don't go away -- Aoden

Trois jours que le silence règne. Isaac lit et relit les messages envoyés, ceux qu’il a reçus, dans l’espoir fou d’en voir un nouveau apparaître lorsqu’il attend le bas de la conversation. Dans un ordre logique, ce serait pourtant à lui de répondre, puisqu’il a laissé le dernier sms d’Aoden en vu. Ses mots n’appelaient pas de réponse de toute façon, Isaac l’a bien compris. Rien de ce qu’il ne pouvait écrire n’aurait été suffisant, et dans l’appartement qui lui semble aujourd’hui si petit, il ne cesse de se demander ce qu’il aurait pu faire autrement. Il n’a pas vu venir cette dispute, pas après les trois mois merveilleux qu’ils ont passés ensemble. Entre voyages, cuisine et peinture pour décorer le manoir, il a eu la sensation pendant l’été d’avoir droit à une relation normale, douce, simple. Le danger ne rôdait plus nulle part, ils pouvaient se contenter d’être eux-mêmes et ce fut un repos un peu trop salvateur. Isaac a oublié ce que c’était. Isaac ne s’est pas souvenu assez tôt de l’inquiétude, de la peur, des non-dits. Il sait, au fond de lui, il comprend pourquoi le silence est d’or, mais ça lui reste en travers de la gorge. Depuis trois jours, il vit avec cette peur de ne plus revoir Aoden. De recevoir un sms, un appel, lui disant que c’est la fin. Ou peut-être se verront-ils tout de même, une ultime fois, pour que Ao lui demande de récupérer toutes ses affaires au manoir. Il retrouvera son appartement Isaac, sa grotte de célibataire effondré. Mais pas avant de s’être battu une dernière fois.

Sans annoncer sa venue à qui que ce soit, il pénètre dans le Masquerade Club, encore tranquille à cette heure-ci. Aucun visiteur, seuls les employés qui se mettent peu à peu à la tâche. On ne soupçonne rien après tout, son visage est connu ici et il peut donc croiser quelqu’un et lui demander où se trouve le patron des lieux. Salle de réunion indiquée, Isaac prend son courage à deux mains. Il sait au fond de lui que c’est une mauvaise idée. Il sait qu’il fait ça pour toutes les mauvaises raisons, et pourtant il pousse les lourdes portes de la salle pour interrompre le conciliabule qui s’y joue. « Aoden Lynch, il faut qu’on parle ! » Tout le monde se tait, Isaac sent ses joues rougir, mais il garde son regard braqué sur la personne de tous ses désirs. Tant pis s’il se fait incendier pour tout ça. « Je t’aime, rien ne me fera changer là-dessus. Je veux vivre avec toi, vieillir avec toi, passer par toutes les étapes de la vie avec toi. Alors je suis là, aujourd’hui, pour te prouver que je suis prêt à tout pour te garder à mes côtés. Veux-tu m’épouser ? » Isaac s’agenouille, sans la moindre bague en main, mais peu importe. Il n’est pas vraiment prêt pour ça, mais c’est le dernier recours auquel il a pensé.

