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 quand vient le matin, les mascaras tristesse (anja)

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[ les mascaras tristesse ]
@anja söderblom
A la sortie du bar, chaque soir, elle croise toutes sortes de bêtes nocturnes, Art. Elle a appris à ne plus faire attention, ni aux sifflements sur son passage, ni à ceux qui soulagent leur vessie un peu trop ostensiblement. Elle salue ses collègues, serre son sac un peu trop fort contre son corps, et s'éloigne à grandes enjambées pressées en direction du faubourg. Mais pas ce soir, ce soir son rituel est interrompu par des cris de frustration, suivis du crissement de pneus de ce qu'elle a tout juste le temps d'identifier comme étant un taxi, se retournant alors qu'il disparaît dans la nuit. Reste alors une jeune femme, seule sur le pavé, tanguant dangereusement, menaçant de s'écrouler d'un instant à l'autre tant elle est imbibée. Art reconnaît une cliente, se souvient l'avoir vue enchaîner bien trop de verres mais, un soir comme celui-ci, elle fait rarement attention aux allées et venues, elle a simplement noté à un moment de la soirée qu'elle avait quitté les lieux. Et la voilà, se débattant pour trouver quelqu'un qui veuille bien la ramener, l'état dans lequel elle se trouve ne pouvant que l'handicaper dans sa recherche. « Je vais vous aider, où habitez-vous ? » La réponse semble perdue dans les méandres de son cerveau embrumé, et elle n'insiste pas. Considérant un instant ses options, elle se décide lorsque l'inconnue s'effondre contre son épaule, manquant de la faire tomber. Elles iront chez elle. Hélant le premier taxi qu'elle voit, Art fait tant bien que mal monter la brune et se glisse à ses côtés sur la banquette arrière, donnant son adresse au chauffeur avec un sourire désolé pour le vacarme incohérent et l'odeur d'alcool que dégage son acolyte anonyme.

Miraculeusement parvenues à l'étage après des pas titubants jusqu'à l'ascenseur, Art jongle entre la recherche d'un trousseau de clés au fond de son sac et sa tentative de garder la jeune femme à la fois debout et éveillée – il ne manquerait plus qu'elle s'endorme sur place et qu'il faille la porter à l'intérieur. Une fois la porte poussée, elles entament une marche laborieuse en direction de la chambre, et s'écrasent en travers du lit. Marlowe pouffe de rire, se redresse tant bien que mal, couvre la demoiselle des draps et part à la recherche de son colocataire, bien que le supposant absent, autrement il aurait déjà accouru pour faire taire leur boucan. Elle prend le temps de se doucher, persuadée que son invitée ne bougera pas de sitôt, puis cherche une pièce d'identité dans les affaires de... Anja Söderblom. Curiosité satisfaite, elle se recroqueville sur le canapé du salon. Toujours aucun signe de Karim, elle commence à se dire qu'elle aurait peut-être bien fait de le prévenir, mais déjà le sommeil l'emporte. Lorsqu'elle s'éveille, peut-être six heures plus tard, il lui faut quelques secondes avant de tout replacer, et un bruit dans sa chambre la décide à se lever. Elle frappe doucement à la porte, avant de la pousser. « Anja, c'est ça ? » Un sourire fatigué étire ses lèvres, une main vient frotter ses yeux pleins de sommeil. « Tout va bien, t'avais juste trop bu hier soir. »

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(#) quand vient le matin, les mascaras tristesse (anja)    Mer 11 Mar - 0:04
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Toutes les soirées auxquelles elle se rendait terminaient ainsi, un verre, puis plusieurs en main, le tout accompagné de quelques joints que la belle s’enfilait, sans se soucier de ce qui l’entourait. La solitude ne l’avait jamais gêné à dire vrai, lorsque Anja avait besoin de compagnie, il y avait constamment quelqu’un pour occuper la place libre en face d’elle. Elle contrôlait et sélectionnait tout dans sa vie, Anja, pour ne pas souffrir, ne pas être blessée et ce plan fonctionnait à merveille depuis toujours. Mais voilà que l’heure tardive dans la matinée s’affichait sur le cadran trop éclairé de son téléphone et que l’alcool troublait ses pensées, ses gestes : à déambuler de la sorte, l’on pourrait croire qu’Anja allait finir par se retrouver au sol, les côtés brisées, tant sa silhouette était frêle, fine. Un coup de vent fracassant une brindille d’arbre. Ne trouvant pas d’aide pour la