j'aimerais t'insulter, juste pour le plaisir (leeron)

Pas d'uniforme pour la blonde et c'est d'un pas pressant qu'elle a poussé les portes du commissariat quand Alden prit conscience qu'elle était en retard d'une bonne vingtaine de minutes. Gobelet de café à la main, insolence sur le faciès, elle se glissait entre les agents qui stagnaient dans l'entrée, salutant d'un geste de la main celui qui se trouvait derrière le bureau près de l'entrée. Son prénom ? Il lui a échappé, mais bientôt elle s'en souviendrait, suffit de lui donner le temps à la blonde ; il était sympathique en plus, enfin, tous ceux que l'on collait à l'accueil l'étaient en règle générale, ils avaient une bonne tête, une patience à tout épreuve et un air légèrement renfrogné quand il s'agissait de saisir quelques dossier. Après quelques années à faire preuve d'une efficacité surprenante pour son jeune âge, Cameron avait finalement été promue au grade d'inspectrice au grand dam de celui qui allait jouer le rôle du baby sitter et sans doute s'arracher les cheveux des mois durant, pour ne pas dire des années. Bon, de ce service elle connaissait bien Elijah, mais... On s'en fout. C'est donc un café à la main qu'Alden passe la porte du bureau de Beauregard, qui portait d'ailleurs bien son nom, ne put s'empêcher de se perdre dans ses yeux un bref instant avant de déposer son gobelet sur le bord du bureau en lançant d'une voix chantante une "Bonjour !" tout guilleret. "Cameron Alden, on m'a dit que je serais... Avec toi." sourire qui laisse apparaître ses dents blanches alors qu'elle s'est appuyé sur le bois du bureau pour se pencher sur son collègue, prête à être rencarder sur l'enquête en cours, ou peu importe d'ailleurs.

- @lee beauregard

Beauregard était d’humeur légère depuis son réveil, avait ingurgité la quantité suffisante de caféine pour ne pas être de mauvaise humeur, et s’était même pointé avec une demie-heure d’avance au commissariat. En même temps, cela faisait un mois qu’il rongeait son frein, tournant en rond depuis l’annonce de sa mise à pied à cause d’une violence « exagérée » selon ses supérieurs lors de l’interpellation d’un revendeur de beuh à la sauvette. L’ancien militaire avait beau s’être défendu en disant que « ça lui apprendrait et qu’il ne risquait pas de s’y remettre de si tôt avec un bras cassé », cela n’avait pas convaincu les huiles du bien fondé de l’action du flic. Bref. Lee était content de reprendre du service et s’était aussitôt rendu dans le bureau de son chef de service qui lui avait annoncé la mauvaise nouvelle. En plus d’avoir été mis à pied, Beauregard se trouvait flanqué de la dernière recrue des stups à qui il devait inculquer les ficelles du métier. La raison invoquée ? Beau’ avait été instructeur chez les Marines lors de ses dernières années de service. Autrement dit : on se foutait bien de sa gueule. Il avait vainement essayé de s’en défaire, prétextant qu’il travaillait mieux seul ou avec ses anciens collègues mais il fallait croire que ce n’était pas le cas pour ces derniers. Toujours était-il qu’au moment où Cameron s’était pointé, Lee était installé derrière son bureau dans l’open space des stups, pieds sur le bureau, café dans une main et dossier administratif de la blonde dans l’autre. « T’es en retard. » dit-il froidement sans même lever les yeux sur elle, plongé dans la lecture de son dossier. « Si ça te fait chier de venir, tu peux toujours retourner à la circulation. » insiste-t-il en voulant tester son répondant. « Maintenant, si tu veux prouver que t’es là autre que par promotion canapé, tu peux peut-être m’dire qui tu es ? » poursuit-il sur le même ton sans même lui laisser le temps de réfléchir, plantant enfin son regard dans le sien, posant ses yeux sur le corps de la blonde, laissant même ses hormones prendre le dessus un court instant le temps de reluquer ses courbes.

