Yasa || We used to say that we were brother and sister ♪

[ We used to say that we were brother and sister ]

@Yaël Weisel & @Elsa Weisel
Catastrophique. Voilà comment Elsa pouvait résumer la situation : catastrophique. Tout tenait en ce mot qui laissait présager le pire. Elle était en train de glander (parce qu’il faut dire les choses comme elles sont) lorsque sa boss Phoebe avait appeler. Son portable avait émis cette affreuse musique qu’elle lui avait réservé, comme un rappel constant de l’horreur qu’elle lui faisait endurer quotidiennement, et Elsa s’était levée d’un bond. C’était toujours comme ça, Madame Hartwell sonnait et Elsa accourait, même s’il était deux heures du matin, même si elle était chez elle en pyjama pendant son jour de congé, même si elle avait un repas de famille de prévu… La blonde appelait, la brune apparaissait, c’était aussi simple que ça. Elsa s’arrêta en chemin en constatant qu’il ne s’agissait que d’un sms, mais finit tout de même par le lire précipitamment. Le message tenait en quelques mots : Réception de Noël en avance chez des clients, tu viens avec moi. Sois bien habillée. Elsa fit la moue devant son téléphone. « Ah vraiment ? Et moi qui comptait venir uniquement vêtue d’un sac poubelle » Elle leva les yeux au ciel le temps de réaliser ce que cette nouvelle signifiait vraiment. Lâchant le paquet de bonbons qu’elle avait quasiment vidé à une vitesse hallucinante, devant une stupide émission de télé-réalité, elle courut dans sa chambre et ouvrit son armoire à la volée. Manquant d’arracher la porte, elle plaqua ses poings sur ses hanches et fit la grimace. « Oh non, j’ai rien à me mettre ! » Son réflexe fut instantané, elle attrapa son portable et envoya un message à son frère. Je passe te prendre dans dix minutes, on va faire les boutiques. Dis pas non, t’as pas le choix. C’est une question de vie ou de mort. Elle prit sa douche en vitesse, s’habilla à l’arrache et se coiffa et se maquilla du mieux qu’elle le pouvait. Elle était présentable sans être désirable, disons qu’elle était prête si Phoebe décidait de l’appeler pendant sa petite sortie shopping. Quinze minutes plus tard, elle était devant chez son frère qui habitait le même quartier qu’elle. « Salut mocheté » dit-elle lorsqu’il ouvrit la portière. Il s’installa près d’elle et elle fit la grimace. « Yaël, tu pues la clope, c’est horrible. » C’était toujours le même refrain, elle était en retard, il puait la cigarette et pourtant, elle aurait donné sa vie pour son idiot de frère. Elle démarra sur les chapeaux de roue pour ne pas qu’il soit tenté de descendre de sa voiture et commença. « Ok donc j’ai une réception de Noël chez des clients et le monstre (c’est comme ça qu’elle surnommait Phoebe avec ses proches) m’a envoyé un message pour me dire que je devais être là et bien habillée. » Elle jeta un regard paniqué à son frère. « Donc il faut que je trouve une robe qui soit jolie mais pas vulgaire, où je sois séduisante sans avoir l’air d’une traînée et qui éblouisse sans pour autant lui voler la vedette bien que je doute que j’y parvienne un jour. » Elle freina au dernier moment au stop, pilant presque et se tourna vers son petit frère. « J’ai vraiment vraiment besoin de toi sur ce coup, p’tit frère. » Elle ne l’appelait jamais comme ça, se contenant d’habitude de l’affubler des pires surnoms les plus ridicules qu’elle trouvait. Le « p’tit frère » était réservé aux situations qu’elle qualifiait « de vie ou de mort » et c’en était une, définitivement. Elle fit la moue et sourit à Yaël avant de démarrer à toute vitesse de nouveau, sachant pertinemment qu’il serait capable de quitter la voiture en marche si elle poussait le bouchon trop loin.

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âge : 26 ans || 02.02.1996

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w/ @elsa weisel

Une clope au bec, son portable dans une main, l’autre tenant la rembarre du balcon, Yaël fumait sa énième cigarette de la journée. Il en avait perdu le compte, mais il s’en fichait, tout comme lorsqu’il reçu un sms de sa sœur. Balayant d’un regard les quelques mots qu’elle venait de lui envoyer, il poussa un soupir, écrasa son mégot dans le cendrier et entra à l’intérieur où il faisait bon. Il ne lui retournait aucune réponse, de toute façon c’était inutile, il savait que s’il répondait qu’il n’avait pas envie, elle viendrait le chercher par la peau des fesses ! Sa sœur pouvait être terrifiante, mais avec les années, il avait su dompter la bête et surtout, il était bien conscient qu’il avait surpasser le maître – mais ça il le dirait jamais s’il voulait garder la vie sauve. Il enfilait un hoddy noir, une paire de pantalon noir et des baskets, rien de bien extravagant contrairement à ce qu’il pouvait porter par moment, mais ça restait des marqués, des vêtements de qualité qu’il avait sans doute portés une fois ou deux, mais jamais devant sa sœur. À son cou, pendait visiblement sa croix de David, ornement porté fièrement. Ses boucles folles retombants devant ses orbes verdoyants, il posait une casquette sur sa tête dans une faible tentative de les repousser un peu. Il attrapait son paquet de clope, ses clés, son portable et son portefeuille avant de sortir. Il avait à peine le temps de se rendre au trottoir que la voiture de son aîné freinait devant lui. Ouvrant la portière, il se penchait pour poser son regard sur la brune. « Tu t’es regardé ? » disait-il en montant dans la voiture, prenant place sur le siège passager. Yaël était respectueux de ses aînés, tout du moins, la plus part du temps, mais sa relation avec Elsa était quelque peu différente. Il ne mâchait pas ses mots et ne se gênait pas pour lui répliquer. Il gardait plus de distance avec certain, mais son affinité avec son unique sœur se percevait ainsi. « Ouais ouais. » marmonnait-il se fichant qu’elle n’aime pas son odeur, il ne lui demandait pas de le renifler non plus ! C’est elle qui avait besoin de lui et non le contraire, elle devrait se contenter de son parfum de clope froide. Posant son coude sur le rebord de la porte, il y appuyait la joue, posant son regard sur la brune qui avait littéralement le pied enfoncé dans le tapis. S’ils ne mouraient pas aujourd’hui, ce serait un miracle, mais Yaël ne disait rien, observant plutôt sa sœur en la balayant de son regard. De haut en bas, il la détaillait avec impolitesse. Il était ainsi, si sa langue ne se montrait pas trop franche, son regard, son attitude démontrait très bien ce qu’il pensait. « T’en demande trop là… » disait-il se fichant d’être blessant. Il avait beau adoré sa sœur et être le roi du shopping – oui aussi pire si ce n’est pas plus qu’une femme – il allait galérer avec ces critères. En freinant, sa joue glissait de son poing et sa tête manquait de peu de venir se heurter contre la boîte à gant. « MAIS T’ES MALADE ! » hurlait-il avant de tourner la tête pour continuer à l’insulter, mais il entendit les paroles d’Elsa. Poussant un soupir, il levait les yeux aux ciels. Comment pouvait-il lui en vouloir ou même lui refuser quelque chose, cette moue qu’elle arborait, il savait qu’il se sentirait coupable s’il la laissait se démerder seule. « C’est bon… » disait-il dans un soupir, capitulant. Elle appuyait à nouveau sur l’accélérateur et il se tournait vers elle « MERDE ELSA RALENTIT AVANT DE NOUS TUER !! » lui criait-il, loin de désirer finir sa journée six pieds sous terre. Elle se garait au bout de plusieurs minutes et Yaël ne perdait pas un instant pour sortir de la voiture, se laissant tomber à genou. « On est vivant ! » disait-il bien confiant de foutre un peu de honte à sa sœur !