Le retour à la réalité a été une belle descente, pire que quand je désaoule. Je n'avais pas vu venir le mal-être de ma moitié. Et c'est ce qui me mettait mal. Passé de ensemble chaque seconde à je fais des concessions m'a mis une putain de claque. Comment notre vision du couple s'est-elle délitée comme ça ? Moi, je pensais qu'il était ok avec le fait de ne pas tout lui dire. C'est pas que je ne veux pas - enfin si - mais je ne peux pas pour protéger tout le monde. Moins les gens savent, moins ils peuvent mentir quand on les interroge. Quand on ne sait pas, on ne sait pas et ça se ressent durant les interrogatoires. Peut-être que j'aurais dû lui expliquer mais merde on est ensemble depuis des mois, ça me paraissait comme une évidence. Et ça m'a trop buté pour pouvoir l'affronter. En quelques messages, tout notre couple a été remis en cause. Et je le digérais mal. Donc oui, j'ai préféré couper court, aller boire et me shooter que de devoir nous enfoncer dans des messages déplaisants et lui faire mal. Fermer sa gueule, est la meilleure stratégie à mon sens. Sauf pour Evans. Et là, putain de merde, il venait de me couper les burnes en trente secondes. La tête s'est dévissée quand il a débarqué. Le regard surpris, tout le monde pouvait le remarquer. Et ma bouche s'est ouverte bullant comme un poisson. La suite fut .. Interrompre une réunion de rentrée et me demander en mariage devant tout. le. monde. Oh peuchère, le con. - Dégagez que je lance à mes employés. - Et rapidement si vous voulez garder votre job. Pas questions d'avoir du public. Je fixe Isaac, sans voix. Puis verrouille la porte quand il ne reste que nous deux. - Dans d'autres circonstances, j'aurais dit oui. Mais là non. Pas quand ça va pas entre nous. Tu veux pas un enfant pendant qu'on y est ? Je me pince l'arête du nez et pose mon cul sur une des table. - Ca va pas entre nous et je me marie pas dans ces conditions. Je t'aime aussi. Mais je vis pas avec un homme qui fait des concessions. Je préfère largement te rendre ta liberté que tu doives prendre en permanence sur toi. Vraiment Isaac, tu réalises pas la portée de tes mots .. De cette discussion... Je baisse la tête, à la fois effrayé et peiné par l'issue de ce qui peut se passer dans cette pièce.

La demande n’a pas de suite directe, mais c’est sans doute pour le mieux. Isaac aurait aimé avoir cette portée là, pouvoir dire à toutes les personnes présentes de partir et qu’elles obéissent, mais ce n’est pas lui. Dans son propre bar il pourrait sans doute avoir un comportement comme celui-ci, mais dans ces lieux c’est Aoden qui détient tous les pouvoirs, et tandis que tous les employés du Masquerade Club passent à côté de lui, toujours à genoux, Isaac le sent parfaitement bien. Il vient de se dévoiler entièrement, devant des gens dont il ne connaît même pas tous les noms, mais il le referait encore et encore, juste pour la certitude de retrouver son homme. Mais lorsque la réponse vient, négative, il se relève pour ne plus être à terre et regardé de haut. Un sourire triste, qui se veut pourtant amusé lui parvient aux lèvres, et il hausse les épaules comme si tout était normal. « Tu sais bien que si, je veux un enfant. Avec toi. Ça fait partie de toutes les étapes de la vie dont je parlais, que j’espère qu’on connaîtra un jour. » Un jour, oui, il précise. Parce que si le mariage n’est pas pour tout de suite, alors le bébé non plus. Ils ne sont pas prêts pour ça, il n’est pas naïf au point de le croire, mais il voulait faire bouger les choses. Il avait besoin de les faire bouger. Mais s’il avait rêvé de retrouvailles heureuses et rassurantes, il doit bien réaliser qu’ils en sont loin. « Je ne veux pas de ma liberté Aoden, je te veux toi. Pas forcément en mariage, pas non plus en père de famille. Enfin ça tu l’es déjà d’ailleurs, mais c’est pas le sujet. C’est normal de faire des concessions, tout le monde en fait, à longueur de temps. Tu en fais pour moi aussi. Tu te drogues moins, et jamais devant moi. Tu vas me dire que c’est du respect, que ça te gêne pas, mais ça n’empêche que c’est une concession que tu fais pour moi. Parce que tu m’aimes. Laisse-moi en faire pour toi. » Sur son visage, il garde un léger sourire, pour essayer d’attendrir Aoden, tout en sachant que ce n’est pas ainsi que ça fonctionne généralement. « Tu me connais. Même si tu étais bibliothécaire, ou un autre métier paisible comme ça, je trouverais le moyen de m’inquiéter pour toi. C’est ma manière d’être et ma façon d’aimer. » A nouveau il hausse les épaules, avant d’avancer un peu vers lui et de tendre la main, pour effleurer de ses doigts la peau de son avant-bras.

