I can't do this anymore ❖ CHANIEL1

Je ne sais même pas par où est-ce que je vais commencer. Déjà, j'ai du mal à m'approcher tellement j'ai les jambes lourdes. Malgré tout, je me force à bouger jusqu'au canapé où je ne m'assois toutefois pas, je n'ose même pas me poser trop près de toi. « I mh.. Got a call the other day. » Tu sais déjà pertinemment tout de ma vie, t'es la raison pour laquelle j'ai laissé ma famille derrière alors je sais que cette conversation sera difficile bien que tu comprendras... Enfin, je l'espère. « Eliott called me. »

Tu te redressais sur le canapé, portait toute ton attention sur l'homme. L'homme de ta vie. Ta moitié. Il s'approchait de toi, mais ne s'assoyait pas. Il était distant, chose qui était inhabituelle. Tu fronçais les sourcils lorsqu'il te mentionnait qu'il avait eue un coup de fil. Qui cela pouvait bien être pour que cela semble si sérieux? Ah Eliott....Son fils.  « Mh...That's new. » Vous n'aviez pas l'habitude d'avoir des nouvelles de vos familles, ni de ton père ni de ses enfants. « He want's to come over? It's ok you know you don't have to ask for permission. » Tu tends la main pour venir chercher la sienne, pour l'inciter à s'asseoir.

Pourquoi est-ce que cette information ne te fait pas réagir d'avantage? Comment est-ce que tu peux être aussi calme alors que mon fils ne m'a jamais appelé auparavant? Je te dévisage un moment alors que tu m'assures qu'il peut venir nous rendre visite sans problème, que tu tends la main pour m'encourager à m'assoir. Je retire rapidement mon bras en faisant un pas de reculons. « I think you didn't hear me right. My son called. You know, the one I left behind. The one I never heard of since I packed up and left? He. Called. »

Il rejette ta main, s'emporte presque face à ton sang froid. Léger pincement au coeur, jamais il n'avait rejeté ta main. Tu fronces les sourcils, tu avais très bien compris, tu n'étais pas sourd. Tu savais très bien que son fils ne l'avait jamais contacté, mais tu avais toujours supposés qu'il le ferait un jour, les enfants finissent toujours par contacter leurs géniteurs, essayer de reprendre contact. Tu le sais, tu y es déjà passé. « 'Heard you Hon' » Tu incitais un peu en tapotant la surface du canapé. Le fait qu'il restait debout te rendais presqu'anxieux, cela le rendait anxieux. « I supposed his call wasn't for a visit... Why did he called? Money? » L'une d'entre ces questions étaient probablement celle qu'il voulait que tu poses.

J'essaie de reprendre mon sang froid. J'ai pas envie de m'emporter contre toi. Rien de tout ça n'est ta faute. Enfin si, mais non. Bref... Tu ne mérites pas que mon stress passe sur toi, ça c'est certain. Je viens finalement m'assoir sur le canapé parce que je sens que tu ne lâcheras pas le morceau tant que je ne l'aurai pas fait et soupire en posant mes coudes sur mes genoux. Je lâche un rire bref à ta question. « If he ever needs money, I'm not the one he's gonna go to, believe me. » Siobhan étant l'héritière d'un empire pétrolier, aucun danger que mes gosses manquent de fric. « No.. he just.. wanted to talk to me, wanted to know more and I.. » Je serre la mâchoire et laisse tomber mon visage dans mes mains. « I told him I wasn't his father. »

Enfin, il finit par s'asseoir à tes côtés. Ses coudes sur ses cuisses, un soupire plus tard, tu te glisses plus près pour y envelopper un bras dans son dos, un câlin pour le supporter. Tu laissais échapper un sourire à ses mots « True. » Son visage s'effondra dans ses mains, tu passais la tienne dans son dos, le frottais, t'entais de le détendre, il était tendu pour un simple coup de fil. Tu l'écoutais. Ta main s'arrêtait. Le jeune voulait parler et il l'avait rejeté, comme il l'avait fait auparavant. Tu pouvais comprendre son sentiment de regret mais d'un autre côté, il était vrai qu'il n'était pas son père, ils ne partageaient pas le même sang. Tu pinçais ta lèvre, tu te retenais de dire ce que tu pensais, tu ne voyais pas de mal dans ce qu'il avait fait, c'était la vérité qu'il lui avait avouée... Mais tu ne voulais pas empirer la chose. « Hey... » Tu te penches pour essayer de croiser son regard. « It's ok... You did nothing wrong. »

