• rp d'intégration // Brahms & Lily

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Ça se produit en une poignée de secondes. Un instant, le jeune homme se promène dans cette rue déserte, si ce ne sont des occasionnelles voitures qui passent à toute allure, le nez rivé sur ses pieds, histoire de s’assurer qu’aucune de ses semelles n’effleure l’une des lignes du trottoir craquelé, car il paraît que ça porte malheur. Et puis, l’instant suivant, les nuages jusque-là paisibles se fâchent et déversent leurs eaux déchaînées sur la Nouvelle-Orléans. De ses mains soulevées au-dessus de sa tête, Brahms se protège tant bien que mal de la pluie diluvienne, mais il y a fort à parier qu’il sera trempé de la tête aux pieds avant qu’il ne puisse rentrer chez lui. Sa mère, si elle le voyait à ce moment, le réprimanderait de ne pas avoir apporté un parapluie avec lui, mais comment pouvait-il savoir qu’une averse lui tomberait dessus, littéralement? Ce n’est pas son genre que de consulter les prévisions météorologiques. Par une chance inouïe, il aperçoit un auvent de l’autre côté de la rue et sans regarder avant de traverser — ce qui lui vaut un coup de klaxon enragé de la part d’un‧e conducteur‧trice —, il rejoint cet abri inespéré d’un pas hâtif. Il pousse un soupir en sentant ses vêtements humides lui coller à la peau et secoue sa tignasse de l’eau accumulée, comme un vulgaire cabot. Ce n’est qu’à ce moment qu’il remarque la présence d’une autre personne sous son refuge de fortune. « Oh, bonjour. Vous allez bien? » demande-t-il par pur habitude avant de grimacer, conscient de la stupidité de la question. « Hum, je suppose que non, vu ce déluge. Pardon. Vous voulez un chewing-gum pour vous remonter le moral? » Il en sort un paquet tout neuf de sa poche non sans une certaine fierté, comme s’il s’agissait d’un véritable trésor. Brahms, ça lui fait toujours plaisir de partager ses bonbons.

ange morose

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Brahms, il n’a jamais fait partie de ces enfants qui aimaient jouer sous la pluie, n’en a jamais compris l’intérêt non plus. Comme un problème mathématique qu’on a beau retourner de tous les côtés et analyser sous tous les angles, on sait d’avance qu’on ne le résoudra jamais de soi-même. Son aversion pour la pluie, sa mère la voyait comme un signe de maturité de sa part — concept flou s’il en est, la maturité — et lui, ça lui faisait plaisir de lui faire plaisir sans avoir à lever le petit doigt. Mais surtout, ça lui semblait faire partie de l’ordre naturel des choses. Pourquoi aimer être trempé‧e de la tête aux pieds? À l’âge adulte, ça n’a pas changé, même si bien sûr, ça lui arrive de temps en temps par pure malchance. Comme maintenant.

Il observe ses bottes, à cette jeune femme qui s’est elle aussi réfugiée sous l’auvent. Elle affirme que ce sont ses plus belles bottes, mais en toute honnêteté, il les trouve assez banales. Mais il ne veut pas la blesser et risquer de ruiner encore plus sa journée, d’autant plus que la mode vestimentaire demeure un sujet obscur pour lui. Alors il se contente de hocher la tête avec un sourire qui se veut gentil. Il est comme ça, Brahms. Il veut faire plaisir aux gens, de sa mère à une pure inconnue. C’est aussi pour ça qu’il lui propose un chewing-gum, à cette fille. Et les voilà tous les deux en train de mâcher leur bonbon, en quasi parfaite synchronie. « J’avoue que je n’en sais rien, la pluie, c’est très aléatoire. » Réflexion un peu sotte, maintenant qu’il y pense. Il se gratte la nuque. « Vous avez un rendez-vous quelque part? Chez le coiffeur, peut-être? Enfin, pas que vos cheveux soient moches ou quoi que ce soit, hein. Ils sont très jolis. Comme vos bottes. » Il lâche un rire nerveux. Il n’a jamais été très doué pour socialiser, le pauvre.  

