my songs know what you did in the dark - elishley

In the dark, it's just you and I
There's not a sound, there's not one sigh
Just the beat of my poor heart
In the dark
@Ashley Gilmore & @Elijah Tate

Ce serait mentir que de dire qu’il n’a pas la boule au ventre alors qu’il s’apprête à toquer à la porte du n°404 du Faubourg Marigny. À vrai dire, c’est un mélange entre une boule au ventre et un estomac habité de papillons qui lui tenaillent les entrailles. Son téléphone a vibré il y a cinq minutes, message de Spencer qui l’informe qu’il est un fucking asshole qui ferait bien de réfléchir à ce qu’il lui a dit pendant qu’il se casse le dos sur le matelas inconfortable d’un motel miteux. Un mois d’efforts qui avaient pourtant payé. Un mois à être en permanence excité à l’idée de voir Elijah met du baume à son coeur un peu flétri, ou tout du moins aigri. Spencer a remarqué les tentatives de réconciliation, de pacification des tensions, elle a fait de même, mais comme toujours, chassez le naturel, il revient au galop. Une dernière expiration pour clarifier l’esprit, un dernier récapitulatif du contenu du sac à dos qu’il a préparé au cas où il devrait passer la nuit chez Elijah, un dernier coup d’oeil au sac qu’il porte et dans lequel résident son plat et son dessert. Comme convenu, il a aussi ajouté une bouteille d’un vin qui, bien qu’abordable, est parmi ses préférés et qui se marie bien avec à peu près tout. Il ne peut s’empêcher de passer une main dans ses cheveux, histoire d’être sûr qu’ils sont décemment coiffés et il toque. Son esprit lui joue des tours, transforme les secondes qui séparent le moment où son poing frappe le bois de l’instant où il apparaît dans l’embrasement de la porte. Des flashbacks le saisissent et il se revoit, s’apprêtant à aller courir de bon matin dans un nouveau coin. Parce qu’ils se sont donnés rendez-vous et qu’il n’a pas vu Elijah depuis leur premier rencard. D’ordinaire il ne prendrait pas la peine de se faire particulièrement beau pour un jogging matinal, mais il se surprend à passer plus de temps que prévu devant la glace. Il veut lui plaire. Plus que ça, il en crève d’envie, parce que perdre son intérêt ça serait perdre l’une des seules choses qui colore sa vie. Il se revoit aussi, ajustant un polo blanc, un peu saillant, qui laisse entrevoir les courbes de ses muscles alors qu’il s’apprête à aller boire un verre en ville avec « des collègues ». Il sourit en se repassant en mémoire les messages un peu plus enflammés qui ont parfois inondé sa boîte de réception et que ses doigts ont pianoté sur le clavier tactile de son smartphone en réponse. Il se rappelle de tout mais au moment où la porte s’ouvre, il ne sait plus que sourire, oubliant même de respirer. « Hey ! » lance-t-il avant de serrer Elijah dans ses bras… well, dans son bras, l'autre étant occupé à porter de la bouffe qu’il préfèrerait ne pas étaler par terre où dans le dos d’Eli. Un geste qui marque une intimité tissée peu à peu, à force de terrain gagné, de barrières tombées. Le simple fait qu’Ashley ne se sente pas coupable de le serrer contre lui serait inquiétant, s’il ne trouvait pas ça si plaisant. Ash est invité à entrer et il franchit le pas de la porte, se sentant un peu comme un vampire de télévision qui n’avait pas moyen de faire un pas de plus sans qu’on l’y invitât. « La cuisine est par où ? » demande-t-il en indiquant son sac, avant de préciser : « Promis je ne regarde pas ce que tu as préparé. Ou tu peux mettre le sac au frigo si tu as peur que je triche. Tout est dans des boîtes fermées, tu ne risques pas de te gâcher la surprise. » Parce qu’il ne faudrait pas qu’un d’eux gagne trop facilement. C’est pas comme si tout ça n’était qu’un prétexte pour passer du temps ensemble dans le noir. Ok, cette partie là, c’est totalement la faute d’Ashley, c’est lui qui a proposé, mais Elijah ne s’est pas fait prier pour accepter. La seule chose qui a changé, c’est qu’ils ont passé un mois à se côtoyer, à apprivoiser l’effet que la compagnie de l’autre leur fait. Le tout culminant autour de plats plus ou moins savamment préparés. Recipes for a perfect dinner or a perfect disaster ? Les yeux d’Ashley se perdent dans le décor qui disparaîtra bientôt dans l’obscurité. Il se sent obligé de faire un inventaire rapide des meubles et autres objets dans lesquels il vaut mieux éviter de rentrer. Finir aux urgences serait difficile à expliquer.

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There's not a sound, there's not one sigh
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@Ashley Gilmore & @Elijah Tate

Ashley devrait avoir l’habitude maintenant, mais ça le surprend toujours un peu de voir Elijah en vrai. Il n’a pas l’air de s’en rendre compte, et c’est peut-être ça qui fait tout son charme, mais il dégage de lui une aisance, presque une nonchalance, qu’Ash trouve plus que séduisante. Ajoutez à ça le polo qui lui va comme un gant et dont l’encolure laisse apparaître le dessin de ses pectoraux et Ash perd momentanément contact avec la réalité. « Viens, entre ! » lui intime Elijah tout sourire, ce qu’Ashley fait avec empressement, parce qu’il a pas prévu de passer la soirée sur le porche non plus. Ses yeux naviguent dans la pièce alors qu’Eli se lance dans un speech qu’Ash ne connaît que trop bien, pour l’avoir répété des centaines de fois durant les six derniers mois. « J’ai le soleil jusque midi. La toiture est récente. Je me chauffe au bois. Et je n’ai pas de vis à vis avec les voisins quand je suis dans mon jardin. C’est bon je suis embauché ? » Ça le fait rire doucement de voir Elijah jouer les agents immobiliers. Franchement, pour un débutant il se débrouille pas mal. N’y a-t-il donc rien qu’il ne sache faire ? « On préfère utiliser les points cardinaux, ça fait plus professionnel. Mais ton contrat peut-être prêt dans la demi-heure, si tu veux. » Ok, peut-être qu’il devrait demander l’avis de son boss, voir s’ils cherchent à embaucher ou non, avant de faire des propositions de ce genre, mais Ash sait qu’Elijah n’a pas vraiment l’intention de se reconvertir et c’est tant mieux. Après un mois passé à le côtoyer, Ash a statué sur un truc : il ne pourrait pas se concentrer sur son job si Elijah bossait dans la même agence. « De toute façon j’ai caché aussi ce que j’ai préparé. » explique son date avant de se saisir du sac qui contient la bouffe. « Ah ouais ! Je vois ! La confiance règne ! » lâche Ashley d’un ton faussement offensé alors qu’Elijah l’abandonne pour aller mettre le tout dans la cuisine. Il se sent un peu idiot d’ailleurs de rester là au milieu de l’entrée mais pour être honnête il ne sait pas trop quoi faire d’autre. Suivre Elijah ? Commencer à explorer le salon ? Il voudrait pas passer pour le mec qui fouine dès que l’autre à le dos tourné. « Tu n’es pas obligé de rester là. Fais comme chez toi. » L’invitation lui fait quitter sa posture de pillier humain et Ash entre dans la maison pour de bon. Non sans lâcher un : « Ah… ça risque d’être un peu étrange, je suis nudiste chez moi. » suivi d’un rire franc. Ok, c’est totalement faux. Même au plus haut de sa passion avec Spencer, du temps où elle était encore Eleanor, ils n’avaient jamais été très à l’aise avec la nudité en face de l’autre en dehors des moments intimes. Maintenant qu’il a un gosse, se promener à poil lui semblerait encore plus bizarre. « J’ai laissé Donnie au garage. Pas qu’il s’amuse à nous sauter dessus tout le soir. » Ash se sentirait presque mal pour le chien. Sa présence dans sa maison l’a contraint à l’exil. « Surtout si je suis nu dans le noir. » Ok il faut qu’il arrête les blagues sur le nudisme maintenant. En particulier quand elles impliquent le chien d’Elijah. Le pauvre animal a déjà vu sa liberté de mouvement sacrifiée pour le calme de la soirée, Ash n’a pas besoin d’en rajouter. « Je nous sers à boire ? » La proposition est bienvenue. Avoir un verre à la main et la possibilité de boire empêchera Ashley de continuer de dire toutes les conneries qui lui passent par la tête. S’il pouvait éviter de foutre une ambiance étrange dès le début de la soirée, ça serait quand même pass mal. Même si l’alcool n’est pas particulièrement connu pour le rendre muet. Il pourra se servir de l’excuse de la boisson pour se taire et plus tard pour justifier ses phrases malheureuses. Parfait combo. « Avec plaisir, je prendrai la même chose que toi. » décrète-t-il parce qu’il n’est pas sûr des options qui s’offrent à lui et que même si Elijah décide d’ouvrir la bouteille de vin qu’il a ramenée maintenant, il sera content de la boire. Peut-être