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w/ @Yaël Weisel

Être la sœur de Yaël n’était pas de tout repos, tout comme être le frère cadet d’Elsa d’ailleurs. Si Elsa et Yaël étaient d’apparence proche, leur relation était aussi conflictuelle que fusionnelle. C’était à celui qui aurait le dernier mot –et de préférence le moins sympa. Ils passaient leur temps à se voler dans les plumes, comme s’ils ne se supportaient pas. Mais dès que l’on s’en prenait à l’un d’entre eux, ils sortaient les griffes et étaient prêts à tout, quitte à se mettre des proches à dos. C’était comme ça chez les Weisel, « je t’aime, moi non plus », et pourtant, on trouvait difficilement plus unis et soudés qu’eux. Ayant du mal à exprimer ce qu’ils ressentaient vraiment, il n’était donc pas étonnant de voir ce genre d’échange entre les Weisel. D’ailleurs, cela s’était fait tout naturellement, Elsa avait surnommé son cadet ainsi alors qu’il ne marchait pas encore. Peut-être avait-elle eut l’intuition que, comme elle, il n’aurait pas la langue dans sa poche. « Au moins j’arrive à dresser mes cheveux, moi. » Le truc avec Elsa, c’est qu’il n’était jamais facile de savoir si elle était sérieuse ou si elle taquinait pour le simple plaisir d’embêter son monde. Les cheveux de Yaël était certes, très difficile à coiffer mais la brune le trouvait très bien ainsi. Elle fit une remarque sur l’odeur de cigarette en permanence imprimée sur lui tout en sachant que les choses ne changeraient jamais et appuya sur l’accélérateur plus que de raison. Mais vivre avec Elsa, c’était vivre à cent à l’heure. La brune avait rarement une minute à elle, elle ne se posait presque jamais, l’appel de Phoebe représentant une réelle épée de Damoclès au-dessus de sa tête. Elle ne releva pas non plus la petite pique acerbe de son frère sur son physique, ne s’en souciant pas des masses. A la place, elle leva son majeure dans sa direction, sentant son regard sur elle. Il la détaillait sans nul doute, à la recherche d’un argument désagréable et probablement imparable sur son physique. Elsa était loin d’être parfaite, elle ne serait jamais la grande blonde au ventre plat et au visage d’ange qu’était sa patronne, mais elle se sentait bien dans sa peau avec sa dizaine de centimètres en moins et ses petites imperfections. D’ailleurs, la perfection était sur-faite et ennuyeuse, c’était bien connu. Elle enfonça un peu plus l’accélérateur pour faire râler son frère mais manqua de griller le stop. « Arrêtes de crier, ça va pas ? Tu veux nous faire tuer ou quoi ? » C’était la définition même de « l’hôpital qui se fout de la charité ». Plutôt que de l’étriper, elle décida de changer de tactique et de lui faire comprendre qu’elle avait vraiment besoin de lui. En réalité, elle venait de le manipuler aussi aisément que lorsqu’ils étaient jeunes. Pour se déculpabiliser, elle tenta de se convaincre que c’était une question de force majeure et qu’elle se rattraperait plus tard, mais le fait était là, Yaël était tombé dans le panneau, aussi facilement que lorsqu’il n’était qu’un petit garçon adorable et souciant de faire plaisir à son unique sœur. Les choses avaient bien changé depuis. « Merci » lança-t-elle tout de même, l’un des rares mots qu’ils échangeaient rarement entre eux. Elle reprit la route sous les cris de son frère. « MAIS ARRÊTES DE HURLER, TU VAS ME FAIRE FAIRE UNE SORTIE DE ROUTE ! ». La situation aurait pu être comique si les deux Weisel n’étaient pas sur le point de se sauter à la gorge. « Mais pourquoi tu cries comme ça d’abord ?! » Elle finit par se garer et sortit de la voiture, énervée. « Oh mais arrêtes ton cinéma tu veux, on est arrivés en un seul morceau, non ? » Elle se tourna vers les gens qui les observaient, le sourire aux lèvres, amusés d’assister à une scène de couple en public et leur sourit poliment. « Il en fait des caisses, je conduis très bien. » Elle se tourna vers lui, sourcils froncés et poings sur les hanches. « Bon, t’as finis ? On va pouvoir y aller ? » Elle fit volte-face et se dirigea vers l’entrée du centre commercial sans l’attendre. Une fois qu’il l’eut rattrapé, elle lui lança un recoin en coin. « Ça y est, t’es content ? Je comprends vraiment pas comment tes copines font pour te supporter à la coloc. » Elle faisait bien-sûr référence à la petite blonde qu’il connaissait depuis toujours et qui le regardait comme s’il était la réincarnation d’un dieu. Pauvre fille. « Bon, c’est parti ! Je pense opter pour une petite robe noire simple, qu’est-ce que tu en penses ? » Et oublié leur prise de bec, ils étaient redevenus des frères et sœurs calmes. Jusqu’à la prochaine crise.

