As the hours pass I will let you know, that I need to ask before I'm alone how it feels to rest on your patient lips to eternal bliss. I'm so glad to know the night will hold us close and the stars will guide us home. / @lola calderon
Au lieu de se foutre de lieu, elle s’approche et vient danser avec lui, ce qu’il prend pour un bon signe. Il souffle un peu, Casey, soulagé de ne pas passer pour un idiot, perdu face à tant de nouveauté, face à ce monde qu’il ne connaît pas. « D’abord les fleurs, maintenant le slow, tu serais pas romantique ? » demande-t-elle, semblant assez amusée de la situation pendant que lui fronce le nez, gêné. Jamais vraiment du genre à faire la cour à une fille, pas spécialement romantique non plus, il titube un peu et c’est suffisamment évident pour qu’elle le voit, sans doute. Il s’accroche pour ne pas fléchir, pose ses mains sur ses hanches, danse avec elle alors que Foreigner rempli chaque recoin du centre commercial, rendant plus intime cet espace pourtant immense. « Tu sais que t’as pas besoin de faire tout ça, hm ? » La question lui fait arquer un sourcil et il la dévisage un instant, pas certain de ce qu’elle cherche à dire. Bêcheur comme il est, il pourrait comprendre que l’affaire est déjà gagnée et qu’il n’a pas besoin de faire des efforts mais ça le froisse un peu. Elle n’a pas l’air d’être de celles qui manque d’estime personnelle, elle semble savoir ce qu’elle vaut, ce qu’elle mérite alors assurément, les gestes qu’il peut avoir, s’ils ne sont pas totalement désintéressés, restent nécessaires. Pas parce qu’il s’amuse à compléter une checklist pour être sûr d’à nouveau pouvoir la mettre dans son lit mais parce qu’il veut s’assurer de faire des choses correctement, suivant des guidelines à moitié clichées, à moitié imaginaire, entre idées reçues et pop-culture. « J’veux dire…T’es pas du genre à te mettre en couple, tu me l’as dit. Alors si tu veux juste qu’on se voie de temps en temps, sans prise de tête, t’es pas obligé de faire tout ça. » ajoute-t-elle, précisant le fond de sa pensée.
Casey se retrouve pris de court, il en oublie même de bouger pendant quelques instants, la toisant d’un air surpris avant de forcer un sourire, hochant la tête. « Je, c’est pas c’que je voulais dire, fin » commence-t-il à balbutier avant de se reprendre, bombant le torse comme pour se donner un peu plus d’assurance. Il a bien dit ne pas être du genre à se foutre en couple, oui, mais c’était plus une excuse pour justifier son manque de savoir-faire, pas une mise en garde. Enfin, si. En temps normal, ç’aurait été exactement ce qu’il voulait dire. Hell, en temps normal il aurait sauté de joie qu’elle propose d’elle-même une relation dénuée de sérieux. Pourtant là, ça laisse un sale goût dans sa bouche. « Mais c’est cool, t’inquiète » souffle-t-il, toujours armé d’un sourire un peu crispé, replaçant du bout des doigts une mèche de cheveux que la bataille de vêtements a délogé. « J’me doute que t’as une vie » lance-t-il, se mordant la langue de sonner si needy, si désoeuvré. Lui qui n’est jamais seul n’a pourtant pas vraiment de vie, juste des contacts pour tromper l’ennui, des amitiés de surfaces, sans intérêt, sans profondeur. « C’est pas parce qu’on se voit et que j’suis aux petits soins que tu m’dois quoi que ce soit, hein » annonce-t-il, un sursaut de rire lui échappant alors qu’il est presque sûr que son détachement commence à être convaincant. « Tu fais ta vie, tu vois qui tu veux, c’est cool » il ajoute ça en essayant de faire en sorte d’y croire, en tentant de ne pas poser sur elle un regard trop possessif. Il n’a pas à être jaloux, elle ne lui appartient pas, ne lui doit rien. Pourtant alors que les couplets de la chanson s’enchaînent jusqu’à gonfler en véritable sérénade, il se sent soudainement très con, très exposé, se demandant comment font les gens normaux. A croire que ses vilaines habitudes étaient, peut-être, au final, la solution de facilité. Tellement plus simple de se foutre de tout que de ne pas savoir quoi attendre, ni comment se faire comprendre. « Tu voulais voir un autre truc ? On peut y aller si t'es claquée ou si t'as faim... » Il force pour ne pas sembler vexé ou déçu, pour que son ton aille avec l'attitude qu'elle semble attendre. Pourtant, alors que la chanson se mue en autre chose, il a déjà un peu reculé, clairement paumé, clairement déstabilisé.