qu’elle ne sera pas aussi appréciable qu’avec un bon petit plat, mais il fait confiance à Elijah pour avoir de quoi accompagner leur repas de toute façon. « Tu t’es entraîné à vivre dans le noir ? J’ai essayé, mais j’ai failli finir aux urgences pour un orteil cassé après qu’il ait rencontré un angle de mur. » Il aimerait que ce soit juste une blague, mais il a bien essayé une fois ou deux de se déplacer les yeux fermés dans la maison quand tout le monde dormait encore. Entre JackJack qui s’était foutu dans ses jambes pour jouer et qui avait failli le faire tomber et le coup de pied donné sans aucune retenue dans l’îlot central de la cuisine, Ash a vite compris qu’il n’était pas fait pour la cécité. Après avoir un peu observé la pièce, s’être déplacé comme s’il hantait les lieux, il s’assoit sur le canapé et laisse pousser un petit soupir de contentement parce que l’assise est carrément confortable. « Je crois que j’ai trouvé mon spot pour la soirée. » déclare-t-il victorieux, presque magnanime, petit prince du royaume des coussins installé sur son trône. Il a bien fait attention à laisser assez de place pour qu’Elijah, le prince consort, s’installe mais pas trop non plus, histoire de pouvoir sentir sa présence. C’est fou ce qu’un mois à se fréquenter peut faire. Le Ashley de leur première rencontre se serait terré au fond du canapé, maintenant une distance maximale, trop inquiet de déranger, aujourd’hui il est à l’aise, il profite de l’instant. « Au fait, on ferme les volets à quel moment ? » demande-t-il parce que, de ce qu'il a compris, les repas dans le noir sont organisés dans des restaurants où les invités arrivent et qui sont déjà plongés dans le noir, ce qui n'est pas leur cas. Peut-être qu'Elijah a prévu un moment précis pour les plonger dans la pénombre, ou peut-être qu'il faut qu'ils y réfléchissent.

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« Tu n’aurais pas peur que j’en vienne à te voler ta place ? »  Il hausse les épaules Ash, ça lui ferait plus peur si le job lui plaisait vraiment et qu'il avait bataillé pour l’avoir. Si Elijah y trouvait son bonheur, Ashley lui laisserait le boulot avec plaisir et irait à la quête de sa prochaine aventure. C’est aussi simple que ça. « Je dois m’attendre à quoi de cette soirée ? » La question tombe et Ash ne sait pas vraiment quoi répondre. Il n’a pas pensé aussi en avance il faut croire. Pourtant il s'est fait des tas de scénarios. Du flop total, allergie alimentaire qui déclenche un oedème de quincke et les pompiers qui sont appelés, en passant par des scénarios beaucoup plus agréables qui lui filent un sourire benêt, jusqu’aux scénarios qu'il n'oserait avouer et qui ne manquent pas de l’empêcher de se lever en toute discrétion. « À être surpris ? » se contente-t-il de répondre avec un sourire énigmatique. Si on demande, il dira que c’est une référence à la bouffe qu’il a préparée, voilà, il a trouvé une bonne excuse. D’ailleurs, en parlant de préparation, Elijah se lance dans la mixologie et propose des cocktails. « J’avais préparé de quoi faire des cocktails. Tu veux goûter ? Cranberries et Gingembre. »  Cranberries et gingembre… manquerait plus qu’il y ait de l’huître, du piment et du chocolat au menu et Ashley ne répond plus de ses actions. « Tant que tu ne mets pas du whisky dedans, tout me va. » Parce qu’il n’imagine pas le liquide ambré faire bon ménage avec les deux autres ingrédients, mais il ne demande qu'à être surpris. Ce ne serait pas la première fois qu’une boisson le séduit plus que ce qu’elle devrait sur le papier. « J’ai juste essayé de me verser à boire sans renverser en gardant les yeux fermés. A nous deux on devrait s’en sortir. » Ash rit doucement. Ils sont pas dans la merde. Entre lui et ses orteils couverts d’ecchymoses et Elijah qui fait le barman aveugle. Peut-être qu’ils ne devraient pas quitter le canapé de la soirée. Histoire d'être prudent. « Je nous fais totale confiance pour ne pas nous perdre. » Parce que la maison n'est pas très grande, parce qu’ils sont toujours capables de se guider au son de la voix, parce qu’il y a chez Elijah quelque chose qui ressemble à un magnétisme qui l’attire à lui. Pick your answer. « On peut les fermer maintenant si tu veux. » propose Eli et le temps qu’Ash n’acquiesce, Eli porte un toast. « On trinque avant ? A notre premier rendez-vous dans le noir ? » Ash se sent presque immédiatement rougir. « À notre première rencontre » qu’il avait dit il y a de ça un mois, lorsqu'ils avaient trinqué pour la première fois. C'est sans mal que la réponse de son inconnu de l’époque lui revient et qu’il lance : « Et à tous les autres. » avant d’ajouter après une gorgée « Oh wow, c’est pas mauvais du tout ! » À noter : les talents d’Elijah pour les cocktails. Theodore, dans son expérience des plus chics bars de New York pourrait trouver deux trois trucs à redire. Un alcool un peu plus racé, un gingembre un peu plus fort, mais la préparation le laisse sans commentaire négatif. Parce que c’est lui qui l’a faite et que ça suffit à compenser une bouteille qui n'a pas vingt ans d’âge. « Sinon j’ai aussi pensé aux masques de sommeil. Je ne sais pas si les sensations seraient les mêmes mais on pourra toujours essayer. » propose Elijah. Une option à pondérer, mais pas trop longtemps. « Beaucoup moins drôle et je sais que je serais tenté de l’enlever rapidement. » commente Ashley en buvant une autre gorgée du cocktail qu’il trouve particulièrement équilibré. Il ne veut pas jouer les rabats-joie, c’est simplement qu’il y a une intimité différente à être à deux dans le noir qu’il ne retrouverait pas s’ils mettaient des masques de sommeil. Il se sentirait un peu ridicule de buter dans des meubles en plein jour. L'excuse du noir est quand même plus propice à justifier ses erreurs et celles d’Elijah. « Tu sais qu’elle a été faite juste là la première photo que E. t’a envoyé ? Ses yeux suivent ceux d’Elijah et d’un coup tout s’éclaire, un paradoxe qu’il apprécie à quelques minutes de couper la lumière. « Je me disais bien que ça me semblait familier. Pas que j’ai beaucoup regardé la photo hein. Tu te doutes… » Comment ça personne ne le croit ? Ash n’est pas le genre de personne à conserver chaque photo, à les étudier sous les moindres détails et à en garder un souvenir indélébile gravé dans sa mémoire. Non. Du tout. « Je crois que je suis prêt à tenter le reste de l’apéro dans le noir. » décrète-t-il, plutôt sûr de lui, et ils se mettent en action. L’entreprise est drôle, chaque volet fermé réduit la luminosité dans la pièce et intensifie la perception de ses environnements. Ash se surprend à frissonner d’anticipation à l’approche du noir complet. Un mec plus prévoyant que lui aurait pris pour stratégie d’être à côté du canapé quand ils fermeraient le dernier volet mais non, il a choisi de fermer celui qui est le plus proche de l’entrée. Maintenant que l’obscurité les entoure, son oreille est tendue, ses mains en avant font des arcs de cercles lents mais précis. Il estime à une quinzaine de pas le canapé. Une distance négligeable en temps normal, un peu plus ambitieuse maintenant. Déjà il entend le bruit d’un corps qui retrouve le confort et la sécurité du sofa. Elijah l’a battu dans cette course qu’il mène tout seul. « J’avais peut-être sous-estimé la difficulté de la chose ! N’hésite pas à tendre une main pour aider une pauvre âme en détresse ! » dit-il en rigolant doucement en tentant de retrouver son chemin jusqu’au canapé sans se presser, ils ont toute la soirée. Comme si une main tendue pouvait vraiment l’aider puisqu’il ne la verra pas. Quelques secondes plus tard il sent une main effleuré son flanc gauche. Arrêt net, stop immédiat, Elijah est là, le canapé tout près. Ce contact lui apprend deux choses : ses mains ne sont pas à hauteur de meuble et il aurait pu rentrer dans n’importe quel objet du salon et être touché par Elijah l’envoie vriller. Une information utile, l’autre peu surprenante. « Je commence à me dire que j'aurais dû préparer des burritos, histoire de pas en foutre partout avec un coup de fourchette mal placé. » lance-t-il en cherchant, à tâtons toujours, son verre pour boire une gorgée du cocktail préparé par son date très attentionné. Le trajet a été court, mais il se sent assoiffé, comme si être plongé dans le noir avait décuplé l’effort. Il espère que c'est bien son verre qu’il a trouvé, maintenant le tout et de ne pas en renverser partout le temps de mener le contenant à ses lèvres. Donnie peut bien jouer les aspirateurs pour bouffe demain, l’alcool, c’est moins recommandé.

