are you even real ? (callum)

are you even real

Regard perdu et pensées qui se bousculent. Elle n'entend rien. Ne voit rien. Trop absorbée par les souvenirs qui dansent dans son esprit et les battements effrénés de son cœur. Quelques jours seulement se sont passés depuis qu'elle l'a revu. Depuis qu'elle s'est confrontée à cet homme qu'elle prenait soin d'éviter. Elle est bouleversée Olivia. Bouleversée et perdue. Elle ne cesse de repasser en boucle la scène dans sa tête. Elle n’aurait pas cru le choc si violent, les retrouvailles si marquantes. Pourtant… Elle est incapable de se concentrer, incapable de ne pas y repenser. Elle n’a jamais été si tête en l’air, si préoccupée. C'est fou l'emprise qu'il peut encore avoir sur elle malgré tout ce qu'il s'est passé. Fou à quel point elle n’arrive pas à le sortir de son esprit. Tel un fantôme qui la hante et ne jamais ne la quitte… Un soupir s’échappe d’entre ses lèvres. Elle est fatiguée. Fatiguée de ressasser tout cela. Fatiguée de ces questions sans réponses et de ces doutes incessants. Lorsqu’elle était partie, elle pensait avoir fait le bon choix. Elle avait fait ce qu'il fallait pour ses filles, pour elle, pour ne plus souffrir des absences de Roan. Pour ne plus le voir sombrer sans jamais pouvoir l'aider. L’occasion était trop belle pour ne pas être saisie. Mais aujourd’hui, je ne sais plus... Tout n’est que confusion dans son esprit embrumé.

Et puis je croise ton regard alors que tu entres dans la pièce, éclairant la salle de ta beauté, de ta lumière. Je te vois, et déjà je sens mon cœur se réchauffer, apaisé par ton sourire. Il y a quelque chose en toi Callum, qui touche mon âme et panse mes maux. Quelque chose qui me réveille, qui me rassure. Alors que je m’éteins, alors que je sombre, je te regarde et le monde semble plus beau.

« Olivia ! » Son cœur loupe un battement au son de sa voix. Oh Callum si tu savais tout ce que tu éveilles en moi... Ses yeux se posent sur lui, dévore cet homme dont le nom résonne presque trop souvent dans ses pensées. Il lui fait ressentir des choses le jeune Dunne. Des choses qu'elle n'a éprouvées que pour un seul homme. Des choses qui la perturbe, la chamboule et qui pourtant lui font du bien. C'est agréable et effrayant. Excitant mais angoissant. Parce qu’il est jeune Callum. Jeune et passionné. Il est tout ce qu'elle était, tout ce qu'elle n'est plus. « Bonjour Callum. Tu veux t'asseoir ? » Un sourire sincère étire ses traits, redonnant de la lumière à ce visage fermé. « Comme tu peux le voir, personne n’a voulu partager sa pause-déjeuner avec moi… » En réalité, cela l’arrange. Elle n’est pas vraiment d’humeur à plaisanter aujourd’hui. Sa mine déconfite témoigne d’ailleurs de tout ce qu’elle éprouve. Elle doit pourtant admettre que sa présence lui fait du bien. Calme le flot destructeur de ses pensées. Tu es le soleil qui chasse mes idées noires...

