Le cliquetis des valises sur le parvis dénote avec le silence qui règne. Difficile atterrissage que celui qu’a vécu Ashley, perdue dans la tourmente lorsqu’Evie annonce ne guère venir la réceptionner. Solitaire depuis que les Ramsey se sont éclipsés de sa vie. Soleil qui ne brille désormais plus, astre qu’elle a repoussé. Suite d’incompréhensions qui a morcelé son cœur. Myocarde en miettes qui ne résonne qu’au son de ses pas sur sol froid. La chaleur qui louvoie, absence certaine contre la peau glacée de la donzelle. Vol sans anicroche mais désespoir qui se lit encore dans ses yeux. Pensant vivre une idylle complète à Boston, elle est elle-même l'investigatrice de sa solitude, ayant repoussé Derwin. Ayant repoussé cette vie à laquelle il l’avait faite rêver. Songes qui se dessinent sous ses yeux clos lorsque son souffle reprend une allure normale. Vitesse retrouvée et porte passée. Sa sœur ne peut point l’accueillir pour l’heure, des affaires à régler, des banalités dont elle connait la spécificité. Si l’épauler dans son chagrin est devenue l’essence même du ciel d'Ashley, c'est à nouveau en seule Larson qu'elle foule ce lieu inconnu, seul aux environs à bien avoir eu une chambre disponible pour régler son problème d’hébergement. Les cheveux qui vibrent sous l’effet des marches qu’elle grimpe, le sourire qui pâlit mais n’en démord au bord des lèvres. Avancée vers la réception qui troque son inquiétude contre une carte magnétique, symbole de son ascension en plein Brisbane.
Les heures du trajet furent longues et la descente encore plus. Multiples bus dans lesquels elle s’est perdue. Etoile qui guide sauvagement ses pas jusqu’à ce royaume saint. Affaires qui maintenant trônent méticuleusement rangées sans être déballées dans cette chambre qu'elle ne connait. Bras qui tombent contre l'oreiller et pupilles brunes qui détaillent l’environnement. Du goût, du luxe, une prestance à laquelle elle ne peut aspirer. Ses deniers de réserve alloués à sa sauvegarde cette nuit et quelques autres. Le rugissement de son estomac face au manque de vivre se fait sentir. Crampes qui tordent son être en deux. Soupir face à la frêle envie de se nourrir. Pourtant, elle ne peut continuer à dépérir. Dès lors, le bain qui coule rougit sa peau d’un vif éclatant sans parvenir à la réchauffer. Le jean et le chemisier qu’elles passent demeurent sommaires mais les baskets résonnent dans les escaliers, préférant la marche aux vrombissements de l’ascenseur. Parvenue aux portes du bar et restaurant de l’hôtel, ses yeux effleurent tardivement la carte avant qu'elle s'aventure dans l'enceinte close et qu'elle ne s'installe à une table en commandant une simple eau glacée ne sachant avec quoi se substanter et si réellement elle allait en avoir la force. Ce n’est point la fatigue qui la submerge mais des émotions qu’elle ne parvient à gérer. Une demoiselle charmante prend sa commande mais c’est un représentant masculin qui parvient à sa table, remerciement qu’elle lui sert d’un sourire las en quémandant une suggestion pour la suite, tout vaudrait mieux que faire des choix. “Vous pourriez me conseiller quelque chose de rapide et efficace pour manger ?”
Ft. Ashley Larson Journée longue. Encore et toujours. Pourquoi ne pas avoir fini au Wendy’s ou au Starbucks comme tous les étudiants de ton âge Andy ? Non, toi t’as jeté ton dévolu sur une annonce qui était là depuis l’an pèbre. T’as postulé il y a de cela quatre ou cinq ans. Juste en commençant tes études en fait et te voilà, avec ton ancienneté, habitué des couloirs, des allées et des tables - mais aussi de la clientèle - de l’hôtel Burgundy. Tu avances, tournes et vires. Une table. Encore une. Deux personnes. Quatre personnes. Commandes qui s’enchaînent. Entrées. Plats. Desserts. Fromages. Digestifs. Boissons tout au long de ta soirée. Et tu n’arrêtes pas. Et on s’étonne après ? Que tu sois musclé et endurant. Et puis il y a cette jeune fille, seule, qui semble avoir approximativement ton âge, qui s’est installée avant de commander à une de tes collègues de l’eau fraîche. C’est à toi que l’on file le plateau. Rien de bien grave, c’est souvent comme cela que vous fonctionnez pour aller plus vite. Parce que plus vite vous travaillez, plus vous servez de monde. Plus vous vous organisez, plus les clients sont satisfaits et reviennent et/ou recommandent l’hôtel à leurs proches, amis, familles, collègues.