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@Ashley Gilmore & @Elijah Tate

« Tu t’attendais à quoi en t’inscrivant sur l’appli ? » La question tombe et elle est pertinente. La vérité c'est qu’Ashley ne sait pas exactement ce à quoi il s'attendait, se tirer de ses idées noires pendant quelques instants. « Pas à toi… » C'est tout ce qu’il finit par dire, parce que c'est finalement l'essence de la vérité. Il y a de ça six mois, il espérait une bouchée d’air frais de temps en temps, aujourd'hui il respire. C’est grâce à lui et c’est un truc qu’il ne s’attendait pas à trouver. Il ne s’attendait pas à se trouver là non plus, ouvert à tout ce qui se passera, pourra se passer, pourrait se passer, ou non. Il y a de ça six mois, hell, il y a de ça un mois, Ashley n’aurait jamais envisagé quoi que ce soit, par principe moral. Sa morale aujourd’hui il lui accorde un peu de repos, que son coeur le guide, et qu’importe les conséquences demain, quand le jour se lèvera. La boisson ingurgitée, il donne son avis. « Tu peux aussi dire que c’est « bon » plutôt que « pas mauvais ». Je devrais aussi t’apprendre à être poli ? » lance un Elijah taquin avant d’ajouter : « Tranquille, ça me va aussi le « c’est pas mauvais ». » devant la mine, peut-être un peu déconfite d’Ashley. Il s’est pas particulièrement rendu compte qu’il y avait un crac dans la façade. Ash, et Theodore avant lui, a toujours été envieux des gens qui peuvent faire fi des réactions d’autrui. Malgré son assurance, qu’il a un peu perdue lorsque sa vie a été chamboulée, il a toujours été en proie à une envie, un besoin même, de plaire. Un trait de caractère que d’aucuns qualifieraient de faiblesse, mais qu’il voit simplement comme un travail à faire. « Je veux pas trop encenser tes qualités de barman dès le premier verre. » rétorque-t-il avec un sourire, un peu gêné. C’est qu’il ne veut pas se retrouver à boire ce cocktail jusqu’à la fin de ses jours, il veut stimuler la créativité d’Elijah, pas la museler à un seul cocktail, aussi bon et aphrodisiaque soit-il. Comme s’il avait besoin d’un aphrodisiaque en la présence d’Eli… Dans le noir les gens changent peut-être un peu, Ash se sent peut-être un peu plus courageux, alors quand Elijah fait une plaisanterie sur le nudisme supposé d’Ashley, celui-ci rit de bon coeur. Il ne pensait pas que ça aurait gêné Eli au point qu’il s’en excuse faussement. « Je suis déçu d’avoir envoyé des photos que tu n’as pas regardé. Tu sais que j’ai acheté un nouveau canapé exprès ? » ajoute-t-il d’ailleurs au sujet des clichés, ô combien appréciés, qu’il a pu lui envoyer depuis ce canapé. « Et l’achat était une très bonne idée, confortable et parfait support pour des photoshoots improvisés. » commente Ash légèrement entre deux petites gorgées. « Je me demande encore comment j’ai pu me laisser convaincre de faire ça. » Il s'en étoufferait presque, quel culot ! « Dans mes souvenirs il a pas fallu beaucoup te forcer la main… » répond-il d’ailleurs un sourire presque nostalgique sur les lèvres en repensant à l’excitation que provoquaient les photos prises et envoyées par Elijah. Il l’admettra un jour, peut-être à demi-mots, mais ces images lui ont permis de traverser les journées plus facilement, pas exclusivement, évidemment la correspondance écrite avait aussi beaucoup contribué. Mais ces photos… elles ont suscité chez lui un émoi qu’il n’avait pour ainsi dire jamais connu. Avant ou pendant Spencer. Jamais de simples pixels n’avaient auparavant eu le pouvoir de le mettre dans de tels états. « N’en profite pas pour te mettre tout nu. » Ça l’arrête dans sa tentative de se retrouver dans le noir. « Attends, laisse-moi retrouver mon polo. » répond Ash feignant la bougonnerie. Il regrette presque de ne pas avoir retiré une couche juste pour voir la réaction de son compagnon de cécité momentanée et volontaire. La main qui prend la sienne menace de le faire fondre. C’est un sentiment étrange que l'envie qui le saisit, toujours violemment, de prolonger le contact, de l’approfondir, pour ne pas mentir il meurt envie de se blottir contre Elijah, de l’enlacer, de l’embrasser. Surtout quand la main qui l’a guidé jusqu’au canapé vient se poser sur sa cuisse. La difficulté qu’il a à se concentrer ne fait que s’accroître alors qu’on lui a pourtant posé une question. « Peut-être qu’on aurait dû mettre à chauffer les plats avant de nous plonger dans le noir ? » Alors, réunissant toutes ses capacités intellectuelles il répond : « Pas faux. » C’est déjà mieux que ce dont il se croyait capable avant d’ouvrir la bouche, mais c’est pas brillant non plus. « Tu te plais ici ? » La question est ambigüe et porte à confusion, surtout quand comme Ashley on est déjà un peu perturbé. Nouvelle Orléans ou dans cette pièce ? Se plaît-il dans cette situation ou dans cette relation ? À toutes ces questions qui l’agitent il ne sait pas trop comment répondre sans faire de choix. Parce qu'il en a marre de choisir et qu'il veut juste profiter. « De plus en plus. » Et comme pour mettre l’accent sur ses dires, il caresse du bout des doigts le dos de la main qui couvre sa cuisse. Il menace une fois de plus de perdre la boule quand il entend Eli dire : « Parce que je crois que ça me plaît que tu sois là. » Une validation, une approbation, un aveu même, qui lui fait battre le coeur un peu plus vite, un peu plus fort. Si fort qu’il ne serait pas surpris si Eli pouvait l’entendre ou le sentir. « Elijah… si t’essaies de me faire rougir, c’est réussi. » La vérité est là, c'est tout. Il ne peut pas admettre qu'il n’aimerait être nulle part ailleurs, surtout quand il pourrait être avec sa famille. « Ta dernière histoire ça remonte a quand ? » Et juste comme ça, alors que la main quitte sa cuisse, Ash sent le sang le quitter. L’impossibilité de dire la vérité sans se faire foutre à la porte et de se mettre en danger, lui comme son fils et sa femme. L’inconcevable risque de perdre cette relation naissante et coupable. La nécessité de trouver une semi-vérité, un mensonge pas tout à fait, quelque chose à dire qui clora le débat, bouclera le sujet et ne le ramènera pas sur la table. « Ça fait sept, huit mois je dirais. Mais même avant ça, la flamme avait complètement disparu et c'était plus une histoire de confort et de fierté… désolé. J’ai pas très envie d’y penser. Surtout maintenant que je découvre à quoi une relation positive pourrait ressembler. » Les faits disent le contraire, mais le coeur y est. Ils ne sont pas séparés, ne le seront peut-être jamais, ne serait-ce que parce qu’ils sont unis dans leur cavale en Louisiane, mais le reste n'est pas faux. Cela fait presque un an qu’ils s’en veulent, se rendent la vie impossible, des mois que la communication n’existe plus et que l’amour n’est qu’une affection nostalgique d'un passé révolu. « On va faire chauffer tout ça tu viens ? Ou on fait chacun son tour ? » Le changement de conversation est apprécié et Ash se secoue vigoureusement la tête pour se tirer les idées noires hors du crâne. « Pas moyen que tu me laisses tout seul dans le noir ! » décrète-t-il en attrapant la main d’Elijah, désireux d’oublier les instants déplaisants qu’il vient de vivre et profiter autant que possible de la soirée qu'ils ont préparée. « Et en plus il va bien falloir que quelqu’un te couvre les yeux pendant que tu fouilles dans le frigo et que tu réchauffes les plats. » annonce-t-il alors qu’ils font chemin vers la cuisine, Elijah en tête, Ash sur ses talons, suivant ses pas à la trace, ou