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 -- le mot que tu retiens entre tes lèvres est ton esclave.

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-- le mot que tu prononces est ton maître.

C'est la mauvaise semaine. Caden n'a pas l'air différent mais tout est différent. On le devine dans le quasi imperceptible. On le discerne aux détails, à ce qu'il pratiquait peu et qu'il n'essaie même plus. Sourciller d'attention lorsqu'on s'adresse à lui pour commencer, alors qu'il n'en a strictement rien à faire. Et voilà qu'il ne se cache plus. Elle est odieuse, cette nonchalance dont il flatte tour à tour ses collaborateurs. Il est de bonne mais de difficile réputation parmi eux, un bosseur qu'on ne dérange ni ne force à l'échec, si bien qu'on met sa figure glaciale et son timbre cassant des deux derniers jours au compte de sa récente déconvenue en procès. Caden n'aime pas perdre, mais cela comme tout à chacun. Non, Caden n'a pas l'habitude de perdre. Et c'est la mauvaise semaine.

Il avait convenu en lui-même d'éviter Kena. Non qu'elle lui ait fait quoi que ce soit - ils se tiennent étonnement tranquilles, ces derniers temps. Ça ressemble même à une sorte de bonheur, sinon de paix. Justement ; à quoi bon tout gâcher ? Il suffirait d'un mot qu'il dirait ou ne dirait pas, d'un geste qu'il ferait ou ne ferait pas. Il suffirait qu'il soit pleinement lui-même, vraiment lui-même, sous le vernis et toute la politesse longuement inscrite dans son code génétique.

Mais il a accepté ce dîner.

Caden n'a pas vraiment d'amis. Il est pourtant très entouré, de filles et de garçons. Son prétexte préféré, c'est qu'il n'a pas le temps ; il est trop occupé, trop difficile à suivre, trop important, pourrait-on presque lire entre les lignes. Ses relations sont superficielles, et parfois entièrement fabriquées. S'il ne s'est jamais expliqué pourquoi, il n'a jamais cherché non plus. Les arcanes de son esprit le dégoûtent, et il avait simplement appris à pallier au contact de Sybil. Et c'est à propos d'elle, justement. Ce dîner, c'était plutôt des amis à elle qu'ils ne sont restés les siens. Ou par habitude. Par souvenir. Une chose qu'il hait, bien entendu.

Et ils ont voulu rencontrer Kena.

Sur l'autel d'on te souhaite de pouvoir te reconstruire avec quelqu'un d'autre, ils sont tous les quatre assis autour de la table d'un restaurant trop chic pour la non-occasion. Ça rend les prémices de conversation encore plus solennels. Ça renforce la vilaine impression de Caden de chercher une bénédiction - dont il ne veut pour rien au monde. Il ne s'inquiète pas pour Kena. Si elle est différente de Sybil, elle a l'essentiel : c'est quelqu'un de bien avec le potentiel de résister à la nature rétive de Caden Hoyt.

« Gavin tient une galerie dans Garden District, explique Caden comme si c'était là l'élément essentiel de son identité. Et Millicent est décoratrice depuis... » Les deux hommes se cherchent mutuellement du regard, en quête de la précision qu'il faudrait apporter, mais c'est Millicent elle-même - une jolie blonde, la trentaine d'années, somme toute ordinaire mais éclatante de bienveillance -, qui intervient : « Je crois qu'elle s'en fiche, sourit-elle longuement à Kena, assise face à elle. Est-ce qu'on peut plutôt savoir pourquoi il a fallu deux ans pour te rencontrer. » Car il est inutile de le demander à Caden. D'abord, parce que ça a quelque chose d'évident (du moins, c'est ce que Gavin et elle croient). Ensuite parce que, de toute façon, il ne répondrait pas. Et c'est tout le piège dont il sent le métal aiguisé se refermer sur la chair de son esprit. Rencontrer Kena est un biais presque pervers pour le sonder, lui.
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(#) -- le mot que tu retiens entre tes lèvres est ton esclave.     Ven 20 Sep - 22:45
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Le malaise.
Celui que Kena regarde dans les yeux pour donner l’illusion d’une jeune femme dynamique, sûre d’elle, et accessible. Seul le dernier attribut est plutôt vrai. La vérité c’est qu’elle est éreintée par une trop longue journée à cavaler dans les couloirs de la clinique, qu’elle aurait volontiers fait l’impasse sur ce dîner et, de surcroit, sur sa rencontre avec le binôme qui l’inspecte comme s’ils voulaient l’acheter. Pire, l’adopter. Elle pense le mot et il la traverse comme une vague assourdissante ; elle lâche un grognement dérouté et tente de se reprendre immédiatement, mais c'est trop tard.  Le cadre et le contexte l’intimide plus qu’elle ne daignera jamais l’admettre, quand bien même elle est certaine que Caden le sait. Si pas, il ne va pas tarder à le deviner dans la manière qu’elle a d’entortiller sa serviette autour de ses doigts. C’est ce qu’elle fait lorsqu’elle est nerveuse. Pourtant elle a été, et demeure toujours malgré tout, d’humeur plutôt égale aujourd'hui. Elle essaye de faire bonne figure, de paraitre naturelle, mais tout de même un peu plus que ce qu’elle est vraiment parce que son naturel lui semble terriblement peu, terriblement fade. La bonne mesure de Kena Wagner par Kena Wagner n'existe pas. Le jeu des apparences, c’est le terrain de prédilection de Caden. Elle est certainement la seule à voir l’échec, la gêne qui plane autour d’elle comme un immanquable halo. Faut dire que sur le papier elle a tout pour elle, pas grand chose à prouver, et que si ça ne passe pas, ce n’est pas à elle que ça fera défaut. Elle est la seule se sentir à côté de tout, ou au contraire en plein dedans, mais c’est comme ça.

