there's a story at the bottom of this bottle (lola)

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casey & lola

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Attirer les regards sur elle, être le centre d’attention, il n’y avait que très peu d’autres choses qui pouvaient autant satisfaire Lola. Elle aimait ça, être regardée, sentir qu’elle suscitait quelques émotions, peu importe lesquelles, l’essentiel étant de ne pas rendre indifférent. Elle avait bien remarqué, parmi la foule, le blondinet qui la fixait depuis quelques minutes déjà. Ça ne la gênait pas, que du contraire. Est-ce qu’elle s’en amusait et en abusait ? Peut-être. C’était vicieux, loin d’être bienveillante, Lola adorait jouer les allumeuses. Ce n’était pas vraiment difficile de la séduire, pourtant, mais elle n’en avait jamais assez. Même si son assurance n’était qu’une façade, elle avait compris qu’elle plaisait, et que n’importe quelle femme pouvait mettre à genoux n’importe quel homme – pour peu qu’il soit hétéro – en échange d’un semblant de chaleur humaine. Elle avait découvert ce super-pouvoir assez tôt, à l’aube de ses quinze ans, en s’apercevant de sa capacité de séduction.

Elle fit mine de ne pas remarquer qu’il s’approchait d’elle, jusqu’à ce qu’il s’interpose entre elle et son groupe sans la moindre hésitation. Elle avait prévu de rester impassible mais elle eut du mal à cacher sa surprise et haussa légèrement les sourcils, avant de relever la tête pour le regarder. La différence de taille ne lui avait pas semblé si importante avant qu’il ne soit posté juste devant elle. « Qu’est-ce que j’t’offre à boire ? » Il était plutôt mignon, et débordant de confiance en lui. Ça pouvait avoir son charme, mais pas avec Lola. Quelqu’un de plus assuré entrait presque automatiquement dans une sorte de compétition malsaine et immature avec elle. Il se croyait visiblement trop irrésistible pour penser une seconde à l’éventualité qu’elle n’ait pas envie de boire un verre avec lui. Et puis de toute façon, il avait beau être mignon, il n’était pas son genre.

« Rien, merci » expédia-t-elle en forçant un sourire trop exagéré pour être sincère. Sans attendre, elle le contourna pour retrouver sa bande de copines, déjà prête à oublier le garçon qu’elle avait laissé derrière elle. Il ne lui semblait pas l’avoir déjà vu auparavant, ou peut-être n’avait-il pas marqué sa mémoire. Ce n’était pas important, de toute façon, il était certainement du genre à tenter sa chance avec tous les humains ayant une paire de seins dans la salle. Lui tournant le dos, elle continua à danser tandis qu’elle espérait secrètement qu’il soit toujours là, derrière elle, à la regarder. C’était une de ses vilaines manies que de se débarrasser des gens tout en croisant les doigts pour qu’eux continuent à penser à elle, encore et toujours.

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Un petit sourire narquois se dessina sur les lèvres de Lola quand elle sentit une main sur sa hanche. Savoir que le blond ne lâchait pas l’affaire la satisfaisait autant que ça pouvait l’agacer. Elle n’avait toujours pas l’intention de céder mais l’idée qu’un mec allait rentrer seul chez lui ce soir en pensant à elle lui plaisait beaucoup. Appuyant son geste sur hanche, le jeune homme l’incita à se tourner de nouveau vers lui. Elle effaça aussitôt son sourire, elle ne voulait pas lui laisser croire qu’il avait réellement une chance avec elle. Un autre soir, un autre jour, elle aurait peut-être eu une réaction différente. Les probabilités étaient fortes, même. Il avait beau ne pas être son genre, il était loin d’être repoussant, et il lui accordait suffisamment d’attention pour qu’elle puisse s’intéresser à lui. Non, elle avait juste décidé que, ce soir, ce mec avait perdu à la loterie.

