the broken ones (alisha)

[ the broken ones ]

ft. Victoria Pearson & @Alisha Gautier
C’est quasiment à reculons que tu te tires hors de ton lit pour passer sous la douche. Ce n’est pas que t’as pas envie d’aller rejoindre Alisha - bien au contraire - mais seulement que la motivation te manque pour faire autre chose que déprimer dans ton lit. Ce n’est pas pour rien que c’est là que tu as passé le plus clair des derniers jours en redoutant un peu le moment où tu devrais retourner au boulot ou te décider à aviser ton supérieur de la mort qui a ébranlé ta famille. Pour l’instant tu repousses ce moment et préfères profiter des instants volés en compagnie d’Elena, sa seule présence suffisant à te faire oublier toutes les horreurs du mondes qui t’attendent.
Bon, malheureusement, ça te fait aussi oublier des choses plus plaisantes et plus importantes, mais tu comptes bien rattraper le coup. T’es bien consciente que tu n’es pas à ton meilleur en ce moment, que les moments volés dans les bras d’Elena ne fonctionnent que sur le coup et ne règlent pas le fond des problèmes, mais c’est un détail. T’as toute l’intention du monde de profiter de la soirée avec Alisha pour te vider le coeur. T’éviterais probablement le sujet qui blesse le plus, la mort de Lawrence, parce qu’en parler davantage ne reviendrait qu’à te confronter à la réalité, au fait que ton frère ne sera plus jamais là à tes côtés. Et ce n’est pas une option, pas une possibilité, T’enfouis la chose au plus profond de ta personne alors que tu quittes ton appartement pour te rendre chez ton amie.

Le trajet te fait du bien, ça te permet de prendre un peu l’air alors que t’as sciemment évité le monde extérieur pendant les derniers jours. Tu fais tout de même attention à ne pas trop t’attarder, autant pour ne pas pas faire attendre Alisha que pour ne pas risquer d’être coincée trop longtemps avec tes pensées envahissantes. Elles sont nombreuses et leur ombre s’invite dans ton esprit jusqu’à être chassée par la porte de ton amie. Tu cognes doucement à la porte, forçant un mince sourire sur tes lèvres comme si ça chasserait l’impression générale de ton visage, les yeux rougis par des larmes et des cernes qui commencent à être un peu trop inquiétants. Qu’importe, Alisha t’a dit que tu n’avais pas à parler si tu ne voulais pas. « Désolée d’avoir autant trainer, Captain Ronron voulait pas me laisser partir. » Et t’avais aucune motivation pour te lever, mais ça c’est autre chose. Surtout que ça laisserait croire que tu ne voulais pas la voir ce qui est loin d’être le cas. T’apprécies toujours passer du temps avec elle, ton humeur pourrie des derniers temps n’y change rien

/ awards session

[ the broken ones ]

ft. @Victoria Pearson & Alisha Gautier
Alisha ferma la porte derrière et vint s’appuyer contre cette dernière dans un soupir à fendre l’âme. Les visites à l’hôpital devenaient de plus en plus compliquées, de plus en plus déchirantes. Cela devenait difficile de garder le sourire face à l’état si affaibli de sa mère, mais elle ne pouvait flancher devant elle, la moindre larme pouvait provoquer un torrent d’émotions parasites qu’elles ne souhaitaient pas connaître lors de ses visites. La jeune femme souffla un bon coup et retira son manteau pour rejoindre le salon où les deux boules de poils terminaient – sûrement – leur sieste de la journée.

Kebab jappa en la voyant arriver et se jeta dans ses genoux pour la saluer. Tacos, quant à lui, se contenta d’ouvrir un œil impérieux avant de retourner à ses rêves de félin. Enfin, c’était sans compter Alisha qui l’attrapa pour le presser contre elle. « On a de la visite ce soir. » Madame était si prévenante qu’elle avait même préparé la chambre d’amis si besoin pour Victoria. Si elle avait déjà du mal à sortir de chez elle, elle la voyait mal avoir le courage de tracer le chemin inverse, et puis peut-être que ça l’empêcherait de se vautrer dans les bras de son ancienne compagne. Quelle relation toxique.

Alisha était désespérément inquiète à ce sujet, mais ne pouvait pas y faire grand-chose à part mettre en garde son amie. C’était sa vie, c’était ses choix, certes. La jeune femme savait très bien à quel point il était difficile pour une personne sous emprise de retirer les œillères qui cachaient bien des vérités atroces. Le cœur avait beau être massacré, l’esprit se taisait et ne laissait rien paraître. Toute personne extérieure à cet amour dramatique ne pouvait réellement sauver la personne tant que cette dernière n'acceptait pas, elle-même, la situation. Toute personne extérieure devait alors se contenter d’être présente et d’aider la personne jusqu’à sa rédemption.

Alisha vérifia qu’elle ne manquait pas de thé et attrapa la bouilloire pour la remplir, prête à exécuter son job de pote réconfortante. On toqua à la porte et Kebab s’empressa d’aller se cogner contre celle-ci dans un jappement idiot. « Doucement, Kebab. » soupira-t-elle, amusée tout de même. La violoniste ouvrit la porte et offrit un doux sourire à son amie qui s’excusait déjà de son ridicule retard. Elle vint la prendre dans ses bras et la souleva de terre pour la porter jusqu’au salon, non sans être suivie par monsieur Kebab. « C’est pas la mort, je viens à peine de rentrer de toute manière. » répondit-elle en la déposant sur le canapé où s’empressa de la rejoindre le chat désormais réveillé. « Puis déjà t’es sortie de ton lit, c’est déjà pas mal. »