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âge : 26 ans || 02.02.1996

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w/ @elsa weisel

Contrairement au reste de la civilisation, il semblait toujours qu’Elsa et Yaël communiquait en haussant le ton. Vu de l’extérieur, ils semblaient se détester, mais c’était simplement leur manière de communiquer. Un peu rustre, mais peut-être tournaient-ils trop à cent à l’heure pour prendre le temps de bien s’écouter et préférait passer directement à cette manière de converser irritante. « Y’a bien plus de chance que ce soit toi qui parviennes à cette fin ! » Yaël en venait presque à se demander si sa sœur n’avait pas trouvé son permis dans une boîte de Cracker Jack. Parce que vraiment, elle finirait par les tuer si elle ne relâchait pas l’accélérateur. S’il avait su que sa vie était mise autant en danger, il aurait proposé à Lola de le remplacer pour cette petite virée shopping. Ça ne pouvait pas faire de mal à Elsa de se retrouver en compagnie de fille. D’ailleurs n’avait-elle pas des amies pour ça ? Sans doute pas pour traîner son cadet dans une journée normalement entre fille. À un cheveu de se briser le nez contre le coffre à gants, Yaël n’était plus en état d’esprit de garder sa langue dans sa poche. « T’AS PAS BESOIN DE MOI POUR ÇA ! » Non, ça elle pouvait y arriver très bien sans lui. Il ne serait qu’un dommage collatéral si on posait la question. Le pauvre petit frère qui s’était trouvé au mauvais endroit au mauvais moment. Un pauvre martyr malmener par une sœur ingrate ! C’était surdimensionner, mais le cadet ne tenait qu’à une chose arriver en vie. « Parce que t’es complètement folle ! T’as vu comment tu conduis ! » haussait-il la voix en lui montrant la route qui défilait devant eux, presque impossible de lire les noms des boutiques qui longeaient leur chemin. La voiture n’était même pas pleinement stationnée que Yaël s’empressait de sortir de la voiture de sa sœur. Il en faisait toute une caisse, mais il était bien résolu à foutre la honte à son aînée. « Conduis bien… T’es un danger public. » disait-il alors qu’elle tournait les talons le laissant dans le parking, à genoux, un petit sourire narquois collé à ses lèvres. Il se redressait pour la suivre, il ne lui suffisait que de quelques enjambés pour la rejoindre, ses pas plus grands qu’elle ne pouvait les faire, il se retrouvait près d’elle. « Oooh oui. » commençait-il avant de la dépasser, se mettant face à elle, marchant de reculons, il la regardait un large sourire charmeur sur son visage angélique. Yaël avait du charme, il savait l’utiliser lorsqu’il avait envie, il ne l’étalait pas contrairement à d’autre qui préférait l’utiliser à toutes les sauces. Il haussait les épaules, amusé. « J’ai du charme, tu peux pas comprendre. » disait-il en relevant la palette de sa casquette pour libérer son regard, qu’il posait sur la brune. Il ralentissait le pas pour la laisser le rejoindre, revenant ainsi près d’elle, marchant côte à côte. Il glissait ses mains dans ses poches. « Tu veux vraiment passer inaperçu. Tu as si peur que ça du monstre ? » demandait-il. Même si Yaël semblait dénigrer sa sœur le plus souvent du temps, il reconnaissait sa beauté et franchement, une banale robe noire ça lui semblait être tellement loin de sa sœur. « On peut quand même trouver mieux qu’une robe banale. » Il se plaçait derrière, posant ses mains sur ses épaules, il la forçait à prendre la direction de la première boutique qui lui semblait potable. La faisant entrer, il regardait autour de lui. Des motifs à léopard, des couleurs terreuses… Il n’allait pas donner une apparence de femme vénale à Elsa, mais il était là, elle avait besoin de lui, il allait donc lui donner un coup de main. Styliste personnel autoproclamé, il commençait à regarder les diverses robes, un premier modèle une robe noir au col en perle. Simple, beaucoup trop selon lui, mais si elle désirait vraiment être discrète, il allait lui choisir des modèles plus proches de sa pensée. Un coup d’œil à sa sœur, il la détaillait une nouvelle fois. « T’as pris du poids, non ? » Il prenait donc une grandeur au-dessus la balançant dans les mains de la brune. Il continuait ainsi jusqu’à ce qu’elle ait plus d’un modèle à essayer.

