A nos souvenir manqués - Siobhan

@Siobhan Caldwell - Le passé qui ressurgit, des décennies d’amitié, s’être perdus de vu pour se retrouver quasiment au même endroit de nouveau. Rencontre hasardeuse, prendre des nouvelles banal, mais le regard ne trahit pas, le sourire est présent et je retourne des années en arrière quand je l’écoute parler. Des jours à réfléchir et je lance finalement l’invitation, un diner, une soirée elle et moi à oublier notre vie actuelle et se replonger dans le temps ou juste poursuivre notre relation comme si de rien était, faire évoluer notre amitié et de nouveau passer des heures à se parler de tout et de rien sans voir le temps passé, cette fois pas de contrainte, pas d’amis sur le dos pour nous surveiller nous étions libres de nous montrer comme bon nous semble. Réponse positive et je lui propose une date, une heure et un endroit. Jean et chemise noire, décontracté, l’éternelle veste en cuir, même si cette dernière n’est évidemment pas la même que dans le temps, le style reste semblable juste un peu plus travaillé qu’à l’époque, l’homme a changé quelque peu vestige du temps, si elle me ramène des photos de l’époque je vais mal le vivre je crois. Bon, ce qui compte c’est que je reste jeune dans ma tête, je me console comme je peux. Doigts qui glissent sur la porshe carrera avant de grimper à l’intérieur, me rendre sur les lieux du rendez-vous et l’attendre juste devant le restaurant, cigarette glissée entres les lèvres, oui ça va être une bonne soirée.

Rouge qui s’étalait sur ses lèvres pulpeuses, chignon soigné qui donnait une élégance non feinte à la femme qui n’avait plus vingt ans. L’adolescente avait laissé place à cette femme distinguée, celle qui en imposait. Mais ce soir, elle n’était pas la femme d’affaire, ni la designer, elle n’était autre que Siobhan. Maintenant mère de deux enfants, épouse, des choses qu’elle n’était pas à l’époque où son regard s’était posé sur ce musicien. Jeune écervelée, elle avait été charmée par ce charisme, cette prestance sur scène, ce regard sombre sur cette peau dorée. Jeune fille tombée sous le charme d’un musicien, un brin trop rebelle pour qui elle était. Les Walters, famille qui en imposait pour leur statue d’entreprise dominante. Et cette fuite qu’elle trouvait à se perdre dans les concerts de ce groupe, délinquance alléchante pour la jeune femme qui cherchait à vivre simplement, laissant derrière les concours de beauté pour être elle-même. Celle qui ne pleurait jamais pour un ongle coincé, qui jouait de l’harmonica sous le porche de sa maison devant le soleil couchant. Ce soir, elle retrouvait un peu de cette effervescence rebelle, alors qu’elle chaussait des petits bottillons en suédine. Robe cocktail qui retombait à peine plus haut que ses genoux, couverte de strass dorés. Déesse de feu qui glissait sur ses épaules un petit blouson en denim. Arrivant à l’heure, elle se stationnait non loin du point de rendez-vous. Profitant du temps frais pour sentir la caresse du vent sur ses joues, mordant avec douceur sa peau qui se teintait d’une couleur rose. Siobhan ne savait pas trop pourquoi elle avait accepté cette invitation, mais elle l’avait fait. Un passé qui refaisait surface sans prévenir, tant à raconter et sans doute encore plus à en apprendre sur ce qu’il était devenu ce premier crush. Aurait-elle une volée de papillon en l’apercevant ? Elle le saurait bientôt… Quelques pas encore et elle remarqua un homme attendant à l’extérieur, cigarette au bec, et une dégaine qui n’avait pas changé après plus de vingt ans. « Atila ? » soufflait-elle en arrivant près de l’homme. Incertaine et surtout ne souhaitant pas se ridiculiser devant un inconnu, elle attendit.