« T’as peur de plus pouvoir danser avec moi si t’es éméchée, c’est ça ? » demanda-t-il, à nouveau avec une telle assurance qu’il était difficile de deviner s’il était sérieux ou non. « On dirait une poupée, putain… Tu sors d’où, avec des yeux pareils ? » ajouta-t-il, comme si ses yeux étaient réellement ce qui l’avait poussé à venir l’aborder. Lola n’y croyait pas une seconde. « C’est exactement ça, j’ai peur de ne plus pouvoir danser avec toi si je suis éméchée » dit-elle, sarcastique, répétant les mêmes mots que lui, non sans une certaine condescendance. Elle posa sa main sur la sienne et la fit glisser sur sa hanche pour s’en libérer. « Mais ‘t’empêches pas de boire pour moi » Elle prit un air faussement concerné, résistant difficilement à l’envie de sourire, moqueuse. Du haut de ses talons, Lola fit signe au jeune homme de se pencher un peu pour lui souffler à l’oreille : « Tu seras peut-être meilleur séducteur avec un peu plus d’alcool dans le sang » A ses mots, elle recula doucement, se mordillant la lèvre pour se retenir de rire, avant de lui tourner le dos pour la seconde fois. Loin de se douter qu’il était peut-être la solution à tous ses problèmes, loin de penser qu’il était plus riche que toutes les personnes réunies dans la salle. La richesse, l’argent, c’en devenait presque une obsession pour Lola. Mais pour l’heure, le jeune homme ne représentait aucun intérêt à ses yeux, si ce n’est un éventuel coup d’un soir – mais pas ce soir. Alors elle le laissa en plan derrière elle, bien décidée à poursuivre sa soirée et à en oublier les traits de son visage d’ici quelques heures.

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Cette fois il ne reviendrait plus à la charge, Lola en était sûre. Et puis il valait mieux pour lui. Si ce petit jeu l’amusait au début, Lola se lassait également très vite et le voir continuer à insister n’allait pas tarder à réellement l’emmerder. Pourtant le garçon revint dans son champ de vision. Elle s’apprêtait à soupirer, certaine qu’il revenait pour elle, quand elle l’entendit s’adresser à une de ses copines. « Hey ! Bonsoir » Elle fronça légèrement les sourcils, incrédule, pensant d’abord à une blague. Il ne pouvait pas décemment draguer une de ses amies sous son nez, quelques secondes à peine après qu’elle l’ait envoyé balader, elle refusait d’y croire. Mais la scène qui se jouait devant elle était bien réelle. « Casey, enchanté » Elle l’entendit se présenter tandis qu’il se prenait pour un clown, prêt à faire des courbettes pour décrocher un sourire aux lèvres de sa nouvelle proie.

Lola croisa les bras, un peu vexée de le voir devenir beaucoup plus galant avec une autre fille, mais elle tenta de se rassurer : son amie allait le rembarrer, elle en était persuadée. « Champagne dans le carré, ça te dit ? Ou tu préfères un cocktail ? T'sais quoi, tu prends c'que tu veux, c'est moi qui régale » Elle attendait de pouvoir éclater de rire en entendant sa copine refuser ses avances de la même manière qu’elle, mais le rire fut remplacé par un goût amer dans la bouche. Pas une hésitation, pas un regard vers elle, rien, les deux abrutis quittèrent la piste, presque bras dessus bras dessous. « T’es sérieuse ?! » Sa question resta en suspens, la fille l’avait déjà suivi sans se retourner. Dans le carré VIP, en plus. Lola se gifla mentalement, elle n’avait pas pensé une seule seconde que ce type pouvait être du genre à squatter la zone VIP. A vrai dire, elle avait toujours pensé que les gens dans le carré n’étaient nul autre que le personnel de la boîte de nuit, payé à jouer les figurants pour attirer plus de clients. Visiblement, sa théorie était fausse, il y avait réellement des pigeons assez friqués pour se payer leurs sièges en cuir et leur bouteille de Champagne au prix exorbitant. C’était compliqué de savoir à qui elle en voulait le plus, entre cet imbécile prétentieux et cette pétasse de lâcheuse. Elle en venait à l’envier, celle-là, maintenant.