Elle aurait pu s’y préparer, à cette entrevue, mais tout ce qu’elle sait d’eux se retient sur les dernières minutes de la conversation : Gavin le galeriste, Milicent la décoratrice. Aussi réducteur que ça puisse être, le Docteur Wagner se sent tout de suite un cran au-dessus, et rien que ça lui insuffle un rien de confiance nécessaire. Elle jette un coup d’oeil à Caden et comprend que c’est ça, le carburant de son ego.  Effectivement, elle se fiche de combien de temps ça fait que Milicent exerce, mais compte tenu de la tournure inattendue de la conversation, elle préfère encore s’ennuyer sur les joies et galères d’une décoratrice d’intérieur plutôt que de donner ne serait-ce qu’un détail de sa relation avec Caden en pâture.   « Euh…  Elle s’entend lancer une plaisanterie sur fond de vrai, dans le genre gamin du " probablement qu’il a honte " qui ne ferait rire qu’elle, mais une lueur lucide phénoménale l’en empêche.  Faute de temps.  »  Caden n’a pas précisé ce qu’elle fait pour elle, mais elle soupçonne que le tandem d’en face s’est déjà régalé de ce qu’on trouve sur les réseaux sociaux à son propos ; soit presque rien. C’est plutôt vrai qu’ils manquent de temps. Kena vient avec l’excuse valable d’une vie professionnelle chargée. Les blessées ne prennent aucun répit ; il n’y a pas de jour férié pour les victimes et les cadavres. Avec un avocat et un médecin, on fait difficilement plus occupés dans une société et une économie fondées sur les divorces et les hypocondriaques ; les deux sont immanquablement lié. D’accord, ce n’est qu’une excuse parmi bien d’autres, mais c’en est une malgré tout.  « Et d’occasion, j’imagine. »  La voilà, la première petite erreur. L’interstice dans lequel se glisser. Tu imagines, ou bien tu es sûre ? T’es certaine que c’est pour ce motif ? Ou bien parce que peut-être que — et si on part dans les peut-être, c’est terminé. Parce qu’elle n’a pas envie de les voir s’engouffrer dans cette porte, - Allons, Kena, ils ne sont pas comme ça … ? - Elle relance immédiatement.   « Alors, combien de temps ?  » Elle arque un sourire qu’elle a de radieux pour Milicent, puis se tourne vers Gavin.   « Intéressant, la galerie. Qu’est-ce qu’on y trouve ?  »  Rien. À. Secouer. Elle n’a pas la fibre artistique, et n’a jamais franchement cherché à prouver le contraire à Caden, à un autre ou même à changer. Ce qu’il ne faut pas faire pour se faire bien voir. Elle compte sur le fait qu’on aime généralement parler de soi pour détourner l’attention. Caden est une exception du genre, mais il ne peut y en avoir qu’une dans cette pièce, pour la statistique. Caden à qui elle glisse un regard accompagné d’un sourire de connivence, puis une main tendre sur la cuisse qu’elle retire lorsqu’on sert le vin. Dieu merci, du vin.  Gavin se tortille sur sa chaise, les yeux rivés sur Caden, Milicent s’affaisse de plus en plus dans sa direction. Comme si elle pouvait lire dans son grain de peau toutes les réponses aux questions qu'elle se pose, et il y en a en masse.  Le problème c’est qu’ils sont amis avec une autre. Qu’elle est assise à la place de quelqu’un. Que la comparaison est trop facile, inévitable, malheureuse. Comme si elle n’en souffrait pas déjà assez, d’être l’autre fille et non la fille.
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(#) Re: -- le mot que tu retiens entre tes lèvres est ton esclave.     Dim 22 Sep - 13:26
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Ils vont se dire des banalités. Et ils vont prétendre aimer ça, ou à tout le moins s'en satisfaire. C'est toujours le même cirque, les mêmes convention sociales qu'il faut honorer pour aucun règle véritable et aucune sanction tangible. Il faut le faire, voilà tout, le subir, l'endurer, et surtout pas se plaindre ou faire l'enfant sous peine de mort sociale. Ils vont se dire qu'ils sont galeriste, décoratrice, médecin, avocat, et partager une bouteille de vin hors de prix. Caden le pratique depuis si longtemps, avec tellement de constance et sous la surveillance étroite d'une mère rompue à la discipline, qu'il ne fait plus guère attention et ne trébuche pour ainsi dire jamais. Il entend Kena dire - prétendre - qu'ils n'ont jamais eu le temps d'une telle occasion, ce à quoi il verse son sourire poli, le plus convenu : « On n'est pas souvent disponible aux mêmes moments, ajoute-t-il au prétexte. » C'est vrai, ils sont occupés. Non seulement leurs métiers respectifs, ces bestioles voraces, exigent qu'on leur sacrifie la plupart de ses heures mais Kena et Caden sont, en plus, de l'espèce qui leur donnent tout. Là-dessus au moins, ils sont bien assortis et sans doute pas mécontents du tout d'avoir échappé aux précédents de cet étrange dîner.

