[terminé] After all, friends are the family you choose (austyn)

[ After all, friends are the family you choose. ]

@austyn walters & @maya gardner

C’est souvent que Maya passe ses soirées dans une solitude absolue et profonde. Depuis que sa mère a quitté le foyer familial et qu’Elio est aux abonnés absents, Maya passe quasiment toutes ses soirées, seule. Au début, c’était plaisant. Cela en devient lassant. Elle écume les émissions sans grand intérêt, étant à jour dans toutes ses séries et attendant impatiemment la nouvelle vague de nouveautés Netflix qui la sortira enfin de son ennui profond. Elle tapote sur son téléphone, erre sur Instagram lorsque l’on frappe à la porte. Maya n’attend personne. Elle hausse un sourcil, intriguée. Ou alors, Elio a encore oublié ses clefs ? Elle glisse ses petons dans ses chaussons et se lève du moelleux canapé pour aller ouvrir à la porte. Elle y découvre sa voisine mais bien plus, sa meilleure amie, Austyn. Maya fronce des sourcils. A en juger par la mine arborée par son amie, celle-ci vit un déchirement intérieur indéniable. Maya se dérobe aussitôt sur le côté pour laisser entrer son amie, qu’elle étreint brièvement dans ses bras pour la saluer bien qu’elles se soient vus, durant la journée, en classe. Elle n’a pas besoin de réfléchir longtemps pour devenir que son amie est tourmentée par une dispute parentale ; elle entend les cris, de l’autre côté du chemin. A croire qu’à la quarantaine, les adultes pètent tous un plomb. « Ca dure depuis longtemps ? », demande Maya tout en se dirigeant vers le salon.

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âge : trente-cinq ans - 20.08.1987.

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@Maya Gardner & @Austyn Walters
Tu n’en peux plus Austyn. Ca fait presque une heure que tu hurles sur ta mère, sur Sasha, sur tout ce qui te passe sous les yeux. Tu ne sais même plus comment cela a commencé à vrai dire, peut-être que tu es rentrée un peu trop tard du lycée, ou qu’il y avait trop de vêtements sales sur le sol de ta chambre. Une raison complètement stupide, c’est évident. De là, il n’a été que trop simple de vous disputer encore plus, de crier toutes ces choses qui vous pèsent sur le coeur. Tu ne te sens plus chez toi dans ta propre maison aujourd’hui, plus depuis ce mariage sans queue ni tête. Soudainement, tu décides d’arrêter de répondre, tu remontes l’escalier qui mène à ta chambre, ton repère. Tu pourrais rester là, mettre de la musique bien trop fort pour ne plus entendre le monde extérieur, mais ça ne suffirait pas. Ils sont encore là, en bas dans le salon, peut-être même continuent-ils à se disputer. Mais au fond, tu en doutes. Ils font partie de la même équipe, c’était contre toi qu’ils se battaient, rien ne semble pouvoir se dresser entre eux malheureusement. Rapidement, tu jettes un coup d’oeil dans ton miroir, grognant en voyant tes joues rougies par la colère. Là où tu vas de toute façon, personne ne fera attention à ton apparence. En quelques secondes, te voilà de retour en bas de l’escalier. Tu ignores la voix de ta mère qui te demande de revenir, tu prends tes clés et sors de la maison sans un mot. Si l’air frais de la nuit qui tombe te fait du bien, tu ne comptes tout de même pas déambuler dans les rues pendant deux heures. En vérité, tu ne fais que quelques mètres, traversant la route pour passer du numéro 26 au numéro 23. Tu frappes à la porte des Gardner, attendant de voir un des membres de la famille. Qu’importe qui t’ouvrira, personne ne sera surpris de te voir ici, puisque tu y passes presque autant de temps que dans ta propre maison. Mais tu as de la chance, lorsque la porte s’ouvre c’est le visage de Maya que tu découvres et instantanément, tu te sens déjà un peu mieux. Sans demander aucune explications, elle te laisse entrer et tu n’attends pas avant de pénétrer à l’intérieur. Pas besoin de longs discours entre vous, vous vous comprenez quoi qu’il arrive. « Ca dure depuis qu’elle s’est mariée avec l’autre abruti. » Avec une mauvaise humeur apparente, tu retires tes chaussures d’un mouvement souple, avant de la suivre dans le salon. « Je ne comprends pas pourquoi elle s’est mariée avec lui. Franchement, de tous les hommes sur la planète, il fallait qu’elle choisisse le plus louche et calculateur de tous ? Et après elle ose remettre la faute sur moi, que je devrais faire plus d’efforts, être plus gentille. Qu’elle ne sait plus quoi faire pour bien m’éduquer. C’est le monde à l’envers ! » Avec un petit cri, tu te laisses tomber sur le canapé, croisant tes bras d’un air boudeur. Pendant des mois tu as essayé de retourner la situation dans tous les sens dans ton esprit, mais tu ne comprends toujours pas. Pourquoi fallait-il que les choses changent ? Pourquoi avait-elle besoin de se marier ? Vous étiez parfaitement bien tous les trois, ta mère, ton frère et toi. Tu lâches un gros soupir, passant une main dans ta crinière rousse avant de te tourner vers ta meilleure amie. « Et toi, comment tu vas ? » Oui, tu es en colère et tu as besoin d’extérioriser, mais tu ne veux pas non plus imposer ton extrême mauvaise humeur à Maya.