ramener chez elle, plongée dans un mutisme des plus complets (déjà qu’Anja n’était pas des plus loquaces) des sommets étaient atteints à ce rythme. C’était presque de manière désespérée que la journaliste se cramponnait à cette âme charitable, qui aurait pu tant être bienveillante que malveillante, sa capacité de jugement étant limitée, elle laissait sa carcasse être trainée de la sorte, pour s’endormir aisément dans un lit qui ne lui disait rien. Et pourtant, Anja paraissait effrayée au réveil, les vêtements embaumés par un parfum inconnu. Dressée rapidement sur ses jambes, le corps vacillant, elle n’était pas encore remise de cette ivresse, si bien que son crâne lui faisait une piqûre de rappel : le mal de tête fréquent d’une gueule de bois. Une main sur la table de nuit et Anja se stabilisait, les idées qui se basculaient en pensant s’être fait violer ou kidnapper, pire, séquestrée dans des draps de soie. Et Anja, face au stress ou aux conflits n’était pas la plus sereine ni la plus rationnelle. Mouvement impulsif vers l’avant, alors que sa vision se troublait, prête à rentrer en conflit et à se débattre pour survivre face à la blondinette qui se pointait dans la pièce. « Qu’est-ce que vous me voulez ? Ce n’est pas sain d’enfermer quelqu’un, laissez-moi partir ou ça ira très mal. » L’agression comme moyen de défense, elle s’approchait avant d’être prise de nausées, une main contre son estomac qui brûlait, pour finalement vomir à même le parquet, le teint pâle. Quant à sa carcasse, elle finissait par s’échouer au bout du lit, les paumes tremblantes sur ses tempes, la carnation immaculée, le palpitant battant à tout rompre.
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(#) Re: quand vient le matin, les mascaras tristesse (anja)    Jeu 12 Mar - 22:51
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[ les mascaras tristesse ]
@anja söderblom
Son sourire se dissipe face à l'expression de son invitée improvisée, et elle veut s'approcher mais l'expression mêlant peur et colère peignant les traits d'Anja l'en dissuade. Mieux vaut lui laisser de l'espace, le temps qu'elle comprenne où elle est, ce qu'il se passe, et se souvienne (si possible) de la nuit passée. La gueule de bois n'aidant certainement pas, elle opte plutôt pour l'agressivité et Art a un mouvement de recul, juste à temps pour ne pas se retrouver couverte de vomi. « Tu n'es pas enfermée », articule-t-elle au bout d'une poignée de secondes, ses esprits recouvrés après le spectacle auquel elle aurait franchement dû s'attendre. Elle serait la première inquiète, en s'éveillant dans une chambre inconnue sans le moindre souvenir de la façon dont elle s'y est retrouvée. Et sans doute serait-elle également la première à vomir si elle avait ingurgité autant de verres. Faute de temps pour préparer un café, elle rejoint la cuisine afin de remplir un verre d'eau et réapparaît, évitant minutieusement la flaque jaunâtre au beau milieu du parquet de sa chambre, au pied du lit dans lequel s'est à nouveau effondrée la dénommée Anja. Elle n'ose aucun mouvement brusque, se retient de dégager les mèches collées sur le front de la brune et se contente de tendre lentement le verre dans sa direction. « C'est de l'eau », qu'elle annonce et, comme pour prouver sa bonne foi, elle en boit une gorgée, prouvant qu'elle n'a rien d'une empoisonneuse. Elle a beau réfléchir, elle ne voit pas ce qu'il aurait fallu faire différemment afin d'éviter toute panique le matin venu, et il était hors de question de laisser seul dans les rues quelqu'un d'aussi imbibé, livré à lui-même. Elle aurait sans doute pu chercher un peu plus loin, ou trouver un motel, plutôt que de ramener une parfaite inconnue chez elle, en l'absence de son colocataire qui plus est, mais elle n'a pas véritablement réfléchi, Art, simplement soucieuse de ne pas abandonner la belle à son sort. « Je m'appelle Art. Tu avais trop bu, je n'arrivais pas à avoir ton adresse et je ne voulais pas te laisser toute seule, alors je t'ai amenée ici. Je te promets que personne ne t'a rien fait. » Elle a bien conscience que des promesses ne représentent rien, espère donc que son ton se voulant réconfortant et sa voix posée s'avèrent un tant soit peu rassurant. Se disant, elle s'est accroupie au pied du lit, plus ou moins à hauteur de regard, jaugeant de l'état de son interlocutrice avec une lueur d'inquiétude au fond des yeux.