du moins il croit, difficile à dire dans le noir, mais évitant les obstacles qu'Eli esquive naturellement. Arrivés dans la cuisine et avant qu’Eli n’ouvre le frigo, Ashley pose ses mains devant ses yeux, se rapprochant sensiblement de son corps par la même occasion. Non pas qu’il ne lui fasse pas confiance pour ne pas tricher, les plats sont dans des boîtes qui ne permettent pas de voir ce qu’elles contiennent. C'est juste une question d'égalité. Aucun d’eux n’a le droit d’y voir tant que l'autre ne peut pas. Il suit tant bien que mal les mouvements d’Eli, les mains toujours occupées à lui cacher les yeux des quelques lumens dégagés par l’électroménager, tandis qu’ils mettent au micro-onde les plats. Le premier sort de l'appareil et à l’odeur, Ash sait que ce n’est pas le sien. En humant l'air il capte le parfum, légèrement boisé, de son… hôte. « Tu sens bon… Le plat que tu as fait aussi, hein. Désolé c’était juste une observation. Bref, on devrait aussi mettre les desserts dans mon sac, histoire de pas avoir à faire des allers-retours toutes les cinq minutes. Oh et le vin ! » Voilà qu'il déblatère pour se rattraper. C’est pas tant que ça lui a échappé ou qu'il est gêné de l'avoir dit, il aurait préféré garder le compliment pour lui jusqu’à un moment où il n’avait pas besoin de préciser qu'il faisait la distinction avec la bouffe qu'ils s’apprêtaient à manger. Il attrape son sac qui est resté contre la table, attend qu’Eli le remplisse des desserts et du vin et ils repartent, chacun tenant un plat, Ash ayant réquisitionné une main malgré tout. Pourquoi se priver tant qu'il a une raison valable pour abuser de ce petit privilège ? Sur le trajet il rentre, vraiment pas fort, dans une chaise qu’Eli a dû éviter d’instinct. « Aoutch ! Ah, non, c'est bon. C'était un réflexe. » C'est venu tout seul, son cerveau n’a pas fait le tri des informations, il a traité le contact comme une douloureuse rencontre avant de réaliser l’erreur commise. « Je nous sers un verre de vin. » informe-t-il une fois qu’ils sont réinstallés sur le canapé. Dévissant le bouchon et attrapant un verre, puis l’autre, guidant la main d’Eli jusqu’au contenant. Une gorgée lui indique que le vin est à la bonne température. Il aurait préféré qu'il soit un poil plus frais pour refroidir ses ardeurs mais qu’importe, un vin tiède monte plus vite au cerveau et perdre un peu plus leurs inhibitions ne lui semble pas un drame absolu. « Histoire de rendre le challenge encore plus drôle, je te propose qu'on essaie de donner, au moins la première bouchée, de notre plat à l’autre. À la cuillère. » précise-t-il parce que le pire qui peut arriver c'est qu'ils ratent la bouche de leur voisin de canapé, avec une fourchette, un oeil perdu serait vite arrivé.

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@Ashley Gilmore & @Elijah Tate

«  Le canapé confort, les lumières éteintes... est-ce que je dois craindre que tu t'endormes en plein dîner en me laissant pour seule compagnie tes ronflements ? » La première partie de cette situation fictive est grotesque. Ashley est bien trop heureux d’être là pour ressentir une quelconque fatigue, il doute qu’il arrivera à dormir pendant deux jours après un tel moment, pour ce qui est des ronflements par contre… « Parce que les ronflements ça serait un deal breaker ? » demande-t-il pas sûr de savoir comment le prendre. Il ne ronfle pas, ou du moins rarement, mais si c’est une condition pour passer une nuit aux côtés d’Elijah, en tout bien tout honneur ou sans rien sans pudeur, il est prêt à s’empêcher de respirer. «  C'est quand même toi qui as envoyé la première photo. » Elijah marque un point.  Non pas qu’Ash compte, il est sûr qu’il est mené au score, parce qu’à chaque fois qu’Eli parle, qu’il s’emballe, qu’il sourit un peu trop grand, il laisse Ash sans voix. Victoire facile mais qu’il concède sans mal. Paradoxalement, dans sa relation officielle, il n’a jamais capitulé aussi facilement. Il a capitulé, souvent, mais rarement sans mené bataille. « Et j’ai aucun regret. » C’est la plus stricte vérité. Dieu sait qu’il a des regrets à n’en plus savoir qu’en faire, que parfois il regrette d’être dans cette situation paprce qu’il voit où elle mène, la dépendance grandissante qu’il éprouve à l’égard d’Elijah et les dommages que ça pourrait causer, mais le jeu en vaut la chandelle. S’il faut le condamner, il préfère que ce soit pour l’éternité. «  Tu sais qu'avant de répondre, j'ai quand même lancé une recherche par image sur Google ? » Ça lui arrache un rire hilare. Il imagine sans difficulté les images qui ont pu ressortir et se demande tout de même quelle proposition d’intitulé de recherche ça aurait pu révéler. « Et ça t’a donné quoi ? Trentenaire sur le déclin ? » Il ironise un peu, parce qu’il sait qu’objectivement il est plutôt en forme et que la photo qu’il avait envoyée n’était pas peu flatteuse, elle mettait en avant son torse dessiné, muscles bandés pour maximiser un rendu qu’il espérait séduisant, on voyant l’ombre d’une lèvre mordue mais rien de son visage. Quand Eli reprend la parole, Ash a le souffle coupé. «  Je t'avoue que j'ai encore parfois du mal à me dire que t'es vrai. » L’aveu laisse Theodore pantois. Qu’est-ce que vous voulez qu’il réponde à ça ? Ses seules envies sont contradictoires, l’une l’encourage à sauter au cou d’Elijah, tant pis pour les conséquences, l’autre le pousserait à dire la vérité, toute la vérité, prouver à ce mec parfait qu’Ashley ne mérite pas qu’on l’idéalise, qu’il n’est rien de plus qu’un menteur qui se sert de lui pour exister, se sentir vivre et qui finira par briser toutes ses illusions. Paralysé par ces injonctions contradictoires, Ash préfère ne rien dire. Ça vaut mieux. «  T'as les joues de la même couleur que ton pull ?» Un petit sourire, pas de réponse. On va laisser mariner le pompier dans la fierté qu’il a pris à faire une blague sur le pull  d’un rouge riche dont s’était paré Ash lors de leur première rencontre. «  Désolé je ne voulais pas t'importuner. » dit un Elijah embêté, ce qui ne manque pas de déclencher chez Ashley un sentiment de culpabilité. Un mal pour un bien, il gâcherait tout en déballant la vérité, pire encore il le mettrait en danger. « Pas de problème. » se contente-t-il de dire. Ils élaboreront sur le sujet une autre fois, Ash aura des éléments plus concrets à donner. Il aura révisé l’histoire qui lui a été assignée. «  Wow. Si tu voulais me faire sourire c'est réussi. » Les mots sont honnêtes, Ashley le sait parce qu’il entend le sourire dans la voix d’Eli. Il a appris à reconnaître les humeurs d’Eli dans sa voix et cette expérience dans le noir lui prouve pour l’instant qu’il n’a pas besoin de ses yeux pour que l’état d’esprit de celui qu’il considère un peu comme sien ne lui soit apparent. « Je voulais que tu sois de la même couleur que mon pull. » Il est fier de sa petite remarque, ça fait écho a un truc qu’Eli vient de dire et auquel il a préféré ne pas répondre parce qu’il ne savait tout simplement pas quoi dire. Eli a souvent tendance à taper en plein dans le mille quand il fait des remarques sans y prêter attention et à chaque fois ça donne à Ashley l’impression qu’il le voit vraiment, pas juste avec ses yeux mais qu’il le connaît pour de vrai. Face à la proposition de faire goûter à l’autre un plat, la réaction d’Elijah ne se fait pas attendre. «  Tu dis ça parce que tu penses que j’essaie de t'empoisonner c'est ça ? » La blague le fait sourire et il se dit qu’ils n’ont jamais