Beauregard lui fit remarquer son retard, le souleva sans effort et avec froideur même, là Alden empoignait son gobelet de café pour le porter à ses lèvres en regardant un point fixe dans un coin du bureau. Mieux valait-il de ne rien dire, non ? N'était-ce pas là la meilleure réponse, se sentait comme un animal qui aurait chié sur le tapis et dont le maître se plairait à lui coller la truffe dans la merde ; en somme, ce n'était pas génial. Si ça te fait chier de venir, tu peux toujours retourner à la circulation. Elle eut envie de lui lancer son café chaud à la figure, lui reprocher son manque de politesse aussi vivement qu'il avait souligné son retard. De plus, Alden n'avait jamais été à la circulation. "Qu'elle joie ça va être de collaborer avec toi." lança Cameron sarcastiquement en prenant une profonde inspiration. Il était tôt, la nuit avait été courte et la jeune femme s'était demandé si il lui fallait porter un uniforme ou si elle pouvait se permettre de porter un joli tailleur noir avec une jolie chemise, puis... "Y'avait la queue au café." ajouta t-elle avec désinvolture, pour se justifier. Maintenant, si tu veux prouver que t’es là autre que par promotion canapé, tu peux peut-être m’dire qui tu es ? "Ha c'est donc comme ça que tu as eu le poste alors..." a rétorqué la jeune femme en le toisant sévèrement, sourcil arqué au dessus de ses prunelles brunes avant de croiser les bras sur sa poitrine. Après un battement de cil l'ancienne militaire s'approcha pour venir s'asseoir sur le bord du bureau sans lâcher l'ancien du regard. "C'est mon dossier ça, non ?"  pourquoi devrait-elle se présenter alors qu'il tenait entre ses mains littéralement la vie de Cameron au complet, de ses origines européennes à son passé dans l'armée, la perte de son escadron, son rapatriement, sa petite mort. Tout. "Alors quoi, tu ne sais pas lire, tu regardes seulement les images ?"

Il est sorti de sa torpeur au moment où ses yeux s’arrêtent sa poitrine et très vite il la fixe, tout en ne se dépareillant pas de son air blasé. Plutôt que de s’effacer et de se confondre en excuses, la nouvelle recrue passe à l’offensive et invective directement l’ancien sous-officier, ce qui n’est pas pour lui déplaire, même s’il ne le montre pas, se contentant de la masquer en la dévisageant. Dans son ancienne carrière, la blondinette serait probablement déjà en train d’enchaîner les pompes ou de roter du sang. Mais ce n’était pas la politique de la police de la Nouvelle-Orléans. « C’est bien, Blondie, t’as des couilles, où du moins tu veux faire croire que t’en as. » lui rétorque-t-il du tac au tac, sans se laisser démonter par la fougue de la jeune femme. Après tout, il en avait vu d’autres et il lui en fallait plus pour l’impressionner. « Les images me racontent pas pourquoi toi tu t’en es tirée, et pas tes potes. » se permet-il d’ajouter froidement en parlant de son expérience militaire, parlant lui-même en connaissance de cause, ayant perdu pas mal de potes au combat en dix ans de service chez les Marines. Encore une fois, Beau’ cherche à la déstabiliser, et il cherche surtout à savoir comment la blondinette qui paraît si frêle et fragile va réagir sous plusieurs coups de butoir, tout jeu de mots exclus. « Tu peux jouer les dures si tu veux, ça m’en touche une sans secouer l’autre. Tout ce que j’ai besoin de savoir, c’est pourquoi t’es chez les stups, et pourquoi j’devrai t’avoir sur le dos pour les prochaines semaines, rookie. » demande-t-il froidement en portant la tasse à ses lèvres, buvant une longue gorgée de café tiède.

à sa remarque, Alden ne put s'empêcher de rouler des yeux en se mordant les lèvres, persuadée d'avoir un paire de couilles plus importantes que bon nombre d'hommes qui pouvaient graviter autour d'elle et ça depuis longtemps, seulement elle ne répondit rien, se contentant de planter son regard dans le sien. Les images me racontent pas pourquoi toi tu t’en es tirée, et pas tes potes. touché. Ses traits se durcissent un peu, mais la blonde s'efforce de chasser ces images qui la hantent la nuit, cette scène à cause de laquelle on l'a forcée à consulter un spécialiste, celle-là même qui lui donne encore des sueurs froides. "Non, ce que tu veux savoir Beau', c'est pourquoi on t'as collé une brelle dans les pattes, qu'est-ce qui, aux yeux des supérieurs, a fait la différence, le truc qui leur a donné envie de me donner une chance." La elle prit une profonde inspiration, serrant un peu plus ses bras contre sa poitrine sans défaire son regard du sien, mâchoire serrée. "J'ai pas choisis de me faire diriger par un type qui a des problèmes de gestion de la colère, j'ai pas demander à ce qu'on me colle avec un agent aigris et misogyne, mais hé, here I am." la blonde à levé les mains en esquissant un sourire suffisant, battant des cils avant de retrouver sa position initiale, rapide regard qui balaye la salle avant de se reposer sur le grincheux. "Les stups m'intéressaient, mes 'potes' sont morts parce qu'une bombe a pété et j'ai passé près d'une journée à me vider de mon sang sous le cadavre du mec qui m'a tout apprit." la elle a haussé les épaules en soupirant, déblatérant platement tout ça. "Tout est ratifié noir sur blanc, mais si tu veux, en plus de te seconder, je peux t'apprendre à lire." cinglante petite créature blonde.

