( tenue ) Une nouvelle nuit s’installait, sous le regard larmoyant de la poupée désarticulée. Tout se passait bien, avant cette soirée. Elle était heureuse, sereine, les souvenirs enfouis, délaissés. Et depuis cette soirée, elle broyait du noir, Adalia, les souvenirs soulevés, comme le sable sous l’eau, remontant à la surface. Le mal-être. Elle dormait mal, secouée par des cauchemars et des appels silencieux de détresse, qu’elle taisait d’une main étouffant ses lèvres. Elle n’arrivait plus à sortir seule : ce qu’elle considérait comme un repos au milieu de tout ses jobs, virait au cauchemar. Il y avait, pourtant, des moments où elle ne pensait plus à rien, Adalia, aux côtés d’Achil et Lou, elle souriait, riait, mais le plus dur à vivre était la solitude. Elle ne pouvait pas s’empêcher de penser, de trop penser et sous ce ciel sombre, la fumée d’un joint s’échappait de ses phalanges tremblantes. Installée sur une chaise de la terrasse, quelques lampes contre les moustiques allumées, une odeur de citronnelle émanait. La poupée redoutait la nuit, de tout son cœur. Elle sursautait à chaque bruit, craintive et ne pouvait pas s’empêcher de pivoter sur elle-même, pour se rassurer. À l’intérieur de leur mobil-home, une douce lumière était allumée, suffisant à apaiser les pulsations excessives de son palpitant. Ainsi, elle se remettait à fumer, Adalia, les prunelles enfoncées dans le ciel noir de cendres, tendant parfois les doigts, pour essayer d’atteindre les étoiles. Tendre rêveuse, à l’esprit éclaté, désamorcé. À nouveau : un sursaut. Le corps se crispait, en apercevant une silhouette s’approchant, se dessinant dans les allées à peine éclairées. Elle ne bougeait pas de sa chaise, Adalia, manquant de se brûler les doigts, jusqu’à ce que la vision de ce corps soit nette, éclairée. Un drôle de mélange en elle s’éveillait : l’émotion et le soulagement, puis la surprise. Elle restait sonnée, la brune, un instant : les prunelles rivées sur Cesario, montant les marches de la terrasse. Solaire, au beau milieu de cette nuit sombre. Le joint abandonné dans le cendrier, où trônait bien trop de cadavres de roulés, elle s’approchait, Adalia, pour l’enlacer. Besoin de lui, plus que tout, hein ? Elle avait un goût et un ressenti différent, l’étreinte : parce qu’elle était en mauvais état, Adalia. Plus intenses, ses bras autour de lui et le tressaillement du corps, perturbant, contre le sien. Le semblant de sanglot, nouant sa gorge, se faisait entendre, lorsqu’elle essayait de parler, mais rien n’en sortait, de ses lèvres fébriles. Il n’y avait que ses paupières fermées, fermement et son corps fragile lové contre celui de Cesario, qu’elle enlaçait de ses forces restantes. Comme si sa vie en dépendait, de lui, de sa présence : nécessaire pour la tenir à la surface, qu’elle puisse respirer, Adalia.