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w/ @Yaël Weisel

Yaël ne savait clairement pas ce que c’était d’être pressé, de n’avoir que de rares jours de repos et d’avoir des milliers de choses à faire parce que le reste du temps, vous étiez débordés. Non, Yaël vivait sa vie comme il l’entendait, sans se soucier des autres. Mais en plus de devoir se gérer elle-même, Elsa devait également s’occuper de sa patronne et tout y passait. De la tâche standard d’une assistante à la plus ingrate d’un larbin, elle prenait des notes pendant les meetings et courait au pressing la minute d’après, elle contactait les partenaires étrangers et se retrouvait à devoir traverser la ville parce que madame avait une envie folle de smoothie, mais pas n’importe lequel. La brune n’avait jamais une minute pour elle, alors elle faisait tout à fond, ne se laissant que rarement le temps de profiter vraiment. Mais elle n’avait pas le choix, elle n’avait pas assez d’heures dans ses journées pour prendre son temps. Elle leva les yeux au ciel à la remarque de son frère et marmonna. « Ne me donnes pas des idées s’il te plaît. » Elle l’aurait probablement largué sur le bord de la route si elle n’avait pas eu besoin de lui à tous prix. Yaël s’y connaissait en mode quand elle pataugeait. La mode elle connaissait bien-sûr, les grandes marques des tailleurs de sa boss, les robes haute couture hors de prix, mais elle était incapable de l’appliquer sur elle. Elle avait donc une garde de robe que Phoebe l’avait aidé à composer et se contentait de ça. Parfois, la blonde lui envoyait des liens par textos, c’était sous-entendu un ordre, celui qui laissait supposer qu’il était temps pour elle de rafraîchir un peu sa garde-robe. Mais pour cette soirée, la blonde s’était contentée d’un message flou. Yaël avait vraiment de la chance d’être indispensable sur ce coup-là. Le ton était monté, ils ne se parlaient plus, ils se hurlaient au visage. Rien de nouveau chez les Weisel. A croire qu’ils avaient été élevé dans un endroit bruyants et habitués à crier pour communiquer. « Arrêtes ou je te jure que la prochaine fois, je te fais monter dans le coffre. » Elsa aimait Yaël comme une sœur aime son frère, c’est-à-dire un peu de temps en temps, un jour sur deux ou le jour de son anniversaire. Elle pourrait mourir pour lui mais ça n’allait pas plus loin, tant qu’il allait bien, elle se contentait de l’apprécier. Le jour où il aurait des problèmes, elle deviendrait la sœur la plus attentionnée qui existe, mais en attendant, elle se contentait de le supporter. « T’es pire qu’un môme, je te jure ! » La voiture à peine stationnée, voilà que le brun était déjà dehors, à genoux sur le bitume. Il avait presque sauté de la voiture en marche et Elsa préféra le laisser à sa comédie pour entrer se réchauffer dans la galerie marchande, il finirait bien par la retrouver un jour. Comme attendu, il se pointa à côté d’elle et se mit à marcher à reculons, histoire qu’elle ait tout le luxe d’observer sa tête d’abruti fini alors qu’il souriait comme un idiot. « Du charme ? Où ça ? » demanda-t-elle avec dédain. Voilà, leur petite querelle était terminée, les déclarations d’amour enflammées d’un frère et une sœur qui s’aime énormément s’arrêtait là. « Je n’ai pas peur du monstre » commença Elsa, agacée qu’il suppose qu’elle avait peur de quelqu’un. « Mais ce n’est pas à moi d’être mise en avant, c’est elle la boss. Il ne faut pas que le client passe la soirée à reluquer mes seins mais plutôt ceux du monstre, c’est comme ça, c’est tout. » Elle haussa les épaules, peut-être qu’elle avait un peu peur de sa boss tyrannique dans le fond mais elle ne l’avouerait jamais. Il fallait dire que la blonde tenait son avenir entre ses mains, un seul faux pas de sa part et toutes ces années à faire les pires corvées n’auront servi à rien, et ça, elle ne pourrait le supporter. Elsa acquiesça à la proposition de son frère et se laissa guider. « Robe, jupe, tailleur, combinaison, tout ce que tu veux pourvu que je n’ai pas l’air d’un... » mais elle ne termina pas sa phrase, voyant qu’il était déjà dans son monde. Les yeux du bouclés faisaient des allers-retours entre elle et les vêtements, parfois sa main se perdait dans les rayonnages puis il laissait tomber et reportait son regard ailleurs. Finalement, il se mit à l’observer et lâcha une déclaration de guerre. « Pardon? » demanda-t-elle, plus fort que prévu, faisant se retourner des clients visiblement mécontents. « C’est une blague, j’espère ? » Elle le fusilla du regard alors qu’il lui balançait des fringues dans les bras. « Yaël, je-n’ai-pas-grossi ! » cria-t-elle presque, séparant minutieusement chaque mot. « Mais tu sais ce qui va grossir ? Ton cul quand je l’aurais botté ! » Voilà qu’elle recommençait à lui hurler dessus, en plein milieu d’un magasin bien fréquenté. Elle se posta devant lui, arrêtant net son petit tour du lieu et lui plaqua les vêtements sur le torse. « La taille en-dessous fera l’affaire, idiot ! » Elle fit volte-face pour aller chercher une petite robe noire accrochée à un cintre. Passant devant son frère, elle le menaça du regard. « Insinues encore une fois que j’ai grossi, et ce sera la dernière chose que tu feras ! » Susceptible, elle ne l’était pas trop, mais il ne fallait pas pousser.

