Table n°4 : Carmen & Yaël

elle est soulagée, carmen. de voir que le sourire d'@ekko morillot semble être revenu. elle a bien capté les regards échangés et ça rempli son cœur de bonheur. comme quoi, il ne lui faut pas grand chose. ravie également d'avoir partagé un premier tour avec une demoiselle fort attachante. elle se dit que, finalement, cette soirée avait beaucoup de choses à offrir. et elle se retrouve assez impatiente de voir comment les autres tours vont se dérouler. et surtout, ne nous mentons pas, avec qui elle va tomber. on lui indique une nouvelle table et son humeur change, irrémédiablement. elle le voit. elle sait. et dans l'fond, son cœur saigne. la grande inspiration qu'elle prend, pour se donner du courage. surtout. ce ne sera pas une partie de plaisir. pas avec lui. et pas avec @heath romeo qui se tient à la table d'à côté. le cou qu'elle fait craquer et le courage qu'elle prend à deux mains. jolie poupée s'installe avec cette élégance dont elle fait rarement preuve. l'insolence qui se lit sans filtre dans ses prunelles. surtout vu comment il lui cracherait bien à la gueule. j'suis étonnée que tu ne sois pas content d'me voir. demi sourire. arrogance. et l'attaque immédiate. la morsure. les griffes qui lui lacèrent le palpitant. inévitablement. en même temps, elle devrait enfermer ses espoirs à double tour au lieu d'vouloir continuer à y croire. elle ne peut s'en prendre qu'à elle-même, pour le coup. et elle ne laisse rien transparaître. rien d'autre que ce sourire qui étire ses lèvres rouges. c'est dingue c'que tu manques de confiance en toi. et en lui aussi, visiblement. elle pose ses coudes sur la table et vient appuyer son menton sur ses poignets. c'est dingue comme il peut faire ressortir le mal qui sommeille en elle. j'te f'rais pas aussi peur sinon. elle est si douce. elle est si sarcastique. j'peux p'tre t'offrir une séance chez un psy si ça t'dit. j'pense que ça t'ferait du bien. un peu plus et elle lui parlerait presque comme elle pourrait s'adresser à un gamin en colère. la tête qu'elle penche légèrement sur le côté. elle ne se laissera pas marcher sur les pieds. elle vaut bien plus que ça. quoi que c'est p'tre pas non plus la meilleure des méthodes qu'elle a choisi d'employer.

elle pourrait avoir de l'affection, pour lui. elle doit bien admettre qu'il est doué. qu'il a du répondant. qu'il a du mordant. c'est stimulant. elle ne peut pas le nier. en d'autres circonstances, ils auraient pu s'apprécier. sincèrement. c'est bien dommage. qu'elle pense. d'ailleurs. la voilà. enfin. elle s'mord la lippe inférieure, l'insolente. et elle déteste celle que devient, systématiquement, en sa présence. tu devrais la voir, cette étincelle de jalousie dans tes yeux. elle est magnifique. elle se repose dans l'fond d'sa chaise. une main qui se pose théâtralement sur sa poitrine. comme si elle était émue. touchée qu'il la laisse entrevoir ce tout petit éclat de rien du tout. t'es jaloux que j'fasse encore partie d'sa vie, c'est ça ? et elle plisse les yeux, comme si elle cherchait à l'sonder. à rentrer dans sa tête. elle n'y arrivera pas. elle en est totalement incapable. sauver les apparences. cacher le rythme irrégulier de son myocarde blessé. et t'arrives pas à comprendre que l'sexe, c'était rien d'autre qu'un p'tit plus pour passer l'temps, pour pimenter l'amitié profonde qu'on a l'un pour l'autre. à nouveau la tête légèrement penchée sur le côté, et les lippes qui s'pincent. elle serait presque désolée. j't'en veux pas, tu sais. tu défends tes intérêts, c'est une bonne chose. je l'reconnais. elle hausse les épaules et se redresse sur sa chaise, reprenant sa position initiale. coudes sur la table, menton sur les poignets. mais tu t'plantes. et j'te laisserai pas m'mettre sur la touche juste parce que t'as peur que quoi ? j'essaie de m'le taper ? j't'en prie, grandis un peu, j'ai pas quinze ans et ma vie sexuelle est au beau fixe, merci d't'en inquiéter cela dit. il paraît qu'un bon mensonge possède une teinte de vérité. il est vrai qu'c'est l'foutoir sa vie sentimentale. l'insatiable s'envoie en l'air à tout bout d'champ. au moins, là-dessus, on ne peut pas dire qu'elle ne prend pas soin d'elle. quoi que, là encore, c'est discutable. bon aller, maintenant que ça c'est dit, raconte à tata c'qu'il n'va pas. tu verras, tu t'sentiras mieux après. j't'assure. et elle pousse encore un peu plus le bouchon. des fois qu'ça pète, une bonne fois pour toute. ce s'rait pas mal.