La nuit, délicieuse, l'enveloppe d'un sentiment qu'il ne sait réellement définir. Un savoureux mélange d'excitation, de béatitude, un semblant de bonheur qui grouille là, au creux de son bide. Il a le palpitant aux bords des lèvres et la risette facile tandis que sa silhouette, fondue dans l'obscurité, ondule lentement dans les allées endormies. Son sac sur le dos, quelques notes lui caressent les tympans tandis qu'il s'aventure dans ces étendues à demi sauvages où la nature, reine de toute chose, embellit la laideur des hommes. Il ne tient pas en place, le garçon. Son myocarde tressaute chaque fois que la simple évocation de son prénom lui traverse l'esprit. Il imagine sa silhouette frêle et fragile glisser dans l'obscurité et venir jusqu'à lui. Il s'imagine l'étreinte de retrouvailles impromptues, d'une surprise terriblement bien ficelée. Il s'imagine les émotions se déverser en cascade et noyer les arbres et fourrés d'un amour fastueux. Il ne se rappelle plus exactement depuis combien de temps leurs éclats de voix n'avaient pas résonné entre quatre murs, dans les rues, sur les toits. Quelques jours, quelques semaines, le temps lui paraît bien long loin de sa douce. Il marque l'arrêt un instant, ses lippes s'étirant en un immense sourire quand là, dans le pâle halo d'une lueur fatiguée, immobile, se dessine l'ombre de celle qui ravive son brasier intérieur. Il avance, se presse sans courir pour ne pas effrayer la belle de pas trop brusques. Ses prunelles ambrées captent son regard, il peut presque sentir la chaleur de son âme, la douceur de sa chair et la fragilité de son existence là, à quelques mètres à peine de sa charogne. Il pouffe de rire quand, enfin, elle l'enveloppe de ses bras chétifs, un rire nerveux, un rire heureux, quelque chose de beau, quelque chose qui transpire le bonheur. « Oh Adalia !» Qu'il lance en la serrant un peu plus fort contre lui, le palpitant lui déchirant presque la cage thoracique. Mais il ne voit pas encore, Cesario, à quel point la colombe, déchue, est abîmée là, contre son corps. « Si tu savais comme tu m'as manqué, je tenais plus en place ! » Qu'il s'exclame dans des échos aigus venus tirer les âmes de leur sommeil. Il ne la lâche pas, rit bêtement en l'étreignant chaque seconde un peu plus dans un léger mouvement de bascule. « Je viens te pourrir quelques jours, j'espère que t'es prête à me supporter » La joie de courte durée.
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(#)Re: (tw) sol d'étoiles; cesalia #2 Sam 7 Aoû - 0:34
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sol d'étoiles
( tenue ) Elle croyait à un mirage, en le voyant, Cesario : la silhouette se dessinait, bravant la nuit et ses quelques étoiles. Le joint relâché dans le cendrier cimetière, elle se levait et eut besoin d’une poignée de secondes, avant de prendre conscience, de réaliser, que c’était bien lui. Là, présent dans ce camping et elle n’y croyait que lorsque son corps enlaçait le sien. L’étreinte fébrile, puis un peu plus forte, tandis que ses paupières se fermaient, happée et bercée par son parfum, sa chaleur. Il était là et même si les fils ne s’entrechoquaient pas encore dans son esprit, elle respirait un nouvel air : celui de l’apaisement, mettant de l’ordre en son fort intérieur chamboulé, basculé. Ses mots glissés avaient la douceur d’une plume, caresse délicate le long du bras et frissons sur le corps, elle souriait, Adalia, de toutes ses dents. « Pourquoi tu ne m’as rien dit ? » Ses mirettes plongées dans les siennes, à peine éclairés par le clair de lune, les visages se faisaient face, sans qu’elle n’ôte ses bras de son corps. Elle n’ôtait pas sa risette lumière ni même son voile ténèbres, tant était-elle bousculée. Toutes les émotions se mélangeaient, si bien que les larmes lui montaient aux yeux, déposant le minois contre l’épaule de Cesario. « Je suis si contente de te voir… » La voix se muait dans un murmure à peine audible, d’où l’on pouvait entendre l’émotion palpable qui la traversait. Elle restait un moment dans ses bras, Adalia, à simplement se laisser enlacer, étreindre, par ses bras qui lui avaient tant manqué. Aveuglée par l’amitié qu’ils se répétaient sans arrêt, elle ne prenait pas conscience de l’agitation de son palpitant ni de la sérénité massive qu’il lui apportait, rien qu’en étant présent à ses côtés. Se reculant finalement, ses mains restaient déposées sur ses avant-bras, qu’elle effleurait du bout des doigts. « Viens… » Elle lui souriait, brin de tristesse dans ses prunelles et elle s’avançait jusqu’à l’intérieur de leur location. Les lieux brièvement présentés, elle le guidait jusqu’à sa chambre. Rien de bien fou, excepté son lit simple désordonné, son armoire ouverte et une table servant de bureau, avec quelques livres, puis son matériel pour rouler, s’aérer l’esprit. Le corps se laissait tomber sur le lit, tandis que ses prunelles se levaient vers lui. « Tu peux laisser tes affaires dans l’armoire, il y a la place. » Assez pour partager ces quelques jours ensemble. Un sourire désormais imprégné de tristesse étirait ses charnues, attirant une main de Cesario, pour la déposer délicatement sur sa joue. Et elle ne disait plus rien, Adalia, au bord des larmes, lorsque leurs prunelles se noyaient les unes dans les autres.
