Protect me from the world (Roman)

âge : trente-cinq ans - 20.08.1987.

[ protect me from the world ]

@Roman Walters & @Austyn Walters
Elle en a assez la rouquine, assez d’entendre absolument tout le monde parler de la même chose, cette foutue épidémie qui ravage la ville. Les professeurs en parlent, les lycéens en parlent, tous les journalistes à la télé et à la radio également. Même son téléphone portable, objet dont elle ne se sépare que rarement, en fait maintenant des siennes. Elle sait parfaitement pourquoi les gens paniquent Austyn, elle a conscience du danger qui pèse sur tous les habitants de la ville, mais à ses yeux il n’y a pas de quoi en faire tout un plat. Peut-être parce qu’elle est jeune, insouciante et un peu naïve, elle a encore la sensation d’être invincible. Il ne lui ait jamais rien arrivé à la jeune fille, elle a toute la vie devant elle et donc elle ne réalise pas vraiment encore que certaines choses peuvent la toucher. Sac à dos pendu à une épaule, elle fait des signes de la main à ses copines qui s’éloignent. La journée est terminée, elle va enfin pouvoir rentrer chez elle, oublier les cours et les devoirs à faire. Ces temps-ci, elle n’est plus tellement studieuse Austyn, elle préfère se concentrer sur d’autres choses qu’elle juge plus importantes. Elle s’apprête à prendre la direction du tramway pour regarder son quartier résidentiel, mais elle s’arrête brutalement en arrivant au portail du lycée. Roman, les boucles au vent, aux côté de son fier destrier métallique, se tient à quelques mètres d’elle. Sourire aux lèvres, elle s’élance la tornade, pour sauter au cou de son frère. « Roro ! Qu’est ce que tu fais là ? Le lycée te manque trop ? » Chanceux qu’il est d’avoir terminé ses études secondaires. Mais elle sait bien que ce n’est pas pour cela qu’il est là. Il a fait ce chemin pour la voir elle, sans doute, et penser à cela la rend heureuse. « On fait quoi ce soir ? » Déjà, elle se dit qu’ils vont passer la soirée ensemble. Il pourrait très bien être là pour lui dire qu’il s’absente pendant quelques temps, qu’une fois encore il a décidé de parcourir le monde. Elle n’y pense pas Austyn, elle préfère ne pas songer à cette éventualité. Non, Roman ne partirait pas maintenant, pas alors qu’ils font face à la plus grande épreuve qu’ils ont jamais traversé : Sasha. Un baiser qu’elle dépose sur la joue de son frère, avant de reculer, de le laisser respirer. Après tout, il y a encore bien des lycéens qui passent autour d’eux, elle n’a pas envie que dès demain, des rumeurs circulent dans les couloirs. Elle a une réputation à maintenir, c’est une dure à cuire, une rebelle, elle compte bien le rester.