Un rictus qu’on pourrait croire mesquin s’étire au fur et à mesure que la blonde se perd dans ses explications. Tout ce qu’elle lui raconte, il le sait déjà et il le sait que fort bien. Beau’ sait aussi qu’on l’a collé dans ses pattes parce que lui, par rapport aux autres du même service, était sacrifiable et qu’il n’avait aucune perspective professionnelle. C’était pour la blonde la manière de se démarquer et de faire ses preuves, en se faisant les crocs avec le mec dont personne n’en avait rien à branler. L’ancien militaire appréciait le répondant de la jeune femme, mais espérait surtout qu’elle n’était pas qu’une grande gueule. « Si tu veux, Blondie. Mais ce que tu sembles pas comprendre, c’est que c’est toi qui est bloquée avec moi. Pas l’inverse. » lui répond-il sans se laisser abattre, bien loin d’être impressionné par la fougue d’Alden. Il en avait vu d’autres, et en verrait probablement une longue lignée derrière elle. « Tout ce qui m’importe, c’est que la prochaine bombe ne pète pas parce que tu ne l’as pas repérée. » enfonce-t-il le clou en appuyant là où ça faisait mal. Elle n’était pas la seule à avoir perdu des proches, et si elle pensait l’apitoyer ou l’impressionner en racontant ses guerres, elle se fourrait un doigt dans l’œil aussi gros que l’égo démesuré de Beauregard. L’inspecteur rompit enfin le contact visuel avec la jeune femme en ouvrant un tiroir de son bureau, tirant un dossier en craft sur un cartel portoricain qui officiait dans les bas-fonds de la ville, avant de le lui balancer dans la gueule. « Tu veux sauver l’monde ? T’as dix minutes pour t’imprégner du dossier. » dit-il en se levant en en revêtant son blouson par-dessus sa chemise, ramassant flingue et badge.

Lee fait une belle remontada, lui cloue le bec avec des mots bien choisis, appuie là où ça fait mal et la blonde, elle, se terre dans le silence. Oh, un silence glacial, parce que sa remarque lui fait bouillir le sang, battements de cœur qui tapent dans ses tempes. Peut-être cherchaient-ils à la forger d'avantage qu'elle ne l'était déjà, qu'effectivement ils l'avaient coincée elle avec le Mel Gibson de service dont personne ne savait plus quoi faire, incontrôlable ancien militaire qui n'avait de justice que la sienne. D'un simple geste son gobelet de carton s'en allait retrouver le fond de la corbeille de l'inspecteur Beauregard, par réflexe, dans le prolongement de son geste, elle attrapa le dossier qu'il lui avait négligemment jeter avant de se redresser. C'était monnaie courante en Afghanistan que d'agir sur le vif, d'être réactif et ça, dieu merci, elle ne l'avait pas perdu non. "J'ai jamais parlé de sauver le monde, ne transfert pas sur moi tes complexes," lui dit-elle en levant son postérieur du bureau de bois, parcourant rapidement les nombreuses pages que constituaient le dossier et elle savait, que des noms lui échapperaient, les visages aussi certainement, ainsi elle redoubla d'efforts quand à la mémorisation de points essentiels. Qui, quoi, où, comment ? Prête à talonner son responsable, la jolie blonde leva le nez de l'épais dossier en esquissant un sourire amusé. "Y'a pas beaucoup d'images, tu veux que je te le lise ?" un rire cristallin lui échappa, amusée par sa propre connerie.