Ta main dans mon dos se veut rassurante, mais ma culpabilité augmente à vue d'oeil. Je secoue négativement la tête face à tes paroles et relève finalement le visage vers toi, légèrement tourné sur le côté. « Didn't I? Cause the way I see it, I didn't everything wrong. » Jamais je n'aurais du me rapprocher de toi comme on l'a fait. Jamais je n'aurais du tromper Siobhan. Jamais je n'aurais du abandonner mes enfants... et pourtant, j'avais fait tout ça sans me retourner. « I can't live like this anymore Danny.. »

Ces mots, ils te perçaient comme un pieu au coeur. Ta gorge se serrait. Même dans vos moments les plus bas, jamais vous n'aviez prononcé ces mots. Tu te faisais probablement des idées, mais c'était plus fort que toi, ces mots étaient forts. À ton tour de reposer tes coudes sur tes genoux. Tu ne pouvais plus trouver des mots. Tu voulais reculer derrière et empêcher ce coup de fil d'arriver, juste pour que vous n'ayez cette conversation. « You did nothing wrong. Loving someone else is not a crime.... » Tes mots sont aussi froids que de la glace. Ton air doux venait de te quitter, tu étais maintenant en mode survie. Étrangement tu te sentais menacé par un enfant qui n'était pas le sien, techniquement. Tu avais beau essayer de comprendre ce qu'il pouvait ressentir, tu en étais incapable. Tu étais le résultat d'un amour interdit. Tu étais la raison que ta mère avait quitté son pays natal. Tu n'as jamais été attaché à ton géniteur, lui qui était synonyme de survie financière pour ta défunte mère. Tu soupires. « I don't know what to say Charly... You wanna go and see him? I can take a few days off, we can go to New-Orleans and meet him. » T'essaie tant bien que mal de trouver quelque chose de positif. D'être le support dont il avait besoin.

T'es froid tout d'un coup, mais j'peux pas t'en vouloir. Je savais qu'on en arriverait là et.. pire même, les choses n'iront pas en s'améliorant avec la suite de cette conversation. Parce que c'est pas tout. Parce que j't'ai pas tout dit encore. « I could've done things differently and you know it. » J'aurais pu contacter Siobhan, lui expliquer la situation, la laisser en bonne et due forme. J'aurais pu garder contact avec les enfants aussi... au lieu de quoi, j'avais manqué une grande partie de leur vie, leur enfance en entier. « No. » Je t'arrête dans ton élan avant que tu ne t'imagines déjà des scénarios, que tu ne planifies déjà tout ce voyage. « You are not going anywhere. » Je te regarde un long moment, le coeur dans la gorge, l'estomac un paquet de noeuds et le regard brouille. « I need to do this... alone. I... I can't live like this anymore. » ma voix se brise sur la fin.

No. C'est à ton tour de créer un vide entre vous. C'est tout ce qu'il avait pu trouver, te dire que tu ne venais pas avec lui. Il n'avait trouvé rien de mieux que de te jeter comme il l'avait fait avec SES enfants!? Tu as beau avoir vécu les pires situations inimaginables dans une vie humaine tout en gardant ton sang froid, mais ça, tu ne pouvais pas, c'était humainement impossible. Tu serrais des dents. Il n'avait pas le droit de te faire ça, pas à toi. « How dare you... » Tes mots étaient aussi gras qu'un crachat au visage. Tu étais presqu'enduit de dédains, tu avais très bien compris ce qu'il insinuait. Faire cela seul, te laisser sans jamais donner de nouvelles, il l'avait déjà fait pour elle alors pourquoi pas pour toi? « You have no rights to say that. How can you just, after a few days trow our relationship by the window? » Ta gorge se sert, tu n'avais pas haussé la voix, mais elle était de plus en plus tremblotante. Les émotions parlaient pour une fois. « Why can't I be with you like i've always been? »