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@Austyn Walters
Les nouvelles du confinement recouvraient twitter sous l’hashtag #nov20 ou simplement #nola. S’il n’était pas friand des réseaux sociaux, Roman n’était pas plus exceptionnel que les autres jeunes de son âge. Il lui arrivait, à lui aussi, d’y perdre des heures. En l’occurrence, il s’était perché sur une chaise, ses longues jambes dépliées devant lui, se reposant sur la rambarde du balcon. Il n’y avait alors seulement que la plante de ses pieds recouvert d’une paire de chaussettes colorée qui prenait la température de l’extérieur. Le haut de son corps à l’abris dans cette chambre qu’il chauffait bien plus que nécessaire. C’était mauvais pour l’environnement, il le savait pourtant. Mais le luxe d’être au chaud, il n’était pas encore parvenu à se le refuser. Il avait terminé les cours. N’avait pas eu le cœur de se rendre à la danse, ce soir. Ses membres grinçaient leur manque de repos. Mais était-ce sa faute s’il ne trouvait le sommeil ? Et il tire sur son pétard le gamin et c’est à son dealeur qu’il pense. C’est la raison pour laquelle, il avait sorti son téléphone. Pour laquelle, il n’avait pas lu la miniature de la notification avant d’y laisser la pulpe de son pouce le sélectionner. Et alors, ça a été à Elles qu’il a pensé. Parce qu’il y a longtemps qu’il avait endossé le rôle de l’unique garçon de la maison. Non pas l’homme. Elles n’en avaient pas besoin pour prendre soin d’elles. Féroces lionnes à la crinière de feu. Majestueuse reines pour qui, il ne serait jamais rien que le fidèle serviteur. Né pour les élever au-delà encore, pour les épargner de tous les maux qu’elles peuvent venir à rencontrer. Pour elles, ils s’allongeraient sur un nid d’épines pour qu’elles n’aient pas à s’écorché les pieds. Et il se rappelle, Roman. Que sa mère a trouvé quelqu’un pour ça. Impuissant, il est. A la regarder de loin offrir ce qu’elle a de plus précieux à quelqu’un qui ne la mérite surement pas. A quelqu’un qui la dérobera encore. Qui la brisera encore. Il calcine son joint, le gamin. Colmate ce cœur qui s’effondre. Et c’est à Elle qu’il pense. Austyn. A sa peine qu’il aimerait pourvoir apaiser. A… au confinement et au fait qu’elle n’est probablement pas au courant. A ce virus qui circule librement et à son âme d’insouciant. Et il était de nouveau sur ses pieds et avait déjà refermé les porte fenêtre. Un sweat-shirt jaune, un jean brut retroussé sur la lisière de ses chevilles et sa sempiternelle paire de Dr Martens jaune qu’il avait coloré de dessins et noirci de citation. Et il dévale déjà vers la cuisine où il récupère un sachet de gant d’entretien neuf qu’il fourre dans une des poches de sa doudoune. Ses clés qu’il récupère dans le bol de terre dans l’entrée finisse dans l’autre. « Ca y est le confinement, les gars ! Je vais chercher ma sœur. », il lance à travers la maison vers les oreilles de celui qui l’entendra et il est parti. Sur le dos de son vélo couleur soleil, il force ses jambes à l’effort. Le monde est loin de la panique qu’il avait imaginé et il sent con. Bien sûre que ce n’était pas la fin du monde. Mais il n’y jouerait tout de même pas la santé de sa petite sœur. Ainsi, occupé aux cents pas, sa draisienne ocre garée, il patiente le gamin. Pestant contre lui-même alors qu’il se rend seulement compte qu’il a oublié son téléphone sur le lit. Les lycéens affluent finalement vers la sortie et perché sur sa hauteur qu’il élève encore plus en valsant sur la pointe de ses pieds. Il cherche sa chevelure reconnaissable. Et un sourire fend ses lèvres quand elle semble avoir été meilleur que lui sur cette quête. Il l’accueille entre ses bras et enfin il soupire, le gamin. Le soulagement chassant cette boule qui alourdissait son ventre. Et elle lui arrache un éclat. « Et encore voir monsieur Kovinski bouffer ses crottes de nez ? », ouais, non merci. Même s’il a parfois l’impression que la vie y était beaucoup plus simple. Non, elle l’avait véritablement été. Mais il ne regrettait pas pour autant d’avoir finalement pu mettre ça derrière lui. « C’est toi tu me manquais trop. », ses paumes frictionnent son dos en caresses qui se déterminent à préserver son corps de la fraîcheur ambiante. Ce qu’ils font ce soir ? Il n’y a pas songé. Alors quand elle se détache, sa main a gagné la base de sa nuque où il masse son malaise. « Je t’avoue que j’ai pas prévu jusque là, j’ai encore paniqué en trainant sur twitter. », et sa connerie l’amuse, le gamin. Il rit encore quand il retire la cale de son bolide et l’enfourche. Les pieds fermement ancrés au sol alors qu’il patiente le temps qu’elle s’installe sur la plage métallique. « Ils vont levé un confinent. », il sort de sa poche la paire vert fluo encore emballée. « Tu veux qu’on aille acheter des merdes chimiques à grignoter pour notre soirée improvisée ? », ainsi il lui annonce qu’il envisage de lui céder sa soirée. Il n’avait pas pris d’affaires mais il lui en restait encore chez sa mère, ça ne serait pas un souci.

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âge : trente-cinq ans - 20.08.1987.