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L’unique point positif de cette averse imprévue, suppose-t-il, est la rencontre de cette fille fort sympathique, qui comme lui mâche son chewing-gum avec entrain. Ils doivent avoir l’air de deux grands enfants, comme ça. Oh, pas que ça le dérange spécialement. Il a l’habitude qu’on le prenne de haut à cause de sa personnalité quelque peu immature et ingénue. Est-ce que cette fille le prend de haut? Difficile à dire. Difficile aussi de s’en faire une idée, de cette pure inconnue. Elle semble bien aimer ses cheveux, en tout cas. Ses bottes et ses cheveux. Il n’y a rien de mal à ça. Et puis, il n’aime pas mépriser les gens pour ce qu’iels aiment ou non, ce n’est pas très gentil. Voilà pourquoi il se contente de hocher la tête quand elle lui confie quand elle avait rendez-vous avec son canapé ce soir. Il peut comprendre ça, rien de plus agréable que de relaxer dans sa propre demeure, sans obligations aucunes. Ça fait du bien à l’âme.

Il fronce les sourcils devant l’air étrange flottant sur les traits de la jeune femme. Il a l’impression qu’elle veut lui communiquer quelque chose, mais quoi? Alors il balbutie : « Oh. C’est… dommage? » Il ne sait qu’ajouter de plus. Qu’est-il censé ajouter, de toute façon? Il se sent rassuré lorsqu’il l’entend rire, comme quoi leur bonne entente n’est pas perdue. Même que son ton devient un peu plus familier, comme s’ils étaient les meilleurs amis du monde. Ça lui plaît bien, à Brahms. Il ne croit pas avoir déjà été le meilleur ami de qui que ce soit. « Je m’appelle Brahms. Et non, je ne faisais que me promener sans but dans le quartier. » Il se penche vers elle pour lui susurrer à l’oreille, d’un air conspirateur : « À vrai dire, j’étais occupé à ne pas marcher sur les lignes du trottoir, il paraît que ça porte malheur, tu sais? C’est comme briser un miroir, ça donne treize ans de malheur. Ou sept ans de malheur? Je ne me souviens plus. » Il hausse les épaules. « Il faudra que je redemande à mon oncle, c’est lui qui m’a dit de faire attention aux lignes du trottoir. Tu y crois, toi? » Il emprunte la même familiarité que Lily, sans trop réfléchir. Comme une évidence.

ange morose

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Il sourit avec un air idiot collé sur le visage, Brahms, devant le compliment sur son prénom. Ce n’est pas tous les jours que quelqu’un se montre si gentil avec lui. D’habitude, on préfère se moquer de lui, même si on lui assure qu’on veut juste plaisanter. Mais le jeune homme n’est pas dupe, il sent que quelque chose, peut-être à cause de ces sourires fourbes qui accompagnent toujours ces fameuses blagues, si tant est qu’on puisse les appeler ainsi. Enfin, qu’importe. Il ne sent pas que cette Lily lui veuille le moindre mal. Il hoche la tête, il demandera à son oncle ce soir si sa mémoire si défaillante veut bien coopérer. Il esquisse un sourire. « De la chance dans ta malchance, alors. Et oui, bien sûr que j’y crois, puisque c’est mon oncle qui me l’a dit. » Mais il ne veut pas lancer un débat sur les lignes du trottoir avec cette jeune femme, alors il n’ajoute rien. Le vent qui se mêle au déluge s’infiltre dans leur abri de fortune, la symphonie des éléments par-dessus leur silence.

Il enfouit ses mains froides à l’intérieur des poches de son manteau, prenant son mal en patience. Sa nouvelle amie, toutefois, semble avoir une autre idée en tête. « Peut-être, mais je ne crois pas qu’on puisse entrer ici comme on veut. » Il fronce les sourcils, il ne voit vraiment pas comment ils pourraient trouver refuge dans ce hall qui, il faut l’admettre, l’attire par son aspect cosy et chaleureux. Encore une fois, Lily semble détenir la réponse. Il la suit en silence, comme s’il n’osait pas interrompre son plan. Plan qui a tout de Machiavel lui-même lorsqu’il prend conscience de toute sa portée. Et le pire, c’est que ça fonctionne! La bouche ouverte, il la dévisage, admiratif malgré lui de son audace. « Mais c’est… » Il n’achève pas sa phrase, se contente simplement de s’esclaffer avant de traverser la porte à son tour. Dans le hall, personne. Des fauteuils et tables basses occupent l’espace désert. Une machine à café repose au fond. Brahms se mord la lèvre inférieure. « Et si quelqu’un se rend compte qu’on ne vit pas ici? Un agent de sécurité, par exemple? Ou alors, peut-être qu’il y a des caméras qui viennent de tout enregistrer? » Mais rien à faire maintenant leur méfait accompli.