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âge : 26 ans || 02.02.1996

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w/ @elsa weisel

Par chance, dans la voiture personne ne pouvait entendre une des nombreuses disputes dignes des Weisel. Explosif. La chose n’était pas des plus plaisante à entendre. Yaël qui faisait sortir sa sœur de ses gonds, autant s’en tenir lui et si leur réplique se faisait avec du tac au tac, le calme pouvait revenir aussi vite que la tempête avait pu s’enflammer. Il avait suffi qu’ils quittent la voiture pour redevenir plus calme, plus sujet à parler sans se hurler à la tronche. Une chose qui n’allait sans doute pas durer lorsqu’on connaissait la sœur et le frère. Il montrait son visage à sa sœur d’un signe du doigt. « Là. » répondait-il bien conscient qu’Elsa n’avait aucune raison d’acquiescer sur le charme de son frère. Ce n’était pas comme s’ils pouvaient s’intéresser l’un et l’autre, Yaël savait reconnaître la beauté de son aînée, mais ça, il savait le reconnaître avec tout le monde, elle n’avait donc rien d’exceptionnelle à ses yeux. Mais s’il pouvait la ramener pour la faire chier, il n’allait pas se gêner, bien au contraire. Il haussait un sourcil à l’affirmation de la brune, lui répondant d’un claquement de langue. Signe qu’il n’en croyait pas un traître mot, depuis quand sa sœur se pliait pour baiser les pieds de quelqu’un. Il savait comment sa patronne pouvait être tyrannique avec les histoires qu’elle lui racontait, mais Yaël peinait à imaginer cette boule d’énergie aussi soumise. Elle qui avait pendant longtemps été son modèle féminin, toujours dans son ombre à râler pendant des heures lorsqu’elle le laissait sur le banc de touche pour sortir avec ses amis. Le gamin qui laissait son regard s’émerveiller en voyant sa grande-sœur agir. Ç’avait bien changé avec le temps, mais il restait que malgré tout ce qu’il pouvait lui dire pour la mettre hors d’elle, il l’estimait énormément et ça, ça ne changerait pas. « Pas besoin d’exhiber tes seins… » il marquait une pause pour retrousser ses lèvres comme s’il affichait un certain dégoût à parler de la poitrine d’Elsa ainsi. « …pour être digne de ce nom. Elle peut bien montrer sa poitrine ta boss, on va pas faire de toi un épouvantail. » Il laissait un large sourire fendre ses lèvres et lui adressait un clin d’œil. Les Weisel avaient de la fierté et hors de question pour le cadet qu’on entache leur famille en laissant cette dernière préférée se faire discrète, alors qu’elle pouvait être époustouflante. Il chassait l’idée de lui trouver une vulgaire robe, même s’il savait qu’il devait lui montrer certain modèle pour qu’elle trouve ce qui lui plaisait le plus et donc s’abaisser à rester un épouvantail. Devenant une véritable machine, aussi habile que le stéréotype ami gay, il farfouillait dans les rayons à la recherche de la tenue parfaite. « C’est pas moi qui a un petit ventre là. » disait-il avec le plus grand des sérieux alors qu’il pointait celui-ci du doigt, se fichant bien des clients qui avaient portés leur regard sur eux. « Taratata, si je le remarque c’est que y’a quelque chose. » continuait-il en ignorant que sa sœur avait monté en crescendo, se fichant tout autant d’elle qui le menaçait, alors que les murmures des clients résonnaient jusqu’à ses oreilles. Lorsqu’elle se plaçait devant lui, il s’arrêtait dans sa recherche, observant ce petit bout de femme regorgeant de caractère. Du coin de l’œil, il remarquait une vendeuse qui s’approchait, sans doute pour demander ce qui se passait ou bien pour les mettre dehors de la boutique. Elsa lui plaquait les vêtements qu’il avait trouvé dans les bras et sans rien ajouter de plus, il la regardait s’éloigner débordante de rage. Lui ayant l’habitude n’en faisait pas tout un plat, il la regardait passer près de lui. « Je suis certain de ce que je dis. » affirma-t-il en haussant les épaules, alors qu’il retournait échanger les vêtements pour prendre la taille en-dessous. Il revenait vers elle, glissant ses lèvres à son oreille alors qu’elle marchait dos à lui. « Y’a pas de mal à avoir quelques rondeurs, c’est en général mignon sur une meuf. » Il soufflait à son oreille, un sourire en coin, fier de faire son chieur. Il attendait qu’elle se tourne pour lui présenter une robe noire où les épaules et les manches étaient en dentelles de la même couleur. C’était classique, féminin et ça possédait une touche d’extravagance. « Promis c’est à ta "taille". » disait-il en accentuant sur le dernier mot.

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w/ @Yaël Weisel

Comment la conversation avait-elle pu s’orienter vers la poitrine d’Elsa. Cette dernière leva les yeux au ciel en soupirant devant la grimace de dégoût de Yaël et ne put s’empêcher de sourire. Elle connaissait assez son frère pour savoir que des poitrines, il en avait vu par dizaines. Et si seulement il n’avait vu que ça d’ailleurs. Mais elle comprendrait sa réaction parce qu’elle n’aurait pas apprécier non plus qu’il se mette à parler de son corps, pas lui. A ses yeux, Yaël resterait à jamais son petit bébé, celui qui la collait en permanence lorsqu’elle était gamine, lui faisant péter les plombs régulièrement. La réalité était toute autre, le brun venait d’avoir vingt-trois ans, il n’avait plus rien de l’enfant innocent qu’elle devait se coltiner des après-midis durant. Le résonnement du bouclé n’était pourtant pas à ignorer, ce n’était pas parce que sa patronne devait être à l’honneur qu’Elsa devait s’habiller comme une souillon. De plus, la blonde tyrannique qui lui servait de supérieur ne se gênerait pas pour lui tomber dessus si elle ne la trouvait pas assez bien habillée pour l’occasion. « Très bien, je te suis » rendit-elle les armes en suivant son frère dans le premier magasin qu’ils croisèrent. Mais l’atmosphère, redevenue paisible depuis leur arrivée au centre commercial, tourna rapidement à l’orage. Il y avait une tempête qui se préparait, la tempête Weisel. D’un côté, la tornade Elsa, prête à sauter au cou de son frère et a lui arracher la langue pour qu’il cesse de dire de pareilles bêtises. De l’autre côté, la foudre Yaël, toujours prêt à taper là où ça fait mal, sans peur des représailles ni de ce qui pourrait lui arriver. Parce que voilà, Yaël venait de commettre l’irréparable. On ne disait jamais à une fille, ô grand jamais, qu’elle avait pris du poids. Pas en public ni de manière si affirmative qui plus est. Par pur réflexe, Elsa baissa les yeux vers son ventre, comme pour vérifier les dires de son frère. Elle tenta de lui faire comprendre que ce n’était pas le cas et finit même par le menacer mais il ne souhaitait rien entendre, borné qu’il était. « Je n’ai pas de petit ventre Yaël, arrêtes ça tout de suite » lâcha-t-elle entre ses dents en lui collant des vêtements dans les bras. Elle le planta sur place et fuit à l’autre bout du magasin, là où elle pourrait douter tranquillement d’elle-même. Autour d’eux, les gens lançaient des regards curieux. « Ce jeune homme est extrêmement maladroit avec sa petite amie » chuchota une mamie tandis que la brune passa près d’eux. Elle grimaça en entendant la petite vieille qualifier Yaël de petit ami mais n’y prêta pas plus attention parce qu’il venait de la rejoindre, déterminé à en rajouter une couche. Le mot « rondeur » la fit grincer des dents. Bien-sûr, il n’avait pas tort, et elle n’était pas dans ce délire de devoir avoir une taille mannequin pour être désirable mais elle se tuait à la tâche chaque jour pour satisfaire sa boss, elle mangeait ce qu’elle pouvait quand elle le pouvait, elle n’aurait donc jamais le temps de se mettre au sport si elle avait réellement besoin de garder la ligne. De toute manière, du sport, elle en faisant tous les jours lorsqu’elle devait travers la Nouvelle-Orélans, parfois en courant, pour satisfaire les désirs de Madame. Furieuse, elle se tourna et se retrouva nez à nez avec son frère, si proche qu’elle pouvait sentir son haleine de cigarette, à moins que ses cheveux avaient fini par imprégner l’odeur depuis le temps. « Ecoutes moi bien Yaël Weisel, je ne suis pas grosse, je n’ai pas de petites rondeurs mignonnes ou que sais-je. Mais continues de me chercher comme ça, et tu finiras par rentrer à pied chez toi ! » Pour une dispute avec le bouclé, Elsa se trouvait encore très calme et très soft, nul doute qu’il parviendrait à la faire craquer avant la fin de leur petite escapade shopping. Il lui présenta ensuite une robe qu’il qualifia être à sa taille. Elle lui lança un regard mauvais mais finit par la prendre. « Rappelles-moi pourquoi c’est toi que j’ai choisi pour m’accompagner ? » C’était une question rhétorique à laquelle elle ne souhaitait pas répondre elle-même. Elle l’avait choisi lui parce qu’il était son frère, qu’elle l’aimait énormément et qu’il lui manquait parfois. Avec leur boulot respectif, ils passaient parfois quelques semaines sans se voir et bien que ne lui avouerait jamais, elle n’aimait pas ça. Et puis c’était Yaël, il était chiant, râleur et il puait la clope, mais elle savait qu’il était prêt à tout pour elle. Enfin presque. Elle inspira profondément pour se calmer et lui montra une robe qu’elle venait de trouver. Elle était bleue nuit et ample, et sûrement qu’inconsciemment, elle commençait à douter d’elle-même. « Et celle-là t’en penses quoi ? Répond-elle aux attentes de monsieur ? » Le sourcil arqué, elle attendit le prochain faux pas du cadet Weisel.