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@Roman Walters & @Austyn Walters
Après une longue journée à jongler entre les professeurs et ces nouvelles affolantes, elle est fatiguée Austyn, elle a hâte de rentrer chez elle. Toutes les bouches couvrent depuis des jours le même sujet de conversation et ça devient lassant, tellement qu’elle aurait envie de ne pas aller en cours le lendemain. Une option qu’elle n’a pas, évidemment, puisque sa mère ne la laisserait jamais sécher les cours sans vraie raison. Le moral légèrement bas de la jeune fille remonte d’un seul coup cependant, lorsqu’elle voit son frère aîné devant les portes du lycée. Il connaît les lieux Roman, il y a encore quelques années lui aussi passait ses journées dans ces bâtiments, mais aujourd’hui Austyn ne savait pas qu’il devait venir. Elle court pour se réfugier dans ses bras, havre de paix sur lequel elle peut toujours compter, tout en prenant la parole presque aussitôt. Roman la faire rire et en même temps cause sur son visage une légère grimace. Il est vrai que tous les professeurs ici ne font pas rêver, mais Austyn elle se dit que c’est peut-être fait exprès. Personne n’apprendrait rien si les professeurs étaient tous magnifiques. Doucement, il lui dit qu’elle lui manquait et ça, ça réchauffe le coeur de la rousse encore plus que les caresses qu’il lui procure dans le dos. Elle est unique, la relation qu’ils ont tous les deux, et la plus jeune ne changerait ça pour rien au monde. Pleine d’entrain comme elle l’est tout le temps, elle ne s’attarde pas sur les mots doux cependant, rapidement elle s’enquiert de savoir le programme de la soirée. « Qu’est ce qui agite la twittosphère aujourd’hui ? » Comme toute adolescente, Austyn ne se déplace nulle part sans son téléphone portable, mais comme toute relativement bonne élève, elle évite de le regarder pendant les cours. La réponse ne tarde pas à venir, et la réaction de Roman la pousse à rire à nouveau. « Roro… » Elle cherche un moyen de dire ce qu’elle pense la rouquine, tout en prenant un air affligé bien trop exagéré. « Combien de fois faudra-t-il que je te dise de ne pas tout prendre au sérieux ? C’est juste une fièvre et des courbatures, pas besoin de se préparer à un siège. » Un éclat de rire la traverse alors qu’elle donne un léger coup sur l’épaule de son frère. Loin d’elle l’idée ou l’envie de lui faire mal, elle n’y met pas suffisamment de force de toute façon. C’est simplement un moyen de le taquiner, de le faire sourire. Elle l’aime son frère, énormément, mais elle sait aussi que parfois, il prend sa position d’aîné un peu trop au sérieux. Jamais il n’oserait lui dire quoi faire ou lui imposer un choix, ce n’est pas comme ça qu’ils fonctionnent les Walters, mais ils ressentent tous deux ce fort besoin de se protéger l’un l’autre. Néanmoins, confinement ou pas, Austyn ne dira jamais non à une soirée avec son frère et le programme qu’il lui décrit, il lui fait bien envie. « Une montagne de merdes chimiques ! De quoi tenir pour des décennies mon brave. Personne ne franchira les douves pour nous voler nos provisions. » Sortant d’un cours d’histoire, elle part sans doute seule dans son délire la petite tornade, mais elle sait parfaitement que son frère ne la jugera pas. Au contraire, s’il y a bien une chose qu’elle sait, c’est qu’avec lui elle peut être entièrement elle-même. Elle se décale légèrement pour jeter un oeil au vélo jaune de Roman. Jaune, comme son pull, comme ses chaussures, comme ses cheveux. C’est un soleil ce jeune homme, son soleil à elle et elle ne pourrait être plus heureuse que le destin les ai réuni dans la même famille. « Je suppose que c’est notre fidèle destrier pour la soirée ? On tient à deux dessus, ou on marche à côté ? » Ca ne lui fait pas peur à la cadette, elle a l’habitude de marcher dans les rues de cette ville, sans but ou destination. « Et après, on va à la maison ou chez toi ? » Ce soir, elle n’a pas de préférence. Tant qu’elle sera avec Roman, elle sait que la bonne humeur sera au rendez-vous. Ils resteront tous les deux, que ce soit contre les Caldwell ou contre les colocs du blondinet. Enfin pas contre, elle n’a rien contre eux Austyn, mais elle se doute bien que la plupart de ces jeunes là la considèrent seulement comme la petite soeur de Roman. Elle est bien plus que ça, parfois elle aimerait d’ailleurs leur prouver, mais il suffit de voir ses réactions quand elle se retrouve face à Yaël pour se rendre compte qu’elle n’en est pas capable.

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