CODAGE PAR AMATIS AVATARS PAR PERSONA & POESIES CENDREES
Lola eut rapidement la sensation d’avoir dit une bêtise, en voyant la réaction de Casey. Elle ne le connaissait pas suffisamment pour deviner la signification de ses mimiques mais elle n’était pas complètement idiote non plus. « Je, c’est pas c’que je voulais dire, fin » C’était à peine s’il souriait, il ne dansait plus et semblait même froid et distant. L’avait-elle vexé ? ç’avait été un risque à prendre. Combien de moments avec lui avait-elle peut-être sauvé en gâchant celui-ci ? C’était un mal pour un bien. « Mais c’est cool, t’inquiète. J’me doute que t’as une vie. C’est pas parce qu’on se voit et que j’suis aux petits soins que tu m’dois quoi que ce soit, hein. Tu fais ta vie, tu vois qui tu veux, c’est cool » Elle hocha la tête, essayant de chasser de son esprit cette petite voix qui lui disait que ces mots sonnaient faux. En soufflant le chaud et le froid, Lola avait le sentiment de regagner du terrain, de conserver le contrôle sur leur relation. Sans se rendre compte des dégâts qu’elle était en train de causer.
« Tu voulais voir un autre truc ? On peut y aller si t'es claquée ou si t'as faim... » Elle aurait bien voulu rester encore un peu, jouer encore les bourgeoises en se parant d’habits tous plus beaux et chers les uns que les autres. Mais l’heure ne semblait plus être à la fête, le cœur n’y était plus, et elle n’avait pas envie d’insister. Elle ne souhaitait pas prendre le risque de trop, celui qui forcerait Casey à prendre ses jambes à son cou, loin d’elle. Elle supposa d’ailleurs que, si Casey lui posait la question, c’était parce que de son côté il souhaitait partir. « Hey » l'interpela-t-elle, en glissant une de ses mains sur sa joue, veillant à ce qu’il la regarde dans les yeux. « Là tout de suite j’ai envie de voir personne d’autre que toi » souffla-t-elle en esquissant un sourire qui se voulait gêné, mais sincère. C’était vrai, en soi. Elle ne voyait personne d’autre que lui en ce moment, et ça ne la dérangeait pas. Casey s’était avéré plus divertissant et intéressant que prévu. Pourquoi perdre son temps à aller voir ailleurs ? Il représentait tout ce qu’elle avait toujours voulu avoir, tout ce qu’elle avait toujours voulu être. Complètement libre, sans obligation, avec suffisamment d’argent pour obtenir tout ce qu’il désirait. « C’est rien que toi et moi » murmura-t-elle, en rapprochant son visage du sien. « Comment elles vont faire, les autres filles, si je t'garde pour moi toute seule ? » Elle rit et s’approcha encore plus pour l’embrasser tendrement, comme pour prouver ses paroles. Elle était convaincue de ne pas être jalouse, s’il venait à fréquenter d’autres filles qu’elle. Tant qu’elle restait sa priorité, évidemment. « C’est vrai que je suis un peu fatiguée… Tu m’en veux pas si on rentre ? En plus, j’ai des fleurs à mettre dans un vase, j’voudrais pas qu’elles fanent trop vite. » dit-elle en prenant la main de Casey, serrant doucement ses doigts contre les siens. Elle se sentait un peu déçue, d’une certaine façon, que la soirée se termine si rapidement. Ça lui plaisait, au fond, toutes ces attentions que Casey avait pour elle. Elle pouvait difficile dire le contraire. Seulement, ça lui plaisait autant que ça l’effrayait.