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âge : 26 ans || 02.02.1996

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w/ @elsa weisel

Peut-être que Yaël devrait apprendre à mâcher ses mots. Seulement, il ne l’avait jamais fait, parce qu’il était tout simplement ainsi. Si on lui demandait son avis, il jouait franc jeu. Il savait que ses critiques pouvaient blessés, mais ça ne les empêchait pas de les dire. Sa franchise, qualité ou défaut, c’était au goût de chacun. Dans ce qu’il venait de dire à sa sœur, c’était simplement qu’elle ferait mieux de prendre quelque chose pas trop serré parce que c’était toujours plus beau que trop moulant. C’était ce qu’on devait lire entre les lignes, mais au lieu de cela, il était désagréable, se fichant bien de ce qu’elle pouvait se dire alors qu’il portait un jugement sur son physique. Il relevait le menton, supérieur à ce petit bout de femme qui se tenait devant lui, il savait qu’elle pourrait le laisser ici sans remord, mais il n’était pas en plein milieu du désert. Sa menace ne lui faisait ni chaud ni froid, haussant plutôt un sourcil face à ses propos. Prenant la robe qu’il venait dans sa main, un sourire malicieux prenait place sur ses lèvres. « Parce que tu m’adore. » disait-il fier de remuer le couteau dans la plaie, alors qu’il était certain d’une chose, elle voulait sa peau à cet instant. Glissant ses mains dans ses poches, il continuait de la fixer. « Parce que tu sais que je vais être franc. » C’était vicieux, il le savait, mais ça restait un fait. Il ne passerait pas les prochaines minutes à dire n’importe quoi simplement pour satisfaire son égo. Il préférait dire le moindre détail qui ne collait pas, mais trouver la tenue parfaite que de passer cinq secondes à mentir pour se débarrasser d’une tâche qu’il faisait autant avec lui-même. Yaël avait du goût, non pas que les autres n’en avait pas, mais il avait une certaine facilité dans le domaine, il y prenait même du plaisir. Son regard suivait la direction que lui indiquait Elsa, ses orbes se posant sur la robe qu’elle pointait. Fronçant un sourcil, il affichait une moue. « Pas ce parachute quand même. » disait-il sans réfléchir une fois de plus. Mais son regard se posait sur sa sœur, il se fichait bien de ce qu’on pouvait penser de lui, de sa façon d’agir, mais il y avait aussi ces moments où il était simplement le frère sympa. S’approchant d’elle, il passait un bras autour de son cou. « Désolé. Je veux simplement que tu sois la plus belle. » disait-il en penchant sa tête pour que leur regard se croise. Le dialecte de Yaël pouvait parfois être incompréhensible, tellement imprévisible comme ses agissements. Elle pouvait le qualifier de garnement, il laissait les intempéries Weisel retombés doucement, alors qu’il se montrait désolé. Ce mettant à arpenter entre les rayons de vêtements, il tombait sur une robe moulante, un décolleté léger, d’une couleur cerise noire. « J’ai celle-là aussi. » disait-il en lui montrant ladite robe, alors qu’une vendeuse s’approchait d’eux. « Est-ce qu’on peut vous aidez ? » demandait-elle d’une voix incertaine, comme si elle craignait les foudres de ce couple. Yaël la regardait, affichant un sourire amusé, prenant appui sur l’un des présentoirs. « Ah, sans doute que ma sœur ne dirait pas non, avant que je rende sa viré shopping cauchemardesque. » Il passait une main dans ses boucles folles, les lissant vers l’arrière sans pour autant cesser de regarder la vendeuse. Le rouge lui montait aux joues, elle bafouillait quelque chose avant de s’éloigner, laissant le cadet sur sa faim. Tournant son regard vers sa sœur, il l’observait. « Si tu pouvais être un peu plus comme ça, tu serais bien plus mignonne. » Descendant ses orbes sur sa silhouette, il lui présentait à nouveau la robe.

