a little wine never hurt nobody (w/siobhan).

[ a little wine never hurt nobody. ]

Un soupir. Elle clignait des yeux une fois, deux fois puis trois fois dans l’espoir de les humidifier afin qu’ils cessent de brûler. Cela devait bien faire un bon huit heures qu’elle était assise sur cette chaise, devant son bureau, la porte fermée, à lire des papiers. Des papiers avec beaucoup trop de mots, surlignant des mots ici et là, dans l’espoir que cela l’aide pour sa prochaine audience devant le juge et jury. Pour une fois, Celia n’était pas certaine de savoir si elle gagnerait ce procès, son adversaire étant aussi redoutable et affamé qu’elle. Puis, cela commençait à l’épuiser, un peu plus tous les jours, d’être dans une salle de tribunal, à essayer de convaincre un jury que son client était innocent alors qu’au fond, ils savaient tous les deux que ce n’était probablement pas le cas. Celia ne se permettait de juger les péchés des autres, tel ce qu’on apprend aux enfants de l’Évangile. Concept un tantinet ridicule aux yeux de Celia, mais ainsi avait été son éducation et encore aujourd’hui, juger les autres n’était aucunement dans sa nature. Bien trop gentille. Trop parfaite. Un regard rapide sur l’horloge minuscule de l’écran d’ordinateur et son millième soupir de la journée. Le temps avait passé trop vite. À 18 h, elle était toujours assise sur cette chaise inconfortable, loin de son appartement. De Thomas. Quoique là, à cet instant, Celia n’avait pas du temps envie de rentrer à la maison pour donner toute son attention à Thomas quelques minutes avant qu’il retourne travailler sur ce dont il travaillait avant son arrivée. Tôt ou tard, Celia terminait toujours ses soirées devant la télévision, à caresser le poil de son chien, tandis que la voix de Thomas se faisait entendre en arrière-plan. Dans un silence, elle s’empara de son portable et envoyait un message à Siobhan. Sa journée muette allait se transformer en soirée conversation. Toujours dans ce même silence, dans cette semi-obscurité de la journée, Celia éteignit l’écran de son ordinateur, s’emparait de ses affaires puis direction Warehouse District, avec un arrêt en cours de route. Elle ne pouvait pas arriver les mains vides, sa mère lui ayant appris mieux que cela, et même si Celia savait que cela ne dérangerait pas Siobhan, elle savait que sa mère ne serait pas fière d’elle et si Celia osait se pointer chez Siobhan sans quelque chose, la voix de sa mère se ferait entendre. Tout ça, c’était dans sa tête à Celia. De quoi virer un peu folle. « Je viens avec du renfort, je te présente mon ami : vin rouge et mon autre ami : vin blanc. C’est au choix. » Lâchait-elle en brandissant les deux bouteilles dans les airs afin de les montrer à Siobhan, sourire aux lèvres. La seule raison pour laquelle Celia avait les deux dans les mains, c’est parce que devant l’étagère des vins, elle n’avait pas été en mesure de faire un choix. « Comment vas-tu ? » Demandait-elle en s’invitant elle-même chez Siobhan.

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[ a little wine never hurt nobody ]