Jusqu'à récemment, Caden n'avait pas réalisé combien ils vivaient protégés des autres, légèrement en retrait de la sphère sociale. Ils ne s'exposent pas tant, ou pas à dessein, et ne s'expliquent pas pour ce qu'ils font. Ils sont à l'abri de la plupart des opinions, entre autres car le jeune avocat se fiche éperdument des avis qu'on se fait d'eux.

Ils valent mieux que cette conversation.

Les doigts de Kena sur sa cuisse apaise une tension que Caden n'avait pas encore surpris, et leur disparition jette un peu de vide dans son ventre. « C'est la nouvelle collection, lui explique Gavin pendant que Millicent feint de trouver un intérêt à retracer les débuts de sa carrière. » « Tu m'en mettras une pièce de côté ? il répond sans se soucier que ça finisse par orner un pan de son salon, de son bureau ou de ses chiottes. » L'autre acquiesce avec enthousiasme. À quel degré Gavin est-il conscient de la fausseté de Caden... ? Difficile à départager mais on lui trouve toujours de la sincérité dans la façon qu'il a d'étaler un mode de vie plaqué or et malgré tout impressionnant pour le quidam.

Une fois le vin généreusement versé dans chacun des verres de la tablée, Millicent recommence : « Tu es déjà venu ici ? » Franchement, qu'est-ce que ça peut faire ? Qu'est-ce que ça changerait ? Ce n'est pas comme s'ils allaient renfiler leur manteau et descendre au fast-food du coin pour peu qu'il soit un peu critique. « Il y a longtemps. » Il sait, il sent, que la bouche de Gavin articule le nom de Sybil. Ça le brûle et, pour le délivrer, Caden pourrait simplement ajouter que oui, avec Sybil (et c'est la raison d'être de la question de Millicent, qui devait le savoir). Or, il n'en fait rien. D'abord, parce qu'il déteste qu'on prononce son prénom. C'est à lui, ça n'appartient qu'à lui, c'est son encart de mémoire, sa petite boîte hors du monde et dont il ne discute avec personne car personne ne peut comprendre. Ensuite, parce que le fantôme de son ex fiancée flotte déjà suffisamment dans la pièce en soufflant sur ses sentiments refoulés. Enfin... car c'est bien fait, après tout, ça n'a qu'à lui brûler les lèvres, à cet enfoiré. « Désolée, reprend Millicent en voyant que l'aveu ne vient pas. (C'est à Kena qu'elle s'adresse et à Kena seulement.) Et vous vous êtes rencontrés comment ? » Étonnamment, Caden ne l'a jamais dit.
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(#) Re: -- le mot que tu retiens entre tes lèvres est ton esclave.     Ven 27 Sep - 16:56
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La nouvelle collection de quoi ?
C’est déroutant de savoir si peu à ce sujet. Elle est habituée à tout savoir, ou au moins les choses vraiment importantes. L’importance des choses, c’est relatif, et pour une fois, Kena ne voit pas plus loin que son nez ; pourquoi faire ? pour voir quoi ? Cette histoire d’art va la rendre folle.  Qui sait ce qu’on peut trouver dans une galerie. Peintures ? Sculptures ? L’air qu’ils sont en train de brasser dans des conversations creuses ? Si elle n’était si polie et déterminée à bien se mettre, Kena ronflerait sur ce dîner.  