Je l'écoute parler, roule des yeux pour les gosses ; à Noel, on va m'en déposer un aux pieds du sapin, je vais pleurer. La tête ne fait que des non. Son discours m'irrite. Je me mords la langue pour ne pas hurler. Ca me convient pas. Les mains jointes, prêt à exploser. Je me concentre sur ma respiration. - Je veux pas que tu m'aimes comme ça. Les bras retombent comme si j'avais le pouvoir de mieux m'exprimer. Le contact se fait et je me fais violence pour ne pas le repousser. Je ne veux pas qu'il vive encore plus la situation. Mais ce male est ma kryptonite, une fois touché, c'est le début de la fin. Tenir mes positions. - Je veux dire .. S'inquiéter, c'est normal. Et même moi, j'ai peur pour toi dans le bar.. Mais je te l'ai dit, les concessions, c'est à connotation négative avec moi. Ca peut paraitre bête pour toi. Mais j'en fais pas de concessions avec toi. Jamais. Je prends des choix parce que je le veux. Parce que je veux être meilleur pour toi. Mais si j'ai pas envie, je le fais pas. C'est pas une concession de moins me droguer, c'est une decision pour moi et pour toi. C'est ça qui ne me va .. Pour moi, concéder quelque chose, c'est perdre un bénéfice.. Je veux pas de ce genre de relation avec toi .. On est censé s'éléver mutuellement.. Où faire des concessions, c'est y parvenir ? Ce n'est pas parce que tout le monde en fait, que tu dois en faire .. J'ai une gueule de tout le monde ? Si un truc te fait chier, tu le fais, tu le dis et on s'arrange. Y'a une impasse bah qu'il y soit et on trouvera bien une solution. Et c'est la même avec un compromis.. C'est perdre un desirata.. Ca ne me convient pas non plus. Compte pas sur moi pour être dans ce système. Je t'aime sans filtre, sans retenu, sans compromis, sans compression. C'est comme respirer, tout comme tous les choix que je fais. Si tu t'écrases parce que tout le monde le fait, c'est pas une relation equilibrée pour moi et c'est malsain. Si je veux mener des négociations, j'ai des tas d'ennemis pour.

La phrase qui tombe déchire le cœur d’Isaac, il en perd son sourire et une poignée de l’espoir qu’il gardait chaudement en lui. Il revoit sous ses paupières les mots affichés sur son écran, ceux d’Aoden disant qu’il ne savait plus s’il voulait être avec lui. Dans un souffle il s’avance tout de même, instaure un minuscule contact, peut-être pour se rassurer lui-même que son amour tient toujours assis devant lui. Il écoute, lutte pour ne pas montrer que les larmes menacent ses orbes. Il ne veut pas être faible, pas aujourd’hui, pas maintenant. Dans tous leurs malentendus, il y a une part de ridicule qui lui donne presque envie de s’esclaffer et de lever les bras au ciel en criant qu’ils s’engueulent pour rien. Parce que c’est le cas, parce que ce ne sont que des mots pour lui et qu’il ne voyait pas les choses ainsi. Ils n’ont pas lu le même dictionnaire étant plus jeunes, voilà tout. Mais il reste calme, comme à son habitude. Isaac démontre sa patience, mais lorsqu’il reprend la parole, il avance encore, pour pouvoir réellement entourer sa main autour du poignet d’Aoden. « C’est une histoire de vocabulaire, rien que ça. Quand je parlais de concession et de compromis, ce n’était pas négatif, pas pour moi. C’était la normalité, quelque chose que tout le monde fait. Mais si tu préfères qu’on parle de choix alors c’est la même chose. Je choisis de t’aimer. Je choisis d'être avec toi et je choisis d’avoir peur pour toi. Je choisis également de te laisser partir chaque matin en t’embrassant et en priant intérieurement pour que tu ailles bien. Je choisis de ne pas te parler de toutes mes peurs, pour ne pas te distraire des tâches que tu as à accomplir. » Et elle est là l’erreur, il