Il a le palpitant qui lui tape la cage thoracique. Ses tripes se tournent et se retournent tandis qu'il se trouve bercé de délicieux remous. Les allées, piquetées de pâles lumières, lui semblent être interminables. Chaque silhouette provoquent en lui un tressaillement d'impatience, comme un doux choc électrique venu lui courir les veines et alimenter son feu intérieur bien fatigué. La nuit, exquise, enveloppent les arbres qui, lovés les uns contre les autres, forment avec leur somptueux feuillage, un voile naturel que les novas, jalouses, tentent de percer de leur vive lueur. La douce argentée, perchée à des lieues du sol, enlumine le chemin infini. Et enfin, la vague, violente, s'abat contre sa charogne vient le noyer au contact de sa chair contre celle de la demoiselle égarée. Il se laisse emporter dans la houle et y plonge de bon coeur en espérant ne jamais remonter tant le bonheur lui semble être là, à portée de main. Il sourit, éclate de rire, des échos qui viennent chatouiller les feuillages et tirer les âmes endormis de leur sommeil salvateur. Il l'a serre contre lui, le myocarde effervescent, sa charogne en ébullition. Le brasier flambe avec la frénésie des jours heureux. Le tumulte des émotions qui s'entrechoquent et s'embrasent au creux de son bide ne faiblissent pas, anesthésié des maux douloureux par la joie, l'excitation, le soulagement, il se délecte de ces instants trop précieux, trop rares pour ne pas être savourés. Il sourit, bêtement, il sourit sans détacher ses prunelles de la belle qui ondule et le guide dans ses quartiers pour les quelques jours à venir. Il ne relève pas, le garçon, les perles salées qui s'installent silencieusement et envahissent les pupilles de son amie. Il balaye la pièce des yeux tandis que sa main effleure délicatement la joue de la colombe déchue. Il laisse tomber ses affaires au sol avant de prendre place à ses côtés, les lippes étirées dans une risette qui ne s'efface pas « Tu remercieras Lou, elle m'a aidée à tout organiser » Il laisse échapper un rire léger avant de reprendre « On peut pas se passer l'un de l'autre on dirait » Qu'il lance tout sourire tandis que ses yeux glissent lentement vers son amie. Il lève un sourcil, le rictus qui s'estompe lentement. « T'es certaine que ça te fait vraiment plaisir ? » Qu'il murmure, hésitant « C'est ma venue qui te met dans cet état ? » Il se rapproche délicatement de sa belle éreintée, déposant ses paumes de part et d'autre du minois fatigué comme pour mieux l'observer.
