de nouvelles couleurs ((lou))

Chaleur étouffante. Rayons qui caressaient la peau d’un ton caramel du Niçois. Ces perles salines qui coulaient le long de sa mâchoire carrée. Un sourire brodé sur ses lèvres alors qu’il tapait sur le ballon de volleyball, l’envoyant voler de l’autre côté du filet vers ses adversaires. Une journée guidée par le jeu, le sport, le désir de profiter du sable qui vient caresser les orteils, réchauffer la plante des pieds. Le garçon habitué à passer son temps le nez rivé dans un bouquin ou à travailler sur ses écrits, mais pas cette fois. Pas ici. Pas avec eux. Ces amis de Jacksonville avec qui il passait la semaine. Une organisation planifiée depuis assez longtemps pour que le bouclé ne puisse s’y dérober. Des corps qui entraient en contact violemment, ces peaux moites qui collaient l’une à l’autre. Ces rires qui brisaient la brise fraîche enveloppant ces corps musclés. Testostérone mise en tableau de ces mecs qui ne trouvaient pas mieux qu’à créer l’émoi tout autour d’eux. L’écho des murmures de ces personnes qui assistaient à ce spectacle estival. Le désir de trouver l’essence même de l’été, ces personnes aux aguets, cherchant cette idylle tempérée par la chaleur de cette saison. Les moments qu’on laisse derrière nous une fois l’été fini. Ces nuits enveloppantes le temps de quelques soirs, oublié la chaleur environnante pour succomber à celle de deux corps enlacés. Autant dire, ces mecs avaient créer la discussion.

Le ballon revenant vers Eloïm, il sautait pour venir frapper celui-ci. Trop haut, trop vite, ses doigts effleuraient le cuir qui poursuivait sa course hors du terrain. Rebondissant dans le sable avant de continuer sa course jusqu’au pied d’une jeune femme. Le bouclé quittait le terrain courant pour rejoindre le ballon. « Hey. » disait-il de cette voix calme et chaleureuse. Un mot simple et pourtant si évocateur d’une personnalité lumineuse. Son sourire accroché à ses lèvres charnues, regard communicatif. « Désolé. » disait-il en se penchant pour prendre le ballon entre ses mains larges, se redressant pour observer la jeune femme. « Eloïm arrête de draguer ! » Le français laissait un léger blush marqué ses joues déjà bien bronzées. Puis il tournait la tête vers ses potes. « Quoi ! » Indignation au bout des lèvres, ses doigts qui se serraient sur le ballon, il tournait ses jades vers la jeune femme. « Les écoutes pas, ils veulent juste embêter. » Des mots qui se veulent sécurisants et non aussi beauf qu’on pourrait le croire. « Tu sais jouer ? » Pourquoi pas ? Une fille pourrait calmer l’ardeur de cette bande près à ravager la plage avec autant de testostérones accumulées.

Elle savoure Lou, ces quelques semaines loin de la Nouvelle-Orléans. Pause bien méritée qu'elle s'accorde durant cet été après une année compliquée passée à travailler aux côtés d'un homme qu'elle a trop longtemps aimé. Elle ne sait pas comment elle a tenu. Comment elle a fait pour ne pas abandonner alors qu'elle a du passer chaque journée à ses côtés. Quitter Markus avait été terriblement difficile pour elle et il lui avait fallu beaucoup de temps avant de pouvoir tourner la page. Mais à l'instant où elle l'avait revu, elle avait compris que cette histoire comptait encore beaucoup pour elle. Elle voudrait pouvoir faire taire ce cœur qui s'emballe chaque fois qu'il est près d'elle. Elle voudrait pouvoir le détester pour lui avoir fait espérer quelque chose d'impossible. Malheureusement, elle sait qu'elle ne peut contrôler ce qu'elle ressent. Elle a tenté de garder une certaine distance pour ne pas céder une nouvelle fois à la tentation qu'il peut représenter. Et j'ai tenu… Voilà pourquoi ces vacances au camping tombaient à pic. Elle allait pouvoir profiter Lou, se vider l'esprit et passer du temps avec deux de ses amis. Elle ne veut surtout pas penser à lui. Oublier, le temps d'un été, celui qu'elle retrouvera à la rentrée. Celui qui a bien du mal à quitter ses pensées…