As the hours pass I will let you know, that I need to ask before I'm alone how it feels to rest on your patient lips to eternal bliss. I'm so glad to know the night will hold us close and the stars will guide us home. / @lola calderon
Ce n’est pas qu’il ne sait pas ce qu’il veut. C’est juste qu’il n’a jamais voulu ce qu’elle évoque chez lui. Casey, face à des films niais, a juste passé son adolescence à lever les yeux au ciel, trouvant ça ridicule. Lorsque ses potes s’amourachaient de filles qu’ils venaient à peine de rencontrer, se retrouvant à genoux devant elle, dévoués et prêts à planter tout le monde pour passer du temps en couple, il trouvait juste ça pathétique. Un peu ridicule, aussi. Et surtout, il était rancunier, envers les potes en question. Avec le recul, il se demande si ce n’était pas de la jalousie, en quelque sorte, se sentant laissé pour compte, seul en tête à tête avec son cynisme dévorant et son s’en-foutisme évident. Parce qu’il n’est pas bien différent d’un adolescent amouraché, là, si ? Déjà vexé à l’idée qu’elle aille voir ailleurs alors que c’est monnaie courante, alors que sa vingtaine n’a été faite qu’histoires sans lendemain et qu’il n’est pas à même de juger. Il tente de cacher son changement d’humeur mais c’est vain, il le réalise lorsqu’elle réclame son attention. « Hey » lance-t-elle, une main contre sa joue pour qu’il la regarde. L’espace d’un instant, il rechigne et puis daigne lui donner son attention, tombant dans ses yeux, assez pour un peu se laisser amadouer par la suite. « Là tout de suite j’ai envie de voir personne d’autre que toi » déclara-t-elle mais même s’il a envie de simplement se laisser aller, une partie de son cerveau ne peut s’empêcher de décortiquer la formulation. Combien de temps avant qu’elle ait envie d’en voir un autre ? Il serre les dents, l’imaginant en train de sortir à nouveau de chez elle après qu’il l’ait déposé. Ce n’est pas qu’il juge, pourtant, aucun slut-shaming là dedans. Non, il voudrait juste être le seul impliqué, enfant gâté. « C’est rien que toi et moi » ajoute Lola en s’approchant et il la laisse faire, repoussant la petite voix bien sournoise qui voudrait bien une esclandre. « Comment elles vont faire, les autres filles, si je t'garde pour moi toute seule ? » demande-t-elle, ne lui laissant pas le temps de répondre à cette question beaucoup trop amusée et légère pour l’humeur dans laquelle Casey est en train de s’enfoncer. Elle vient l’embrasser et il se laisse faire, pas à même de la repousser, trop avide. Le rire de Lola vient s’écraser sur ses lèvres et dans ce baiser, c’est comme s’il cherchait à la comprendre, à savoir quoi dire, quoi faire, pour ne pas sembler idiot.
Trop vite, pourtant, elle s’éloigne, sautant sur l’occasion qu’il a présenté. « C’est vrai que je suis un peu fatiguée… Tu m’en veux pas si on rentre ? En plus, j’ai des fleurs à mettre dans un vase, j’voudrais pas qu’elles fanent trop vite. » déclare Lola et il se maudit d’avoir voulu mettre un terme à la soirée. Tout ça pour son égo en carton. Il laisse la jeune femme attraper sa main, hoche la tête, force un sourire et murmure un « Ouais, let’s go » qui ne sonne pas totalement amer, essayant de profiter du temps qu’il reste avant qu’inévitablement, il ne doive la déposer chez elle. Sans trop de cérémonie, ils se dirigent vers la sortie et Yancey attrape les affaires qu’elle a essayé un peu plus tôt alors qu’ils passent devant le magasin qu’ils ont partiellement ravagé. « J’ai tout, je crois » lance-t-il, revenant vers elle, récupérant sa main et l’entraînant vers la sortie. Tant pis pour la lumière, tant pis pour la musique, les gardiens qui viendront dans la nuit s’en occuperont.
