• rp d'intégration // Eleanor & Gabriel

la conférence avait duré trois bonnes heures. heures durant lesquelles tu avais parlé de tes ouvrages, certes, mais également du pouvoir de la politique et de son implication dans le quotidien des habitants du pays. l'importance du vote et de l'instruction, de l'éducation de nos nouvelles générations et de l'encouragement volontaire dont nous devions tous faire preuve désormais pour inciter les plus jeunes à se rendre aux urnes lorsque le vote était proposé. bien sûr, tu avais abordé des thèmes plus profonds encore mais avais fait de ton mieux pour survoler un maximum de chose sans donner l'impression d'étouffer les gens qui étaient venus assister à ton intervention. une heure durant, ils avaient eu le droit de te poser toutes les questions qu'ils souhaitaient et tout aurait pu bien se passer si un intervenant n'avait pas trouvé drôle de te demander pourquoi tu conservais ton alliance alors qu'il était de notoriété désormais publique qu'Orphée avait demandé le divorce. une nano-seconde, tu avais perdu le fil de tes pensées et t'étais montré vulnérable au reste de l'assistance. comme un bug sur le système avant que ton cerveau ne fasse l'impasse sur cette interrogation et ne t'incite à enchaîner avec des questions plus pertinentes.
et pourtant, quelques heures plus tard, dans ce train qui te ramène chez toi, la question te prend à la gorge. t'essaies de traiter ces informations en toute logique mais le mariage est un sujet qui reste, aujourd'hui encore, assez méconnu par ta science et tes connaissances. les yeux perdus dans les paysages, tu rejoues le film de ta vie et de ton mariage sans comprendre les raisons qui ont poussé Orphée à s'en aller. bien sûr, il y a eu l'accident et la perte de cet être à aimer.. mais pourquoi partir ? tant d'inconnues qu'il te reste encore à analyser et comprendre lorsque le train, soudainement, s'arrête net. intrigué, tu délaisses un instant tes pensées pour te concentrer sur ce qui t'entoure. quand aucune annonce ne se fait, tu commences à t'interroger. pourquoi le train s'arrête-t-il ? pas un membre de l'équipage dans les couloirs pour te renseigner.. et à côté de toi, une femme, toute aussi intriguée. tu poses tes yeux sur elle, esquisses un sourire.
- savez-vous pourquoi nous nous sommes arrêtés ? pris par le courant de tes analyses et ton introspection, tu n'as peut-être pas entendu ce qu'il se passait. peut-être peut-elle t'éclairer.

Donnant cette parfaite illusion d'être plongée dans la lecture de son bouquin, Eleanor n'était pourtant pas autant absorbée dans l'histoire. Elle sortait d'une réunion de travail qui avait bien occupée une bonne partie de sa journée. Rencontrer de nouveaux partenaires afin d'accroître la marque. Etant la plus proche de toutes les figures emblématiques de l'entreprise, Eleanor n'avait pas eu d'autre choix que de s'armer de son plus beau sourire pour aller rencontrer ces hommes et femmes d'affaires dans l'espoir de conclure un contrat intéressant pour les deux partis. Sa mère avait pour ambition d'élargir la marque en proposant en plus de vêtements, des bijoux. Mais pour ça, bien que sa famille possède les moyens c'était loin d'être suffisent pour lancer cette nouvelle collection. En soi, la réunion c'était plutôt bien passé. La blonde avait étudier les moindres propositions et elle avait également présenté ses idées ainsi que son envie de développement. Son univers ne ce résumait pas uniquement au vêtement qu'elle créer. Elle en avait rencontré trois aujourd'hui en dehors de la ville. A son retour, elle devait tous envoyer à sa mère pour lui faire le rapport total et au final elle choisira elle même qui sera l'heureux élu. Sortir de la ville lui fait énormément de bien, malgré une vie organisée à la seconde prêt. Eleanor avait beaucoup de mal à ce passer de sa fièvre New Yorkaise. La raison de sa présence en ville c'est Adriel. Son époux. Mais si ça ne tenait qu'à elle, ça ferait bien longtemps qu'elle aurait prit ses valises pour rentrer chez elle.