Le temps est magnifique aujourd'hui et elle compte bien profiter de ce soleil pour parfaire son bronzage. Elle arrive sur la plage, prête à se détendre et à laisser la chaleur caresser sa peau. Les autres arriveront plus tard, chacun vaquant à ses occupations. Serviette installée, elle va pour s'allonger lorsqu'un ballon roule à ses pieds. Il ne faut que quelques secondes avant qu'un bel inconnu ne débarque devant elle. Lou, elle ne se prive pas pour admirer la vue. Il a un sourire à faire damner un saint, pense-t-elle, totalement subjuguée par la beauté de ce garçon. « Pas de souci t'inquiète. » Évidemment, ses potes ne mettent pas longtemps avant de le charrier et elle rit légèrement à leur remarque. De vrais gamins. « Hum, je devrais être en capacité de taper dans un ballon. Après, est-ce qu'il y aura de la réussite au bout, ça c'est une autre affaire. Mais j'veux bien essayer si ça vous gêne pas d'avoir une fille dans votre équipe évidemment. » D'humeur joueuse, elle taquine légèrement Keller. Mais elle voit là l'opportunité de faire des rencontres et c'est exactement ce dont elle a besoin.

Cuir lissé caressant ses doigts ornés d’une ou deux chevalières. Un sourire accroché à ses lèvres pulpeuses et un regard étincelant qui se posait sur la jeune femme que le ballon avait décidé d’aller déranger. Eloïm doux gentleman, laissait son sourire s’étendre sur ses lèvres en voyant ce visage se poser sur lui. Habitué à la compagnie des femmes, il ne bronchait pas, pas même lorsqu’elle darda ses prunelles sur lui. Bien au contraire, il affichait son plus charmant sourire. Charismatique de nature, Eloïm ne se fiait jamais à son charme, trop peu enclin à croire qu’il pourrait réellement plaire à quelqu’un. Un manque de confiance ou simplement le désir incessant de ne pas plaire, de repousser les gens pour garder une distance. Peut-être un peu des deux. Il perçut son rire, délicat et discret qui le fit hausser une épaule l’air de dire – mhum ouais on est con. Une vérité sans doute qui ne valait même pas la peine d’être exprimée. Après tous les hommes peuvent être enfantin parfois et Eloïm n’allait par rechigner contre cette vérité alors qu’il percevait derrière lui les commentaires et gestes hautement déplacés de ses potes. Ça ne l’empêchait pas d’inviter la jeune femme à se joindre à eux. Calmer la tempête, même si à la réflexion faite ce n’était peut-être pas la meilleure des idées. Non pas pour eux, mais pour elle. Entourée de ces loustics, des babouins bêtifiants et babillant. Y’avait mieux quand même, mais il restait là attendant de voir ce qu’elle lui dirait, observant les traits qui formaient son visage. « Je pense qu’ils en seront heureux. » disait-il d’un sourire amusé. « Moi aussi. » Charmeur va. Mais Eloïm ne pouvait s’en empêcher, tirer des phrases aussi kitsch sans arrière-pensée c’était tout lui. Balançant le ballon d’une main à l’autre, le bouclé gardait le sourire. « Et t’en fais pas pour le talent, je suis pas très doué en sport. Ils font que me tolérer. » continuait-il en tentant de la sécuriser sur ce fait qu’elle se joigne à eux. Il lui tendait le ballon en guise de bonne foi, prenant la direction du terrain de volley sur plage. Les autres se bousculaient en rigolant, leur jetant des coups d’œil amusé, chuchotant. Levant les yeux au ciel, Eloïm arrivait à la limite du terrain. « J’ai ramené une joueuse. » Des sifflements d’approbation, alors que le Niçois poussait un soupir. « Désolé. » soufflait-il en posant son regard sur la jeune femme. « Alors… » Il se tournait vers elle. « Euh comment tu t’appelles ? » « Eloïm me dit pas que tu lui as pas demandé son petit nom. » Il levait les yeux au ciel une seconde fois, soufflant d’exaspération. « C’est bon ça va, je viens de le faire. » Il attendait, tout sourire qu’elle lui sauve la mise.