/ awards session

[ the broken ones ]

ft. Victoria Pearson & @Alisha Gautier
Le sourire que tu forces sur tes lèvres lorsque tu cognes à la porte se fait vite plus sincère quand tu entends les jappements de Kebab de l’autre côté. Il y a quelque chose de particulièrement réconfortant à la présence d’un animal, ce n’est pas pour rien que t’as passé la grande majorité des dernières journées dans ton lit en compagnie de ton chat. Certes, tu t’étais aussi un peu trop reposée sur la présence d’Elena, mais c’est complètement différent, c’est aussi quelque chose dont tu préfères ne pas te vanter. Alisha l’apprendra surement - de toi - à un moment ou un autre, mais pour l’instant, tu préfères écarter la chose de ton esprit. Tu ne viens pas voir ton amie pour parler de ta relation particulière avec ton ex, elle en a déjà bien trop entendu par le passé. C’est même pas ça qui justifie ton état actuel, ce serait peut-être plus simple si c’était le cas.
Mais qu’importe, t’es particulièrement contente de voir Alisha, il n’y a aucun doute là-dessus. Tu ne t’attendais pas, en revanche, à te retrouver soulevée du sol et entrainée jusqu’au salon. « Tu sais que je peux marcher hein ? » Tu ne peux pas t’empêcher de passer le commentaire, mais il y a quelque chose de doux dans la situation, quelque chose qui vient apaiser ton coeur meurtri. Le fait qu’elle balaie tes excuses aide aussi en ce sens. « D’accord. » Tu voudrais dire tant mieux, mais considérant qu’elle vient de rentrer de l’hôpital, ce n’est pas non plus une si bonne chose. Tu préfères donc faire preuve d’un minimum de légèreté - aussi faux soit-il. « T’as vu ? Je suis même passée sous la douche, c’est pas pour dire. » Tu plaisantes, mais il est vrai que prendre soin de toi n’a pas été ta grande priorité des derniers jours.

Ce ne l’est toujours pas, mais tu sais que t’es entre de bonnes mains avec Alisha. T’es même déjà plus que bien accueillie par les véritables maitres du domicile, notamment le chat qui vient t’inspecter avec attention avec de s’installer sur tes cuisses. « Comment tu vas toi ? » Tu peux supposer une réponse, surtout considérant qu’elle vient de rentrer de l’hôpital, mais tu restes soucieuse de la réalité. « Enfin, si tu veux en parler. » Tu serais plus que mal placée pour gratter des informations sur comment elle se sent considérant que tu l’as déjà prévenue que tu n’aurais pas le courage de vider ton sac, pas tout de suite. Tu n’as donc aucune intention de la forcer en ce sens, mais si elle veut s’ouvrir, tu serais une oreille attentive. Vaut mieux les problèmes des autres que les tiens, voilà ta philosophie depuis toujours. C’est peut-être un peu égoïste ou alors trop altruiste pour ton propre bien, au choix.

/ awards session

[ the broken ones ]

ft. @Victoria Pearson & Alisha Gautier
Parler de sa mère. Elle doutait qu’aborder un tel sujet avec l’état de son amie aidait réellement à lui remonter le moral. Certes, Victoria n’était pas ignorante de la situation de la matriarche mais Alisha restait tout de même évasive sur la question. Il lui était douloureux de mettre des mots sur la santé de celle qu’elle chérissait le plus au monde. Il lui était douloureux de faire face à cette silhouette affaiblie alors qu’elle l’avait connu pétillante d’énergie et d’une beauté qu’elle n’avait cessé de lui vanter. C’était à peine si Jaya parvenait à lui serrer la main désormais. La jeune femme se refusait à laisser la tristesse gagner du terrain sur ses émotions, elle s’était toujours voulue solaire et génératrice de bonne humeur pour les autres. Sa mission aujourd’hui était de prendre soin de Victoria et non d’aggraver son cas en l’informant que l’état de sa mère oscillait entre la vie et la mort.

En de grandes enjambées, la violoniste parvint à la cuisine où elle se saisit du plateau de thé pour le déposer soigneusement sur la table basse. « Je vais bien, ma mère m’a demandé de tes nouvelles. Elle semble aller mieux. » Mensonge qu’était cette dernière phrase, mais la jeune femme tentait elle-même de se rassurer, refusant d’admettre la vérité. Elle servit deux bonnes tasses et en tendit une à son amie avant de s’installer à ses côtés. « Ca me fait bizarre de la savoir là-bas depuis un an alors que je l’ai toujours connu courant partout avec un sourire plaqué sur la face. » répondit-elle en soufflant sur le doux breuvage. « Mais on va pas parler de ça, je te signale que tu es venue ici pour que je te remonte le moral et pas l’inverse. »

Il serait bien ridicule que les deux jeunes femmes finissent par inonder le sol de leurs larmes, toutes deux emballées dans un plaid. Non, Alisha était déterminée à lui changer les idées et même si elle n’avait rien prévu de concret pour le faire, elle se disait qu’elle n’était pas si mauvaise en improvisation. Elle pouvait toujours lui apprendre à jouer du violon au plus grand péril de leurs tympans ou encore à lui faire découvrir les magnifiques chefs d’œuvre bollywoodiens.

/ awards session

[ the broken ones ]

ft. Victoria Pearson & @Alisha Gautier
Est-ce qu'il est juste de ramener la conversation sur sa mère ? Non, sans doute pas. T'en es consciente, mais ce n'est pas une tactique pour éviter que la conversation tourne sur toi. C'est une réelle inquiétude, une réelle envie de savoir comment elle se porte. T'es rassurée de savoir que sa mère va mieux, ne pensant pas un instant que Alisha pourrait ne pas te dire la vérité. « J'espère que tu lui as assuré que je vais bien. » C'est presque idiot de lui demander de mentir, mais l'explication est évidente. « Je ne voudrais pas qu'elle s'inquiète pour moi. » Que tu ajoutes, sans pour autant être certaine que c'est nécessaire de le dire. Ton interlocutrice doit savoir mieux que toi ce qu'il vaut mieux dire à sa mère ce pourquoi tu n'insistes pas davantage, que tu te contentes d'écouter ce qu'elle ajoute avec attention. Tu sens ton coeur se serrer à ses dires, ne pouvant t'empêcher de faire le parallèle avec Lawrence. Pas que tu souffles un mot sur ce sujet, préférant enterrer ces pensées en même temps que tu prends une gorgée du thé qu'on t'a offert. Tant pis s'il est chaud, que ça te brûle la langue, c'est mieux ça que t'effondrer après si peu de temps.