Beauregard avance d’un pas décidé dans les couloirs du commissariat, ne prenant même pas la peine d’attendre sa nouvelle coéquipière ou de porter une quelconque attention vers elle. Lee n’entend même pas ce qu’elle lui répond sur sauver le monde et ne retient pas la porte battante de l’entrée des stups à son égard et se dirige droit vers l’ascenseur qu’il rattrape in extremis, laissant tout de même le temps à Cameron de monter. « Oh bah oui, tiens, raconte moi et puis après tu m’apprendras mon métier aussi. » répond-il assez sarcastiquement alors qu’il appuie sur le bouton du parking, en ne la regardant pas et en se contrefoutant de qui pouvait bien être dans l’ascenseur avec eux. Après tout, il avait avoir été mis à pied quelques semaines, il n’en connaissait pas moins ce gang qui n’était pas né de la dernière pluie et sur lequel Lee bossait depuis quelques mois, sans avancée majeure. L’ancien militaire s’alluma une clope à l’instant où ils entrèrent dans le parking, malgré les panneaux lui interdisant de fumer. Il referma un peu plus son blouson devant le froid de décembre et poursuivait de son pas décidé vers leur véhicule banalisé, qu’il ouvrit avant de vérifier le contenu du coffre, les munitions et armes associées avant de s’asseoir à la place du conducteur. « Je conduis, je choisis la musique. Pour faire simple, tu ne touches à rien et tu ne dis rien. » Si jamais il devait se la coltiner pour les semaines à venir -parce qu’il était persuadé que la petite blondinette jetterait l’éponge bien avant- Lee devait être sûr qu’il pouvait lui faire confiance, où du moins, qu’elle ne s’offusquerait pas de ses manières peu catholiques et loin de ce qu’on pouvait apprendre à l’académie.

Cameron adressa à son collègue un regard en biais, mécontente qu'il ait tenté de filé plus vite que l'éclair jusqu'à l'ascenseur où il eut la décence de donner le temps à la jeune femme de monter. Alden prit une profonde inspiration et talonna le grand brun dans le parking, ayant prit le temps du trajet pour zieuter un peu plus les quelques informations au sujet de ce gang de portoricains, se permit même de penser que l'un d'entre eux n'était pas si vilain et qu'il était vraiment dommage qu'il soit du mauvais côté de la barrière. Elle referma le gros dossier en kraft pour s'installer côté passager, à peine eut-elle le temps d'attacher sa ceinture qu'il la rejoignait, donnant de nouvelles directives qui exaspérèrent la douce au point de l'en faire soupirer. "Tu vas te détendre, s'il te plaît." formule de politesse ajoutée rapidement à ces mots si froidement prononcés, n'aimait pas qu'on la materne la blonde, ni même qu'on la traite comme une idiote et encore moins qu'on la considère comme un boulet. "On est plus dans les bureaux, alors vas-y crache le morceau, c'est quoi le problème ?" a t-elle grondé, les sourcils froncés au dessus de ses prunelles brunes, bras croisés contre sa poitrine et l'épais dossier calé entre ses cuisses. "Tu n'es pas obligé de me traiter comme tu l'fais, je ne t'ai rien demandé." là elle s'est raclé la gorge en se redressant un peu. "Sois correct avec moi Lee, parce que j'ai beau être petite, blonde et avoir une gueule d'ange, si l'envie me prends de t'en coller une, j'le ferais."

Lee démarre le SUV banalisé et s’engage dans la circulation assez dense de la ville, prenant doucement la direction du faubourg Marigny. Il avait sa petite idée sur le déroulé de sa matinée, et comptait bien mettre en pratique ce qu’il avait cogité sur le dossier pendant la totalité de sa mise à pied, malgré le boulet accroché à son pied. Il l’écoute à moitié, elle appuie là ou ça gratte. C’est vrai que l’ancien militaire pouvait se compoter différemment, et aborder la nouvelle avec un peu plus de bienveillance à son égard. Mais ce n’était malheureusement pas le genre de la boutique. « Je travaille mieux tout seul. » qu’il lui balance pour couper court à toute conversation. « Ecoute, j’sais pas si t’as fait une connerie pour te retrouver là bloqué avec moi, ou si c’est moi qu’ils punissent en me collant la petite nouvelle du service mais je pense que le mieux pour les deux c’est que ce midi tu ailles voir le patron et tu lui demandes d’être transféré. Ou au moins de changer de partenaire. » Parce qu’après tout, les candidats ne se bousculaient pas pour servir avec Beauregard, qui traînait sa réputation de vieil ours mal léché à travers tout le commissariat. « Je sais pas moi, t’as qu’à dire que je t’ai mis une main au cul et comme ça ce soir toute l’histoire est derrière nous et tu repars demain sur de bonnes bases. » Après tout, cela valait peut-être mieux pour elle, et pour sa carrière.

