe entre nous? Oui, les choses seront un peu plus compliquées, mais il n'y a rien que nous ne pouvons pas traverser. Ensemble. » Elle prit sa main intacte et la serra entre ses doigts. De son autre main, elle essuya les quelques larmes qui continuaient de déferler sur ses joues rosées. « Je ne veux pas que ça se termine. Je refuse que ça se termine », ajouta-t-elle d'un ton ferme. Elle était prête à conjuguer entre sa vie personnelle et celle de ses parents, quoi qu'il en coûterait.

Lorsqu'Hayden, continuant d'expulser sa frustration et sa peine, mentionnant par la même occasion que Jordan était... sa copine, l'étudiante déglutit. Était-ce ce qu'elle était pour lui? En étaient-ils réellement là? « Est-ce ce que je suis pour toi... Ta copine? », lui demanda-t-elle, oubliant par le fait même tout ce qu'il venait de lui dire. Ses yeux noisettes le fixaient, incapables de le lâcher ne serait-ce qu'une seconde.

« Ma mère est une femme forte, crois-moi. Je crois que tu t'en fais trop. Ton père a sûrement changé et appris de ses erreurs. Donne-lui le bénéfice du doute... » Jordan ne savait plus quoi dire ni quoi faire. Quoi qu'elle puisse tenter de lui dire pour le raisonner, il trouvait toujours une façon de la remettre en question. Il était persuadé qu'elle prenait bien la nouvelle, alors qu'au fond d'elle, elle bouillait. Elle avait envie de tout leur avouer et de ne pas avoir à vivre avec cette fausse famille. Mais Jordan ne pouvait se résigner à faire passer son propre bonheur avant celui de sa mère. Elle ne le pouvait tout simplement pas. Se fâchant légèrement contre l'entêtement inébranlable d'Hayden, la jeune femme leva le ton. « Arrête, Hayden, arrête. On a recommencé à se parler parce que nos parents ont commencé à ce voir. Ce que nous sommes, c'est à cause d'eux. Ma mère est heureuse et je ne l'ai jamais vue aussi pétillante. De quel droit pourrais-je prioriser mon bonheur sur le sien, uh? La situation me donne envie de vomir, mais j'aime ma mère plus que tout au monde et je me dois de lui laisser vivre son bonheur. Je n'ai pas le droit de lui enlever. Et si tu tiens à moi comme tu le prétends, alors fais ça pour moi. »

Jordan se releva aussitôt pour laver ses mains. Elle se regarda quelques instants dans la glace, tentant avec difficulté de reprendre le dessus sur elle-même.

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Tout comme moi, et elle ne pouvait pas savoir combien ses paroles me rassuraient, Jordan me disaient qu'elle ne voulait pas voir dans la relation de nos parents la fin de la notre. Serrant ma main valide contre la sienne tandis que sa seconde effaçait les larmes qui roulaient sur mes joues, je hochai lentement la tête pour exprimer mon accord avec elle. Elle insista en ajoutant qu'elle refusait que cela se termine, provoquant une vague de chaleur rassurante dans mon être meurtris par la peur et la douleur.

Mais l'esprit encore torturé par leur annonce trop rapide et égoïste à mon goût, je dis avec amertume à la blonde que j'avais simplement l'impression que mon père essayait par ce geste à foutre toute ma vie en l'air, oubliant que l'égoïste dans l'histoire... c'était moi. Doublé même d'un sacré imbécile à la langue fourchu qui alla même jusqu'à associer Jordan au terme de "petite amie". Ne me rendant pas compte de mon erreur fatale, elle me reprit à ce propos, ce qui me fit buguer un instant.

« J'ai dis quoi ? Non, bien sûr que non. C'est pas ce que je voulais dire. Pas du tout. Excuse-moi. » Dis-je en levant les yeux au ciel, passant ma main sur ma nuque d'un air de dire que ce que je venais de dire était une ânerie royale.

Sacrément embarrassé, je la suppliai :

« Pitié, dis-moi ce que tu veux entendre... »

Je n'en savais rien, moi... Quoi que je fasse, j'avais une chance sur deux de rouler dans la boue et de m'y enliser jusqu'à la mort.
Heureusement, la princesse reprit, me demandant d'accorder à mon père le bénéfice du doute. Poussant un soupir, je posai mes coudes sur mes genoux, les mains jointes, et regardai le sol d'un air pensif. Je ne pouvais que lui faire comprendre la rancune immense que j'avais contre mon père et son comportement lâche qu'il avait eu pendant quatre ans auprès de ma mère. Il ne s'était même pas comporté en vrai père à mes côtés puisqu'il avait préféré fuir tout ce qui lui rappelait la maladie de sa femme auprès de laquelle je restais jour et nuit, et où il m'avait même fallut construire un lit pour que je ne la quitte pas. Mais en ayant visiblement assez de mes attaques incessantes contre lui, Jordan haussa le ton, et me rappela que si nous étions là tous les deux, ensemble, c'était tout de même grâce à eux deux, ce que je devais lui concéder. Elle alla même jusqu'à me demander que si je tenais à elle, je me devais de faire ça pour elle.