Alors t'acceptes volontiers la distraction que propose Alisha. « Ouais enfin, on peut se remonter le moral à toutes les deux. » Ce serait assurément préférable comme ça. Tu ne supporterais pas d'être la seule dont on s'occupe si ton amie n'est pas dans un meilleur état. Ça pourrait d'ailleurs soulever des questions dans ton esprit, mais tu la prends aux mots, supposes que parler de sa mère est un sujet sensible peu importe la situation actuelle, les améliorations qu'elle a évoquées. « Alors c'est quoi ta méthode parfaite pour te changer les idées ? Regarder des films et manger de la glace ? » Tu plaisantes un peu tout en sachant que c'était un peu ta technique des derniers jours, comme si t'étais incapable de faire autre chose. « Merci de l'invitation au fait. Je pense que Captain Ronron en avait marre de devoir partager le lit. » Bon en soit, ton chat n'avait pas semblé plus dérangé que ça par ta présence envahissante des derniers jours, mais tu sais que ça ne tiendrait pas éternellement. Il en a pas l'habitude après tout.

/ awards session

[ the broken ones ]

ft. @Victoria Pearson & Alisha Gautier
Alisha n’était en rien à l’aise sur le fait de lui mentir, mais elle n’avait pas le choix actuellement. Elle ne pouvait mettre de mots sur ce qui la terrifiait le plus en ce moment ; la mort d’un être cher. Elle eut un rire triste au fond d’elle-même, voulant presque rétorquer que sa mère n’avait aucunement la force de penser à quelqu’un d’autre qu’à elle-même, mais les moqueries moururent précipitamment sur ses lippes closes. Elle vint poser sa tête sur l’épaule de son amie, non sans manquer de taper la tasse de son pied en voulant croiser les jambes. Elle se devait d’être plus prudente, aux dernières nouvelles, Alisha ne savait aucune nettoyer un tapis tâché de thé.

Elle rit à sa proposition et secoua doucement la tête, se redressant alors pour attraper la télécommande qui se trouvait planquer sous la table. Elle capta du regard la truffe soudainement existée du chien comme si elle venait de dérober l’un de ses plus beaux trésors. « D’ordinaire je me contente de jouer du violon jusqu’à en détruire toutes les cordes de mon archer, mais je vais éviter de te faire jouer, je risque d’en perdre mes tympans. » Puis, un archer ce n’était pas donné non plus. Alisha s’en était rendu compte à force d’abîmer tout ceux qu’elle avait en sa possession.

« Tu plaisantes ? Je suis sûre qu’il est actuellement en train de miauler à la mort parce que tu ne t’y trouves pas. » Enfin, ça c’était le cas pour Tacos qui détestait voir sa maîtresse quitter le lit alors qu’il y était si bien. Cet animal était en constant besoin d’affection, mais Alisha restait tout de même distante. Un chat, ce n’était pas un enfant. Si on le maternait trop, il risquait de devenir dépendant et développer de l’anxiété lorsqu’elle ne se trouvait pas à la maison.

« Je te propose de regarder un bon film et après on ira sûrement cuisiner un truc, genre de type pâtisserie. Je suis pas sûre que ça soit la meilleure idée du monde vu que j’ai deux mains gauches, mais je pense que l’expérience vaut le détour, t’en penses quoi ? » Entre les répétitions, les concerts et autres joyeusetés de la célébrité, Alisha n’avait jamais eu le temps d’apprendre à cuisiner sans foutre le feu à une cuisine. Certes, elle s’était quelque peu améliorée, mais ce n’était pas encore un grand chef étoilé.

/ awards session

[ the broken ones ]

ft. Victoria Pearson & @Alisha Gautier
Rire est la seule possibilité qui s’offre à toi lorsque Alisha révèle que sa méthode habituelle pour se remonter le moral implique de jouer du violon. Ce n’est pas cette information qui t’amuse, c’est plutôt le fait de t’imaginer en faire de même. « Ouais je pense qu’il vaut mieux préserver tes oreilles. » Les tiennes aussi remarque, tu ne serais pas immunisée même si t’étais celle qui créerait des horreurs. « Et autant visiter que je casse quelque chose. » Tu ne veux pas détruire son archet ou pire son violon, ce serait quand même le comble alors qu’elle t’invite pour te remonter le moral. Il vaut mieux opter quelque chose de plus classique qui éviterait des catastrophes. Pour toi ça implique la présence de ton chat en règle générale, mais ce dernier a droit à des vacances pour une soirée. Alisha ne semble pas si convaincue que ton chat voit les choses ainsi, mais toi tu préfères penser que oui, parce que sinon tu culpabiliserais de le laisser chez toi. « Tu parles, le connaissait il en profite pour réclamer à manger à tous mes colocs. » En soit, l’un n’empêche pas l’autre, mais tu préfères imaginer ton chat comme un ventre sur pattes - ce qui n’est pas faux.

C’est d’ailleurs pas plus mal qui ne soit pas dans les parages si vous alliez cuisiner. Il est un peu trop curieux pour son propre bien à ce niveau-là. « C’est une proposition risquée ça, des plans pour qu’on brûle ta cuisine. » Tu te débrouilles pour cuisiner, mais pas de là à te risquer à la pâtisserie. T’es friande du take out et des mets préparés dans les épiceries comme si c’est une alimentation décente. Qu’importe, ça te dit bien d’essayer. « Mais ça me semble être un super plan pour la soirée cela dit. » En soit, t’es pas trop difficile, elle t’aurait dit qu’elle voulait regarder la peinture sécher sur un mur que t’aurais été partante quand même. T’as juste besoin de sa compagnie, d’avoir une épaule sur laquelle pleurer - ce que tu ferais sans doute à un moment ou un autre. « Et je propose que tu me fasses découvrir ton film préféré. Je pourrai te montrer le main après qu’on aura cuisiné. » Ou un autre jour parce que vous allez mettre feu à sa cuisine, mais c’est un détail. Tu prends une autre gorgée de ton thé avant de déposer la tasse sur la table et revenir te blottir contre Alisha. Tu tends même ta main libre, celle qui n’est pas perdue dans le poil du chat, pour attraper la sienne. Est-ce que ça parait que t’as besoin de réconfort ?