L’idée lui vient de se gargariser la bouche avec ce vin pour prévenir d’une imbécilité, mais c’est absolument proscrit par toute bienséance. Dommage. Aussi parce qu’elle est entourée de ce que le monde a accouché de plus glorieux en terme de gosses de riches. On aura beau dire, c’est inévitablement le genre de personne qu’on a besoin d’impressionner par nécessité mal placée, voire maladive. C’est d’autant plus vrai qu’elle a besoin de leur aval, quand bien même elle refusera toujours de l’admettre, ou ne s’en rendra peut-être jamais bien compte.

Elle n’est jamais venue, et aurait presque répondu si Caden ne s’en était pas occupé. Son coeur se serre lorsqu’elle comprend que la question ne s’adressait pas à elle, et que par-dessus le marché, on souligne au fluo les contours de Sybil qui zone à la place d’honneur en bout de table.

Ah, elle s'excuse. Très bien, très bien.
Pour seule réponse, Kena donne un vague sourcils décontenancé en pâture à la petite bourgeoisie. Elle ne dira rien pour Caden, mais il faut impérativement que Millicent cesse les tentatives toujours moins subtiles de lui arracher la moindre réaction. Kena est gentillesse, Kena est douceur, mais Kena est répondant aussi. Souvent bien malgré elle, elle répond à l’attaque par à l’attaque. Une mesquine, mais dans le bon genre. Une à qui on pardonne puisqu’elle est de si bonne composition. Même si Millicent ne fait pas exprès, elle est déjà crevante, et surtout, elle n’a aucune idée de combien ces petites pseudo-bévues la blesse plus que tout le reste.  
Que Caden n’ait rien raconté ne la surprend pas. C’est elle qui raconte, et ça dépend quoi, à qui, dans quel contexte. Ils ne sont pas si différents sur ce qu’ils sont secrets. Du moins, il garde eux pour eux.  « Par le biais d’amis très persuasifs. »  C’est absolument vrai. C’est vague, pauvre, mais c’est vrai. Elle omet volontairement qu’ils ont fréquenté Columbia, et à la même époque qui plus est, pour ce que ce serait donner à Millicent un prétexte de plus pour soulever bravement l’étendard Sybil dans une discussion où son ombre traine déjà bien trop. Si Caden en ressent le besoin, il partagera l’information. Millicent attend bien plus, c’est écrit sur sa figure, et lorsque plus ne vient toujours pas après une longue gorgée de vin rouge, elle reprend.  « Mais, juste… Tu as étudié où déjà ?  » Bingo.  Elle n’a souvenir de l’avoir précisé et ne voit pas bien d’où cette question sort. Elle soupçonne que ce soit écrit sur son profil Facebook, qu’il y ait même des photos pour documenter qu’elle a étudié à  « Columbia. »  Si ce n’est pas un secret pour la toile, ça ne l’est pour personne. Kena la voit venir.«  Oh alors -   Mmhmm. »  Oui, elle connaissait Sybil. Encore que connaitre est bien fort. Elle a aperçu, entendu parler de. Plus depuis qu’elle est morte que de son vivant, c’est dire. Kena sert un sourire d’hypocrite à Millicent qui s’enfonce dans sa chaise, soufflée par une réponse vive à tendance agacée, mais somme toute décente. «  Excusez-nous,   Gavin se lève et emporte Millicent dans son sillage avant même que la serveuse s’approche pour la commande. Kena hausse les épaules et tombe le nez dans le menu. Espérons seulement que la nourriture est bonne. Cette histoire de canard lui plait, mais à ce rythme, vont-ils vraiment arriver jusqu’au plat ?    « Je m’en sors comment ?  »   demande-t-elle, sans jeter un regard à Caden.   « Tu conviendras que ce n’est pas simple. » Elle repose le menu devant elle sans s’être décidée, et ose une main qui glisse affectueusement du bras à la nuque de Caden.     « Tu crois qu’elle va se faire disputer ? Il aurait pu le faire devant nous. » Elle donne dans l’humour, mais au fond, ça ne l’a fait pas rire ; probablement que ça ne fera pas grand effet sur Caden non plus.
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(#) Re: -- le mot que tu retiens entre tes lèvres est ton esclave.     Lun 7 Oct - 14:49
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Tout, tout conspire contre lui et se repaît de sa patience. Même les ombres anodines de sa rencontre avec Kena accouchent du foutu tabou. Caden est désormais si crispé que le verre dans sa paume lui paraît sur le point de rompre. Depuis quatre ans, le souvenir de Sybil s'occupe dans les interstices, ne le surprend qu'en de rares occasions de lassitude ou de solitude, et il offre, dans l'ensemble, un assez joli répit à ses autres sentiments pour Kena. Il aura pourtant suffi d'une seule soirée, des balbutiements d'un dîner, jetés là, avant même les entrées, comme une invocation. Il aura suffi que Caden accepte, parce qu'il y était bien obligé - c'était l'étiquette, pas le genre de proposition qui essuie un refus, plutôt que leur mémoire commune -, et le regret le harcèle moins que la colère. Son récent silence vaut d'ailleurs aveu et il n'essaie plus d'esquiver l'attention de Gavin. Sans qu'une syllabe ne s'écoule d'entre ses lèvres, il menace.