Passant une main dans mes cheveux ondulés pour les ramener vers l'arrière, je relevai lentement le visage pour la regarder, l'air préoccupé, se laver les mains ensanglantées par ma faute avant de regarder son reflet dans le miroir. Dans un dernier soupir inaudible, je me levai, me glissai derrière elle et passai mes main dans ses cheveux avec une infinie douceur pour les ramener vers l'arrière. Puis passant mes mains le long de son corps jusqu'à entourer sa taille, je me pressai tendrement contre elle et déposai une myriade de baiser amoureux dans son cou, faisant naître des frissons dans son corps.

« Tu as raison. Totalement raison. Je te demande pardon. Et je vous promets à tous les quatre que je vais essayer de faire des efforts. Tu me crois ? »

La faisant tourner vers moi telle une danseuse, je l'embrassai avec amour, puis lui proposai :

« Bon, on y retourne ? J'ai un monstre à affronter, mais pas mon père. Moi. » Lui dis-je avec un sourire complice.

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Hayden & Jordan

Cette conversation s'ouvrit sur un tout autre sujet : ce qu'ils étaient. L'entente du terme 'copine' déstabilisa la jeune femme, mais elle n'en fut pas choquée. Au contraire, elle se sentit ravie qu'inconsciemment, Hayden l'avait désignée comme sa petite amie. Toutefois, une partie d'elle était terrifiée à cette idée. Elle ignorait s'ils étaient réellement prêts à entrer dans une relation plus sérieuse, non seulement en raison de la relation qu'entretenaient leurs parents, mais aussi parce qu'ils avaient très récemment commencé à se fréquenter. De plus, Jordan savait qu'elle était du genre à tomber facilement amoureuse. Elle ne voulait pas se lasser rapidement, comme elle en avait l'habitude. Elle voulait s'accrocher à Hayden le plus longtemps possible et profiter de ce qu'ils avaient entre eux. L'étudiante était ainsi terrifiée. Elle était terrifiée par son incapacité à tenir une relation plus longtemps que quelques semaines. Elle ne voulait pas briser le coeur d'Hayden, malgré qu'elle savait qu'elle en était malheureusement capable.

« Ça m'a simplement prise par surprise... », lui avoua-t-elle. Elle baissa les yeux pour fixer ses mains, légèrement tremblantes. Elle venait de subir un lot d'émotions disparates en l'espace de moins de trente minutes. Son corps entier tentait de filtrer et calmer toutes les émotions qu'elles ressentaient et qui se bousculaient avec véhémence dans son petit corps. « J'ai peur parce que je n'ai pas l'habitude d'être capable de tenir des relations très longtemps et je t'apprécie beaucoup... J'ai envie que ça dure, toi et moi. Mais j'ai peur que si nous nous embarquons dans une relation amoureuse trop rapidement, je risque de tout gâcher... » Jordan soupira. Ce n'était peut-être pas le moment opportun pour avoir une telle conversation. Hayden était suffisamment ébranlé par l'annonce qui lui avait été faite quelques instants auparavant. Il n'était pas le temps de le choquer davantage avec une conversation remettant en question la direction que prenait leur relation. « Parlons-en à un autre moment... » Elle lui fit un petit sourire pour le rassurer et passa doucement sa main sur sa joue.

Reprenant le fil de la discussion, Hayden manifesta encore son désaccord vis-à-vis la relation entre son père et la mère de la blonde. Irritée, Jordan leva le ton. Elle sentait que ses paroles ne se rendaient point à la tête d'Hayden. Elle tentait de le raisonner depuis plusieurs minutes déjà et il ne semblait pas chercher à comprendre. Elle comprenait qu'il ressentait de la frustration envers son père, mais ce dernier n'était pas le seul intéressé dans cette histoire. Sa mère était également engagée dans cette relation amoureuse et elle méritait d'être heureuse. S'étant levée pour laver ses mains quelques secondes auparavant, elle se laissa enlacer par Hayden. Ses paroles la firent sourire. C'était tout ce qu'elle souhaitait entendre : qu'il allait faire un effort. Rien de tout cela ne serait facile pour la paire, mais Jordan sentait qu'ils se devaient d'essayer. « Merci...», se contenta-t-elle de lui répondre avant de se tourner pour lui faire face pour déposer un chaste baiser sur ses lèvres salées par les larmes qui s'y étaient précédemment écrasées. « Je serai toujours là pour t'aider à l'affronter », lui dit-elle en lui souriant. Elle ouvrit la porte et laissa Hayden sortir en premier. Ensemble, ils rejoignirent Susan et Jim qui attendaient patiemment et nerveusement à la table.

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Quelle idée de dire qu'elle était comme une "copine", aussi... Moi qui considérais n'avoir jamais eu que des relations charnelles, sans plus, je ne savais franchement pas ce qu'il m'avait pris. Et plus je la mettais maintenant dans tous ses états... Bon sang, j'étais sacrément secoué, moi !