Elle l'a longuement dévisagé, se mordant les lèvres alors qu'il lui expliquait mieux travailler 'seul' là un rire sans joie lui échappe, parce qu'elle sait que si l'équipe est finement constituée, il n'y aucune chance que les choses se passent mal. L'union fait la force non ? Puis, ce discours tenu par un ancien militaire la surprenait un peu, là où l'individualisme n'est pourtant pas encouragé. "J'ai demandé à être avec toi." lui a t-elle avoué en détournant le regard vers l'extérieur un bref instant. Pourquoi lui, pourquoi lui avouer que l'idée venait d'elle alors qu'il allait très certainement mal le prendre ? Parce que, sans aucune raison, un soucis de transparence j'imagine. "Et non j'irais pas me plaindre de ton comportement," pure bonté d'âme ou simple pitié, l'histoire n'est pas claire à ce sujet, toujours était-il qu'on lui avait accordé de se former auprès du grognon Beauregard. "Alors tu vas te comporter comme un enfant capricieux et me traiter comme de la merde pour me faire craquer ?" a été demandé calmement, intérieurement elle priait pour qu'il ne joue pas trop avec ses limites à elle au risque de se ramasser une main dans la tronche, patiente, mais pas trop. "A peine un quart d'heure qu'on a commencé et je m'amuse déjà à tes côtés." lâcha t-elle sarcastiquement, lui adressant un sourire forcé. "Puis, personne ne voulait travailler avec toi, ça m'a fait de la peine."

Une bordée de jurons s’échappe des lèvres de l’ancien militaire et ne s’adressent pas à Cameron, mais contre un chauffeur de taxi qui n’avait pas mis son clignotant avant de débouler devant leur propre véhicule. L’envie d’allumer leur gyrophare pour le rabattre sur le bas-côté et lui coller une prune traversa l’esprit du flic, qui écoutait d’une oreille un peu distraite les explications de la blondinette. « Ok, c’est pire que ce que je pensais, t’es complètement barrée en fait. » C’était la seule conclusion plausible et possible à tout ça : Cameron avait réussi à passer entre les mailles du dingologue. Le feu devant eux passa à l’orange et Lee arrêta docilement le véhicule, avant de daigner enfin la regarder, plantant enfin son regard dans le sien. « Je ne suis pas sûr de tout saisir où de bien te comprendre. Mais si tu veux rester, y a qu’un seul rythme et c’est le mien. J’suis pas du genre à taper mes caprices où mes crises pour que tu te barres de toi-même, mais si tu suis pas, tu dégages. Deal ? » Il ne disait pas ça particulièrement pour lui foutre la pression, mais il savait d’avance qu’il ne supporterait pas de devoir se retenir dans sa manière de faire pour l’attendre ou pour la prendre tout simplement en compte dans ses investigations. Elle voulait apprendre de lui ? Elle n’allait pas tarder à avoir sa première leçon. Beau’ gara le SUV le long d’une petite maison de quartier. « Qu’est-ce que tu peux me dire sur lui ? » Interro surprise en désignant un portoricain d’un coup de menton. L’homme est vêtu d’une veste en jean, possède quelques tatouages sur le visage et un bandana ceinture son crane chauve. Presque le stéréotype du dealer de quartier. « Comment tu procéderais avec ? »

Marcher droit, rester dans le rang et tout se passera bien, c'était ça son truc alors ? Pourtant, de ce que la blonde avait pu entendre à son sujet, il était bien le premier à s'écouter. Lee était donc un adepte du 'faites ce que je dis, pas ce que je fais' hm. Pour simple réponse la jolie Cameron se contenta d'hocher la tête docilement en esquissant un sourire, consciente qu'elle pourrait bien plus en apprendre à son contact qu'auprès de n'importe qui d'autre dans ce maudit commissariat. Son regard brun se glisse dans la rue, la balaye rapidement et s'arrête sur un grand type aux épaules larges, visage noircit par quelques tatouages et à la dégaine digne d'une série clichée des années 90 dont le script aurait été écrit par des retraités vivant au fin fond de l'Idaho persuadés que la racaille, toute la racaille, s'habille comme ça. Pourtant Alden elle en avait croisé quelques uns des malfrats bien sapés, cultivés et ceux-là sont de la pire des races. "Il vend de la drogue." a t-elle répondu en haussant les épaules, mais déjà il renchérissait. Comment tu procéderais avec ? "J'irais lui demander une dose." lâcha Alden en détachant sa ceinture de sécurité, balançant le large dossier de l'affaire sur la banquette arrière. Après avoir prit une profonde inspiration tout en ajustant sa frange blonde du bout de ses doigts. "Je débute chez les stups, donc inconnue au bataillon," commença t-elle "Je peux m'infiltrer et remonter jusqu'au big daddy, puis tu le coinces." proposition lancée, bien qu'elle ait un doute quand à la probabilité pour qu'un mec de ce genre s'intéresse à une minette qui semble vendre des bibles, mais ça ne coûte rien d'essayer. "Tu redores ton blason, les supérieurs arrêtent de te péter les couilles et moi j'lui pète les siennes s'il devient trop entreprenant, allez vendu." les phalanges de la belle se sont refermées sur la poignée de la portière et dans un discret 'clac' cette dernière s'ouvrit.