Les yeux rivés sur les pages de son bouquin, son esprit est pourtant perdu dans le vague. Fatiguée par cette journée à courir partout et surtout blasée. Elle était déjà en train de songer à ce qu'elle devait faire une fois arrivée en ville. Passer à son atelier pour s'assurer que la journée c'était bien passée puis rentrer à la maison préparer le dîner et enfin faire son rapport. Elle n'était pas certaine d'avoir une longue nuit de sommeil ce soir. Posant son regard sur le paysage qui défile en dehors du wagon, Eleanor ce rend surtout compte qu'il semblait perdre de la vitesse. Fermant son livre alors que le train finit par ce stopper, la blonde ce redresse de son siège afin de voir si l'un des membres de l'équipage n'étaient pas dans le coin afin d'avoir une explication. Mais le couloir était désert, seul quelques passagers étaient présent. Non. Certainement un problème technique. Souriant timidement à l'homme assis à côté d'elle, Eleanor retrouve sa place initial. Du moins j'espère, il n'y a pas de d'arrêter ici. J'espère repartir rapidement. Souffle t'elle en jetant un coup d'oeil à sa montre.

la vie te met à l'épreuve. c'est l'sentiment que t'as au moment où le train s'arrête. tout se passait pourtant bien et te voilà coincé dans un véhicule et dans une situation à laquelle tu ne peux rien changer. avec en tête le souvenir d'une question qui soulève tes propres interrogations. tu devrais profiter de cette pause pour mettre de l'ordre dans tes pensées, mais tu préfères encore te concentrer sur le reste. non, tu n'veux pas penser. ni à Orphée, ni à Jules, ni à tout ce que ça peut impliquer dans ta vie. t'es pas à la hauteur de ce genre de choses, ça non. alors tu te retournes, observes ta voisine de voyage et lui adresses un léger sourire. t'es pourtant pas plus à l'aise avec les relations humaines, pourtant, tu préfères te plonger dans cet exercice que sur autre chose. alors oui, sans rougir, tu lui parles simplement, lui poses une question. la jeune femme se lève, observe autour de vous et te répond, calmement :
- non. certainement un problème technique. un problème de frein, de machine ? ou alors sur les voies ? t'as beau faire le tour de tes connaissances ferroviaires, t'es pas persuadé de pouvoir en tirer quoi que ce soit. tu marques une pause alors qu'elle s'assied à nouveau et ajoute : du moins j'espère, il n'y a pas d'arrêt ici. j'espère repartir rapidement. elle regarde sa montre, un geste anodin qui ne t'échappe pourtant pas. ne pas penser au reste, pas maintenant, tu te souffles alors en levant les yeux verse ta comparse.
- vous êtes attendue ? c'est peut-être indiscret, peut-être même curieux que tu oses lui poser la question. à dire vrai, t'es pas du genre à te sociabiliser quand ça t'arrive. t'es plutôt du genre à rester dans ton monde, sortir un livre et le parcourir. apprendre et découvrir. mais certaines pensées persistent et tu supportes mal d'avoir à les combattre. alors tu fais l'effort colossal de te montrer cordial et gentil. c'est plus simple de discuter avec quelqu'un que de se parler à soi-même. ça ne sera sûrement pas long. personne n'a fait d'annonce, c'est que ce n'est pas trop grave. tu dis en souriant.