en a bien conscience. Ce n’est peut-être pas juste de garder pour lui tout ce qu’il a sur le cœur, mais il se persuade que c’est là la meilleure chose à faire. « C’est quelque chose que je peux changer si tu le veux, si ça te rassure mieux comme ça. J’ai peur d’être collant, d’être étouffant, de trop manquer de confiance en moi et de t’éloigner par un comportement nocif. Putain Ao, tu réalises pas à quel point j’ai peur que tu n’aies plus envie de moi un jour. Et je sais que c’est pathétique, je l’entends quand je le dis. Je pensais pas être comme ça un jour, je pensais pas être aussi addict. » Ce n’est pas un mot qu’il utilise à la légère. Deux syllabes qui résonnent contre sa langue dans un mouvement cruel et douloureux, mais elle est là sa réalité. Aoden est une douceur dont il ne veut jamais se passer.

Ca me fait rouler des yeux putain.. V'là qu'il va me parler de sémantique. Ca me fait serrer les gencives. - Babe ce n'est pas rien pour moi. Je t'assure.. C'est pas que du vocabulaire. Ce sont des traumatismes qui remontent. Mais j'avais pas envie de faire du larmoyant. Ce sont des nuits à faire la pute, à devoir dire ok pour ça mais on lâche ça. Accepter la moins pire des deux options. Des concessions pour subir. Supplier pour une dose, perdre mon humanité pour le plaisir sanglant des autres. Je hais ces mots. Concession. Compromis. Il vient de remonter toute cette bavarde histoire de prostitution. Mais non, je ne peux pas lui dire quoi que ce soit. Je veux pas qu'il ait pitié de moi. - J'écoute ce que tu dis mais j'entends pas dans la bonne mélodie je crois. Etre addict c'est mal, tu en es conscient ou pas ? Je quitte ma place, pour attraper sa tête entre mes mains. - Je suis dingue de toi Evans. T'es ce qu'il y a de plus beau avec mes enfants et les suivants dans ma Vie. Je te demande pas d'être un roc. Je te demande pas de prendre sur toi. Parle moi putain, p.a.r.l.e.m.o.i. On vient de passer des mois incroyables. Et d'un coup, tu me chies de la sémantique. Mes mains le relâchent, me reculant d'un pas. - Je sais que tu as peur. Je suis chef de gang, n'ayons pas peur de mots. Oui, je peux crever à tout moment. Et c'est la raison même, de pas .. faire une once concession. Tu veux un bebe et un mariage .. Mais t'es pas capable de me dire ce qu'il se passe dans ta tête .. Quand tu vas passer des nuits de merde parce que tu vas avoir un mini Ao qui chouine sans arrêt.. tu vas faire quoi prendre sur toi parce que papa torture du monde pour payer ses couches .. C'est ça la Vie que tu veux ? Ce n'est pas parce que je suis secret défense sur des sujets que tu dois te taire. Je veux rien t'imposer Evans .. Tu veux pas l'ouvrir, ne l'ouvre pas. Mais de là à exploser en plein vol, je veux pas .. Un jour, où tu vas te crasher et c'est moi qui vais te perdre. Je veux pas revivre Decembre babe

Les mâchoires se serrent, Isaac le voit bien. Il ne comprend pas d’où vient ce problème, tout ce qui réside derrière les mots qu’il utilise, mais il voit que ce n’est pas un jeu. Ce n’est pas un sujet sur lequel une blague servira de pirouette et un baiser fera tout oublier. Ils vont devoir en parler de tout cela, se confier sur des choses qui n’ont pas forcément envie de sortir. « D’accord, très bien. Ce ne sont pas que des mots. Pardon. » Il aimerait comprendre, en savoir plus, mais il sent que ce serait dévier de leur conversation. Là n’est pas le réel sujet de leur éloignement, alors les questions restent muettes. Isaac reformule ses envies, ses idées et ses arguments, refusant de lâcher le morceau. Et c’est à lui de se faire prendre de court cette fois, lorsque Aoden s’approche et encadre son visage de ses mains. La proximité lui