what lies ahead.
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.

Le Deal du moment : -21%
-21% Vidéoprojecteur Xgimi MoGo 2 Pro Full HD
Voir le deal
369.99 €

Partagez
 

 way down we go + Kléa

Aller en bas 
Invité
‹ Invité ›
Anonymous


way down we go + Kléa Empty




[ way down we go ]
ft @Kléa Tousignant
DIMANCHE 26 JUILLET 2020, 01H36 DU MATIN

« On charge le patient pour une évacuation ! Qu’est-ce qu’on a ? » Me questionne le lieutenant Emily Saunders, premier membre de notre équipe à avoir pris à cœur de m’intégrer à mon arrivée deux ans plus tôt. Je soulève la civière à son compte de trois pour pouvoir déposer l’une des nombreuses victimes de ce carambolage sur le brancard nécessaire à son transport. « Homme de vingt-cinq ans, semi-conscient, il était au volant de sa voiture lorsqu’elle a été percutée du côté conducteur par une camionnette. Fracture constatée au bras, hémorragie interne soupçonnée au niveau de l’abdomen et corps étranger stabilisé près de la clavicule. » Je poursuis la description des maux de ce patient que nous avons pour mission de maintenir en vie tout en pressant avec plus ou moins de force les côtés du brancard afin de l’escorter jusqu’à l’ambulance que nous allons emprunter pour l’escorter de toute urgence à l’hôpital. « Très bien, on le transporte au Tulane Medical Center ! Lieutenant Saunders à centrale, nous emmenons un patient en état de choc, hémorragie interne très fortement envisagée vers l’hôpital le plus proche ! » Elle referme les portes derrière moi et me laisse avec le patient que je sécurise sur le brancard, déjà occupé à préparer l’intraveineuse que je vais lui injecter dans les veines pour pouvoir soulager la douleur et apporter les fluides nécessaires pour le maintenir hydraté. « Ne vous inquiétez pas, vous êtes entre de bonnes mains ! » Ses yeux témoignent de sa peur, elle me retourne toujours autant l’estomac. C’est un sentiment auquel je ne me ferais jamais. Je trouve le chemin de sa main que je serre fort. « Tout ira bien ! » Ses traits se détendent légèrement, c’est encourageant. « Comment vous appelez-vous ? » Maintenir un contact régulier, aussi bien visuellement qu’oralement, une priorité lorsqu’un patient est aussi proche de la perte de conscience. « Restez avec moi, comment vous appelez-vous ? » Je répète en exerçant une pression plus forte contre ses doigts. « Barry ! » Mes prunelles se perdent tantôt dans son regard et tantôt sur son bras sur lequel mes ciseaux s’élancent pour faire céder le tissu qui recouvre sa peau et m’empêche de démarrer la pose d’un cathéter. « Enchanté Barry, moi c’est Heath. Nous allons passer un petit moment tous les deux et vous savez quoi… Vous ne pouviez pas rêver mieux car ma collègue, là-bas… » Je la pointe du doigt en grimaçant. « Pas très aimable et pas du tout douée avec les… Aiguilles ! » Le cathéter est posé sans même qu’il s’en soit rendu compte. Je peux maintenant le relier aux fluides. « Parlez-moi un peu de vous, Barry ! Que faites-vous dans la vie ? Un beau garçon comme vous est-il encore sur le marché ? » Un soupçon de charme, comme toujours, pour les distraire de la violence de la situation dans laquelle ils se trouvent. « Romeo, on démarre ! » J’acquiesce d’un très vif mouvement de tête, les doigts en pilote automatique, occupés à renforcer le rempart improvisé dans le but d’empêcher le corps étranger de bouger au risque d’occasionner des dégâts supplémentaires et irrémédiables. « Je suis fiancé… Ma copine est enceinte de six mois ! » Je me redresse pour pouvoir palper son abdomen de plus en plus gonflé. L’hémorragie interne se confirme. « Félicitations, vous connaissez déjà le sexe du bébé ? » Je l’interroge, constamment occupé à abreuver cette discussion nécessaire pour lui éviter de sombrer. « Un petit garçon. »