Si il y a bien quelque chose qu'elle n'aime pas Eleanor, c'est les imprévues. Surtout ceux qui ne sont pas à son avantage. Cette maudite panne va certainement changer tous le reste de son planning et elle a horreur de ça ! La styliste a parfaitement conscience que c'est une mauvaise habitude de vouloir tous gérer, seulement c'est habitude qu'elle a toujours eu donc difficile de s'en défaire. Le paysage s'arrête de défiler et la voilà bloqué dans ce train au beau milieu de nul part avec son compagnon de fortune. Lui non plus ne semble pas comprendre les raisons de cet arrêt si brutal alors qu'aucunes annonces ne leur étaient parvenue. Elle ce redresse de son siège dans l'espoir de pouvoir apercevoir le personnel mais l'allée est déserte, la laissant sans réponse. La seule hypothèse qu'elle a un tête ne peut qu'être qu'une panne. Un problème technique ou un dysfonctionnement. Loin d'être suffisamment calée sur le sujet pour avancer une théorie plus complète. Retrouvant sa place auprès de l'homme, elle jette un coup d'oeil à sa montre déjà nerveuse à l'idée de prendre du retard. Quoi que ce soit, la styliste espère que ce sera réglé rapidement. La voix de l'homme la sort une fois de plus de ses pensées. Une question plutôt indiscrète pour un inconnus. Elle le dévisage quelques brèves secondes, hésitante avant de lui donner une quelconque réponse. J'ai des obligations qui ne peuvent pas forcément attendre. Ou peut être que si, justement ça pouvait attendre. Mais Eleanor n'est pas ce genre de personne qui remet à demain ce qu'elle peut faire aujourd'hui. Comme tous le monde j'imagine. Ajoute t'elle avec un petit sourire un peu plus amicale. Rester bloqué ici ce n'est pas forcément ce que tous le monde souhaitait. Rangeant son bouquin dans sa sac à main juste à côté elle ajoute tout en cherchant son téléphone. J'espère que vous avez raison. L'endroit n'est pas vraiment rassurant. Bloqué au milieu de nul part sans savoir ce qui ce trame, ça n'a rien de rassurant. Et pour couronné le tout, elle n'avait pas de réseau pour prévenir de son retard. Cette ville m'en veut vraiment ! Souffle t'elle plus pour elle même que pour son partenaire de calvaire. Et vous ? On vous attend ? Si elle doit restée bloquée ici autant essayé de faire la conversation, le temps passera peut être plus rapidement.

et peut-être que c'est une bonne chose, finalement, que de te confronter à ce que tu maîtrises le moins. l'art de la discussion. tu te rappelles brièvement de la soirée speed-dating et tu t'rappelles à quel point l'exercice avait été compliqué. sans doute parce que les enjeux étaient différents. ici, il n'est pas question de drague ou de flirt mais juste de discuter avec une parfaite inconnue. tu ne te sens pas jugé, tout du moins, pas autant que tu pouvais le ressentir lorsque Willow s'était assise en face de toi, la dernière fois. donc oui, tu fais l'impasse sur ton côté asociale. peut-être par égoïsme, au fond. peut-être pour ignorer toutes les interrogations qui fusent dans ton esprit et qui concernent ton mariage et cette alliance que tu continues de porter à ton doigt. peu importe les raisons, tu braves un interdit et te montre cordial et courtois. tu engages même la conversation.
- j'ai des obligations qui ne peuvent pas forcément attendre. son ton est froid, presque surpris. elle te répond rapidement, comme si elle ne souhaitait pas te parler. tu peux comprendre, c'est pas ton genre non plus et puis, c'est assez incongru de vouloir la forcer à discuter. comme tous le monde j'imagine. elle rajoute dans un sourire. et tu accompagnes le geste de tes lippes qui s'étirent largement, à leur tour. j'espère que vous avez raison. l'endroit n'est pas vraiment rassurant. t'as essayé de la rassurer, comme tu peux. tu n'es pas conducteur et encore moins un expert dans le domaine ferroviaire. pour autant, tu n'crois pas que vous serez bloqués longtemps ici. même si c'est loin d'être.. réconfortant. cette ville m'en veut vraiment ! t'es pas persuadé que cette remarque t'était destinée et que tu devais l'entendre. alors tu ne réagis pas. sinon, tu lui demanderais sans doute ce qu'elle entend par là. une ville ne peut pas en vouloir à quelqu'un, une ville n'existe pas, une ville ne ressent rien. ouais, c'est logique, non ? et vous ? on vous attend ? cette simple question qui te soulève le myocarde à nouveau, sans que tu t'y attendes.
- non, personne. le constat est frappant. personne ne t'attend. merde, tu l'avais jamais dit comme ça, t'avais jamais baissé les yeux en rougissant. mais c'est vrai, pourtant. elle vient de toucher un point sensible dont tu ignorais l'existence, sans l'savoir. elle vient de relever à nouveau toutes les interrogations qu'on te pose à propose de cette bague, à ton doigt. tu souffles.. ma femme est partie. tu ajoutes, sans la regarder. et pourquoi tu lui dis ça ? peut-être parce qu'il est temps que tu comprennes ce que ça signifie.