abordé le sujet des allergies alimentaires de manière sérieuse. Ça veut probablement dire qu’Elijah n’en a pas, c’est le genre de choses que les gens qui souffrent d’une intolérance grave disent en général. Il n’y a donc pas de risque que son plat se révèle la Kryptonite du journaliste. Il ne dira pas à Elijah qu’il pensait lui faire goûter le plat qu’il avait préparé, que la première bouchée soit délivrée par celui qui avait créé le plat, il s’en fout. Ça revient au même, le jeu est drôle quand même. « Non, mais maintenant que tu le dis… » plaisante Ash qui n’avait pas envisagé la possibilité mais qui se rend aussi compte qu’il a complètement baissé les armes quand il s’agit de faire confiance à Elijah. C’est peut-être parce qu’il est beau, mais pas que, parce qu’il est gentil, mais pas que, c’est parce qu’il y a chez lui une bonté assez naturelle qui s’amuse de toutes les maladresses d’Ash et qui est même attiré par elles. Là où elles ont toujours été des défauts à gommer au maximum dans sa vie d’avant, Eli les trouve attendrissantes, il leur permet d’exister et se réjouit même de les voir pointer leur nez. «  Tiens » Délicatement des couverts apparaissent dans sa main. Ce qui est une bonne chose parce qu’il aurait été bien embêté s'il avait dû les localiser.«  T'es prêt ? Tu commences ? » Ash se contente d’émettre un son approbateur, c’est un peu tout ce qu’il est capable de dire d’ailleurs parce que son cerveau a commencé à se faire un film sur le plat qu’il est sur le point de manger. Les odeurs sont assez familières mais la moutarde domine un peu les senteurs et ça l’intrigue. «  Je te conseille quand même de prendre une fourchette si tu veux me faire goûter. » Ah, Elijah a préparé de la viande qui ne se coupe pas à la cuillère, voilà qui complique les choses, mais Ash est bon joueur. « L’amour du risque. Respect. » Parce que la fourchette, c’est quand même une chance sur deux, ou trois, de se retrouver avec un coup de dents dans la lèvre ou le menton, et dieu sait qu’Ash s’en voudrait d’abimer le visage d’Eli. Celui-ci se rapproche et saisit une de ses mains pour la guider à sa joue. Moment de silence rompu uniquement par la respiration d’Ash qui s’accélère un peu. C’est un contact plus intime qu’ils n’en ont l’habitude, tout contre sa paume il peut sentir un petit sourire et ça le faire sourire aussi. Il ne veut pas trop en faire mais il ne peut pas s’empêcher de déplacer sa main légèrement, caressant la peau d’Eli au passage pour placer deux doigts sous sa mâchoire tandis que le reste repose sur sa joue. Il visualise la scène, ferme les yeux pour mieux se l’imaginer et approche la fourchette attendant qu’Eli ouvre la bouche, il aurait presque des flashbacks des repas qu’il donne à son fils, en beaucoup plus sexy. Le couvert arrive à bon port sans blessure. «  Ché chaud ! » La remarque est pertinente, même si Ash pensait que les plats auraient largement eu le temps de refroidir entre la fin de leur passage au micro-onde et leur arrivée sur la table basse. Il faut croire que les contenants dans lesquels ils avaient été réchauffés avaient fait particulièrement bien leur boulot. « Vraim… oh merde. » interrompu au vol par un bruit de verre qui tombe, une sensation d’humidité sur sa jambe, il lâche la fourchette par surprise et celle-ci disparaît dans le noir. L’odeur de vin lui emplit les narines et il comprend ce qui vient de se passer, un peu au ralenti. Eli a l’air penaud, presque navré et ça l’amuse. «  Je suis désolé, attends. » L’empressement dans le ton de voix le fait rire un peu, parce qu’il n’y a pas mort d’homme, son pantalon noir survivra et un bon lavage rendra les traces de vin presque invisibles. Et si elles ne disparaissent pas, elles seront un trophée, une cicatrice de guerre largement méritée, pour ce pantalon qui avait pour unique mission de mettre en avant ses cuisses dessinées et le fessier qu’il travaille à bomber. Il ne veut pas qu’Eli se sente mal, il préfère dédramatiser la situation. Ils en riront dans une heure. « Ça va t’excuse p… oh ! » La décharge électrique le terrasse et court-circuite son cerveau. Il sent l’afflux sanguin qui irrigué le base de sa raison déplacer son centre de gravité pour un endroit bien plus primaire. La main qui presse, tamponne et frotte sa cuisse, frôle à plusieurs reprises une zone à laquelle seules Spencer et sa main ont généralement accès. Pour parler franchement, ce n’est pas la première fois qu’une telle pression le saisit en la présence d’Elijah, volontairement ou non, le pompier lui fait de l’effet, mais cette fois-ci c’est différent. C’est peut-être le noir, l’intimité ou juste une accumulation de tensions ponctuelles dans son abdomen, mais Ash sent qu’il perd le contrôle. «  Oh bah ça commence bien ! » commente Elijah et Ash laisse échapper un rire amusé et un peu gêné. La situation serait bien plus embarrassante si la lumière était allumée et qu’Eli pouvait constater l’effet qu’il lui fait. « Je te le fais pas dire. » répond-il alors que la main d’Eli quitte sa cuisse pour la première fois et laisse une seconde à son cerveau pour reprendre le contrôle dans la bataille qu’il livre avec sa libido. « À croire que tu as vraiment empoisonné ton plat et que tu ne voulais pas le goûter… » La blague a pour but de détendre l’atmosphère, elle n’est pas très bonne mais elle fera l’affaire. Ashley n’est pas non plus un boutentrain de première et s’improviser comédien n’est pas dans ses cordes là, tout de suite. Il n’a pas vraiment le temps de réfléchir, d’ailleurs il ne réfléchit pas, mécaniquement il localise son verre et en ingurgite le contenu. Un cul sec qui devait remettre les idées en place mais qui peine à se frayer un chemin entre toutes les hormones qui l’agitent. C’est probablement elles d’ailleurs qui lui ordonnent de se lever. C’est probablement elles qui lui affirment que l’inconfort suscité par le pantalon collant est insupportable et qui le poussent à défaire la boucle de sa ceinture, s’extraire tant bien que mal du vêtement et laisser ses jambes respirer. Ce n’est qu’en se rasseyant que la réalité de la situation le frappe. Peut-être qu’il est trop honnête, mais il ne pense pas qu’Elijah ait pu passer à côté de ce qu’il vient de faire, quand bien même ils sont dans le noir, Ash doute que le bruit d’un gars qui se déshabille à la hâte soit totalement étranger à Eli. « Je veux pas que tu crois que c’était planifié mais du coup j’ai tombé le pantalon. » s’amuse-t-il de la situation, parce qu’il ne peut pas faire autrement. Il est assis sur le canapé d’Elijah, il ne porte plus qu’un slip Calvin Klein noir en guise de bas. Ce choix a été mûrement réfléchi, Ash n’a pas vraiment tenté de prédire la soirée, il a agi par sécurité. Au cas où les choses viendraient à déraper, il n’avait pas envie qu’Eli le voit dans un vieux boxer qui ne mettrait pas en valeur un mannequin, ce qu’Ashley est loin d’être. « Si ça te met mal à l’aise tu peux le dire hein ! Je peux t’emprunter un survêtement. » prévient-il tout de même, pas sûr de vouloir savoir la réponse. Dans son imaginaire, porter le survêtement d’Elijah se serait à la fois une sorte de rejet, preuve qu’il n’a pas envie d’un Ash pas très habillé sur son canapé, mais aussi une espèce de cliché limite charmant qu’il a vu tant de fois dans des films. Leur version à eux de la fille qui porte la chemise de son nouveau copain au petit-dej. Ash n’est pas contre attendre le petit déjeuner pour enfiler l’un des bas du pompier, d’ailleurs.

