I can't do this anymore ❖ CHANIEL1

Toutes ces choses que tu disais, j'y avais bien entendu pensé moi aussi, mais c'était un risque que je devais prendre au risque de me poser la question toute ma vie. Et si vraiment Siobhan avait refait sa vie et était heureuse, j'allais au moins être là pour mes enfants. Pourquoi est-ce que je ne t'avais tout simplement pas demandé de venir avec moi, de me suivre dans cette aventure? Parce que j'avais peur. Peur de la revoir et de ne pas savoir choisir entre vous. Encore une fois, égoïste de ma part. Mais je ne pouvais pas te dire ça sans te blesser alors je ne disais rien. Lorsque tu demandes finalement si j'ai honte de nous, je relève rapidement les yeux sur toi. « What? Have you lost your damn mind? I would never... Danny, come on. This is not about you.. please, understand that. »

Est-ce que tu avais perdu la raison? Peut-être, surement, mais sa réponse n'était pas satisfaisante, en fait, tu n'avais toujours pas eue de réponse à toutes tes questions. Ça commençait royalement à t'énerver. Tu soupires d'exaspération. How can I understand when you don't even give me an explanation? Tu te calmais un peu, ta colère était passée, la froidure de ta voix avait laissé place à ta douceur habituelle, une douceur désespérée parmi ces larmes devenues silencieuses. Tu essaies de comprendre mais c'est impossible, il ne te laisse pas la chance. Parce que tout ce qu'il te disait semblait viser sur TA faute. L'incapacité de vivre dans le regret, de vivre avec toi.

Je soupire lourdement en secouant la tête et la laisse à nouveau tomber entre mes épaules, le haut du corps légèrement penché vers l'avant, yeux clos. J'essaie de m'arrêter de pleurer, mais ça semble plus difficile que prévu. Même les yeux fermés, je sens les larmes qui coulent d'elles-mêmes sur mes joues. « There's nothing more to understand Danny... I want to be there for my kids and I need this. I need... a new start with them. » D'où le pourquoi j'avais décidé de quitter mon job et... de te quitter toi.

Tu le regardais, il pleurait toujours à tes côtés, la tête penchée, défaitiste incapable de retenir ses sanglots. Il regrettait? Incapable de savoir ce que tu ressentais, tu ne pouvais pas lire son langage corporel. Vous étiez un désastre tous les deux. Pour la première fois de ta vie tu ne voulais pas le réconforter, l'idée de le prendre dans tes bras ne te traversait pas l'esprit. Tu étais mort en dedans. Éteint. Les larmes coulaient certes, mais les hoquets de sanglots avaient complètement arrêtés, comme si tu n'avais plus rien à exprimer. Épuisé mentalement de tes heures à l'hôpital, tu étais tout simplement une coquille vide. Just leave... Tu détournais ton regard, fixais le mur avec vos photos accrochées. T'avais mal au coeur, une nausée se présentait.

Le silence tombe, lourd, étouffant même alors que j'ai encore la tête basse. Mes larmes coulent dans ce silence, sans un bruit, pas un sanglot, pas un hoquet. Toi non plus, tu ne fais plus de bruit et lorsque tu brises le silence, c'est simplement pour me demander de partir. Je relève lentement le visage pour te regarder, sourcils froncés et l'impression d'avoir le coeur à vif. Je secoue lentement la tête de gauche à droite en entre-ouvrant les lèvres et les referme finalement sans rien dire, serrant la mâchoire en reprenant mon sérieux, me fermant complètement et inspirant un bon coup en me levant du lit. Je fais quelques pas et m'arrête dans l'encadrement de la porte sans pour autant me retourner. « I'll sleep on the couch. »

Tu le sentais se relever, tu ne bronchais pas. Tu regardais toujours ces photos sans les regarder à la fois. Honnêtement tu étais probablement tombé dans la lune. Tu ne bougeais pas lorsqu'il passait devant toi. C'est ses mots qui te faisaient réagir. Un claquement de langue, c'était a ton tour de te lever du lit. S'il dormait sur le divan, s'il dormait tout simplement dans cette maison, tu ne pourrait le supporter. Tu passais devant lui comme un fantôme, descendais les escaliers, enfilais tes chaussures. S'il dormait ici, tu allais dormir ailleurs. N'importe ou, ça t'es égale. Tu devais partir avant de regretter quelque chose.