Elle afficha une moue boudeuse pendant un instant, avant de se ressaisir. Après tout, qu’est-ce que ça lui coûtait de boire un verre avec lui dans le carré ? Il y avait clairement pire comme sacrifice, elle allait s’en remettre. Elle hésita tout de même un peu, consciente qu’il n’allait pas accepter aussi facilement et qu’il allait sans doute falloir qu’elle lui présente ses excuses. Mais elle finit par se décider et emprunta le même chemin que lui, direction le carré vip. Elle s’arrêta devant sa table, tentant de paraître aussi confiante que précédemment. Elle détestait devoir s’abaisser à ça, surtout pour un homme mais c’était pour la bonne cause. « Bon, désolée, tu t’es incrusté dans notre groupe et je t’ai trouvé lourd parce que je voulais passer une soirée tranquille avec les filles. » dit-elle en sortant les violons et les yeux doux. « Mais apparemment on n’a pas tous le même sens de l’amitié. Je suis trop gentille, c’est mon défaut » ajouta-t-elle, exagérant à peine, alors qu’elle visait très clairement la rousse. Elle s’approcha un peu plus pour venir prendre la coupe de champagne posée devant Casey. « Je peux ? » demanda-t-elle presque innocemment, à la limite de battre des cils pour l’amadouer.

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Désormais, c’était à elle de voir son égo en prendre un coup, debout face au jeune homme confortablement installé dans le carré vip avec sa copine. Il l’ignora complètement au début, avant d’enfin daigner croiser son regard alors qu’elle était en train de lui présenter ses excuses, à sa manière. Ca l’embêtait de devoir se justifier et de mettre sa fierté de côté, mais Lola s’était plus ou moins convaincue que c’était la seule façon de pimenter un peu sa soirée et que, de toute façon, elle ne reverrait sans doute plus jamais Casey après ça. Elle s’attendait à ce qu’il cède, à ce qu’il dise à la rousse de bouger pour lui laisser la place, mais il n’en fit rien.  « On t’a jamais dit que c’était malpoli d’interrompre une conversation ? » lui lança-t-il sur un ton glacial, presque agressif, au point tel qu’elle interrompit son geste, alors qu’elle s’apprêtait à tremper ses lèvres dans les bulles du champagne. Elle esquissa un sourire, attendant qu’il s’excuse à son tour, qu’il pouffe de rire en voyant sa tête dépitée une seconde plus tôt, mais la déception fut de nouveau au rendez-vous. Il semblait sérieux, impitoyable, comme s’il venait réellement de tirer une croix sur elle. A moins qu’il ne l’ait abordée dans le seul but de se rapprocher de la jolie rousse ensuite.

Elle tenta malgré tout de rester digne, la tête haute, alors qu’elle l’observait descendre son verre comme un assoiffé. « Laisse moi deviner, t’étais le genre de gamine qui piquait des colères quand on la forçait à partager ses jouets, pas vrai ? » Seconde pique lancée à son égard, et pourtant cette dernière rassura Lola. Casey reportait son attention sur elle, et c’était maintenant son ancienne copine qui se trouvait délaissée par le jeune homme. « Et dans le contexte, j’imagine que c’est toi le jouet ? » Il n’avait pas tout à fait tort, il ne l’avait intéressée qu’à partir du moment où il avait posé le regard sur une autre qu’elle. Et voir cette idiote céder aussi facilement à ses avances avait été la goutte de trop pour Lola. « Si tu veux plus de mes beaux yeux, je vais pas insister. Je sais accepter qu’on me dise non moi. » dit-elle en haussant les épaules et en prenant un air détaché. C’était faux, elle digérait difficilement le fait de passer au second plan. Mais elle n’était pas née avec une cuillère en argent dans la bouche, alors elle avait appris à encaisser et à se faire à l’idée qu’elle n’obtiendrait pas toujours ce qu’elle désirait. « Ce sera juste dommage pour toi » ajouta-t-elle avant de porter la coupe de champagne à ses lèvres, les yeux rivés sur le blondinet toujours assis à la table en face d’elle.

