sometimes, fate gets involved (clark)

- sometimes, fate gets involved. (@Clark Thompson)
Carton d'invitation que tu tritures dans tes mains depuis maintenant plusieurs minutes. Le pauvre, il commence sérieusement à souffrir de torture. Mais tu ne peux t'en empêcher. C'est ce soir Charlize. Cette soirée qui t'a bouffé l'esprit depuis qu'on t'a proposé de venir. Elise, une ancienne amie de promo va se fiancer. Et pour fêter cette magnifique annonce -attention, tu vas vomir- elle n'a rien trouvé de mieux que d'organiser une grande réception. Et tu sais que tout le monde sera là. Enfin, tout le monde. Tu t'avances peut être un peu trop à ce sujet.
T'as pas vraiment donné de réponse. Un coup oui, un coup non. La plus grande indécision de ta vie, à l'heure actuelle. Digne d'une pièce de théâtre. T'as envie de les revoir. De passer, pourquoi pas, un bon moment. Après tout, vous étiez très soudés à l'époque. Encore aujourd'hui, par moment, vous prenez des nouvelles, vous allez boire un verre. Certes, la régularité de vos retrouvailles se fait de plus en plus espacée, mais la vie avance, continue. Et chacun mène son petit bout de chemin. Sauf que d'un coté, un déchirement t'accapare une grande place. Fiançailles. Ca t'ramène à des années en arrière. Avec Clark. Tu n'sais pas si t'es prête à vivre un moment que tu aurais pu connaitre. Surtout depuis la mort de ta grande sœur Lily. T'es à fleur de peau. Un rien t'énerve, un rien te fou en rogne jusqu'au point d'en avoir la gorge serrée et l'estomac retourné. Tu t'sens parfois fragile, trop sensible. Clairement pas comme une femme de trente cinq ans. Tu redeviens cette gamine. Celle qui a peur, qui est effrayée par ce monde beaucoup trop grand, sombre...

SMS reçu. Elise. Encore. Elle n'a pas arrêté de te harceler. Dès son réveil, t'as eu la chance d'être sollicité pour sa tenue, savoir comment disposer la salle louée. Et surtout, LA réponse définitive. Durant vos échanges, vos conversations, t'as pas eu le courage de demander si Clark avait été invité. Après tout, il est parti de la Nouvelle Orléans. Mais tu n'peux pas t'arrêter à ça. Tu te dois d'y aller. Lui montrer que t'es heureuse pour elle. Tant pis, la bouteille -ou les- de vin deviendra ta meilleure amie l'espace de la soirée. C'est pas comme si t'avais pas pris l'habitude. Tu te dépêches de te préparer, enfilant une tenue classe afin de représenter le thème de ce soir "fiançailles, joie, amour, bonheur" -et dépression pour toi-. Rien qu'à l'idée, ton estomac se retourne et t'es prise de nausées. Une grimace que ton visage accueille avec plaisir, mais t'essaies de retrouver le contrôle de ton corps. Tu dois pas lâcher. Pas maintenant. C'est l'heure de commander un taxi. La gueule de bois -ou Alzheimer- sera au rendez-vous.

Adresse donnée, te voilà devant la devanture. Tu peux encore faire marche arrière. Personne ne t'a...« Chacha ! »...et bien si. Dos tourné, tu fermes les yeux, réfléchis quelques secondes, prête à faire le sprint de ta vie. Même avec des talons et le risque de te fouler une cheville. Mais tu te retournes, plaquant un grand sourire sur ton minois maquillé. « Elise ! Bon sang, ça fait un baille au final. » elle s'approche de toi et tu sens déjà ton espace vital/intime réduire. Les alarmes se mettent au rouge à l'intérieur de ton corps, de ton esprit. C'est la guerre interne, et tu tentes de la remporter. « Y a déjà du monde ? Viens on rentre, il fait pas vraiment chaud. » après votre accolade où t'as eu l'impression qu'elle allait durer une heure, tu lui attrapes doucement le bras pour entrer dans le bâtiment. Et tu bloques. Tes yeux ne cessent de tourner dans tous les sens. Tu n'as pas les mots. C'est...« Bordel de merde, c'est magnifique Elise. » langage digne d'une princesse. Pour la délicatesse on repassera. Tu continues d'avancer, sentant, au fond de toi, un sentiment que tu n'avais pas ressenti depuis un moment. Comme si, enfin, tu n'allais pas faire semblant d'être bien et devoir forcer tes sourires.