/ awards session

[ the broken ones ]

ft. @Victoria Pearson & Alisha Gautier
A une époque, Alisha s’était demandée si elle n’était pas antipathique. Elle se fichait éperdument des autres et de leurs sentiments, prête à tout pour parvenir à ses fins et piochant uniquement dans ses intérêts, elle n’avait jamais craint d’affecter les émotions de chacun. Lorsqu’une personne avait le cœur brisé, elle lui tournait furieusement le dos pour trouver quelqu’un de plus joyeux et intéressant. C’était à peine si elle avait sourcillé le jour où une de ses bonnes amies new-yorkaises était venue à sa porte pour lui annoncer le décès d’un proche, à croire même qu’elle lui avait claqué la porte au nez. Jaya, sa mère, avait mis ce manque d’émotions sur le traumatisme d’une enfance difficile et qu’il allait falloir du temps pour réparer ce petit cœur brisé. Alisha lui avait fait confiance et ne s’était donc pas inquiétée de cette froideur qui la possédait.

Et elle avait bien fait. Aujourd’hui, l’antipathie s’en était allée pour laisser place à une compassion qu’elle commençait à apprivoiser. « Ne t’inquiète pas, au pire on appellera les pompiers. » plaisanta-t-elle en buvant une gorgée de thé. Victoria était le parfait exemple de son changement de comportement vis-à-vis des autres. Fragile créature empêtrée dans un amour qui ne pouvait que mal finir, Alisha se devait de rester à ses côtés pour l’empêcher de sombrer à chaque dispute ou autre coup bas. « On peut totalement faire ça oui, je suis curieuse de connaître ton film préféré. » Les goûts cinématographiques étaient, selon la musicienne, une bonne technique pour connaître la personnalité de quelqu’un. Certes, elle en savait déjà pas mal sur celle de la policière, mais elle ne disait jamais non à trop de détails. Enfin…

Alisha l’entoura de ses bras et vint poser son menton sur le sommet de son crâne, devenant alors un cocon protecteur pour son amie qui avait déjà eu le courage de la rejoindre ici. Elle n’avait pas forcément besoin de lui parler ou de combler le silence, elle savait que son unique présence et étreinte suffisait à cajoler un cœur un peu trop malmené. Les minutes passèrent doucement avant que la musicienne se détache quelque peu. « Bon, je pense pas que la cuisine se fasse toute seule, faut peut-être qu’on se bouge. »

hrp:

/ awards session

[ the broken ones ]

ft. Victoria Pearson & @Alisha Gautier
Au pire on appellera les pompiers, ça te fait rire malgré toi. T’es pas certaine que ce soit une bonne chose pour le domicile de ton amie. Tu trouves tout de même l’occasion de plaisanter sur la question, peut-être parce que l’humeur - fausse - d’Alisha est contagieuse. « C’est ton plan parfait pour draguer des pompiers ? » Tu n’es pas sérieuse, ça s’entend bien dans ta voix. De toute façon, dans un monde idéal, vous réussissez à vous cuisiner quelque chose de décent plutôt que mettre feu à sa cuisine.
Heureusement, avant tout ça, il y a un doux moment, même plusieurs. Celui où vous parlez du film que tu pourrais lui faire découvrir parce qu’il s’agit de ton préféré. « Tu pourrais surement le deviner. » Que tu supposes avec un fin sourire. Ce n’est pas compliqué en soit : un film avec une histoire romantique, mais déprimante. Ça va plutôt bien avec qui tu es non ? Certes, il y a plusieurs films qui cadrent avec cette description, mais un seul en tête de liste, un classique du début des années 2000.

Puis, il y a le moment où elle vient simplement te serrer dans ses bras. Ça te permet de souffler alors que tu retiens les larmes qui menacent de te monter aux yeux. T’es pas là pour être lourde ou lui pleurer sur son épaule - malgré les apparences et l’historique de votre relation. T’es pas prête à parler de la mort de Lawrence, quoi qu’il advienne. Tu préfères profiter du moment, même quand il cesse. Alisha revient à la cuisine, celle qui ne se ferait pas toute seule. « T’as vraiment hâte qu’on mette le feu à ta cuisine en fait. » Tu sais que ce n’est pas vraiment le cas, mais en même temps, c’est tout de même un risque potentiel à considérer. Tu ne t’opposes pas pour autant à ce qu’elle propose venant t’étirer puis te tirer hors du divan. « Qu’est-ce que tu dis qu’on essaie des biscuits aux pépites de chocolat ? Je pense qu’à nous deux on pourrait se débrouiller. » T’en as déjà fait, juste que c’était un truc tout préparer où il fallait seulement couper des morceaux. « Mais comment tu te nourris si tu as deux mains gauches ? » Peut-être qu’elle fait comme toi et qu’elle vit sur beaucoup trop de taie-out. Peut-être qu’elle a un chef privé, elle doit avoir l’argent pour ça.

/ awards session

[ the broken ones ]

ft. @Victoria Pearson & Alisha Gautier
Draguer des pompiers, quelle drôle d’idées tiens. Alisha n’avait jamais pris la peine de faire le premier pas avec qui que ce soit, elle préférait qu’on vienne lui susurrer tendresse et promesse, se laissant alors le choix d’acquiescer ou de refuser les avances de la personne sans lever le petit doigt. Ariel en avait fait l’expérience, elle se demandait encore pourquoi il était resté aussi longtemps à ses côtés alors qu’elle ne faisait rien pour combler le cœur qu’il lui avait offert. Certes, elle lui avait offert chaleur et passion lors de leurs quelques nuits passées dans le même lit, mais n’avait pu imprégner ses caresses et baisers d’une tendresse qu’il attendait désespérément.