Brahms avise la machine à café. « Tu veux un café? Mon oncle m’a appris à en préparer, » claironne-t-il d’un ton où se glisse une certaine fierté. Les banalités réjouissent Brahms, il lui en faut peu pour être heureux. À ce propos, il ne peut pas se plaindre de la chaleur que dégage la vaste pièce, malgré ses vêtements encore humides. Il se concentre sur la cafetière et lorsque l’arôme si réconfortant de la boisson se répand dans l’air ambiant, un sourire naît sur son visage. Il remplit un gobelet en carton, qu’il tend en direction de Lily… avant de l’échapper sur son haut par pure maladresse. « Oh non, je suis tellement désolé, je ne voulais pas… » Il s’interrompt, agrippe une bonne dizaine de serviettes en papier à la disposition des habitant‧e‧s de l’immeuble. « Tiens, prends ça. Je suis encore une fois désolé, je suis vraiment bête. J’espère que je ne t’ai pas brûlée par mégarde? Je m’en voudrais pour le reste de mes jours. » Et il ne prononce pas ces paroles à la légère, ce serait bien son genre de regretter ce stupide accident sur son lit de mort.

Spoiler:

ange morose

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Il ne comprend pas comment elle peut agir de manière si désinvolte, cette Lily. Il l’observe d’un œil à la fois ébahi et admiratif tandis qu’elle se déplace avec aisance dans cet espace dans lequel elle n’a techniquement pas le droit de se trouver. Lui non plus d’ailleurs. Sans elle, il serait resté à l’extérieur, sous ce misérable auvent de pacotille, à attendre que la pluie daigne cesser sa comédie. Il aurait attendu longtemps, à n’en pas douter. Le voilà pourtant au chaud, à préparer du café pour cette quasi-inconnue et lui-même. Il se souvient des gestes à effectuer, ce n’est pas si compliqué une fois qu’on a compris le fonctionnement de la machine, même si celle-ci diffère un peu de celle de son oncle. Il s’applique à la tâche, Brahms, les sourcils froncés, la bouche crispée sous la concentration. C’en est à la fois drôle et adorable.

Une fois la boisson prête, il prépare un premier gobelet pour la jeune femme. Hélas, lorsqu’il s’avance vers elle pour la lui donner, il commet une lourde erreur. Sans qu’il ne comprenne comment, sa main dévie de sa trajectoire et le malheureux liquide éclabousse le haut de Lily. Horreur! Les joues cramoisies, il s’empresse de lui présenter excuses et serviettes en papier, mais il serait idiot de se bercer d’illusions : le vêtement sera taché. Au moins, Lily n’a pas été brûlée dans l’accident. Embarrassé, Brahms n’ose plus la regarder dans les yeux… et c’est encore pire quand elle décide d’enlever sa robe. Aussitôt, il se cache les yeux de ses deux mains. « Promis, je n’ai rien vu! Je n’ai rien vu! » répète-t-il comme un disque rayé. Pourtant, elle ne lui a pas demandé de se retourner avant de se dévêtir, comme si cela ne la gênait pas. Ça ne l’étonne pas vraiment, elle ne semble gênée de rien du tout. Pas comme lui.

Lorsqu’il ose jeter un coup d’œil en sa direction, il aperçoit le manteau noué autour de la taille de la brunette. Il balbutie, incertain de ce qu’il devrait dire en de telles circonstances : « Oh, il est joli, ton débardeur. Comme il est noir, ça paraîtra moins si je renverse à nouveau du café sur toi. » Est-ce une bonne idée de la complimenter sur son débardeur? Ça ne peut pas être une mauvaise chose, les gens aiment se faire complimenter, non? Il se gratte la nuque avec la désagréable impression de gaffer quelque part, une fois de plus. Il sourit à la proposition de Lily, heureux du changement de sujet. « Bien sûr, avec plaisir. Je vais te dire quoi faire, mais c’est seulement toi qui toucheras à la cafetière. On ne voudrait pas que l’accident se répète. » Il voulait que sa phrase sonne comme une blague, mais l’air piteux sur son visage gâche quelque peu l’effet désiré. Il se redirige vers la machine, où il explique à son amie la quantité de café à verser dans le filtre selon la quantité désirée.