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(#)Re: (tw) sol d'étoiles; cesalia #2 Dim 8 Aoû - 18:29
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sol d'étoiles
( tw : mention d'agression sexuelle. )
( tenue ) Peu à peu, le sentiment intense de joie s'estompait, face au chaos de ses pensées. Elle avait beau être ravie de le revoir, en avoir eu les larmes aux yeux d’émotion, rien ne venait apaiser le mal-être la rongeant depuis quelques jours. Dès qu’elle fermait les yeux ou que l’on effleurait involontairement son épiderme, elle avait des visions d’horreur, Adalia : une chaleur qu’elle ne désirait pas sur sa peau et une soudaine claque, qui la faisait sursauter. Elle en avait détesté chaque seconde, allant jusqu’à se sentir coupable de sortir avec un short si court et sans soutien-gorge, la poitrine lâchée sous un débardeur. Tout s’était mélangé, faisant qu’elle ne parvenait pas à se changer les idées, Adalia. Le sourire ne durait pas et se muait en une expression attristée, bafouée, qu’elle ne pouvait pas cacher. Elle n’allait pas bien, restait enfermer dans sa chambre, au lieu de sortir et profiter - les vacances cauchemardesques, elle, qui s’en réjouissait plus tôt, de cette pause octroyée. Ce n’était plus le cas, triste destinée qui finissait toujours par la rattraper, même lors des moments heureux, où elle pouvait s’évader. Assise sur le lit, l’émotion la submergeait à nouveau, au contact de la peau de Cesario. La vérité au bord des lippes, elle en avait parlé avec tristesse assourdissante à ses colocataires, avant de disparaître sous les draps de son lit. Face à Cesario, elle ne pouvait pas lui mentir et elle entrouvrait plusieurs les lèvres, pour tenter de lui murmurer quelques vérités, mais rien n’en sortait. Les perles, à ses prunelles marron, s’accentuaient, finissaient par ruisseler sur ses joues rebondies, tachetées de grains de beauté. « Non… » Elle se craquelait, la poupée de porcelaine, dont l’enveloppe commençait à trembler. « Je ne sais pas si tu as vu le mobil-home, avec le grand flamand rose et un palmier gonflable devant, dans l’allée ? » Adalia ne bougeait plus, le visage blotti entre les paumes du brun, à la regarder de ses yeux larmoyants. « Il y a quelques jours, je sortais les poubelles et… » Haut le cœur, visage noyé de larmes et bientôt, les sanglots, noyant ses mots, submergeant ses maux. « Il… Il a commencé à me tripoter… Il puait l’alcool et… » Haussement désespéré d’épaules, tandis qu’elle s’effondrait, la belle, aux yeux ébène. « Si on m’avait pas aidé… » Elle ne terminait pas sa phrase, Adalia, parce qu’elle en était incapable : tout simplement apeurée et perturbée par ce qui s’était passé. Quelques caresses et une fessée, c’en était déjà trop pour elle, déjà trop brisée, voilà une autre fêlure, qui ne soignerait jamais.
Il lui court les veines et enveloppe son myocarde d'une rare douceur. Sa chair, brûlante, exalte un bonheur qui le traverse de part en part, exquis sentiment qu'il n'avait plus effleuré depuis des mois. Il se délecte de la pureté des petites heures de la nuit qui estompent la toxicité du monde l'espace d'un instant. La sylve, toile exquise et vivante, contemple, silencieusement, les corps se heurter, s'enlacer, se retrouver. L'esprit ennuagé d'émotions en stratus devant ses prunelles ambrées, ne sent pas l'orage qui gronde discrètement au-dessus d'eux. Il se contente d'embrasser la béatitude qui se présente à lui sous les traits d'une précieuse amie. Il a la charogne parcouru de tressautements, il jubile et éclate de rire quand le carrousel des retrouvailles impromptues se met en marche, que les corps s'entrechoquent, que les chairs s'effleurent et que les regards s'échangent. Il se laisse entraîner, il se laisse emporter par le mouvement et, étrangement, baisse toute garde. Il l'a suit, se repait de ses éclats de voix dont il a été privé un temps avant de se décider à la retrouver. Mais il s'effrite délicatement, le bonheur, quand sur le minois de la belle éreintée, naissent des perles salées. Les vagues s'apaisent lentement tandis qu'il se sent ramené à la réalité, un noeud au creux du bide qui se forme quand ses yeux scrutent longuement le visage d'Adalia. Ses paumes, chaudes, effleurent ses joues, sa voix, délicate, posent des interrogations hasardeuses, il cherche