GABRIELLA › before you go.

née à la nouvelle orléans + enfance tranquille dans une famille assez confortable niveau argent : papa travaille (et joue surement plus avec la secrétaire qu'avec ses stylos sur les papiers importants) et maman organise des galas + écoles privées qui ne servent finalement pas à grand chose : les femmes ne deviennent que des mères au foyer dans leur monde + élevée dans ce carcan étroit des valeurs familiales + adolescence assez studieuse pour plaire et attirer l'attention de ses parents + grandit dans l'ombre d'une mère assez forte qui lui transmet l'art et la manière de n'être que ce clown de façade + très attachée elle-même aux apparences et aux faux-semblants en grandissant + elle ne s'est jamais réellement amusée quand elle était jeune, jamais un faux pas + elle a eu un petit ami au lycée, très propre sur lui et bonne famille, le gendre parfait + elle pensait l'aimer, seulement un hic : elle. quel scandale. elle découvre ce qu'est réellement l'amour à ce moment-là. + elles n'en parlent pas, ne l'évoquent pas et quand l'ultimatum vient, elle n'y arrive pas et la laisse partir seule. qu'aurait-on dit sinon ? + elle reste avec lui, pense être finalement amoureuse mais ça n'est jamais comme avec elle + elle persiste néanmoins et accepte sa demande en mariage, elle se marie à vingt-ans, c'est à dire trop jeune + elle se pensait amoureuse et chanceuse, que tout ne ferait qu'en s'améliorant, mais la vie de couple n'est pas facile et la passion semble absente malgré une tendresse et un respect évident + elle n'est pas malheureuse en soi, elle se laisse glisser et vit au gré de ses envies à lui, de sa carrière à lui + en fait, elle s'oublie complètement et gère simplement de derrière pour que tout soit parfait + la routine s'installe et la vie semble acquise : pas un cheveu qui dépasse, une tenue qui jure + les enfants arrivent, mais pas trop vite, juste un peu de répit avant le grand saut final + elle est devenue mère à vingt-deux ans pour la première fois avant d'enchainer + la vie continue son cours aussi monotone qu'avant mais ponctuée de temps à autres par le rire de deux enfants cette fois-ci + elle organise tout, range tout et orchestre le tout d'une main agile + lors des diners qu'elle organise, les voisins voient son doux sourire et son regard chaleureux, ils e voient pas ô combien les lueurs se sont éteintes dans ses yeux + parce que ses lèvres se scellent seulement en un sourire + mais il a changé. elle ne sait si c'est à cause des enfants, d'elle ou d'autres choses, mais son mari a changé. cela a commencé par des petites remarques, des piques sur ses plats ou encore ses attitudes. des choses insignifiantes qui ont grossi petit à petit, jusqu'à exploser un soir. et les jours qui ont suivi. + des traces qu'elle arrive facilement à maquiller, à cacher sous des manches. une situation qu'elle n'arrive à définir ou à s'en dépêtrer. la boucle se referme. elle est devenue sa mère, presque insignifiante. + et pis, elle est revenue en ville. elle l'a entendue. elle est revenue, oui.