déclenche des papillons, un peu timides, qui volent à peine, mais réveillés tout de même pas le contact d’Ao. « Je le sais. Tu sais que je le sais. Mais j’ai pas envie de soigner cette addiction. » Et le mafieux n’est-il pas justement en train de lui dire qu’il doit faire ce dont il a envie ? Si son visage était libre, Isaac tenterait peut-être de l’embrasser pour mettre fin à la conversation, mais à la place ce sont d’autres paroles qui l’étreignent. Plusieurs fois il ouvre la bouche, veut répliquer, mais il se retient pour laisser Aoden finir de parler. Ils ne se comprennent plus, sont sur deux fréquences d’ondes différentes et ça le blesse de se rendre compte qu’ils s'entêtent à meubler un dialogue de sourds. Jusqu’à ce que les souvenirs douloureux reviennent à la surface. « On ne revivra pas décembre. En décembre j’étais choqué parce qu’on a vécu, Lena et moi. J’étais choqué parce que je me suis rendu compte qu’il y avait tout un pan de ta vie que je ne connaissais pas. Certes, je ne connais pas tous les détails aujourd’hui non plus et je ne les connaîtrais sans doute jamais, mais je sais qui tu es. Et je l’accepte. Crois-le ou non… j’aime aussi cette partie de toi. Ce n’est pas quelque chose que je fuis, que j’évite ou que je veux changer. » A nouveau il s’avance, réduit la distance mise en place par Aoden. « Je suis désolé d’être venu ici ainsi. La demande en mariage c’était stupide, je le sais. Oui, je rêve d’un avenir avec toi, dans lequel peut-être un jour on se mariera, et peut-être un jour on aura un enfant ensemble. Mais ce n’est pas demain, et ce n’est certainement pas obligatoire. Je sais dans quoi je m’embarque, ça fait des mois que je suis dedans. Je ne veux pas que ça s’arrête. Et je sais que je suis instable, que certains jours tout va bien, et que parfois je menace de me crasher. Que ça m’arrive de me lever et de voir le monde en noir. Je sais et je me doute que ce n’est pas facile d’être avec quelqu’un comme ça. Mais t’es mon parachute, mon gilet de sauvetage, ma bouée… je sais qu’avec toi je ne risque rien. »

Je ne trouve rien à redire aux propos d'Isaac. Je hoche la tête, pour tout imprimer dans le crane. Ca me rassure, il semble accepter la situation sur l'illégalité. Je suppose que s'aimer, c'est également ne pas toujours dans la même direction. Mais ça fait foutrement mal en vrai. Je n'aime pas ça mais je pense que je suis aussi ce problème ambulant. Je serais juste proprio de boite, on en serait pas là. Je passe une main dans mes cheveux, puis le tire contre moi, collant mon front contre le sien avant de me redresser. - Ca me rassure que tu accepte cet autre partie de moi. Je te demande pas de l'aimer. Mais elle va perdurer encore quelques années et trouver mon successeur par la suite. C'est là. C'est comme respirer. Je me lève en pensant à ta sécurité comme celle de notre famille, la tienne et la mienne. Je me lève en me disant, ce soir, je retourne dans les bras de ma moitié et rien d'autres. Je sais que j'ai du mal à imaginer ce que vous traversez mais je suis encore plus prudent maintenant. Non pas que je deviens plus laxiste, clairement torturer des gens, me permet de rentrer chez moi suffisamment apaisé. - C'était pas stupide, même très excitant de te voire débarquer ici. Juste ne te sers pas des étapes d'une Vie pour me faire ouvrir la langue. Au mieux, viens et mets moi une claque mais plus ça. Et t'avise pas de débarquer avec les petits non plus. Oui les deux grands, qui bossent ici. Je tente d'en rire mais la discussion est sérieuse. - Que veux-tu que je fasse quand tu sens que tu vas te crasher ? Je suis perdu Isaac. Moi, je règle tout par la baise, la drogue et l'alcool. Mais toi ..