des réponses à ses questions, des explications à ces larmes. Et soudain, la houle reprend, féroce, obscure, elle se met à faire tanguer le jeune homme au rythme des mots qu'il attrape en vol. Il essaye de rassembler ses souvenirs, des couleurs, des odeurs, quelques images oblitérées par la nuit qui lui parait soudainement plus acide. Un bourdonnement sourd lui encage l'esprit et ses prunelles se perdent rapidement dans le vide quand la colombe déchue poursuit, non sans mal, de conter son cauchemar éveillé. Il retire ses mains, se lève et recule de quelques pas, le visage tordu par l'incompréhension, le choc, le dégoût. Il reste silencieux, la bouche grande ouverte, le regard perdu. Il tente de garder le cap, de ne pas flancher, se laisser aller à des sentiments bien trop effrayants. Il recule à nouveau, les pupille sombres balayent la douce effondrée « Quoi ? » Il lui est incapable de construire une phrase ayant du sens, incapable de l'enlacer, incapable de la rassurer parce qu'il n'était pas là, il n'était pas là pour la protéger, pour écarter les démons assoiffés de son corps frêle et fragile et il s'en veut, Cesario, il aimerait crever sur place tant la douleur lui est insupportable. Il se retourne, fait volte face, effleure son visage de ses paumes brûlantes et il essaye, il essaye de se tirer d'un sommeil un peu trop lourd, un peu trop profond. Mais il est bloqué, prisonnier d'une réalité qui lui échappe et glisse entre ses doigts, une réalité sur laquelle il n'a aucun contrôle, une réalité mesquine et sordide qui s'acharne à sans cesse les brise. Il perd pied, il chavire, le bourdonnement estompe les éclats de voix qui se heurtent à sa charogne et se perdent bien loin de lui. Sa carcasse se met en mouvement, des gestes mécaniques poussés par la haine qui l'enveloppe et altère son jugement. Sa silhouette glisse dans les allées silencieuses tandis qu'il reste muet, les prunelles sombres qui cherchent frénétiquement le bourreau de son âme soeur jusqu'à apercevoir son antre. Il continue de s'avancer, complètement sourd, la rage qui attise l'incendie ravageur là, au creux de son myocarde. Il écrase ses phalanges violemment contre la porte avant que celle-ci ne s'ouvre soudainement. Il ne dit rien Cesario, il observe, quelques secondes à peine, avant de se heurter au crasseux planté là, devant lui. Il se jette de tout son poids, tombe à la renverse et se redresse presque aussitôt au-dessus de l'homme pour lui asséner autant de coups que son corps le lui permet. Il frappe, il frappe, il frappe, ça rougit, ça suinte et ça dégouline, il frappe, il frappe, il frappe, ça supplie, ça remue difficilement, ça suffoque, il frappe, il frappe, il frappe, ça craque sous ses poings, ça fait mal, ça continue, il aimerait le tuer.
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(#)Re: (tw) sol d'étoiles; cesalia #2 Mar 10 Aoû - 1:07
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sol d'étoiles
( tw : mention d'agression sexuelle, violence. )
Lentement, la toile de surface s’effritait, pour ne laisser qu’un visage morcelé, détruit en trop de morceaux pour être comptés et rassemblés. Spectacle désolant, d’une âme qui n’en pouvait plus d’encaisser, de subir, de souffrir le martyre. Elle était épuisée, à bout de souffle, assez pour s’effondrer et ne plus vouloir se relever. Son esprit lui répétait, essayant de dédouaner - lui, le perverti, l’inconscient - que ce n’était qu’une caresse, une fessée, mais Adalia, elle perdait pied face à cela. Meurtrie, en détresse : son enveloppe tremblait, craquelait, risquait de s’effondrer si l’on ne la rattrapait pas de justesse. Son bonheur ? Plus qu’éphémère : trainée de poudre, qu’un souffle léger pouvait balayer. Elle était telle, Adalia. Les mains de Cesario lâchaient son visage et elle n’arrivait plus à le regarder, la vision brouillée par les larmes, le corps secoué par les sanglots. Elle ne comprenait pas tout de suite qu’il s’en était allé, Cesa, bravant la nuit et l’inconnu du camping, pour trouver celui qui avait osé, blessé, Adalia. Il lui fallait quelques secondes pour réaliser, qu’elle était désormais seule et dans le silence, d’un logement éclairé, dans l’obscurité. Lorsque l’information percuta son esprit, le corps se levait, chavirait - chancelante, cette funambule, sur le fil de la vie - et foulait le sol, d’un pas rapide, désespéré. Mais voilà, qu’au seuil de la terrasse, ses jambes ne répondaient plus. Mettre les pieds ici suffisait à l’ébranler, à refaire apparaître les perles sur ses joues rebondies et les oreilles sifflaient : mal de tête soudain, puissant, et le cœur, paralysé dans la poitrine. Elle luttait contre sa peur, son appréhension de recroiser ce visage, lorsque les bruits d’une violente déferlante de coups atteignaient ses oreilles. Les jambes tremblaient, mais elle assistait bien rapidement à la scène : Cesario, penché sur l’homme au visage tuméfié et amoché, le suppliant d’arrêter. Il y avait du sang, des bruits frissonnants de craquements et ses tremblements qui s’arrêtaient, juste pour tirer le brun en arrière. Force sortie de nulle part, mettant ceci sur l’adrénaline - avec once de désespoir. « Arrête… » Ses paumes tremblantes épousaient ses joues : malgré la peur de cette violence, elle tentait de rester solide, Adalia, aux prunelles perturbées. « S’il te plaît… » Sa voix brisée sonnait à peine : écho puérile de son être désespéré. Elle refusait qu’il se blesse pour elle, qu’il plonge dans ces schémas violents et surtout, qu’il prenne des risques pour elle. « Je n’en vaux pas la peine… » Lippes pincées, Adalia faisait abstraction des gémissements de l’homme, engourdi et affalé, parcouru de douleurs. Pourtant, la main de l’homme, s’en venait, attraper sa cheville, la serrant : un 'aide-moi' supplié, lui était adressé. Elle ne supportait pas ce contact, Adalia, reculant d’un geste brusque ( trop brusque ). Elle percutait la table, les chaises, le souffle trop fort pour être apaisé. Et puis ce regard ? Terrifié, suspendu dans le vide.
La rage l'enveloppe dangereusement, stratus épais et perméable, elle gronde férocement dans son esprit, elle bourdonne et embrase sa charogne d'habitude si calme. Il ondule au milieu des feuillus silencieux, tristes spectateurs de la folie humaine si rapidement attisée. Ses prunelles scrutent attentivement le chien galeux dressé devant lui, quelques secondes à peine, et finalement, la bête se déchaîne. Des coups de phalanges savamment placés pour abimer, déchiqueter, détruire l'objet de sa colère. Il se laisse glisser, galvanisé par la haine comme une mer destructrice qui engloutit et noie les âmes égarées. Il est perdu, mais il ne le voit pas encore, Cesario, aveuglé par l'envie irrépressible de voir trépasser l'homme qu'il tenait fermement entre ses griffes meurtrières. Il se sent arraché à sa prise d'une poigne ferme et le contact, chaleureux, force ses pupilles à glisser sur le délicieux visage de son amie. Il reste muet, le corps parcouru de spasmes incontrôlables, résidus de fureur insatiable qui lui courent les artères en mal de violence. Ses éclats de voix résonnent en échos à peine perceptibles, une triste mélodie qui lui déchire le palpitant. L'hémorragie est incontrôlable, les sentiments se déversent dans sa carcasse creuse et s'entremêlent. Il tangue dangereusement, le souffle court, il recule de quelques pas, observe son œuvre macabre qui gît là, sur le sol moucheté de sang. Les gémissements pitoyables qui s'échappent de cette carcasse rampante lui donnent la nausée. Il aimerait l'achever, abréger ses souffrances et sa minable existence tant le simple fait de le savoir grouillant sur terre le répugne. La semelle s'écrase sur le bras implorant du déchet ambulant. « Lâche la putain ! » Qu'il laisse échapper en un écho assourdissant venu tirer les hommes et les femmes de leur délicieux sommeil. Il recule de quelques pas, s'éloigne d'un, deux, trois mètres, le minois tordu par la douleur naissante d'os abîmés qui lui pique les phalanges. Il lève les prunelles sur la belle éreintée, la grimace aux lippes « Arrête » Cru, rude, sec, sans âme, un simple mot enveloppé d'une violence perceptible « Arrête de dire que t'en vaux pas la peine putain » Il inspire, les pupilles qui s'échappent, glissent sur les géants silencieux dressés autour d'eux comme de curieux spectateurs, il ferme les yeux et, finalement, souffle difficilement « Je crois que j'devrais rentrer chez moi » Il reste un instant, les prunelles vacillante sur son amie à contempler les ravages d'une violence inattendue avant de se retourner rapidement, le pas chancelant, en direction du foyer temporaire.