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Bien stable sur ses talons hauts, plantée devant la table de Casey, Lola regagnait petit à petit confiance en elle, à mesure que le jeune homme délaissait la rousse assise à côté de lui. Il ne la regardait plus, Lola avait encore toutes ses chances. Fuis-moi je te suis, suis-moi je te fuis, le dicton correspondait parfaitement à la situation.  « Ah ouais ? Dommage comment ? J’vais rater quoi si j’te laisse filer ? » Même si c’était probablement ce qu’il voulait, elle ne s’imaginait pas passer la nuit avec lui. Il était bien trop exaspérant pour qu’elle lui offre ce plaisir. Non, au mieux elle le laisserait un peu la peloter en échange du reste de la soirée passée dans le carré vip. Ce n’était pas cher payé. « Parce que j’ai comme l’impression que si je m’amuse à te retenir, j’vais perdre tout intérêt à tes yeux et tu vas à nouveau me jeter comme un malpropre » Elle pouvait difficilement le contredire. Elle se lassait vite, Lola, et elle prenait rarement des gants pour le faire comprendre. Casey ne ferait sûrement pas exception. « J’me remet à peine de c’que tu m’as fait là bas dans la fosse, t’as pas entendu avec la musique mais j’te jure, tu m’as brisé le coeur » Elle baissa la tête, comme pour cacher le sourire qu’il faisait naître sur son visage avec sa blague à peine drôle. Elle releva les yeux pour voir le jeune homme se lever et s’emparer de la bouteille de champagne, proposant de remplir son verre. Elle avait gagné, elle le savait.

« Et en plus tu continues à m’vexer, si j’retourne vers ta pote tu vas vraiment lâcher l’affaire et arrêter d’insister ? » Elle tendit son verre vers lui pour qu’il puisse le remplir, et jeta un coup d’œil en direction de l’autre jeune fille. Elle aussi semblait avoir perdu son quelconque intérêt envers Casey, puisqu’elle lui tournait presque le dos à présent pour discuter avec un des potes. « Je remarque juste qu’elle a eu l’honneur de s’asseoir à côté de toi, pendant que je suis debout depuis… trois longues minutes ? » dit-elle en sortant son portable pour regarder l’heure, commençant à s’impatienter. « J’ai comme l’impression que tu as déjà fait ton choix » Cette fois c’était à son tour de jouer les cœurs brisés. Elle n’aurait qu’à se rabattre sur un second choix elle aussi, ses potes n’étaient pas hideux et ils avaient certainement les moyens eux-aussi. « Tu m’avais promis une danse, je l’attends toujours » ajouta-t-elle en réprimant un petit sourire, portant la coupe de champagne à sa bouche. Ça l’amusait un peu, au fond, ce jeu du chat et de la souris, à qui aurait le dernier mot. Son envie immature de prendre le dessus, de gagner la partie était plus forte que le reste, au point de l’inciter à rester debout comme une idiote à attendre que Casey daigne lui accorder un regard, une parole, un geste, n’importe quoi.

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Lola s’impatientait. Elle n’avait pas pour habitude d’insister, elle était du genre à faire courir les garçons, pas à leur courir après. Alors elle supportait difficilement que Casey lui tienne tête. « Une chose à la fois, j’t’ai d’abord proposé un verre... avant que tu ne m’envoies gentiment promener » Il ne s’en remettait pas, le pauvre garçon, de cet échec. Elle était pourtant revenue vers lui, elle s’était efforcée de s’excuser. Pas pour les bonnes raisons, certes. Ce n’était pas pour son charisme, ni pour sa personnalité qu’elle avait décidé de lui accorder une chance finalement. C’était à cause de sa foutue fierté qui l’empêchait de laisser sa copine passer une soirée avec champagne et cocktails à gogo dans le carré vip, avec ce gars qu’elle-même avait rejeté quelques minutes plus tôt. C’était ça, et son besoin absolu d’être aimée, admirée, son envie dévastatrice de séduire tous ceux qui croiseraient son chemin. Alors maintenant qu’elle était bien partie sur sa lancée, elle n’allait pas s’arrêter. « J’peux comprendre, ceci dit, parce que tu dois passer ta vie à repousser des avances. Sauf que t’as tellement l’habitude de devoir faire la difficile que t’as beau aimé l’attention, tu envoies chier tout le monde » Piquée par la remarque, Lola était sur la défensive. Les mots de Casey sonnaient comme un reproche à ses oreilles. Il se croyait plus intelligent que tout le monde, il pensait la connaître, il semblait persuadé d’avoir percé son secret à jour.  Du moins, c’était comme ça que Lola le ressentait, peut-être parce qu’il y avait une part de vérité qu’elle n’avait pas envie d’entendre.