J'en était à me répéter sans même m'en rendre compte. Ça devait être terriblement vrai alors si ces mots ne cessaient de me venir à l'esprit. Depuis combien de temps est-ce que je trimballais ce poids? Ce fardeau sans même m'en rendre compte? Depuis combien de temps est-ce que j'avais ces pensées en tête? Probablement bien plus longtemps que je ne voulais bien l'admettre. C'était simplement devenu plus concret, une évidence même, avec l'appel d'Eliott. Ta voix me brise le coeur, tes mots encore plus. Comment est-ce que j'osais? Bonne question. Toi qui avais été là dans les hauts comme dans les bas. Toi qui n'avais été que présent pour moi.... je te laissais tomber comme un lâche. « I should've done this a long time ago... I'm sorry Danny. » Pas de te laisser, bien sûr, mais de retourner auprès de mes enfants, de ma famille. Quel genre de père est-ce que je faisais? N'étais-tu pas le mieux placé pour comprendre? Toi qui avais eu un père absent. N'aurais-tu pas préféré qu'il soit là? Ta dernière question m'arrache enfin une larme. « I... I need to focus on what I really want. » Les mots m'arrachent la langue. Mais je crains que, si tu es là, je ne pourrai jamais renouer avec eux de la même manière. C'est stupide et totalement égoïste, j'en suis conscient. Mais je ne peux plus faire marche arrière maintenant..

Tu l’écoutes parler. Ses mots te persécutent de plus en plus fort, tu as beau essayer de te montrer de glace et fort tu en es incapable. Tu te fais abandonner par l’homme de ta vie, celui qui est plus important que ton propre père. Sa bouche se crispe, tes yeux s’inondent au point que tu vois embrouillé. Tu reste silencieux, tu attends, attends qu’il ait finit de parler, attends qu’il revienne sur sa décision et te demande de venir avec lui. Attends qu’il te supplie d’oublier cette conversation et de tout recommencer à zéro. Qu’il remarque que ce qu’il est entrain de faire est complètement stupide et insensé, qu’une relation de quinze ans ne peut se terminer ainsi. Mais il faut croire que tu étais le seul à aimer dans cette histoire. C’était toi qui avait été stupide au final. Croire que tu étais l’exception. Il avait besoin de focaliser sur ce qu’il voulait vraiment et apparemment I was never a part of the equation... Tu te levais, une longue larme silencieuse coulait sur ta joue. Pourquoi était-ce si compliqué? Pourquoi ne pas faire cela à deux? Tu te mordais la lèvre et baissais des yeux, tu ne pouvais plus le regarder, cela te faisait trop mal. Tu tournais les talons, quittais la pièce et montait à l’étage. Il voulait partir? Qu’il parte!

Tu te lèves et j'ouvre la bouche pour protester, mais rien en sort. Pas un son, pas un mot. Mes yeux s'inondent rapidement de larme que je ne peux tout simplement pas contenir. Terminer ainsi une relation de plus de 15 ans, avec toi, l'homme avec qui j'aurais probablement du passer le reste de ma vie. Avec toi, mon premier amour, celui qui m'a fait voir que le sexe et l'âge d'une personne n'était d'aucune importance. Tu disparais à l'étage, j'entends tes pas dans l'escalier, lourds et précipités. J'ai mal au coeur, j'ai envie de vomir. Je me lève à mon tour. « Danny! Danny wait. » J'peux quand même pas laisser les choses comme ça. Il faut au moins que je te dise comment je me sens dans tout ça. Je monte les marches deux à deux pour te rattraper. « It's not like that, ok? You mean more to me than you could ever know... » Je secoue la tête en fermant les yeux et chasse rageusement les larmes sur mes joues.

Tu te précipitais dans la chambre, tu attrapais le premier sac qui passait sous ta main. Tu ouvrais les tiroirs et y fourrait vigoureusement tout ses biens qui tombaient sous ta main. Il aurait dû avoir fait cela il y a longtemps? Ça veut dire quoi? Combien de temps? 10 ans, 10 mois ou bien 10 jours? T’étais quoi la dedans, un jouet. Quelque chose que l’on débarrasse une fois que l’enfant  y perds intérêt. Tu entendais Charly monter les escaliers, te suivre, essayer de te dire ces mots après ceux qui hantaient encore ton esprit. Il entrait dans la pièce, tu ne le regardais pas, trop concentré à l’aider à déguerpir et retrouver ses enfants qu’il manque tant... Tu l’entends, l’instabilité dans sa voix te faisait craquer de nouveau, les larmes qui avaient fait place à une rage interne revenaient s’étendre sur tes joues. Tu te mordais la lèvre à nouveau pour ensuite prendre le courage nécessaire et poser le peu d’attention qu’il  te restait sur lui. Tu comptais plus que tu ne le croyais? Vraiment? Really? If it was true I wouldn’t be here packing your things. We wouldn’t have this conversation, you would have asked me to come with you and be the support you need. Tu t’avançais vers lui, son air de tristesse et ses larmes t’affectaient, c’était quand la dernière fois que vous aviez pleuré ainsi? Go ahead, go and see your ex wife, go and try to win her heart again. Go and do what you should have done a LONG TIME AGO! Tu lui planquais son sac à moitié fait dans la poitrine.