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Si l’adolescence est un âge ingrat souvent synonyme de trahison, Maya sait pertinemment que si cela arrive, cela ne proviendra certainement pas d’Austyn. En effet, elles se connaissent depuis presque toujours, se côtoient plusieurs heures au quotidien et passent, bien souvent, plus de temps ensemble entre l’école et la maison qu’avec leur famille respective (ou presque). Attentive, Maya écoute le récit de la rousse. Le mariage entre sa mère et un nouvel homme dans sa vie, voilà ce qui tourmente son amie. Elle n’a jamais trop parlé avec, elle ne sait pas vraiment à quoi s’en tenir mais si elle écoute Austyn, ce type n’est pas recommandable et Siobhan mérite quelqu’un de bien. Maya adore cette femme et l’admire énormément. C’est, en quelque sorte, une mère de substitution bien que la sienne soit très présente ; un peu moins depuis qu’elle ne vit plus à la maison, naturellement. « Tu crois qu’il la manipule à ton sujet ? », demande Maya, intriguée par le récit de son amie. L’adolescente imite cette dernière et se laisse également tomber sur le sofa, non sans un léger éclat de rire face à la moue boudeuse d’Austyn. Maya est bien placée pour comprendre l’agacement de son amie car ces derniers mois, les dialogues parentaux sont houleux chaque fois qu’ils se croisent. « Ca va comme quelqu’un dont les parents divorcent, hein », répond Maya, sans aucune rancune ni animosité. C’est juste un constat, la confession d’une souffrance parce qu’elle a toujours imaginé le couple Gardner comme indestructible et ça n’est pas le cas. Maya n’a aucune explication quant à la raison de ce divorce et c’est sans doute cela qui ne l’aide pas, encore moins que la situation, à accepter cette séparation. « …mais le sujet n’est pas mes parents mais ta mère et Sasha », rappelle la brune.

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âge : trente-cinq ans - 20.08.1987.