« Ne me dis pas que tu vas me proposer le Titanic sinon je pète un câble. » Les films romantiques, ce n’était clairement pas sa tasse de thé. C’était barbant, cliché, irréaliste et surtout, trop souvent, toxique. Elle ne citerait pas d’exemples, rien que d’y penser, elle en avait la nausée. « Je n’attends que ça foutre le feu, je suis pyromane. » ironisa-t-elle en s’extirpant du canapé. A peine avait-elle posé pied à terre que Kebab déboula dans le salon, le regard fou. Est-ce que cet idiot pensait qu’ils allaient se promener ? Elle n’espérait pas pour lui car ce n’était clairement pas le cas.

Alisha rejoignit la cuisine et vint s’amuser à ouvrir quelques placards, vérifiant leurs contenues avec une légère crainte. Elle n’était pas non plus la professionnelle des courses et oubliait souvent la majorité des choses auxquelles elle avait pensé. « On peut essayer, je pense pas qu’on risque de s’empoisonner avec un truc aussi simple. » Mais elles étaient surement capables de foirer la recette, un détail auquel il ne valait mieux pas penser. Elle arqua un sourcil et se tourna vers son amie, un sourire en coin. « Tu veux connaître mes petits secrets ? »

La musicienne s’appuya sur le plan de travail et leva les yeux au ciel de façon dramatique. « Très bien, je vais te le dire. » souffla-t-elle « Je commande la plupart du temps ou je vais au restaurant. J’ai continué mes petites habitudes de personne qui a de l’argent. »

/ awards session

[ the broken ones ]

ft. Victoria Pearson & @Alisha Gautier
Titanic, c’est pas une mauvaise hypothèse pour ce qui est de ton film préféré. C’est un peu trop niais pour toi et ça a jamais été un coup de coeur, mais ça cadre plutôt bien avec celui que tu préfères vraiment. « Non quand même pas, mais du coup je sais pas si tu vas aimé mon préféré. » Tu gardes le suspens, cherches à ne pas vendre la mèche avant l’heure.
Vous avez à mettre le feu à la cuisine avant cela ! Il y a des priorités dans la vie quand même. « Ça explique beaucoup de choses. » Ça explique rien en fait, parce que ton amie n’est définitivement pas une pyromane et qu’elle ne veut même pas draguer des pompiers. Mais il est facile de te laisser aller aux plaisanteries avec Alisha. Ça t’allège le coeur, ça te fait oublier pendant un moment tous tes tracas. C’est l’effet qu’elle a sur toi, peut-être sans même le savoir. « J’admire ton optimisme, c’est bien parce que tu m’as jamais vu cuisiner. » Tu lui adresses un sourire en coin, celui qui cadre difficilement avec ton air épuisé.

C’est bien le signe que sa compagnie fonctionne, qu’elle a un effet magique. « Totalement oui, apprends moi tous tes secrets. » La vérité, c’est que t’as certainement pas besoin de tous ses secrets, mais c’est pour ajouter au moment, pour te laisser prendre au jeu. T’es tout de même curieuse de savoir comment elle se débrouille. C’est de la curiosité sincère, celle de quelqu’un qui ne sait pas cuisiner et qui aurait bien besoin de conseils. Mais probablement pas celui qu’elle t’avoue, parce que c’est qu’un miroir braqué vers ta méthode de prédilection : le take out. « Si ça peut te rassurer les personnes normales font ça aussi. » Tu hausses les épaules doucement avant de préciser. « Si ma coloc cuisine pas pour l’appart, je me prends généralement quelque chose en rentrant du boulot ou alors je fais des ramens. » C’est à se demander comment tu peux être relativement en santé considérant ton alimentation, mais il vaut mieux ne pas poser trop de questions à ce sujet. « Mais bon, ce soir on va faire les meilleurs biscuits au chocolat possible. » Plein d’enthousiasme qui n’est absolument pas mérité. Surtout pas alors que tu te permets de sortir une recette sur ton téléphone. « T’as tous les ingrédients en fait ? » T’as l’impression que t’aurais du commencer par ça avant de lui proposer les biscuits, mais bon une chose à la fois.

/ awards session

[ the broken ones ]

ft. @Victoria Pearson & Alisha Gautier
Bon, ce n’était donc pas le Titanic mais la thématique s’en rapprochait, hm. Alisha plissa les narines mais ne fit aucun commentaire sur la question, chacun était libre d’aimer ce qu’il souhaitait – dans la limite du raisonnable, bien sûr -. Certes, l’aspect raisonnable et Victoria, ce n’était pas le genre qui allait ensemble, notamment en matière de relation mais il fallait faire avec. « Dans ce cas, je me donne le droit de m’endormir devant si je sens que ça m’ennuie. » Elle était incapable de s’endormir devant un film, c’était bien trop bruyant et attirant pour l’œil, son amie le savait très bien, mais Alisha aimait jouer sur la théâtralité de ses actions.

Colocataire, c’est vrai que la policière vivait avec d’autres êtres humains dans le même appartement. Une chose qu’elle-même n’avait jamais expérimenté, une chose qui continuait toujours de l’intriguer. Derrière ses airs snobs et bourgeois qu’elle appréciait entretenir, la musicienne s’était toujours sentie attirer par la vie en communauté mais n’avait jamais sauté le pas de peur de le regretter instantanément. La vie en colocation n’était pas une chose à prendre à la légère, on pouvait rapidement se trouver dans une situation délicate comme on pouvait se retrouver dans une seconde famille qu’on ne souhaitait jamais quitter. « Parce que tu es une personne normale toi peut-être ? » rétorqua-t-elle.