« C’est tout à ton honneur, t’as sans doute raison vu les tocards qui se baladent en liberté, je ne juge pas. Enfin si, un peu. » Sans un regard pour elle, il termina sa coupe d’une traite et se leva, quittant sa table, pour se diriger vers les escaliers. Lola se tourna pour le regarder s’éloigner d’elle, surprise, déçue, troublée aussi par ce qu’elle était en train de vivre comme une défaite. Finalement, il se retourna vers elle. « Tu viens ? Ou j’peux direct rentrer chez moi, parce qu’honnêtement, ouais, t’as raison, mon choix est fait... » Comme une enfant à qui on aurait fait une mauvaise blague, Lola eut un petit sourire au coin des lèvres avant de se décider à franchir la distance la séparant du jeune homme. Elle n’avait rien à perdre, et tout à gagner, alors pourquoi hésiter ? Elle repartit avec lui sur la piste de danse, laissant derrière eux l’espace des privilégiés. « Je pensais que j’allais trop vite pour toi, et que tu préférais qu’on prenne notre temps avant de danser » dit-elle pour gentiment se moquer, alors qu’elle s’élançait sur la piste avec lui. Elle recommença à danser, cette fois en se collant à lui, un peu trop pour que ce soit tout à fait innocent. Elle voulait qu’il la désire, au point de ne voir qu’elle, ne plus remarquer aucune autre fille et encore moins ses copines. Elle finit par se tourner vers lui et passa ses bras autour de son cou, collant son corps au sien, alors qu’elle roulait encore ses hanches au rythme de la musique. « Tu me pardonnes alors, Casey ? » demanda-t-elle en prononçant son prénom pour la première fois. Elle l’avait entendu se présenter à cette autre fille quelques minutes plus tôt, et elle espérait avoir bien entendu. Ce prénom, associé à ce visage, lui semblait familier pour une raison quelconque dont elle ne parvenait pas à se rappeler.

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Lola jouait, elle s’amusait avec lui, pauvre jouet qu’il était, comme elle l’avait suggéré un peu plus tôt. Malgré ses grands airs, malgré son assurance, elle avait tendance à faire confiance un peu trop facilement. Elle ne se méfiait pas. Jamais. Elle s’estimait assez forte pour pouvoir gérer n’importe quelle situation, et elle avait cette sensation enivrante que jamais rien de mal ne pourrait lui arriver. Petite princesse protégée par ses parents depuis toujours, elle avait vu la misère de loin, sans que ça ne l’effleure vraiment. Ce n’était pas un blondinet qui allait la faire douter de sa capacité à toujours atteindre ses objectifs. Et pour ce soir, l’objectif était de profiter de ce type et de son argent, ou du moins de celui qu’il avait dépensé pour cette soirée. « T’as de la chance d’être mignonne hein, tu l’sais ? » Elle sourit, accrochée à son cou comme une amoureuse transie. « J’te pardonne...  si tu m’dis comment tu t’appelles.» Les hommes voulaient tous la même chose, et Lola était certaine que Casey ne faisait pas exception. Tout ce petit jeu n’avait lieu d’être que dans un unique but : la mettre dans son lit. Lola avait bien compris comment les hommes fonctionnaient, mais ça ne la dérangeait pas. Elle aussi avait une idée derrière la tête, après tout. « Et si tu continues à être aussi casse-pied parce que c’est clairement très intéressant, » Un prénom, et continuer à l’emmerder, c’était tout ce qu’il demandait pour le moment, et c’était tout à fait dans les cordes de Lola.