Tu passes devant moi dans l'escalier et je fronce les sourcils. Lorsque tu enfiles tes chaussures, je m'empresse de descendre. « Where are you going like that? » Je presse le pas et met une main sur la porte d'entrée pour t'empêcher de sortir. « What are you doing? »

Souliers chaussés, clefs en main, porte entrouverte avant d'être bloquée par celui que tu aimais. Il te demande ce que tu fais, c'est évident non? Tu sors. Tu fronçais les sourcils. What? You can leave me but I can't leave you is that it? Tu le foudroyais presque tu regards.

Je fronce les sourcils, ta voix est tranchante, mais je ne laisse pas tes mots m'atteindre parce que je sais que ce n'est que la frustration qui te fait parler comme ça. « Don't go there. » Je te regarde un long moment et tend finalement lentement une main vers toi pour la poser sur ton épaule. « You don't have to leave... »

Sa main sur ton épaule, en l’espace d’un instant tu avais presque céder à la tentation. La tentation de te blottir dans ses bras, de le supplier de ne pas abandonner la promesse que vous ne vous étiez jamais faites: pour la vie. Mais tu résistais à ce coeur qui voulait s’attendrir, allez soldat bats-toi. Tu repoussais cette main d’une tendresse que tu ne pouvais balayer. I just can’t... murmure qui s’échappait de ta bouche. Tu allais craquer pour les mauvaises raisons et tu le savais. Ta main sur la pogné, tu la tournais lentement.

L'espace d'un instant, j'ai l'impression de te voir t'attendrir, de te voir doucement accepter de rester et ne pas simplement partir parce que tu ne peux plus me regarder en face. Sauf que la seconde suivante, ta résignation et de retour et je sais qu'il est inutile d'essayer d'avantage. Je t'ai blessé et le moins que je puisse faire maintenant, c'est de te laisser respirer un peu. Je ne pars pas ce soir, ni demain matin d'ailleurs, je dois d'abord me trouver un endroit où vivre et faire mes deux dernières semaines au boulot... je ne pouvais simplement pas attendre le matin de mon départ pour te parler de tout ça. Du coup, lorsque tu mets la main sur la poignée, je te laisse la tourner. Je m'efface pour te laisser passer et ne m'interpose qu'à la dernière seconde, attrapant ton visage dans ma main pour le tourner dans ma direction et plaquer mes lèvres contre les tiennes. Je t'embrasse aussi longtemps que tu me le permets avant de glisser d'une petite voix: « I'll be here when you come back. »

La poignée que tu tournais lentement. Il ne s’interposait pas entre toi et ton action, semblait respecter ton choix de quitter la maison, de prendre l’air et probablement un verre tant qu’à y être. Tu te surprenais de la lenteur de ton geste, comme si tu suppliais inconsciemment de te retenir. S’il te retenait, qu’est-ce ce que tu ferais? Ça empirerait les choses non? Ça viendrait saccager le peu de bon sens qu’il te restait pas vrai? Mais si il te laissais partir, cela prouverait qu’il ne t’a jamais vraiment aimé? Que tu n’étais qu’une partie de plaisir et que lorsque la cloche avait sonné la récréation était terminée, retour à la réalité? Ce sont ces scénarios qui venaient se bousculer dans ta tête, cette insécurité qui venait chambouler tes émotions. C’est sa main qui te forçait à revenir à la réalité, sa main et ses lèvres. Le peux qu’il te restait de larmes coulèrent pendant que ta respiration s’accélérait, non pas d’excitation mais de frustration. Comment osait-il? Ta main sur son torse que tu pressais légèrement avant qu’il ne rompt l’échange. Il allait être la quand tu allais revenir, c’était mieux ainsi? Tu avais presque souhaité ne pas le revoir. Tu hochais faiblement la tête, tu ne pouvais plus parler, tu n’avais plus la force. La porte ouverte, tu faisais deux pas sur le perron, t’avais juste le goût de hurler.

Ta main sur mon torse, je te sens qui me repousse. Je n'insiste pas, j'ai plus de respect que ça, mais tu dois au moins savoir que je suis sincère. Si je fais tout ça, ce n'est pas parce que je ne t'aime pas Daniel, c'est parce que j'ai besoin de le faire pour moi et avec moi-même. Je ne me suis pas retrouvé depuis plus de 20 ans maintenant et il est temps que je remette mes propres pendules à l'heure. Si vraiment on est fait pour être ensemble tous les deux, le destin nous ramènera sur le chemin l'un de l'autre une fois de plus. Sinon? Eh bien ces quinze dernières années me resteront en mémoire à jamais. Tu sors finalement et je te regarde partir en silence, fermant finalement la porte sans un mot, porte contre laquelle je m'appuie en fermant les yeux pour laisser les larmes qui me restaient encore couler librement et sans retenu aucune cette fois.