Verre d’eau posé sur la table devant la demoiselle, tu allais lui demander si elle avait fait son choix concernant ce qu’elle désirerait manger. Puis elle te coupe l’herbe sous le pied, tu lis la fatigue dans son regard, ou peut-être une sorte de ras-le-bol. Elle lui demande de lui conseiller quelque chose. Ce n’est pas la première fois que l’on te demande un conseil en matière de plat ou de menu. Mais sa demande sort un peu de l’ordinaire, ce qui te fait autant réfléchir que sourire. Elle te demande quelque chose de rapide et d’efficace. Quelques idées te viennent en tête. Sortir et aller au fast food le plus proche, serait rapide et efficace pour manger. Moins cher aussi, sans doute. Mais il ne faut pas faire de remarque comme ça, il ne faut pas perdre de potentiels clients, surtout aussi “jeune”.
“Je peux vous proposer le plat de linguine au saumon, qui est rapide et qui tient bien au corps, sinon en frais nous avons la salade composée du chef, avec quelques croûtons, du fromage de chèvre et un peu de miel.”
Professionnel Andy, joue là professionnel. Et puis cela te démange, un peu. [/i]Beaucoup[/i]. Tu soupires avant de lui montrer la ligne de la salade, qui est, comme tu peux le rajouter, relativement copieuse car il n’y a pas que des croûtons, du chèvre et du miel. Maïs, tomates, poivrons et lardons sont aussi de la partie en plus du morceau de pain complet. Et puis tant pis, tu souris un peu plus, et tu lâches ta connerie.
“J’me permet … vous saviez que dans certaines régions françaises, jusqu’au 15ème siècle, les abeilles étaient nommées les “mouches à miel” ? Voyez la taille de la mouche !”
Toujours trop enthousiaste à l’idée de partager des conneries, mais qui sont vraies, mais qui restent des conneries. C’est ta marque de fabrique, quand les clients d’ont tu t’es occupé s’en vont, généralement, pour les curieux, il y a une anecdote ou deux derrière la note, parfois, ton numéro si la personne était seule et mignonne.
La fatigue qui s’empare de ses muscles et l’envie de manger quelque chose, autre que ce liquide qui arrive bientôt se fait sentir. L’eau nourrit jusqu’à un certain point, notamment jusqu’à ce que la faim s’amène et que votre estomac gronde. Le serveur n’est point le même mais cela ne gêne en rien Ashley qui pose quelques questions toutes simples, auxquelles il répond par des mots qu’elle capte à moitié, la fatigue et la faim mêlées. Se concentrant pour mieux prendre le temps de faire son choix, la brune arque un sourcil. “Hum, vous savez quoi ? Mettez-moi les deux pour vous remercier de votre sympathie.” Ne sachant que choisir, la dualité qui en impose et l’envie de goûter à ce binôme sûrement trop copieux pour l'estomac de la belle. Tant pis, un doggy bag ferait probablement l’affaire. En avaient-ils l’usage dans ce restaurant aussi chic que l’hôtel où elle avait trouvé une place à la dernière minute ? Regard qui découvre l'envers du décor avant de se poser, à nouveau, sur le serveur. Verre d’eau porté à ses lèvres, elle manque de s’étouffer. Cette phrase....sonne commune à son esprit. Les mêmes mots, la même anecdote. Un autre restaurant ? Peut-être appartenant à une chaîne et qui, du coup, se retrouve aux quatre coins de l’Amérique ? Pourtant, en fouillant bien, cette façon d’annoncer et de disserter lui rappelle étrangement quelqu’un. “Excusez-moi mais....” Ce serait peut-être trop présomptueux de rebondir sur pareille anecdote mais elle en mourrait d’envie. A la manière de cet inconnu avec lequel elle partage de nombreuses théories sur internet, rencontré lors de ses dérives sur un forum. A la façon de narrer, il ne pouvait en être autrement, si ? Et, pour mieux s'en assurer, elle lui sort le premier message posté à son encontre afin de comprendre cette adoration des anecdotes. “C’est votre façon de draguer les inconnues en ligne ?” serti d’un clin d’oeil qu’elle espère communicatif car si Ashley se trompe, c’est avec honte qu’elle s’excusera, le plus dignement du monde. Elle croise les bras contre sa poitrine et attend la réaction du fameux avant d’ajouter pour clore ou entamer le débat : "Ces français alors, ils ont un sacré problème de vue. C'est comme comparer la taille de l'avant-bras à celle de leur pointure de chaussures. Ils ont un problème de taille...lié à leur ego ?” Ces brèves paroles terminent son discours dans l’attente de la réponse de son interlocuteur. Elle ne sait à quoi ressemble son “correspondant” mais une chose est sûre, il lui arrache toujours un sourire, comme celui qui étire ses lippes à l'instant. Et, quelque part, Ashley espère fermement de point se tromper et que la distance converge vers cette réalité qui serait sûrement plus douce. Voeu qu'elle formule secrètement mais dont elle espère la concrétisation. Le karma, ce serait bien la première fois qu’il irait dans son sens.