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«  Ça m'a donné "Bg hot dans ta région ». » Ça le fait rire parce qu’il imagine bien qu’Eli a embelli la vérité pour la blague. La distorsion de la réalité est plutôt flatteuse cependant. «  Tu as si peu confiance en toi pour t'imaginer être sur le déclin ? Ou c'est de la fausse modestie pour que je vienne te couvrir de compliments ?» La question a le mérite de forcer Ash a un peu de réflexion. Elijah touche du doigt quelque chose qui ne peut pas être totalement ignoré. Ashley a passé sa vie à se façonner une image plaisante aux yeux des autres, à être qui on attendait qu’il soit et ce même si ça venait à lui coûter son estime de soi. Dans un mariage pas très heureux où les compliment tombent aussi souvent que la neige au Sahara, il a fini par accepter l’idée qu’il est inadéquat. L’opinion des gens, de Spencer plus précisément, est devenue le reflet de sa propre perception de lui-même et ce n’est pas toujours facile de se défaire de cette tendance à l’insatisfaction permanente. Alors quand Elijah le complimente, Theodore ne sait juste pas comment le prendre, parce que c’est un concept étranger de ne pas avoir à bosser d’arrache pied pour une ombre d’approbation. « Peut-être un peu des deux. » répond-il honnêtement. Il peut le dire sans gêne. Ce qui l’embête un peu plus, c’est de voir à quel point il aime se voir à travers les yeux de son compagnon. À quel point être apprécié est appréciable, à quel point une relation à double sens, dans laquelle chacun porte l’autre sur un piédestal est agréable. Il en profite autant qu’il peut, sachant qu’un jour ça risque de s’effondrer, qu’il devra mettre un terme à la supercherie et que son vrai visage sera visible d’Eli. «  Et le fait que je sois le premier garçon avec qui tu partages tout ça, ça ne te fait pas peur ?» Celle-là, il ne l’a pas vue venir. Peut-être que c’est parce qu’il ne communique pas assez ouvertement ce qu’il ressent, qu’il garde ses émotions trop pour lui, de peur qu’on les transforme en munitions plus tard. Ça lui fait un peu de peine de voir qu’Elijah doute et ne soit pas certain de ce qu’il éprouve. Ce n’est pas anormal, mais il aurait préféré que les hésitations aient disparu de son esprit à ce stade. « Peur ? Non. Est-ce que ça me rend un peu nerveux ? Peut-être, mais c’est une nervosité agréable. » S’il pouvait, il prendrait la main d’Elijah, pour le rassurer, pour lui dire avec les gestes à quel point il compte. Mais c’est pas possible, alors il espère que ses mots suffiront. Ça serait bien une première, qu’Ash et ses mots suffisent à quelqu’un. «  Je veux dire, t'es sûr que tu n'es pas juste porté par la curiosité ?» Un petit rire lui échappe. Pas que la question ne soit pas légitime ou qu’elle soit ridicule, c’est juste qu’elle lui semble tellement à des années lumière de l’état dans lequel il se trouve qu’elle n’est même pas envisageable. « Si ce n’était que la curiosité qui m’animait, je n’aurais pas attendu de te rencontrer pour chercher des réponses à mes questions. » dit-il, avant d’ajouter, factuel : « T’es spécial, c’est tout. » Parce qu’il aurait pu, se donner à n’importe quel inconnu, ce n’est pas comme si les propositions avaient manqué. Des affamés qui voulaient lui prendre sa virginité s’étaient portés volontaires dès la seconde où il avait rejoint l’application qui a mis Elijah sur son chemin. Si Ashley n’avait que la curiosité en tête, il aurait pu l’assouvir en quelques heures. Une visite rendue au milieu de la nuit à un éphèbe quelconque pour faire taire des pulsions qu’il ne comprend pas toujours bien, et le tout aurait été joué. Après de longs moments d’introspection, il a fini par arriver à la conclusion qui s'impose : c’est Elijah qu’il veut. La conversation retourne vers la nourriture et Ash est un peu soulagé de ne pas plus s’attarder sur le sujet. «  Je plaide coupable. Je me serais senti mal si j'avais été jusqu'au bout de mon plan. » Il l’aurait parié. Les mecs, tous les mêmes. « T’avais surtout la flemme de te débarrasser de mon cadavre, avoue ! » Le ton est amusé et pas sérieux pour un sou. Faut dire, si Elijah lui avait voulu du mal, il a eu suffisamment d’occasions ce dernier mois pour qu’Ash se sente en sécurité. Puis l’empoisonnement il paraît que c’est une méthode plus féminine de tuer les gens. Ashley ne sait pas si c’est parce qu’historiquement, les femmes étaient plus souvent reléguées en cuisine que les hommes ou si c’est qu’empoisonner quelqu’un demande plus de prévoyance que la majorité des hommes sont capables de maîtriser, mais ça réduit les chances qu’Eli soit un expert en cyanure. «  Arrête, un date dans le noir, tu avais tout planifié depuis le début je me trompe ?» L’accusation le choque au plus haut point, bon pas vraiment, mais il trouve ça intéressant de voir qu’Eli pense depuis le début qu’Ash a prémédité son coup. Bizarrement ça le rassure un peu, parce que ça veut dire qu’en dépit du fait qu’Elijah pensait qu’Ash avait un plan, il a accepté et était volontaire pour passer la soirée dans le noir avec lui. Ce qui le mène à la conclusion, peut-être optimiste, qu’Eli espère que cette soirée débouchera sur quelque chose d’intime. « Quand j’ai proposé ça j’avais aucune arrière pensée, juré ! Mais je mentirais si je disais qu’avec le temps je me suis pas fait quelques films… » admet Ash non sans sentir sa gorge s’assécher un peu et le feu lui monter aux joues. Il localise la bouteille et son verre qui a été vidé (soit par un Elijah assoiffé, soit par un Elijah maladroit, il ne sait pas) et le remplit avant de se servir et de boire une longue gorgée. «  Je vais être obligé d'ôter quelque chose alors, pour être à égalité. » Il en crache presque son vin et l’image mentale d’un Eli qui se déshabille ne fait rien pour arranger la sécheresse qui tiraille sa gorge. « Ce n’est que justice ! Te sens pas obligé de me balancer de la bouffe dessus pour équilibrer la balance ceci dit. » essaie-t-il de plaisanter pour apaiser la tension -sinon sexuelle au moins sensuelle- qui habite l’atmosphère. Elijah doit avoir capté la même chose, parce qu’il change de sujet et s’éloigne un peu de lui pour regagner un