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@Maya Gardner & @Austyn Walters
La maison des Gardner, c’est un abris pour toi, un refuge qui a toujours été là dans les bons et les mauvais moments. Ce soir, avant d’entendre ta mère sévir encore un peu plus, tu prends la fuite pour rejoindre ce havre de paix qui est de l’autre côté de la rue. Ce n’est plus ce que c’était, évidemment. L’atmosphère chaleureuse que tu pensais immuable s’est transformée en tempête lorsque Rachel a décidé de quitter la maison familiale. Le couple Gardner n’est plus ce qu’il n’était, mais tu sais que malgré cette déchirure, tu as toujours ta place auprès de Maya, et au sein de la famille. En t’installant dans le salon, tu expliques tes problèmes à ta meilleure amie, ne perdant pas une seule seconde pour te plaindre de ta mère et surtout de ton beau-père. « C’est évident. Avant qu’il ne débarque, on était très bien, on avait aucun problème. Bon, on s’engueulait de temps en temps, mais c’est normal, non ? Maintenant, c’est tous les jours, parce qu’il est toujours là, parce qu’elle ne jure plus que par lui. J’suis sûre qu’il n’attend qu’une chose : qu’on parte de la maison, qu’ils se retrouvent seuls tous les deux. Et là, il lui fera du mal. » A tes yeux, la situation est simple : Sasha est le Diable en personne. Personne ne pourra te faire changer d’avis là-dessus et certainement pas ta mère. Non, elle elle est aveuglée par l’amour qu’elle pense partager. Tu n’es pas idiote et encore moins aveugle, tu peux parfaitement voir qu’il n’est pas dégueulasse à regarder, et c’est exactement ce qui lui a permis d’avoir un tel pouvoir sur ta famille. Pour te changer les idées, tu changes de sujet, demande à Maya comment elle se porte. Une moue compatissante passe sur ton visage, bien que tu ne puisses pas imaginer ce que traverses ta meilleure amie. Tu n’es pas inconnue au divorce, tes parents aussi sont passés par là, mais c’était il y a tellement longtemps que tu n’en as aucun souvenir. La famille Walters, ça a toujours ta mère, ton frère, et toi. Pas de père à l’horizon, pas de vraie présence masculine et c’était parfait comme ça. Mais pour ta meilleure amie, cette séparation n’était qu’une dystopie devenant réalité. « Je suis désolée. Tu sais que je suis là si tu veux en parler. » Oui, elle le sait sans doute. Vous passez tellement de temps ensemble que ce n’est plus un secret que vous vous épauler dans toutes les épreuves, mais le répéter ne coûte rien. Tu as un peu de mal à savoir comment la conseiller, quelle aide lui apporter, mais tu fais de ton mieux. Elle ramène tes soi-disants parents dans la conversation et malgré toi, un grognement passe tes lèvres tandis que tu t’enfonces un peu plus dans le canapé. « Je te jure, je ne supporte plus d’être chez moi. Apparemment je ne fais plus rien de bien, quoi que je fasse, ils me reprennent et me disent quelque chose. Mais j’ai pas envie de céder. Ils s’imaginent peut-être que je vais partir de la maison pour mes études, que je vais les laisser tranquille… ils ne savent pas à qui ils ont affaire. S’ils veulent la guerre, ils l’auront. » Ta mère a toujours été le rayon de soleil dans ta vie, celle qui pouvait faire disparaître tous les maux. Lui faire la guerre à elle n’est pas quelque chose que tu souhaites faire, mais plus le temps passe, plus elle te montre bien qu’elle a choisi son camp. Combattre sera le seul moyen de la sauver.

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Quoi de plus classique pour un(e) adolescent(e) que de se disputer, parfois, avec ses parents ? Quoi que. A y réfléchir, Maya a rarement d’altercations avec ses parents depuis son entrée dans cette période cruciale et fatidique de la vie, transition entre l’enfance et l’âge adulte. Souvent, certains parents sont obligés de serrer la bride pour éviter que leur vilain garnement ne devienne une vraie tornade ; pour l’heure, Maya n’a jamais atteint ce stade que son frère frôle, depuis quelques mois, en revanche. Elle connaît suffisamment Austyn (depuis presque toujours, tout de même) pour savoir qu’elle ne cherche pas le conflit ; elle a suffisamment côtoyé Siobhan pour savoir que c’est également son cas, à elle aussi. « Il a le temps que tu partes de la maison, quand même, t’as dix-sept ans ! Y’a d’la marge ! » ricane Maya, réaliste. Il est rare, de nos jours, de quitter le cocon familial dès la majorité et pour atteindre vingt et un an, il reste tout de même quelques années.

Maya sourit doucement quand Austyn lui rappelle sa présence à ses côtés, si besoin est. Elle aurait aimé compter tout autant sur son frère que sur sa meilleure amie mais malheureusement, ce n’est pas le cas et cela la rend très triste, il faut l’admettre. « Merci », rétorque l’adolescente, touchée par le soutien de sa meilleure amie. « Viens ici quand tu veux, Austyn, y’a jamais personne depuis que M’man est allée vivre chez mon oncle. Papa passe son temps au travail mais ça, ça ne change pas vraiment d'avant et Elio est porté disparu ». Maya se lève pour aller chercher un paquet de chips avant de se réinstaller près de sa meilleure amie, les gourmandises salées entre elles. « Tu en as déjà parlé à cœur ouvert à ta mère ou du coup, chaque fois, ça finit en conflit ? Ou Sacha est peut-être toujours dans les parages ? »

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âge : trente-cinq ans - 20.08.1987.