Bref, nous sortîmes de la salle de bain après des encouragements et un dernier et tendre baiser. Je passai mes mains sur mon visage pour retrouver une mine probable, pris une inspiration, et avançai d'un pas résolu vers les escaliers que je descendis pour retourner dehors vers la piscine creusée auprès de laquelle étaient attablés nos parents, le visage torturés par l'inquiétude. Jordan et moi retrouvâmes nos places. Susan regardait devant elle avant anxiété, tandis que mon père buvait son verre de jus d'orange avec difficulté. Serrant le poing, je me lançai :

« Bien. Je crois qu'il est temps de creuser l'abcès. Susan, je suis désolé du carnage que j'ai mis chez vous. Mais la personne en laquelle je devrais le plus m'excuser c'est mon père. »

Me tournant vers mon géniteur, je posai ma main sur la sienne pour qu'il mesure à quel point mes paroles étaient sincères, et à quel point je voulais qu'à cet instant-même nous soyons proches, pour la première fois en vingt-trois ans.

« Je te demande pardon. J'ai été monstrueux pendant tout ce temps. Bien sûr, je suis désolé mais je ne peux pas effacer ce que je ressens du jour au lendemain vis-à-vis de Maman, cependant je te promets une chose : je ne serai pas une entrave à ta relation avec Susan. Sois heureux. Maintenant tu le mérites. J'en suis convaincue. »

A ces mots, mon père prit sa serviette pour s'essuyer les yeux, les lèvres tremblantes.

« Merci, Hayden. Merci, mon fils... »

Il se pencha pour étreindre, geste que je n'avais jamais eu envers lui. Et qui me fit un bien fou.

« Remercie ma soi-disant "frangine". C'est elle qui m'a ouvert les yeux. » Lui dis-je en lui lançant un clin d’œil discret et complice.

« C'est pas pour autant que je la porterai dans mon cœur celle-là aussi, m'enfin qui sait, si les miracles existent... » Dis-je en haussant les épaules, continuant à jouer à notre jeu de la petite gue-guerre pour préserver les apparences.

Après tout, personne ne devait savoir pour nous deux. Et plus le temps passait, plus cela m'était douloureux de lui balancer des insultes ou des vannes à deux dollars pour la simple forme. Mais bon, puisqu'il fallait le faire... Les retrouvailles n'en étaient que meilleures !

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Hayden & Jordan

Face à Hayden, elle se sentait complètement déstabilisée. Elle ne s'était jamais sentie ainsi auparavant. En si peu de temps, ses sentiments vis-à-vis le brun étaient passés d'un extrême à l'autre sans qu'elle ne s'y attendît. Certes, elle savait qu'elle s'attachait facilement aux garçons, aussi étrange était-ce pour elle, mais elle ne pensait pas s'attacher de cette façon à Hayden. De tous les garçons qu'elle avait connus, il était de loin celui qu'elle détestait le plus. Et pourtant! Il fallait croire que la vie lui réservait bien des surprises.

Après s'être occupée de sa main lacérée par la vitre du verre qu'il avait fait éclater dans un élan de frustration, la paire put redescendre rejoindre Susan et Jim, non sans avoir préalablement partagé une étreinte amoureuse. Il leur était si étrange de devoir se prêter à un jeu du chat et de la souris devant leur parent, ne souhaitant pas que leur histoire ne soit dévoilée au grand jour. Les conséquences qu'une telle révélation laisserait seraient monstrueuses, et ils n'étaient pas prêts à gérer une telle crise. Ils préféraient ainsi vivre leur relation nouvellement née en paix, loin de l'indignation et de la déception.

Jordan le suivit silencieusement et reprit place sur sa chaise sans dire un mot. Elle se contenta de lancer un sourire à sa mère qui vint chercher la main de sa fille pour la remercier tacitement. La blonde savait que sa mère appréciait son geste, car elle désirait que son nouveau copain puisse s'épanouir auprès de sa famille. Il en valait de même pour son fils qui, tout compte fait, était loin de partager le même amour qu'avaient Susan et Jordan envers son père. Or, les excuses et les mots qu'Hayden fit envers son père suffirent à combler Susan de bonheur. Sans grande surprise, Jordan fut tout aussi heureuse d'entendre ces paroles. Un chapitre houleux semblait finalement se fermer pour laisser place à un nouveau départ, bien que celui-ci ne s'annonçait pas des plus faciles pour les jeunes amoureux.

Suivant la conversation avec intérêt, non sans s'efforcer de lever les yeux à l'entente du commentaire d'Hayden, l'étudiante fut prise d'un fort soulagement. Non seulement avaient-ils apporter un peu plus de paix à cette famille dysfonctionnelle, mais ils avaient également prouvé qu'ils étaient capables de jouer le jeu. Cependant, combien de temps encore seraient-ils capables de brouiller les cartes?

- FIN -

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