w/ @Celia Dunne

Une pause, c’est bien ce dont elle avait besoin. Les jours de décembre, elle ressemblait davantage à une poule sans tête qui courait, expirant son dernier souffle de vie. Véritable tournade, elle brassait tout sur son passage, des décorations accrochés à la volée, des dossiers signés, des conférences ennuyeuses. Une routine pourtant bien encrée depuis des années maintenant, elle ne s’en plaignait pas. Aimant ce qu’elle faisait, se passionnant pour le temps des fêtes, elle redoublait d’ardeur comme à chaque fois. Seulement, un détail se faisait sentir, à chaque année, elle semblait s’épuiser un peu plus rapidement. Ses tâches loin d’être terminées, ce soir, elle ne désirait qu’une chose prendre un bain, se perdre dans une montagne de mousse au parfum floral. Sans doute une bonne bouteille de vin pour détendre ses muscles, de la musique en arrière-plan et un livre. Arrivant devant chez elle, son téléphone vibrait, un énième message de son mari. Inquiète depuis qu’elle avait perdue connaissance quelques semaines plus tôt, il la couvrait. Ce qui ne lui déplaisait pas, mais elle ne pouvait pas non plus le laisser s’inquiéter de la sorte. Le rassurant une nouvelle fois, elle lui décrivait son planning pour ce soir, sachant qu’il ne rentrerait pas aussitôt qu’elle. Austyn devait être de sortie et donc si elle possédait la maison pour elle seule, aucune raison qu’elle ne se relaxe pas. Un plan qui tombait à l’eau dès lors qu’elle recevait un sms de la part de Celia. Si Shiv se sentait lessivée, que tout son corps quémandait silencieusement ce bain, elle était bien plus heureuse de voir la jeune Dunne. Avec leur emploi du temps souvent bien trop surchargé entre plaidoyer et designer – ainsi que dirigeante d’une entreprise pétrolière – les deux femmes ne se voyaient sans doute pas assez. Ces brèches dans leur espace-temps, elles comptaient, sachant l’une comme l’autre qu’il valait mieux en profiter plutôt que d’attendre la prochaine ! Délaissant ses escarpins griffés dans le boudoir, elle déposait son attaché case sur un petit fauteuil d’appoint. Ses orteils trouvant le confort de la moquette, elle prenait la direction de sa chambre à l’étage. Si elle était une femme d’affaire terrifiante, elle aimait bien une fois chez elle être simplement Siobhan, la femme décontractée, celle loin des étiquettes qu’on lui greffait parce qu’elle était une Walters, que sa famille républicaine possédait cette image de magnat du pétrole. Un titre que la rousse n’avait jamais désiré, mais valait mieux qu’elle dirige la compagnie de son père plutôt que de la laisser entre les mains de n’importe qui. On sonnait à la porte lorsqu’elle finissait de faire ce chignon grossier, repoussant ses lunettes à large monture sur son nez, elle descendait finalement en faisant voler derrière elle son kimono. Derrière la porte d’entrée se trouvait nulle autre que Celia, deux bouteilles de vins à la main. Cette vision étirait aussitôt le sourire rubis de la quarantenaire. « Tu aurais dû me prévenir que tu amenais des amis. » disait-elle avec taquinerie en s’avançant pour lui faire la bise, avant de l’inviter à entrer chez elle. « Épuisée, mais ça va et toi ? » retournait-elle envers son amie cette politesse qui n’avait rien d’une formalité, s’intéressant réellement à comment se sentait la jeune femme. Elle prenait les bouteilles pour la débarrasser de celles-ci, prenant la direction de la cuisine où se trouvait ses coupes et le tire-bouchon. « Tu as mangé ? Tu as faim ? »

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@siobhan caldwell et @celia dunne

Cette petite pause, Celia en avait réellement besoin. Elle avait besoin de se déconnecter quelques heures, de ne plus penser au boulot combien de fois elle arrivait à la maison et s’y replongeait le nez jusqu’à des heures impossibles ? Tout le temps. Son éthique de travail étant impeccable, cela faisait du sens, d’une certaine façon que son esprit pense seulement à cela. Ce qui n’était pas bon, du tout. Pour son mental, surtout. Elle voulait rire jusqu’en avoir mal aux joues, boire quelques coupes de vin et qu’à force de rire, son ventre lui fasse mal jusqu’au point où des abdominaux se forment sur ce dernier. « C’est de nouveaux amis, tu sais à quel point je suis sociable et que les gens m’aiment vite. » Son sourire s’était davantage étiré, heureuse de pouvoir plaisanter un peu dans son monde souvent trop parfait et rigide. À un jeune âge, Celia avait appris à analyser son auditoire, s’assurant, ainsi, d’enfiler le bon masque. Avec ses parents, elle était cette colombe parfaite, mais emprisonnée qui dégageait leurs valeurs respectives, qui respectait la manière qu’ils pensaient bien qu’au fond, ce n’était pas du tout le cas. Avec Callum, une sœur attentionnée, prête à le défendre contre quoique ce soit, mais c’était aussi avec lui où elle était le moins emprisonné parce qu’ainsi, leur relation était faite. Avec Thomas, la femme parfaite, travaillante qui ferait une mère parfaite, une épouse parfaite, un jour. Avec Siobhan, elle se relâchait un peu plus, plaisantant ici et là parce que la confiance régnait malgré tout. Son humour n’avait jamais été parfait, mais à sa façon, Celia était en mesure de se faire comprendre et d’arracher quelques rires de la gorge des gens. Par contre, quand le tout ne fonctionnait pas, cela créait très vite un malaise duquel Celia s’éclipsait le plus rapidement possible. « En grand besoin de longues vacances. Je pense que ça va veut tout dire sur comment je vais. » Admettait-elle en soufflant, balayant le tout d’un haussement d’épaules, tout en suivant la rouquine jusqu’à sa cuisine, se demandant aussi à quand remontait la dernière fois où Celia s’était retrouvée dans un autre pays, les pieds dans le sable, loin de toutes ses responsabilités. Sa voix, s’élevant dans la tête, fit sortir Celia de ses pensées. « Affamée. Ma salade de ce midi remonte à loin et je n’ai pas eu le temps de grignoter un petit quelque chose entre les dossiers. On peut se commander un petit quelque chose, à moins que tu es un restant, je ne suis pas difficile. » Au final, Celia se moquait royalement d’où provenait la nourriture, ayant juste envie de manger afin de rassasier son estomac. Ses yeux suivaient les mouvements de Siobhan avant de dévier pour regarder un peu partout. Un besoin d’analyser la situation. Une habitude, peut-être. « C’est bien silencieux ici. J’imagine qu’Austyn n’est pas là ni Sasha, mais chapeau pour les décorations, c’est superbe. » Shiv avait ce talent de décorer au goût. Sa passion se reflétait dans les efforts qu’elle y mettait, à toutes les années.