Ce retrouver face à cet inconnus dans ce wagon passager, bloqué au beau milieu de la voie, c'était loin d'être le genre de situation qu'elle avait imaginé. Eleanor, elle prévoit toujours tous. Pour certaine personne, sa vie peut sembler ennuyeuse et peut être qu'au fond c'est le cas. Tous planifier, savoir ce qu'elle fait à telle heure de la journée, qui elle doit rencontrer, pour X raison. Elle a toujours vécu de cette façon. L'imprévu c'est quelque chose qu'on ne maîtrise pas et elle a horreur de perdre le contrôle. Ça l'agace, indéniablement et bien que l'homme face à elle tente de faire la conversation, la jeune créatrice ce montre tous sauf agréable avec lui presque surprise qu'il lance la conversation. Tous les gens ne sont pas forcément amicaux et débuter une conversation avec un ou une inconnue ce n'est pas forcément facile pour tous le monde. Cependant, malgré une réponse froide, Eleanor laisse l'esquisse d'un sourire ce dessiner sur ses lèvres alors qu'elle essaie d'être le plus aimable possible, après tous cet homme ce trouve dans la même galère qu'elle. Cherchant un certain réconfort auprès de son téléphone portable, le réseau semble inexistant dans le coin, elle ne peut recevoir aucune aide et encore moins prévenir son époux de son retard. La blonde ne veux pas qu'il soit inquiet de ne pas la voir arriver, elle qui n'a jamais ne serait-ce qu'une minute de retard. Quoi qu'il en soit, elle n'a pas d'autre choix que de s'armer de patience et espérer que ce ne soit pas trop long. Posant son regard clair sur l'homme en face d'elle, la blond lui retourne la question avec ce petit sourire sur les lèvres. C'est à cet instant qu'elle remarque l'alliance à son doigt. Il est donc marié ? Que faisait il dans ce train ? Personne ne l'attend. Une réponse qui la pousse à constater que son "mariage" n'est sans doute plus d'actualité. Triste constat. Oh, je ne voulais pas être indiscrète. Et elle ne demande pas à ce qu'il soit plus précis. Pourtant, le brun ajoute que sa femme est partie. Une révélation qui force la blonde, une fois de plus à détourner les yeux de lui, navrée de l'apprendre. Je suis navrée.Fixant cette bague qu'elle porte elle même à son doigt elle relève ses iris vers lui avant d'ajouter, le ton plus doux. Ça fait longtemps ?

c'est pas dans tes habitudes, pourtant. te confier au premier venue, c'est pas toi, ça n'te ressemble pas. Carmen serait là, elle aurait sans doute la bouche grande ouverte en une expression de surprise. forcément, t'es plutôt du genre mystérieux et discret. du genre à te taire, à ne jamais en dire trop. surtout lorsqu'il s'agit de ta vie privée. Orphée est partie. c'est un fait. et ton cerveau sait traiter ce genre d'informations. mais ton coeur, lui, n'sait pas vraiment composer avec ce constat brûlant. partie, pour combien de temps ? et une voix te souffle que c'est pour toujours. mais comment on mesure la gravité de cette action et son impact sur ta vie quotidienne ? Olivia est venue vivre avec toi par un curieux concours de circonstances. ça aide, forcément. tu te sens mieux depuis qu'elle est là. au moins, je ne suis pas seul. mais est-ce suffisant ?
- oh, je ne voulais pas être indiscrète. tu souris, en la fixant. tu secoues la tête de gauche à droite.
- c'est moi qui suis désolé de vous mettre dans l'embarras. tu lui réponds rapidement, d'un ton cordial et poli, comme toujours. tu n'supportes pas l'idée que tes problèmes puissent la mettre mal à l'aise. elle ne te connait pas, toi non plus. c'est un fait. mais ton myocarde a éprouvé le besoin de laisser fuiter cette information, pourquoi ? tu n'en sais trop rien.
- je suis navrée. elle ajoute finalement avant de te demander ça fait longtemps ? ça, tu sais répondre. encore une fois, ce sont des faits. tu les énumères.
- quatre mois déjà. tu lui réponds, simplement. quatre mois, c'est 120 jours tout au plus. c'est pas grand chose, le tiers d'une année seulement. ça passera, dit parfois Olivia. mais t'es pas sûr que ça passe vraiment. pour être honnête avec vous, je ne sais pas vraiment comment gérer tout ça. là encore, tu n'comprends pas pourquoi ton coeur décide d's'ouvrir aussi facilement et pourquoi tu laisses s'échapper cette information, somme toute, très personnelle.