Bien vite, ils sont devant sa voiture et il vient lui ouvrir la portière, place les sacs dans le coffre et s’installe ensuite au volant avant de prendre la route. « Va falloir que tu me guides jusqu'à ta rue » lance-t-il, conscient qu’ils doivent d’abord sortir de la zone industrielle, qu’elle n’habite pas dans ce coin où des embouteillages sont maintenant un peu formé. « Putain y’a un match ce soir, les gens viennent de sortir, c’est pour ça que ça bloque » siffle-t-il, pas très patient au volant. Pas très à l’aise non plus avec le silence qui s’installe. Il pourrait bien mettre la musique mais ça serait reconnaître qu’il y a un souci avec l’absence d’échange, alors il encaisse. Jusqu’à vouloir combler, jusqu’à ce que ça soit plus fort que lui. « Quand j’ai dit que j’étais pas du genre à sortir avec quelqu’un, j’voulais dire, les autres filles » commence-t-il, les mains un peu crispées autour de son volant, les yeux rivés sur les feux de la voiture devant eux. « Y’a pas d’autres filles, d’ailleurs » ajoute-t-il, mais au lieu de continuer sur sa lancée et de dire clairement ce qui lui trotte dans la tête, il se déballonne et ne lâche qu’un « Enfin bref[/color] » un peu maladroit, enchaînant aussi alors qu’un idiot tente de lui couper le passage. « Bah oui, c’est vrai, cette file là va bien plus vite, connard, passe dessus tant que tu y es... » siffle-t-il, cette fois un peu amusé. « Tu t’rends pas bien compte de l’ironie de la situation parce que tu ne me connais pas tant que ça mais laisse moi t’éclairer… normalement c’est moi le connard qui coupe les files comme ça » alors son manque de patience, ce soir, c’est presque de l’hypocrisie. « Tu veux quelque chose ? » lance-t-il subitement après une avancée de quelques mètres, jusqu’à une intersection où ils se retrouvent bloqués par un feu. De l’autre côté du croisement, c’est le même bordel mais sur la droite, l’enseigne rouge d’un Sonic attire son attention et il fait un geste dans cette direction. « J’vais m’prendre un milkshake je pense, j’ai rien mangé depuis ce midi, j’dois juste avoir les crocs » annonce-t-il, tentant de blâmer son humeur sur une hypoglycémie. C’est ça, il est pas vexé, il est juste hangry. Toutes les excuses sont bonnes, de toute façon, pour grappiller quelques minutes avec elle.
CODAGE PAR AMATIS AVATARS PAR PERSONA & POESIES CENDREES
« Ouais, let’s go » Lola le suivit sans broncher, avec l’étrange impression d’avoir brisé quelque chose entre eux. La réaction de Casey la rappela à l’ordre pour quelques minutes, lui signifiant que même si leur relation n’était construite que sur des mensonges et des artifices, le jeune homme était bien réel. Lui faire de la peine ou l’embarrasser n’avait jamais été son intention, mais elle ne s’était tout simplement pas préoccupée de ses émotions avant cet instant. « J’ai tout, je crois » dit-il après avoir récupéré ses sacs, dont un qui devait certainement peser un peu plus lourd que les autres. Sa main libre mêlée à la sienne, il la guida jusqu’à l’extérieur, puis jusque sa voiture. Et déjà Lola avait le sentiment que le trajet allait être long. « Va falloir que tu me guides jusqu'à ta rue » Elle boucla sa ceinture, reprenant le bouquet de dahlias sur ses genoux et culpabilisant encore un peu plus. Elle avait tenté de rester enjouée, de le faire rire, avant qu’ils ne quittent le centre commercial. C’avait été un bel échec. Et elle se sentait frustrée, de ne pas parvenir à le cerner, de ne pas savoir ce à quoi il pouvait bien penser. Cette histoire devenait plus compliquée qu’escompté. « Putain y’a un match ce soir, les gens viennent de sortir, c’est pour ça que ça bloque » dit-il en râlant, et Lola tourna la tête vers lui, faisant mine de s’intéresser aux raisons de cet embouteillage.
Et puis le silence pesa de nouveau dans l’habitacle de la voiture. Lola ne trouvait rien à lui dire, et craignait d’aggraver la situation. « Quand j’ai dit que j’étais pas du genre à sortir avec quelqu’un, j’voulais dire, les autres filles. Y’a pas d’autres filles, d’ailleurs » Lola baissa les yeux, le dos enfoncé dans le siège passager, espérant peut-être qu’elle finirait par passer à travers et disparaître. C’était une semi-déclaration, pleine de sous-entendus, laissant penser qu’il était prêt à sortir avec elle. Elle aurait dû se réjouir, a priori son plan fonctionnait à merveille. Pourtant, il y avait un hic. Il n’était pas détaché, comme elle l’avait imaginé. Il ne parlait jamais de son argent, semblait beaucoup moins matérialiste qu’elle. Elle l’avait imaginé en connard absolu, le stéréotype du gars friqué qui s’assure de rabaisser les autres pour rester au sommet. Et pour l’instant, Casey ne collait pas du tout avec cette image. Et ça l’embêtait, Lola. Le type sans-cœur vers lequel elle s’était projetée s’avérait être un cœur d'artichaut. L’arnaquer devenait tout de suite plus cruel. « Enfin bref » conclut-il, comme pour lui signifier que le sujet était clos, et qu’il n’y avait plus grand-chose à y redire. « Bah oui, c’est vrai, cette file là va bien plus vite, connard, passe dessus tant que tu y es... » grommela-t-il de nouveau, cette fois sur un ton un peu plus amusé. « Tu t’rends pas bien compte de l’ironie de la situation parce que tu ne me connais pas tant que ça mais laisse moi t’éclairer… normalement c’est moi le connard qui coupe les files comme ça » Lola esquissa un sourire et se redressa un peu, juste avant qu’il ne lui demande : « Tu veux quelque chose ? » Elle tourna la tête pour apercevoir l’enseigne du Sonic. « J’vais m’prendre un milkshake je pense, j’ai rien mangé depuis ce midi, j’dois juste avoir les crocs » Comme si Casey Burkhart avait l’habitude de se nourrir à base de milkshakes de Sonic. Ou devenait-il radin, maintenant que l’ambiance s’était détériorée ? Lola était persuadée que Casey n’était pas le genre à mettre les pieds dans un fastfood habituellement. C’était à peine exagérer de dire qu’elle imaginait les gens comme lui se nourrir exclusivement de champagne et de caviar. « Je veux bien la même chose que toi » dit-elle, avant de patienter.