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Entendre Maya rire, ça te fait du bien. Ce son te détend un peu, parce que tu réalises que vous pouvez tout de même passé un bon moment, malgré les ressentiments qui t’agitent. « Avec un peu de chance il partira avant moi. » Un sourire sadique sur le visage, tu crois réellement en ces mots. Depuis que ton beau-père a mis les pieds chez toi, tu fais tout ce qui est en ton pouvoir pour qu’il prenne ses affaires et déguerpisse. Avec un peu d’effort, tu ne doutes pas y arriver un jour ou l’autre. Mais en attendant, ça te fait plaisir de voir que ton amitié avec Maya est toujours là, quoi qu’il arrive. Tu es là pour elle, elle est là pour toi, même si vos problèmes sont différents. « Au moins tu as la maison pour toi toute seule ! » C’est ironique, évidemment. Pouvoir prendre possession des lieux peut être plaisant, mais tu sais parfaitement que ta meilleure amie préfèrerait que la situation soit différente, et tu la comprends. Elle se lève du canapé pour aller chercher des snacks et tu lui souris grandement lorsqu’elle pose un paquet de chips entre vous. « A vrai dire, je ne passe plus beaucoup de temps à la maison. J’suis au lycée ou en ville, parfois ici. Je ne rentre que pour manger et dormir, en gros. » Atteindre un cap où il est difficile d’être dans ta propre maison n’est sans doute pas bon signe, mais tu n’arrives pas à changer ton point de vue sur la question. Tes absences répétées sont parfois source de dispute entre ta mère et toi, mais tu ne supportes pas de voir Sasha. « Je m’énerve à chaque fois que je le vois, et comme il vit avec nous… ça énerve ma mère ne pas savoir où je suis, ce que je fais, mais elle n’a pas besoin de contrôler absolument tout ce qui se passe dans ma vie. » Tu as dix-sept ans, il est tout à fait normal - de ton point de vue en tout cas - que tu aies un jardin secret. Elle ne peut plus s’attendre à ce que tu lui partages absolument tout, que tu lui racontes tous les détails de ta journée dès que tu rentres à la maison. Le temps où elle connaissait absolument tous tes amis est loin derrière vous, parce que tu grandis, tu commences à faire tes propres choix. Avec un soupir, tu plonges ta main dans le paquet de chips, faisant de ton mieux pour ne pas faire de miettes. « Sincèrement, je crois que même si j’avais un moment seule à seule avec elle, sans qu’aucune de nous ne soit énervée, je ne pourrai pas lui en parler. Elle ne comprendrait pas, elle est persuadée que Sasha est l’homme de sa vie, qu’il est parfait… Elle n’entend pas quand quelqu’un essaie de la mettre en garde. » Ton frère et toi avez tous les deux essayé, mais tu sais que vous n’êtes pas les seuls. En la voyant épouser un homme bien plus jeune qu’elle, les remarques d’amis et autres connexions de la famille n’ont pas tardés à se faire entendre, mais rien n’y fait. « Est ce que toi aussi tu te disputes avec tes parents ? » Dans ta voix, il n’y a plus d’énervement, plus de colère comme auparavant. Tu te sens soudainement triste, abattue. Même lorsque tu essaies de remonter le plus loin possible dans tes souvenirs, tu n’en as aucun de ton père. Ta génitrice est la seule parent que tu aies jamais eu, et la seule dont tu aies jamais eu besoin. Cette barrière qui se forge entre vous, elle te fait du mal, malgré le détachement que tu peux lui montrer.

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Sacha, elle ne le connait pas trop. Clairement, elle comprend ce qui a pu attirer physiquement Siobhan chez cet homme. Il faudrait être clairement malvoyante pour ne pas percevoir le charme subtil et évident de cet homme. Mâchoire carrée, épaules développées, musculature virile sans frôler l’excès. Bien que trop âgé pour elle, bien entendu, Maya sait reconnaître un bel homme quand il se présente sous ses yeux. Par exemple, son père. Maya est lucide sur le fait que c’est un homme qui plaît aux femmes ; elle est toutefois à mille lieux de s’imaginer qu’il a surtout plu à sa secrétaire avec qui il a commis l’impaire de l’infidélité. Parce que c’est plus facile de la laisser avec cette image de l’homme parfait, sans doute ?

Dans les paroles d’Austyn, Maya ne peut s’empêcher de reconnaître l’attitude de son frère aîné depuis l’annonce du divorce. Tout comme elle, Elio déserte le domicile « familial ». Il ne rentre que pour dormir, très tard. Quand il rentre pour dormir, remarque Maya dans ses pensées. « Comme Elio », remarque la brune. Ce qui permet à la danseuse de deviner qu’effectivement, comme elle le pressentait, à l’instar de la rousse, son frère fuit quelque chose, évite une situation. Mais laquelle ? Maya l’ignore.