Isaac fait le tour de ses arguments, tente de prouver au mieux qu’il est heureux avec ce qu’ils ont et ce qu’ils sont. Il s’attend à une répartie, à ce que Aoden trouve encore le point pour le contrer, pour lui donner tort. Et ça lui fait peur, il appréhende le moment où il n’y aura plus aucun survivant sur le champ de bataille, où plus aucun mot ne sera suffisant pour continuer à se battre. Il a cette impression douloureuse qu’il est le seul à essayer, qu’Aoden a déjà jeté l’éponge et ça lui coupe le souffle. Mais au moment où il s’attend au coup de grâce, il se fait attirer contre le corps chaud. Ses yeux se ferment dans cette proximité qui lui manque depuis des jours, il profite de ce contact, avant de rouvrir les yeux pour mieux écouter les mots qui lui parviennent. Finalement, peut-être que c’est lui qui a gagné ce combat-là. « Je sais que c’est là. Que ça va rester là pendant longtemps encore. Ça ne me fait pas peur Ao, je sais que ça fait partie de toi. Tant que tu reviens réellement dans mes bras le soir, j’aurai tout ce dont j’ai besoin. » Le front toujours collé à celui d’Aoden, Isaac hoche la tête, doucement, pour montrer qu’il est sérieux. Il n’en demande pas plus finalement, et il n’a besoin d’aucune promesse d’enfants ou de mariage. Ce qu’il désire c’est une longue vie avec l’homme qu’il aime, qu’importe ce qui la compose. « Je ne me servirais jamais des enfants contre toi, ce ne serait juste pour personne. Nos disputes ne regardent que nous, je le sais. J’étais juste… désespéré aujourd’hui. » C’est triste à dire, mais c’est le cas, il n’y a pas d’autres explications. Il ne savait pas comment régler les choses autrement, surtout en sachant qu’Aoden refuserait de le voir si il le lui proposait directement. Tous les deux compliqués, avec leurs caractères et leurs insécurités, mais il y a un point commun qui fait rire Isaac au milieu de cette scène intense. « J’ai rien contre la baise pour régler nos problèmes. » Il décolle son front pour regarder l’expression d’Ao, un sourire charmeur au coin des lèvres. L’un de ses bras passe autour de lui, il le rapproche un peu plus. « Honnêtement… ce sont de petites choses qui me sortent du trou. Que tu sois là avec moi, que tu me prépares à manger ou qu’on regarde un film ensemble. J’ai besoin que tu me tiennes dans tes bras, que tu me dises que tout ira bien. Et si tu n’as pas le temps, pas l’envie, pas l’énergie pour le faire, c’est okay aussi. Tu peux appeler quelqu’un d’autre, ma belle-sœur, un·e ami·e, quelqu’un qui me connaît bien et saura comprendre ce qui ne va pas. Tu n’as pas à tout tenir sur tes épaules Ao. » Et en disant ces mots, Isaac remonte ses mains pour les poser sur les épaules de son compagnon, son sourire toujours léger, retenant l’espoir qu’il nourrit encore.