Elle se détacha de lui pour fouiller dans sa pochette et en sortir son tube de rouge à lèvre liquide. Sans plus de ménagement, elle attrapa le poignet de Yancey et fit glisser ses doigts sur son bras, à la recherche d’une nouvelle parcelle de peau à tatouer. Elle finit par trouver une petite partie de son bras épargnée par l’encre, et en profita pour dégainer le rouge à lèvre, pour inscrire Lola. « C’est Lola » dit-elle en relâchant son bras et en refermant le tube de maquillage. « Au moins comme ça tu confondras pas avec le prénom d’une autre » Un gars plutôt mignon dans le carré vip, il avait dû taper dans l’œil de plusieurs filles. Et puis c’était aussi une manière pour elle de marquer son territoire, de signaler aux membres de la gente féminine qui viendraient à trop s’approcher de lui qu’il était chasse-gardée pour ce soir. « T’en fais pas pour tes fringues, il est sans transfert » Sur ces mots qui n’étaient pas si innocents, elle repassa ses bras autour de son cou, son visage à quelques centimètres du sien, sa bouche - qui portait ce même rouge à lèvre -  près de la sienne.

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« En voilà une information fascinante » Elle lui avait donné son prénom, c’était la moindre des choses, même si elle n’imaginait pas qu’il aurait à s’en servir après ce soir. Elle savait ce qu’il voulait, elle le lisait dans ses yeux, dans la chaleur de sa main sur sa hanche, dans son sourire presque un peu prédateur. « Lola » Elle sentit sa main se faire plus insistante pour qu’elle se rapproche encore de lui, alors qu’il se penchait vers elle comme pour l’embrasser. Pourtant il changea d’avis en chemin et ses lèvres ne touchèrent jamais les siennes. « Lumière de ma vie, feu de mes reins, tout ça, on est pas très loin » lui dit-il à l’oreille. Elle aurait aimé comprendre de quoi il parlait, ça semblait poétique, joli, mais elle n’en avait pas la moindre idée. Ce n’était pas très grave, il se fichait certainement de son bagage de culture général. Elle pencha un peu la tête en sentant son souffle chaud contre son cou, remarquant qu’il n’était pas si mauvais dragueur finalement. Ça devenait même plus difficile de porter attention au rythme de la musique. « Les autres on s’en fout un peu, les autres j’ai pas envie de tester les limites de leur rouge à lèvres » Il quitta son cou et vint appuyer son front contre le sien, sa bouche dangereusement proche de la sienne. Depuis le début, Lola avait eu l’impression d’être maîtresse de la situation, d’avoir le contrôle sur ce petit jeu instauré entre eux. Mais elle eut la sensation de perdre pieds, quand elle croisa son regard océan, au moment même où elle sentait sa main glisser sur la courbe de ses fesses.

« Y’a personne qui va venir me péter le nez, si j’t’embrasse ? » Elle retint son souffle, la femme fatale redevenant pendant un court instant l’adolescente devant son crush du lycée. C’était de cette époque que datait sa seule relation sérieuse, le seul homme qui aurait pu, un jour, éprouver une quelconque jalousie. Mais voilà des années qu’elle enchaînait les relations sans lendemain, alors Casey n’avait pas vraiment de souci à se faire. Aucun homme ne viendrait lui dicter avec qui elle pouvait passer la nuit ou non. « Personne » souffla-t-elle en approchant son visage encore un peu du sien pour effleurer ses lèvres. Elle s’était promis de ne rien lui donner de plus que des baisers, à peine quelques préliminaires, de quoi s’assurer qu’il ne deviendrait pas subitement radin. Mais Lola commençait à changer d’avis. Elle avait bien envie de plus. Elle laissa un bras autour de son cou, et glissa son autre main sur sa joue, n’en pouvait plus de jouer les insaisissables. « Et je sais me défendre toute seule si tu m’emmerdes trop » dit-elle tout contre ses lèvres, avec un petit sourire qui lui fit entrouvrir la bouche, pile au bon moment pour enfin l’embrasser. Sa bouche avait le goût du champagne, et Lola avait envie d’alcool ce soir. Le baiser qu’elle entreprit n’avait rien de chaste, il était plutôt annonciateur de la suite des événements. « On va chez toi ? » demanda-t-elle entre deux baisers, ses doigts s’agrippant au col de sa chemise. Une histoire de sexe, ce n’était que ça, ni plus ni moins, loin de tout romantisme. Et ça lui allait, à Lola. Au mieux, il l’inviterait à dîner dans un restaurant étoilé un de ces quatre ou elle pourrait profiter du jacuzzi qu’un type comme lui devait sûrement avoir. Au pire, elle passerait juste une soirée agréable avec un gars plutôt pas mal.