DIMANCHE 26 JUILLET 2020, 01H49 DU MATIN

« Romeo, nous sommes redirigés vers un autre hôpital, le Tulane Medical Center est saturé par l’arrivée des autres victimes du carambolage. Tout va bien derrière ? » Mes mains se gorgent de sang sans pour autant que la situation apparaisse hors de contrôle. Nous avons fait bien pire, elle et moi. « Barry se porte comme un charme ! » Je lui adresse un clin d’œil complice, rassuré de le sentir suffisamment vif pour que ses lèvres s’étirent en un sourire encourageant. « J’ai… J’ai froid ! » J’observe l’écran et les nombreuses informations communiquées par ce dernier pour pouvoir anticiper sur une chute de tension ou d’autres signes encore plus alarmants. « Une couverture chauffante pour Barry ! » Je me penche pour l’attraper dans un tiroir près du brancard. « BORDEL DE MERDE, ATTENTION ! » Je n’ai jamais entendu Emily Saunders s’exprimer de la sorte mais l’animal sauvage qui vient tout juste de jaillir sur la route est parvenu à prendre par surprise cette conductrice émérite qui tente de l’éviter sans succès. Le bruit de la dépouille violentée de l’animal n’est qu’un premier pas vers la perte de contrôle de l’ambulance qui heurte de plein fouet les barrières de sécurité. Je n’ai pas le temps de me redresser qu’une large impulsion suivie d’un bruit sourd me projette vers l’arrière. La camionnette dévale le ravin à toute vitesse et se retourne au contact d’un amas de rochers. « ACCROCHEZ-VOUS BARRY ! » Je tente de le protéger en me contractant au-dessus de lui mais la violence de notre chute m’éjecte contre les portes arrière de l’ambulance. « NON ! »  Les hurlements d’Emily au moment d’entrer en collision frontalement avec le sol sont les derniers bruits que j’entends avant de perdre conscience en une douleur vive et terrassante.

DIMANCHE 26 JUILLET 2020, 04H18 DU MATIN

« Saunders ! » Je grommelle, abasourdi et incapable de mettre des mots sur les zones d’où proviennent les douleurs qui se réveillent en même temps que moi.  « Saunders ! » J’élève la voix en me retournant pour me dégager des segments de l’ambulance qui se sont séparés du véhicule au fil des tonneaux. Je suis en sang sans parvenir à définir s’il s’agit du mien ou de celui de… « Oh non, Barry ! » La ceinture l’a maintenu à même le brancard lui-même sécurisé sur le sol qui, à présent, fait office de plafond. Il me surplombe, à quelques dizaines de centimètres à peine de moi. « SAUNDERS ! » Ne pas paniquer devient difficile, notre patient est mort, une pression contre son poignet me conforte dans cette idée. Tu étais censé le sauver, Heath. Il ne devait pas mourir ce soir, cet homme était promis à un avenir radieux, à un mariage de rêve entouré de sa fiancée et de leur petit garçon. Il avait la vie devant lui et maintenant… Il est mort car tu n’as pas su le protéger ! Je n’aurais rien pu faire et je le sais, mais la culpabilité est toujours au rendez-vous. « Saunders ! » La radio émet quelques sons ponctués par des grésillements qui ne laissent rien présager de bon. L’espoir de pouvoir contacter des renforts et vérifier l’état de Saunders me motive à ignorer la douleur, ce bras déboité et les nombreuses plaies ouvertes qui font s’écouler des filets de sang en plus ou moins grande quantité. Je tente de me relever, bientôt face à une blessure qui ne s’était pas manifestée jusqu’à maintenant. « Ma jambe… Je… Saunders ! » La peau de ma jambe droite a été percée dans l’impact, une fracture ouverte et cet os qu’il me faut impérativement envisager de pousser à l’intérieur pour éviter une hémorragie, ou pire encore. Je me traine, allongé contre le toit de l’ambulance, jusqu’à la partie la plus avancée de cette prison. Comme je le craignais, la radio est morte, tout comme le téléphone de Saunders qui se trouve non loin d’ici, éparpillé en morceaux. Allongée près de ce dernier, le corps de mon lieutenant. « Oh non… Pas ça… Emily ! » Je la secoue de toutes mes forces, tente de prendre son pouls sans succès. Un rondin de bois lui traverse l’abdomen. Elle est probablement morte sur le coup, elle aussi. « Non… Non… » Je suis bien trop rôdé à tout cela pour savoir que rien ne pourra la ramener à la vie comme par magie et pourtant, comme pour tenter de réchauffer son corps, mes mains se pressent contre ses bras pour la secouer à toute vitesse. L’intensité de l’effort me donne le tournis et me force à abandonner en un éclat de larmes qui achève de troubler mon champ de vision. Les larmes se mélangent au sang coagulé. « Ton téléphone, Heath… Ton téléphone ! » Mes poches d’uniforme sont vides, je le conserve toujours précieusement dans un compartiment à l’arrière près duquel je me traine en une douloureuse tentative de croire en mes chances de survivre à tout cela. Le compartiment est trop haut pour que je puisse l’atteindre en l’état, sans me redresser mais ma jambe ne me permet rien de tel. Pas comme ça. Mes doigts, bien que submergé par les tremblements, s’affairent contre cet os qu’il me faut absolument guider jusqu’à l’intérieur de la chair dont il s’est extrait. « Tu peux le faire Heath, tu peux le faire. » Une grande inspiration me permet de réunir mes forces et l’ensemble du courage que j’ai pu trouver en moi pour exercer une pression vive sur l’os qui réintègre ma jambe en un hurlement à m’en déchirer les cordes vocales. Tu pleures, incapable d’encaisser les brûlures qui te traversent le corps et sombre à nouveau. Ton cerveau t’entraine vers un nouvel abandon, une perte de connaissance symbolisée par une tentative désespérée de t’éviter pire encore. Ma tête heurte le sol à nouveau.