« Merci, Sherlock. » répond-il caustiquement à la remarque de la débutante sur le statut de dealer du dénommé Ramos, bien connu des services de police pour ses frasques juvéniles et adultes. Déjà arrêté de nombreuses fois pour des broutilles allant du vol d’autoradio dans sa jeunesse à possession et recel de drogues, le portoricain n’est qu’un petit rouage d’une organisation plus grande, dont l’empire s’étend sur plusieurs pays. Beau’ sait pertinemment qu’il ne fera jamais tomber les têtes d’une pareille dynastie, mais peut au moins leur casser les couilles en étant un grain de sable suffisamment conséquent pour la ville. Il écoute avec les sourcils froncés, la mine dubitative le plan proposé par la blondinette. Si une part de lui serait ravie de se débarrasser d’elle en l’envoyant sous couverture, une autre sait qu’il n’a pas le pouvoir pour décider d’une opération pareille et surtout il ne sait pas si elle a les épaules suffisamment larges pour pouvoir endurer des mois à jouer les schizophrènes « Mouais, j’suis pas sûr que .. » Le flic n’eut même pas le temps de finir sa phrase que Cameron prenait déjà la poudre d’escampette pour mettre son plan en action. Lee galère à se défaire de sa ceinture de sécurité alors qu’il lui emboîte le pas pour la persuader de s’arrêter et de changer de plan. Seulement, le remue-ménage attire un peu l’attention et Beauregard, plus qu’Alden est repéré alors qu’il s’apprête à la rattraper. Le portoricain et son client déguerpissent sans demander leur reste dans des directions différentes alors que le flic s’élance à la poursuite du dealer. « Prends la voiture ! » ordonne-t-il à la blonde alors qu’il la dépassait en courant. « Ramos, p’tit enculé reviens par ici ! » s’époumone-t-il en courant derrière le portoricain, s’enfonçant dans les ruelles de la ville, flingue à la main. Starsky et Hutch …

Non, elle n'a pas attendu qu'il acquiesce, là voilà qui fait le tour du véhicule pour entreprendre de mettre son plan à exécution, à peine à t-elle dépassé la voiture de quelques pas qu'il vient la retrouver, la blonde fronça les sourcils en reculant d'un pas, se demandant intérieurement ce qu'il pouvait bien lui vouloir, Beauregard. A peine son regard a t-il le temps d'alterner entre son coéquipier et le dealeur que le gars s'éloigne en compagnie d'un autre. Un chapelet d'injures reste coincé dans sa gorge alors que le trentenaire s'élance en lui ordonnant de remonter dans le véhicule et de le suivre. Cameron ne pipa mot et obéit en grognant, sans se rendre compte que s'ils avaient un peu plus communiqué et s'étaient mit d'accord, sans doute cela ne se serait pas produit. Rapidement elle monte derrière le volant, accroche sa ceinture et met le contact avant d'entamer un demi tour aussi bruyant que rapide pour prendre en filature le flic et le bandit. C'est qu'ils courent à vive allure les deux et Cameron sait que quoi qu'il arrivent, l'opportunité leur est très certainement passée sous le nez, sans aucun doute, pour autant elle continue de les suivre dans sa caisse et s'engage même dans une ruelle où les deux hommes viennent de disparaître. Ramos entreprit d'escalader un grillage, Beauregard lui, le suivait de près. Son pied s'enfonça sur l'accélérateur, le rétroviseur lui vint taper contre la hanche de l'inspecteur qui s'était mit sur le côté pour le tenir en joue alors que la voiture fila à toute allure dans le-dit grillage. Le capot s'y enfonça et le choc provoqué par le véhicule eut pour effet de faire tomber le portoricain sur le pare-brise qui se fissura. Quand s'était-elle dit que ce serait une bonne idée ? Elle l'ignorait toujours était-il qu'elle finit par sortir de l'habitacle en ajustant sa frange, et soupira : "Suffisait de demander."