Lorsque je débarque dans la chambre, t'es en train de faire un sac et, à voir c'que tu mets dedans, c'est pour moi que tu le fais ce sac. J'essaie de t'arrêter en tentant de te raisonner, de te faire comprendre que tu comptes énormément pour moi, mais tu ne veux rien entendre. « That's not fair... » Ma voix est toute petite, brisée dans ma gorge. Tu t'avances avec toute cette tristesse dans ton regard qui me brise le coeur. « You think I would've been with you for the past fifteen years if all I wanted was to be with Shiv and the kids? You really think you meant nothing even after I abandoned them for you? » Je pose systématiquement la main sur le sac que tu me plaques contre le torse, mais le jette rapidement sur le lit avec aucune intention de le remplir maintenant. « You know I love you Daniel, don't act like you don't know it. »

not fair? I should be the one saying that Sac plaqué contre son torse tu lui tournais le dos, t’asseyais sur le lit, enfouissais ton visage entre tes mains tremblotantes. Tes emotions étaient un vrai ouragan interne, tu étais frustré, confus, triste à la fois. Tant de mots s’accumulaient dans ton esprit mais rien ne sortait correctement, tout ce que tu disais c’était la rage qui l’évoquait. Tout ce qu’il te disait ne faisait pas de sens. En quinze ans, tu aurais crû avoir été le support de ton homme, tu t’étais attendu à rencontrer ses enfants un jour, à ses côtés et non laissé de côté.  Don't put the blame on me Charles! You made the choice to never contact them, not me. I never forced you. Tu le regarde vigoureusement, jamais tu ne l’avais appeler Charles, tu essayais de sécher tes larmes, tu essayais de retenir tes sanglots qui ne faisait place qu’à des spasmes. Tu ne pouvais le regarder, surtout après qu’il te dise qu’il t’aimait, jamais tu n’aurais crû que ces mots seraient les derniers dans cette situation. Then give me a good reason, tell me you will not abandoned me like you did for them. That I should wait for your call like a coward! If you really loved me ...

Je ne sais pas ce qui pince le plus... Tes paroles ou le fait que tu m'appelles Charles. Je ne me souviens pas la dernière fois, si même dernière fois il y a, où tu m'as appelé par mon prénom entier. Pas même lors de nos disputes, ce qui en dit long. Tu marques un point cependant: tu ne m'avais jamais demandé de couper les ponts, c'est moi qui avait choisis d'agir comme un imbécile et un froussard. J'avais eu honte de mon comportement et de mes décisions et en avait donc fait d'autant pire. Apparemment, je n'apprenais pas non plus très vite de mes erreurs puisque j'étais sur le point d'en commettre une nouvelle. Je te regarde pleurer sur le lit et ne peux retenir mes propres larmes de couler, les essuyant de temps à autre alors que je me prends la tête à deux mains. « I wish I didn't have to do this Danny... but I don't know what will happen.... Hell I don't even know that I'll ever come back. » Je viens lentement m'assoir à côté de toi. « I'm leaving my job too... »

You'll hit a wall... What if she's married? You are ready to leave our family for something you don't even know? It's not like I can't be with you, there's a lot a reconstituate families nowadays. why can't we be a family? Why? Forget it...You don't even know why. Il était incapable de te donner une raison, c'était inutile d'essayer de comprendre pourquoi, il était fermé comme une huitre autant que toi, tu avais beau parler tu avais l'impression que ton coeur ne voulait pas être réceptif, tu n'étais pas certain que tu allais entendre cette raison que tu cherchais tant. Les scénarios de plus en plus atroces se déroulaient dans ta tête. Mais un revenait constamment. Tu levais la tête, sachant qu'il était maintenant présent à tes côtés. Are you ashamed of us? Jamais au grand jamais cela ne t'avait traversé l'esprit avant aujourd'hui. Mais cela pouvait être une option, après tout vous aviez passé votre vie dans une ville ou personne ne vous connaissait avant. New-Orleans, votre enfance, tous les gens de votre âge vous connaissent. Là ou les préjugés et vieilles mentalités pouvaient vous hanter.