espace personnel qui n’est pas envahi par sa présence. Un soulagement doux-amer. Un peu plus d’espace pour respirer, mais déjà l’absence de la chaleur que dégage Eli se fait ressentir. «  Je suppose que ça a eu le temps de refroidir. On commence à manger ou tu veux qu'on retente l'expérience de donner à l'autre ?» demande Eli et Ash répond sans réfléchir : « Évitons de faire plus de dégâts que nécessaire. » Parce qu’à ce rythme là, ils vont manger des plats froids et retrouver le salon dans un état post-apocalyptique. «  Mmmmh. » Le son que produit Eli le fait sourire jusqu’aux oreilles. Il espérait vraiment que ça lui plairait et ce contentement exprimé le rassure. «  Tu m'avais caché tes talents. Je dois m'attendre à d'autres surprises du genre ?» Hm… question intéressante mais qui laisse Ash un peu dubitatif. Il n’est pas tout à fait sûr de savoir quoi en faire. Alors il préfère la renvoyer à Elijah. Ping-pong verbal maladroit. « Je ne sais pas… Dans quel autre domaine je pourrais te surprendre ? » Il a bien des idées, mais les dire à haute voix déraillerait le repas et ils finiraient par ne pas beaucoup manger ce soir. Rien que d’y penser son coeur s’emballe et il retourne vers son verre de vin, trouvant dans le liquide une distraction suffisante pendant qu’Elijah joue les critiques gastronomique. «  C'est du saumon ?» Jusque là, il ne pouvait pas se tromper alors Ash approuve d’un petit son. «  Je sens des notes de sauce soja et de citron. » Pas mal, il a reconnu une partie des ingrédients de la marinade. «  Du riz. Très bon d'ailleurs, faudra que tu me dises comment tu le cuis. » Il ne s’attendait pas à ce que sa cuisson du riz déclenche l’admiration, mais il prendra n’importe quel compliment. «  À moins que tu ne veuilles venir m'en faire directement ici. » Ok. Merci Eli pour le court-circuit. Ash voit la scène comme si elle se déroulait devant ses yeux, ce qui est un peu étrange puisqu'il est dans le noir, mais son cerveau conjure des images un peu ridicules, presque dignes d’un mauvais porno, de lui cuisinant pour Eli, vêtu uniquement d’un tablier attendant que son homme ne rentre du boulot pour servir le diner, sans savoir si c’est lui ou le gigot qui va se faire déguster. « Non, je pense que je peux te révéler ce secret, mais il va falloir négocier… ça a un prix la connaissance. » Jouer avec le feu des sous-entendus est un jeu auquel il ne pense pas vraiment être excellent, mais Eli n’a pas l’air d’avoir du mal à voir où il veut en venir et ça lui suffit pour l’instant. «  Et le reste je sais pas. C'est des légumes. Je sens de l'oignon et de la tomate ? » Il manque un ou deux légumes et aromates dans la composition de sa préparation mais il ne lui en tiendra pas rigueur. « T’as un bon palais ! Si le journalisme sportif ne t’intéresse plus tu pourras te reconvertir en journaliste culinaire ! » Et l’inviter à bouffer dans tous les restaurants de l’État pour écrire ses critiques ? Voilà un plan qui lui convient plutôt bien à Ash. « T'es bon à marier. » Petite douche froide, rappel à la bague qu’il a ôtée, moment de retour à la réalité. Et puis merde, il laisse tomber la culpabilité, ce soir il veut profiter et si ça a des conséquences… Ash prétendra que ce qui se passe dans le noir, reste dans le noir. Et que ce que Spencer ne voit pas ne peut pas lui faire de mal. « La barre est basse s’il suffit de savoir cuisiner un peu pour être bon à marier… » commente-t-il avant de goûter à son tour au plat préparé par Elijah. Il est frappé par deux choses, une certaine simplicité dans les goûts, qui révèle une puissance gustative certaine, des goûts francs qui ne laissent pas de doute quant à l’intention de créer un plat marqué, mais aussi -et c’est bien dommage- qu’un invité surprise s’est glissé dans son assiette. « C’est pas mauvais du tout, c’est même bon. Je suis juste pas sûr que la sauce était censée être du vin rouge… » Il est un peu désolé pour Eli qui a clairement passé du temps en cuisine pour lui et dont le plat est un peu gâché par le fait qu’il baigne dans le vin qui a été renversé. Ça apprendra à Ash a servir des verres qui ne respectent pas les mesures des restaurants. Il continue de manger cependant, pour faire honneur au travail d'Eli et parce qu'une fois qu’il laisse le vin se drainer de chaque coup de fourchette, il se régale. « On passe au dessert ? » demande-t-il après une dizaine de bouchées parce qu’il doit bien admettre qu’il n’a pas si faim que ça. Ok, c’était son idée de faire un repas dans le noir, mais s’il est honnête, maintenant qu’ils sont là, il n’a pas spécialement d’appétit, c’est plus la compagnie d’Elijah qu’il recherchait que sa cuisine. Il est en train de chercher à tâtons la boîte qui contient son dessert quand une décision s’impose à lui. Il ne sait pas si c’est le vin ou son courage mais il n’a pas envie de questionner plus que nécessaire cet élan qui le porte. Il sait que s’il le laisse passer, il finira par le regretter. « J’ai vraiment envie de t’embrasser. » Les mots sortent sans vraiment qu’il ne réfléchisse à leur formulation. Son esprit est déjà en train de tenter de raisonner cette décision. La conclusion à laquelle il arrive, c’est qu’Elijah n’a pas fait le premier pas, en dépit du fait qu’ils se voient depuis un mois, et qu’il n’'y a pas trente-six raisons qui expliqueraient ça, mais les possibilités fusent dans son esprit. Soit il n’a pas envie de l’embrasser, ce qui serait un coup dur et difficilement compréhensible parce qu’Ash, en dépit de son manque de clairvoyance, a quand même l’impression qu’Eli s’est montré assez réceptif à ses signaux pour que ça ne soit pas qu’une réponse de convenance. Soit il attend le moment parfait et Ash n’est pas sûr qu'il existera, alors autant jouer cartes sur table. Soit il attend qu’Ash fasse le premier pas, par peur de le brusquer, mais c’est maintenant fait, pas le plus adroitement du monde, certes, mais depuis quand Ash est-il considéré comme un mec adroit ? Ashley se sent soulagé, comme si cet aveu avait retiré un poids de ses épaules. Il a conscience que ça revient à donner les pleins pouvoirs à Eli. À défaut du dessert, Ash lui a servi son coeur sur un plateau.