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(#)Re: (tw) sol d'étoiles; cesalia #2 Mer 11 Aoû - 14:40
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sol d'étoiles
( tw : mention d'agression sexuelle, violence. )
La bulle et l’instinct presque onirique n’était plus. Tout était devenu sombre, à l’image de leur nuit. Elle en avait oublié les sentiments, l’ayant parcouru, tandis qu’il gravissait les petites marches, Cesario, tendant les bras pour accueillir, en son sein, la charogne de la belle. Son rire ne berçait plus son cœur, ne faisait plus vaciller les étoiles amourachées de lui. La surprise virait au cauchemar, à un règlement funeste de compte, qu’elle ne pensait pas mériter. Non, la vision brouillée de larmes, elle eut besoin de temps pour franchir le seuil de la porte, mettant ainsi un pied dans le repère de l’infâme - celui ayant marqué à vif, au fer rouge, d’une empreinte indélébile, son âme amochée. Le visage de Cesario ne lui échappait pas : chaque détail lui glaçait le sang, suffisait à l’effrayer un peu plus, que cette violence cruelle. Elle ne comprenait pas que l’on puisse prendre sa défense, faire du mal pour la venger et tenir si fort à elle, que l’on ne pouvait pas se retenir d’en venir aux mains, dans l’espoir que l’innocence ne soit plus aussi entachée. Non, jusqu’à présent, personne n’avait prit sa défense. L’on avait fait que la blâmer, l’enfoncer et la briser un peu plus, alors forcément qu’elle pensait, Adalia, ne pas valoir le coup, la peine de ça. Cette pluie diluvienne de coups. Cette scène, se déroulant sous ses prunelles, ne faisait pas sens dans sa tête, entraînant Adalia à reculer et à regarder Cesario, un air incompréhensif fixé à ses traits. C’en était trop. Il n’arrêtait pas de lui glacer le sang, le brun, en partant, presque comme une furie et elle le suivait, Adalia, de proche, cette fois-ci. Le pas pressé, accéléré. Arrivant à sa hauteur, elle tirait brusquement son bras, pour qu’il s’arrête et attirer son attention, comme elle le pouvait. « Alors, c’est ça l’histoire ? Tu es énervé et c’est moi que t’envoie chier ? » Elle lui criait presque dessus, la belle - l’appel du cœur. « Pourquoi, hein ? Pourquoi ? Pourquoi tu prends ma défense ? Pourquoi tu me protèges ? » Il fallait dire qu’elle n’était pas habituée et que ce simple fait suffisait à la déstabiliser pour de bon, l’enfant. « Qu’est-ce que j’ai fait pour mériter ça ? » Sa voix déchirait le ciel et les étoiles, elles, préféraient s’incliner, plutôt que d’assister à une telle scène déchirante. Elle ne pleurait pas, Adalia : il y avait seulement ses joues humides et son regard intense, qui ne comprenait pas. Le reflet d’un enfant qui n’avait connu que la violence, rien d’autre. Dis-moi pourquoi moi.