Ft. Ashley Larson Mets les deux, pour ta sympathie. C’est surtout pour son ventre, son estomac. Mais soit, elle te commande les deux, tu notes les deux sur ton petit carnet de commandes. Tu partages ta petite anecdote, avec son accent français qui ressort toujours aussi fort quand tu ne fais pas spécialement attention. Tu vas pour repartir, parce que la commande, elle ne va pas se passer toute seule mais elle t’arrête. Tu t’arrêtes alors à ton tour, l’interrogeant du regard. Est-ce que tout va bien ? Puis elle te sort cette phrase. Pour l’avoir déjà lu quelque part, elle te fait écho de manière assez lointaine. C’est ta façon de draguer les inconnus en ligne ? Attendez quoi ? Y’a qu’une seule personne qui t’a sorti ça, c’était sur ce foutu forum sur les anecdotes débiles. Et la petite pique, la même. Toujours la même. Et tu as, d’ailleurs, le même réflexe que le jour où tu l’as lu, tu regardes tes chaussures. Sourcils hauts, tu ne comprends pas. Soit c’est cette personne, soit c’est ce fameux “Ash”. Soit c’est un coup bol. Ou plus effrayant, cette fille qui semble débarquer surveille ton ordinateur et ton téléphone. Ce n'est pas possible. Ce n’est pas possible autrement. Tu te contente de rire légèrement avant que le pseudo ne te revienne en pleine poire.
“Ash …? Ash !? Mais non ! L-le truc que là … sur la pointure des chaussures ! C’est que toi ! Andoush c’est moi ! Enfin Andy, enchanté !”
Oui bon, du calme, c’est l’espace restauration d’un hôtel trois étoiles mon chéri, tu bosses, tu ne peux pas juste tirer au flanc. Tu souffles, comme soulagé. Tu es surtout super heureux. T’as l’impression de rencontrer ta star favorite alors que c’est juste une personne avec qui tu converses tard le soir sur des anecdotes débiles et sur la théorie d’Everett. Vous savez, la théorie des mondes multiples. Par contre, mon chat, Andoush ? Vraiment ? eh bah pseudo pas ouf mais qui laisse imaginer le type de personnalité derrière.
“J’suis trop heureux de te voir en vrai ! T’es … pas du tout comme je l’imaginais ! T’es bien mieux que ce que je pensais ! Mais qu’est-ce que tu viens faire à la Nouvelle-Orléans ?”
T’en oublies complètement le boulot. C’est ouf comme situation si l’on t’écoute. Et la pauvre Ash qui meurt sans doute de faim et qui, par ta seule et unique faute, va devoir attendre encore un peu avant que tu ne te rappelles que ton loyer ne se paie pas tout seul et qu’il faut mériter sa paie en travaillant.