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« Et dans combien de ces films est-ce que nous restions habillés ? » La remarque le fait rire et il doit bien admettre qu’Eli a visé juste. C’est bête, mais c’est ce genre de réflexion qui le fait se sentir vu, apprécié. C’est pourtant rien d’extraordinaire et c’est probablement le b.a-ba du flirt, mais c’est une technique efficace. « Une minorité, mais on les enlevait rarement à cause de notre maladresse avec la bouffe. » Il ne précisera pas qu’il pourrait compter sur les doigts d’une main les films à l’eau de rose qui restaient tout public, alors qu’il aurait pu écrire une saga de romans érotiques avec les scénarios qu’il s’est imaginés. Ça ne ferait que mettre un peu plus de pression sur la soirée et il n’est pas vraiment sûr qu’ils aient besoin, l’un comme l’autre, de plus de tension. Ash est déjà au bord de l’implosion. Si l’attente était un aphrodisiaque, Ashley en serait à son douzième plateau d’huîtres, sa troisième assiette de chocolat au gingembre. « J'ose imaginer que tu saurais aussi me surprendre au cours d'une activité plus... intime ? » répond un Elijah qui ne semble pas trop angoissé à l’idée de jouer avec le feu, ce qui pour un ancien pompier à plein temps n’est pas très surprenant. Ça met une petite pression sur les épaules d’Ash, mais il y a des fardeaux plus lourds que d’autres. Celui-ci n’est pas parmi les pires qu’il ait connus. « Ne place pas trop d’espoir là dessus non plus. » prévient-il tout de même, presque à la légère, mais ça n’en demeure pas moins vrai. Deux réalités sont claires : il ne veut pas qu’Elijah soit déçu et préfère que ses attentes soient dépassées, et il est bien conscient de sa totale inexpérience. Ash n’est qu’appréhension à l’idée de dépasser les limites qu’il s’était fixées au début de leurs échanges et avec son manque de familiarité en la matière, il ne met pas vraiment les chances de son côté. Ok, Ashley sait comment ça marche l’intimité, avec les femmes en tout cas, mais il n’est pas vraiment sûr d’avoir fait le travail de recherche nécessaire pour pouvoir être à l’aise avec Elijah. Pas qu’il compte sauter les étapes et se précipiter, mais tout de même. Les résultats internet qu’il a pu trouver en pianotant discrètement sur le clavier de son téléphone lui ont révélé qu’ils étaient « en retard » sur la façon dont les couples d’hommes fonctionnent. Ça n’aurait pas dû le surprendre de découvrir qu’en général le sexe est une étape très vite passée et qu’après plusieurs mois à discuter et un mois à se tourner, Elijah et Ashley étaient de réels escargots en comparaison avec la moyenne. Faut dire qu’aucun des deux n’a vraiment su se montrer entreprenant, de peur de se montrer irrespectueux peut-être, et quand Ashley, pris d’un courage enivré, pose les cartes sur tables, il a presque envie de vomir. Jusqu’à ce que les mots d’Elijah lui parviennent. « Moi aussi. » Son estomac ne sait plus où se mettre, c’est un mélange affolant d’excitation et de peur qui lui tiraille les entrailles. Quand les doigts d’Eli viennent trouver les siens son coeur s’emballe. C’est sans trop réfléchir, parce que ces choses-là se font spontanément et qu’Ash n’émet aucune résistance qu’il est attiré tout contre Elijah, une main dans la nuque qui le fait frissonner d’anticipation alors que sa bouche vient rencontrer celle d’Eli. Le baiser est intense, Ashley ne sait pas exactement pourquoi, c’est un baiser de qualité, il n’y a pas à douter, mais ce n’est pas la question. C’est presque facile, confortable, comme lorsqu’on enfile un vieux t-shirt. Il y a une aisance qui le décontenance et qui l’interroge sur son passé. Il n’irait peut-être pas jusqu’à dire que ce baiser met en perspective tous les autres, mais Ash n’a que rarement autant eu envie d’éternité qu’à cet instant. Lorsqu’Elijah rompt le baiser, Ashley tente de ne pas protester. Il a passé les derniers mois de sa vie à fantasmer à ce moment et il n’est pas prêt à le laisser filer aussi vite. « Ça me fait peur... c'est une bonne chose non ? » Dire qu’Ash est un peu surpris serait un euphémisme. Il n’a vraiment pas les mots nécessaires pour répondre à ça, là de suite, et son esprit est trop embrumé par le baiser qu’ils ont échangé pour vraiment formuler des pensées cohérentes. « J’imagine ? » tente-t-il sans grande conviction, déposant un baiser dans la barbe de trois jours d’Elijah avant d’ajouter : « Je mentirais si je disais que c’est pas un peu effrayant, mais… » La phrase meurt dans sa bouche alors qu’il réalise qu’il est installé en sous-vêtement contre son amant qui a tombé le haut un peu plus tôt. Il ne sait plus trop quoi dire, quoi penser, s’il est même capable de formuler une phrase cohérente. « Je suis juste content d’être là, avec toi. » conclut-il tellement gêné d’être aussi peu habile que ça le fait rire doucement. Par réflexe ou par instinct il enfouit son visage dans le cou d’Elijah, ce qui est tout à la fois une excellente et une très mauvaise idée. L’odeur de sa peau l’électrise, la chaleur de sa peau l’enivre et il s’en imprègne. C’est sans vraiment l’avoir intellectualisé, qu’il dépose un baiser méthodique sur la carotide dont il perçoit les battements, avant de remonter vers la bouche d’Elijah. Maintenant qu’il a goûté à ça, Ash ne sait pas comment il va pouvoir s’en passer, mais c’est une question qui peut attendre. « Si tu es sage, peut-être que je te raconterai un des films que je me suis fait. » glisse un Ashley qui a regagné ses esprits et qui est de très bonne humeur.

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In the dark
@Ashley Gilmore & @Elijah Tate

« Tu ne veux pas qu’on rallume ? » Déglutition difficile et moment d’appréhension. Il n'y aura plus de marche arrière possible. Sortir du noir, c’était devenir incapable de dire que ça rien ne s’était pas produit. À l’abri des regards, de celui d’Elijah, des passants curieux, de Dieu même s’il n’avait rien de mieux à faire que de se rincer l’oeil, Ash pourrait prétendre que la nuit avait été ordinaire, une fois le petit matin venu. Ça veut aussi dire, s’exposer à l’oeil inquisiteur d’Elijah, prendre le risque de le décevoir. « Bonne idée. » susurre-t-il entre deux baisers, abandonnant toute pudeur alors qu’il sent les doigts de son amant (autant appeler un chat un chat à ce stade) s’affairer à défaire les boutons de son haut, qu'il retire quand Elijah finit par s’échapper à la recherche d’un interrupteur. « Je préfèrerais que tu me le montres. » La décharge électrique qui sévit dans son bas ventre est tellement forte qu’Ash s’étonne presque qu’Elijah ne puisse l’entendre. Comme si son corps tout entier était en accord avec la proposition dont les implications étaient grivoises sinon torrides. Il s’apprête à répondre, faire un trait d’esprit, une remarque lubrique à peine voilée, mais déjà Eli allume la lumière et les mots viennent à lui manquer. « Oh wow… » Ash ne sait pas ce qui le stupéfait le plus. L’état du salon qui semble tout droit sorti d'une émission dans laquelle des gens débarquent pour faire le ménage chez des crasseux de première catégorie, ou la vision d’Elijah torse nu qui lui coupe le souffle car ni les photos échangées ni les images mentales qu’Ash avaient imaginées ne lui rendaient hommage. Après une courte réflexion, Ash doit admettre qu’il se fout complètement du bordel environnant, il n’y a qu’Eli dans toute sa beauté qui l’intéresse. Il aimerait figer le temps, fixer cette image dans sa tête à jamais, mais déjà le corps bouge, rendant le cliché mental flou. Ash a soudain très clairement conscience de la vue qu’il offre, là, debout au milieu du salon, son érection très à l’étroit dans son slip noir, qui ne laisse pas grande place à l’imagination et menace de faillir à son rôle. Machinalement il essaie de repositionner le tout, sans grand succès, surtout quand Elijah regagne sa proximité et que sa présence n’arrange rien à la situation dans son bas-ventre. « Je vais te montrer ma chambre. » Le trajet jusqu’à l'étage est un flou artistique et Ash n’a pas vraiment le temps de prendre connaissance des lieux ou d’admirer la décoration car Elijah vient de retirer ce qu’il lui restait de vêtements et que le spectacle réclame toute l’attention d’Ash qui l’approche, le touche du bout des doigts comme pour vérifier qu’il est encore réel, avant de le prendre dans ses bras. « J’ai tellement envie de toi. » Il aurait pu, peut-être dû, faire preuve de plus de romantisme, de poésie, mais les mots lui manquent. Il réalise, un peu amèrement peut-être, qu’il n'a jamais autant désiré personne. C’est sûrement pour ça que les gens qui vivent des enfances répressives finissent par devenir de jeunes adultes à la vie débridée. Une fois qu’on goûte à la liberté, difficile d’y renoncer. Maintenant qu’il goûte à la passion, comment s’en passera-t-il ?