Maya grignote quelques chips tout en écoutant Austyn. Au fond, elle ne sait pas trop quoi répondre mais une oreille attentive, c’est déjà beaucoup, non ? Il vaut mieux parfois se contenter d’écouter bien sagement plutôt que parler inutilement pour dire des âneries. Soudain, un voile de tristesse semble recouvrir Austyn, d’ordinaire si vive. Maya pose une main compatissante sur son bras. « Oui, ça m’arrive parfois ». C’est rare. Cela ne dure jamais, surtout avec sa mère. Son père, moins présent, ça aide à ne pas avoir de conflits avec lui. « En ce moment, c’est surtout avec Elio que je me dispute », avoue-t-elle. Et quiconque connaît les enfants Gardner sait que malgré leurs cinq ans d’écart, ils sont presque comme des jumeaux, ces deux-là. Indissociables, presque fusionnels et pourtant … Pourtant, un fossé énorme se creuse, de jour en jour.

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âge : trente-cinq ans - 20.08.1987.

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Manger des chips en vidant ton sac avec ta meilleure amie, c’est sans doute un des meilleurs remèdes qui existe. Tu te sens déjà un peu plus légère à force de déballer tes problèmes mais tu te sens tout de même un peu coupable de l’embêter avec ça. Elle non plus n’a pas la meilleure situation familiale ces temps-ci, tu comprends que les problèmes viennent de partout lorsqu’elle te compare à son frère. Depuis le mariage de ta mère à Sasha, tu peux compter sur ton frère relativement souvent, et mine de rien, tu sais que cela t’a aidé. Mais Maya, tu as la sensation qu’elle est vraiment seule dans cette grande maison, et ça te rend triste pour elle. Vous n’avez pas vraiment les mêmes problèmes, mais il est clair que vous en avez beaucoup trop pour des adolescentes. Lorsqu’elle te confie que les rapports avec son frère ne sont pas les meilleurs, tu es étonnée, sachant parfaitement à quel point Maya et Elio peuvent être proches. Tu sais qu’il est moins présent, elle vient de te le dire, et il t’arrive peut-être de croiser l’aîné des Gardner lors de tes explorations de la ville. Mais si justement celui-ci passe moins de temps qu’avant dans la demeure familiale, il est surprenant que les tensions soient présentes avec ta meilleure amie lorsqu’il y est.« Je suis désolée, ça ne doit pas être facile. Pourquoi est ce que vous vous disputez ? » S’il y a bien une chose que les événements récents t’ont appris, c’est qu’il y a toujours une source aux disputes, quelque chose qui les provoque. Ces temps-ci tu as tendance à te prendre la tête avec ta mère dès que l’occasion se présente, mais au contraire, tu t’entends peut-être mieux que jamais avec ton grand frère. Il faut dire que vous avez un but commun ces temps-ci, et ça aide grandement. « Tu sais ce qu’il fait quand il n’est pas chez vous ? » Tu as conscience que Maya est sans doute plus tranquille qu’Elio, ou même que toi, mais s’ils pouvaient tous les deux faire quelque chose ensemble, peut-être que leurs querelles se calmeraient.

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Maya ne savait pas pourquoi les disputes avec Elio devenaient récurrentes. Elle ne pensait pas avoir changé d’attitude à son encontre. C’était de sa part à lui d’où venait le changement. Il était plus tendu, plus aigri et moins patient. Il revenait souvent blessé, soi-disant des chutes en skate ; c’était probable, certes, vu l’état de sa planche. L’adolescente haussa des épaules en guise de réponse. Elle aimerait bien savoir pourquoi tout autant qu’elle aimerait bien que les conflits ne cessent. « Je n’ai aucune idée de ce qu’il peut bien faire et avec qui. Il est rentré mardi avec le genou et le front égratigné. Soi-disant une chute en skate mais … Il est doué sur sa planche, Elio et ça serait la troisième fois ce mois-ci. Je trouve que ça fait beaucoup », admit Maya, soupçonneuse. Elle soupira, dépitée par la situation. Pourquoi fallait-il que cela vienne compliquer une situation qui l’était déjà suffisamment ?

Nouvelle poignée de chips. Maya s’empara de la télécommande et appuya sur le raccourci qui envoyait tout droit vers la plateforme indispensable portant le doux et poétique nom de Netflix. Elle tendit la télécommande à la rousse avec un regard entendu et complice. Une tradition. Une comédie stupide, une romance fleur bleue. N’importe quoi à condition de se changer les idées, bien entendu. Donc, rien de trop larmoyant. Mais en un regard, Maya était certaine qu’elles avaient su se mettre d’accord ; souvent, Austyn et elle n’avaient pas besoin de se parler pour se comprendre. Cette amitié était précieuse aux yeux de l’adolescence ; sa voisine était davantage une sœur qu’une amie, en réalité. « Tu veux dormir ici ce soir ? », proposa Maya.