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L'image du jeune Dunne les bras chargés de dossiers lui arrache un sourire. Son côté maladroit le rendait mignon presque malgré lui. Elle le regarde et se demande comment elle n’a pas pu remarquer plus tôt à quel point il est exceptionnel, à quel point il lui fait du bien. Pourquoi ne ressent-elle tout cela qu’aujourd'hui ? Qu’est-ce qui avait changé ? Il était le même depuis le début. Mais avant, la jolie blonde était incapable de le voir de la manière dont elle le voit désormais. Avant je n'étais pas prête… Pas prête à te dévoiler d'autres parties de moi. Parce que même si elle tente d'avancer, elle n'a pas encore fait le deuil de son mariage. Elle aimerait Olivia, tourner pour de bon cette page, mettre un point final à cette histoire qui n'a que trop duré. Seulement pour l'instant, elle en est incapable… Preuve en est, il n'avait suffi que d'une entrevue avec Roan pour semer le doute dans son esprit. Pourtant, quand elle regarde Callum, elle sent de nouvelles choses naître dans son âme. Paix agréable trop longtemps oubliée. Elle a encore du chemin à faire Olivia, elle le sait, mais elle réalise aussi tous les changements qui s'opèrent en elle. Parce que toi aussi tu me fais quelque chose… Elle avait  pourtant toujours apprécié sa compagnie. Il faut dire que Callum est un homme élégant et cultivé qui faisait toujours preuve de politesse et de respect. Contrairement à d'autres de leurs collègues, elle ne l'avait jamais considéré différemment de par son nom de famille. Elle ne voyait pas un Dunne, seulement lui, Callum, cet homme gentil et agréable. C’est peut-être pour ça qu'ils s'entendent si bien. Ensemble, ils n'essayent pas de se faire passer pour d'autres. Ils sont eux-mêmes, sans faux-semblant. Du moins, c'est ainsi qu'elle le ressent, espérant qu'il en soit de même de son côté. Parce que moi aussi tu sais, j’aimerai t’apporter la paix. Oui, elle aimerait être cette oreille attentive, cette personne avec laquelle il n’a pas peur d’être apprécié pour autre chose que pour lui-même. Elle tient à lui, réellement. Toi qui as cette douceur qui me manque tant. Toi qui me regarde avec attention, avec tendresse. Toi qui m’apportes doucement tout ce que j’ai perdu avec lui… Avec ce mari absent qui a laissé mourir notre amour et notre histoire. Ce mari qui m’a délaissé, blessé, meurtrie… C’est une femme brisée Olivia. Une femme qui ne demandait pourtant pas grand-chose mais dont on l’a privé sans crier gare. Alors oui, l’attention que le jeune homme lui porte lui fait du bien, apaise ce cœur abîmé. « Tu as raison, finalement c’est bien mieux comme ça. » Nouveau sourire qui étire ses lippes. Si tu savais comme ma peine semble moins lourde à tes côtés… Il venait juste d’arriver et semblait déjà éclairer sa journée, rayonnant de sa lumière chaleureuse. Ils allaient pouvoir être tranquille et parler sans crainte. Peut-être même, continueraient-ils ce jeu séduction qui avait pris place entre eux depuis quelques mois. C’est léger, discret et elle aime ça Olivia. Parce qu’elle a l’impression qu’il ne presse rien, lui laissant le temps dont elle a besoin. Il y a encore des doutes qui subsistent. Des peurs qu’elle tente de faire taire. Mais il y a quelque chose en elle qui semble se décoincer au contact du jeune homme. Comme s’il était la clé à tous ses maux. « Alors comment vas-tu ? Tu sembles songeuse. » Il vient mettre le doigt sur ce qu’elle espérait cacher. Mais son mal-être était trop grand pour qu’il ne se voit pas. Ou peut-être prête-t-il seulement plus attention aux détails ? Peut-être a-t-il remarqué cette fatigue qu’elle a pourtant tenté de masquer ? Elle ne sait pas si elle devrait lui dire pour Roan. Elle ne sait pas si elle doit poser des mots sur ce moment encore brûlant dans son esprit. Elle a peur Olivia. Peur de l’éloigner, peur de créer chez lui aussi ce doute qui la consume. « Hmm, ça peut aller. Je t’avoue que les derniers jours ont été… chargés en émotions. Mais ça va aller. » Elle préférerait mettre ce souvenir de côté et passer à autre chose. « Et toi alors, tu vas bien ? C’est quoi tous ces dossiers dis-moi ? T’as l’air débordé mon pauvre ! »