L’hébétement s’empare de son partenaire. Le serveur qui flanche peut-être sous le coup des paroles trop audacieuses d’Ashley. Peut-être devrait-elle s’excuser de pareille répartie ? D’ordinaire, fille sage et polie, on ne s’attarde sur son matricule passant plutôt à plus exubérant. Pourtant, au détour de leur rencontre en ligne, ils s’étaient découverts des passions communes et avaient même bien sympathisé. Andy était un ami qu'elle aurait voulu avoir auprès d'elle à Boston car il est rare de rencontrer des personnes encore douées de spontanéité. Des êtres qui ne trichent ni ne s’emparent de l’âme pour se sentir puissant. Des personnes vraies. Son expression se fige en rire et les muscles du visage de la donzelle se détendent l’espace d’un instant. Son pseudo aussitôt épelé, les présentations qui suivent. Présentations qu’ils n’avaient pas réellement à officialiser puisqu’ils avaient assez longuement discuté pour se connaître. Néanmoins, poser un vrai visage sur un être et ne pas se contenter du virtuel avait quelque d’intéressant. La curiosité assouvie. Lippes qui s’étirent en un éclatant sourire, le premier qui illumine réellement sa journée. “Mais non ! Je ne peux pas y croire. C’est pas le destin, peut-être nos doubles ont-ils manigancé cela dans un univers plus avancé que le nôtre ?" Référence cinglante à un sujet qu’il maîtrisait mille fois qu'elle mais auquel elle croyait également. “Je suis ravie de te voir en chair et en os Andy, tu illumines ma journée, tu ne sais pas à quel point” lâche-t-elle. Et, se dressant sur ses pieds, elle lui tend même la main afin qu'il la serre. Le monde semble s’être éclipser au profit de leur seule conversation, rayon de soleil pour Ashley, deux faces d’une même pièce qui convergent désormais pour discuter jusqu'à ce que point d'heure s'ensuive. Le repas peut bien brûler dans ses fourneaux tant qu'elle peut profiter de la présence d'Andy. "Tu trouves ? Je te retourne le compliment, c’est tellement mieux en vrai qu’avec un avatar.” Chaise en face qu’elle lui proposerait bien, même de dîner en sa compagnie mais cela serait inconvenant. "Je suis arrivée aujourd’hui. Je viens rejoindre ma sœur qui ne va pas très bien, c’est un peu à l’improviste et au dernier moment. Dis, tu termines ton service à quelle heure ? Peut-être que l’on pourrait officialiser notre amitié autour d’un verre ?” Ce n’est pas dans les habitudes d’Ashley d’inviter un charmant jeune homme en sa compagnie. De une, ils étaient d’amis, du moins une amitié virtuelle qui semblait opérer également dans le présent. Et de deux, il savait pertinemment qu’elle n’était pas ce genre de demoiselle-ci.
Ft. Ashley Larson Mais non !? Mais si !! Puis cette théorie farfelue à laquelle tu sembles croire plus que de raison. Vos doubles, dans un univers plus avancé, qui ont manigancé ça dans votre dos. Et t’y crois. T’y crois dur comme fer. Parce qu’autrement, ce n'est pas possible. Combien est-ce qu’il y a de pourcentage de chance, sur un jet de dé de 20, pour qu’Ash vienne manger à l’hôtel où tu travailles, juste avant que tes vacances ne commencent !? Un pourcent ! Un putain de pourcent de chance que cela se produise ! Tu as l’impression d’halluciner. Te voir lui fait plaisir, elle n’a pas idée à quel point cela te fait plaisir aussi. Elle vient tout juste d’arriver en plus. C’est plus que l’alignement des étoiles, c’est carrément un coup de chance ultime. Tu as toujours été un gars chanceux Andy, mais là, c’est totalement improbable. De la joie, c’est ce qui est visible sur ta tronche, dans tes yeux, sur ton corps. Sur ton corps ? Oui, sur ton corps, parce que tu es incapable de rester en place. Tu joues avec tes doigts, tu bouges. Tu bouges tout le temps. Tu veux t’asseoir, partager cette soirée avec elle, mais le boulot te rappelle. Une voix dans ton dos, ton chef de salle, ton nom fuse à travers la salle. Un bon gros “CHEVALLIER !? VOUS N’ÊTES PAS PAYÉ À RIEN FAIRE !!” Tu soupires avant de faire signe que tu arrives. Juste avant tu souris à Ashley.
“Désolé Ash ! Va falloir que j’y retourne ! En plus j’ai ta commande à envoyer ! Vraiment désolé je- Je finis à 23h ce soir ! Et c’est mon dernier soir avant que je ne parte en vacances donc- si tu as la patience d’attendre jusqu’à 23h ! Ce serait avec plaisir !”