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On dit souvent que les amis sont une famille que l’on choisi et, dans votre cas, c’est sans doute la réalité. Vous connaissez toutes les deux bien des problèmes avec vos familles biologiques ces temps-ci, alors vous retrouver tous les deux, ça fait du bien, ça vous fait une pause. « Oui, je crois que je ne l’ai jamais vu tomber. C’est suspect… » Tu n’as jamais passé beaucoup de temps avec le fils Gardner, Maya étant ta meilleure amie, celle dont tu avais vraiment besoin. Mais au vu de votre proximité tant émotionnelle que géographique, tu connais son frère autant qu’elle connaît le tien. Alors oui, des occasions pour voir Elio sur sa planche de skate, tu en as eu plus d’une, parfois il t’a même laissé essayer pour toi-même. Tout en continuant de grignoter, Maya allume la télévision avant de te donner la télécommande pour que tu choisisses un film à regarder. Tu lui souries, bien habituée à vos rituels. Tu regardes rapidement les différentes options, hésitant entre une comédie romantique ou un film d’horreur. C’est pour la première catégorie que tu optes, réservant la deuxième pour l’éventualité où vous seriez dégoûtée par le surplus de sentiments. Alors que tu lances un film sur un amour de lycée, elle te propose de rester ici cette nuit. Un nouveau sourire que tu lui offres, tu n’as en effet pas très envie de rentrer chez toi. « Je veux bien, merci. » Avec le temps, vous avez arrêté de demander si c’était dérangeant ou non. Vous connaissez aussi bien la maison de l’autre que la vôtre, et vos parents sont habitués à vous voir fourrer l’une avec l’autre à toute heure du jour ou de la nuit. Ca aide sans doute que vos parents soient amis, et voisins. S’ils vous cherchent, ils savent parfaitement qu’il suffit souvent de traverser la rue pour vous trouver. De toute façon, tu doutes que ta mère se pose réellement des questions ce soir, peut-être même sera-t-elle contente de ne pas te voir revenir. « Si tu veux, on pourrait le suivre. Elio je veux dire, on pourrait le suivre et voir ce qu’il fait. » Tu lances cette proposition avec un sourire espiègle, mais tu es bien sérieuse. Tu peux déjà vous imaginer toutes les deux, déguisées comme des détectives privées, en quête de vérité. Ca permettrait à Maya d’avoir des réponses, et à toi de te changer les esprits, de rester loin de chez toi.

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@Maya Gardner & @Austyn Walters
Qu’elles restent dormir l’une chez l’autre était chose fréquente depuis leur plus tendre enfance, même en semaine avec l’école, à condition de respecter des heures convenables de coucher et de ne pas discuter trop longtemps. Du moins, à l’époque. Maintenant, les parents de Maya estimaient que si le lendemain, elle était fatiguée à l’école d’avoir trop discuté au coucher, c’était son souci et qu’il fallait assumer : la responsabiliser, c’était à ça qu’ils s’étaient évertués depuis l’aube de son adolescence. « Y’a aucun souci. Ma maison est ta maison », récita Maya d’un ton très enfantin. Parce que c’était ce qu’elles se disaient depuis toute gamine, en fait. C’était une phrase madeleine de Proust associée à tellement de souvenirs.

Maya arqua un sourcil tout en écoutant la suggestion d’Austyn. Un sourire plein de malice s’afficha alors sur le visage coquin de la danseuse. Suivre Elio ? Comme dans les films ? Elle esquissa un rire, s’imaginant déjà en pleine filature avec sa meilleure amie, suivant son frère aîné dans des aventures rocambolesques – mais rien de dangereux, bien entendu -. Elle échangea un regard complice avec son amie. « J’aime tes idées ». Nouvelle poignée de chips et encore une divagation dans son imaginaire. « T’es un génie, Walters ».