J’ose embrasser une de ses mains à proximité de mon visage. Je sais que les contacts sont primordiaux pour lui. Retenir les consignes. Une part de moi s’en veut réellement de ne pas etre proactif quand il va mal. Quand la date de deces de son jumeau approche, je me sens demuni que laisser une autre personne faire me retourne le bide. Parce que je me sens pas utile a surmonter les epreuves sur son chemin. Alors que lui, semble se demener. Est-ce moi qui suis défectueux ? Ou peut-être trop égoïste pour percevoir une pointe de souffrance ? Non je refuse d’y croire. Il est une de mes priorités. « - Je ferais mieux pour toi, maintenant. » Parce que finalement, on est déséquilibré car je ne sais pas prendre en vol les signes avant coureurs. « - Je ne vais pas au manoir ce soir. Je sais pas quand j’y retournerai. J’ai besoin de réfléchir. Pas pour une séparation.. Juste que tout s’imprime dans ma tete. » Digerer chaque mot exprimé des deux côtés. « - Pour ce qui est de la baise, y’a des cameras. Ca me derange pas de nous revoir dans l’effort. Mais c’est un coup a ce que ca fuite. » Moi ca me va. Mais lui, ca va l’anéantir. Doigts entrelacés dans les siens, je m’attendais a une plus grosse tempête. Pas terminé mais la confrontation semble être derrière nous. « - Je veux faire bien les choses. Mais que tu ne t’oublie pas non plus. J’ai peur que la balance penche toujours car je sais pas m’impliquer dans un nous en permanence. J’ai peur que tu te sentes négligé. »

Le baiser sur sa main le fait sourire, il sent son coeur s’apaiser, la tension retombée. Il semblerait que le plus gros soit derrière eux à présent, ils peuvent respirer un peu mieux, peut-être même se retrouver. Tout n’est pas terminé, il le comprend rapidement, mais il ose espérer que la situation pourra revenir à la normale peu à peu. En entendant les mots d’Aoden, il sourit légèrement, puis pose ses lèvres sur les siennes. Ce n’est pas un baiser, pas vraiment, il effleure juste en frottant son nez contre le sien. « Tu n’as pas à faire mieux. Seulement à être toi. » Au fond il ne veut pas que les choses changent Isaac, comment pourrait-il vouloir quoi que ce soit d’autre que ce qu’ils ont vécu cet été ? Tout était parfait, entre nouvelles expériences et fondation d’un nid pour eux et leur famille, celle qu’ils construisent sans même s’en rendre compte. Lui aussi découvre les relations finalement, il n’est pas plus outillé qu’Aoden dans cette étape de la vie. Ils découvrent ensemble et font des erreurs. Celle qu’Isaac fait en cet instant est de ne pas pouvoir cacher la déception sur son visage, mais il hausse la tête en guise d’approbation. « Je comprends. Tu me diras quand tu y retourneras ? Je me sens pas de dormir dans notre chambre sans toi, et même si ça me fait bizarre de retourner dans mon vieil appart… c’est mieux que de sentir ta partie du lit vide. » Ce n’est pas un reproche qu’il lui fait, il essaye simplement d’être honnête. Il ne veut rien forcer, rien presser, mais il s’est habitué depuis longtemps à la présence d’Aoden contre lui la nuit et son sommeil n’est plus le même lorsqu’il se retrouve seul. « On va peut-être attendre alors. J'ai beaucoup de fantasmes, mais être regardé par d’autres personnes n’en est pas un. » Il laisse échapper un petit rire, reste collé à Aoden tout en regardant autour d’eux, essayant de déceler les caméras. Mais son attention revient sur l’homme en entendant ses mots, et il ne peut que caresser sa joue en lui adressant un regard doux. « Babe, tu es tout autant impliqué que moi. Tu viens de me dire que tu pensais chaque matin à ma sécurité, chaque soir à revenir dans mes bras. Je sais que tu es là, je n’ai aucun doute sur l’énergie que tu donnes à notre couple. Et je ne peux pas t’en vouloir de ne pas deviner ce que je ne te dis pas. Je vais faire de mon mieux aussi, pour mieux communiquer, te dire plus ouvertement les choses quand ça ne va pas. Je te le promets. » Et cette fois il ne peut plus s’en empêcher. Il capture les lèvres d’Aoden, l’embrasse pour profiter de cette proximité qu’il ne sait pas quand il récupèrera. Ca lui fait peur cet éloignement, et pourtant il doit bien se rendre à l’évidence qu’ils en ont sans doute besoin. Savoir respirer sans l’autre, c’est sans doute une partie assez saine des relations de couple. « Je peux te laisser travailler si tu veux. Maintenant que j’ai la certitude que tu me reviendras. » Ils ont encore des choses à régler tous les deux, mais pour l’heure Isaac est rassuré.