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w/ @Celia Dunne

Une soirée avec la jeune avocate, Siobhan savait toujours comment ces soirées finissaient. Le rire aux lèvres, la limite entre retenue et de légère perte urinaire sous les fous rires qui pouvaient les envahir. Leur différence d’âge ne les avait jamais dérangées, bien au contraire, elles avaient fini par devenir plus proche notamment parce que le père de Celia avait eu confiance en la Walters qui avait déjà un peu dans le monde d’adulte lorsque sa fille commençait à quitter ses habitudes de jeune adolescente. Même univers, des similitudes dans ce monde qui les unissait, des opinions se rejoignant doucement. Comme cette passion pour le vin. « Tu me présente à eux. » un rire perçait ses lèvres rubis, alors qu’elle prenait les bouteilles pour laisser la trentenaire entrer dans la maison. Elle l’écoutait tout de même. « Des vacances, ce serait tellement bien. Mais on dirait que pour des femmes comme nous ce n’est jamais possible. » Dodelinant de la tête, ballotant son chignon de droite à gauche, elle savait que son horaire ne lui permettait pas de repos comme elle le voudrait. Ceux qui pensait que les riches se la coulaient douce regardaient un peu trop la télévision en s’attardant sur la vie de star. Une femme devait toujours bosser plus durement, quel qu’en soit son statut financier. « Quel endroit te ferait rêver le plus ? » demandait-il en posant les bouteilles sur l’îlot de la cuisine, se tournant vers un cadre qui affichait une œuvre, mais dès qu’elle parla à Alexa, celle-ci modifia l’image pour offrir un paysage de longue place blanche. « Ce soir jouant le jeu, si tu préfères, je peux nous faire des margaritas pour commencer ! » S’emballait-elle ? Un peu, mais c’était dans son tempérament, Siobhan avait toujours été pétillante. Elle mettait tout de même la bouteille de blanc au réfrigérateur et laissa la rouge sur le comptoir. « Je ne sais même pas ce que j’ai dans mon frigo. » Loin d’être une bonne cuisinière – elle était plutôt un désastre monumental – elle laissait son mari cuisiner. À croire qu’elle ne l’avait pas seulement épousé pour sa jeunesse, mais aussi pour ses talents culinaires. Dans l’idée l’un comme l’autre n’avait rien de vrai, Shiv aime son mari et pas pour les raisons que la plupart des gens croient ou disent. Néanmoins, il possédait la fougue d’un trentenaire et il savait cuisiner, des atouts dont elle n’avait certes pas à se plaindre ! Ouvrant son frigo, elle plongeait la tête dans celui-ci en quête de leur trouver à manger. « Hum. Sasha travaille tard ce soir et Austyn… Je ne sais pas trop où elle se trouve. » Elle sortait la tête du tombeau froid pour regarder la jeune femme. « Elle commence de plus en plus à me cacher des choses. Mais merci pour le compliment. » Elle lui adressait ce large sourire qu’elle n’avait aucun mal à adresser, chaleureuse et bien désireuse de montrer qu’elle aimait son travail. « Alors, alors… Il n’y a rien, à moins que tu veuilles que je tente de cuisiner. Peut-être que tu aurais droit à tes longues vacances plus rapidement. » Un large sourire prenant place sur ses lèvres. Elle plaisantait bien entendu, quoi que ! « On peut se faire livrer. Indien ? Thaïlandais ? Sushi ? Ou une autre envie ? »

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