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@Maya Gardner & @Austyn Walters
Un nouveau sourire se dessine sur tes lèvres en entendant la remarque de la brune. Oui, sa maison est la tienne et inversement. Vous êtes toujours là l’une pour l’autre, au point où vous êtes assez proche d’être une seule et même personne par moment, plutôt que deux. C’était donc décidé, tu allais rester là pour dormir et c’était bien mieux ainsi. Au cours de la soirée, peut-être qu’il faudrait que tu envoies un message à ta mère, pour la prévenir, mais tu te dis qu’elle peut bien attendre quelques heures encore. En attendant, tu préfères te concentrer sur Maya et sur son frère, qui change apparemment sensiblement ses habitudes. Il ne te faut pas longtemps pour trouver une idée et la proposer à la jeune fille. C’est peut-être idiot, mais tu sais que suivre son frère à la trace serait un bon moyen de vous amuser, et aussi de lui changer les idées. Son engouement pour cette proposition te fait sourire et, en reprenant également des chips, tu t’enfonces un peu plus dans le canapé. « On mettra ça en place alors : mission skateur écorché. Mais pas ce soir, hein ? Ce soir on regarde un film ? » Il est très rare que tu dises non à une aventure Austyn, d’ordinaire tu es toujours la première partante pour ce genre de choses. Mais après les émotions de la soirée, tu as simplement envie de profiter d’un moment tranquille avec ta meilleure amie. « Je commence à avoir faim… On commande des pizzas ? » Peut-être que Maya avait prévu autre chose, mais maintenant que tu es là, autant préparer quelque chose ensemble. Et puisque tu ne sais pas vraiment faire quoi que ce soit à manger, ta version de préparer se résume à commander de la nourriture à emporter.

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L’idée d’Austyn était machiavélique et si son frère venait à le savoir, cela déclencherait probablement l’équivalent à petite échelle d’une troisième guerre mondiale. Bien qu’ils s’accordaient parfaitement, s’entendaient à merveille, dernièrement, leur relation s’était complexifiée et les tensions faisaient surfaces, elles qui jusque-là avaient été totalement absentes de la fratrie Gardner. Maya ne comprenait plus cet Elio en colère et survolté : il ne ressemblait pas au frère tendre et calme qu’elle avait toujours connu. Le divorce des parents avaient été une tempête sur lui, chamboulant tout son caractère, son attitude. Maya détestait cette nouvelle version de son frère. « Toute mission doit être mûrement réfléchie pour aboutir », rétorqua Maya avec malice. Un film, c’était, pour l’heure, plus indispensable pour remonter le moral d’Austyn. Et c’était, aux yeux de la jeune ballerine, primordial. C’était la priorité du soir.

Pizza. Mot déclic dans l’esprit de toutes personnes normalement constituées, aux yeux de Maya. Un large sourire s’afficha sur ses lèvres alors qu’elle s’emparait déjà de son smartphone, jamais très loin d’elle, pour cliquer sur le logo de l’application de livraisons de nourritures. Elle sélectionna l’habituelle pizzeria, celle au coin, deux rues plus loin, où ils avaient leurs habitudes, ici, même si pour le régime alimentaire stricte de la danseuse, il ne fallait pas en abuser. Maya choisit sa pizza habituelle – quatre fromages – avant de tendre son téléphone à sa meilleure amie. « The Holidays ou Love Actually ? », suggéra Maya, connaissant parfaitement le genre de films qu’elles regardaient ensemble, quand elles avaient besoin de se changer les idées.

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Au moins, parler des problèmes de Maya t’aide à ne plus penser au tiens. Il est un peu triste de voir que ce sont vos problèmes respectifs qui vous changent les idées, mais il faut admettre que ce n’est pas facile d’être adolescente. Tout serait bien plus facile si vous ne viviez que toutes les deux, sans personne d’autre. Ni parent pour vous hurler dessus, ni grand frère pour vous ignorer. Le bonheur. Néanmoins, le plan que tu as formulé a le pouvoir de vous faire sourire à nouveau et de vous donner envie de sortir dans le futur. Comme le dit ta meilleure amie, il faudra élaborer une attaque parfaitement ficelée, mais tu n’as aucun doute que vous y arriverez très bien. « Bien chef ! La mission sera réfléchie et les résultats seront fructueux. Fructuants ? J’en sais rien. » Un rire sort de tes lèvres, il faut croire que tout cela t’a fatigué et tu n’es même plus certaine de savoir parler ta propre langue. L’heure n’est pas à parler de toute façon, il vous faut retrouver des forces devant le film que vous prévoyez de regarder. Il ne faut pas longtemps à Maya pour se mettre à commander une pizza et, lorsqu’elle te tend son portable en même temps qu’une nouvelle question, tu prends le temps de réfléchir. « Ouh, le choix est compliquée l’amie… Mais pour ce soir, The Holiday. Personne ne résiste à l’accent anglais de Jude Law. » Son accent, son sourire, ses beaux yeux bleus. Il n’en faut pas plus pour que tu t’enfonces un peu plus dans le canapé avec un sourire aux coins des lèvres. Tu n’y penses pas vraiment aux garçons Austyn, tu les regardes de temps en temps, il t’arrive d’imaginer quelques petites choses, mais tu es loin de rêver d’avoir un petit ami auquel tu t’accrocherais sans cesse. Tu aimes à croire que tu es plus indépendante que ça, plus autonome et libre, mais un jour viendra où un garçon fera battre ton coeur un peu plus fort que les autres. Pour l’heure, tu t’attaches aux acteurs britanniques bien plus vieux que toi, mais bien plus sophistiqué que le texan qui squatte ta maison. Pendant ce temps, tu as également sélectionné ta pizza favorite, pleine de tes ingrédients préférés. « Alors je le lance ce film, ou on attends les pizzas ? » Télécommande en main, tu la fais tourner entre tes doigts telle une arme mortelle.