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w/ @Yaël Weisel

Yaël avait beau être la personne qui lui ressemblait le plus sur cette Terre, Elsa se demandait souvent comment elle faisait pour le supporter. Ils avaient des tonnes de points communs certes, mais lui était terriblement désagréable et extraordinairement agaçant. A ce stade-là, ce n’était plus naturel, c’était un don. Sur ce point, elle n’avait rien à voir avec lui. Son petit air supérieur lui donna envie de le gifler mais la brune était bien trop petite pour ce genre de prouesse. En plus, elle n’avait jamais aimé la violence, encore moins quand il s’agissait de ses frères. Elle ne pouvait le nier qu’elle l’aimait de tout son cœur et qu’elle ne supporterait pas de le voir souffrir. Il était son petit frère, son cadet, son protégé et elle serait morte pour lui. Pourtant, les mots qui franchirent ses lèvres n’en laissèrent rien paraître. « Vas te faire foutre, Yaël. » Il continuait de la fixer et elle secoua la tête. « Il y a une différence entre être franc et méchant. » Elsa baragouina quelques mots en hébreu, des insultes pour la plupart, apprise par l’un de ses cousins tandis que son grand-père s’évertuait de lui apprendre les mots justes ou les prières. La tension presque apaisée, Yaël en remit une couche mais sut apaiser son aînée en quelques secondes. Elsa soupira, colla sa tête contre celle de son frère et fit la moue. « T’es chiant Yaël, t’arrives toujours à m’avoir comme ça. » La menace Weisel s’apaisa quelques instants, laissant un moment de répit aux promeneurs alentours. Ils bénéficiaient d’un sursaut avant le retour d’une tornade juive surprise. Elsa suivait son frère sans broncher, acceptant les robes qu’il lui tendait, légèrement vexée mais surtout, perdue dans ses pensées. La fatigue se mêlant à l’incertitude, elle s’apprêtait à confier quelque chose à son frère lorsqu’une vendeuse débarqua. Yaël s’occupe pas d’elle et Elsa les observa, sourcils relevés. « Tu plaisantes j’espère ? » demanda-t-elle à la remarque de son frère. « Donc le genre de femmes qui t’attirent sont celles qui gloussent bêtement et mouillent leurs petites culottes en te voyant passer la main dans tes cheveux ? » Elsa lâcha un éclat de rire bruyant avant de pincer les lèvres pour se contrôler. « Je vois le genre oui, et je comprends maintenant pourquoi tu apprécies tant ta petite Holly. » Après cette pique, la brune sourit de toutes ses dents, battit des cils et reprit le shopping comme si de rien n’était. Yaël avait peu de points faibles, mais Elsa connaissait quelques unes de ses faiblesses. Avec un peu de chance, il réfléchirait à ça quelques secondes, lui donnant un peu de répit et de tranquillité. Avec un peu moins de chance, il répliquerait piquer à vif, mais pour Elsa, les deux étaient satisfaisants. « Et si j’optais pour une jupe centrée comme celle-ci plutôt que pour une robe ? » demanda-t-elle, ignorant le regard que son petit frère lui lançait. « C’est pas trop court, c’est joli et avec ça, je suis sûre d’avoir l’air élégante et raffinée. En plus regardes, c’est une taille haute, tu n’y verras que du feu. » Si elle avait commencé sa phrase en souriant, elle venait de la terminer en haussant le ton et faisant les gros yeux. La réprimande se faisait entendre dans sa voix. « Dis-moi, tu avais prévu de faire quoi aujourd’hui avant d’accepter de m’accompagner avec tant de plaisir et de dévotion ? » C’était tout Elsa ça, en faire des caisses, tout le temps. Ce devait être de famille sûrement..

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âge : 26 ans || 02.02.1996

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w/ @elsa weisel

Franc, méchant, ça pouvait être vu comme la même et unique chose selon certain. Après tout, la vérité faisait souvent mal. Mais Yaël restait intègre de ce côté-là, il ne changeait pas et n’en voyait pas non plus l’utilité. C’était plus facile ainsi, tant de gens ne supportaient pas cette franchise sans retenue, aucun filtre, simplement ces choses qui lui passaient par la tête. « C’est parce que je suis adorable. » Ça il ne pensait pas que sa sœur le pensait, pas même parce qu’il se montrait en cet instant désolé. Non, elle devait continuer de le maudire en son for intérieur, mais lui continuait de s’en ficher. Bienvenue chez les Weisel. La tempête aussi vite partie qu’elle était arrivée, revenait aussitôt lorsque le cadet refit des siennes. Ne pouvant retenir ses mots, s’amusant à comparer sa sœur avec la vendeuse, il se figeait néanmoins. Ce rire, mais surtout ces propos lui firent retrousser les lèvres. Une chose à savoir avec Yaël, il draguait, courtisait même parfois, il prenait un malin plaisir à ce qu’on lui porte un intérêt. Il plaisait et il le savait que ce soit homme ou femme, il dégageait ce quelque chose qui attirait l’attention, qui faisait qu’on cherchait à le connaître malgré son côté désagréable. Mais une chose qui ne devait jamais être touché, que ce soit en plaisanterie ou non, c’était sa meilleure amie, Holly. Aussitôt, il pouvait passer du mec plutôt sympa, à un véritable monstre. Il en avait toujours été amoureux, et si rien ne changeait, il ne pouvait accepter qu’on la pointe du doigt ainsi. Sa sœur le savait pourtant, elle se vengeait simplement pour tout ce qu’il osait lui dire, à juste titre, mais pas aux yeux du cinéaste. « Ta gueule Elsa. » Une réplique bien maigre, il en avait conscience, mais s’il ne retenait pas ses mots comme il venait de le faire, même sa sœur finirait par le détester réellement. Il la regardait, posant ses émeraudes sur cette jupe qu’elle montrait. Rien. Il ne disait rien, la laissant s’exprimer, ce n’est qu’à sa seconde question qu’il ouvrit les lèvres. « Me branler, qu’est-ce que ça peut te faire. » disait-il alors que c’était bien loin de son planning d’origine, mais il avait accepté de venir avec elle, laissant de côté son travail sur son prochain film pour les beaux yeux de son aînée. Il regrettait à présent. Lui tendant la robe qu’il avait trouvé quelques minutes plus tard, il l’observait. « T’auras l’air aussi vieille que tu l’es. » Cette fois, il ne le pensait pas, mais toucher sa corde sensible, le rendait aigri et le temps qu’il retrouve ce sourire qui lui était sien, il en avait pour quelques minutes. La robe entre les mains de sa sœur, il tournait les talons, glissant ses mains dans ses poches pour se diriger vers la sortie, sans rien dire à sa sœur, même pas ce qu’il faisait ou allait. Il sortait de la boutique, et prenait la direction de l’intérieur plutôt que celle menant vers l’extérieur. Il trouvait un petit shop qui vendait du café. Se mettant dans la file, il se mit à réfléchir, non pas à ce qu’Elsa venait de lui dire à propos d’Holly, mais plutôt à cette nuit qu’ils avaient passés ensembles. La blonde n’était pas comme la vendeuse, il le savait, il avait même découvert des choses sur elle qu’il n’aurait pu imaginer. Devant la personne qui prenait les commandes, il demandait un café corsé noir.