Ses doigts fins venaient chercher, à tatons, les quelques ingrédients dont elles avaient besoin pour leur recette. Farine, sucre, œufs, lait, levure et – ô grand miracle – du chocolat noir qui datait sûrement de son emménagement mais là n’était pas la question. « J’ai logiquement tout ce qu’il faut pour réussir les biscuits, après avec mes deux mains gauches on est pas encore sorties de l’auberge. »

Poings sur les hanches, la jeune femme contemplait les six ingrédients avec une grande perplexité. On ne cessait de lui dire que la cuisine et la pâtisserie étaient source de tranquillité et de détente. Actuellement, c’était plutôt le mot panique qui lui venait à l’esprit. « Je te propose de commencer, je m’occupe de couper le chocolat en espérant épargner mes putains de doigts. »

/ awards session

[ the broken ones ]

ft. Victoria Pearson & @Alisha Gautier
Alisha réclame le droit de s’endormir si ton film favori ne lui convient pas et ça te fait sourire. Ça ne te dérange pas, tu comprends que les films romantiques ne sont pas pour tout le monde - surtout un qui se termine dans une mort tragique. Mais en même temps, tu doutes que ce soit seulement possible de sommeiller devant le film en question. « Tu sais si ça te plait pas, on pourra aussi mettre autre chose. » Que tu offres en guise de porte de sortie, parce que forcément, malgré les apparences, t’as pas envie de l’embêter plus que de raison. Ce n’est pas comme si tu n’avais pas déjà regardé ton film favori depuis le décès de ton frère, une façon comme une autre de passer le surplus de peine.

Mais avant toute chose : la nourriture. C’est le plus important dans le moment, malgré le fait que vos chances de réussites sont probablement moindre. En temps normal, t’aurais l’aide de Leo pour limiter les dégâts, mais là c’est que des mains gauches qui travailleront ensemble. « Je ne suis pas une célébrité déjà. » Donc oui, t’es normale au moins à ce niveau-là. Ça ne veut pas dire grand chose pour le reste, mais il faut prendre ce que tu peux avoir même un semblant de normalité qui découle du fait que tu n’es personne de spécial. Juste quelqu’un qui allait potentiellement gâché des biscuits aux brisures de chocolat en compagnie d’une amie. « Oui ce serait le comble que tu te coupes une de tes mains gauches. » Tu n’es pas sérieuse sur le coup, mais c’est évident que ça t’inquiète. Tu lui proposerais bien de le faire à ta place, mais tu doutes t’en sortir beaucoup mieux. « Je m’occupe du reste, t’inquiètes. » À commencer par le beurre et le sucre si tu crois la recette que t’as sorti sur ton téléphone.
Tu mesures les quantités avec beaucoup trop d’attention, comme si un gramme en trop viendrait perturber l’équilibre de la recette. « C’est fou, j’ai jamais cuisiné avec mes parents quand j’étais jeune. » T’aurais jamais osé entrer dans la cuisine avec eux. Lawrence lui pouvait le faire s’il voulait, mais pas toi. Tu supposes qu’Alisha non plus. Au moins vous y remédier à présent.

/ awards session

[ the broken ones ]

ft. @"Victoria Pearson" & Alisha Gautier
La célébrité tu parles d’une aubaine, Alisa se retint de faire le moindre commentaire sur le sujet. Ce n’était pas le moment de débattre sur un sujet aussi stupide que celui-ci, elles étaient à deux pour se remonter le moral et foutre le feu à la cuisine, tout ce qu’il y avait d’on ne peut plus simple et surtout de nouveau pour la new-yorkaise. Elle n’avait jamais eu le temps de s’afférer à pareille tâche lors de sa vie dans la ville qui ne dort jamais, le temps décidément c’était quelque chose qui revenait souvent dans ses pensées.

Elle ouvrit un tiroir pour s’emparer d’un couteau et d’une planche à découper, donnant ce qu’il fallait à son amie pour qu’elle s’occupe du reste. Elle brisa la plaque contre le plan de travail et se mit doucement au travail, avec minutie. Elle tenait réellement à ne pas se couper, ça serait un drame de ne plus pouvoir jouer du violon pendant quelques jours à cause d’une vilaine coupure bêtement faite.

« Je vais faire attention t’en fais pas, je refuse de me priver de violon pour des biscuits. » répondit-elle, la paume de sa main sur le côté non coupant du couteau agissant comme un pressoir. Elle s’interrompit dans son geste lorsque Victoria évoqua les parents et manqua réellement de se couper en reprenant ses esprits. Il s’agissait d’un sujet plus que difficile pour la musicienne. Un sujet qu’elle avait enfoui au plus profond d’elle-même au risque de le voir ressurgir un jour. « Moi non plus. » souffla-t-elle, les souvenirs de sa frêle silhouette se planquant dans les placards de cuisine alors qu’elle entendait sa mère hurler à la mort sur le sol et les aboiements alcoolisés de son père.

« Mon père n’était pas trop du genre cuisine, j’avoue et ma mère n’avait pas le temps alors on allait souvent dans des fast food ou des conneries comme ça. » Ou elles ne mangeaient tout simplement pas, ça arrivait aussi. « Mais pourquoi vous cuisiniez pas ensemble ? manque de temps ? haine de la cuisine ? tu préférais mater des dessins animés ? »

/ awards session

[ the broken ones ]

ft. Victoria Pearson & @Alisha Gautier
Tu commences à t’occuper de préparer les biscuits en suivant une recette que tu ouvres sur ton téléphone. Ça demande moins de concentration que ce que fait Alisha - après tout t’as pas un couteau entre les mains et le pire que tu pourrais faire c’est mettre des coquilles d’oeuf dans la pâtes. « C’est vrai que ça ne vaudrait pas la peine. » Même pour les meilleurs biscuits du monde, il vaut mieux préserver les précieux doigts de ton amie. Pendant un moment, t’es presque tentée de lui proposer d’échanger, mais tu ne te ferais pas confiance avec un couteau dans ton état actuel et tu ne veux pas lui donner l’impression que tu doutes d’elle. Alors tu te concentres sur ta tâche, tu mélanges les ingrédients au fur et à mesure selon ce que la recette t’indique.