J’ai mal au cœur pour Silas qui se tient juste à côté de moi et doit se demander pourquoi je suis si peu attentif à notre conversation jusqu’à présent. Il mérite nettement mieux que le traitement que je lui accorde et pourtant, la situation m’échappe malgré moi. Ce n’est pourtant pas faute d’essayer mais mon oreille traine du côté de la table juste à ma droite. Le destin fait très souvent mal les choses, une telle maladresse en serait presque impardonnable quand je vois mon petit-ami faire face à l’une de mes amies les plus proches et, détail qu’il est difficile de ne pas mentionner, ancienne sex-friend. « Je te demande pardon, j’en ai juste pour une toute petite seconde ! » Les excuses paraissent bien maigres à côté du round que je lui offre et, d’un autre côté, je n’aspire à rien d’autre qu’une rose jaune, quoiqu’il puisse arriver. Je me penche vers mes deux camarades, l’air sévère. « Quand vous aurez terminé d’uriner autour de ma table pour marquer votre territoire, de comparé lequel d’entre vous à la plus grosse d’un point de vue métaphorique ou relationnel et quand vous en aurez marre de me considérer comme un espèce d’objet qu’on se refourgue ou qu’on refuse de se rendre, je vous prierais de bien vouloir vous rappeler que vous êtes dans un lieu public et que je suis malheureusement à côté de vous ce qui implique que, oui, aussi surprenant puisse tout ceci paraitre, j’entends tout et… Qu’on se le dise… Vous êtes en train de me gonfler l’un, comme l’autre ! » Je les pointe tous les deux du doigt, l’un après l’autre, pour marquer mes mots. « Si j’entends encore la moindre vacherie qui, soit dit en passant, manque cruellement d’inspiration et de niveau… Que Dieu m’en soit témoin, et vous savez tous les deux à quel point je suis athée mais… J’vous ferais vivre un tel Enfer que même vos pires cauchemars auront l’air d’une promenade de santé à côté ! CAPICHE ?! » Nouveau regard à l’un, et puis l’autre, comme deux gosses que l’on disputerait. « Bien… Où en étais-je ? »  

ils se perdent dans une joute verbale qui n'en finira jamais. les arguments fournis d'un côté comme de l'autre. le gamin qui ne lâchera pas l'affaire, et il a bien raison. elle qui n'avouera jamais le pincement au myocarde qu'elle ressent quand ses prunelles effleurent la silhouette d'un homme dont le cœur bat pour un autre. elle sait qu'elle a perdu le combat depuis bien longtemps, elle est loin d'être aussi idiote que ça. seulement voilà, son sang mexicain lui vrille les tympans et ses racines lointaines ne font que prendre le dessus. la fierté des femmes de là-bas, avec leur grande gueule et leur sourire pour cacher la misère. le tempérament flamboyant qu'elle a tant de mal à réprimer. et les paroles de gamin qui lui font si mal. palpitant qui saigne. en silence. il aura fallut l'intervention divine de l'objet de leur discorde pour qu'elle admette que les choses vont trop loin. qu'il faut qu'elle lâche prise. qu'elle se rappelle qui elle est. jolie poupée halée lève les mains. rédemption. ok fine, désolée. qu'elle soupire. elle a au moins l'intelligence de ne pas en rajouter. elle qui, de toute façon, s'en voudra, dans cinq minutes, d'avoir agit de la sorte. ça ne lui ressemble pas. elle qu'est si pétillante, si positive, si souriante. s'abaisser à s'cracher des insanités à la figure, c'est pas elle. et elle s'en mordra les doigts. l'gamin qui abandonne. dramaqueen. elle n'en n'attendait pas moins de sa part. et elle le r'garde quitter l'assemblée. elle souffle, vraiment pas discrètement. son r'gard qui percute celui d'@heath romeo . elle n'y est pour rien sur ce coup. cela