DIMANCHE 26 JUILLET 2020, 09H20

Plusieurs heures se sont écoulées depuis que je me suis évanoui. J’ignore encore comment je suis parvenu à survivre. Le sang semble s’être arrêté de couler et la douleur, à l’image de mes muscles, semble ankylosée. « Ton téléphone ! » Je me répète inlassablement, à peine réveillé, pour motiver un geste brusque et désespéré qui me permet d’ouvrir le compartiment et de faire s’échapper le portable que je rattrape de justesse au vol. Il n’est pas abimé, l’écran de veille m’apporte un réconfort inestimé et me pousse à composer le numéro du 9-1-1 sans succès. Quelque chose ne va pas… Il devrait fonctionner. J’observe le sommet de l’écran, aucune réception et pourtant… Pourtant ce numéro est justement prévu pour que l’appel parvienne à atteindre les secours malgré tout. Pourquoi refuse-t-il d’accepter cet appel ? « NON, NON, NON… PUTAIN ! » Les éléments sont contre moi ! Le jour se lève, la lumière traverse les fenêtres brisées de cette ambulance pour raviver les souvenirs épouvantables d’une nuit placée sous le signe de l’Enfer. Depuis combien de temps suis-je coincé ici ? Quelques heures ? La caserne devrait déjà avoir alerté les autorités compétentes de notre absence. L’hôpital a surement signalé notre disparition alors que nous devions leur apporter un patient… Te souviens-tu des mots d’Emily, quelques secondes à peine avant la collision ? Vous étiez en attente d’un nouvel hôpital vers lequel être redirigés. L’autre était saturé et toutes les équipes occupées sur le lieu du carambolage… Ils vous ont tous oublié, Heath ! Tu vas mourir ici, seul face à toi-même ! Je presse le logo de WhatsApp, conscient que le message ne s’enverra pas comme par magie sans réseau mais qu’une seule seconde peut s’avérer suffisante pour permettre le transfert. La première phalange de mon pouce s’élance contre le bouton tactile d’enregistrement. « Kléa… C’est Heath… Bien-sûr que c’est moi, tu le sais déjà puisque c’est mon nom qui s’affiche sur ton écran… Je… Je sais qu’à l’heure où tu auras ce message ma disparition n’aura plus rien d’une surprise. Tu es peut-être déjà occupée à secouer la ville toute entière, à disputer les officiers de police et mes collègues pour qu’ils retracent la balise de l’ambulance mais… Ils font ce qu’ils peuvent, j’en suis persuadé. Ne leur en veut pas s’ils arrivent trop tard, Kléa. » Je marque une pause, la gorge nouée, la voix étouffée par un sanglot qui transparait jusque dans les larmes qui perlent sur mes joues. « Je tente depuis plusieurs jours en vain de trouver comment exprimer ce qui m’anime te concernant… Je comptais naïvement sur la fête foraine pour me donner la force de m’exprimer… D’oser te dire à quel point je t’aime et cela depuis des années… » J’ai du mal à aller jusqu’au bout de ces mots qui s’étranglent dans ma gorge sous le coup d’une émotion tellement vive. Entre manifestation pudique de sentiments et désespoir total. Je voudrais ne pas abandonner, ne pas renoncer mais je connais la réalité du terrain… J’ai conscience de la situation critique dans laquelle je me trouve, de mes