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w/ @Yaël Weisel

Elsa le savait pertinemment en s’attaquant à Holly que son frère réagirait. Bien que la brune n’avait jamais rien eu de concret à reprocher à la blonde, elles n’étaient pas non plus les meilleures amies du monde. Holly était toujours trop gentille, trop douce, trop patiente, trop compréhensive, et pour Elsa, c’était simplement trop. Aux yeux de la brune, un tel caractère cachait forcément quelque chose, on ne pouvait décemment pas être si parfaite, si ? Elle n’était pas la voix posée de la meilleure amie de Yaël, ayant toujours l’impression qu’elle faisait preuve de condescendance envers elle. Depuis toutes ces années où Yaël ne jurait que par Holly, Elsa aurait du se douter que sa réaction serait encore pire que ce qu’elle avait prévu. Pourtant, la satisfaction ne la quitta pas, ni quand Yaël l’envoya bouler, ni quand il garda le silence, renfrogné sur lui-même. Il avait attaqué son physique, elle avait attaqué sa copine. Ils étaient à ex-equos et pouvaient désormais passer à autre chose. C’était ça faire partie de la même famille, s’aimer et se détester par intermittence et profiter des moments de calme entre deux. Elle s’intéressa donc à ce qu’il avait prévu de faire aujourd’hui et leva les yeux au ciel en faisant la moue. « Très classe, Yaël. » Visiblement, il était encore énervé, elle préféra donc le laisser bouder en continuant ses achats. La nouvelle pique ne tarda pas à arriver et Elsa ouvrit la bouche avant de la refermer sans rien dire lorsque son frère lui colla une robe dans les bras, fit demi-tour et quitta le magasin sans rien dire. « T’es chiant Yaël » grogna-t-elle alors qu’il était bien trop loin pour l’entendre. Elle se retrouva donc seule dans la cabine d’essayage et se fixa un long moment dans le miroir sans parvenir à prendre de décisions. La mine de plus en plus renfrognée, elle avait l’humeur qui s’assombrissait à mesure que le temps passait. C’était l’effet Yaël, comme elle aimait le dire. Le mauvais effet Yaël. Soupirant encore et encore, elle finit par acheter une jupe sur laquelle elle avait flashé et se dit qu’elle recyclerait un top qu’elle n’avait mis qu’une fois pour aller avec. Plus énervée contre elle-même que contre Yaël, elle mit un temps fou à retrouver son frère dans l’immense centre commercial.

Elle finit par tomber sur lui, assis nonchalamment sur un petit banc, un café à la main et son portable dans l’autre. « Donc tu me laisses en plan dans le magasin et tu espères que je vais te ramener chez toi ? » Les poings serrés sur ses hanches, elle avait le regard dur de celles qu’on a laissé en plan. « T’abuses d’être parti comme ça Yaël, c’est pas sympa. » Mais à quoi bon, son frère était sûrement l’être le plus buté qu’elle connaissait, cette conversation se révélerait probablement inutile et elle le savait. Alors elle soupira et s’assit à côté de lui. « T’aurais pu me prendre un café au lieu de partir faire la gueule comme un gamin. » Elle lui lança un regard en coin avant de consulter sa montre. « Tu m’aides à chercher une veste ou tu veux que je te ramène ? » Il fallait bien qu’elle se rende à l’évidence, quand son frère était comme ça, il n’y avait plus rien à tirer de lui.

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âge : 26 ans || 02.02.1996

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w/ @elsa weisel

Quand la tornade se faisait trop violente et que Yaël en vienne à retenir ses propos pour ne pas dépasser les bords, c’était qu’il devait vraiment prendre ses distances. Si avec certaine personne, il se fichait bien d’aller trop loin. Les membres de sa famille, il faisait toujours attention. Il ne pouvait pas être cet être exécrable à tout bout de champ. Son sale caractère, il devait se freiner, il le savait. Et si Elsa était parvenue à le faire sortir de ses gonds, il préférait aller trouver autre chose à faire. En quête d’un café, il repensait à cette fameuse nuit où sa meilleure amie s’était donnée à lui. Allait-il parvenir à oublier ? Il le devait. Après tout, il avait déjà des personnes dans sa vie – oui oui des. Il n’était pas assez bien pour une fille comme Holly. Il en avait conscience, il en avait toujours eu conscience. Son café dans une main, son portable dans l’autre, il laissait défiler les derniers postes que des amis avaient publiés sur Instagram. Sans lever ses jades de son écran, il ignorait sa sœur qui venait d’arriver devant lui. « T’as qu’à me laisser ici. J’trouverai quelqu’un pour venir me chercher ou me ramener. » Même si Yaël était la personne la moins attendrissante qui soit, il connaissait assez de personne pour ne pas avoir à rentrer chez lui en bus. Il pouvait appeler son mec, sa meuf ou des potes, il trouverait bien quelqu’un pour venir le sortir de ce mauvais pas si sa sœur était trop butée pour le ramener. Il relevait son regard de son portable, portant le breuvage à ses lèvres. Une gorgée. « C’était plus sympa que continuer ces idioties devant public. » Un bref regard en coin, il l’observait prendre place à ses côtés. Fermant son portable, il le glissait dans sa poche de jeans. « Tu veux pas vraiment de mes conseils, donc autant que je rentre chez moi. » Il marquait une pose, balançant sa tête vers l’arrière ses boucles tombant dans le vide. « Je voulais profiter de mon temps pour avancer mon film, mais c’est tombé à l’eau… comme toujours. » Toujours sollicité. Toujours dérangé. Il allait finir par devenir un ermite…

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