dit, elle ne peut pas lui en vouloir, clairement. ça va, je gère. qu'elle râle. à son tour, la rose jaune qu'elle jette au centre de la table avant de prendre la même direction que celle du gamin. elle sait qu'ce sera compliqué. elle sait que d'se montrer, seule face à lui, ça ne sera pas bon pour elle. elle n'est pas bête. mais elle essaiera. parce que finalement, la personne qu'ils ont en commun, compte bien plus que cette putain d'querelle de gamin d'cinq ans. je viens en paix. qu'elle lâche quand elle aperçoit sa carcasse. alors s'te plaît, monte pas sur tes grands chevaux tout de suite. laisse moi t'parler d'abord. après, tu f'ras c'que tu voudras. ses mots qui s'veulent apaisants mais qu'auront probablement aucun effet sur l'gamin. tu m'aimes pas et tu ne m'aimeras jamais. je sais. j'comprends, j't'assure. et j't'en veux même pas en fait. le rire qui reste coincé dans l'fond d'sa gorge. assurément. et je sais que j'l'aurais jamais, j'suis pas conne au point qu'tu crois. j'travaille là-dessus. laisse moi encore un peu d'temps. c'est tout c'que j'te d'mande. et ben alors là, on aura tout vu. et reviens à l'intérieur s'il te plaît ... pour lui. faible haussement d'épaule, ses lippes qui esquisse un semblant d'sourire. parce qu'elle, elle en a rien à foutre. il peut bien faire ce qui lui chante, c'est pas son problème. elle a dit c'qu'elle avait à dire, la suite, ce n'est plus de son ressort.

ça lui a fait du bien, à quelque part. de se libérer de ce poids qui lui pèse sur les épaules. c'est pas à heath qu'elle s'est confiée mais c'est tout comme. elle n'avait encore jamais osé dire à haute voix ce qu'elle ressentait. pas avant ce soir. et par deux fois, qui plus est. elle qu'était persuadée que les choses s'arrêteraient là, la surprise fut grande quand il a ouvert la bouche pour lui répondre. le calme olympien, comme si plus aucune tension ne subsistait entre eux. jolie poupée piquée. touchée, même. que les maux s'apaisent. enfin. qu'une discussion digne de ce nom puisse se tenir entre eux. les petites mimiques sur son visage qui témoignent de son attention. elle boit chacune de ses paroles. comme si ce moment ne serait qu'un interlude. éphémère. p'tre pour ça qu'elle accepte de rester avec lui. jusqu'au prochain tour. sans rancune ni rancœur. le rire, qu'elle s'autorise enfin à lâcher quand il évoque la couleur de cette maudit rose. ça c'est clair. qu'elle souffle finalement. libérée d'un fardeau qu'elle trimballe depuis bien trop longtemps. et elle sait que ça prendra encore du temps avant qu'elle n'efface les sentiments qu'elle s'était pourtant toujours refusé d'avoir. elle ne peut les oublier en un claquement de doigts. malheureusement. mais elle finira bien par y arriver. un jour ou l'autre. rappelle lui de temps en temps quand même, que c'est toi qui a le plus besoin de son cœur et de son attention. même si j'suis persuadée qu'il le sait dans l'fond. il a tendance à s'éparpiller parfois et cette soirée, elle n'aurait due être qu'à vous. elle comprend carmen. sincèrement même. toute cette aversion, cette animosité. cheveux sur la soupe qu'il rêverait d'effacer du tableau de son idylle. elle voudrait faire de même, à sa place. silence. j'ai essayé de les éviter, tu sais. de les repousser, de les ignorer. les sentiments. si fort. quitte à s'en donner des maux d'crâne insupportables. j'suis vraiment désolée. la voix qui s'perd dans l'silence. qui s'brise contre le vide. désolée de tout, désolée de rien. de le mettre en colère. de l'aimer. d'être encore là quand elle ferait mieux d'être ailleurs. de ne pas avoir été honnête. aussi. surement.