Ai-je pris peur de cette routine de notre été ? Un peu. Mais les mechants ont dormi. A croire que la rentrée sera explosive. D’un sens, j’ai hate et de l’autre, je prie - oui surprenant ! - que mon camp soit épargné. Alors je serre Isaac contre moi pour tenter d’instituer un halo de protection par la foi. Ironie du sort quand on sait ce que j’en ai fait ces dernières années. Mais askip Il aime tout le monde. « - Je reviendrais toujours jusqu’à que tu m’ordonnes le contraire. » Jamais je ne m’imposerais contre son avis. « - Garde les promesses pour les enfants, c’est comme le pere noel, ils y croieront tres fort. » Je lui fais un clin d’oeil avant de rire doucement. « - Mais le message est bien compris. Et pour toi aussi. On est une equipe. On se lache pas. » Et j’ose esperer qu’importe sur le tonnerre gronde entre nous. « - Je t’envoie un message quand je rentre au manoir pour reallser tes fantasmes. » J’embrasse son front puis ses levres avant de le raccompagner vers la sortie. « - Tu as fait attention a toi. Et en cas d’urgence, t’appuies sur ton bipeur. »

L’étreinte se resserre et à nouveau Isaac ferme les yeux, profite de cet instant privilégié qu’il ne pensait plus avoir. Ca ne durera pas, il le sait déjà, mais au moins il emportera avec lui un souvenir plus frais des bras d’Aoden autour de lui. « Ça n'arrivera jamais. Je voudrais toujours de toi. » Il est impossible d’avoir une certitude entière sur quoi que ce soit, encore moins sur ce genre de choses. Et pourtant Isaac sait ce qu’il veut, il croit fortement à leur couple. Rien ne pourrait les séparer, pas après tout ce qu’ils ont vécu ensemble. Ils ont certes des progrès à faire, quelques changements à mettre en place, mais ce n’est rien qu’ils ne peuvent surmonter. « Une bonne équipe, qui plus est. » Surenchérit-il. Ce n’est pas la peine, c’était sous-entendu, mais il a ce besoin de bien marquer les choses, de s’assurer qu’il repart de là sur la même longueur d’ondes que son amant. « C’est un deal. Sans toi il n’y en a aucun qui se réalise de toute façon. » Il sourit avant de fondre dans le baiser donné par Ao. C’est un peu niais, c’est vrai, mais il ressent entièrement ses mots. Avant Aoden il n’avait pas de fantasme précis à réaliser, rien qui titillait ses envies. Parce qu’il ne s’était jamais senti aussi à l’aise avec quelqu’un. « Oui, en cas d’urgence je te fais signe. Mais tout ira bien. Prends ton temps. » Ca lui fait mal de partir ainsi, de s’imaginer qu’ils ne se reverront peut-être pas avant plusieurs jours. Mais il est patient Isaac, relativement, et il respecte que son compagnon puisse avoir besoin de distance. « Je t’aime. » Deux mots prononcés tout de même dans un échange de regard qui caractérise depuis toujours leur relation. Isaac lance un dernier sourire, avant de passer la porte.