muscles qui s’engourdissent les uns après les autres. « J’étais persuadé de profiter d’un moment de faiblesse l’autre soir et j’ai laissé tout ceci me paralyser et m’empêcher de croire que toi aussi, peut-être tu le ressentais. Je n’aurais pas dû me laisser influencer par mes doutes, par ma peur de te perdre si tes sentiments n’étaient pas à la hauteur des miens. J’ai hésité alors que mon cœur, mon corps… Mon être tout entier me dictait de t’embrasser, de te serrer dans mes bras pour ne plus jamais te laisser t’en aller… J’ai été le plus chanceux des hommes et même si j’en ai toujours été conscient, j’ai naïvement pensé qu’il était possible de faire taire tout ceci pour ne pas avoir à nous mettre dans une situation impossible ! J’étais prêt à renoncer à tout pour ne pas m’exposer au risque de te perdre, de ne plus t’avoir dans mon champ de vision chaque jour au réveil, même si ce n’était pas dans mon lit, même si ce n’était pas contre ta peau mais juste au détour d’un petit-déjeuner entre amis… D’une présence amicale et constante. » J’ai bien du mal à faire preuve de cohérence, mes idées s’embrouillent aussi rapidement que la fatigue s’accroit. « Tu es la plus belle chose qui me soit arrivée, je t’aime et je continuerais de t’aimer quoiqu’il arrive… Ici ou ailleurs. Pardonne-moi de ne pas avoir été à la hauteur et… Si ce message devait être la dernière chose que tu entends de ma part… Sache que je me suis battu jusqu’au bout… Reprends ta vie pour nous deux, ne laisse plus jamais tes peurs ni même tes doutes t’empêcher de tenter de nouvelles choses, se mettre en travers de ton chemin en t’empêchant de retomber amoureuse et de t’épanouir à nouveau. Tu mérites le monde. Je… » Mon doigt ricoche contre l’écran qui m’échappe et heurte le sol avec fracas.

DIMANCHE 26 JUILLET 2020, 11H15

On croirait être en plein film d’horreur. L’orage s’est abattu sur l’ambulance il y a quelques dizaines de minutes. La pluie s’écoule parmi toutes les entailles et humidifie mes vêtements. Je tremble, frissonne, constamment partagé entre le froid glacial et la fièvre brûlante qui assaille mon corps petit à petit. « Kléa… Je ne veux pas mourir tout seul… Me tiendras-tu la main lorsque je partirais ? » Elle est là, allongée à côté de moi. La peau si douce, le teint si délicat… Elle a ce sourire qui me réconforte, fruit d’une hallucination que rien ne semble pouvoir trahir jusqu’à ce qu’elle disparaisse tragiquement, elle aussi. Son visage se recouvre de sang, ses traits se creusent, son teint commence à pâlir comme celui d’un cadavre… « Barry, je promets de vous ramener à votre femme. À votre fille… Non, fils ! » Lui aussi, il me regarde. Il ne semble plus être blessé mais son sourire n’a rien de tendre. Il est inquiétant, me fait paniquer. « Kléa… Je n’ai plus mal maintenant… Tu n’as pas à t’inquiéter, je n’ai plus froid non plus… Je… Je vais bien. » Le néant.

/ awards session
(#) way down we go + Kléa    Dim 26 Juil - 21:13
Revenir en haut Aller en bas
 
way down we go + Kléa
Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
what lies ahead. :: archives rps.-