Il aimerait démolir chaque once de confiance en soi glissée sous la peau de Millicent. Sans réellement lui vouloir du mal, il lui en causerait. C'est une affaire de correction. Comme Caden ne supporte rien de ce qu'il doit endurer (encore qu'il soit particulièrement résilient en la matière), il soupèse la riposte appropriée. Qu'elle dise encore un mot, qu'elle insinue encore une chose... Chaque fois que le ton faussement désintéressé de Millicent fracture leur carré, le jeune avocat éprouve une drôle de douleur physique. Sans qu'il en mesure tout à fait les origines et l'intensité, ces instants lui font mal ; prodige qu'il n'autorise pas.

« Excusez-nous, tente d'effacer Gavin.
- On vous en prie, jette avec mécanique un Caden qui l'a rarement tant pensé. »

La vitesse à laquelle ils s'esquivent devraient le satisfaire, au moins dans les tréfonds, mais cela ne fait que renforcer son humeur, qui vire du gris terne au gris sombre. Sa véritable nature veut s'échapper, quitter ce restaurant et planter là ces imbéciles que Sybil a, un jour, eu pour amis. Une éducation d'apparences l'en défend. Ça lui est physiquement impossible de déserter. Sa mère dirait que c'est au mieux une preuve de lâcheté, au pire de faiblesse, et que c'est en tous les cas intolérable à ceux qui portent le nom de Hoyt. Alors il tient sa place et comme un regard surpris pour Kena. Surpris de quoi, au juste ? qu'elle soit encore là ? qu'elle n'ait pas commis un semblant d'esclandre ? ou qu'elle essaie sincèrement et qu'elle s'en sorte inexplicablement plutôt bien ? « Quel couple de connards, est le seul commentaire qui échappe à la bouche. » Celle-là même qui sirote tranquillement de son vin sans avoir l'air d'insulter. Il bascule le regard vers Kena, un peu plus tassé sur son siège comme ça ne ressemble guère à Caden Hoyt. « Il a intérêt, finit-il par répondre de Gavin probablement pas en train de disputer Millicent. (Ils sont plus sûrement occupés à conspirer le nouvel assaut.) Ou je vais pas tenir le rythme. » Il le dit comme si les outrages lui étaient jusque-là destinés. S'il a conscience de la grande clémence de Kena en cette heure, il n'en demeure pas moins égotique et prostré sur sa propre douleur. En colère, aussi. « Tu peux toujours prétendre une urgence, une question de vie ou de mort... » Son enchaînement est maladroit, en demi teinte, qu'on dirait qu'il lui offre une porte de sortie autant qu'un prétexte à l'abandonner. Est-ce qu'il s'en sortirait mieux seul ? Forcément. Tant que Kena reste assise à cette table, elle est l'unique objet de curiosité et des interrogations. Et, petit à petit, l'amertume de Caden se retourne contre la jeune femme - comme s'il ne l'avait pas invitée, comme s'il n'avait pas organisé ce massacre en règle et qu'il n'était pas le seul responsable.
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(#) Re: -- le mot que tu retiens entre tes lèvres est ton esclave.     Mer 9 Oct - 9:48
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