contre toute attente, il se passe bien quelque chose entre eux. loin de l'animosité habituelle. loin des regards glaciales et des mots assassins. loin de la tension générale que la situation pourrait provoquer. il se passe quelque chose entre eux. qui l'apaise, elle, considérablement. leur relation ne sera jamais au beau fixe, mais elle évolue en un sens inattendu. les minutes précédentes avaient été un supplice. le destin jouant avec les nerfs, semant le doute et la panique. brûlant les gorges et provoquant peut-être même quelques suées désagréables. elle ne regrette rien, carmen. ce n'est pas dans ses habitudes. et elle ne regrette en aucun cas d'avoir fait le choix de le suivre. en même temps, il est possible qu'heath l'aurait tuée dans le cas contraire. et elle ne regrette en aucun cas d'avoir fait le choix de rester avec lui. les confidences s'enchaînent, les langues se délient. la douceur d'un changement de météo à prévoir, à envisager. et surtout, à accepter. elle ne parle pas beaucoup, la brunette. seules les excuses franchissent la barrière de ses lippes teintées de rouge. c'est tout ce qu'elle est capable de lui offrir. elle estime qu'il les mérite d'ailleurs. elle lui doit bien ça. elle qui n'est finalement rien d'autre que le cailloux gênant dans l'fond de sa chaussure. les bribes de souvenir qu'il partage avec elle lui permette d'y voir plus clair et de comprendre plus facilement les réactions démesurées qu'il a pu avoir à son égard. les quelques fois où leurs chemins se sont croisés. j'ai été un pansement sympa pour lui. mais ça s'arrête là. y aura jamais autre chose que ça. un joli pansement qu'il était temps de retiré. pour que toi, tu puisses continuer à panser ses plaies. et elle se taillade elle-même le palpitant. affrontant les vérités blessantes mais fatalement nécessaires. un pas de plus qu'elle accepte de faire afin de pouvoir tourner la page. une bonne fois pour toute. un jour ou l'autre. merci. c'est gentil d'garder ça pour toi. mais j'pense qu'il vaut mieux qu'il n'en sache jamais rien. la grimace facile. évidemment. et c'est p'tre égoiste de ma part mais j'suis pas prête à l'perdre pour une illusion comme celle-ci. il n'en reste pas moins mon ... meilleur ami. finalement. c'est difficile de l'avouer mais il le faut. elle n'a plus le choix rendue là. garde moi à l'œil si ça t'chante. juste. s'te plaît. me force plus à jouer les mean girls encore une fois. je déteste ça mais à un point, t'as même pas idée. et l'rire, aussi doux et sincère que possible, qui roule entre ses lèvres et se heurte au silence de la nuit. avant que la sonnerie ne retentisse à l'intérieur. avant que sonne l'heure du troisième et dernier tour. tu vas survivre au dernier tour ? qu'elle demande tout de même. elle qui a bien senti que toute cette foutue mascarade ne lui faisait rien d'autre que du mal.