Tu partages aussi une bribe d’information à ton sujet, quelque chose qui te rend étonnement vulnérable. Tu ne sais pas pourquoi tu partages la chose, peut-être que ça t’échappe plus qu’autre chose. T’es encore plus surprise d’entendre un écho chez Alisha, une confirmation qu’elle aussi n’a pas cuisiner avec ses parents. Tu lui adresses une petite mine désolée. « J’espère que tu avais droit aux jouets du MacDonald au moins. » C’est une vague tentative d’être drôle face à un sujet que tu devines sensible. C’est contrit, c’est doux, même si ça ne change pas grand chose.
Et ça disparait au profit de sourcils froncés à la question que ton amie te pose, aux hypothèses qu’elle avance. Tu secoues la tête après un moment. « Rien de tout ça, je ne regardais pas de dessins animés de toute façon. » Oui parce que c’est clairement l’information qu’elle cherchait à avoir voyons. Tu soupires en t’arrêtant dans ta préparation, de toute façon t’as presque tout incorporé. « Mes parents cuisinaient, mais ils ne supportaient pas qu’on vienne les déranger. » Qu’on, le mention indirecte de ton frère te fait mal au coeur, mais tu t’efforces de poursuivre. « Je n’ai jamais été proche de mes parents disons donc ce n’est pas le genre d’activité qu’on faisait. » À vrai dire vous ne faisiez pas d’activités ensemble tout court. Vous avez toujours été distants et tu restes persuadée qu’ils ne t’aimaient pas de toute façon. C’est une certitude qui perdure aujourd’hui, qui te laisse un goût amer en bouche.

/ awards session

[ the broken ones ]

ft. @"Victoria Pearson" & Alisha Gautier
Alisha se découvrait une soudaine passion pour la cuisine, en fin pour la pâtisserie. Elle n’avait jamais pris le temps d’explorer ces horizons culinaires et le regrettait presque maintenant. Peut-être était-ce l’aspect social qui lui plaisir dans la préparation. C’est-à-dire le fait de partager un moment avec autrui autrement que par un verre sur une terrasse dans le froid ou sous une chaleur assommante. Elle s’en était lassée de ces moments, Alisha, parce que c’était barbant parce que c’était plein de faux semblants et d’hypocrisie qui avaient fini par la rendre malade.

Alors autant dire qu’elle profitait pleinement de ce moment avec Victoria, au point qu’elle manqua presque de perdre un pouce en découpant les derniers morceaux de chocolat. Elle déposa délicatement le couteau pour éviter de faire plus de dégâts. Elle glissa son regard en direction de son amie, tout en écoutant ce qu’elle avait à lui dire. Elles n’avaient jamais vraiment exploré le sujet sérieux qu’était la famille, fallait dire que c’était pas folichon et forcément intéressant. Mais bon, si ça pouvait les aider à aller mieux, à se rapprocher, à se confier alors en avant Guingan.

« Tu ne regardais pas de dessins animés ?! » s’exclama-t-elle, son cœur d’enfants en miettes. Elle avait passé des heures à regarder ce genre d’émissions pendant que ses parents se hurlaient dessus et que sa mère finisse au sol, en sang. C’était un peu son moyen à elle de s’échapper, de s’évader le temps d’un instant avant d’être ramenée à la triste réalité de sa vie. Gros con. « On s’en fout d’être proches de ses parents. Ma mère était obsédée par sa carrière, alors autant te dire que je la voyais pas souvent. Ma famille c’est toi, c’est mes amis, c’est ceux que j’ai choisi. »

/ awards session

[ the broken ones ]

ft. Victoria Pearson & @Alisha Gautier
À tes yeux, la préparation des biscuits prend bien vite un second plan au profit de la discussion plus sérieuse que vous partagez. Il faut dire que t’as jamais eu la main heureuse dans une cuisine, ce n’est pas pour rien que tu te nourris un peu n’importe comment lorsque Leo n’est pas dans les parages pour cuisiner quelque chose de consistant. On aurait pu croire que tu te serais démenée pour apprendre, mais ça ne t’a jamais attiré plus que ça. Il faut dire que se tenir loin des objets coupants est vite devenue une nécessité avec Samuel… non, autant ne pas penser à ça. Tu te dis que c’est peut-être dommage, mais puisque ça te permet de discuter avec Alisha, ce n’est pas plus mal du tout.

Et ce, même si le sujet n’est pas des plus léger, même si t’as un peu honte de devoir admettre que t’as jamais regarder de dessins animés. C’est con en soit, parce que ce n’était pas une tare et que ce n’était pas non plus ta faute, mais tu le vis ainsi. Tu pinces des lèvres, te demandant comment expliquer la chose sans que ça sonne comme si tu t’apitoyais sur ton sort. Ce n’est pas ton intention, mais en même temps difficile de faire autrement quand la seule source de bonheur dans ta vie familiale s’est éteinte. « Mes parents trouvaient que c’était une perte de temps. » Tu précises pas que Lawrence t’en faisait écouter parfois quand tes parents n’étaient pas là. « J’aurais surement pu y remédier en quittant le domicile familial, mais j’en voyais plus l’intérêt. » T’étais devenue assez vieille pour t’occuper autrement, puis t’as eu d’autres problèmes.

Puis, au fond, Alisha a bien raison. Peu importe tes parents quand tu peux avoir une famille choisie. T’as du mal à accepter le fait que tes parents t’estiment aussi peu, mais tu ne te vois pas avouer cette honte, pas si facilement. « T’as surement raison. J’ai une famille avec mes amis… » Celle qui est devant toi bien sur, mais il y a un autre nom qui s’impose, un nom que ton interlocutrice pourrait aisément deviner. Elena. Tu t’efforces de ne pas y penser. Tu te racles la gorge. « Je pense que tu peux mettre le chocolat. » T’as tout mis les ingrédients jusque-là… normalement en tout cas, ne pas oublier que t’es nulle en cuisine d’une façon presque inexplicable.

/ awards session

[ the broken ones ]

ft. @"Victoria Pearson" & Alisha Gautier
Alisha était heureuse de savoir que Victoria était suffisamment à l’aise avec elle pour se confier de la sorte sans craindre de représailles. Il n’était pas forcément facile de libérer des vérités, de déballer son passé surtout quand ce dernier ne ramenait pas de bons souvenirs à la surface. Elle se frotta les mains pour éliminer les quelques copeaux de chocolat accrochés à sa peau et glissa un regard compatissant en direction de son amie.