Lola le remercia, une fois les milkshakes arrivés, et ils reprirent la route malgré les quelques embouteillages dans la zone industrielle. « J’habite sur le Faubourg Marigny » souffla-t-elle pour commencer à le guider à travers la ville. Son milkshake entre les doigts, la paille contre sa langue, Lola donnait à Casey les directions nécessaires. Cependant, le silence persistait, entre chacune de ses interventions. Ils étaient peut-être trop fatigués, tous les deux. Ou quelque chose n’allait vraiment pas entre eux. « Au fait… Désolée de revenir là-dessus, mais j’ai l’impression d’avoir dit quelque chose que j’aurais pas dû dire et…Well, je réfléchis pas toujours avant de parler » avoua-t-elle, sincère malgré une vérité toujours dissimulée. « C’est juste que…ça m’a fait un peu peur de te voir si attentionné envers moi, et j’ai l’impression de pas être à la hauteur… » Parce que ça fonctionnait comme ça, dans sa tête. Personne ne donnait sans rien attendre en retour. Elle n’était pas à la hauteur, elle le savait, ce n’était pas qu’une impression. Dès l’instant où Casey avait commencé à s’attacher à elle, elle avait cessé d’être à la hauteur. « Tu peux te garer là » dit-elle en désignant du doigt une place devant son immeuble. « C’était cool, ce soir. On peut remettre ça la semaine prochaine ? Si t’es libre, si t’as envie » ajouta-t-elle, tournée vers lui, sa main glissant sur le levier de vitesse pour se coupler à la sienne.
As the hours pass I will let you know, that I need to ask before I'm alone how it feels to rest on your patient lips to eternal bliss. I'm so glad to know the night will hold us close and the stars will guide us home. / @lola calderon
Au fond, il a un peu faim et c’est peut-être vraiment pour ça qu’il réagit de la sorte. Entre cette possibilités et le fait que Sonic représente une sorte de madeleine de proust, lui rappelant toutes ses fois où Yun, la femme de ménage de la famille Burkhart, ramenait ses enfants et de la malbouffe pour occuper un Casey délaissé par ses parents pendant qu’elle s’affairait à nettoyer la maison, il se calme même un peu, laissant retomber les états d’âme et s’engageant dans le drive du fast food. « Je veux bien la même chose que toi » annonce Lola, alors qu’ils arrivent devant le micro destiné aux commandes et il hoche la tête avant de commander deux milkshakes et donc, par conséquent, sans doute assez de sucre pour survivre pendant plusieurs jours.