Bientôt, la machine ronronne et l’odeur familière se répand de nouveau dans la pièce. En attendant que ce soit prêt, Brahms se triture les méninges pour relancer la conversation. Il ne voudrait pas que Lily s’ennuie en sa compagnie. Quand les gens s’ennuient, iels s’en vont et ne reviennent pas. « Rien de tel qu’un bon café pour se remonter le moral pendant une journée pluvieuse, n’est-ce pas? » Mais oui, c’est bien de parler de la météo, pas du tout d’un ennui mortel. Il esquisse un sourire triste. « Désolé, je ne suis pas la personne la plus palpitante à côtoyer. On peut quand même devenir amis? » Une question certes enfantine, mais qui est importante pour quelqu’un dont l’amitié revêt une importance capitale dans sa vie. Il laisse la jeune femme se servir un gobelet en premier avant de l’imiter à son tour en s’efforçant de ne pas en renverser. « Wow, t’as vu ce canapé? Il fait le double du mien. Enfin, celui de mon cousin. » Il prend place sur le canapé en question, qui doit d’ailleurs coûter une petite fortune. « On aurait de la place pour dormir côte à côte, » s’esclaffe-t-il d’un air complètement innocent.

@lily andrews j'voulais faire une réponse courte, mais..... n'hésite pas à faire plus court si tu veux.

ange morose

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C’est avec un sourire qu’il pose son regard de temps en temps sur la jeune femme à ses côtés, rencontrée par un drôle de hasard. Dehors, la pluie continue de déverser sa fureur sur le béton et eux, Brahms et Lily, de se réchauffer bien au sec, dans ce hall inconnu qu’ils ont fait sien, d’une certaine manière. Personne ne leur pose de questions, personne ne les dérange. Il n’y a qu’eux dans la vaste pièce, il n’y a qu’eux qui comptent. Et ça lui convient, à Brahms. Il se sent mieux en petit comité — fut-il formé de deux personnes seulement — que parmi une foule immense aux milles regards.
Il ouvre la bouche pour s’excuser de nouveau pour l’accident de tout à l’heure, mais sa nouvelle amie ne lui en laisse pas l’occasion, poursuit dans sa lancée qui s’achève sur un compliment des plus inattendus. Elle le trouve palpitant. Tels sont ses mots. Il les a bien entendus, ne sont pas un fragment de son imagination, non. Il ne sait pas s’il doit la remercier ou s’il vaut mieux garder le silence. Il finit par pencher vers la seconde option, histoire de ne pas tout gâcher par des propos maladroits, de ceux qui fusent neuf fois sur dix de sa bouche. Il conserve ces mots doux dans un coin de son esprit, qu’il se répétera en boucle quand ça ira mal. Un petit morceau de bonheur dans sa poche, à ressortir au besoin.

« Euh, oui? Oui, oui, je suppose, » balbutie-t-il, pris de court face à sa question. En vérité, il n’en a pas la moindre idée. Il se plaît à la considérer comme une amie, mais ignore si c’est réciproque de sa part ou si elle se paie sa tête. Il remarque quand même qu’elle a évité de répondre à la question. Le doute persiste dans son esprit, même si ça ne l’empêche pas de se diriger en compagnie de Lily vers le canapé géant, son gobelet de café brûlant à la main. Il concentre sur chacun de ses mouvements, essayant de ne pas en renverser comme l’autre fois.

Il prend place sur le canapé, puis avale une première gorgée qui lui fait chaud au cœur. Il aurait préféré un chocolat chaud, mais un café, c’est bon aussi, et puis ça fait plus adulte. Il soupire d’aise, le regard posé vers la pluie qui tombe toujours derrière la baie vitrée. Les gouttes s’y percutent par dizaines, par centaines peut-être. Il ne regrette pas du tout d’être à l’intérieur, en cet instant précis. Et cela, il le doit à sa nouvelle amie. Il se tourne vers elle. À sa grande surprise, elle s’est rapprochée de lui pendant qu’il avait le dos tourné. Pire que ça, elle s’est collée à lui. Comme une ventouse. Brahms fronce les sourcils. Il n’arrive pas à mettre des mots sur ce qu’il ressent, juste que cette soudaine proximité le met un peu mal à l’aise. Et lui donne chaud. Très chaud. Sans doute à cause du café.
« C’est normal, nos vêtements sont humides à cause de l’averse qui nous est tombée dessus. Tu devrais boire ton café, ça te réchauffera. » Un conseil plein de bon sens, mais quelque chose lui dit que ce n’est pas ce que Lily souhaiterait entendre. Il n’est pas doué pour les énigmes, Brahms, ça finit par plus le frustrer qu’autre chose. « La pluie devrait bientôt cesser, bientôt tu pourras rentrer chez toi et prendre une bonne douche chaude. Ou un bain. Tu préfères les douches ou les bains? » La présence de la jeune femme le rend nerveux, sans qu’il ne puisse se l’expliquer. Elle le regarde d’une drôle de manière, c’est très étrange. « Lily, qu’est-ce que tu fais? » finit-il par lui demander de but en blanc, ses yeux écarquillés.

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