Elle savait que Victoria traversait une passe difficile, que beaucoup de choses trottait dans sa tête et qu’elle devait la ménager. Alisha n’avait pas forcément été tendre ces derniers temps avec le cas Elena, mais l’inquiétude avait été telle qu’elle n’avait pu s’empêcher de faire part de son désaccord. Cette fille pouvait être dangereuse comme elle pouvait être bénéfique.

« Je vois… » répondit-elle simplement en déposant le couteau dans l’évier. Décidément personne n’avait eu une famille aimante dans son entourage et après on s’étonnait que tout le monde soit traumatisé. Elle attrapa la planche de chocolat soigneusement découpé et le versa dans le saladier. Une fois cela fait, la musicienne vint enserrer la taille de son amie, déposant délicatement son menton sur son épaule dans une étreinte chaleureuse. « Ca va aller d’accord ? On arrive toujours par s’en sortir, toujours. » C’était ce que sa mère n’avait cessé de répéter à chaque fois que son mari levait la main sur elle, Alisha avait presque fini par ne plus y croire jusqu’à ce beau matin de printemps où elles avaient pris la fuite.

« Attention ! » lâcha-t-elle avant d’ouvrir le four pour attraper la plaque et ainsi former les délicieux biscuits. « Par contre la cuisson ça va se faire au pif hein, mon four n’en fait qu’à sa tête ces derniers temps. » lâcha-t-elle en retroussant ses manches. « Ca va sinon le boulot en ce moment ? »

/ awards session

[ the broken ones ]

ft. Victoria Pearson & @Alisha Gautier
Parler de tes parents te semble toujours être une tâche herculéenne. Il faut dire qu’ils ne t’ont pas manquée, qu’ils ont toujours réussi à te faire sentir comme une moins que rien. Ça persiste encore aujourd’hui, même d’une façon plus flagrante alors que la mort de Lawrence laisse un vide dans votre famille - un vide que tu ne pourrais jamais combler tu le sais. T’essaies pourtant de ne pas y penser dans le moment présent, te concentrant plutôt sur Alisha qui vient te serrer dans ses bras. Ça va aller. L’affirmation te fait presque rire considérant que t’as l’impression d’être au plus bas que tu peux être. Qu’importe, t’hoches la tête comme si c’était un devoir à accomplir, comme si c’était un geste auquel tu ne pouvais que te rattacher. « Ouais, t’as raison. » Est-ce que t’es convaincue ? Non, ça s’entend surement dans ta voix, mais qu’importe. « Ça va aller. » Tu le répètes machinalement comme pour t’en convaincre. Tu peux faire confiance à Alisha, même si t’as envie de pleurer, même si tu sens toujours la boule d’émotions qui t’envahit la gorge.

Celle que tu t’efforces d’ignorer en te rapprochant de ton amie qui forme les biscuits sur la plaque. Tu ne fais aucun geste pour l’aider, pas sur le coup. « J’imagine que ça va aller tant qu’on vérifie souvent. » Et que vous gardiez un extincteur à proximité surtout, ouais, ça ça te semble plus qu’important. Tu te décales pour venir l’aider à former des biscuits quand elle te pose une question. La grimace qui vient tirer tes traits n’est pas contrôlable et tu ne cherches pas à la limiter. « C’est toujours nul en fait. » T’as jamais été passionnée par ton boulot, mais la dernière année s’est révélée plus difficile pour une raison évidente qui se résume en une seule personne. « C’est difficile de bosser au même endroit qu’Elena. » Que tu lâches finalement sans vouloir te lancer sur le sujet. C’est une façon de te protéger du pire, de ce qui rend ton boulot particulièrement étouffant : la demande de tes parents. Ça t’es certainement pas prête à en parler. « Et toi alors, tu te fais à ton nouveau métier ? » Difficile de croire que celle qui se tient à côté de toi, à faire des biscuits c’est une star de la télé, tu te demandes comment ses étudiant.e.s la voient d’ailleurs.

/ awards session

[ the broken ones ]

ft. @"Victoria Pearson" & Alisha Gautier
Ca va aller. Victoria n’en était clairement pas convaincue, c’était facile à remarquer mais Alisha fit en sorte de ne rien remarquer, de ne soulever aucune hypothèse, rien, nada, parfois il valait mieux fermer les yeux et passer à autre chose. Insister reviendrait à retourner plusieurs fois le couteau dans la plaie et elle s’y refusait. Après, Alisha n’était pas au courant du réel drame qui s’était passé dans la vie de sa meilleure amie, peut-être aurait-elle agi différemment si elle avait su pour le décès de son frère, mais il était si facile de refaire le monde avec des « et si », n’est-ce pas ?

« Oui, on vérifiera régulièrement histoire de pas foutre le feu à ma cuisine. » C’était un peu sa hantise à Alisha que de tout faire cramer par faute d’inattention de sa part. L’ancienne actrice pinça les lèvres lorsque le nom de vous savez qui fut prononcé et se traita intérieurement d’idiote pour avoir évoqué le sujet du boulot. Comment avait-elle fait pour oublier qu’Elena et Victoria travaillaient au même endroit ? « T’as qu’à mettre des œillères ça règle le problème » plaisanta-t-elle en s’essuyant les mains avec le torchon.

« Bah écoute, j’ai signé pas mal d’autographes les premiers jours puis après les étudiants se sont calmés. C’est compliqué la pédagogie mais j’essaye quand même de faire attention et de pas leur lâcher des insultes au visage quand ils ne savent pas jouer. » C’était un pari personnel que de devenir enseignante alors qu’elle n’avait aucune patience d’ordinaire. Pari plus grand encore lorsqu’elle s’était rendue compte de sa notoriété au sein de l’établissement. A ses yeux, la série n’avait pas eu de réel succès et elle s’était imaginée pouvoir disparaître calmement dans l’ombre. Elle s’ était bien trompée.

/ awards session

/ awards session