Gobelet à la main, s’engageant à nouveau dans les embouteillages, Casey se laisse guider lorsqu’elle lui dit « J’habite sur le Faubourg Marigny » et conduit en sirotant sur sa concoction en essayant de ne pas s’impatienter face aux conducteurs stupides partout autour d’eux. Le silence est encore pesant, une fois de plus il hésite à allumer la radio, à emplir l’habitacle de sa voiture avec de la musique histoire de couper un peu la tension… A croire que le milkshake n’y change, en réalité, pas grand-chose et que ce n’était pas juste son appétit, qui lui fout les nerfs en pelote. Peut-être qu’elle aussi, elle vit mal ce silence, d’ailleurs, parce qu’elle vient l’interrompre alors qu’il est occupé à chercher quelque chose à dire, échouant lamentablement et se contentant de machouiller sa paille comme un môme. « Au fait… Désolée de revenir là-dessus, mais j’ai l’impression d’avoir dit quelque chose que j’aurais pas dû dire et…Well, je réfléchis pas toujours avant de parler » lance-t-elle et sa main sur le volant se crispe un peu. « C’est juste que…ça m’a fait un peu peur de te voir si attentionné envers moi, et j’ai l’impression de pas être à la hauteur… » ajoute-t-elle et cette fois, ses phalanges blanchissent tant il serre les doigts. C’est donc de sa faute, c’est son attitude qui pose problème. Lui qui ne sait pas s’y prendre mais feint une confiance et une assurance digne d’un jeune James Dean, il se retrouve d’un coup pris aux dépourvus, non pas qu’il s’agisse réellement d’une surprise, ceci dit. Il envisage brièvement de s’expliquer, de dire qu’il veut juste mettre toutes les chances de son côté, résistant à l’envie de s’offusquer quant au fait qu’elle puisse ne pas être à la hauteur. A la hauteur de quoi, d’abord ? D’un idiot gâté mais névrosé, désoeuvré et esseulé ? A nouveau il hoche la tête, soufflant lorsqu’elle lui fait signe vers une place et déclare : « Tu peux te garer là. »
Sans se faire prier, il effectue une manœuvre, gare son bolide et coupe le contact, voulant éviter de lui donner l’impression qu’il est en train de la jeter dehors. Pourtant, lui, de son côté, il se demande si ce n’est pas ce qu’elle espère. Qu’il se sauve, que cet échange s’arrête. Focalisé sur ce qu’elle a pu dire, il se fait surprendre par la jeune femme. « C’était cool, ce soir. On peut remettre ça la semaine prochaine ? Si t’es libre, si t’as envie » déclare-t-elle avant de venir saisir sa main, mêlant ses doigts à ceux de Casey, qui observe le point de contact soudain un peu perdu. « Okay » répond-t-il, trop distant, pas vraiment dans le moment. « Ouais, pardon, j’étais ailleurs. Avec plaisir » lance-t-il, finissant pourtant par se reprendre, relevant la tête pour la regarder et lui adressant un sourire plus penaud que prévu.
Lorsqu’il retire sa main, c’est pour quitter la voiture, récupérer les paquets dans le coffre et venir lui ouvrir sa portière. Il se demande un peu si ça aussi, c’est trop attentionné, ne sachant pas sur quel pied danser, incapable de déterminer comment il est supposé se comporter, pas certain qu’elle apprécie d’avantage la version détachée et blasée, un peu trop amère, qu’il est la plupart du temps. « J’t’appelle la semaine prochaine, du coup » souffle-t-il, l’accompagnant jusqu’à sa porte et lui tendant les sacs ramenés du centre commercial. Mentalement, il prend note : une semaine, sept jours, de la distance, du détachement, ne pas lui faire peur, ne pas en faire trop, ignorer son envie de la découvrir, son besoin d'en savoir plus, de l'entendre rire, de la voir sourire, alors qu'il ne sait presque rien d'elle et qu'il s'emballe déjà beaucoup trop. Ce n’est pas comme s’il pouvait la blâmer, pas comme s’il pouvait lui en vouloir. Comment peut-elle savoir qu’elle lui retire une épine du pied en lui donnant l’impression d’être vivant et que pour ça, il se sent incapable de la lâcher ?
Il force, pourtant. Pour ne pas en rajouter, pour garder la distance dont elle semble avoir besoin. Il vient déposer un baiser sur sa pommette, à défaut de ses lèvres et l’observe une seconde avant de reculer pour retourner vers sa voiture, la laissant avec le bouquet, devant chez elle. Arrivé à sa caisse, pourtant, il l’interpelle. « Et Lola... » lance-t-il, à quelques mètres d’elle, « Oublie ton histoire d’être à la hauteur, okay ? C'est vraiment pas la peine » Il ne s’explique pas plus, n’extrapole pas, ne sait pas exactement quoi dire de plus, pas à même de lui détailler pourquoi il ne vaut pas la prise de tête, pas vraiment sûr que ça soit bien malin de lui dire explicitement pourquoi elle n’a aucune raison de se foutre la pression. Elle s’en rendra compte bien assez tôt, rien que son comportement de ce soir risque de la refroidir, il n’est pas idiot.
CODAGE PAR AMATIS AVATARS PAR PERSONA & POESIES CENDREES