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Il hocha la tête, en réponse à sa question pleine de désir, et il l’embrassa à nouveau pour le plaisir de Lola. Elle n’avait pensé qu’elle serait la première à céder, à ne pas passer par quatre chemins pour lui avouer son envie, envie de lui. « Tu veux ma peau, c'est ça, Lola ? » Elle sourit et le laissa l’entraîner en dehors de la piste de danse, pour se diriger avec lui vers la sortie de la boîte. « Tes copines vont pas s’inquiéter ? » Surprise par sa question, elle craignit qu’il ne soit en train de chercher un moyen de faire marche-arrière, une excuse pour qu’ils ne quittent pas la boîte de nuit. « Tu devrais probablement en changer, si elles te laissent partir avec un inconnu sans même tiquer » Elle haussa les épaules et jeta tout de même un coup d’œil derrière elle, au cas où effectivement une de ses copines la chercherait. De toute façon, elle était assez grande pour savoir ce qu’elle faisait.

Casey lui prit la main, sûrement pour qu’ils ne se perdent pas dans la foule, et Lola le suivit jusqu’à l’extérieur. Elle marcha à ses côtés jusqu’à sa voiture, puisqu’il en avait déjà sorti les clés. Il s’arrêta devant une voiture, à laquelle Lola ne prêta pas attention tout de suite. Jusqu’à ce qu’il lui ouvre la portière et qu’elle pose le regard sur le véhicule en question. Elle écarquilla les yeux, plus que surprise. Elle avait déjà compris qu’il avait les moyens en le voyant s’installer dans le carré du vip. Mais il aurait pu tout simplement s’agir d’un type incapable de gérer son argent, tout dans la frime, et obligé de manger des conserves tout le mois pour ne pas finir dans le rouge. Lola n’y connaissait pas grand-chose en voiture, et encore moins en voitures de ce genre. Mais elle savait reconnaitre la valeur des choses, et elle n’était pas ignorante au point de ne pas comprendre que Casey n’appartenait pas à la même classe sociale qu’elle. Elle ne fit pas de commentaire, bien que troublée, et s’installa sur le siège passager. Elle n’avait pas pour habitude d’attacher sa ceinture de sécurité. Pourtant, quand Casey démarra l’engin en trombe, Lola finit par se dire que ce serait peut-être judicieux de le faire.

Elle observa les mains du jeune homme sur le volant, avant de balayer du regard le tableau de bord et le reste de l’habitacle. Elle releva un peu la tête, ses yeux attirés par une carte accrochée au rétroviseur, sur laquelle on pouvait y lire les noms Casey Burkhart ainsi que Burkhart Estate. Lola ne tarda pas à comprendre pourquoi son visage et son prénom associé lui avaient semblé familier. Il n’était pas seulement aisé, il était carrément riche. Millionnaire. Venant d’une des familles les plus puissantes de la ville. « T’as pas peur quand ça va vite, j’espère » Lola avait une sensation de tournis, mais elle n’aurait su dire si la cause était la vitesse de la voiture ou plutôt l’information qu’elle venait d’apprendre. « Non, non, ça va » dit-elle en s’efforçant de sourire, l’air de rien, baissant les yeux vers la main de Casey sur son genou. Sa confiance en elle venait d’exploser en mille morceaux. Il pouvait avoir n’importe qui, les hommes comme les femmes. Alors pourquoi elle ? Elle se savait jolie, mais ça devait être bien plus excitant de coucher avec une fille des hautes sphères plutôt qu’avec une fille comme elle, de son point de vue. Mais son optimisme l’incita à voir la situation sous un autre angle : elle venait de gagner le jackpot. Il avait perdu la tête, il n’était plus très sobre, il semblait n’avoir d’yeux que pour elle ce soir, et il avait probablement assez d’argent pour nourrir tous les citoyens américains. C’était peut-être lui, la chance de sa vie. C’était peut-être ce soir, le moment qui allait bouleverser sa vie. Alors elle posa sa main sur la sienne, croisant ses doigts aux siens sur son genou. « Tu habites loin ? » demanda-t-elle en essayant de reprendre ses esprits et de dissoudre les dollars qui auraient brillé dans ses yeux s’ils avaient été dans un dessin-animé. Même si elle était persuadée qu’une occasion comme celle-ci ne se représenterait plus, Lola ne parvenait que très difficilement à penser à autre chose qu’au compte au banque du garçon. Et même tenir une conversation avec lui semblait compliqué à cet instant. Elle ne se sentait plus suffisamment intéressante, elle avait peur de l’ennuyer, sous l’emprise d’un vilain complexe d’infériorité. Mais l’entendre parler n’était sûrement pas la priorité de Casey, alors pour ce soir elle n’avait qu’à se contenter d’être jolie.