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@Maya Gardner & @Austyn Walters
Maya préférait miser sur la discrétion absolue, ne préférant même pas imaginer ce qu’il pourrait se passer si son frère découvrait qu’elle avait mis au point ce plan de fuite. Elle savait également qu’Austyn n’échapperait pas aux courroux de son aîné ; depuis longtemps, il avait bien compris comment fonctionnait le duo d’adolescentes et il connaissait suffisamment la rouquine pour savoir qu’elle était dans chacun des mauvais plans/plans foireux de Maya. Austyn souleva une question de lexique ; Maya haussa des épaules. Elle n’en avait strictement aucune idée. « C’est toi le génie, Walters, pas moi ! ». Il était vrai que Maya travaillait dur et avait des résultats scolaires corrects mais c’était uniquement dans le but de poursuivre les cours de danse et le cursus spécifique qu’elle suivait où ses entraînements prenaient une place spécifique dans son agenda, lui permettant de maintenir un très haut niveau en danse.

Maya imita sa meilleure amie pour choisir une pizza dans l’application de livraisons à domicile. Toujours la même, loin d’être diététique mais qu’importe. Elle pouvait bien se faire plaisir une fois de temps à autre, non ? « On peut toujours commencer et en regarder plusieurs ! », lança Maya avec un regard plein de malice. Si la soirée avait mal débutée, avec une Austyn au fond du trou, la perspective pour les heures prochaines semblaient s’améliorer et c’était très réconfortant, il fallait l’avouer. L’une comme l’autre avait besoin de réconfort, de légéreté et d’oublier un instant la difficulté d’un quotidien plus aussi idyllique qu’auparavant.

/ awards session

âge : trente-cinq ans - 20.08.1987.

[ after all, friends are the family you choose ]

@Maya Gardner & @Austyn Walters
Un rire s’échappe de tes lèvres, tu réalises à quel point ça fait du bien de rire. Il est vrai que votre historique d’amitié - qui remonte sans aucun doute à l’époque des couches culottes - a prouvé que tu avais souvent des idées. Après des années de test intensifs, on pourrait affirmer qu’elles ne sont pas toujours bonnes ces idées, mais ça jamais tu ne l’admettrais à voix haute. Maya, tout comme vos parents respectifs et sans doute vos frères, savent que lorsqu’il y a un mauvais plan, tu vas toujours aller t’y fourrer et la plupart du temps tu entraîneras la brune avec toi. C’est ainsi, vous êtes inséparables et comme dans chaque duo, il faut des têtes pensantes. Alors qu’elle te répète que tu es le génie, ça te fait rire. Maya l’est tout autant que toi, mais vous avez toutes les deux vos spécialités et on peut sans doute ranger les filatures dans les tiennes. Pour le vocabulaire, c’est une question qui restera à trancher, un autre jour.

Une fois décidées sur un film, vous commandez chacune une pizza. Tu sais que Maya fait plus attention à toi que ce qu’elle mange. Vous êtes tous les deux sportives, mais elle excelle dans un sport qui demande peut-être un meilleur maintien. L’image que tu as du ballet est stricte, et si tu sais que cet univers là plaît énormément à ta meilleure amie, tu ne pourrais pas imaginer en faire partie. Toi, tu te contentes des compétitions de natation du lycée et encore, tu es surtout dans l’équipe parce que tu aimes l’eau. La conversation reste tout de même sur le film que vous allez regarder, et tu aimes fortement la proposition que te fait Maya. « Ouh, j’aime ta façon de penser Gardner ! Alors c’est parti pour Jude Law et ses beaux yeux. » Un rictus se forme sur tes lèvres, puis tu presses le bouton de la télécommande. Le film commence et tu sais par avance que tu vas passer une très bonne soirée ici.

/ awards session

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