Et c’est là que tu laisses la belle Ashley, que tu appelles toujours Ash, parce que tu es trop euphorique pour penser au fait que Ash, c’est le diminutif d’Ashley. Tu lui fais la promesse de lui rapporter sa nourriture rapidement, mais aussi de ne pas oublier votre mini date. Parce que ce serait con d’oublier le mini date. Dans les 20 minutes tu reviens, avec sa salade, puis avec son plat de pâtes. En déposant les assiettes sur sa table, tu glisses un petit bout de papier, avec ton numéro dessus, au cas où, pour plus tard, ce sera toujours plus pratique que de se parler via le forum de discussion sur internet.
“A tout à l’heure chaton !”
Et tu repars, juste avant de te faire une nouvelle fois crier dessus. T’es jeune, t’es un étudiant. Perdre ton travail serait si simple. Mais ta bonne humeur manquerait cruellement aux lieux, certains clients reviennent juste pour ton sourire, pour tes anecdotes, ta bonne humeur constante et ta joie de vivre. Cela coûterait trop à l’hôtel de te dégager. Cela te coûterait plus à toi qu’à eux, pour être honnête, mais imaginons, pour ton moral, que tu es indispensable au bon fonctionnement de la bonne humeur générale.
Le cumul d’une journée riche en rebondissements, le besoin d’évacuer et de sustenter. Voilà que s’offre à ses yeux la goutte qui fait pencher le vase d’un côté des plus intéressants. Andy, illustre inconnu il y a encore des années, hasard d’internet qui frappe sans prévenir. L’univers est ainsi fait, on pense en connaître les retords mais d’autres données s’additionnent afin de nous faire, à nouveau, perdre pied. Telles sont leurs croyances. Savoirs déconstruits et reconstruits au prix de diverses recherches que beaucoup qualifient de folie mais envie de savoir qu’ils possèdent tous les deux. Hasard de jadis qui devient réalité. Convergence parfaite de leurs deux âmes qui étaient probablement programmées dès la naissance pour se rencontrer. Sourire qui se dessine sur ses lèvres tandis qu’Ashley ne lâche point la silhouette de son partenaire impromptu, consciente de l’accaparer dès lors qu’une troisième voix coupe leurs retrouvailles sous forme d’une première rencontre en face à face. Le timbre ne paraît guère clément et il est vrai qu’elle n’a pas cherché à le laisser aller à ses occupations mais plus à l’amener à converser avec elle. Joignant les deux mains en signe de pardon, la brune répond : « J’attendrai même jusqu’à demain matin. Ou après demain. T’es le rayon de soleil dans la nuit là Andy du coup, je te laisse travailler, je vais réviser pour après. Que je sois incollable. » Rire qui fuse alors que sa silhouette s’efface pour revenir par la suite servir ces plats dûment commandés. L’eau qui gagne les babines à presque s’en saliver la face. Clin d’œil qu’elle lui accorde en saisissant le bout de papier, aussitôt lu, aussitôt le numéro enregistré dans son répertoire. Plus qu’un nom sur un forum, désormais un visage, qu’elle capture de loin alors qu’il travaille, pour l’additionner de son prénom.
La fourchette qui pique dans un plat et qui agrémente les pâtes de salade grâce à un nouveau coup. Mélange des plus insolites qu’elle distingue les yeux rivés sur son cellulaire. Au bout de quelques minutes, elle ose et espère qu’il ne sera pas réprimandé si le téléphone sonne en pleine réception. Je t’attendrais près de l’entrée dès que tu finis ton service si tu n’es pas trop fatigué pour qu’on puisse rattraper nos doubles deux autres mondes. Plaisanterie qu’eux seuls comprennent, plaisanterie qui n’est pas puisque l’existence de ces algorithmes qu’elle cite a presque été prouvé. Théories qu’ils partagent et l’envie d’en savoir plus, pour de vrai, qui la gagne. La fatigue s’éclipse au profit de nouveaux horizons qui s’ouvrent. Sa valise qui trône dans sa chambre qu’elle ne regagne point, préférant régler son addition et se glisser à l’entrée de l’hôtel, assise sur les marches qui bordent l’enseigne, prête à bombarder Andy. D’ordinaire si réservée, ils avaient appris à discuter au fil du temps et passer d’un écran à la réalité n’avait pas l’air d’embêter la belle, bien au contraire. C’est presque comme si elle connaissait la Nouvelle-Orléans désormais et avait trouvé son second point d’ancrage ici, Andy.
@"Andy Chevallier "
HJ : désolée pour le retard, j'ai été dépassée par les vacances, ça ne saurait se reproduire