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Lola aurait pu être inquiète. Elle aurait peut-être dû l’être. Se retrouver dans la voiture d’un inconnu conduisant à toute allure, pour une raison aussi basse que le sexe. Il y aurait pu y avoir de quoi au moins sourciller. Elle n’était pas complètement stupide ou naïve non plus, mais il y avait quelque chose chez ce garçon qui lui inspirait confiance. Une sorte d’aura qui émanait de lui, et qui réduisait à néant tout bon sens chez la jeune femme. « Non, pas vraiment, j'suis dans Garden District. » Garden District, le quartier des bourges, ce n’était pas vraiment étonnant. « Mais en fait, on va pas chez moi »Elle tourna la tête vers lui, pas vraiment paniquée mais tout de même un peu alarmée par cette annonce. « J’te kidnappe pas, pas de panique. Ou alors si, mais juste pour la nuit » dit-il en serrant doucement ses doigts contre son genou. « J’peux juste pas t’emmener chez moi, il y a ma femme et mes gosses » ajouta-t-il sur un ton pas tellement sérieux. Pourtant, ça sonnait comme la seule explication plausible à ce changement de plan. Lola n’aurait pas été étonnée d’apprendre que Casey n’était pas célibataire. Il était peut-être vraiment marié, ou au moins fiancé, avec un nombre incalculable de maîtresses. Ça ne lui faisait pas peur, à Lola. Pour une fois, être le premier choix, être la seule et l’unique, n’était pas sa priorité. Passer en seconde position lui convenait tout aussi bien, tant que les avantages étaient corrects.

Plus ils avançaient dans le quartier, plus Lola était subjuguée par les paysages. Elle avait l’habitude de passer devant mais sans jamais s’y attarder, et encore moins de nuit. Elle observa les gestes de Casey, silencieusement, se demandant à quoi pouvait bien ressembler son quotidien. Elle ne détourna le regard que pour regarder à travers la vitre, à mesure que le véhicule avançait vers une immense bâtisse, belle à lui en faire tomber la mâchoire. Casey gara la voiture et descendit le premier pour venir lui ouvrir la portière, en parfait gentleman, même si Lola avait déjà deviné qu’il était loin de l’être. « Bienvenue à Magnolia Manor. J’te fais visiter ? » Lola sortit de la voiture et laissa Casey la guider jusqu’à l’entrée de la résidence. C’était le genre de maison que tout le monde rêvait d’habiter. Tout le monde, à l’exception de Casey peut-être. « Vas-y, je te suis » dit-elle alors qu’ils s’apprêtaient à entrer. Elle attendait que Casey ouvre la porte avant de le suivre à l’intérieur. Elle fit de son mieux pour ne pas paraître trop émerveillée et impressionnée, ne voulant pas passer pour une fille qui n’avait jamais rien vu de tel, une fille assez pauvre pour s’extasier devant ce qui devait sembler normal pour Casey. « Tu vas la vendre ? » demanda-t-elle par curiosité, en se tournant vers lui. Qui sait, c’était peut-être une célébrité qui allait l’acheter. C’aurait été assez drôle de penser qu’elle allait faire l’amour dans la future maison de Jared Leto. « T’as pas peur qu’on l’abîme ? » demanda-t-elle encore, cette fois avec un petit sourire charmeur aux lèvres. C’était fou ce que Casey était plus séduisant maintenant qu’elle connaissait la valeur de son compte en banque.

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