shape of you • w/ charlie

[ shape of you ]

La fête battait son plein dans le Snug Harbor et les deux équipes réunies pour une soirée de détente avaient bien raison de souffler un peu. Luanna avait terminé son service tard ce soir. Mais un profiler ne dormait jamais, surtout quand on chassait les méchants. Le chef d’équipe n’était pas resté bien longtemps, il était simplement passé en coup de vent au début avant de s’éclipser pour rentrer chez lui. Si Jules et Odelia étaient là au début, elles avaient fini elles aussi par rentrer, exténuées. Il ne restait plus que les garçons, qui discutaient avec des membres de la caserne des pompiers. Pendant un instant, Luanna chercha du regard le chef de la caserne mais elle se doutait qu’il était lui aussi rentré. Elle aurait aimé le remercier pour son courage aujourd’hui, comme tous les autres pompiers qui étaient intervenus sur les lieux de l’incendie. Depuis le début de la soirée, elle sentait son téléphone vibrer de temps à autre dans sa poche. Consciente qu’il s’agissait de son mec qui devait s’inquiéter d’où est-ce qu’elle était, elle essayait d’ignorer tant bien que mal les vibrations. Mais elle le savait : quand elle rentrerait ce soir, il ferait la gueule. Parce qu’elle était sortie sans lui, qu’elle l’avait prévenu à la dernière minute, qu’elle ne lui avait pas dit où elle était. Elle savait qu’il jouait les protecteurs, mais Luanna était une femme indépendante. Elle avait besoin d’espace. Et parfois, son mec retombait dans ses travers, ne la laissant pas vivre en paix.
Alors qu’elle poussait un profond soupir d’agacement, elle ferma les yeux un instant avant de se concentrer à nouveau sur la soirée. L’un de ses collègues lui demanda si ça allait et elle répondit avec un joli sourire que tout allait très bien, même si au fond, elle rêvait de pouvoir complètement s’échapper de ce monde, rien qu’un soir, rien qu’une fois. Elle suivit ses coéquipiers lorsqu’ils proposèrent de boire cul-sec le fond de verre qu’il leur restait à tous et Luanna ne se fit pas prier : elle but la gorgée en grimaçant, espérant pouvoir oublier. Seulement, il y avait un léger détail qui lui échappait : elle allait devoir rentrer à moto. Mais actuellement, elle n’y faisait pas attention. Elle échangeait quelques paroles sur le travail avec une jeune pompière du nom de Charlie et parfois, quand elle discutait, elle se surprenait à la regarder du coin de l'œil. C’était bien la première fois qu’une telle chose lui arrivait. Mais cela faisait aussi très longtemps qu’elle n’était pas sortie, qu’elle ne s’était pas autant détendue. Toujours très raisonnable, très responsable, aujourd’hui, Luanna se lâchait. Elle se mettait à danser sans qu’on l’y invite sur un air musical du bar, elle rigolait avec Charlie, se perdait dans ses yeux océan sous l’effet de l’alcool. Et plus la soirée s’avançait, plus elle se sentait complètement libre. Finalement, après quelques verres, les deux équipes estimèrent qu’il était temps de rentrer. Ils quittèrent le bar et tandis que chacun rentrait de son côté, Luanna regardait son casque avait dépit : elle savait qu’elle ne pouvait pas conduire dans cet état. Ce serait complètement irresponsable. Alors elle se tourna vers Charlie dont la tête brune était encore dans les parages et souffla : « Je crois que j’vais pas … p’voir prendre la moto. Ça me paraît risqué, t’crois pas ? » Elle tanguait un peu, le monde tournait légèrement autour d’elle. Les lumières de feux rouges étaient éblouissantes, le monde lui semblait plus flou que d’habitude. Elle se frotta les yeux en pensant qu’ils lui jouaient un mauvais tour mais il fallait se rendre à l’évidence, Luanna n’était pas en état de conduire.

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@Luanna Diaz

( juillet 2021 ) Comme d’habitude, tu réponds toujours présente pour une soirée, surtout avec des collègues. Ça te permet de te détendre, de laisser sortir le trop gros de stress et passer un bon moment alors pourquoi y résister. Ton regard est parfois mené sur téléphone ton téléphone, comme par réflexe, comme si ta conscience essayait de te rappeler que tu travaillais quand même le lendemain et que le réveil ne serait que trop brutal pour ton propre bien. Ça ne fonctionne pas vraiment, parce que tu te laisses porter par le moment et reprend un verre lorsqu’il t’est offert. T’as jamais été du genre à te poser plus de questions de ça, surtout pas en bonne compagnie. Et c’est bien le cas, parce qu’au-delà des collègues, il y a aussi des membres du FBI avec qui vous avez travaillé sur une affaire d’incendie criminel. Alors pourquoi tu permettrais à ta conscience de faire les rabats-joies et gâcher le bon moment ? Tu ne le fais pas, pas du tout. Ça te pousse sans doute à prendre un verre (ou deux) de trop, avec au moins la certitude que tu peux rentrer tranquillement à pied.

L’alcool en trop n’est certainement pas la seule mauvaise décision que tu te permets. Il y a aussi ton regard qui s’aventure un peu trop sur une profiler. T’as envie de poser des questions, de tâter le terrain pour voir si elle pourrait être intéressée, mais tu te contentes de rester dans le moment. Ce serait pas professionnel après tout. Une réflexion qui t’empêche certainement de lui adresser de beaux sourires au cours de la soirée.
Tout comme tu ne te retiens pas de venir te poster près d’elle à la fin de la soirée, lorsque tout le monde se prépare à rentrer. Tu salues tes collègues qui embarquent dans des taxis, leur faisant promettre de t'envoyer un message lorsqu’ils seraient rentrés. Est-ce que tu ferais de même ? Peut-être, si t’y penses, mais tu passes déjà à autre chose. Ton regard revient vers Luanna qui t’adresse la parole. Un nouveau sourire se dessine sur tes lèvres, naturellement alors que tu te rapproches d’un pas. « Effectivement, sauf si tu veux un accident. » Parce que tu sais que tu voudrais pas conduire dans ton état et t’as l’impression d’être un peu plus stable sur tes pieds qu’elle - même si ce n’est que très légèrement. Tu marques un nouveau pas dans sa direction alors que ta main vient se poser sur son dos avec la (fausse) excuse de lui offrir un peu de support. « Si tu veux, j’habite près d’ici et j’ai un canapé très confortable. » Un argument de vente de qualité, mais pour ta défense, t’as pas non plus ta pleine tête, l’esprit un peu trop embrumé par les verres de trop. Tu ne bouges pas pour autant, préférant ajouter, comme si c’était clairement la seule chose qui manquait à ta proposition : « Ce sera plus prudent que prendre ta moto. » Comme s’il n’y avait pas d’autres options, comme si elle ne pouvait pas prendre un taxi pour rentrer. Oh, sans doute es-tu consciente de cette option, mais t’as pas envie de la proposer.

Tu finis par te reculer, regarder les rues pour au moins être certaine de prendre la bonne direction. « Puis on peut ramener ta moto comme ça t’es tranquille. » Une raison de plus de rentrer avec toi en quelque sorte. Enfin, ça et le beau sourire que tu lui offres. T’as pas envie que votre soirée s’arrête maintenant. Tu préfères apprendre à la connaitre, de découvrir ce que t’as pu (ou oser) poser comme question. Et quoi de mieux pour ça qu’un tête à tête chez toi ? Tu ne vois pas. Il faut simplement qu’elle accepte.

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