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(#) Re: quand vient le matin, les mascaras tristesse (anja)    Lun 30 Mar - 20:36
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Le crâne douloureux, avec l’impression qu’un éléphant avait fait des acrobaties sur ses côtes, Anja pestait dès les premières secondes où ses paupières s’ouvraient, se confrontant immédiatement à un environnement qui n’était pas le sien. Prise de panique, la poupée désarticulée se redressait sur ses gambettes, manquant de s’effondrer plus d’une fois tant tout se bousculait dans ses pensées, comme dans son estomac, d’ailleurs. Puis, elle se confrontait à une petite blonde, qu’Anja ne tardait pas à agresser, sauvage, farouche, animal indomptable qu’incarnait la tornade, avant de se montrer royale, comme à son habitude, lorsque le contenu acide de son ventre s’exhibait à même le sol. Non, Anja n’arrêtait jamais de se ridiculiser, mais rien ne passait sur son visage, impassible, tentant de garder le peu de dignité qui lui restait en se laissant tomber sur le lit. Cela ne lui arrivait pas souvent les trous noirs et encore moins de vomir, elle qui connaissait ses limites, les avait franchement dépassé la veille. Alors, elle ne faisait pas la fière non, méfiante pour se montrer digne, puis rattrapée par la réalité, lui montrant que cela ne lui servait à rien de boire comme elle l’avait fait hier. Le verre d’eau lui faisait du bien, éteignait le feu qui s’était déclenché à l’intérieur de son estomac. Il lui fallut de longues minutes pour se ressaisir et lorsque l’ordre fut installé dans sa tête, son regard troublé, rougi, se posait sur la dénommée Art. « Qui s’appelle Art de nos jours.. » Elle eut un rictus taquin, si ce n’était provocateur, lorsqu’on connaissait le caractère imbuvable de la jeune journaliste, c’était des politesses. « Merci. » C’est tout ce qu’elle trouvait à dire, Anja, reconnaissante, au fond, de se retrouver en bonne compagnie. Une des raisons pour laquelle elle ne buvait jamais autant était précisément pour cela : ne pas se réveiller dans un lieu inconnu, chez des personnes malveillantes. Aux yeux de la terrible, la gentillesse était étrange, teintée de vices, refusant de croire que les personnes foncièrement bonnes existaient. « Dis-moi, Art… J’ai faim. » La tête qui lui faisait mal et le front brûlant, Anja se redressait lentement cette fois-ci, faisant face à son interlocutrice, une main sur le ventre, celui-même qui s’était affiché sur le parquet. « Je nettoierai après. » Qu’elle ajoutait en adressant un air dégoûté sur la zone du crime.
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(#) Re: quand vient le matin, les mascaras tristesse (anja)    Dim 5 Avr - 16:23
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(#) Re: quand vient le matin, les mascaras tristesse (anja)   
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